La soif d’apprendre, c’est ce qui avait poussé la demoiselle à prendre un manuel qui n’avait aucun rapport avec son cursus pour essayer d’apprendre de nouvelles choses. Sauf que voilà, apprendre c’est bien, réussir à récupérer un devoir d’une des personnes dans ce cursus, pas si difficile non plus. La réalisation était cependant plus chaotique que prévu. Cela faisait plus d’un mois qu’elle n’avait pas touché à autre chose que des manuels de médicomagie. La raison était somme toute évidente, elle avait eu du retard – alors attention par retard on parle quand même d’Elise, c’est donc à prendre avec des pincettes – et ne voulant pas perdre son avance considérable sur sa classe – en vrai la phrase devrait être ne pas se faire distancer par Adèle – elle avait donc étudié uniquement de la médicomagie, puis, par la suite, avait récupéré des manuels sur les tableaux magiques pour essayer de comprendre comment elle avait pu se retrouver dans un monde bizarre avec Aidan, essayant de trouver des ouvrages qui traiteraient de ça. Recherches vaines, ça restait un mystère pour la Serdaigle, qui détestait les mystères mais le problème avec la magie c’est que certaines choses ne s’expliquent pas. Elle avait donc étudié les mangemorts, encore et encore, jusqu’à ne plus pouvoir dormir sans que dans ses rêves, ils soient là. Alors non, ils n’étaient pas devenus sa raison de vivre, elle n’avait pas, tout d’un coup partagé les idéaux de ces gens et quand bien même ça aurait été le cas, il aurait été bien stupide de venir se renseigner en ces lieux, les ouvrages étaient biaisés, aucune apologie de ces gens n’était certainement tolérée à Poudlard, évident que tout ceci. Et pourtant, elle les avait étudiés, essayant de comprendre comment elle-même avait pu les côtoyer.

Toutes ces petites occupations avaient donc fait qu’Elise n’avait pas essayer de travailler sur autre chose excepté aujourd’hui. De ce fait, ce n’était pas des plus évidents, l’énoncé était déjà par super clair mais bon c’est un détail, si tous les profs étaient parfaits à Poudlard, ça se saurait depuis le temps. La demoiselle était donc ultra concentrée, avait récupéré masse de manuels et avait l’impression d’étudier des hiéroglyphes tellement c’était compliqué. Alors forcément, même si elle était dans une bibliothèque que normalement c’est silence radio – mais que jamais personne n’a respecté cette règle parce que se taire c’est chiant – et bien Elise parlait, à personne de particulier, plutôt à elle-même, essayant de remémoriser ce qu’elle savait pour trouver la solution à ce devoir un peu spécial. Attentive à rien d’autres que son livre et l’intitulé de la question qu’elle répétait à haute voix, dans l’espoir que ça l’aide à comprendre ce qu’elle devait exactement chercher. Elle cligna des yeux en voyant un doigt se poser sur une ligne et puis il y eut cette voix, cette voix qui était défini dans sa tête comme appartenant à un emmerdeur fini. La question déjà à se poser c’est qu’est ce qu’il venait faire ici, non mais sérieux au bout d’un moment s’il n’avait pas de vie, pas d’ambition et qu’il s’ennuyait, à quel moment ça intéressait Elise. Ensuite ce qui était franchement inquiétant, vraiment c’était qu’elle était vachement concentrée pour qu’il puisse se tenir dans son dos et fournir la bonne réponse, parce que oui ce gars avait beau l’air être complètement stupide, elle savait qu’il avait donné la bonne réponse et c’était ultra frustrant, mais quel sale type. En plus, elle savait que c’était uniquement pour faire suer le monde, c’était son but dans la vie, être insupportable.

Le regard de la demoiselle ne le quittait pas tandis qu’il faisait le tour, avec son sourire niais là, celui qui démontrait à la perfection qu’il se payait ouvertement sa tronche… Son regard glissa jusqu’aux affaires qu’il glissa sur la table. Euh… non… A quel moment il croyait à ses rêves à ce point. C’était tout bonnement hors de question qu’il s’installe à côté d’elle, c’était presque aussi grave que d’avoir donné une réponse. C’est dans un silence religieux, ignorant, pour le moment cette phrase, sa vantardise évidente, chose qui n’allait pas durer longtemps, qu’Elise poussa du bout des doigts les affaires de Dimka pour les faire tomber par terre puis elle redressa la tête pour le regarder droit dans les yeux avant de dire glaciale. « La place est prise. » Non, ce n’était pas le cas, même si elle aurait sûrement préféré que ce soit vrai, raison pour laquelle, elle détacha son regard du Dimitrov pour observer autour d’eux, cherchant un potentiel allié, mais, cette fois ci, il n’y aurait personne pour l’épauler. Elle devrait se débrouiller seule face à un enquiquineur… et bien soit, elle en était plus que capable. Il fallait juste se contrôler assez pour ne pas se faire coller une troisième fois, parce que finir seule dans une pièce avec monsieur prétention et un professeur, ce n’était tout bonnement pas possible. Et puis, pour en revenir au fait que la place était soi-disant prise, au cas où ce n’était pas clair comme phrase, sait-on jamais qu’il soit réellement stupide. Elle attrapa son propre sac pour le déposer à côté d’elle trouvant même le moyen de rajouter avec un sourire hypocrite « Désolée. »

Elle ne l’était pas, son regard était déjà rempli de colère, plus les secondes passaient et plus elle réalisait que cet imbécile venait de lui donner une réponse, qu’il savait très bien que ça la gonflerait et qu’il se permettait en plus de vouloir s’installer à côté d’elle. Et finalement, elle ne put contrôler plus longtemps ses émotions « Tu fais chier ! Je ne t’avais rien demandé, tire-toi Dimitrov ! « Là, tout de suite ça devait être plus clair. Et puis d’abord, pourquoi c’était vers elle qui venait il y avait plein de personnes qu’il pouvait enquiquiner, pourquoi c’était Elise qu’il venait voir et plus grave encore aux yeux de la demoiselle, comment il avait fait pour trouver la réponse aussi rapidement. C’était déstabilisant et son orgueil, un chouya blessé par cet étalage de connaissance de la part du casse bonbon de service avait envie de dire à haute voix qu’elle aurait trouvé la réponse sans lui… mais elle ne dit rien, se contentant de le fusiller du regard pour qu’il se tire.

