Tu ne sais quasiment rien de tes parents alors comment pourrais-tu en parler ? Personne n’a rien voulu t’en dire, jamais. Tu es de ces enfants illégitimes, de ceux qu’on cache. Comme d’autres avant toi et d’autres après toi, tu as eu une mère qu’on a marié à un homme pour préserver le sang, te jugeant comme une tare. Tu es de ceux qu’on oublie peu à peu. Mais oui, tu as des parents. Sinon tu ne serais jamais arrivée ce bas monde. Tu n’aurais pas été utilisée mais tu ne serais pas non plus la femme que tu es devenue aujourd’hui. La différence entre certains enfants et toi ? Ton père a toujours été au fait de ton existence. Heureusement, d’autres savent qui ils sont et qui ils ont été.

Ta mère est de la famille des Bjornsson. Le genre de famille pleine aux as qui se complait dans le luxe, dont les femmes sont belles et se taisent, dont les hommes ont le bras long. Voilà qui résume assez bien la situation de cette famille. de Sang Pur, ils ont toujours adhéré aux idéaux du grand Mage Noir. Tous ? Non, il fallait qu’une tâche s’affiche au tableau. Ta mère Aslög faisait mine d’y adhérer mais ne se gênait pas pour faire des rencontres. Comme le disait son père, c’était bien la peine de lui donner un prénom de personnage mythologique… Encore, si elle ne s’en tenait qu’à cela, il y avait toujours possibilité de la modeler, d’en faire une fille de bonne famille qui apprendrait à se taire et qu’on marierait à une autre famille de sang pur. La lignée serait préservée, elle donnerait des héritiers, son plan de vie était déjà tout tracé ! Mais voilà, il avait fallut que ta mère tombe amoureuse. D’un sang mêlé, anglais de surcroît. Non, c’était juste impossible. Ce fut encore pire lorsqu’elle tomba enceinte…

Ton père était donc un anglais, Camden Taylor. De la petite bourgeoisie par sa mère Moldue, il n’avait rien à envier à personne. Il était quelqu’un de tolérant, qui se moquait bien de la nature du sang. Il était de dix ans l'aîné de ta mère, Auror comme son père avant lui, fils de Métamorphomage. Ton père n’avait pas hérité du gêne et n’en parlait pas forcément beaucoup. Victime du succès de son père, il avait toujours cette impression d’être mit de côté. Pourtant il avait été choyé ! Cela ne l’a pas empêché de quitter son Angleterre natale pour se rendre en Suède. sans doute un besoin de s’émanciper de ce géniteur qui semblait faire de l’ombre à sa propre renommée. C’est là bas qu’il a rencontré ta mère. il est tombé sous son charme, tout simplement. Ils ont alors commencé à se voir, à se retrouver seuls. Sans que le père Bjornsson n’en sache rien, Aslög et Camden continuaient de se voir. mais évidemment, avec une famille qui tient à la pureté de son sang, les choses ne sont jamais si simple…

Le vieux Bjornsson apprit que sa fille fricotait avec un homme dont la mère était une Moldue. Il n’en fallut pas plus pour attiser sa rage. jouant de ses relations, il trouva le moyen de faire affecter l’Auror dans un autre pays, bien loin de sa précieuse fille. Mais le mal était déjà fait. Elle s’était faite engrosser comme il le disait déjà. tu n’étais même pas encore née que déjà, tu étais jugée à cause de ton géniteur. Oh bien sûr, ton père savait que ta mère était enceinte. il aurait voulu lui demander sa main, l’emmener loin d’ici et qu’ils puissent t’élever ensemble. Mais au lieu de cela, tu as eu un grand-père qui a tué ce rêve dans l’oeuf. Ta mère était encore jeune, il était facile de faire croire qu’elle était partie en voyage pour découvrir le monde. Au lieu de cela, elle se retrouva enfermée. Pas forcément le meilleur cadre pour mettre un enfant au monde… C’est alors que la neige tombait silencieusement que les cris de douleurs d’Aslög retentirent dans tout le manoir Bjornsson. Après plusieurs heures, elle avait enfin réussi à te mettre au monde. Elle n’eut pourtant pas le loisir de t’avoir pour elle. Rapidement, on lui exposa la situation. Puisqu’elle ne pouvait pas t’élever, elle devrait te considérer comme sa soeur. toi, la chair de sa chair, allait grandir en pensant qu’elle était ta soeur aînée. Mais les choses ne s’arrêtèrent pas là. Comme une punition constante, le père de famille ne la laissait jamais en paix. Il préféra même repousser le moment où il pourrait la fiancer à un homme de sang pur. Pourquoi ? Pour pouvoir la briser...

