Les sorciers cherchent toujours à comprendre comment la flore de la forêt est aussi dévastée. L'Ordre du Phénix a envoyé en mission Abigail afin qu'elle observe l'état des lieux et estime le degrés des dégâts. Est-ce pire ? Est-ce que cela va mieux ? A dire vrai... La jeune femme n'est pas au bout de ses surprises. Une épaisse brume flotte à présent à cet endroit. Est-ce une impression ou il y a un troll ? Non une licorne ? Ah ! Un gnome ! Il va falloir être prête à se défendre. Mais comment faire quand, en réalité, c'est votre esprit qui vous joue des tours et qu'en fait la brume dense a effets hallucinogènes ?

Attirée par le bruit, Theodora se rapproche afin de voir ce qu'il se passe... Et c'est là que tout commence. Voila que vous vous retrouvez au milieu d'un labyrinthe. Réel ou non ? Qui le sait vraiment. Mais à présent, vous allez devoir en sortir.

Rappel des règles :
- Nous interviendrons en milieu ou fin de mission.
- Favoriser les rps courts (500 mots environs maximum).
- Vous devez répondre dans un délai d'un mois maximum à votre partenaire.
- Toutes décisions, actions seront décidées par le hasard des dés en lançant le dé Mission.

C'était une Harper inquiète que j'avais quitté ce matin, prétendant que ce n'était pas prudent que je me rende ici. Évidemment, je n'avais eu aucun contre-argument puisque j'étais du même avis qu'elle, mais ma fois, j'appartenais à une certaine allégeance et je me pliais à ce qu'on me demandait, bien que je n'approuve pas toujours. Et aujourd'hui et bien quoi ? Et bien je devais me rendre là où le conflit avait éclaté avec le Blood Circle durant l'été, là où je soupçonnais avoir perdu mes pouvoirs magiques. C'était quoi les arguments de l'Ordre pour m'avoir envoyé moi ? "Celle-là elle a déjà perdu ses pouvoirs, alors autant la renvoyer au casse-pipe" ?
Le pire, c'était que je ne pouvais même pas leur en vouloir (si telle avait été le cas), car je comprenais parfaitement bien la stratégie, et que j'aurai sans doute décidé la même chose. Le seul problème étant que je n'avais pour ainsi dire rien pour me défendre, si je devais me défendre.
Je ne savais pas utiliser d'armes à feu, j'étais nulle au lasso (les créatures fantastiques en profitaient bien d'ailleurs), de potentielles potions à lancer sur mes ennemis m'explosaient au visage, car j'étais une véritable potionniste du dimanche… alors quel chois me restait-il ?
C'était dans le doute que j'avais emporté ma baguette, priant pour ne pas avoir besoin de l'utiliser, je n'avais guère envie de m'évanouir au milieu de la forêt. Quoiqu'être dans la nature ne me dérangeait pas, je préférais toutefois rester pleinement consciente.

Ce fut donc en soupirant que je pénétrais dans la forêt, les mains dans les poches de mon long manteau. Non pas que je ne sois pas sur mes gardes, mais encore une fois, si le danger était là, que pouvais-je bien faire ? Loin de moi l'idée de vouloir servir de casse-croûte, mais je préférais pour le moment avoir l'air au maximum détendue, et après tout, il semblerait que je sois seule ici. Pas de bruit de pas environnant… pas de bruit tout court en fait. Pas de chant d'oiseaux ? Ou si peu que ce silence me frappa. Encore et toujours les moldus qui dévastent notre belle nature…
Les sourcils froncés, j'observais autour de moi, me laissant envahir par la brume, et ce fut lorsqu'une forme apparut devant moi que je me décidais enfin à prendre une posture de garde. Un troll, ce n’est pas chouette sans baguette (ça rime)… ou… une licorne ? Ça, je préf… ah non un gnome ?

- C'est quoi ce bordel ?

Murmure lâché par mégarde sous l'effet de surprise, je me redressais pour regarder autour de moi. Me voilà bien, au milieu de ce brouillard à la con qui semblait me soumettre à quelques effets hallucinogènes.

- Trouver des indices comme ça, ça va être sympa tiens…

Grommelant pour moi-même, préférant songer à la douceur du thé, de mon plaid et de mon canapé qui m'attendaient à mon retour, je secouais un peu la tête avant de m'approcher du tronc d'arbre le plus proche. Fermant les yeux, je décidais de me concentrer sur les bruits environnants puisqu'apparemment mes yeux semblaient soumis. Un bruissement sur ma gauche me fit frémir et m'obligea à rouvrir les paupières. Les sourcils froncés, j'observais la silhouette qui se rapprochait de moi, ma baguette serrée dans la poche de mon manteau. Quitte à souffrir, autant le faire bien n'est-ce pas ?

La Forêt Interdite. Théodora avait souvent pensé à y retourner depuis l’incident. Mais elle n’en avait jamais eu la force. Ces lieux n’étaient que des rappels douloureux de ce foutu étudiant, de ce renvoi et de la spirale infernale qui en avait suivi. Alors elle avait tenté d’oublier. Mais lors du bal à Poudlard, elle était passée devant la noirceur qui peuplait la Forêt et elle avait trouvé un certain courage de s’y confronter un jour prochain. Enfin c’était ce qu’elle s’était répété toutes les semaines suivantes. Et puis il y avait eu cette rencontre avec Luca et Dora en était encore plus perdue. Elle n’arrivait plus à savoir sur quel pied danser avec lui et c’était encore la tête pleine de questions et de douces sensations qu’elle avait transplané jusqu’à Pré-au-Lard. Cette histoire de Forêt Interdite lui restait en tête mais ce fut le travail qui la ramena à proximité. Une histoire de fournisseurs. Dora avait eu une réunion barbante comme cela arrivait souvent.

En sortant, ses yeux s’étaient naturellement posés sur la Forêt, impénétrable et frissonnante sous les quelques vents qui s’agitaient. Elle se rapprocha lentement sans vraiment se décider à y pénétrer. Une peur enfantine lui étreignait le cœur. Son cerveau continuait de lui dire que c’était une mauvaise idée. Elle n’était pas dans une tenue adaptée - avec son petit tailleur pantalon -, elle n’était pas au meilleur de sa forme et puis elle n’était pas franchement débrouillarde en pleine nature. Oui, il valait mieux qu’elle rentre sagement à Londres… Et pourtant elle fit un pas puis l’autre et pénétra dans les bois de ses cauchemars.