Et c’était parti, allez monsieur je n’ai rien à faire de ma vie donc je viens agacer tout le monde, était bien dans la place, alors là aucun souci. Elise lui jeta un regard rempli d’exaspération en constatant son air, le fait qu’il regardait autour d’eux consciencieusement, non mais vraiment… il s’attendait à ce que quelqu’un court pour venir s’installer ? Il était tellement imbuvable comme type que toute personne normalement constituée en voyant Dimitrov faisait un écart pour ne pas avoir à supporter son acharnement incessant. Et puis il y avait cette voix qui de nouveau couvrit le silence, pourtant quand il était à côté, c’était vraiment cool le silence. Ah ça pas de problème, il savait très bien faire l’étonné, tout en la regardant dans les yeux… pauvre con… Elle lui répondit blasée, agacée et sarcastique pour le coup « Voyons Dimitrov, tu sais bien que les gens se battent uniquement pour toi. » Non mais c’est quelque chose qu’elle ne comprenait pas, vraiment pas, il y avait vraiment des filles qui avait envie de passer du temps avec lui ? Elles n’étaient vraiment pas nettes ces filles. Peut être que c’était ça son problème à Dimitrov, il voulait de la compagnie… oui et bien qu’il aille la chercher ailleurs, Elise elle avait autre chose à faire que de discuter avec un chieur de première, elle voulait bosser sur son énigme de tableaux, même s’il avait l’air de s’y connaître sur le sujet, il vaut mieux être seule que mal accompagnée et être accompagné de ce type c’était même pire que d’être mal accompagné. D’où le fait qu’elle venait de poser ses affaires dans l’espoir vain, que ça le vexerait ou que ça lui fasse prendre conscience qu’il n’était pas le bienvenu et que par conséquent, il dégage.

Si ça fonctionna ? Pas, le moins du monde. Mais qu’est ce qu’il était en train de faire ce crétin ? Elise le regarda, consternée, tandis qu’il était en train de s’asseoir sur la table. Euh ? C’était autorisé ça ? Elle se retint de chercher du regard la bibliothécaire, pour sûr qu’il lui ferait un beau sourire, puant l’hypocrisie à coup sûr, mais personne ne semblait la voir cette hypocrisie, et que ça passerait comme une lettre à la poste. Alors, oui Elise aurait adoré le pousser hors de son bureau cet envahisseur, sauf qu’il était plus lourd et il y avait plus de chance qu’elle se ridiculise en essayant de le pousser que de véritablement réussir. Allez, avec un peu de chance, il trouverait quelqu’un de plus intéressant, faîtes que quelqu’un de plus intéressant qu’Elise pour Dimitrov faut bien préciser pour Dimitrov parce qu’on sait tous qu’Elise est plus intéressante que tout le monde sinonarrive, mais personne ne vint la sauver, bande de traîtres et bande de lâches. Forcément, tout ça l’énerva – enfin surtout le fait qu’il ait osé lui donner une réponse-. Et plus elle s’énervait, plus le sourire satisfait de Dimitrov s’agrandissait et c’était un cercle vicieux, plus il souriait plus ça l’embêtait elle, et plus ça l’embêtait, plus il souriait. Et voilà que monsieur s’improvisait donneur de leçon, allez il lui faisait un petit cours sur la vie, non parce que c’est vrai qu’il avait l’air tellement sage que ça donnait ultra envie de l’écouter. Elise perdait totalement patience, surtout qu’en plus monsieur s’installait bien, non mais vraiment l’envahisseur 2.0, il semblait décidé à tenir ses positions « Mais je m’en tape de ton discours, occupe-toi de ton cul ! » Elle fronça le nez au moment où elle prononça son dernier mot, merde mauvais choix, elle évita donc de continuer sa phrase avec les quatre mots suivants plutôt que du mien ouai il y a des mots qu’il valait mieux éviter d’utiliser avec lui. Elle enchaîna donc aussitôt, plus dans l’espoir de l’emmener sur une autre discussion qu’autre chose « Ecoute si on t’impose des choses dans la vie, que ça t’emmerde et bien il existe une règle d’or qui est la suivante : ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse. Tu es capable d’analyser plus de cinq mots à la fois ? tu peux la retenir et la mettre en application ? »

C’est effaré qu’Elise le regarda prendre son livre, sincèrement, cela n’aurait pas été la plume que Sélénya lui avait offert qu’elle avait à portée de sa main, elle aurait carrément essayé de planter la main du Russe avec pour qu’il lâche immédiatement ce qui ne lui appartenait pas. Là, elle n’en fit rien, se contentant de le regarder avec colère, il allait lui faire perdre sa page et elle ne l’avait pas mémorisé, il lui faisait perdre du temps que ce soit dans le présent, mais aussi dans le futur quand elle aurait réussi à se débarrasser de lui. Et pourtant, alors qu’il avait bel et bien décidé de l’agacer depuis le début de sa présence dans la bibliothèque, son doigt retenait la page du livre où Elise en était tandis qu’il avait décidé d’en regarder la couverture, ce qui n’était pas si mal.

