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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Relations parsemées d'embuches [Lyam] :: United Kingdom :: Angleterre :: Londres :: QG du Blood Circle
Lyllyah Sody
Lyllyah Sody
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Mer 1 Fév - 16:50

Août 2021

L’indication pour Radar était claire lorsque je tapotais ma cuisse droite. Il devait rester au pied, ce qu’il fit sans rechigner. Nous venions de sortir de notre session de running, et lui comme moi étions en nages. Sa langue pendait au maximum de sa gueule alors que moi, mon visage ruisselait de transpiration. Le sport avait au moins le mérite de me détendre et de me vider la tête bien que dernièrement, je n’avais pas d’autres préoccupations que de bien faire mon travail, que ce soit à l’armée ou au Blood Circle. Blood Circle qui me laissait de plus en plus dubitative. Pour commencer, il y avait ses chamailleries incessantes, puis le comportement de certains membres, la sorcière que j’avais capturée qui s’était « étrangement » libérée et ce n’était la faute de personne, et enfin les récents événements avec ce couvre-feu et cette distribution sauvage de seringue. En réalité, si le monde sorcier allait à l’encontre de tous les principes de protection qu’on m’avait inculqués depuis ma naissance, il en allait de même pour certains points de l’organisation. Cela dit, je n’étais pas dupe. L’armée avait aussi de la saleté sous le tapis. Pour autant, en bonne soldate, je ne cherchais pas à connaître ses fonds de tiroir, surtout pas avec l’armée. Au contraire, j’étais l’exécutante qui suivait les ordres à la lettre sans poser la moindre question. Alors pourquoi aujourd’hui ce que je vivais avec le Blood Circle me dérangeait à ce point ? Était-ce parce que ce n’était pas un groupuscule que je considérais comme professionnelle malgré la présence de mon supérieur de l’armée ? Ou simplement le manque de professionnalisme flagrant de certains.
Quoiqu’il en soit, je n’étais personne pour dire à qui que ce soit comment il fallait agir. Je gardais mes pensées pour moi, et tout le monde était très heureux ainsi. Il n’appartenait qu’à moi de décider ce que je voulais faire par la suite ou non avec le Blood Circle.

Aussi, je mettais mes perturbations sur le fait que j’avais quitté mon pays natal pour un autre, que j’avais rencontré de nouvelles personnes qui chamboulaient ma vie jusqu’ici si solitaire et vide. Ça avait été le cas avec cette fille que j’avais rencontré et qui m’avait un peu retourné le cerveau (dans tous les sens du terme). Ça n’avait pas duré longtemps, et pourtant, j’avais ressenti un truc. Quelque chose qui ne m’avait jamais remué, ou trop peu auparavant. Le plus dérangeant, c’était que j’ignorais de quoi il s’agissait. En tant qu’orpheline dans un pensionnat de l’armée, je n’avais jamais vraiment appris à définir les émotions et les sentiments, et voilà pourquoi j’étais un bon soldat. Je ne m’émouvais que rarement et j’étais passée maître dans l’art de rester de marbre. Il n’y avait que la colère que je parvenais à identifier, mais tout le reste n’était qu’obscurité.
Ainsi, je n’avais pas trop compris pourquoi mon estomac se tordait légèrement et pourquoi je souriais autant en sa présence. C’était de l’histoire ancienne, mais ! Je restais intriguée. La chose me tournait encore dans la tête, un peu tous les jours, de manière fugace. Mais puisque c’était derrière, à quoi bon revenir dessus ? Qui plus est, je n’avais pas grand monde à qui en parler… ouais, mais voilà, c’était chiant de ne pas comprendre. J’aimais comprendre !

Je traversais les couloirs du quartier général jusqu’à atteindre les douches. Radar m’y attendit sagement et une fois vêtue de mon short en jean délavé et troué et de mon débardeur vert kaki, je me saisissais de mon sac dans l’intention de quitter les lieux. Je n’avais rien de prévu, mais je n’avais rien à faire de plus ici non plus, mes tâches ayant été accomplies ce matin avant mon running. Les plaquettes militaires tintant contre ma poitrine au rythme de mes pas, je tournais à l’angle d’un couloir avant d’apercevoir Lyam. Ah ! En voilà un ami de longue date à qui je pouvais parler de ces mystères de la vie ! En plus, ça faisait un moment que je ne l’avais pas vu, on ne s’était pas croisé depuis un moment, même ici. Fait étrange puisque je croisais Rasak plus que de raison. Le hasard est bizarre des fois. Je m’assurais tout de même que ce soit bien Lyam et non pas son clone de frère avant de m’approcher de lui à grands pas et de lui flanquer une tape amicale sur l’épaule, Radar sur mes talons.

— Heyyyy ! Lyam ! Salut ! ça fait longtemps ! Comment tu vas ? Tu as cinq minutes ? Tu aurais envie de boire un café ? un thé ? un verre d’eau ? un truc quoi. Qu’on mette à jour nos bases de données respectives sur l’autre.

Étrange façon que de proposer de passer un peu de temps entre amis, mais bon. Depuis le temps, Lyam était habitué à mon comportement sociétal très… réduit.



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Lyam Rosebury
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Jeu 27 Avr - 16:49

Relations parsemées d'embuches
Feat Lyllyah ♣ août 2021
Tout avait changé, pourtant rien n’avait changé. C’était ainsi que tu te sentais lorsque tu déambulais dans les couloirs du Blood Circle. Tu étais le même et en même temps tu te sentais totalement différent. Parfois tu te surprenais à regarder par-dessus ton épaule, comme si tu avais peur qu’on t’épie, t’attendant à chaque instant qu’on te tombe dessus et cela depuis déjà trois mois. Pourtant rien n’avait changé. Personne ne s’était mis à agir de façon différente avec toi ou encore avec Davis. Vous aviez réussi votre coup, personne ne vous soupçonnait. Et pourtant, tu ne te sentais pas mieux pour autant. Il y avait toujours cette petite boule au fond de ton estomac qui parfois semblait pesé bien lourd. Cela n’avait pas été ainsi lorsque tu avais aidé Garnet à sortir un enfant que tu ne connaissais pas. Tu avais pu revenir au QG du Blood Circle sans éprouver le moindre remord, sans te sentir aussi coupable que c’était le cas à présent. Et pourtant… Tu ne regrettais pas ta décision, jamais tu n’aurais pu la laisser entre ces murs même en sachant le danger qu’elle pouvait représenter. Evidemment, tu n’avais pu t’empêcher de te questionner quant à ta place au sein du Blood Circle, est-ce qu’elle était toujours là ? Devais-tu te retirer ? Dans tous les cas, c’était une chose que tu ne pouvais pas faire juste après la disparition d’un prisonnier, tu aurais été suspect. Tu t’étais donc contenter de prendre quelques jours de congés, comme tu l’avais fait pour ton travail à l’armé et tu avais soufflé. Ensuite quand tu étais revenu tu t’étais promis d’agir comme avant. Tu avais promis à Davis que cela ne vous retomberais pas dessus et tu avais tout fait pour tenir ta promesse. A présent les mois avaient passé et ces questions te taraudaient toujours l’esprit…

Avais-tu changé de camp ? Non, les sorciers représente toujours un danger à tes yeux. Etais-tu un traite ? d’une certaine façon, certainement que oui Est-ce que t’es idées rejoignent toujours celles du Blood Circle ? Elles sont toujours étroitement liées, mais ta place est-elle toujours ici ? Tu n’as pas la réponse et surtout si elle n’était pas ici, elle était où ? Ça, c’était les questions qui te concernait et ce n’était que le sommet de l’iceberg… Ensuite… Il y avait Kayla… Sa trahison, le fait qu’elle soit une sorcière, ta colère, le fait que tu ne voulais pas la perdre, le fait que tu voulais lui faire payer, le fait que votre rupture… Parce que ça ne pouvait pas se dérouler autrement, te faisait un mal de chien au point que tu arrivais à peine à passer au-dessus. Tu tenais bon que pour Alice, si tu étais son roc, elle était le tiens, la seule chose qui faisait que tu ne te laissais pas submerger. Parce que tu n’en avais pas le droit

Tu finissais à peine ta journée, de la simple surveillance, te dirigeant vers la sortie lorsque Sody te tomba dessus. Si tu ne laissais rien paraitre, tu te raidissais. Tu l’évitais en ce moment. Tu savais ce qu’elle avait fait. Tu savais que c’était elle qui était tombée sur Kayla, que c’était elle qui l’avait ramenée et en partie interrogée… Et tu avais beau ne pas lui en vouloir, parce que tu la connaissais assez pour savoir qu’elle ne faisait que son boulot, que ce qu’elle pensait être juste, une part de toi à envie de lui rendre coup pour coup. Alors c’était autant pour toi que pour elle que tu te tenais à distance. Parce que tu ne voulais pas perdre une amie, tu ne pouvais pas non plus prendre le risque de la mettre dans la confidence ne sachant pas comment elle réagirait, c’était ce que tu avais trouvé de plus simple pour vous deux. Mais elle était loin d’être bête et tu te doutais qu’elle devait sans doute se poser des questions. Osera-t-elle les poser, ça en revanche c’était une autre histoire.

« Hey, eh bien je, c’est-à-dire que… » Alors que tu cherchais déjà une excuse pour t’esquiver, tu voyais quelque chose dans son regard qui te faisais hésiter, comme si cette discussion elle en avait réellement besoin. Et puis elle ne savait pas lire dans les pensées n’est-ce pas ? Elle ne pourrait pas savoir ce que tu as fait. Cela faisait longtemps elle avait raison, peut-être qu’il était temps de doucement rétablir un contact ? De voir si tu pouvais rester à côté d’elle comme avant, sans avoir envie de venger Kayla ? « Va pour un café. » Finis-tu alors par céder avant de tendre le bras vers Radar et lui gratter le sommet du crâne le temps d’une petite seconde. « On prend à emporter ? Comme ça on le boit à l’extérieur et il peu vadrouiller ? » Proposes-tu alors en désignant l’animal en plus il faisait beau, c’était l’occasion. Vous continuez donc le chemin tous les trois jusqu’à la sortie, lui tenant la porte, tu reprenais la parole. « Moi ça va. » pas du tout, mais tu ne peux pas en parler « Et toi ? Tes missions se passent bien ? » Que ce soit au blood circle ou à l’armée d’ailleurs, c’était une question générale. Une fois à l’extérieur vous vous dirigiez alors vers l’endroit où vous pourriez commander vos cafés, tu avais tout de même pas mal de temps avant que ça ne soit l’heure de récupérer Alice à l’école.

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Lyllyah Sody
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Sam 3 Juin - 13:40

Août 2021

Bien contente d’être tombée sur la seule personne que je pouvais considérer comme un ami, alors que j’ignorais à quel moment il est coutume de considérer quelqu’un comme un ami, je trépignais en attendant sa réponse. Je le savais occupé, comme moi, c’était d’ailleurs pour ça qu’on ne se voyait pas beaucoup, et je comprenais son hésitation. Toutefois, j’avais à cœur de passer un peu de temps avec lui. J’appréciais beaucoup Lyam, que ce soit sur le terrain ou à côté en étant tranquille, sa conversation était toujours intéressante et plaisante. De plus, j’espérais pouvoir aborder avec lui les quelques sujets que j’avais dans la tête et dont il m’était difficile de me défaire. Quelle saloperie que de se sociabiliser un peu trop ! ça m’apportait de nouveaux soucis, si soucis était le mot correct.
Ravie qu’il accepte mon invitation, un sourire rayonnant illumina mon visage.

— Va pour l’emporter ! J’ai bien besoin de me dégourdir les jambes moi aussi !

Non, pas spécialement. Mais voilà, je ne tenais jamais en place et Lyam le savait très bien. Je le laissais caresser Radar puis me mit en route pour aller jusqu’à la sortie. Le café du Blood Circle n’était pas mauvais, mais présentement, j’avais davantage envie d’un café plus original, type Starbuck. Je passais alors qu’il tenait la porte en le regardant du coin de l’œil. C’était succin comme réponse quand on prétend « aller bien ». Mais je n’étais pas du genre à insister, Lyam savait qu’il pouvait se livrer à moi s’il en avait besoin. Tout le moins, j’espérais qu’il le savait. Le savait-il ?
Merde… C’est compliqué les relations humaines putain.

— Contente de l’apprendre !

Me contentais-je de dire, sans me préoccuper davantage de savoir si Lyam prenait du temps pour moi en sacrifiant quelque chose d’autre. J’avais la prétention de croire qu’il savait gérer son temps et surtout qu’il ne sacrifiait pas le sien pour mes beaux yeux. Nous avions toujours eu une relation sincère entre nous, pas de chichi. Voilà pourquoi je ne cherchais pas davantage à me confondre en politesse, en plus, ce n’était pas mon genre.
J’enfonçais mes mains dans mes poches en prenant une grande inspiration.

— Ça va ! Au boulot c’est toujours pareil, tu connais la musique. Pour le reste… ben je me suis fait péter le poignet durant une mission avec Rasak, on vient de m’enlever le plâtre, j’ai encore un peu mal des fois, je dois faire de la rééducation.