Alors qu’elle avançait, un brouillard commença à l’entourer. Son cœur battait la chamade et sa main se crispa sur sa baguette. Une voix féminine lui parvint de quelque part sur sa gauche. Étrangement cette voix lui était étrangère mais pas inconnue. Qu’avait-elle dit ? Appelait-elle à l’aide ? Dora n’arrivait pas à le savoir. Non ce n’était probablement rien. Vraiment ? Elle inspira et se rapprocha du bruit. Le brouillard semblait plus épais, se refermant sur ses pas. Et bien vite, même en se retournant, Théodora ne savait plus vraiment d’où elle venait. Un petit personnage passa sur son côté. Était-ce un gnome ? Ou un elfe de maison ? Et là-bas, qu’est-ce qui se rapprochait d’elle ?

Une silhouette entre les volutes. Théodora n’était absolument pas rassurée. Elle pointa sa baguette et lança d’une voix mal assurée : « Qui va là ? ». Elle arrêta d’avancer, n’ayant pas franchement l’envie que le « qui » réponde… Il ne manquait plus qu’elle se retrouve face à un Blood Circle. Avec ses capacités proches du billywig en duel, elle était cuite. Elle savait que des étudiants avaient été attaqués non loin pourtant. Tu vois que c’était une mauvaise idée…. Lui asséna sa raison qu’elle avait sciemment ignoré quelques instants plus tôt.

Il y avait bien trop de bruissements étranges ici pour que ce soit naturel. Moi qui connaissais si bien le monde sauvage, j'étais habituée à une certaine mélodie, surtout de la région. Ici et présentement, tout ce que je ressentais et entendais était totalement anormal et pour couronner le tout, les rares bruits que je pouvais entendre ne correspondaient pas à ce que je voyais. C'était comme si mon esprit était totalement embrumé (embrumé alors que je suis dans la brume, haha, vous avez compris la… ok Abi, reprend ton sérieux là).
M'infligeant une petite tape au-dessus de la tête pour reprendre mes esprits, j'inspirais profondément avant de pousser un long soupir. La brume qui m'entourait s'était levée très (trop ?) rapidement pour ne pas éveiller mes soupçons, mais peut-être étais-je devenue trop soupçonneuse justement ? Peut-être que la perte de mes pouvoirs et tous les changements dans ma vie en deux semaines avaient quelque peu chamboulé mes diverses perceptions que je pensais acquises ? Un peu comme si j'avais subi un lavage de cerveau ?

Là, perdue dans mes pensées et dans la forêt, je m'étais rapprochée d'un tronc d'arbre pour m'y appuyer, afin de retrouver quelque chose de tangible autour de moi, garder mon calme et trouver une idée pour me sortir de ce mauvais pas. Je m'en voudrais de rater ma soirée avec la directrice des Gryffondor en lui prétextant que je me suis perdue dans le brouillard. J'entendais déjà d'ici ses moqueries qui allaient sans doute me poursuivre une bonne centaine d'années au minimum.
Songer à Harper eut pour effet de me rasséréner, me calmer et me recentrer, ce qui était assez antinomique quand on y pense.
J'étais donc à nouveau en pleine possession de mes moyens lorsque j'entendis une voix s'élever non loin de moi, me faisant presque sursauter. Bordel en plus je n'étais pas seule… mais cette journée allait être un enfer en fait. Ou alors était-ce à nouveau un genre d'illusion ? Intriguée par ce fait, je me décidais tant bien que mal à me séparer de mon arbre, concentrant une partie de mon attention sur mes pieds qui touchaient la terre de la forêt, dernière chose tangible qui me rappelait où je me trouvais exactement. En m'approchant avec prudence et silence de la silhouette, je reconnaissais petit à petit Théodora Haig, la… chérie de Luca. Mon cerveau se foutait de ma gueule en fait. Persuadée qu'elle était une illusion, j'affaissais donc mes épaules en la regardant, blasée et en me parlant à moi-même.

- Oh bah oui magnifique… d'abord un troll, puis une licorne, ensuite un gnome et maintenant elle ? Sérieusement qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? Ou alors c'est peut-être une projection de ma culpabilité ?

Dans le doute, j'avançais ma main en direction de la jeune femme pour chasser l'illusion… mais en fait j'en vins à la toucher vraiment.

*Poc*

D'abord immobile une fraction de seconde, je sursautais subitement en reculant avec énergie, m'agitant dans tous les sens comme une araignée désarticulée.

- WOPUTAINCESTPASUNEILLUSION !!!

La silhouette se rapprochait. Plus la distance la séparant de Théodora diminuait, plus le souffle de cette dernière s’accélérait. Les articulations blanches de serrer sa baguette, la comptable se figea dès que les traits de la nouvelle venue lui apparurent. Abigail ?! La copine de Luca ?! Mais qu’est-ce qu’elle fichait là celle-là ? Certes les choses s’étaient un peu améliorées avec Luca, mais tout était encore fragile et depuis leur rencontre à la soirée de Poudlard, on ne pouvait pas dire que la comptable portait la professeure dans son cœur. Théodora s’apprêtait à parler pour tenter de tirer au clair la présence d’Abigail dans ces bois lorsque celle-ci leva les yeux au ciel. Les mots qui suivirent perdirent totalement Dora qui regarda la sorcière avec des yeux aussi ronds que des Rapeltouts.