A sa question, Elise ne put empêcher un petit rire de s’échapper, mais quel toupet. Le gars il vivait à des années lumières de la réalité, il était le pire enquiquineur du monde, il osait interférer dans les études du cas Cooper par Elise. Il s’installait sur la table et monsieur voulait des réponses à ses questions. Elise croisa donc les bras pour bien montrer qu’elle n’avait pas le moins du monde envie de répondre. Si elle n’avait pas envie de répondre à la question, lui n’avait pas envie de partir. A la limite, si elle avait eu le livre entre les mains, elle aurait pu essayer de se replonger dans son étude de cas, sauf qu’à moins d’essayer de jouer au plus fort en essayant de tirer sur le livre, jeu auquel elle ne jouerait pas puisque réussir à prendre le dessus sur Dimka en force physique pure, c’était tout bonnement impossible et qu’il se ferait un malin plaisir de résister. Se regarder dans le blanc des yeux, ce n’était pas non plus envisageable, une perte de temps uniquement pour avoir le dernier mot, Elise n’en avait que faire et puis elle aussi voulait jouer à ce petit jeu d’agacer l’autre. « N’oublie pas de le ranger à sa place quand tu auras fini de l’étudier. Je te laisse ma place, ce sera certainement plus confortable pour toi que la table. » Cela aurait certainement eu plus de panache si à l’instant où elle avait prononcé cette phrase, elle s’était levée et était partie, le souci c’est que ses affaires ne s’étaient pas rangées toute seule et qu’il fallait bien les ranger pour pouvoir partir.

Réfléchir, ne pas agir impulsivement sous l’agacement qu’il faisait naître en elle. Et bah franchement, ça ne serait pas pour aujourd’hui – ni pour jamais d’ailleurs -. Ça aurait été pourtant tellement plus simple de lever les yeux au ciel, de ne rien dire car jugeant qu’il ne valait pas la peine qu’elle use sa salive pour lui, elle aurait dû s’en aller mais quelque part, s’en aller, c’était un peu lâche comme attitude, sage… certes, mais lâche et tout en chacun savait que la sagesse ce n’était pas vraiment ce qui caractérisait Elise… De la même façon que ce n’était certainement pas la modestie qui étouffait le jeune Dimitrov… sans parler de la perspicacité qui ne semblait pas vraiment être une vertu qu’il possédait puisqu’il prenait la phrase d’Elise au premier degré. Il avait un peu de jugeotte, il s’était au moins rendu compte qu’elle ne l’appréciait pas, est ce que ça le faisait percuter qu’il fallait lui foutre la paix et s’éloigner mais certainement pas, un seul neurone qui fonctionne à la fois sinon il y aurait des courts circuits. Il posait une question, ça aurait été très impoli de ne pas répondre, Elise lui adressa un sourire à sa remarque comme quoi elle ne se battait pas pour lui « Bien vu Sherlock. » Elle joignit ses mains, faisant en sorte que chaque extrémité des doigts touche l’extrémité du doigt de la main inverse, collant ses index nouvellement liés à la limite de ses lèvres, comme si elle était plongée dans une profonde réflexion, ce qui n’était pas vraiment le cas. Elle reprit la parole « Facile, tu ne mérites pas qu’on se batte pour toi. Si les gens voient comme un honneur d’être en ta compagnie, pour ma part je trouve ça rabaissant. Tu n’as rien à m’apporter. Quelle serait alors la raison pour laquelle je voudrais être en ta compagnie ? »

D’ailleurs, elle avait raison de trouver ça rabaissant, il ne valait pas grand-chose et se permettait de faire des remarques qui ne le concernait en rien. Pour le coup, Elise aurait aimé pouvoir être à l’aise dans ce domaine pour pouvoir répliquer. Tout, plutôt que de le regarder essayant au mieux de résister à la tentation de lui en coller une, quand bien même il la mériterait, la violence ne résout rien. Et puis d’abord, qu’est ce qu’il sous entendait par serrer ? Et en quoi il faudrait qu’elle s’en inquiète. Non mais la solution, quand Elise ne savait pas quoi répondre, c’était encore de prendre un air blasé – pour le coup, elle n’avait pas à se forcer -  et marmonner avec beaucoup de classe, ah si-si, de la classe pure « Pauvre con. » Comment ça cet argument était irrecevable lors d’un procès ?  Elle faisait de son mieux pourtant.

Par contre, autant il pouvait être déstabilisant lorsqu’il parlait de cul, autant le reste du temps, ce n’était rien de plus qu’un échange d’amabilités et là, par contre, elle n’était pas du tout en reste. Ah ça, elle avait bien compris qu’il n’avait rien à faire de sa journée et que lui plutôt que de bosser, il préférait empêcher les autres de bosser. Elle le regardait toujours, soufflant à son tour lorsqu’il faisait le niais… là non plus il n’avait pas vraiment l’air de se forcer beaucoup… ça voulait tout dire. Elle répondit à sa demande par quelques mots sans la moindre chaleur « Et bien c’est dommage pour toi, je n’en ai pas du tout envie. » Quant à son idée loufoque, et bien très franchement, pour le coup les sourires de Dimka n’avaient strictement aucun effet sur Elise, ça aurait pu, il n’était pas moche sauf qu’il était tellement détestable le reste du temps que ses sourires donnaient plus envie à la demoiselle de lui taper sur le nez pour lui retirer ce petit air arrogant qu’à céder à son charme. « Ne prends pas non plus tes rêves pour des réalités, la chute risque d’être douloureuse sinon. »