Tu aurais pu avoir une famille basique. Mais non, les choses ne se sont jamais passées comme cela. Tu as été présenté comme une enfant tardive de la famille Bjornsson et on obligea ta mère à se faire passer pour ta sœur. Torture infâme que de voir son enfant grandir sans jamais pouvoir l’élever ! Tu avais donc, bien malgré toi, des parents, une sœur et un frère, sans connaitre toutes cette complexité du schéma familial qui est le tien. On t’a toujours dit que tu étais de sang pur. Mais jamais tu n’as été choyée. Confier aux bons soins d’une nourrice alors que tu n’avais que quelques heures, tu n’as jamais connus la chaleur des bras de ta mère. On t’a appris à rester à ta place dès la plus tendre enfance. Mais comment voulez-vous comprendre cela alors que vous tenez à peine sur vos deux jambes ? Alors, la plupart du temps, tu étais tout simplement ignorée par les tiens. Oh, lorsque tu n’étais qu’un tout petit bébé, les choses ne se passaient apparemment pas si mal. Certes, les Bjornsson ne prenaient pas plus soin de toi que cela. Tu ne manquais de rien si ce n’est d’amour. Tu as appris à faire sans au fil des années même si tu trouves désormais ce genre de traitement des plus cruel à l’égard d’un enfant qui ne demande qu’une chose : le réconfort de sa propre mère. Mais évidemment, tu as grandi, comme n’importe quel enfant.

Tu as commencé à marcher assez tôt, alors que tu n’avais qu’un an. Personne n’a été là pour s’émerveiller de ce petit exploit. Ta mère biologique ? Elle tournait doucement en dépression, ne supportant plus de ne te voir que de loin. Mais il y a toujours des choses que tu ne sais pas. Sais-tu pourquoi ta mère ne t’a jamais approché ? Parce que le patriarche n’hésitait pas à sortir une ceinture si elle osait le faire, ne serait-ce que pour t’apercevoir. Et sais-tu pourquoi la matriarche ne t’a jamais accordé le moindre regard ? Parce que pour elle, tu es l’enfant du pêché. Conçue hors mariage, avec un sorcier souillé par du sang de Moldu. Pour ta famille, tu n’as toujours été qu’une insulte à leur sang et à leur nom. Mais il fallait sauver les apparences et c’est ce qu’ils ont fait pendant les premières années de ton existence. Ils n’ont pourtant pas pu continuer bien longtemps…

Alors que tu n’avais que trois ans, tu découvrais seulement la violence. Elle n’était pas encore trop prononcée. Il ne fallait pas attenter à ta vie, juste te faire comprendre que tu étais juste là pour obéir et rien de plus. Mais obéir, alors qu’on a que trois ans et qu’on veut juste courir dans le jardin, c’est difficile ! Tu ne comprenais pas pourquoi on ne voulait pas te laisser jouer en paix comme on l’avait plus ou moins fait jusque-là ! Alors puisque tu ne comprenais pas, tu refusais de te laisser faire. Tu avais déjà un caractère bien trempé et tu as donc piqué une colère. Ce que tu ne savais pas, c’est que cet évènement allait sceller ton destin… Alors que celui que tu considérais comme ton frère ainé s’amusait à te malmener, tu en as eu assez et tu es entrée dans une fureur noire. Une rouge plutôt devrait-on dire. Puisque c’est la couleur qu’adopta ta chevelure de blé. Tu ne le savais pas encore mais le père de famille venait de décider de toute ta vie ce jour-là : il ferait de toi une véritable machine sans sentiments. Il ferait de toi une Auror, prête à servir les intérêts de la famille.