Une seconde de flottement eut lieu entre les deux jeunes femmes alors que la main d’Abi rencontrait Dora. La comptable sursauta en même temps qu’Abi cria en se reculant précipitamment. « Non mais ça va pas d’hurler comme ça ?! » Ne put s’empêcher de rouspéter Dora alors qu’elle portait une main à son pauvre cœur malmené par tant d’émotions fortes. Elle se laissa le temps de souffler un peu, au moins ravie de trouver un visage sorcier – à défaut d’ami- dans les profondeurs de la Forêt Interdite. Dora eut un instant l’envie de demander à la jeune femme ce qu’elle fichait là et si elle n’avait pas plutôt des danses de prévues avec Luca mais se ravisa. Elle ne connaissait pas cette femme. Elle lui était particulièrement antipathique mais au fond d’elle-même, Dora ne se sentait pas légitime de la détester. Après tout, elle n’avait jamais été avec Luca alors il était bien libre de faire ce qu’il voulait avec qui il voulait. BREF, Luca n’avait rien à faire dans ses pensées et il était temps de se concentrer sur… La prof. Enfin surtout sur le brouillard qui commençait à gagner en densité, ce qui semblait un exploit vu l’opacité précédemment observée. « Qu’est-ce que vous faites là ? » Demanda Dora avec une pointe d’inquiétude dans la voix. L’ambiance du lieu était oppressante. « Il va… Il va falloir que je rentre moi. C’est normal ces brumes ? » Ajouta-t-elle dans un murmure avec une certaine naïveté tout en regardant autour d’elle. En même temps quelle guêpe l’avait piquée pour s’aventurer dans ce cauchemar ? « Abi… Abigail c’est ça ? » Bien sûr que c’était ça. Dora n’aurait pas oublié le prénom de la nana qui avait embrassé Luca devant ses yeux nameho. « Vous… Vous connaissez les lieux non ? Vous travaillez bien à Poudlard pas vrai ? » Demanda pleine d’espoir la jeune femme. Allez, plus vite elle sortait de là, plus vite elle quittait Abigail…

Les remontrances de mademoiselle Haig eurent l'effet d'une douche froide puisque je réalisais que je lui avais fait aussi peur. Les yeux tout aussi arrondis que les siens, je bégayais avec frénésie.

- Awawawa p-p-p-pardon ! Je fermais les paupières pour inspirer et expirer profondément afin de retrouver mon calme. J'ai été surprise de votre présence, je me croyais seule.

Vraiment seule ? Les illusions en étaient-elles vraiment ? Était-ce ce brouillard qui foutait la merde dans ma tête, ou était-ce un nouveau subterfuge du Blood Circle ? Baissant les yeux, j'essayais de me souvenir des paroles qu'avaient eues les centaures à notre adresse lors de la fin du conflit qui avait eu lieu ici. Si je devais trouver des indices, ça n'allait pas être une mince affaire, parce que je ne savais tout simplement pas ce que je cherchais. Peut-être le verrais-je une fois que ce sera sous mon nez ? C'était en tout cas tout ce que j'espérais… cela dit, cette quête de la part de l'Ordre n'était pas classée secrète défense, et la présence de Théodora n'était peut-être pas un hasard. Serait-ce elle mon indice ?
Je regardais alors son visage (jamais dans les yeux), avec un air circonspect, et dès lors qu'elle reprit la parole, je sus qu'elle n'avait rien à voir avec ce pour quoi j'étais là. S'aurait été trop. Sensible et aimable, je souriais pour répondre à la sorcière gentiment, partant du principe que je pouvais lui faire confiance puisque Luca lui faisait confiance.

- L'Ordre du Phénix m'a demandé de venir faire un état des lieux et estimer le degré des dégâts suite à la bataille qu'il y a eu ici, mais ce brouillard ne me facilite pas la vie je dois avouer… Et vous ? Que faites-vous là ?

Sorcière sensible que j'étais malgré ma petite taille, je décelais sans la moindre difficulté la pointe d'inquiétude dans la voix de la sorcière qui me faisait face, hochant du menton lorsqu'elle me demandait de confirmer mon prénom. Je la sentais inquiète, et ce n'était guère pour m'arranger. Non pas qu'elle me dérange, mais parce que j'avais le tact d'une moule boiteuse et atteinte de trisomie, je n'étais donc pas certaine de pouvoir la rassurer convenablement. Pourtant, comme à mon habitude, je lui faisais don de la vérité. Inutile d'encenser la situation alors que nous étions nous-mêmes dans la fumée de l'encens (c'est une image donc).

- Je connais bien les lieux oui et oui je suis bien professeure à Poudlard. Je balayais l'horizon du regard. Et je peux confirmer que cette brume n'est pas normale. Je fouillais le sac que j'avais pris avec moi au préalable et en sortait une boussole. C'est pratique ces machins moldu, la flèche rouge indique le Nord. Seulement moi, je ne voulais pas partir (j'étais folle oui), j'avais une mission à accomplir. Alors, pleine de bonne foi, je suggérais. Peut-être voudriez-vous m'aider ? Nous irions peut-être plus vite à deux et avec un peu de chance nous sortirons rapidement de cette… brume à la con. Je n'étais pas du genre à demander de l'aide, mais je m'en voudrais de tourner le dos à la sorcière, et je ne pouvais pas non plus abandonner ce pour quoi j'étais présente.

« Surprise »… Oui bah elle pouvait être surprise en silence la Abigail… Théodora toisa quelques instants la sorcière qui lui faisait face suite à ses justifications. Mouai, elle n’était pas sûr d’être très en confiance vu le stress que semblait montrer la McFusty. Et quand bien même cette peur était feinte, ce n’était pas non plus pour rassurer Dora. Bref, cette dernière n’était pas du tout ravie d’être là et la présence d’Abigail ne l’y aidait pas.

Théodora écouta avec attention les explications sur la présence d’Abigail. L’Ordre du Phoenix ? Voilà encore quelque chose à côté duquel Miss Haig ne voulait pas se trouver. Cela était déjà assez embêtant d’avoir à gérer une appartenance à une mafia qui ne voulait pas vraiment d’elle, mais alors se retrouver au milieu des luttes de pouvoir des grandes organisations du monde sorcier britannique, cela n’était vraiment pas une bonne idée. La question de sa présence lui fut retournée et elle fut bien en peine d’y répondre. « Je… Je pensais avoir entendu quelqu’un… » Dit-elle, vague. Cette réponse était bien meilleure que la vérité et le fait qu’elle avait toujours eu peur de cette forêt et qu’elle y avait vécu des choses pas jolies et que donc elle s’était dit que ce serait une bonne idée d’y retourner pour savoir si elle avait dépassé ses traumatismes. Bon bah, première info, ils n’étaient pas du tout dépassés ces traumatismes. Elle n’avait qu’une envie c’état de partir d’ici. Mais avec cette brume, Dora était coincée.