Mais ce n’est pas vrai ? Sa vie était régie par son entrejambe, pourquoi fallait il qu’il ramène tout au sexe, mais ce n’était pas possible d’être un cas pareil. Elle releva le nez vers lui, délaissant ses affaires pour le regarder dans les yeux. Et cette personne était l’ami d’Aidan ? Elise ne comprenait rien du tout, ce type était pour ainsi dire la plus grosse ordure qu’elle avait jamais rencontré chez les Serdaigles, alors oui ça changeait des boulets, c’est vrai mais c’était vraiment à se demander ce qui était le mieux. Non, le truc c’est que pour avoir passé un après-midi complet avec Aidan, elle était tout simplement étonnée de l’avoir vu plusieurs fois en compagnie d’un type pareil…  Pour les trop nombreuses fois où Elise s’était retrouvé avec ce boulet de Dimka, les conversations qu’il tenait – si elle pouvait appeler ça des conversations – étaient toutes centrées sur la même chose. Son but étant visiblement de tout ramener au cul et ça ne correspondait pas du tout à ce qu’elle avait pu apercevoir d’Aidan. Elle poussa un soupir, n’aimant ni ses mots, ni son sourire. « Je ne pense pas qu’on soit assez proche pour aborder ce sujet. Tu n’es rien pour moi, tes préférences, tes envies, je m’en moque. » Elle eut une pause pendant laquelle elle leva légèrement les yeux, pensive avant de poser de nouveau ses prunelles sur lui. « En fait… ça va même plus loin, c’est de toi dont je me moque. Si t’as personne à qui parler, ce n’est pas mon problème en fait. Je n’ai pas envie de perdre mon temps avec toi… Puis alors pour les conversations que tu tiens, quel intérêt ? »

Elise fronça les sourcils en le voyant poser de nouveau un regard sur le livre. Ce livre qu’il lui avait dérobé alors que ça ne l’intéressait même pas… jouant uniquement pour cela de la force physique pure bon et un peu de surprise, même si au final qu’elle résiste ou non, ça n’aurait pas changé grand-chose… Ces quoi ces mecs qui ont trop de force, c’est de l’arnaque. Le problème c’est que si… elle s’y intéressait pour quelque chose en particulier, si elle avait envie de lui poser des questions parce qu’il avait l’air de s’y connaître mais c’était un jeu dangereux, elle savait à quoi elle s’exposait des conversations douteuses, des sous-entendus – pas si sous-entendu d’ailleurs – sans arrêt. Ce serait aussi lui donner du pouvoir et ça, c’était impensable, il n’allait plus se sentir. En plus, ça avait l’air d’être totalement le genre de personnes à la ramener pendant X temps comme quoi il l’avait aidé, ce qui allait vraiment poser problème à Elise pour deux choses, demander de l’aide à quelqu’un c’était déjà pas ses habitudes – mais alors à quelqu’un qu’elle ne pouvait pas blairer, encore pire – mais alors si c’était pour qu’il la ramène à chaque fois qu’ils se croisaient, elle allait devenir folle – et pas de lui – non sans façon. Elle observa son doigt qui maintenait la page qu’elle convoitait, il se payait sa tronche en disant qu’il allait le ranger. Au moment même où l’ouvrage se trouverait de nouveau dans le rayon, Elise serait dessus et le prendrait pour le réserver et filerait pour retourner à son dortoir afin de ne plus l’avoir sur le dos. Il le savait, il était impensable que Dimka soit aussi bête, ou alors bordel il trompait bien son monde le neuneu. « Tu ne le feras pas, tu ne le reposeras pas parce que tu sais que si, il m’intéresse et que je le récupérerais sur le champ. Et oui, je confirme, j’ai des questions… Sauf que tu n’étais pas seul en cours Dimitrov… par conséquent, il me suffit de trouver une tête de classe qui n’est pas arrogante et de lui demander ses notes. » Elle lui servit un magnifique sourire hypocrite avant de dire amusée « Comme je te l’ai dit… tu ne me sers à rien… Mais merci de m’avoir dit que tu l’avais étudié en cours, tu me fais gagner un temps considérable. » La demoiselle alla même encore plus loin, tendant la main pour avoir le livre « Ne te fatigues pas, passe-le-moi, je vais le ranger, pour te remercier de ton aide. » Son sourire s’agrandit tandis qu’elle continuait, moqueuse « A tes dépens. » Ah oui, c’était de l’hypocrisie pure, il se payait sa tête, elle se payait la sienne en retour, ça ne les mènerait nulle part, elle le savait mais c’était plus fort qu’elle.

Pas facile de prendre l’ascendant sur une tel tête de pioche, ce qui était vrai pour l’un était tout aussi vrai pour l’autre. Les limites, Elise les voyait se dessiner dans sa tête, son esprit cherchant à les contourner, percer cette foutue défense. Sauf que ce serait bien plus simple s’il n’était pas aussi lourd. Qu’ils ne s’apprécient pas, c’était un fait, pas besoin d’être futé pour s’en être rendu compte, mais ce type avait quand même un sérieux problème. A quel moment, il avait pour seule ambition dans la vie de venir faire suer les autres quand ils travaillaient. Il ne pouvait pas faire comme le reste de l’humanité, ignorer les personnes qu’il n’aimait pas. Merde à la fin si Elise à chaque fois qu’elle ne pouvait pas piffrer quelqu’un, elle allait l’embêter… et bien tout d’abord vu le nombre de gens qu’elle aimait pas, elle passerait son dos tout le monde et ce n’est pas que ça lui déplaisait de casser les pieds des gens, c’est juste que quelque part… elle ratait sa vie. Fronçant les sourcils, elle posa son regard dans celui de son ainé, ce qu’il faisait en réalité, pour quel but ? Elle l’ignorait, parce qu’elle n’avait pas envie de s’intéresser en lui, pas envie de chercher à déchiffrer ses émotions, comprendre son comportement. Non, elle s’en moquait, elle avait des choses bien plus importantes à faire. Ces derniers mois étaient tout bonnement horrible, les aventures catastrophiques s’enchainaient. Elle avait besoin de souffler, besoin qu’on lui foute la paix, quand ce n’était pas un loup garou qui essayait de la bouffer, quand ce n’était pas des flammes tout droit venu de l’enfer qui essayait de lui ôter la vie, quand il ne s’agissait pas d’une guerre épuisante moralement contre sa cousine, quand elle n’avait pas à lutter pour sa survie dans une rivière glacée tout en étant attaché à quelqu’un, quand un tableau n’avait pas envie de jouer avec sa vie pour l’envoyer faire les 400 coups pour protéger des gens dont elle n’avait que faire, c’était Dimka qui venait l’emmerder. Clairement, au moment où elle en était dans sa vie, elle n’avait pas besoin qu’une insupportable vermine vienne lui piquer son livre, vienne faire des allusions sexuelles sur elle. Alors oui, elle se défendait et elle irait au bout, rien à faire, c’est elle qui aurait le dernier mot, c’est lui qui s’inclinerait et qui s’en irait.