A partir de la découverte de ton don, on commença à te former sans vraiment appeler cela une formation. Oh rien de bien alarmant ! Etant donné ton jeune âge, tu avais surtout droit à des chamailleries. Jouer à la bagarre ? Non, ce n’était pas que pour les garçons. Il était fréquent de te voir avec des bleus à force de sortir les poings. Mais ton cœur d’enfant n’était pas encore entamé. Tu avais encore cette imagination fertile à vouloir faire des cabanes dans les arbres ou bien à vouloir qu’on te lise des histoires. Comme n’importe quel enfant ! Sauf que tu n’étais pas n’importe quelle enfant… Il arrivait parfois que Aslög soit félicitée d’avoir mis le grappin sur un descendant de Métamorphomage. Toi tu ne comprenais pas, tu n’allais comprendre que bien des années plus tard. Trop innocente, trop frêle. Et tu allais pourtant devoir faire preuve d’un immense courage pour supporter encore toutes les épreuves qui t’attendaient. Et elles étaient encore bien nombreuses, tu ne risquais pas d’avoir du répit ! Mais il y a des choses qui traumatisent plus certains enfants que d’autre… Sans que tu saches pourquoi, on permit enfin à ta sœur de t’approcher. Elle passa alors de longues heures à jouer avec toi. Tu te moquais bien de connaitre le pourquoi du comment, tout ce que tu voyais c’est que tu pouvais accaparer toute son attention sans qu’elle ne s’en offusque ! Tu ne demandais rien de plus. Mais alors que vous passiez beaucoup de temps ensemble, on te l’enleva brutalement. Elle fut forcée de partir car mariée de force. Ce fut un traumatisme et un déchirement pour toutes les deux.

Tu étais inconsolable. Pourquoi te faisait-on subit cela ? Pour te briser et faire de toi ce qu’on voulait. Mais le petit manège de bagarre continua. Jusqu’à ce que pour tes neuf ans, sans comprendre ce que tout cela signifia, on t’offrit un katana. Certes, il était magnifique ! Pas de raison particulière pour justifier le choix de l’arme. Tu t’en moquais. Tu n’en avais jamais vu alors tu étais émerveillée par la beauté de la lame. Tu n’en avais pas peur, tu ne comprenais juste pas l’intérêt. Mais tu allais le comprendre bien vite. Alors que ton regard était perdu dans les reflets de la lame, ton frère est venu te la retirer. Seulement, le tranchant de la lame se trouvait contre tes paumes qui furent alors entaillé. Voilà pourquoi tu avais reçu ce cadeau : comprendre ce qu’est la douleur physique. Pourquoi ? Parce que tu allais devoir la contrôler sur ton propre corps… Alors que tu ne contrôlais même pas tes émotions, visible à un simple changement de couleur capillaire, on te demandait de prendre le pas sur quelque chose d’autre encore. Mais tu ne voulais pas décevoir le patriarche.

C’est uniquement lorsque tu as eu dix ans qu’on commença à t’apprendre à te battre. Tu devenais douée, bien qu’il ne soit pas normal d’entrainer une enfant de la sorte. Mais tu avais toujours ce fol espoir de satisfaire ton père un jour. Tu voulais qu’il soit fier de toi ! Si tu avais su qu’il ne le serait jamais, peut-être ne te serais-tu pas donné autant de mal après tout… Tu étais donc forcée de t’entrainer alors que tu n’aspirais qu’à partir dans une course folle dans les jardins jouxtant le manoir familial. Au lieu de cela, tu découvrais chaque jour ton lot de blessures. Des côtes fêlées et des coupures en tout genre, tu en as eu ! Et si tu avais le malheur de te plaindre ou de pleurer de la situation, tu avais droit à une punition qui, ici, était jugée normale et exemplaire. C’était des méthodes archaïques, à grand renfort de ceinture et d’enfermement dans un placard sombre. Très jeune, tu as donc dû apprendre à cacher tes émotions ou plutôt à te cacher pour les laisses exploser. Tu as appris à garder tellement de choses en toi que tu donnais de plus en plus l’impression d’être une machine à mesure que le temps passait… Heureusement pour toi, tu allais bientôt avoir la possibilité de te montrer sous ton vrai jour.