Les réponses d’Abigail ne la rassurèrent qu’à moitié. Au moins était-elle du coin... Mais le fait que la brume ne soit pas naturelle acheva de vraiment la rendre mal à l’aise. Effectivement, cette ambiance poisseuse qui collait aussi bien aux vêtements qu’à l’esprit ne pouvait pas être naturelle. Dora fixa la boussole que sortit Abigail et un sourire fugace passa sur ses lèvres. Oui, elle connaissait bien, son père en avait toujours une. Ça et son couteau suisse. Un autre temps tout cela. La question que lui posa Abigail la sortie de ses rêveries. « Euh… »  Théodora se retourna quelques secondes pour scruter la brume. Avait-elle vraiment envie de repartir toute seule à la recherche de la sortie ? Non pas vraiment… La raison de Théodora espéra simplement que les enquêtes de Miss MacFusty ne seraient pas dangereuses… « D’accord, faisons comme ça. »  Dora jeta un coup d’œil à ma boussole. « Faut que vous repartiez sur les lieux de la bataille non ? Histoire d’avoir un point de départ… Vous savez où c’était exactement ? J’ai eu des échos de ces affrontements mais pas vraiment d’info sur le lieu si ce n’était…. Une clairière ? Attendez… C’est la même que celles ancestrales de Poudlard où on allait tous faire la fête ? J’y ait passé toute ma cinquième année ! C’est là où cette idiote de Tina s’était engluée dans un saule pour tenter donner une texture à ses chev… »  Dora s’arrêta dans ses histoires. Ce n’était peut-être pas le moment.

La raison de la présence de la jeune femme dans la forêt, me fit enfoncer ma tête dans mes épaules. J’ignorais que j’avais été aussi bruyante tandis que j’avais commencé mes recherches. Sans doute que la perte de mes pouvoirs commençait légèrement à me rendre sénile, il allait falloir que je prenne garde sinon j’allais devenir un véritable troupeau de buffles, ce qui, tout à fait entre nous, n’était absolument pas envisageable. J’avais bien trop à gagner à être silencieuse et discrète.
Pourtant confuse, j’eus un regard en coin à l’adresse de la sorcière avant de bredouiller.

- D… désolée… je ne voulais pas vous causer d’ennuis.

Si elle était là par ma faute et qu’il lui arrivait quelque chose, j’allais être bien moi, avec un Luca qui me tomberait dessus comme un lion enragé parce que j’ai touché à sa petite secrétaire. Me voilà donc incombée d’une mission de l’Ordre et d’accompagner une sorcière qui, apparemment, n’était guère rassurée d’être ici. Dans un sens, je la comprenais, moi-même n’étais pas tout à fait sereine, néanmoins je n’en montrais rien puisque j’étais dans mon élément.
Voilà pourquoi, jugeant inutile d’accentuer davantage les craintes de mademoiselle Haig en lui montrant que la situation n’allait pas être aisée, je restais calme d’apparence. Autant prendre sur moi et rester maîtresse de moi-même.
Tandis que la jeune femme accepta de m’accompagner, je la laissais regarder ma boussole puis prendre la parole. Surprise par sa tirade qui semblait bien moins condescendante que jusqu’alors, je relevais un visage amusé (mais absolument pas moqueur) dans sa direction, pour lui sourire avec cette tranquillité qui me personnifiait.

- C’est cette clairière oui en effet. Je me mis en route tout en me guidant avec la petite boussole, priant pour que son magnétisme ne se mette pas à déconner à cause de la magie. J’y ai aussi passé du temps à l’époque, bien que je sois toujours restée à l’écart des autres étudiants. J’enjambais un tronc couché avec une aisance déconcertante pour ma petite taille. Ici, j’étais dans mon élément, et je me déplaçais avec facilité et assurance. Prise d’un élan de sympathie pour Théodora, et parce que j’avais envie d’arrondir les angles, je me permettais de demander maladroitement. Vous étiez dans quelle maison ?

Ce n’était pas mes affaires, mais j’avais véritablement envie que, à défaut que nous soyons amies, nous puissions avoir une relation cordiale. Je connaissais sa situation avec Luca et, bien loin de la juger, je voulais au moins qu’elle comprenne que je pouvais lui offrir mon soutien moral. J’allais à nouveau ouvrir la bouche pour rajouter le fond de ma pensée, mais voilà qu’un embranchement étrange apparut devant nous. Ça… ce n’était pas là normalement… Le paysage il change maintenant ? Je fronçais les sourcils avant de me tourner vivement sur la droite, baguette à la main quand un craquement de bois retentit.

- Nous ne sommes pas seules…

Purée et mes pouvoirs me manquaient toujours… me voilà bien pour rassurer la sorcière à mes côtés. Improvisant, je me baissais pour ramasser un caillou et le lancer dans a direction du bruit, à défaut de pouvoir lancer un sortilège comme un Lumos Maxima.

De quoi elle parlait la McFusty ? Théodora ne fit que lui jeter un regard vaguement interrogateur mais ne releva pas les excuses qui arrivaient d’elle-ne-savait-où. Et bah c’était pas gagné tout cela… Non mais sérieusement, qu’est-ce que Luca avait bien pu lui trouver à cette fille-là ?

La situation dériva sur la boussole et la mission qu’Abigail avait à mener et dans laquelle Dora était embarquée bien malgré elle. Non mais c’était fou ça, comme faisait Théodora pour toujours se retrouver dans les pires situations ? Cela devenait pesant au bout d’un moment… Alors qu’elle réfléchissait à voix haute avec cette histoire de clairière et de sa Némésis Tina qui avait un jour voulut plus de volume dans ses stupides cheveux, elle s’arrêta, un peu honteuse d’elle-même de parler autant. En même temps, c’était un peu sa marque de fabrique les longues tirades… Elle devina un sourire de la part d’Abigail et ne sut pas très bien quoi en penser. Elle ne semblait pas particulièrement moqueuse mais c’était tout de même étrange. Elle ne l’aimait pas particulièrement, alors pourquoi souriait-elle ?