Pour étayer mes propos, j’agitais un peu les doigts en montrant ma main gauche en grimaçant. Je n’étais pas du genre à négliger les soins, j’étais une personne bien dans mon corps et j’appréciais mon corps, il était mon outil de travail, j’en avais besoin alors je le chérissais. Comme pour mes tympans endommagés, je ferai ce qu’il faudra pour guérir rapidement et retrouver la mobilité de mon poignet. C’était les risques du métier, et ce n’était pas la première fois que je me brisais les os en mission. Cette fois, ce n’était qu’une fois de plus au compteur, mais voilà, c’était toujours chiant quand ça arrivait.
Radar trottinant devant nous, je guidais Lyam jusqu’au Starbuck. À mon tour cette fois de pousser la porte et de le laisser entrer tandis que, habitué, le chien s’asseyait devant la porte pour nous attendre.

— Je t’invite, puisque je t’ai alpagué. Tu aimerais quoi ? Tu vas où après ? On peut marcher en direction de ta destination, ça te fera peut-être gagner un peu de temps ?

Je proposais cela sur un ton naturel et détendu. Je ne m’étais peut-être pas préoccupée de savoir s’il avait vraiment le temps et l’envie de passer un moment avec moi, mais c’était une manière détournée pour moi de l’exprimer. Peut-être que j’étais maladroite et pas bien douée pour m’exprimer, cela ne me rendait toutefois pas sans cœur ni sans intérêt pour l’autre.
En fixant les propositions, je posais mon dévolu sur un café frappé au caramel en tall. J’avais déjà bu mon café ce matin, si j’abusais j’allais devenir davantage nerveuse que je ne l’étais déjà d’ordinaire. Ce ne serait bon pour personne, encore moins pour mon poignet. Les mains dans les poches, j’attendais que Lyam passe sa commande et en jetant un œil à mon chien dehors, je lançais comme si je parlais de la météo.

— J’ai passé du temps l’autre jour avec Lucy. C’est ta cousine, je crois ? Elle est cool.

Un résumé bien pâle de la soirée que nous avions passée ensemble.




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Lun 19 Juin - 16:45

Relations parsemées d'embuches
Feat Lyllyah ♣ août 2021
En acceptant sa proposition, tu avais presque l’impression de lui faire un cadeau et cela te faisais culpabiliser d’avoir pris tes distances ces derniers temps, car elle ne devait pas comprendre… Même si bien entendu vous aviez tous les deux des emplois du temps qui faisait que vous aviez toujours très peu de temps. Si tu avais proposé à Lyllyah de prendre à emporter afin de parler tout en se promenant pour que Radar puisse se dégourdir les pattes, sa réponse ne te surprenais le moins du monde, tu aurais même pu t’en douter d’ailleurs, l’agent Sody était de ces personnes à avoir du mal à être inactive. Pourtant cela n’entachais pas son travail lorsqu’elle était en planque et qu’il fallait attendre des heures sans bouger. Alors que vous vous dirigiez vers le café, elle te demandait comment tu allais, ne pouvant répondre honnêtement à cette question, tu ne t’attardais pas dessus et pour ne pas qu’un silence pesant s’installe entre vous, tu préférais tourner la conversation sur elle. Moins elle ne te poserait de question, plus ça serait facile de faire comme si de rien était. Tu haussais un sourcil lorsqu’elle t’apprenait qu’elle s’était péter le poignet. Alors certes dans votre métier, c’était des blessures assez courantes, mais bon c’était toujours mieux quand elles n’arrivaient pas. En plus avec Rasak… Ce type tu avais du mal avec lui, tu espérais que ce n’était pas sa faute à lui.

« Fais attention à toi. » Répondais-tu alors simplement, même si tu savais qu’elle était justement du genre à faire attention à suivre toute la rééducation qu’elle aurait à faire. Elle suit les ordres. Tout comme toi… Enfin tout comme toi avant… Si elle s’était retrouvée dans ta situation, quels choix aurait-elle fait ? Elle qui est si droite, si dévouée ? La réponse te rendait curieux, avait-elle des failles ? Vous étiez arrivés à bon port et cela te sortais soudainement de tes pensées. « Un expresso s’il te plait et ne t’en fais pas j’ai deux petites heures devant moi avant de devoir aller chercher Alice. » Indiques-tu lorsqu’elle te demande où tu allais ensuite, de base tu n’avais rien de prévu, au pire tu serais allez toi avant de ressortir rien de bien palpitant, voilà pourquoi tu n’avais pas pu trouver une bonne raison de dire non à son invitation d’ailleurs. Vous pouviez toujours prendre la direction de l’école mais cela allait certainement vous prendre tout de même moins de deux heures, pas que c’était tout près mais quand même. Alors que vous attendiez sagement vos boissons, l’agent Sody repris la parole et ce qu’elle te dit te surprend un peu. Et en même temps, elles étaient toutes les deux membres du Blood Circle, pourquoi es-tu surpris qu’elles se connaissent ? Sans doute parce qu’avant d’être du Blood Circle tous les deux avec Sody vous vous connaissiez surtout de l’armée et ça te faisait étrange de voir ton boulot se mêler avec ta vie privée. Sa remarque t’arrache tout de même un petit sourire en coin. Elle n’est pas au bout de ses peines avec Lucy.

« Elle ne ta pas encore assez fatiguée alors si tu la trouves cool. » Ne peux-tu t’empêcher de répondre amuser. Bien sûr tu plaisante, du moins à moitié. Toi tu adores ta cousine, tu sais à quel point elle est génial, mais tu es conscient d’à quel point elle peut être épuisante aussi. « Vous avez fait quoi de beau ? » Demandes-tu alors tout simplement avant de reprendre la parole. « Je l’entraine au QG, je peux te dire que ce n’est pas une mince affaire. » Dis-tu en riant légèrement avant de reconnaitre. « Mais elle sait être sérieuse et attentive quand elle veut quelque chose, c’est plutôt une bonne élève, ne lui répète pas, elle va attraper la grosse tête. » Glisses-tu alors en mettant ton index devant tes lèvres pour faire signe à Lyllyah qu’il s’agissait d’un secret entre vous deux. Une fois vos boissons prêtes, tu remerciais bien évidemment Lyllyah de t’avoir invité et vous vous dirigiez donc vers l’extérieur comme prévu. Après quelques pas et surtout une fois que vous vous étiez un peu éloigner des passages fréquentés, tu te lançais et osais aborder un sujet qui te travaillait, depuis que vous étiez rentré dans ce Starbucks, tu réfléchissais à comment lancer le sujet.

« Dis-moi, tu as toujours été d’accord avec les ordres qu’on te donne ? Que ce soit à l’armée ou chez le Blood Circle, tu n’as jamais remis un ordre en cause ? Et si ça arrivait que ferais-tu ? Hypothétiquement bien sûr. »


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Lyllyah Sody
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Mar 11 Juil - 9:51

Août 2021

Après avoir commandé un cappuccino, je m’accoudais au bar du côté du service des boissons en écoutant Lyam évoquer sa fille. Je ne l’avais jamais rencontrée, mais je savais à quel point elle était importante pour lui et à quel point il était un papa investi. J’avais toujours apprécié cette facette de sa personnalité même si je ne la connaissais que de manière fortuite. Moins j’en savais sur sa fille et moins je la mettais en danger si d’aventure on me posait des questions à son sujet. Ça pouvait paraître être un comportement paranoïaque, mais le métier voulait ça. En travaillant avec le SAS et en partant en mission sur des terrains hautement à risque, j’avais acquis certains réflexes et certaines manières de penser qui n’appartenaient pas au commun. C’était l’une des raisons qui m’empêchait de grader dans l’armée alors que j’en avais toutes les compétences. On m’avait proposé plusieurs fois de grader d’ailleurs. Mais non. Je préférais ne pas trop en savoir et exécuter les ordres. Je préférais être sur le terrain et prendre les coups à la place de ceux qui ne savaient pas se défendre. Maintenant que j’avais intégré le Blood Circle et que je travaillais davantage aux côtés de Lyam, il serait irresponsable de ma part de trop en apprendre sur Alice, car si je me faisais capturer par ces chiens de sorciers, ils voudraient chercher des informations sur mon entourage et sur mes actions.
Autant que je ne sache rien. Ainsi, je me contentais d’une simple demande de politesse, même si la réponse m’intéressait véritablement.

— Comment va-t-elle d’ailleurs ? Elle doit grandir super vite. Ça pousse comme des champignons ces petits humains.

Si les paroles pouvaient paraître insultantes, de ma bouche, il n’en était rien. C’était juste que je ne mettais jamais les bonnes formes, et depuis le temps, Lyam le savait. De plus, le ton employé était clairement doux et amusé.
Je ricanais à la remarque de l’homme quand le sujet vira sur sa cousine. Une lueur taquine traversa mon regard gris alors que ma bouche s’étira en un sourire goguenard.

— Qui te dit que ce n’est pas moi qui l’ai fatiguée ?

Nous avions toutes les deux des tempéraments de feu. De véritables balles rebondissantes qui ne tenaient pas en place. Si j’avais la discipline militaire qui me permettait d’avoir beaucoup de patience, il n’en était rien lorsque j’étais au repas. En présence de Lucy, je sentais pour la première fois que je pouvais être véritablement moi-même, dans toute mon hyperactivité, et qu’elle ne me jugerait jamais. Ça faisait un bien fou !
Que Lyam cherche à savoir, l’air de rien, ce que nous avons fait, agrandit davantage mon sourire.

— Trois fois rien. Avec le couvre-feu, elle m’a invité chez elle. On s’est d’abord baladé en ville, puisque je ne connais pas encore tous les coins, puis on a passé la soirée chez elle. Je réitérais le terme employé plus tôt pour résumé la soirée. C’était cool !

Pour l’heure, j’éludais le fait que j’aimais beaucoup passer du temps avec elle. Je ne me sentais pas prête à aborder ce sujet si tôt dans la conversation. Nous avions deux heures devant nous après tout. Et c’était son cousin, peut-être était-ce mal venu de lui parler de sa cousine en ces termes ? C’était vraiment chiant de ne rien comprendre aux émotions !

— Oh ! m’exclamai-je simplement non sans cacher mon amusement. Et en quoi ce n’est pas une mince affaire, dis-moi ? Et t’inquiète pas, elle n’en saura rien de ma bouche, même si je pense la même chose que toi.

Une soirée et quelques rendez-vous de temps à autre m’avait déjà permis de voir Lucy comme Lyam me la présentait. Elle était douée dans ce qu’elle entreprenait, c’était certain. Ainsi, j’avais à cœur de mieux la connaître, même par le biais de Lyam, et si je pouvais apporter ma petite contribution à leurs entraînements alors j’en serai ravie. Ça me ferait un moyen de chantage auprès de Lucy un jour si ça s’avérait nécessaire, sait-on jamais ?
C’était un petit jeu innocent entre nous.

Une fois les boissons en main, nous sortîmes du café et déambulèrent, laissant Radar fureter à droite et à gauche comme bon l’entendait. Discipliné, le chien ne s’éloignait jamais vraiment et je gardais un œil attentif sur lui au cas ou il serait trop absorbé dans une odeur ou si un enfant s’approcherait pour le caresser. Après tout, il avait une véritable tête à câlin, mais je n’aimais pas quand des gens que je ne connaissais pas s’en approchaient. C’était mal venu de la part des gens d’agir de la sorte.
Je sirotais mon café quand les questions de Lyam tombèrent, et me surprirent. Je plissais imperceptiblement les sourcils et le regardais en coin. Subitement, j’avais perdu toute ma légèreté. Pourquoi me posait-il ces questions alors que je les avais moi-même ? lisait-il dans mes pensées ou est-ce que nos esprits s’étaient rencontrés ? Je savais Lyam aussi discipliné que moi sur nos fonctions militaires… peut-être… peut-être que les failles que j’avais relevées dans le Blood Circle n’étaient pas uniquement de mon fait si lui aussi les avait remarquées ? Je pris le temps d’avaler mon café avant de répondre, peu certaine des mots que j’allais employer (comme d’habitude).

— Je trouve beaucoup à redire, mais tu me connais, je suis les ordres et voilà. Il y a clairement des décisions que je trouve absurdes, insensées et même complètement irresponsables. Ce n’est pas pour autant que j’irais remettre les ordres en cause. En revanche…

Je détournais un peu le regard comme si chercher Radar me permettait de trouver les mots justes. C’était un sujet que j’avais vaguement évoqué avec Lucy également. Après un instant, je revenais sur Lyam en le regardant dans les yeux.

— En revanche, je ne sais pas si je vais rester encore longtemps si ça continue comme ça. Si je suis d’accord avec les idéaux, je ne suis pas d’accord avec la manière dont s’est géré, surtout quand on est sur le terrain. À ce tarif, je préfère agir seule de mon côté, tu vois ?

Je lui souris. Mon hésitation était palpable, et Lucy m’avait convaincue de rester, pour le moment. Aussi, ma très grande fidélité m’empêchait de poser déjà ma décision, moins d’une année après mon intégration. Peut-être me fallait-il encore du temps pour m’habituer. Pourtant, les questions de Lyam résonnaient en moi.

— Pourquoi tu me demandes ça ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?

Toujours stratège, je virais tranquillement dans une ruelle moins inondée de passants et qui nous mènerait dans un parc où Radar pourrait s’ébattre et nous permettre de discuter de ce sujet en toute discrétion.