Lorsqu’il parla, elle lui jeta un regard désabusé, essayant de se tempérer, de se focaliser sur son objectif, le faire partir. Comme c’était compliqué de ne pas rétorquer à tout bout de champ, d’essayer de prendre sur elle. D’ailleurs, ne mentons pas, elle n’y parvint pas, il y a des fois son naturel revenait au galop. Lorsqu’il eut l’arrogance, parce qu’au final ce n’était que ça, le besoin de se sentir supérieur, de la voir ramper pour obtenir des informations, de dire que certaines personnes pouvaient surprendre, elle eut un petit rire nerveux avant de reprendre la parole. « De biens jolies paroles pour quelqu’un qui est toujours dans le même schéma, qui n’a rien de trouvé de mieux à faire que de venir prendre le livre que j’étudiais, de me déranger. Tu n’es pas surprenant, tu es exactement là où on t’attend. » Oui… si des gens pouvaient surprendre, définitivement, Dimka n’en faisait pas partie, c’était un peu comme l’histoire du scorpion et de la grenouille, Dimka serait celui qui préférerait condamner deux personnes, utilisant l’excuse que c’était dans sa nature plutôt que de se remettre en question et changer.

Bon en revanche, s’il ne changeait pas, elle non plus, il savait où appuyer, depuis le temps, il aurait été bien étrange qu’il ne sache pas. Il n’empêche que ce n’était sûrement pas la meilleure chose à faire que d’insulter Dimka. Mais c’était plus fort qu’elle et puis il était tellement crétin qu’il prenait ça pour un compliment… et bah ça promet… Elise n’était peut-être pas spécialiste du Russe mais même si ça voulait dire un truc sympa en Russe, le ton était assez éloquent pour qu’il comprenne non ? Dans le doute, elle lui fit ce genre de sourire un peu gêné, tout en mettant dans un coin de sa tête qu’il fallait qu’elle demande à Aidan comment on disait pauvre con en Russe pour la prochaine fois… comme ça au moins Dimka même avec sa cervelle complètement défectueuse parviendrait à saisir le message. Après l’avantage d’être avec ce boulet qui prenait les insultes pour des compliments… c’est qu’au moins, il ne fit pas de nouvelles remarques sur le cul, le sexe ou quoi que ce soit d’autres qui était ultra gênant pour Elise, non mais déjà que parler de ça avec sa pote, ce n’était pas vraiment les conversations les plus épanouissantes au monde, avec un parfait inconnu – pas si inconnu que ça du coup – non, vraiment pas.

Bon par contre, il se payait un peu sa tronche en feignant que sa conversation – et quelle conversation attention – pouvait intéresser Elise. Mais quelle conversation ? C’était à sens unique, elle n’avait qu’une envie se replonger dans ce bouquin et essayer d’apprendre de nouvelles choses au sujet des Coopers. Elle poussa un soupir lorsqu’il lui demanda s’il avait quelque hose de plus intéressant à lui proposer. Comment dire trouve des trucs intéressants, oui c’était possible mais en compagnie du Serdaigle le plus insupportable de l’univers, non, jamais de la vie. C’est donc sans un mot qu’elle désigna la porte de la bibliothèque pour lui montrer ce qu’elle voyait de plus intéressant pour lui, et pour elle du coup.

La vérité c’est qu’Elise était une acharnée, le genre de personne qui ne courbe pas l’échine, à aucun moment et devant personne. Ses combats ne se terminent qu’avec une victoire et une fois de plus, elle venait de gagner. La victoire était pour le coup totale, ce qu’elle avait voulu, elle l’avait obtenu.  Comment ne pas s’enorgueillir de cette belle victoire quand même quelqu’un comme Dimka lâchait l’affaire face à elle. Tout commença par un bonne chance qui la déstabilisa et fit plonger son regard sur la main du jeune homme, bonne chance pour quelle raison ? Il avait lâché la page ? Non, son doigt maintenant toujours séparé les deux pages, ça n’était donc pas dit pour ça. Leurs regards se croisèrent alors tandis qu’il prononçait les mots suivants qui résonnèrent comme une victoire triomphale d’Elise, qui se retint à grand peine de sourire. Il faut savoir gagner mais avec humilité, démontrer qu’elle était fière d’elle aurait été un très mauvais calcul, ça aurait attaqué l’orgueil du Serdaigle et ce n’était pas ce qu’elle voulait.
Il y eut encore mieux que ça, le fait qu’il déposait le livre, à la bonne page, comme s’il n’était jamais venu déranger Elise. Là, encore, elle dû faire preuve de contrôle pour ne pas attraper le livre immédiatement pour se plonger dans son étude de cas. Elle ne dit rien tandis qu’il ramassait ses affaires, qu’elle avait, malencontreusement bien sûr, fait tomber au sol.