Les jeunes femmes se mirent en marche et Théodora suivit Abigail dans la forêt. Elle était bien moins à l’aise dans le sous-bois que semblait ne l’être la jeune femme. Toute cette nature et cette brume faisait frémir ses sens de vélane, sens qu’elle n’avait pas du tout envie de sentir. Théodora leva un sourcil alors qu’Abigail lui racontait qu’elle avait plutôt passé sa scolarité à l’écart des autres. Ce n’était pas très surprenant, cette fille était quand même un peu étrange et les adolescents ne pardonnaient pas ce genre de différence. La question de sa compagnonne de galère étonna Dora et la laissa silencieuse quelques secondes. « Gryffondor. Hardis et forts, entendez le rugissement du lion d’or ! » Récita la jeune femme d’une voix monocorde agrémenté d’un vague sourire. Alors qu’elle allait lui retourner la question en se remémorant sa tenue au bal, l’arrêt soudain d’Abigail refit battre la chamade à son pauvre cœur qui n’en pouvait plus de cette angoisse.

Le craquement fit sursauter Théodora et sa main se resserra encore d’avantage sur sa baguette. « Pas seules » ?! Ah bah c’était super comme information ça ! Elle n’avait pas plus d’infos la professeur de Poudlard ? Ce ne fut pas la seule incongruité puisqu’Abigail lança à la main un caillou. Non mais pourquoi elle n’utilisait pas sa baguette comme tout le monde celle-là ? Elle n’était même pas loin, mais juste dans sa main ! Dora lui lança un regard étonné mais ne dit rien. C’était elle qui savait le mieux quoi faire… Théodora, elle en se priva pas de lancer un sortilège, d’une voix peu rassurée. « Lumos Maxima. » La lueur au bout de sa baguette grossit et engloba rapidement les alentours. Elle n’était pas sûr de vouloir savoir ce qu’elle allait découvrir.

Résultat des Dés:

La devise qu’elle récita par cœur me mit presque du baume au cœur, tout simplement car il m’évoquait sa directrice actuelle. Mais mon attention fut bientôt attirée par un bruit, et, mettant en garde la comptable, je faisais en sorte de prendre les devants en lançant un caillou devant nous. Guère utile, certes, par ailleurs, je captais son regard circonspect. Privée de ma magie à cause de ce maudit neutraliseur, je n’avais pas le choix. Grand Merlin, j’espérais que Théodora n’en soit pas victime une fois que nous serions sortie de ce merdier… si on en sortait, déjà.
Un peu gênée par la situation, je la laissais lancer un Lumos Maxima, ce qui me fit plisser les yeux du fait que j’étais déjà habituée à la pénombre dans laquelle nous plongeait la brume. Une ombre fila rapidement dans les fourrés devant nous avant que d’étranges yeux nous regardent.
Je fronçais les sourcils, en pleine analyse de la forme des pupilles de ce qui nous fixait.

Malheureusement, j’étais forcée de constater que dans ces conditions, la possibilité de trouver l’exact créature qui se trouvait devant nous était presque nul. Alors, je préférais baisser mes prunelles et chercher à terre des traces de pas, sur les troncs afin de voir dans quelle direction poussait la mousse, si les branches n’avaient pas accroché des poils ou s’il n’y avait pas de trace de griffures.
Rien.
Mais un détail de taille attira mon attention. À droite, je constatais que des fourrés s’étaient formés autour de nous, de même à gauche.
Les centaures nous avaient bien mis en garde, et je devais dire que je m’attendais à tout sauf à ça. Repliant ma boussole pour la ranger dans ma poche, ayant retenu les diverses directions, je soupirais.

- La forêt a changé. Je le vois dans l’eau, je le ressens dans la terre, je le sens dans l’air. Beaucoup de ce qui existait jadis est perdu. Remuant les épaules, je la regardais. Pardon, j’adore ce film moldu. Je souriais avant de reprendre. Mais quelque chose a véritablement changé ici, et on n’a pas le choix que d’avancer. Je pointais du doigt devant nous là où la paire d’yeux nous regardait toujours. On semble s’être engouffrée dans un couloir de végétation, comme si nous sommes maintenant dans un labyrinthe. Nous allons devoir nous fier à nos instincts pour sortir de ce guêpier.

Peu rassurée, je m’efforçais de ne rien montrer avant de me décider à avancer en direction de la paire d’yeux puisqu’elle était en direction du seul couloir que nous pouvions prendre. Baguette serrée dans la main, je me tenais prête. Je m’avançais avec prudence jusqu’à débusquer la petite créature. Un Boursouf inoffensif qui fila en me voyant approcher de trop prêt. Rassurée, je soupirais et me tournais vers Theodora.

- La voie est libre. Continuons.

Théodora se retint d’hurler en voyant la forme sauter dans les fourrés. La jeune femme n’aimait pas nature. C’était sale, dangereux et terrorisant. Non vraiment, il n‘y avait rien de bien dans tout cela. La ville, les pavés, ça s’était du concret. Elle en connaissait les codes mais la nature. Ah ça non ! Les pupilles qui fixaient maintenant les deux femmes lui firent froid dans le dos. Non mais dans quoi Dora s’était-elle fourrée ?! Bon au moins Abigail était-elle une spécialiste des créatures magiques, elle serait bien capable de définir de s’il s’agissait d’une petite bestiole inoffensive ou d‘un gros truc bien méchant. L’ex- Gryffondor déglutit difficilement en pointant sa baguette vers la bestiole. Et maintenant ?