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Mer 6 Sep - 20:42

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Feat Lyllyah ♣ août 2021
La remarque à propos des petits humains te fit sourire et c’est avec ce sourire sincère aux lèvres, qui apparaissait dès que tu parlais de ta fille, que tu répondais à sa question. « Oh tu n’imagines même pas à quel point, à ce rythme, elle aura vingt ans demain et un homme viendra me l’arracher sans que je sois prêt. » Lâchais-tu avec humour. « Elle me surprend de jour en jour, elle est très ingénieuse, surtout pour faire des bétises. » Ajoutais-tu alors toujours amusé avant que la conversation ne se tourne vers un autre membre de ta famille un peu moins proche qu’Alice, mais quelqu’un que tu connaissais tout de même très bien. A sa réponse tu plissas les yeux, réfléchissant un instant. « Humm… Je parierais quand même sûr elle, je t’ai supporté pendant des heures Sody n’oublie pas, Lucy c’est impossible. » Ajoutes-tu en riant légèrement. Lucy avait beaucoup trop d’énergie pour toi, si bien qu’après une après-midi à ses côtés en général tu étais vidé de la tienne ! Après avoir répondu à ta question, elle réitéra que c’était cool et cela te fis sourire de nouveau, l’essentiel était qu’elles avaient passé un bon moment n’est-ce pas ? Tu lui expliquais alors que tu t’occupais de l’entrainement de ta cousine et que ce n’était pas de tout repos, ce qui avait l’air d’amuser ta collègue.

« Elle déborde tellement d’énergie que s’est parfois compliqué de la canaliser. Elle a toujours été comme ça, d’aussi loin que je me souvienne. Mais bon, c’est aussi ce qui fait sa force. » Et elle savait beaucoup trop s’en servir parfois d’ailleurs. La discussion à propos de la jeune femme pris fin lorsque vous aviez finalement récupérer vos boissons, vous vous dirigiez alors vers la sortie. Une fois dehors un silence c’était installé entre vous, un silence qui te faisait réfléchir. Si jusqu’ici tu n’avais rien dit, à présent tu ne tenais plus et les questions que tu retenais depuis un moment franchir la barrière de tes lèvres. A ta façon de t’adresser à elle, tu te doutais qu’elle devait comprendre que tu tentais de prendre la température à propos d’un certain sujet, mais même toi tu ne savais pas jusqu’où cette discussion vous mènerait et si tu oserais dire certaines choses… Elle prenait son temps pour répondre, ce qui indiquait qu’elle ne prenait pas le sujet à la légère. Sa réponse ne te surprenait pas trop, tu la connaissais bien, tu avais une confiance entière à son sujet pour ce qui était d’obéir aux ordres, mais justement, à quel point aviez-vous raison de les suivre aussi bien ? Alors que tu réfléchissais à ses mots et que tu aurais bien répondu, tu levais un sourcil lorsqu’elle reprit. Tu étais un peu plus étonné d’entendre qu’elle se questionnait à ce point, elle serait capable de quitter le blood circle ? Pourquoi ? Tu restes silencieux un moment, hochant un instant la tête pour toute réponse, jusqu’à ce qu’elle s’interroge à son tour sur le pourquoi de ces questions.

« Disons qu’il m’est arrivé quelque chose dernièrement… Je ne peux pas te donner les détails, mais ça m’a forcé à réfléchir. » Commences-tu alors par expliquer, parce qu’evidemment, si tu posais ce genre de question, tu ne pouvais pas t’attendre à ce qu’elle y réponde sans s’en poser en retour. « Je suis d’accord avec toi. Leurs manières sont beaucoup trop extrêmes, j’ai fermé les yeux sur beaucoup de choses qui sont en désaccord avec mes valeurs… Me persuadant que c’était la seule manière de nous battre contre les sorciers. » Etait-ce si étonnant que vous soyez sur la même longueur d’onde à ce sujet ? Vous vous ressembliez tellement sur certains points qu’elle aurait presque pu être ta jumelle si tu n’avais pas déjà Doryan. « Mais à quel point devons-nous, nous contenter d’obéir et de fermer les yeux sur ce qui se passe ? » Oses-tu alors demander à voix haute. « Tu me connais Lyllyah, il n’y a pas plus droit que moi, quoique, toi peut-être. » Ajoutes-tu avec une dose d’humour. Tu usais rarement de son prénom, mais le sujet était trop personnel pour la nommer par son nom de famille, tu ne pouvais pas faire preuve d’une si grande confiance sans te montrer un peu plus familier avec elle. « Mais en ce moment je me demande si on à raison de l’être autant. » Et l’admettre faisait trembler les murs du monde que tu t’étais construit et c’était effrayant. Alors si Lyllyah était prête à l’admettre avec toi, est-ce que cela rendait les choses moins difficiles à encaisser ? Tu n’avais pas la réponse. Prenant ton courage à deux main avec une inspiration, tu déclarais autre chose.

« J’en suis arrivé à un point ou je ne suis même plus certains d’avoir raisons sur mes convictions qui m’ont poussé à rejoindre le Blood Circle… » Voilà, c’était dit. Tu n’osais même pas regarder ta partenaire de mission en ce moment même ne sachant pas comment elle allait réagir, tu remettais le combat du Blood Circle en cause, tu remettais le tiens et le sien également… Comment allait-elle te regarder ? Comment allait-elle réagir ? Allait-elle te dénoncer ? Parviendrais-tu à la convaincre de ne pas le faire ? Voilà pourquoi tu l’avais tant évité… Il t’était trop facile de te confier avec elle, ta langue se déliait trop facilement… Et si tu en avais trop dit ? Et si cela te coutait son amitié…?


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Jeu 7 Sep - 16:25

Août 2021

Je ris de bon cœur lorsque Rosebury me fait étalage de l’intelligence de sa fille. Je ne l’avais vue qu’en photo, mais je savais que je l’aimais déjà. Avant tout, c’était un enfant, donc forcément, je ne pouvais que l’aimer, et ensuite, c’était la gosse d’un coéquipier tout particulier pour moi, alors, si un sorcier lève la main sur elle, il crève d’une balle dans la tête avant même d’avoir pu dire « ouf ». Pour autant, je ne déclarai jamais à Rosebury de la rencontrer. C’était dangereux, c’était confidentiel. Les jardins privés, la vie privée et personnelle, on la respectait. C’était un accord tacite que nous avions passé lui et moi, pour autant, cela ne nous empêchait pas de l’évoquer dans certaine conversation, comme présentement.

— Un homme, ou une nana, disais-je, un large sourire pourfendant mon visage de part et d’autre. Profite bien d’elle en tout cas, et bon, je sais d’expérience que personne ne peut remplacer un parent. Je le poussais amicalement du coude. Même si un grand dadet viendra le chercher un jour, il ne prendra jamais ta place.

Je n’avais pas traduit le terme « dadet », mot originaire de mon pays natal qui désignait gentiment un imbécile. La conversation déviant sur Lucy, le souvenir de nos rencontres me revenait en mémoire avec plaisir presque sucré. J’appréciais beaucoup sa cousine, je voyais en elle la personne que je cherchais depuis mon enfance. Une confidente, quelqu’un qui pouvait comprendre mon hyperactivité et y faire face sans la redouter. Je voyais en Lucy une alter ego tant attendue, d’autant plus que nous nous battions pour les mêmes causes. Le Blood Circle nous avait rapprochés. Si j’avais beaucoup à reprocher à leurs actions, ça m’aurait au moins amené l’amitié de Lucy.

— Je comprends ce que tu veux dire, et cette énergie qu’elle dégage, cette force, je l’aime bien. C’est juste que moi, j’ai appris à la canaliser avec l’armée. Mais ça fait plaisir de rencontrer quelqu’un qui peut comprendre cette part de moi !

Comme d’habitude, je parlais franchement et sans détour. Rosebury savait très bien que j’appréciais son amitié et nous avions tant de points communs que je ne parvenais pas à les dénombrer. Sûrement même que je n’avais pas conscience de tous. Quoiqu’il en soit, Rosebury n’avait pas ce côté hyperactif que Lucy et moi possédions, ou alors, je l’ignorais.
Mon intérieur ne cessait de bouillonner et de vibrer. Même mon sommeil était léger à cause de ça. Il n’y avait que lorsque j’étais en planque que je parvenais à apaiser ces fluctuations, parce que je l’avais appris. Mais lorsque je n’étais plus en service, les barrières sautaient, et je passais mon temps à courir et sauter partout pour me défouler.

C’était un équilibre essentiel dans mon existence, ces moments de grande discipline au travail ou au Blood Circle, et ces moments de grandes libertés où je partais chevaucher ma moto ou Lullaby une journée entière. Dans le fond, j’étais une nana simple, et cet équilibre était simple. Parfaitement conditionnée à faire ce qu’on me demandait, j’étais la parfaite soldate, rapide et silencieuse. Fermer mon esprit sur certaines de mes actions me permettait de continuer à me regarder dans le miroir. J’avais appris à compartimenter en intégrant les forces spéciales d’intervention. On agissait pour le bien de notre patrie, et en tant de guerres, tous les moyens sont bons. Si des soldats rendaient leurs repas, moi, je continuais à arracher les informations de la bouche des prisonniers comme si rien ne pouvait m’atteindre. J’étais un mur, et durant ces moments, j’emprisonnais mon esprit pour éviter qu’il ne sombre dans la folie de mes actes.
C’était mon mode de fonctionnement. Mon mode de survie. Pour le bien commun.
Ce fut ce mode qui, instinctivement, s’enclencha en entendant les mots de Rosebury. Bien qu’il fasse mention de mon prénom, signe de sa profonde confidence, les barrières s’érigèrent dans mon esprit. Le sourire disparut pour laisser sa place à un visage dénué d’une quelconque émotion. Mon corps se redressa et mes muscles se tendirent.
Instinct.
Il ne fallait pas que ce qu’il dit m’atteigne, il ne fallait pas que le doute s’insinue. C’était interdit, c’était une insubordination.
Sentant que mon pouls s’accélérait, je pris une profonde inspiration discrète en prenant garde de ne pas serrer trop fort le gobelet de café entre mes mains. Pour autant, mes ongles y laissèrent de légères marques. Mes épaules, qui s’étaient tendues imperceptiblement, se détendirent aussitôt.

— Je ne sais pas ce qui t’es arrivé, mais faudrait que tu te reprennes, je le lorgnais du coin de l’œil, sauf si tu es victime d’un quelconque sortilège.

Ma voix était neutre, presque monotone. Les intonations chantées par mes émotions joyeuses avaient été balayées.

— Faut peut-être pas que les doutes t’empoisonnent trop l’esprit. On est en guerre, et tu sais tout aussi bien que moi que pendant la guerre, il y a des actes nécessaires, qu’on soit d’accord ou non ne change rien. Oublie pas qu’on agit pour le bien commun. Si on ne fait rien, on va se faire soumettre comme des esclaves. Je serrai la mâchoire et eus de la peine à articuler les mots suivants. Pas question.

Une cage. Mon pire cauchemar.

— Surtout, il est hors de question que des innocents souffrent. La guerre fait des dégâts, mais c’est notre job de les amortir au maximum. J’suis pas certaine que les actions récentes du Blood Circle aillent dans ce sens, mais bon, on n’a pas toutes les réponses non plus, on n’est pas dans les hautes sphères. Les desseins peuvent paraître obscurs comme ça, mais sur le grand échiquier de la guerre, ça prend tout son sens.

De manière consciente, je ne fis pas mention de la protection de sa fille. Je ne voulais pas m’abaisser à ça, et je serais une bien piètre collègue si je le faisais. Rosebury ne semblait pas troublé au point de devoir lui rappeler les points les plus fondamentaux de ses fonctions. Pour autant, je remarquais bien qu’il était touché, et je n’étais pas certaines que mes simples paroles puissent suffirent. Alors, cette fois, je soupirais bruyamment et lui donna une tape amicale dans le dos.

— C’était quoi, les raisons qui t’ont poussé à rejoindre le Blood Circle ?

Si je m’étais renfermée, je restais pleinement maitresse de moi et de mes paroles. Aussi, je n’oubliais pas que j’étais en présence de Rosebury, du meilleur coéquipier que j’avais eu durant toutes mes années de service. Je comprenais que le doute puisse s’insinuer en lui, c’était humain, ça arrivait à n’importe qui.
Il était de mon devoir de le faire changer d’avis.