Lorsqu’une nouvelle fois leurs regards se croisèrent, Elise se prépara à l’attaque, ça aurait été presque logique de la part du Dimitrov, et pourtant rien de tout cela. Pour une fois et c’était totalement inédit, sidérant même, il parlait sans chercher à lui casser les pieds, ce qui fit froncer les sourcils de sa cadette. Est-ce que c’était un nouveau jeu pour lui dont elle n’avait pas eu l’intitulé ? En tout cas, elle n’était pas non plus assez idiote pour ne pas prendre en compte ce qu’il lui disait, qu’elle l’aime ou non, ça ne rentrait pas en ligne de compte. Que valait une victoire tonitruante sur Dimitrov si au final, elle était au même point alors qu’il était en mesure de l’aider. S’il parlait de la même façon qu’il était actuellement ça pouvait peut-être le faire. Oui c’était probablement un pari énorme, mais qui ne tente rien à rien et puis Elise était joueuse oui… c’est pour ça qu’on perd tout notre fric sans arrêt dans des lancés de dés XD Elle tira donc la chaise libre à côté d’elle avant de dire « Installe toi. » Pour une fois il n’y avait pas cette animosité dans la voix de la Serdaigle, bien sûr dire qu’elle était enjouée à l’idée de partager un peu de temps avec Dimka, c’était exagérer. En revanche, que les gens les voient ou non ensemble, ça ne posait aucun problème à la demoiselle, ils pouvaient même en arriver à être la cible des rumeurs… chose qui était fort probable vu que Dimka semblait être le papillon qui intéressait mais toutes les minettes de l’école… désespérantes ces filles. Faudrait qu’Elise demande à Sélénya ce qu’elle en pensait, elle, elle qui s’y connaissait bien plus, elle saurait dire si Elise était normale ou non à trouver Dimka certes pas moche pour pas dire beau mais que tout ceci était effacé par son comportement insupportable.

Elle laissa passer quelques secondes, pour qu’il puisse s’installer à ses côtés, avant de commencer par une question, évitant de ne pas le noyer sous un flot de questions « Tu penses que c’était des fous qui ont tout inventés de toutes pièces ou tu penses que c’est possible ce genre de choses ? Que quelque chose, un objet enchanté peut être, provoque des sortes de temporalités différentes pour des personnes… malchanceuses ?  » Avant d’en dire un peu plus, mieux valait-il voir ce que son esprit – qui d’après Elise était quand même vachement fermé – pensait de tout cela. Déjà qu’il la gonflait, si en plus il la prenait pour une folle à lier et qu’il faisait courir la rumeur, elle allait regretter d’avoir fait le premier pas.

Certaines alliances, personne ne parierait dessus. Celle qui se profilait à l’horizon était l’une d’entre elles. D’ailleurs, Elise n’en avait nulle envie. Sauf qu’il était en mesure de lui donner des réponses, de l’aider. Bien sûr, elle était réticente, sur la défensive même, ne perdant pas de vue que cette personne était une des personnes qu’elle exécrait le plus au monde et il n’avait jamais rien fait pour la faire changer d’avis, se contentant d’être chiant, ah il était très bon d’ailleurs. Durant les quelques secondes où Dimka fut à plus de cinquante centimètres d’Elise, cette dernière prit le temps d’inspirer et d’expirer. Il suffisait de se répéter qu’elle devait juste éviter de se braquer à tout bout de champ une formalité bien entendu lorsqu’on connait le caractère plutôt explosif de la demoiselleet si possible, ne pas rétorquer, rien de trop sorcier. Leurs regards ne se quittaient pas, mais loin d’être ce genre de regard plein de sympathie, c’était de la méfiance, de l’hésitation. Il ne savait pas s’il voulait aider, nul besoin de le connaître et de savoir lire en lui pour le deviner. Il ne faisait pas un pas dans la seconde, signe qu’il réfléchissait à ce qu’il voulait faire. Retournant un peu la situation initiale, la curiosité l’emportait-elle sur tout le reste ou l’envie de faire suer prenait le pas ?

Finalement, il vint s’installer à côté d’Elise, faisant donc le choix de la curiosité et de l’aide. Est-ce que ça faisait de lui une meilleure personne pour autant ? Clairement pas, la curiosité ça ne faisait pas des gens nazes des gens biens, et Elise n’avait pas la moindre garantie qu’il aiderait, juste que c’était un curieux. Mais, il fallait qu’elle fasse un peu d’efforts, à commencer par lui poser quelques questions, prendre la température, voir ce qu’il pensait de tout cela, observant ses réactions physiques.  Le mieux, c’était encore de l’écouter parler. Elle resta stoïque en l’écoutant dire que d’après lui, ces personnes n’avaient rien vécus de ce qu’ils avaient prétendus vivre.  Si elle était la première à songer que Dimka avait l’esprit très arrêté, elle devait aussi reconnaître qu’elle aurait sûrement songé comme lui si elle n’avait pas vécu cette expérience surprenante. Alors, elle ne pouvait pas lui jeter la pierre mais impossible aussi de compter sur lui, si c’était pour se faire traiter de menteuse, ou de folle. Déjà qu’il la gonflait, pas besoin d’en rajouter.