Et bien maintenant, il semblait qu’Abigail regardait ses pieds. Non mais c’était une blague ?! La bestiole était juste devant, qu’est-ce qu’elle fichait ?! Dora se demanda soudain si elle n’était pas la plus puissante des deux et cela fut une très mauvaise nouvelle. Le rôle de demoiselle en détresse c’était elle-même normalement ? Il y avait toujours quelqu’un pour la sauver, elle ne sauvait pas gens. Alors Abigail avait intérêt de trouver comme les sortir de là. Mais la constatation que fit la sorcière ne rassura pas du tout Dora. Les premières paroles d’Abigail étaient incongrues. Théodora la fixa comme si elle était folle. Un film moldu ?! Abigail citait un film moldu ?! MAINTENANT ?! L’effarement de la jeune femme fut presque aussi grand que sa peur. C’était la meilleure celle-là.

Et maintenant un labyrinthe ?! Le pompon ! La Forêt Interdite ne voulait vraiment pas que la comptable en ressorte indemne… « Super… Pour information, mon instinct de conservation est proche de celui d’un Billywig drogué alors on va peut-être se dépêcher de sortir de là et compter sur autre chose que ça… » Abigail commença à avancer et Théodora leva les bras de dépit. Quel choix avait-elle exactement ?! Pas grand-chose à part suivre la seule qui pouvait la sortir de là. Suivant prudemment Abigail, Théodora ne put cette fois pas retenir le cri qui lui vint quand un Boursouf apeuré fila. « Aaaaaaaah ! »  Abigail se retourna vers elle et lui indiqua que la voie était libre. Super… Resserrant encore davantage –si c’était possible- sa main sur sa baguette, Théodora fit une petite prière silencieuse pour en ressortir vivante. Si ce n’était pas les bestioles ou la végétation qui venait à bout d’elle, son pauvre cœur malmené par la surprise et la peur risquait de lâcher.

Les deux femmes se mirent en marche prudemment. Le chemin était effectivement entouré par les plantes qui ne leur laissaient aucune autre opportunité que d’avancer. Des bruits étranges derrière elle lui indiquèrent que repartir en arrière était également proscrit. Elles débouchèrent finalement sur un premier embranchement. Trois voies s’offraient à elles. « Super ça dis donc… »  Théodora fixa les trois chemins avec appréhension.

Résultat des dés:

Théodora avança lentement vers le chemin du milieu. Et alors qu’elle s’apprêtait à soupirer de soulagement, une liane lui attrapa le pied et la souleva dans les airs. Sa baguette lui échappant des mains tomba au sol.

Je ne savais pas trop si c’était moi qui me faisais des idées ou non, mais j’avais la vague sensation d’être jugée par la jeune femme qui m’accompagnait. OK j’étais peut-être une sorcière un peu à part, mais quand même, est-ce que c’était la peine de me faire les gros yeux à chaque fois que je disais ou faisais quelque chose ? peut-être devrais-je être sincère avec elle et lui dire ? Lui dire qu’il n’y avait rien entre Luca et moi ? Ça aiderait peut-être ? Que je comprenais très bien leurs situations et que je ne voulais que les aider ? Mais n’était-ce pas là mettre de l’huile sur le feu, elle qui semblait avoir déjà beaucoup de préjugés contre moi ? D’autant plus que ce n’était pas vraiment mes affaires, mais bien celles de Luca et elle. Merlin que les relations humaines sont difficiles.
Malgré tout, la jeune femme eut la gentillesse de m’avouer qu’elle avait peu d’instinct de conservation. Bien. D’accord. Parfait. Moi je ne pouvais plus utiliser ma magie au risque de me blesser. Top. Non, mais tout allait bien aller. Il fallait savoir rester optimiste. Voilà tout le challenge. N’est-ce pas ? Avec gentillesse et candeur, je lui souriais.

- Je vous rassure, je n’ai pas trop envie de m’attarder ici non plus. Tenez prenez ça. Après avoir fouillé ma besace, je lui tendais une fiole. Si jamais on est en difficulté toutes les deux.

Puisque je ne pouvais plus utiliser ma magie, j’avais demandé des potions qui pouvaient me servir de substitut. La gorge un peu nouée par l’inquiétude, je ne parvenais pas à lui confier mon secret, d’autant plus que j’étais davantage concentrée sur la présence animale devant nous. Une fois le danger écarté, j’essayais de me montrer rassurante et d’entraîner tant bien que mal avec moi la sorcière, les doigts enroulés nerveusement autour de ma baguette.
Prudente, mes sens à l’affut, je regardais autour de nous, constatant la hauteur de la haie formant le couloir du labyrinthe avant d’entendre quelque chose bouger derrière nous. OK, portes closes, fantastiques. Parvenue à l'embranchement, je considérais les trois options avant de voir Théodora prendre une décision. Sans discuter, je la suivais et me décidais enfin.

- Au fait, je voulais vous dire que…

Je n’eus pas le temps d’en dire plus quant à l’absence de mes pouvoirs qu’une liane entoura le pied de la sorcière et la souleva. Décontenancée, mon sang ne fit qu’un tour, et par réflexe, je brandissais ma baguette en direction de Théodora et de la liane, avant de m’interrompre. Non, je risquais de la blesser, et ça, c’était hors de question. Je n’avais donc qu’une seule option.

- Quelle chiotte…

Murmurais-je avant de courir avec vivacité jusqu’à la racine de la liane. Évidemment, une autre surgit pour venir m’attraper, mais je réussissais à planter ma baguette, pointe contre terre avant de prononcer d’une voix déterminée.

- Bombarda !

Le sortilège fonctionna tant bien que mal, réduisant la plante enragée à l’état de salade, libérant ma compagne d’infortune au passage. Rapidement, je sentais un liquide chaud s’écouler de mes narines, générant un puissant vertige me faisant vaciller, m’obligeant à rester à genoux pour le moment. Sortant un mouchoir de ma poche je le plantais devant mon nez en cherchant la sorcière du regard, la vue troublée.

- T… Tout va bien ?

Après avoir donné la fiole contenant un liquide vert émeraude à la jeune femme, je souriais à sa question, me sentant un peu bête de ne pas lui avoir précisé tout de suite.

- C’est une potion offensive. On la lance sur l’ennemi et ça explose. Il faut pas la boire du coup. Au cas où on est désarmées de nos baguettes, ça peut s’avérer utile.