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Sam 23 Sep - 14:14

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Tu n’avais rien contre les personnes qui aimaient des personnes du même sexe qu’eux après tout il fallait de tout pour faire un monde, mais il était vrai que quand tu pensais à une famille, tu avais tendance à penser au mode papa, maman et bébé, totalement formaté par la société tu en avais bien conscience et même si tu ne pensais qu’à un homme qui pourrait venir t’enlever Alice, Lyllyah avait tout à fait raison de te reprendre. « Ou une nana. » Admettais-tu, de toute façon que ce soit l’un ou l’autre tu étais loin d’être prêt mentalement. Tu souris doucement aux paroles de ta coéquipière, bien conscient qu’elle tentait de te rassurer. « J’espère bien qu’elle ne pourra jamais me remplacer. » Elle avait déjà perdu sa mère, tu espérais bien qu’elle garderait son père dans sa vie jusqu’au bout. La discussion dériva ensuite sur ta cousine, puisque les deux jeunes femmes semblaient avoir fait connaissance. Tu en profitais pour lui expliquer un peu comment se passait les entrainements avec cette dernière et le fait que son hyperactivité n’était pas toujours facile à gérer mais que c’était également sa force. Chose que Lyllyah avait su apprendre à contrôler grâce à l’armée. « Lucy aurait peut-être dû faire son service militaire. » Réponds-tu alors amusé. « Mais c’est chouette oui, puis elle aussi elle doit être contente d’avoir quelqu’un qui peu la comprendre. » Ajoutais-tu, un fin sourire sur les lèvres. Si avant de sortir du café la discussion était plutôt légère, une fois sortie, elle devint beaucoup plus lourde, lorsqu’après un long silence tu finissais par poser des questions qui te brûlais les lèvres. Tu avais besoin d’y voir plus clair sur certains sujets et tu te demandais si tu étais le seul à trouver certaines choses que faisait le Blood Circle vraiment pas normal. Il n’y avait que très peu de personne à qui tu pouvais te confier sur le sujet, est-ce que Lyllyah en faisait partie ? Tu n’étais pas certains, mais vous vous connaissiez à présent depuis de nombreuses années et vous partagiez une confiance mutuelle, jusqu’où pouvait-elle aller ? Peut-être que cette discussion allait te l’apprendre. Tu gardais tout de même une certaine méfiance sur les informations que tu acceptais de partager. Et la réponse de la rouquine semblait te donner raison. Tout comme Doryan, elle aussi semblait pouvoir penser qu’un sortilège pouvait t’avoir mélangé le cerveau, pourtant tu n’avais pas cette sensation, mais en même temps, si c’était le cas, t’en rendrais-tu compte ? Les paroles qu’elle ajoutait était digne d’un bon petit soldat aucun doute là-dessus.

« Et si on se trompe ? » Demandes-tu tout de même, comment pouvait-elle être certaine que cette vérité était la bonne ? « Tu n’as jamais peur de regarder du mauvais côté ? » Elle était sûre d’elle à quel point ? Alors qu’elle reprend la parole, te disant qu’il était hors de question que des innocents souffrent, ça tu étais bien d’accord avec elle, mais à quel moment des enfants qu’ils soient sorciers ou non, ne sont pas des innocents ? Et se dire que c’était simplement la guerre, que des pertes yen avait forcément, est-ce que ce n’était simplement pas fermer les yeux sur un problème beaucoup plus grand ? « Je suis bien d’accord avec toi, mais c’est ça le souci, si le Blood Circle ne va pas dans ce sens, à quel point doit-on les suivre les yeux fermés ? Des innocents souffrent déjà Sody, alors je sais un sorcier reste un sorcier, mais je pense aussi qu’un enfant reste un enfant… Qu’il ait des pouvoirs magiques ou non… » Et les expériences qu’ils faisaient sur eux, tu avais de plus en plus de mal à les supporter. Est-ce que tu voudrais qu’une telle chose arrive à ta fille ? Non, mille fois non… A la nouvelle question de ta partenaire de mission, tu réfléchissais un instant afin de lui fournir la réponse la plus honnête et précise que tu pouvais.

« Je voulais protéger le monde. » Répondais-tu simplement dans un premier temps. Ton regard suivait un instant radar qui passait d’un buisson à un autre suivant les odeurs avant de se perdre un peu plus loin dans l’horizon. Cette histoire, tu n’avais pas eu l’occasion de lui raconter, il était normal qu’elle ne sache pas. « Une mission à l’armée à mal tournée, une cible à abattre qui s’est révélé être un sorcier. Et si la mission en elle-même a été couronner de succès, quelqu’un a débarqué chez moi pour se venger. A l’époque je ne savais rien du monde magique, cette chose à pointé sa baguette sur moi, mais Alice s’est retrouvée entre lui et moi… » Rien que d’en parler, cela ravivait de douloureux souvenirs et ta colère qui allait avec. « Elle va très bien aujourd’hui, mais j’ai cru que j’allais la perdre. Ce sorcier est mort aujourd’hui, mais depuis ce jour, je me suis promis de construire un monde plus sûr pour elle. Et puis l’attaque en 2019 a fini de me persuader, Doryan se trouvait sur place… Je ne veux plus jamais voir un membre de ma famille dans cet état. C’est pour eux que je me bats. » Et ça tu ne le perdais pas de vue, jamais. « Mais je ne sais plus si la façon dont j’ai choisi de me battre est la meilleure, j’ai peur qu’elle ne fasse plus de mal que de bien. » Dis-tu alors en te perdant un instant dans tes pensées, avant de te dire que tu étais curieux de connaitre les raisons de Lyllyah qui l’avait poussée, elle, à les rejoindre également.

« Et toi ? Pourquoi as-tu choisi de les rejoindre ? »

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Jeu 28 Sep - 14:45

Août 2021

Je riais en m’imaginant Lucy intégrer l’armée. La dissipation de son esprit lui aurait donné du mal, mais j’étais certaine qu’avec du temps elle serait devenue un bon élément, c’est qu’elle avait de la ressource ! Pour autant, elle était un peu comme moi : avec deux mains gauches. A bien y réfléchir, je préférais ne pas l’imaginer en soldate. Ce n’était pas un métier facile et j’appréciais ce qu’elle dégageait, cette espèce de candeur. Non pas que son métier était facile ! Je serai bien incapable de faire ce qu’elle faisait, mais l’armée, je le savais mieux que personne, changeait les gens. Moi, j’avais grandi dans un orphelinat, ça avait été l’armée dès mon plus jeune âge, j’étais pour ainsi dire née dedans, et si j’aimais mon métier, je l’avais vu transformer de bonnes personnes en soldats sans pitié comme moi. Pour dire les choses simplement : Lucy avait une âme à préserver que moi, j’avais perdue depuis longtemps.
Mes derniers actes pour le Blood Circle en étaient la preuve ultime, bien que ça n’ait pas été ma première séance de torture. Si j’avais été croyante, c’était certain qu’une place en enfer bien au chaud m’attendait. Pour autant, je ne ressentais ni peur ni regret, parce que justement, je ne m’attardais pas sur ce que j’avais fait. C’était fait. Je ne pouvais que changer l’avenir et le présent, voilà tout. Se souiller les mains, ce n’était pas pour tout le monde, et je ne souhaitais pas voir Lucy le faire, je préférais m’en charger. Je n’avais aucune attache, aucune famille et pour ainsi dire aucun ami. J’avais placé une garantie de placement pour mes animaux. Alors, qui me regretterait, franchement ? Il valait mieux que ce soit moi qui fasse le sale boulot plutôt qu’un mec respectable comme Lyam qui avait une gosse à élever.

Si les paroles de Lyam avaient pu m’horripiler en début d’année, aujourd’hui, elles glissaient sur ma peau sans la moindre réaction épidermique. A l’avouer, j’avais des doutes sur les actions du Blood Circle depuis quelque temps déjà, ce que je déplorai. J’avais mis ça sur le compte que je n’étais encore qu’une jeune recrue et que je ne comprenais pas encore toutes les ficelles, mais hélas, A mène toujours à B, qui mène à C. Oui, mais voilà, je restais fermée à toute autre éventualité. Pourquoi ? je n’en avais aucune idée et je ne voulais pas chercher à le savoir. Les ordres étaient les ordres, point final.
Mais, pour Lyam, je fis un effort d’ouverture d’esprit. Pour lui, parce qu’il était celui qui se rapprochait plus d’un véritable ami, je m’imaginais un instant qu’on puisse se tromper et être du mauvais côté. Est-ce que les terroristes se posaient ce genre de questions ? Peut-être. Le problème étant que chaque camp poussait à la guerre, car il était persuadé d’être du bon côté. Ainsi, cet aspect de bon et de mauvais côté était une définition bien abstraite pour moi. Plongée dans mes réflexions, le café qui me réchauffaient les mains, je suivais Radar de mes yeux gris.

— Tu sais que je ne suis pas très cérébrale Lyam. Déjà, je pense qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais camps. On se bat tous pour quelque chose qu’on croit juste. Après, je suis d’accord avec toi, des innocents souffrent et ce n’est pas une raison pour en faire souffrir davantage, mais est-ce qu’on a le choix ? On ne va pas rester non plus les bras croisés à attendre qu’on se fasse réduire en esclavage sous prétexte qu’on n’a pas de pouvoir. Je poussais un soupir en dégageant une mèche rousse derrière mon oreille, laissant apparaître mon appareil auditif. Même un gosse sorcier peut nous démolir la gueule. C’est moins évident pour un gosse dépourvu de magie, il doit s’armer…

Des souvenirs aux couleurs sépia m’explosèrent au visage. Je me revoyais dans ce long couloir éclairé de la lumière du jour qui passait au travers des fenêtres. J’en étais venue aux mains pour protéger un garçon plus jeune que moi qui se faisait martyriser par d’autres orphelins. La défense n’était pas innée chez nous, qui n’avions pas de pouvoirs magiques. J’avais l’intime conviction que c’était différent chez les enfants sorciers : ils avaient ça dans le sang ! Pour autant, lever la main sur des gosses me retournait le bide et les bruits de couloir que j’avais entendu, ceux concernant le Blood Circle qui faisait des expériences sur des enfants, je n’étais jamais allée les vérifier.

— Mais t’as raison. Faut toucher aux gosses le moins possible.

Un nouveau souvenir m’enveloppa alors que je refermais mon blouson autour de mon cou. Je me rappelais les grains de sable infiltrés dans ma tunique qui me donnaient envie de me gratter. Je me souvenais de l’air sec et chaud, arasant qui me faisait transpirer à grosse goutte. J’épongeais la sueur avec mon keffieh quand j’entendis une femme hurler. J’avais rompu ma position pour aller voir dans la petite demeure du village que nous venions d’envahir pour court-circuiter un réseau terroriste. Sous prétexte que la femme et le gamin étaient ceux d’un terroriste, ils devaient mourir. Je les avais protégés en argumentant que nous devions plutôt leur montrer que nous voulions les aider et les protéger. On avait tué une centaine d’hommes quelques heures plus tôt, le sang avait assez coulé.

Je clignais des paupières pour revenir à moi alors que Lyam se confiait encore. Il m’exposait les raisons qui l’avaient poussé à rejoindre le Blood Circle. Des raisons tout à fait honorables que j’étais apte à comprendre, car elles étaient similaires aux miennes. En gardant le menton baissé, je mis un petit moment à répondre, peu certaine de pouvoir me raccrocher quelque part sur ce terrain inconnu. Tu fais chier Rosebury !

— Pour les mêmes raisons que toi, à peu de choses près. Je me suis toujours engagée pour protéger ceux qui ne peuvent se défendre, d’abord dans la police puis dans l’armée. Quand j’ai participé à ce détachement en Angleterre j’ai su ce qui se passait et je suis tout de suite venue prêter main-forte. L’Angleterre n’est pas mon pays, en vrai, rien ne m’oblige à me battre pour le pays… mais c’est un peu comme un serment de médecin, je suis tenue par mes devoirs personnels et professionnels. Je protège ceux qui ne peuvent le faire… et de ce que j’ai vu, les sorciers peuvent largement se défendre.

Je songeais à la sorcière que j’avais capturée, non sans mal, et qui avait résisté à mes séances de torture ainsi qu’à celles de nos confrères du Blood Circle. Ce n’étaient pas des enfants de chœur !

— Admettons qu’il y ait des innocents chez les sorciers, des sorciers qui veulent la paix. Je veux bien faire un effort pour m’imaginer ça. Tu dis que ta façon de te battre n’est plus la meilleure. Qu’est-ce que tu changerais ? Qu’est-ce que tu proposerais de… mieux ? Si mieux il y a.

Aucune idée si Rosebury se rendait compte à quel point je faisais un effort mental, mais vraiment, c’était difficile. Je faisais ce que je m’étais toujours interdit : je faisais preuve d’insubordination. La faute la plus grave de toute mon existence.