Elle se trompait sur sa façon de penser, s’il semblait psychorigide et à l’esprit arrêté, ce n’était pas le cas. Il acceptait l’idée que ça puisse exister, lorsqu’il s’agissait de magie, en effet comment savoir quelles étaient les limites ? Il lui posa une question et tandis qu’elle cherchait comment s’exprimer au mieux, Dimka attrapait le livre et enchaînait. Dans ces cas là, mieux valait-il ne pas le couper, non pas parce que sa parole était sacrée mais il était lancé, elle aurait été bien impolie de lui couper la parole pour répondre à sa question. Ce n’était pas pressé. Néanmoins, elle fit la moue, oui ça, pour le coup, elle avait remarqué que c’était surtout les faits qui étaient rédigés. Sauf que c’était la seule chose qu’elle avait trouvé qui ressemblait à ce qu’elle avait vécu. Alors oui, le problème, comme il le soulignait en lui rendant le livre, c’était qu’en effet, ce n’était pas cohérent. Pire encore, ils arrivaient à se contredire tous les deux alors qu’ils étaient sensés avoir vécu la même chose. Le truc c’est qu’Elise était persuadée qu’il y avait un fond de vérité là-dessous mais qu’ils avaient voulu enjoliver les choses. Cela pouvait se comprendre, un peu, dans le sens où ils avaient été sous le feu des projecteurs, que quelqu’un s’intéressait à leur histoire, puis plein de monde et que finalement ce côté star les avait fait mettre la vérité de côté et les avaient entraînés à l’internement.

Ses dernières paroles étaient exactement la raison pour laquelle, Elise avait pris ce livre et pas un autre. C’était le seul qui semblait ne pas se baser sur des suppositions mais sur des faits, alors oui c’était surréaliste, pour ces deux types, ça ne s’étaient pas extrêmement bien passés mais Elise et Aidan étaient moins stupides et n’étaient pas allés le raconter à tout le monde, bien au contraire, une poignée de personnes étaient au courant et des gens de confiance. Elise posa son regard sur le Serdaigle à ses côtés, il n’était pas digne de confiance d’après elle. Clairement, elle n’aurait pas misé un seul Gallion sur lui mais Aidan semblait avoir confiance lui, pas assez pour lui dire néanmoins d’où la prudence de la demoiselle « Je m’intéresse à ce livre en particulier parce que justement ce n’est pas que des suppositions. Il ne s’agit pas de pseudo scientifique envisageant ce cas de figure avec toutes leurs théories barbantes. Il s’agit d’un procès où les propos de chaque personne ont été consignés, donc des faits réels et une vérité qu’il est impossible de déformer puisque nombreux sont les gens ayant été présent physiquement. » Elle fronça les sourcils, concentrée « Je me demande si ce n’était pas eux les premiers à avoir vécu cette expérience mais ils ont été internés et ils sont morts à présents. Je ne peux donc pas aller leur rendre visite pour essayer d’en apprendre plus, difficile de communiquer avec des cadavres et puis ce n’est carrément pas mon truc. » Non ça c’était hyper flippant et Elise avait beau être ultra courageuse on fait semblant d’y croire c’était trop pour elle. «  Imagine que toi demain tu fasses un de ces voyages un peu bizarre, tu veux te renseigner par la suite, comprendre ce qui t’est arrivé ? Sans oublier le fait qu’il faut rentrer, que si c’est arrivé une fois, ça peut se produire une seconde fois et rentrer d’après ce qu’ils disent » et ce qu’Elise avait expérimenté d’elle-même « ça n’est pas simple. » C’était d’ailleurs ce qui l’inquiétait dans tout ça et de s’y retrouver sans Aidan et être coincé là-bas « Et les seuls gens ayant communiqué avant toi sur cela ont été interné. En parlerais-tu ? » Peu de chance que la réponse soit oui, en parler c’était risquer la même chose et peu de gens ont comme plan d’avenir de finir dans une maison pour les fous. « Je pense que c’est la raison pour laquelle on a pas de témoignages de plus de personnes. Personne n’a essayé de faire parler de lui en racontant la même chose. J’essayais de connaître l’identité des gens autour de cette affaire, ceux qui les ont côtoyé, qui ont pris la décision de les interner, mais… ce livre ne les donnent pas. » ce qui était dingue tout de même et qui forçait Elise à devoir pactiser avec Dimka « Vous les avez eus en cours ? Tu t’en souviens ? »

Pourvu que oui, pourvu que de tête ils puissent les sortir. Après, il faudrait aller chercher dans la biographie et essayer de les retrouver, ce n’était pas si vieux – bon si quand même – mais avec un peu de chance il y aurait un survivant et elle pourrait aller lui poser toutes les questions qu’elle voulait pour essayer de comprendre. Bon bien sûr, ce n’était pas à Dimka qu’elle comptait dire tout cela, la seule chose qui l’importait, c’était s’il avait les noms. Pourvu qu’il ne pose pas de questions sur le pourquoi elle voulait les noms.  Pourvu même qu’elle n’éveille pas sa curiosité, préférant qu’il se mette en tête qu’elle faisait des recherches bizarres, qu’elle était bizarre et qu’il parte après avoir donné les informations.

Petite toi-même espèce de crétinLe regard sombre du Dimitrov ne la quittait pas tandis qu’Elise essayait tant bien que mal d’expliquer  les choses le plus globalement possible, essayant juste de lui ouvrir, un peu, les yeux, au moins sur cette histoire. Pour tout le reste c’était peine perdue, aux yeux d’Elise en tout cas il était intelligent, peut-être, encore que les erreurs de castings chez les Serdaigles ça existe, mais il utilisait cette pseudo intelligence à des fins débiles. Le truc c’est qu’aujourd’hui, pour la première fois depuis qu’elle le connaissait, il ne la gonflait pas particulièrement. De là dire qu’ils étaient les meilleurs amis du monde, c’est exagéré mais il était assez manipulateur pour savoir qu’obtenir des informations ne serait chose aisée que s’il évitait de l’énerver et elle était, malheureusement, trop impliquée pour ne pas saisir l’opportunité d’en apprendre davantage sur cette histoire.