Arrivées à un embranchement, je réfléchissais tandis que ma comparse d’infortune pris une décision plus rapidement que moi. En silence, je la suivais, me décidant à vouloir lui avouer ma situation magique quand une plante décida de m’interrompre.
Sans réfléchir davantage, j’agissais, puisque j’étais entraînée avec des réflexes aiguisés. Ainsi, sans me munir de l’une de mes fameuses potions explosives parce que je n’avais pas ce réflexe (je n’en avais pas habituellement sans le neutraliseur), je fonçais vers le « tronc » de la plante pour y envoyer un Bombarda et rendre hors d’état de nuire le végétal furieux. La mise en garde de Théodora me permit d’anticiper que la liane vint me frapper de plein fouet et me permis de lancer le sortilège juste à temps.
Sans surprise, j’étais tout de suite assaillie de vertiges, mais j’étais surtout inquiète pour Théodora qui avait retrouvé la terre ferme plutôt lourdement. Mouchoir devant les narines, je gardais un instant les paupières closes avant de sentir la présence de la sorcière à mes côtés qui m’attrapa le bras et m’aida à me mettre en position assise. Notant le vouvoiement oublié, j’aurais pu sourire en temps normal, mais nous n’étions pas en temps normal, alors je me contentais de renifler un peu comme si ça allait calmer le flux de sang qui s’écoulait de mon nez.

- On peut rien faire malheureusement… ça va passer. C’était ce que je voulais te dire tout à l’heure. Je la regardais enfin dans les yeux, avec sincérité. Je suis victime du neutraliseur du Blood Circle, utiliser ma magie est dangereux. C’est pour ça que j’ai des fioles avec moi, ça ne vaut pas la magie, mais c’est mieux que rien… Malheureusement aucune peut m’aider pour les effets secondaires. Désolée, je voulais te prévenir avant, mais… Je remuais nerveusement les épaules. J’ai pas eu le courage, je crois.

Je relevais les yeux dans le dos de la sorcière pour regarder le couloir végétal qui s’ouvrait devant nous.

- Les centaures avaient prévenu que ça allait être la merde par ici, mais franchement, je ne m’attendais pas à ça…

Avec prudence, je me relevais, surveillant que je ne sois plus victime de vertiges. Souriant à Théodora en retirant le mouchoir de mon visage, sentant l’écoulement enfin se calmer, je soupirais.

- Bon… on va essayer d’avancer avec prudence, n’importe quoi peut nous tomber dessus. Il faudrait qu’on trouve comment sortir d’ici… mais je n’ai plus aucun repère. Sauf ça.

Je sortais ma boussole et regardais l’aiguille. Jetant un œil à Théodora, je lui indiquais de continuer dans la direction que nous avions commencé à prendre, faute de pouvoir faire demi-tour puisque le chemin s’était refermé suite à l’attaque de la plante. Nous verrons au prochain embranchement.

Théodora regarda la potion avec intérêt alors qu’Abigail lui indiquait les effets. Bon bah elle avait bien fait de demander : un peu plus et elle arrachait le bouchon avec les dents pour en descendre le contenu cul-sec. Rangeant avec précaution la potion dans sa veste, elle pria pour ne jamais devoir l’utiliser.

Évidemment ses prières ne furent pas entendues et quelques mètres plus loin, Dora fut secouée dans tous les sens par une plante verte. Après une intervention (héroïque) d’Abi, Dora retrouva le plancher des vaches avec dureté mais soulagement. Cependant, très vite Abigail ne sembla pas se sentir très bien et Dora accourut à ses côtés pour la faire asseoir, lui faisant ainsi probablement éviter une chute similaire à celle qu’elle venait de subir quelques instants plus tôt. Inquiète, Dora fixait le nez sanguinolent de la sorcière. Les révélations que cette dernière lui fit ne l’aidèrent pas à se rassurer. Le Neutralisateur de magie ?! Dora en avait vaguement entendu parler dans les journaux mais elle n’avait pas été témoin des effets dans la réalité. Le fait qu’Abigail sembla mal à l’aise fut incompréhensible pour la jeune femme. Ce genre d’informations était bien mieux à partager avant les problèmes, qu’importe la situation initiale ! Bien qu’agacée par cela, Dora fut compréhensive : elle aurait été bien mal placée pour juger des mauvais choix de vie. « C’est mieux d’le savoir c’est sûr… Bon bah vaut mieux pas traîner par ici alors. »

Alors qu’Abigail commentait les paroles des centaures, Dora se fit la remarque que les centaures avaient quand même souvent raison et que chacun ferait mieux de les écouter un peu plus souvent. La sorcière brune commença à se relever et Dora resta à ses côtés au cas où les vertiges se réinviteraient dans la tête d’Abigail. Du même avis que cette dernière, la comptable hocha la tête à la mention d’« avancer avec prudence ». Oui c’était un joli plan et cela aurait été bien si tout le reste de cette fichue forêt n’essayait pas de les achever. Dora regarda la boussole avec dépit. S’il n’y avait plus que ça pour les sortir de là, elles étaient fichues…

Continuant d’avancer en suivant la boussole, Dora était accrochée à sa baguette, sursautant au moindre craquement de branche. « C’est vraiment nul la nature… » Murmura-t-elle alors qu’elles arrivaient à un nouvel embranchement. Cette fois-ci, seulement deux choix possibles. La brume ne les avait pas lâchées, pire, elle semblait presque vivante, s’amusant de leur égarement. Les volutes de fumées s’évertuaient à prendre des formes étranges et trompeuses. Dans les ombres du chemin de gauche, chacun aurait pu y voir un centaure. Quant au chemin de droite, un gobelin semblait inviter à le suivre. Soupirant Dora, se tourna vers Abigail. « Faut toujours faire confiance aux centaures non ? » Demanda-t-elle sans grand entrain. Le choix semblait facile mais ne l’était-il pas justement trop ? Et si la brume les avait entendues discuter ? Est-ce que la brume pouvait seulement entendre ?!