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Dim 15 Oct - 15:12

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Est-ce qu’en parler avec Lyllyah était une bonne idée ? Au moins tu serais fixé sur son avis sur la question. Jusqu’ici vous aviez toujours pu vous confier l’un à l’autre peu importe le sujet et tu n’avais pas envie que ça change… Oui mais et si toi tu avais changé ? Si ta vision du monde n’était plus la même ? Est-ce que cela pourrait impacter votre relation ? Ou peut-être que ses paroles étaient justement ce que tu avais besoin d’entendre pour te reprendre ? Tu connaissais l’opinion de ta partenaire de mission, mais tu avais peur qu’elle autant que toi se fourvoyais sur tout ça. Tu hoches la tête aux paroles de Lyllyah. Non il n’était évidemment pas question d’attendre les bras croisés, c’était bien l’une des raisons pour lesquelles tu te battais, c’était que tu ne voulais pas rester là à attendre et à voir ce qu’allais devenir le monde. Tu voulais rendre le monde plus sûr…

« Je suis d’accord. Je me demande juste si c’est vraiment la meilleure façon de s’y prendre… » Elle avait raison, un enfant, même sorcier restait tout de même beaucoup plus dangereux, mais quand tu posais tes prunelles sur l’un d’entre eux, tu ne pouvais pas t’empêcher de voir Alice à travers eux. Et ça te rendrais malade qu’il arrive quoique ce soit à ta fille. « J’ai beau savoir qu’ils restent dangereux, tu sais quand je croise leur regard, tout ce que je vois c’est juste des gosses… » Et c’était ça qui était perturbant. Et dernièrement, quand tu croisais le regard de Kayla… Tu n’arrivais pas à la voir totalement mauvaise. Une part de toi se souvient de tous vos souvenirs, de tous ces moments partagés et cette part à envie de croire que tous ce que vous aviez était vrai. Qu’elle ne pourrait pas faire de mal à une mouche. C’était ce qui te troublait tant. Ce qui te poussais à te poser ce genre de question. Tu étais conscient des efforts de ta coéquipière en ce moment pour garder l’esprit ouvert et lorsqu’elle te demanda pour quelles raisons tu avais rejoint le Blood Circle, tu te livres sur ce qui était arrivé à Alice ou même à ton jumeau. Après avoir fini, tu lui retournais la question, curieux de savoir ce qui poussait ses convictions en dehors du fait qu’elle était un fidèle soldat que ce soit en Suisse ou sur le sol anglais. Sa réponse t’arrache tout de même un sourire, tu voyais très bien ce qu’elle voulait dire à propos de ce serment de protéger puisque tu ressentais également la même chose envers ton métier. C’était ce qui faisais que vous bossiez si bien l’un avec l’autre. « L’Angleterre à de la chance de pouvoir te compter parmi ses soldats. » Ajoutes-tu alors dans un sourire sincère. Alors qu’elle reprend la parole en imaginant l’impensable pour vous, elle te pose des questions auxquelles tu n’avais peut-être pas encore les réponses… Tu te grattes un instant l’arrière de la tête en réfléchissant.

« Je ne pense pas avoir toutes les réponses et toutes les solutions loin de là… » Commences-tu alors par dire sans prétention. « Mais si un tel monde existait… Peut-être qu’alors il serait possible de discuter avec eux, de mettre certaines choses en place pour que les deux camps soient protégés afin d’avoir le moins de perte possible et dans le meilleur des cas, peut-être même allier nos forces pour combattre les vrai méchant ? Ceux qui nous veulent du mal ? Aussi bien chez les sorciers que chez nous d’ailleurs. » Dis-tu légèrement pensif. « C’est utopique je sais, un tel monde n’existe pas. » Reprends-tu alors dans un léger rire. « Mais sans aller jusque-là ce qui serait vraiment parfait, peut-être que nous pourrions aller dans ce sens plutôt que d’aller de massacre en massacre. » Ajoutes-tu en te perdant dans tes réflexions. « Même si je sais que nous avons besoin de prisonnier pour pouvoir faire des tests, qu’il y a des avancés que nous n’aurions pas pu faire sans cela je le reconnais sans problème, mais peut-être que… Sans user de force, nous aurions pu obtenir également ces réponses ? Ce ne sont que des suppositions. » Tu en étais là, perdu dans tes propres réflexions, te raccrochant à ce que tu connaissais et ce en quoi tu voulais croire, mais parasiter par d’autres pensées qui avaient l’air de vouloir te montrer une voie… Pourquoi ? Parce que dans ce cas, peut-être que Kayla pourrait être une bonne personne ?

« Je sais que tu as raison, je devrais me reprendre, tu n’es pas la seule à me le dire. » Admets-tu alors légèrement gêné. « Un soldat qui doute ce n’est jamais bon sur le terrain. » Toi autant qu’elle, vous le saviez très bien. « J’espère que je ne te fais pas peur. » Ajoutais-tu sur le ton de la plaisanterie pour essayer tout de même de détendre un peu l’atmosphère. Le problème était que tu ne savais pas trop comment te débarrasser de toutes ces pensées parasites qui te hantais depuis que tu avais découvert que la femme que tu aimais était une sorcière…

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Lyllyah Sody
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Lun 23 Oct - 18:59

Août 2021

J’adorais les enfants, je me considérais moi-même comme une enfant dans un corps d’adulte. Je n’avais pas conscience que j’avais grandi et pour cause ! Je ne comprenais rien aux émotions et je m’exprimais avec l’agilité d’un enfant de six ans. Tout ce que je savais, c’était obéir aux ordres de mes supérieurs parce que j’avais été formée à ça durant toute ma vie. Le manque de ma famille ne pesait rien, car ce que je n’avais jamais connu ne pouvait pas me manquer. En revanche, je sentais le manque de la relation que j’avais eue au début de l’année. Étrangement, la conversation que j’avais présentement avec Rosebury retournait le couteau dans la plaie sans que je comprenne pourquoi. Il n’y avait pourtant pas de rapport, ou alors je refusais de le voir. Elle avait été le début, ce qui avait tout amorcé. Elle m’avait ouvert ce cœur auparavant si fermé à toute forme de relation.
Au cours de mes missions, j’avais toujours pris la peine de protéger les enfants, mais avec les sorciers, c’était différent. Je comprenais ce que voulait dire Rosebury, il les voyait avec ses yeux de papa. Moi, je les voyais avec mes yeux de soldate. Certes, c’était des enfants, mais des enfants armés d’un bout de bois aussi dangereux qu’un 9mm. Croire qu’on pouvait les maitriser aussi facilement que les enfants normaux était une utopie. L’habit ne fait pas le moine.
Je me mordais la langue alors que je m’empêchais de répondre à mon interlocuteur. Je préférais ne pas m’aventurer sur ce terrain, et surtout, je n’étais pas habituée à discuter de ce qui ne me regardait pas. À dire vrai, je n’étais pas habituée à discuter tout court. La philosophie, très peu pour moi, j’étais une femme d’action.
Son compliment m’arracha toutefois un sourire.

— Je ne sais pas si l’Angleterre a de la chance de m’avoir, mais j’ai fait la promesse de tout mettre en œuvre pour la protéger.

Je n’étais pas du genre à douter de moi et de mes capacités. On m’avait toujours récompensée pour mes excellents services et je ne comptais plus le nombre de propositions de grade que j’avais refusé. Heureusement, mes supérieurs n’avaient jamais trop été insistants, comme s’ils avaient aussi bien conscience que moi que grader n’était pas la meilleure des options pour moi : j’obéissais trop bien aux ordres. Voilà pourquoi je faisais un effort surhumain pour tenir la discussion avec Rosebury et ne pas l’envoyer sur les roses. Quelles idées saugrenues il avait là ! Il tenait des propos diffamatoires et, si je m’écoutais vraiment, je le dénoncerais. Mais la liberté d’expression existait encore, heureusement, et Rosebury était le plus à ce qui pouvait se rapprocher d’un ami pour moi. Alors, j’acceptais sans rien dire.
Le café me brûlait délicieusement la bouche et la gorge. Mes yeux suivirent Radar alors qu’il disparaissait derrière un buisson tandis que j’écoutais la tirade de Rosebury. Un petit rire ironique m’échappa.

— Dans ce cas, il te faut devenir diplomate !

Je lui fis un clin d’œil, et pourtant, je plaisantais à moitié. Ce qu’il proposait là revenait aux diplomates. Des heures et des heures de discussions pour arriver à un maigre terrain d’entente. Moi, ça me rendait dingo ce genre de chose, mais pourtant, je devais reconnaître que ça avait épargné bien des bains de sang. Les unités en Suisses étaient spécialisées en diplomatie, mais à bien y réfléchir, c’était tout le pays qui était doué en diplomatie. Subitement, les montagnes, le paysage calme et les lacs plats se rappelèrent à moi. Pour la première fois depuis mon arrivée, j’eus un instant le mal du pays. Je reprenais.

— N’y a-t-il pas de diplomates au Blood Circle ? Y en a-t-il seulement chez les sorciers ? ça n’a pas déjà été essayé de discuter ? Est-ce que seulement ça a donné quelque chose ? Je ne me rappelle pas avoir lu tout ça dans les archives. Je coulais un regard sur lui. Mais t’as raison, ça peut être une solution, même si ça nous mettrait au chômage ! je ricanais avant de reprendre. C’est toujours bien quand on trouve un terrain d’entente plutôt que de se foutre sur la gueule, mais… je ne sais pas, étrangement, j’ai la sensation que les sorciers ne veulent pas discuter... et toi et moi on sait que la diplomatie a ses failles et ses limites.

J’observais un instant de silence en me remémorant quelque chose qui m’agaçait profondément dans les films ou les séries. Je poussais un soupir.

— Cela dit, tu as raison sur un point : c’est emmerdant de toujours voir les militaires endosser le rôle des méchants. Comme si on est des cons finis, alors qu’on veut juste protéger notre pays.

Je passais une main distraite sur la tête de mon chien alors qu’il revenait vers nous. Je souris.

— Tu ne me fais pas peur, Rosebury, tu ne m’inquiètes même pas. Tu es un bon coéquipier et c’est clair que ça me ferait chier de perdre ça, mais je me dis que tu sauras surmonter tout ça. Je te fais confiance ! Je le poussais un peu du coude. Peut-être que t’as besoin d’un peu de repos ? Prendre du temps pour toi et tout ?

C’est Lyllyah Sody qui propose ça, ou comment l’hôpital se foutait de la charité !




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Cette promesse, c’était quelque chose qui vous liait beaucoup Lyllyah et toi. Parce que vous étiez ce genre de personne à vous y tenir. Et tu espérais qu’avoir sauvé deux sorciers ne mettais pas en péril cette promesse que tu avais fait à ton pays. Alors qu’elle te demandait ce que tu proposerais de mieux si cela pouvait exister, elle te prenait un peu de court, tu n’avais pas réfléchi à la question. Et tu n’avais pas la présomption de savoir réellement ce qu’il fallait faire loin de là. Alors tu répondais ce qui passait dans ta tête à ce moment-là. Bien conscient que c’était certainement trop beau pour pouvoir être possible. Sa réponse t’arrache alors une grimace mélangée à un sourire.

« Diplomate ? Moi ? » Tu secouais la tête un instant amusé par sa remarque. « J’ai bien trop besoin d’être sur le terrain pour ça. Je ne suis pas fait pour rester à parler enfermer dans une pièce. » Et s’il y a bien quelqu’un qui pouvait comprendre ce sentiment c’était bel et bien ta coéquipière non ? Alors qu’elle soulevait d’autres questions, tu réfléchissais aux réponse. « S’il y en a ils sont affreusement mauvais. » Faisais-tu alors remarquer, ce qui se passait en ce moment était assez criant pour le prouver. Ou alors ils étaient payés pour foutre le bordel. « Je ne m’en rappel pas non plus, je ne sais pas tout, mais je me dis qu’on a dut déjà essayer… » Et en même temps, si tu essayais de te rappeler de tous les évènements qui s’étaient enchainés jusqu’ici, tu ne te rappelais pas en avoir déjà entendu parlé. Tu riais légèrement lorsqu’elle marquait un point en disant que ça nous mettrait tous en chômage. « Il nous resterait toujours l’armée. » Car bon il y avait toujours de problèmes dans tous les pays autres que les sorciers malheureusement. Etait-ce réellement les sorciers qui ne voulaient pas discutés ? « Est-ce qu’on serait prêts à les écouter si c’était le cas ? Je ne te parle pas de toi ou moi mais des personnes qui sont à la tête de notre pays ? » Faisais-tu alors remarquer. Pour le coup, si tu n’étais pas certains que les sorciers voulaient discutés, tu n’étais pas certains que l’inverse ne soit pas tout aussi vrai. Et comme elle venait de si bien le faire, la diplomatie a ses failles et ses limites. Alors qu’elle reprend la parole, tu hoches la tête. Il était vrai que vous n’aviez jamais le beau rôle quelle que soit l’histoire, vous étiez souvent pointé du doigt alors que pourtant vous en faisiez que votre boulot et la sécurité des civils et du pays comptait plus que tout.

« C’est pour ça que je ne supporte pas, que ce soit en mission pour l’armée ou le Blood Circle, ceux qui se croient tout permis juste parce que c’est eux qui tiennent l’arme, ils montrent une mauvaise image de nous et les gens ensuite pensent que c’est une généralité. » Combien de fois cela t’étais arrivé ? De partir en missions avec des coéquipiers qui ne pensait à tuer du sorcier au péril parfois de leur propre vie ou celles des autres ? Leur donnant presque une image d’animal fou à lier et rien d’autre… Ces gars-là tu avais envie de les remettre à leur place, mais en générale, tu ne te fatiguais pas, il était bien trop rare de pouvoir en tirer quelque chose. Alors que tu t’inquiétais de faire peur à ta collègue, tu finissais par admettre que oui tu allais devoir te reprendre, même si tu ne savais pas encore comment. Elle te rassurait néanmoins et tu surprenais sur le fait qu’elle semblait avoir beaucoup plus foi en toi, que tu n’en avais envers toi-même pour le coup. A ses propositions tu hochais la tête.