Alors que tu avais onze ans, tu as enfin eu la possibilité d’entrer à Durmstrang. C’était un véritable soulagement, tu allais pouvoir échapper au Bjornsson. Du moins c’est ce que tu pensais. Tu ne te rendais pas compte de l’immense pression qui reposait sur tes épaules. Il fallait que tu sois la meilleure dans tout ce que tu entreprendrais à l’école. Il ne fallait pas que tu te perdes avec des activités jugées futiles comme le Quidditch. Tu n’avais pas besoin de cela pour être une bonne Auror alors ce sport était proscrit ! On te fit clairement comprendre, juste avant ton départ, que tu n’avais pas intérêt à échouer. Tu devais faire aussi bien que celui qu’on te faisait considérer comme ton frère. Toi, un tout petit bout de femme, tu devais être capable de rivaliser avec un homme. Mais tu savais que si tu échouais, tu serais encore plus malmenée à ton retour au manoir. L’échec n’était pas une option envisageable. C’est une baguette un chêne rouge et cœur en plume d’oiseau tonnerre qui jeta son dévolu sur toi. Même ta baguette traçait ton avenir… Le chêne rouge permet d’obtenir une baguette excellente en duels, qui aime la rapidité. Et la plume d’oiseau tonnerre s’avère extrêmement puissante bien que difficile à manier. Ta baguette était comme toi. Vive, faisant des duels, aussi difficile à manier que ton don de métamorphomage…

Ta scolarité a été dans l’ensemble assez basique. Tu étais une bonne élève et avait même des notes excellentes. Certes, tu profitais de ne pas avoir ton père sur le dos pour te lâcher un peu plus avec ton donc. Tu commençais enfin à apprécier cette magie si particulière. Tu apprivoisais ton donc, ne le voyant plus comme une malédiction. Tu jouais avec ses subtilités, tu faisais des petites expériences pour vérifier les limites de ton propre corps. Loin d’être du genre à amuser la galerie, tu pouvais tout de même redevenir une adolescente comme les autres, le temps d’une année. Les retours au manoir familial étaient pourtant source d’angoisse. Tu allais de nouveau devoir garder des émotions pour toi, tu allais de nouveau prendre des coups. Tu as donc décidé de t’exercer pendant tes temps libres, afin de ne pas te prendre encore plus de remarque pendant les vacances. Mais s’entrainer seul, ce n’est jamais évident. C’est alors que tu rencontras Eliael. De deux ans ton ainé, tu avais une drôle d’impression. Ce pressentiment que vous étiez pareils lui et toi. Certes, tu ne l’as pas remarqué tout de suite. Tu étais en quatrième année et lui en sixième année. Tu l’appréciais et au final, vous avez appris l’un de l’autre, vous entrainant ensemble. Et puis il s’est replié sur lui-même. Et ensuite il est parti. Tu as donc dû recommencer à te débrouiller seule. Tu ne voulais plus non plus qu’on lise en toi comme dans un livre ouvert.

Ta cinquième année marqua un tournant dans ta vie. Tu t’évertuais à contrôler tes émotions. Ce n’était pas une chose aisée. Tu commenças alors à faire de la méditation pour apprendre à te contrôler. C’est uniquement avant de repartir pour ta septième année à Durmstrang qu’enfin, tu eus droit à un peu de reconnaissance. Alors que ton frère tenta de t’attaquer, tu évitais le moindre de ses assauts. Tu avais gagné en rapidité et en agilité sans que personne ne s’en rende compte. Tu avais toujours préféré le combat rapproché. Certes, tu es très douée armée de ta baguette également. Mais tu ne voyais pas l’intérêt alors que lui-même n’avait pas sorti la sienne. Mais les choses ont alors commencé à dégénérer. Tu as finalement laissé éclater toute ta colère. Il y a eu un nez cassé, un œil au beurre noir également. Tu as réussi, malgré ton poids plume, à le mettre au sol et tu continuais de le frapper. Jamais encore tu n’avais fait preuve d’une telle violence. Ta rage se remarqua à la couleur de ta chevelure qui vira au cramoisi. On t’écarta de lui mais tu te débattais comme un beau diable. Non, tu n’en avais pas encore fini avec lui. Ce fut une gifle violente de la part du patriarche qui te stoppa nette. Ce jour-là, tu te promis de ne plus jamais revenir et de ne plus jamais être soumise à cette famille.