Je hochais la tête alors que Théodora, bien que sûrement contrariée, eut la gentillesse de réagir avec douceur à l’annonce de mon handicap. J’avais craint qu’elle soit furieuse, mais apparemment, j’étais bien trop habituée à ce que les gens ronchonnent à mon encontre. Aussi, je me rappelais présentement que la comptable de Luca et moi nous ressemblions sur bien des points. Une constatation que nous avions eue lui et moi lors de nos nombreuses conversations privées. La remerciant avec un sourire gêné, je parvenais tant bien que mal à me relever, attendant un petit instant pour vérifier si les vertiges revenaient ou pas. Une fois assurée que j’avais repris le contrôle de ma santé, je retirais le mouchoir de devant mon nez et le rangeais dans l’une de mes poches. Hors de question de polluer les lieux, et je ne pouvais pas l’incendier au risque d’être soumise à une nouvelle crise. Ça attendra donc que je sois rentrée pour m’en débarrasser.

Reprenant notre chemin, je ne réagissais pas lorsque mon accompagnatrice sursautait au moindre bruit, mais je ne pus m’empêcher de sourire avec douceur lorsqu’elle se permit un commentaire.

- Elle peut être terrifiante ou, mais elle peut aussi nous aider.

À l’embranchement, là où se séparait le chemin en deux, j’y voyais, comme mon interlocutrice, un centaure à gauche, et un gobelin à droite. La question de la jeune femme fut tout à fait légitime, et, sans répondre, je baissais les yeux sur ma boussole qui indiquait le Nord en direction du gobelin. Sans vouloir me précipiter dans le chemin que nous avions à prendre, je fermais les paupières pour réfléchir à la route que nous avions tracée jusque-là.

Refaisant une carte mentale de notre point de départ, des tournants que nous avions choisi de suivre, je parvenais tant bien que mal à l’endroit où nous étions. J’avais donc une vague idée de la direction à prendre, mais évidemment, c’était à supposer que je ne me sois pas trompée et que mon intuition était bonne.
Souhaitant en avoir le cœur net, je rouvrais les yeux, souriant à Théodora pour lui indiquer que je réfléchissais, puis je me mis à observer le sol. Non pas que je souhaitais y trouver une flèche indiquant la bonne direction (quoique ce serait bien), mais un indice quelconque que la nature aurait pu nous soumettre. Accroupie, je frôlais du bout des doigts le sol et ce fut en tournant la tête que je découvrais une petite pousse sous la haie. Impossible à voir si l’on restait debout. La petite plante tentait de grandir dans une direction, confirmant mes suppositions.

- Je pense que oui, il faut suivre le centaure… Sauf si le paysage a totalement changé, je crois savoir plus ou moins où nous nous trouvons, en gros, et la plante ici présente essaie de pousser là où l’endroit est le plus propice pour elle. Donc par là. Je souriais une nouvelle fois à la comptable avant de commenter sur le ton de la plaisanterie. Vous voyez que la nature n’est pas si nulle.

Toujours avec prudence et tranquillité, je l’incitais à me suivre jusqu’à ce qu’un nouveau grognement retentit. C’était quoi cette fois ?

Alors que Théodora faisait une remarque sur l’inutilité de la nature, elle sentit Abigail sourire. Dire cela à une Professeure de Poudlard dans la Forêt Interdite, attenante à l’école, ce n’était probablement pas le choix le plus judicieux. Mais Dora n’en avait que faire. Elle avait peur, se maudissant pour cela ? Elle avait toujours l’impression d’avoir peur. Depuis toujours elle avait peur et cela la minait. La remarque d’Abigail, bien plus ambivalente, lui fit lever les épaules. Peut-être bien qu’il y eût quelque chose de bon en chaque chose mauvaise. Il fallait à minima l’espérer, surtout dans une situation comme la leur.

Un choix s’imposa bientôt aux deux femmes. Hé bien, elles n’étaient pas rendues ces deux-là… l’idée première de la comptable fut de s’orienter vers les centaures. Abigail l’avait dit, ils avaient rarement tort. Celle-ci sembla s’intéresser un peu plus à la terre qu’à la brume. C’était tout à son honneur de vouloir utiliser toutes les informations disponibles et Dora se sentit idiote de son inutilité en terrain sauvage. Elle n’avait pas de connaissance sur la nature, pire, elle l’abhorrait, tout en ne possédant aucun sens de l’orientation un tant soit peu efficace pour se sortir de ce pétrin.

Théodora fixa Abigail et son petit manège avec perplexité. Quelque chose dans les actes de la MacFusty la laissa étonnée. Le sourire qu’elle lui servit n’alla pas en la rassurant, pas plus que ses conclusions basées sur une plante. Plante qui, après un rapide coup d’œil de Dora, ne semblait même pas si impressionnante que ça… « Si vous le dites… »  Souffla une Théodora pas du tout convaincue. Sans d’autres idées, cela restait la meilleure.

Un grognement les arrêta dans leur progression. Dora fixa Abigail avec appréhension. Sur la pointe des pieds, contre tout ce que lui hurlaient ses sens, elle continua d’avancer. De toute façon les choix étaient limités.

Dédé:

Alors que les filles avançaient, elles débouchèrent sur une bête gigantesque – suivant le référentiel de la comptable – qui dormait paisiblement. Théodora se figea et se retourna lentement vers Abigail en pointant la bestiole. Et maintenant quoi ? Il fallait probablement la contourner sans la réveiller et continuer leur chemin. Oui c’est une bonne idée cela. Sur la pointe des pieds, Dora fit signe à Abigail d‘avancer. Après seulement quelques pas, Dora sentit quelque chose bouger sur son épaule. Une petit acromentule venait d’atterrir sur son manteau. Dora se retint d’hurler, ce qui fut particulièrement difficile, mais ne peut s’empêcher de faire un bond pour retirer la créature. Bond qui la fit atterrir dans un tas de feuilles bien sèches et bien craquantes. S’immobilisant aussi vite que possible, les yeux paniqués de Dora passèrent par Abi puis se tournèrent vers le griffon. Ce dernier commença à bouger et elle déglutit difficilement lorsqu’un des yeux du monstre s’ouvrit. Elle allait devoir montrer tous ses talents de profs de créatures la Abigail MacFusty si elles ne voulaient pas finir en sashimi pour griffon…