Très vite pourtant, ça n’alla pas dans la direction escomptée pour Elise. Il lui posa une question, une simple question, à laquelle elle ne prit même pas la peine de répondre. Quel lourd, elle n’avait pas besoin qu’il se penche sur sa vie privée, non mais c’est dingue quand même, depuis le temps, il n’avait toujours pas capté qu’elle ne voulait rien lui dire sur elle. Il la scrutait, elle le sentait bien, ce regard qui essayait de lire en elle. A sa seconde question, où ce sourire qu’elle méprisait était de nouveau apparut sur son visage, elle répondit pleine d’ironie « Bien sûr et on est tellement ami toi et moi que je m’empresse de te le dire. » L’instant d’après c’est beaucoup plus sérieuse qu’elle répondit. « Comprends bien une chose Dimka, même si ça m’était arrivé, je ne te le dirais pas. Pas parce que j’aurais peur que tu me prennes pour une folle, ce que tu penses de moi, je m’en contrefiche. Je ne te le dirais pas parce que nous ne sommes pas amis, que ma vie privée ne te concerne pas et je n’ai aucune confiance en toi. » Il n’y avait pas que ça, elle ne serait pas la seule à se faire juger puisqu’il y avait Aidan dans l’histoire et que quelque part, même si de son côté, elle trouvait Dimka inutile à souhait, elle ne voulait pas qu’Aidan soit pris pour un fou à cause d’elle. Détruire leur amitié parce qu’elle avait trop parlé, ce serait injuste pour les deux garçons. Alors, dans tous les cas, elle n’aurait rien dit à ce Dimitrov ni à l’autre en fait parce qu’il est clairement pas mieux
Au moins, il ne lui mentait pas pour obtenir des confessions qu’il savait vaine n’est ce pas ? Il ne dirait rien non plus. Et pourtant, Elise était capable d’en parler, elle l’avait fait, sans craindre une seule seconde que ça se retourne contre elle, c’est juste qu’elle avait accordé sa confiance à des gens de confiance et Dimka n’en faisait pas parti, ni pour elle, ni pour Aidan visiblement puisqu’il n’en avait pas fait part à son ami. Elle ne répondit donc pas ni pour le contredire, ni pour confirmer ses dires.

En revanche, elle sentit un poids se former dans sa poitrine en entendant ses autres propos. Il avait probablement raison. Elle avait envie de lui demander de se taire, il faisait naître le doute en elle. Ça n’était arrivé à personne d’autres en dehors de ces deux personnes… et d’Aidan et elle, bien entendu. Elise souffla donc, dépitée par les propos qu’il tenait, même si ces derniers étaient pleins de bon sens. « C’est possible, à moins de le dire aux bonnes personnes, celles qui sont dignes de confiance et qui n’iront pas répétées, qui ne jugeraient pas. Après, peut être aussi que ce genre de voyage ça chamboule, que les gens se disent qu’ils sont fou, ou que c’était un rêve et qu’ils ne disent rien.» Elle ne savait pas puisqu’elle ne l’avait pas vécu, n’est-ce pas ?

Obtenir ses notes si facilement, ça paraissait trop beau pour être vrai. Et pourtant, Elise avait envie d’y croire, ses yeux pétillèrent à l’idée d’une avancée aussi rapide après des semaines à tourner en rond. Elle ouvrit d’ailleurs la bouche pour répondre par la positive mais fut coiffée au poteau par Dimka qui reprit la parole. Il fallut tout le self contrôle de la jeune fille pour ne pas exploser de rire, est ce qu’elle serait d’accord pour partager ses découvertes ? Ah non mais il venait d’où ce type au juste ? C’était ça son plan, la faire bosser pour lui et qu’elle donne le résultat de ses recherches. Ça jamais de la vie, elle voulait bien faire du travail d’équipe mais certainement pas taffer pendant qu’il se la coulait douce à sauter toutes les filles de l’école ? Non, clairement, ce n’était même pas négociable, elle ne donnerait rien. En revanche, elle comprenait bien qu’il fallait s’incliner, dire oui, sinon elle n’aurait pas les notes. Alors, sur le papier c’était pas si grave, elle perdrait juste un peu plus de temps à aller demander à une autre personne ses notes, mais en pratique c’était plus compliqué. Elle ne savait pas si les autres avaient gardé leurs notes, là elle en était sûre que lui les avait et qu’elle pourrait commencer vite.

Visiblement, le fait qu’elle comptait lui faire à l’envers n’était pas une surprise… Tien donc, monsieur se faisait avoir de temps en temps par des personnes pour être suspicieux de la sorte ? Ou alors, il avait très bien capté qu’Elise était une championne pour la jouer solo. D’où le fait qu’elle ne jouait pas au Quidditch, elle garderait la balle que pour elle, ce qui est compliqué dans un jeu collectif.  Elle le regarda tandis qu’il la menaçait. Dans sa tête, ça tournait à plein régime. En effet, elle ne le craignait pas une seule seconde. Mais faire de sa vie un enfer, ah c’était bof quand même. Pas très emballée la mistinguette. Est-ce que pour autant elle était capable de donner ses réflexions à un gars capable de faire des connexions et qui soupçonnait déjà des choses, et qui jugerait, non vraiment pas. Il suffisait de l’éviter et ça, c’était tout à fait dans les cordes d’Elise. Elle prit une profonde inspiration avant de répondre « Pas de problèmes, je partagerais mes découvertes avec toi. » Elle ferma le livre, notant néanmoins la page dans un coin de sa tête, au cas où elle se faisait avoir par le Serdaigle « On va les chercher tes notes ? » Prise d’une grande motivation, elle se leva pour aller ranger son bouquin à sa place sur l’étagère avant de revenir chercher ses affaires, regardant Dimka, se retenant – très difficilement- de lui dire on bouge ?