A la fin de ta scolarité, tu n’es tout simplement pas retournée chez les Bjornsson. Tu as découvert ce qu’étais les sentiments tels que l’amour. Et ce fut à la fin de ta scolarité que tu découvris le pêché de chair. Oui, tu étais officiellement émancipée de cette famille. Mais le patriarche te retrouva. Non tu ne voulais pas avoir peur de lui. Mais tu aurais peut-être du… Alors que tu le défiais ouvertement, tu te retrouvas avec plusieurs hématomes et quelques fractures. Ton poignet gauche avait été brisé net, quelques unes de tes côtes étaient également fêlées. Tout cela fut rapidement ressoudé mais tu étais cette fois certaine de ton choix. Tu ne devais plus jamais retourner dans cette famille de fous. Tu envisageas même de faire totalement autre chose qu’Auror. Oui mais quoi ? Tu n’avais jamais rien connu d’autre que cela, on ne t’avait jamais donné d’autre objectif. Après tout, poursuivre dans cette voie devrait t’être profitable avec le don que tu avais… Un matin, tu es partie sans rien dire à celui qui avait partagé une partie de ta vie. Tu te promis de ne plus jamais aimer quelqu’un, refusant désormais de t’attacher. Ton destin t’appelait…

La formation d’Auror était évidemment bien plus complexe que ta scolarité à Durmstrang. Tu savais ce qu’on attendait de toi bien entendu. Tu avais juste tes domaines de prédilections et d’autres dans lesquels tu devais travailler bien plus dur que certains. Pourtant tu jouais de tes atouts et utilisais ton don à bon escient. Pendant cette période, tu as parfait ton masque de glace. Tu ne devais rien montrer de tes sentiments. Tu devais être forte et surtout être discrète. A ce moment, tu as écopé du surnom de Dame de marbre. Tu avais cette capacité à ne rien montrer de ce que tu ressentais. Evidemment, le naturel reprenait parfois le dessus. Mais après tes années d’entrainement, tu maitrisais déjà bien mieux ton don que pendant ta scolarité. Tu as réussi ton examen avec brio et tu t’es donc retrouvé affilée au Minsitère de la magie, mise à disposition pour accomplir certaines missions. Tu ne t’attendais pourtant pas à retrouver une certaine personne là-bas : Eliael Xanielov. A croire que vous étiez fait pour vous retrouver. Tu n’as pas hésité bien longtemps. Mais ta méthode n’était visiblement pas la bonne. C’est à grand coup d’utilisation de tes charmes que tu tentas de le séduire, sans pourtant qu’il n’ait la moindre réaction. Plus tu te dévoilais et moins il t’approchait visiblement. Bien que tu sois têtue, tu n’aimais tout de même pas perdre ton temps. Alors tu aas arrêté ton petit jeu, te concentrant sur tes missions et tes entrainements. C’est uniquement à ce moment que l’homme se décida à t’approcher à nouveau. Tu n’y comprenais plus rien, il fallait donc se montrer inaccessible pour qu’il approche les gens ?

Eliael devint alors une sorte de confident dans un premier temps. Il te faisait te sentir différente, presque normale. Vous partiez régulièrement en mission ensemble, vos complétant visiblement. Au fré des demandes, tu te créais une nouvelle image, une nouvelle identité. Sans doute pour échapper à ta vie que tu ne trouvais pas très reluisante. Mais le jeune homme était bien plus que cela. Il était redevenu ton partenaire d’entrainement. A nouveau, vous appreniez l’un de l’autre après avoir passé plusieurs années à vous perfectionner. Vous vous faisiez pourtant comprendre mutuellement qu’aucun de vous n’avez vraiment choisi de devenir Auror. Cela vous liait beaucoup plus que vous ne le pensiez au départ. Tu avais pourtant révélé certains passages de ton enfance, notamment celui de tes cicatrices sur les mains. Tu as gardé beaucoup de traces sur le corps, bons nombre que tu ne veux tout simplement pas expliquer. Mais tu te souvenais pourtant de l’histoire de chacune. Mais avec Eliael, tu n’avais tout simplement pas besoin d’en parler. Il ne posait pas de question et cela te convenait parfaitement. Mais les choses ne sont pas restées aussi simple.