« C’est ce que je pensais oui, pour ça que j’ai pris quelques semaines il n’y a pas longtemps, mais peut-être que ce n’était pas encore assez. Mais je ne peux pas prendre une pause indéfiniment malheureusement. » Ou alors ça allait commencer à être réellement suspect. « En tout cas, ça fait toujours autant du bien de parler avec toi Sody, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas fait ça. » Et pour cause, mais ça tu le gardais évidemment pour toi. Tu savais que ce n’était pas toujours son fort, qu’elle n’était pas douée avec les relations humaines, mais étrangement pourtant cela n’a jamais été un frein pour vous entendre, tu comprenais son humour et inversement et vous n’aviez jamais eu de problème pour communiquer lors des missions, c’était plutôt tout le contraire. Voilà pourquoi cela t’emmerdais tellement que ce soit elle qui a trouvé Kayla et qui l’avait emmené jusqu’au Blood Circle. Tu détestais ressentir cette rancœur alors qu’elle n’avait rien fait de mal. Tu détestais toute cette situation et c’était pour cela que tu préférais garder une main tendue vers elle, espérant qu’un jour tout ce bordel s’arrange.

« En tout cas, merci de te montrer si ouverte d’esprit, si jamais un jour tu te retrouves autant perdu, je promets que je saurais également en faire preuve. » Assures-tu alors dans un sourire, cachant au fond de toi tous tes autres questionnements que tu ne peux exprimer pour le moment.


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Dim 7 Jan - 18:39

Août 2021

Je pouffais de rire en m’imaginant Rosebury enfermé dans un bureau à négocier une paix toute relative avec un interlocuteur ronchon. Effectivement, je l’imaginais tout aussi bien que moi à cette fonction, autant dire : pas du tout ! Quoiqu’il en soit, la discussion que nous avions soulevait des pierres que je me refusais de retourner jusque-là. Est-ce que le Blood Circle était dans son bon droit ou est-ce que, au contraire, nous faisions fausse route ? Trop persuadée que tout ce que je faisais, je le faisais pour le bien du pays, de son peuple et pour protéger ceux qui ne pouvaient pas le faire, je retroussais le nez à cette idée. Non, je ne pouvais pas me tromper. Pourtant, les paroles de Rosebury semèrent les graines d’un doute déjà bien fertile.

— Oui, heureusement qu’il y a l’armée !

Car autre que les problèmes avec les sorciers, l’Angleterre devait faire face au monde, comme chaque pays, et même si j’avais prêté allégeance au Blood Circle, ma première fidélité allait à l’Angleterre.
Aux questions de mon interlocuteur, je fronçais imperceptiblement les paupières en prenant une profonde inspiration. Ah, la fameuse question de « qui est le grand méchant de l’Histoire ? ». Je pris néanmoins le temps de réfléchir à mes mots en sirotant mon café. Bien que je fixais l’horizon, mon regard était plongé dans le lointain.

— Je l’ignore, je ne connais pas encore assez bien la façon de faire des hautes sphères anglaises… et surtout, il faudrait une assurance qu’ils soient sincères et qu’ils ne soient pas en train de nous manipuler avec un quelconque sortilège ou autre truc. Ils peuvent manipuler les esprits, alors à partir de là, la diplomatie est mega difficile, tu ne crois pas ?

Peut-être étais-je hors sujet ou peut-être que ma méfiance aiguisée au fur et à mesure de mes années d’entraînement parlait pour moi. Mais Rosebury le savait, je n’étais pas une femme d’esprit. On m’ordonnait, j’exécutais. Rien de plus compliqué.
Pour autant, lorsqu’il fit mention des abus de pouvoir, je ne pus qu’abonder dans son sens. J’avais vu assez de terroristes en tout genre durant mes affectations dans les services spéciaux pour savoir que c’était les individus les plus dangereux au monde… et pas uniquement parce qu’ils tenaient les armes, mais parce qu’ils étaient d’incroyables orateurs. Ils captivaient et on les écoutait, puis on les suivait aveuglément. La base de toute guerre, et j’étais parfaitement consciente que, malgré moi, je faisais partie de cet engrenage trop bien huilé.

— Je n’aime pas ça non plus, c’est chiant, mais je crois que ça fait partie d’un gène humain dont il est difficile de se passer, tu ne crois pas ? Il y a ça pour tout. Les féministes, les causes LGBT et tout, et tout, bref, tout ce qui fait l’actualité. Dès que c’est trop extrême, ça devient super pourri et il y a forcément des gens qui en payent le prix. Là pour le coup, c’est nous.

Concluais-je, amère. Pourtant, c’était une réalité à laquelle il fallait être prêt à se confronter en tant que militaire professionnel. Des gens qui voulaient prouver à quel point ils étaient peu virils (tous sexes confondus) il y en avait à la pelle dans la caserne, et c’était la même chose au Blood Circle. J’eus une vague pensée pour Rasak et roulait des yeux en me rappelant notre mission passée qui avait tourné au vinaigre. Il se débrouillait bien ce con, et c’était ce qui le rendait d’autant plus dangereux et efficace. C’était un bon élément, tant qu’il restait sous contrôle.

— Tu as bien fait, le repos, ça fait aussi partie de l’entraînement.

Et c’était moi qui disais ça ? C’était l’hôpital qui se foutait de la charité franchement, mais bon. Faites ce que je dis, pas ce que je fais hein !

— C’est clair que si tu prends une pause plus longue tu vas rouiller et devenir gras.

Je le regardais en coin, les yeux s’illuminant d’une flammèche taquine. Une façon bien à moi de signifier encore une fois à Rosebury que je tenais à lui, qu’il avait bien fait de se confier à moi et qu’il ne devait surtout pas se laisser aller. Je le poussais doucement du coude.

— Bah, de rien Lyam. C’est vrai que ça faisait longtemps.

À mon tour, je me permettais de l’appeler par son prénom pour lui prouver que sa confiance m’avait touchée et que son secret serait bien gardé. Scellé dans ce cerveau habitué à ne divulguer aucune information, même sous la torture.
J’opinais de la tête à sa proposition et gardais un moment de silence alors que je me plongeais dans mes pensées, ou devrais-je plutôt dire, mes doutes.

Aller, dis-le.
Avoue, avoue.
Si tu ne demandes pas, tu ne peux pas savoir.
On n’aime pas l’ignorance.
On veut vraiment avoir un problème ?
Quand est-ce qu’on mange ?


Résignée par mes acouphènes, je poussais un petit soupir, bu une nouvelle gorgée de mon café pour me donner du courage puis articula comme si les mots m’arrachaient la bouche.

— Je me demandais… enfin… je ne sais pas trop… à ton avis… pourquoi… non… comment… oui, c’est ça, comment… on sait ce qu’on ressent ? Les émotions, et tout ça ?

Pouvait-on être encore moins clair ? Mmh, pas sûre.



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Jeu 11 Jan - 15:14

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« C’est effectivement là tout le problème. » Même si les choses étaient différentes, même si les deux côtés acceptaient de parler, au final vous ne pouviez avoir aucune certitude sur le comment les choses finiraient. Le fait que les sorciers pouvaient à tout moment vous retourner le cerveau n’aidait pas à instaurer un climat de confiance… C’était aussi ce qui te posais problème avec Kayla, même si ce n’était pas à la même échelle. « Dans un cas, comme dans un autre, les extrêmes ne sont jamais bon. » Reconnais-tu sans mal et même en sachant cela, tu avais quand même choisi de te ranger du côté du Blood Circle, car même si tu n’approuvais pas les méthodes, c’était la seule organisation qui arrivait à avoir des résultats, qui avançaient et qui désirait protéger les gens comme vous deux, ce qui était ton premier but depuis que tu étais soldat. Alors que tu t’inquiétais de lui avoir fait peur, Sody te rassurais en indiquant que ce n’était pas le cas, te conseillant alors de prendre des jours de congés, ce que tu avais déjà fait en réalité. Sa réponse te fais sourire, parce que si tous les deux vous saviez que parfois il fallait savoir s’arrêter, c’était très difficile d’en être capable. Et qu’empêcher un soldat d’être sur le terrain c’était comme couper les ailes d’un oiseau. « Tout à fait. Gardez bien ça en tête agent Sody. » Ne peux-tu t’empêcher d’ajouter amuser en pensant à son accident et au fait qu’elle aussi avait dû se reposer ce qui avait été assez difficile pour elle.

« Gras ? Avec ce corps ? Tu m’as bien regardé ? Il faudrait plus qu’une simple pause, pour détruire ce temple ! » Lâches-tu alors le sourire aux lèvres. Tu plaisantais bien entendu et tu te permettais ce genre de remarque parce qu’il s’agissait de Lyllyah et que tu étais à l’aise avec elle. En général, je jumeau vantard ce n’était pas toi, bien au contraire tu étais bien plus modeste. Tu finissais par la remercier pour le fait qu’elle ne t’avait pas jugé malgré tes propos et promettais de ne pas la juger en retour si un jour elle en avait besoin. Même si c’était sa faute si Kayla c’était retrouvée prisonnière du Blood Circle, cette conversation te rappelait qui elle était dans le fond et qu’elle ne pensait certainement à rien d’autre qu’avoir simplement accomplit son travail. Tu n’aurais pas agi différemment d’elle si tu avais été à sa place et si ça n’avait pas été Kayla et cette personne aurait pu également compter pour quelqu’un d’autre… Alors que tu te perds un instant dans tes propres pensées, celle que tu ne pouvais exprimer à voix haute pour le moment, voilà que la voix de Lyllyah te sort de ta rêverie. Elle semblait chercher ses mots et vue comment cela avait l’air difficile, tu t’attendais à ce qu’elle revienne sur le sujet que vous aviez abordé quelques instants plus tôt. Tes prunelles s’écarquillent l’espace de quelques secondes sous le coup de la surprise. Ta coéquipière était-elle réellement en train de te demander à quel moment on se rend compte qu’on est amoureux de quelqu’un ? Ce n’est pas le genre de discussion qu’elle devrait avoir avec une fille justement ? Pourquoi toi ? Etiez-vous si proche que cela pour qu’elle ose te poser ce genre de question ? Pourquoi venais-tu de lui promettre de faire preuve de la même ouverture d’esprit qu’elle ? Tu allais devoir à présent lui répondre avec tout autant de sérieux…

« De toutes les personnes de ton entourage, tu penses vraiment que je suis la mieux placée pour te répondre ? » Demandais-tu alors avec un léger sourire en coin. « Je te rappel que je ne suis pas le jumeau le plus extravertis des deux. » Ajoutais-tu sur le même ton humouristique tandis que tu te donnais surtout du temps pour savoir quoi lui dire. Néanmoins que cette question vienne d’elle, cela ne te surprenais pas. Tu la connaissais assez bien pour savoir qu’elle n’était pas la personne la plus à l’aise qui soit avec les relations humaines. Votre amitié, si elle était plutôt évidente avait tout de même mis du temps à se construire et à se mettre en place. « Ce n’est pas toujours facile d’être certains de ce qu’on ressent pour une personne… Tu dirais quoi de ce que tu ressens pour moi par exemple ? » Tu marquais une pause avant de te rendre compte que peut-être elle pourrait mal interpréter ta question, tu préférais ajouter « Ce n’est pas une question piège, je veux juste t’aider à poser des mots sur une relation que tu connais déjà assez bien. » Le but étant de l’aider à déjà comprendre ce qu’elle pouvait ressentir dans une relation amicale à partir de là, peut-être que tu pourrais ensuite l’aider à se poser les bonnes questions pour le reste. « Et ensuite est-ce que tu ressens quelque chose de différent pour une autre personne ? » Finis-tu par demander en espérant ne pas être trop indiscret, mais tu avais besoin d’en savoir plus pour pouvoir réellement lui offrir ton aide.


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Mar 16 Jan - 21:18

Août 2021

Malgré le sérieux de notre discussion, je me laissais aller à des rires francs alors que nous nous taquinions. Le repos. Nos corps. Des sujets sensibles pour les professionnels de l’action que nous étions. Le repos ? Casi inconnu. Devenir gras ? Impossible vu les entraînements auxquels nous soumettions nos corps. Mais j’eus la vision d’un Rosebury obèse et je ne parvenais pas à me défaire de cette image débile (et un peu immonde, fallait aussi l’avouer). Je riais alors encore plusieurs minutes, entrecoupées de mes gorgées de café, avant que je ne sois rattrapée par un autre sujet. Quelque chose que je ne savais pas à qui partager, quelque chose qui me tournait dans la tête et qui me bouffait de l’intérieur.
La première réaction de Rosebury me fit immédiatement regretter ma question. J’allais ouvrir la bouche pour l’inciter de laisser tomber, mais il enchaîna en me proposant un exercice d’apparence facile, mais quand même pas des moindres. Ce que je ressentais pour lui ?
Je fronçais les sourcils en ponctuant mon doute d’un :

— Euuuh…

Il me fallut un sérieux temps de réflexion. Comment décrire ce que je ressentais puisque je ne connaissais pas le mot qui s’y associait ? C’était chiant d’avoir des lacunes sociales bordel.

— Je ne sais pas si les mots seront justes, mais je t’aime bien. C’est agréable de bosser avec toi, je me sens en sécurité quand on est sur le terrain, je peux m’appuyer sur toi et c’est cool.

Je réfléchissais encore et rajoutais.

— Et c’est agréable de discuter avec toi, on est souvent sur la même longueur d’onde, du coup c’est cool, je peux être moi-même sans que tu t’offusques ou quoi. J'aime bien passer du temps avec toi.

Je penchais un peu la tête sur le côté en reprenant ma marche, la moitié de mon visage disparaissant alors sous un rideau roux.

— C’est ça qu’on appelle une amitié ? ou est-ce que juste on s'aime bien et l'amitié c'est encore plus fort ?

Ben oui, je connaissais la définition, mais je ne savais pas ce qu’on ressentait vraiment, ce qui correspondait au mot. En dehors de l’indifférence ou de la colère, je ne connaissais guère les émotions et les sensations qui me traversaient depuis mon arrivée à Londres. Un soupir traversa mes narines et je secouais un peu la tête.

— Bah, au pire, laisse tomber. Tu sais, j’ai pas grand monde dans mon entourage je te rappelle… enfin, pas grand monde en qui je peux avoir confiance.

Rosebury le savait : mes lacunes sociales m’empêchaient de me rapprocher des autres, et moi, je protégeais les gens en leur évitant ma présence. Ma fonction dans les services spéciaux pouvait être un danger pour de potentiels proches. Moi j’avais de cibles autour de moi, moins j’étais atteignable. Ça m’allait. Jusqu’à ce que je rencontre Moïra. Son visage me revint en mémoire et mon cœur se serra. Je serrais la mâchoire et eus de la peine à déglutir. En coin, je regardais Lyam. C’était une partie de ma vie qu’il ignorait. J’avais vaguement parlé de Moïra à Lilibeth, c’était tout. Ça me faisait trop mal. J’y avais été bien trop attachée. Et si Rosebury ne voulait pas entendre tout ça et qu’il ne voulait pas m’aider à ce sujet, alors, je n’allais pas le lui imposer.

— J’ai ressenti quelque chose de super fort pour quelqu’un une fois, et depuis, je me pose plein de questions débiles. J’agitais la main comme pour chasser une mouche. Tu sais quoi ? Laisse tomber, c’est pas important et t’as raison. C’est débile de t’en parler.

Parfaitement maitresse de mon langage corporel, je lui jetais un regard complice et le poussais du coude une nouvelle fois.

— Merci d’avoir essayé.

Pourtant, ses réponses auraient vraiment pu m’aider. Tant pis, je resterai dans l’ignorance et peut-être que je parlerai de tout ça à Lilibeth, même si elle me paraissait en savoir encore moins que Lyam. Ou peut-être à Lucy…
Le doute me prenait vraiment la tête, mais c’était sans importance. Ce n’était pas la première fois que ça arrivait, et de ma maigre expérience personnelle, je savais que ça passerait bientôt. Enfin, cela faisait quand même des mois que je galérais. Tant pis ! Laissons le temps au temps.
Dans une tentative de changer de sujet, je regardais ma montre et souris.

— Tu dois aller la chercher quand ?

En public, je ne signifiais pas de qui je parlais, au cas où l’information tomberait dans une oreille indiscrète. Je parlais évidemment de la petite de Lyam, que je n’avais vu qu’en photo jusque-là et que je ne cherchais jamais à rencontrer.
Protection. Encore. Toujours.
Surtout avec les gamins.




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Lyam Rosebury
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Jeu 18 Jan - 21:55

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Cette conversation avec Sody te faisait du bien. Tu avais l’impression de retrouver votre complicité. Pourquoi retrouver ? Il se trouve que vous ne l’aviez jamais perdue. Tu t’étais simplement éloigné à cause du fait que tu savais ce qu’elle avait fait et de quoi elle était en partie responsable… C’était cela qui avait créé un faussé, mais seulement de ton côté, elle n’en était même pas consciente. Et ne pas pouvoir lui parler franchement te pesais. Mais cela serait avouer tes propres faits et tu ne pouvais pas prendre un tel risque. Toutes ces pensées qui ne cessaient de le travailler depuis qu’il connaissait la vérité à propos de Kayla revenait le hanté rapidement à partir du moment où un semblant de silence commençait à se réinstaller entre toi et ta coéquipière. Et si le fait qu’elle reprenne la parole était bienvenu, en revanche, tu ne t’attendais pas à ce qu’elle te questionne à ce sujet. Ta surprise doit se lire sur ton visage et tu ne peux t’empêcher de la taquiner l’espace d’une seconde en lui demandant si c’était vraiment à toi qu’elle avait pensé pour y répondre. Néanmoins tu venais de lui promettre que si elle avait besoin de parler, tu ferais preuve d’autant d’ouverture d’esprit qu’elle en avait elle-même été capable quelques instants plus tôt et tu comptais bien tenir ta promesse. Afin de pouvoir au mieux lui répondre, tu commençais alors par lui demandais quels mots elle mettrait sur votre propre relation, te disant que ce serait plus simple de partir de cette base pour ensuite pouvoir lui montrer les différences. Patient, tu attendais en silence qu’elle prenne le temps de trouver ses mots. Alors qu’elle commençait à mettre des mots sur tout cela, tu hochais la tête afin qu’elle continue sur sa lancée. A sa question, elle t’arrachait un sourire.

« Oui, je crois bien qu’on peut dire que c’est une amitié. Après certaines peuvent être plus fortes d’autres moins, ça dépend des personnes. » Alors qu’elle avait fait déjà une bonne partie de l’analyse toute seule sans même avoir réellement besoin de ton aide, tu allais l’aiguiller pour la suite, mais elle te coupait l’herbe sous le pied te disant alors de laisser tomber et te rappelant au passage qu’elle n’avait pas grand monde dans son entourage, ce que tu savais bien d’ailleurs. Tu avais manqué de tact et tu t’en rendais compte, tu avais voulu la taquiner mais tu avais été beaucoup trop maladroit et avait mal choisi tes mots. « Excuse-moi, je ne voulais pas te blesser. J’ai juste été surpris, je suis sincèrement désolé. » T’empressais-tu donc de répondre inquiet d’avoir pu lui faire du mal involontairement. Afin de lui montrer que tu étais vraiment prêt à tout de même lui répondre, tu lui demandais si elle ressentait quelque chose de différent pour une autre personne. Question à laquelle elle répondit, avant de te dire de nouveau de laisser tomber et de te remercier d’avoir essayé… Mais tu refusais de laisser tomber de cette manière, elle t’avait fait confiance, elle avait cherché à se confier et tu voulais lui montrer qu’elle avait raison. Tu ne voulais pas qu’une prochaine fois elle ait peur de le faire à cause de cette conversation. Cherchant probablement à changer de sujet, elle te demanda ensuite quand est-ce que tu devais chercher Alice.

« J’ai encore un peu de temps. » Répondais-tu alors simplement en regardant un instant ta montre à ton poignet. « Lyllyah… » Commences-tu alors avant de tendre la main pour attraper le sien et la tourner doucement vers toi. « Ce n’était qu’une plaisanterie. Elle était très maladroite et encore une fois je suis désolé, vraiment. » Insistes-tu alors en plongeant ton regard dans le sien. « Mais je n’ai pas pensé une seule seconde que ta question était débile et si tu le veux toujours, j’aimerais vraiment t’aider. » Du moins, si tu en étais capable et ça c’était autre chose. Mais tu ne voulais pas la laisser dans ses questionnements sans au moins essayer. Lui relâchant le poignet, tu tentais alors de reprendre, te disant que si vraiment elle ne voulait plus répondre, tu n’insisterais pas plus, tu ne voulais pas la forcer non plus, ou la mettre mal à l’aise.

« Est-ce que tu veux bien m’expliquer en quoi c’était plus fort ? Ce que tu te poses comme question ? » Est-ce qu’elle avait eu des réactions physiques ? Comme son cœur qui se serait mis à battre plus vite ? Pouvais-tu poser ce genre de question ? Tu attendais déjà de voir si elle acceptait de répondre ou non et en fonction des réponses, si tu avais besoin d’en savoir plus ou si cela suffirait pour pouvoir l’aiguiller et lui fournir des réponses.


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Lyllyah Sody
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Mar 30 Jan - 11:39

Août 2021

Loin du monde vexée par la plaisanterie de Rosebury, bien qu’elle ne me fit pas rire, je haussais simplement les épaules pour lui montrer qu’il n’y avait pas mort d’homme. Depuis ma naissance, je me démerdais toute seule, et ce n’était pas à l’orphelinat qu’on m’a appris à poser des mots sur des émotions. Peut-être devrais-je voir au rayon enfant dans une bibliothèque ? Il devait bien y avoir un livre du genre « la couleur des émotions » ou je ne sais quelle connerie.
Malgré tout, je réfléchissais à ce que disait Rosebury. Les amitiés pouvaient être plus ou moins fortes… Ok, et à quel moment on sait quand c’est fort ou faible ? à quel moment on sait quand c’est au-delà de l’amitié, ou au contraire, quand s’en n’est plus ? Qu’est-ce qu’on doit ressentir physiquement ? Comment on doit penser ? Quels sont les enchaînements de pensées ? Et bordel, si je lui avouais que j’aimais bien (trop) passer du temps avec sa cousine, est-ce qu’il me retirerait les yeux avec des cuillères à melon ? Probablement.
En me basant sur la relation que j’avais avec lui, admettons que c’était mon talon, je devais à présent m’imaginer placer Lilibeth, Chelsea et Lucy sur ce tableau. Mmmh… Chelsea était au même niveau que lui. Donc sûrement qu’on était des amies aussi.
Lilibeth, c’était un peu plus fort, donc ce serait une amitié forte ?
Quant à Lucy…
Je fermais un instant les paupières sans parvenir à la placer correctement sur mon échelle mentale, du coup, pour me simplifier la vie, je plaçais Rasak et Kane. Bien en bas. Rasak plus bas que Kane cela dit… quoique… Rasak était un super bon élément. Chier.
Au contact de la main de Rosebury sur la mienne, je revenais à moi, tirée subitement de mes pensées. Je le fixais sans gêne et sans détour alors qu’il me proférait encore quelques excuses. Je lui souris en lui tapotant l’épaule.

— C’est rien je te dis ! Va pas faire des cauchemars pour ça, ce ne serait pas bon pour ton teint.

Cela dit, la sincérité que je voyais dans son attitude et qui transpirait dans sa voix me réchauffait un peu le cœur. Ah, ne venait-il pas de bouger sensiblement dans mon échelle mentale ? Il remontait peut-être de… un, ou deux crans ?
Est-ce que cela voulait dire que notre relation changeait ? Une préoccupation qui me fit froncer les sourcils.

— Je me pose plein de questions, tu sais… on m’a jamais appris tout ça et en tant que soldate surentraînée, je n’ai jamais pris le temps de m’arrêter pour penser à tout ça. Ça ne valait pas la peine et surtout, ça pouvait dépeindre sur le boulot. Ce qui est hors de question.

Un bon soldat bien conditionné par l’armée qui ne posait pas de question et qui s’exécutait. J’étais une machine, deux faces d’une même pièce. Je le savais, mais ça ne m’avait jamais dérangé jusqu’à mon arrivée à Londres. Je laissais passer une seconde, le temps de rassembler les mots éparpillés dans ma tête.

— Comment tu arrives à compartimenter le boulot, je veux dire, le sale boulot, et le reste ?

Nouvelle gorgée de café avant de reprendre.

— Qu’est-ce qu’on est censé ressentir quand l’amitié est comme la nôtre, quand elle devient plus forte ? à quel moment on sait si c’est plus que de l’amitié ?

Le mot « amour » était encore tabou à mes lèvres alors je le détournais. Je songeais à la question que Rosebury m’avait posée en essayant d’y répondre au mieux.

— J’ai connu quelqu’un, au début de l’année. On rigolait tout le temps, on s’envoyait tout le temps des messages. Son odeur me détendait, et tu sais à quel point c’est difficile pour moi de me détendre ! J’avais tout le temps envie d’être à ses côtés et… le mieux… le mieux c’était qu’en sa présence, je n’avais presque plus d’acouphène.

Je grommelais en enfonçant une main dans mes poches tandis que mes yeux fixèrent Radar, un peu plus loin devant, qui se déplaçait avec la grâce d’une danseuse. Tout en souplesse, en muscle et en rapidité, le chien s’ébattait, à l’aise, malgré le nombre de personnes qu’on croisait sur le trottoir.

— Mais notre relation a pris subitement fin et depuis… depuis c’est comme si j’avais un poignet cassé. Enfin, non, pas le poignet, le cœur. Quand je songe à elle, j’ai presque envie de chialer, ce qui est complètement con.

Une alchimie complètement illogique pour mon caractère si carré, si rangé, si ordonné.

— Ça fait mal, et j’avais jamais ressenti ça en Suisse. Londres a un effet super étrange sur moi et j’avoue, je n’aime pas ça, parce que du coup quand on est en mission, je me sens super perturbée par tout.

De là à douter de mes actions au Blood Circle, il y avait un monde. Mais je ne voulais pas que mon esprit professionnel soit pollué par le reste. Pourquoi, lorsque je terminais mon service, je me ruais sur mon téléphone pour voir si j’avais reçu un message de Lucy ou de Lilibeth ? Pourquoi l'image de la chevelure dansante de Lucy sous ses gestes énergiques faisaient palpiter mon cœur ?
Je soufflais bruyamment par le nez.

— J’ai la sensation d’être un putain de chien aux bottes de son maître et qui pourrait se bouffer une patte pour lui. Je déteste ça.

La mine boudeuse, je me renfrognais en prenant une nouvelle gorgée de café avant de jeter un œil à mon collègue et, apparemment, ami.

— C’est complètement con non ?