Alors que vous veniez de terminer une mission avec brio, les choses ont, semble-t-il, un peu dérapée. Tout a commencé avec une simple discussion. Et puis un verre ou deux, peut-être plus. Et ça s’est terminé sous les draps. Ce qui ne devait être qu’un coup d’un soir, un simple bon moment, se reproduisit. C’est devenu une petite habitude. Vous rentriez de mission, vous faisiez votre rapport et vous vous retrouviez pour vous envoyer en l’air. Pas de sentiment, pas d’attache. Rien que du bon temps ensemble, sans la moindre prise de tête. Et cela dura pendant quelques années ! C’était une sorte de moyen de décompresser en rentrant. Vous ne faisiez de mal à personne, pas même à vous. Tu as arrêté de compter le nombre de fois où tu t’es retrouvée dans son lit et où lui s’est retrouvé entre tes draps. Tu pensais qu’aucun de vous n’allait jamais souffrir de tout cela. Mais tu te trompais. Et toi ? Tu l’as vécu de la pire des façons : en commençant par un nouvel abandon.

Tu ne pensais pas que se serait la dernière fois que tu le voyais, la dernière fois aussi que tu t’abandonnais à lui. L’ultime fois où tu as pu lui faire confiance. Ce jour-là, le Hongrois n’est pas revenu. Deux jours après, tu voyais son visage dans tous les journaux. Ton sang ne fit qu’un tour. Tu redoublais d’effort dans tout ce que tu faisais. Tu voulais montrer que tu étais toujours capable de réussir, peut importait avec qui te partait en mission dans le fond. Mais tout cela ne fut pas suffisant pour tes supérieurs. Tu avais eu une relation avec cet homme alors tu avais certainement des informations à son sujet ! Et si ce n’était pas le cas, comment était-il possible que tu n’ais rien remarqué ? Il devait bien y avoir des éléments qui auraient dû t’alarmer, attirer ton attention ! Comme si cela ne suffisait pas de te sentir trahie, tu passais en plus énormément de temps à te remettre en question, cherchant ce que tu avais pu rater pendant toutes ces années. Il y avait forcément des éléments à côté desquels tu étais passés ! Mais on ne te lâcha pas pour autant…

Une enquête fut ouverte à ton sujet. Comme si les regards que te lançaient certains de tes collègues n’étaient pas assez. Non, il fallut en plus que tu te soumettes à des Occlumens. Refuser aurait été un signe que tu avais des choses à cacher. Ce sont donc toutes tes faiblesses quoi ont été exposé. Pas seulement ce que tu avais pu vivre avec Eliael mais aussi tout ce que tu avais vécu pendant ton enfance. Tout fut remonté à la surface. Il fallait chercher la moindre information, le moindre élément vous liant et cela passa donc aussi par vos années de scolarité communes. Les informations restèrent bien évidemment en interne. Mais les ragots au sein même du Ministère allaient grandissants. Ta vie n’avait plus rien de privée. Les missions qu’on te donnait ? Elles étaient désormais bien loin de celles que tu avais pu accomplir par le passé. On ne te faisait tout simplement plus confiance. Cela ne pouvait tout simplement plus durer. Alors tu as décidé de quitter ton emploi. Tu avais ce besoin de changement, tu devais t’éloigner de cette atmosphère qui t’empoisonnait peu à peu. Certes, ce ne fut pas chose aisée de tout plaquer. Mais tu as tout de même réussi. Tu voulais commencer une nouvelle vie, changer de pays. Tu choisis alors l’Angleterre, ayant entendu parlé d’un Auror Métamorphomage. Tu voulais pouvoir le rencontrer et lui poser des questions.

Avant de partir, tu voulais tout de même faire quelque chose. Une chose qui te permettrait d’extérioriser ton ressenti tout en te permettant de ne jamais l’oublier, afin de ne pas commettre la même erreur une seconde fois. Ce fut le premier. Tu décidas de passer sous l’aiguille d’un tatoueur. Certes, tout cela aurait pu se faire à l’aide de la magie. Mais l’effet n’aurait pas du tout été le même pour toi. Tu as donc passé de longues heures, allongée à plat ventre sur cette table. Pas le moindre cri de douleur, pas la moindre mimique signifiant que tu avais mal. Mais une fois le travail fini, il était magnifique. Le tatouage s’étalait sur tout ton dos. Un jeune Magyar à pointe enserrait une baguette magique qui avait exactement la même apparence que la tienne. Cette dernière s’incrustait sur ta colonne vertébrale. Désormais, tu étais fin prête pour quitter définitivement cet endroit et prendre la direction du Royaume-Uni.