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Mar 19 Mar - 15:53

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Ta maladresse légendaire avec la gente féminine venait encore de frapper. Et tu t’en voulais pour les propos que tu venais de tenir, ce qui t’avais semblé être une plaisanterie, n’était en réalité pas vraiment drôle puisqu’en effet, Lyllyah n’avait que très peu de personne à qui elle pouvait se confier et tu en faisais partie. Tu souris un instant lorsqu’elle te dit que faire des cauchemars ne serait pas bon pour ton teint et te sentais reconnaissant qu’elle ne t’en veuille pas. Alors qu’elle reprenait la parole en t’expliquant qu’on ne lui avait jamais appris à discerner les relations et que ce n’était pas à l’armée qu’elle avait pu s’entrainer, ça tu voulais bien la croire, faut dire que normalement ce genre de chose s’apprend dès l’enfance.

« Pourtant, on a tous appris ces choses-là, tu as l’impression que cela a dépeint sur notre boulot ? » Demandes-tu afin de lui démontrer que l’un n’empêchait absolument pas l’autre. Venait d’ailleurs une autre question et tu fronçais un instant les sourcils, cherchant le meilleur exemple. « Tu arrives pourtant à compartimenter ce qui se passe lors de tes missions de ta vie personnelle non ? La preuve tu n’es pas la même quand tu es sur le terrain de quand tu es au repos. » Elle avait déjà appris à compartimenter les choses. C’était le même mode de fonctionnement. « Je ne sais comment tu fonctionnes. Mais pour moi c’est comme si les choses étaient rangés dans des tiroirs tu vois ? Et quand la mission est terminée, le tiroir se referme et j’en ouvre un autre. Je ne permets pas que les tiroirs s’ouvrent en même temps, sinon cela pourrai créer sans doute un énorme bordel… » Ce qui était plus ou moins en train d’arriver pour ce qui concernait la magie… Ton tiroir semblait défaillant… Alors que votre conversation continuait, elle en arrivait à te demander ce qu’on était censé ressentir lorsqu’une amitié devenait autre chose. Tu réfléchis encore une fois, parce que malheureusement, la réponse n’est pas si simple, ce n’est pas comme 1+1=2…

« Chaque être humain est différent. Alors peut-être que ce que je vais te dire va te parler, ou au contraire, cela ne va pas t’avancer du tout. Mais quand tu es avec cette personne, tu es différent de comment tu te sens habituellement. Tu peux avoir ton rythme cardiaque qui accélère juste à cause de sa présence, de sa proximité. Tu peux sentir des papillons dans le ventre. Tu peux changer totalement d’attitude. Genre moi par exemple, si une femme m’intéresse en général tu peux être certaine que je vais devenir encore plus timide et maladroit que ce n’est déjà le cas. » Ajoutes-tu en riant légèrement. « Certains se mettent sans le vouloir à rire et à parler plus fort afin d’attirer l’attention, c’est instinctif, ils n’ont aucun contrôle là-dessus, d’autres perdent tous leurs moyens. Ce sera peut-être encore différent pour toi, mais en règle général, il y a quand même quelque chose qui se passe. » A elle de voir si elle s’était déjà sentie différente à certains moments, cela tu ne pouvais pas le savoir pour elle. Voilà pourquoi tu lui demandais de t’expliquer ce qu’elle, elle avait ressenti afin de savoir si c’était différent ou non. Tu étais attentif, écoutant alors les détails qu’elle pouvait te donner. Cela avait l’air d’être un bon début, mais le fait qu’elle en parle au passé te faisait sentir qu’un « mais » devait se cacher derrière tout cela et il ne tardait pas à arriver. Sa réaction en revanche te faisait tout de suite comprendre que oui, cela avait sans doute été plus fort qu’une amitié. Quand elle se confie sur la douleur qu’elle a ressentie, cette dernière fait écho à la tienne que tu ressens en ce moment depuis ta rupture avec Kayla. Alors doucement ta main vient tapoter son épaule.

« Je suis désolé de te dire ça, mais tu as connu ta première peine de cœur. » Annonçais-tu alors avec compassion. « Quand on tombe amoureux, c’est beau, ça te donne des ailes, en revanche la chute est toute aussi dur. » Annonçais-tu alors pour qu’elle comprenne le revers de la médaille de cette délicieuse sensation. « Plus tu aimes et plus cela fait mal si cela se termine. » Sa comparaison t’arrache un sourire, effectivement, dit comme ça, ça sonnait beaucoup moins glamour d’un coup. Tu ris légèrement tandis qu’elle te demande si c’est complètement con. « Non, c’est humain je dirais. » Réponds-tu alors avec sincérité. « Tu te sens ainsi, mais sache que si ce que tu ressens est réciproque et bien, la personne en face de toi pourrait se bouffer la patte également pour toi. Si c’est réciproque, vous êtes chacun le maitre de l’autre, ce qui fait que vous vous retrouvez sur un pied d’égalité et cette sensation de rabaissement que tu ressens n’a pas lieu d’être. » Mais était-ce réciproque ? Si elle parlait de cette personne qui avait mis fin à leur relation, cela ne devait pas être le cas.

« Tu me parles toujours de cette personne en début d’année ? Où de quelqu’un d’autre ? Et si c’est quelqu’un d’autre, est-ce que tu sais ce que cette personne ressent pour toi ? » Te hasardais-tu pour voir si tu pouvais également l’aider de ce côté-là ou non. Pourrait-elle y voir plus clair avec tout ce que tu venais de lui dire ? Tu l’espérais sincèrement. Mais malheureusement, l’amour était une chose non prévisible et non calculée à l’avance, il n’y avait pas de règle et tout pouvait changer d’une relation à une autre…


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Mar 9 Avr - 16:26

Août 2021

Je pinçais les lèvres alors que je déambulais aux côtés de Rosebury. La situation, dans ma tête en tout cas, était compliquée et j’ignorais comment m’en sortir. Ce qui se passait dans mon corps m’était complètement étranger et je n’aimais pas ça, d’autant plus que mes actions au Blood Circle avaient fait un petit tapage que je ne soupçonnais pas. Je n’avais fait que mon boulot après tout. Cela me donnait l’impression que je ne connaissais pas tout du Blood Circle, et cela me dérangeait énormément. Comme si Rosebury dirigeait une lampe-torche dans un coin sombre que j’avais déjà repéré, mais que je me refusais d’explorer.
Faute professionnelle.

— Ça ne dépeint pas sur moi puisque je ne vis pas tout ça, mais je me dis que ça doit arriver aux autres. Genre toi et ta gosse. Je regardais mon gobelet de café. Et je ne veux pas que ça m’arrive à moi. J’ai envie de rester maitresse de mes moyens en toute circonstance. Ne pas avoir d’attache derrière, c’est la clé pour protéger les autres, tu vois ? Si je ne suis rien pour personne, alors les ennemis ne peuvent rien faire s’ils me capturent. Petit silence. Mais si je commence à m’attacher aux gens, je veux être au courant, parce que je peux devenir un danger pour eux du coup.

Je pris une grande gorgée de café puis jetait mon gobelet vide dans une poubelle au passage. Je songeais à ce qu’il m’avait dit concernant les compartiments.

— Oui, je sais compartimenter, mais encore une fois, n’est-ce pas mieux si on a le moins de tiroir possible ? En cas d’urgence ou de situation extrême, on peut en ouvrir deux, comme tu dis.

Mes intentions restaient toujours nobles et inébranlables depuis que Rosebury me connaissait : protéger mon prochain, protéger ceux qui ne peuvent pas le faire. Voilà pourquoi j’avais été une gamine turbulente à l’orphelinat et qui évitait les attaches, voilà pourquoi je me donnais corps et âme pour l’armée et voilà pourquoi j’avais rejoint le Blood Circle. Je ne ressentais aucune culpabilité à ce que j’avais subir à la sorcière dans le Blood Circle, parce que j’étais fondamentalement convaincue que c’était la chose à faire. Pour autant, Rosebury avait semé la graine du doute dans mes entrailles, déjà que mes repères devenaient défaillants avec Lilibeth et Lucy.
Les mains dans les poches, j’écoutais ses explications avec l’attention d’une enfant devant son histoire du soir. Je me reconnaissais un peu dans ce qu’il disait, notamment avec le rythme cardiaque, chose dont je faisais particulièrement attention à cause du boulot. Déformation professionnelle. L’image des papillons dans le ventre me fit froncer les sourcils et un désagréable frisson me parcourut l’échine. C’était quoi ces expressions mielleuses ?

— Je voudrais bien voir ça !

Me moquais-je doucement de lui en l’imaginant davantage timide et maladroit. Je ne connaissais pas ce côté de Rosebury, mais davantage le sérieux, le soldat, le droit, l’efficace et l’implacable. L’imaginer timide et maladroit ne collait pas à l’image que j’avais de lui. Pourtant, il avait raison sur ce point, nous étions complètement différents lorsque nous étions sur le terrain que lorsque nous étions en permission.
Alors, je réfléchis. Je me souvenais de ma manière d’être avec Moïra et maintenant avec Lucy. Avec Moïra, tout devenait électrique. Avec Lucy, tout se passait naturellement, de manière plus fluide. C’était peut-être moins passionnel, mais ça semblait… comment dire ? Plus réel ? Plus ancré. Quand Rosebury posa sa main sur mon épaule, je clignais des paupières puis lui sourit.

— Ah, ben, il faut une première fois à tout alors, comme on dit. Je ne pensais pas que ça m’arriverait un jour, tiens… C’est fou !

Comme s’il venait de lever le voile sur une scène que je ne comprenais pas jusqu’à maintenant, tout devint plus clair. J’avais été amoureuse. Amoureuse putain. Ce mot était si bizarre à penser que je n’arrivais pas encore à le formuler avec ma bouche. Je comprenais le parallèle du bien fait et de la douleur, ça me paraissait complètement évident maintenant que j’y songeais. J’avais vécu ma première peine de cœur…

— Wow, j’hallucine d’avoir vécu ça.

Je ricanais nerveusement en passant une main dans ma chevelure flamboyante avant d’y crisper mes doigts en entendant la question.

Ah !
Touché.
Coulé.
Un jeu MB.
Dira, dira pas ?
Do it !
Quand est-ce qu’on mange ?


Bordel, si je lui avouais que c’était Lucy, j’étais dans une merde noire. Il me fallait garder le truc encore un peu. Je me raclais la gorge.

— Euh… je parle d’une autre personne… et je ne sais pas ce qu’elle ressent pour moi, comment le saurai-je ? Je ne lui ai pas demandé. Je levais les yeux. Ça se demande ce genre de chose ?

Dubitative, je rabaissais ma main et sifflais Radar qui revint immédiatement à mes pieds tandis qu’une horde d’enfants venait contre nous. D’un geste de la main, le chien se faufila entre mes jambes et marcha à mon rythme. J’avais trop la flemme de le rattacher et ainsi, je savais qu’il n’avait d’yeux que pour moi. D’ailleurs, la truffe relevée, le chien me fixait comme s’il attendait la moindre réaction de ma part. Je toisais les enfants tout en réfléchissant.

— Tu crois que ça se peut qu’une relation commence plus calmement qu’une autre ? Genre la première était super passionnelle et la seconde commence d’abord par un genre d’amitié ? D’ailleurs, est-ce que l’amitié peut devenir de l’amour ?

Les enfants passés, je libérais Radar qui restait non loin. Je plissais les yeux.

— Quand je pense à elle, j’ai le rythme cardiaque qui accélère, je suis fan de son visage et de ses mains. Je ne crois pas que je perds mes moyens, mais en revanche j’ai tout le temps envie de la toucher. Elle est drôle, vive, on se ressemble pas mal… et j’ai envie de la protéger. Plus que les autres, tu vois ?

Oh, peut-être en avais-je déjà trop dit ?




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Mer 7 Aoû - 18:38

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Les relations humaines, ce n’était pas simple. Et étais-tu seulement le mieux placé pour lui apprendre tout cela ? Tu n’en étais pas certains. Tu pensais même le contraire. Pourtant tu essayais tout de même afin d’être à la hauteur de l’ami que tu disais être.

« Les relations peuvent être un frein. » Admettais-tu alors en hochant la tête. « Mais elles peuvent se révéler être un sacré moteur et te poussent bien plus loin que si tu n’as pas d’attache, c’est un peu à double tranchant mais ça peut faire de toi une personne entière et plus forte. » Expliquais-tu alors qu’elle te disait qu’avoir aucune attache aidait en cas de capture. Certes Alice pouvait représenter ta faiblesse tu ne le savais que trop bien, mais elle était aussi ta force et c’était pour elle que tu te battais jour après jour. Ça pouvait réellement t’aider si tu te retrouvais dans une mauvaise situation parce que tu donnerais tout pour t’en sortir, pour elle. « C’est une question d’habitude, mais si tu arrives à gérer 2 tiroirs, tu peux en gérer autant qu’il y en a. » Assures-tu alors à ta camarade, lorsqu’elle rebondit sur le fait de compartimenter son boulot avec sa vie privée. Si tu n’étais pas le mieux placé pour parler de relation humaine, les relations amoureuses c’était encore pire. C’était compliqué à expliquer puisqu’en plus personne ne détenait la clé et que cela dépendait d’une personne à une autre, tu essayais alors du mieux que tu pouvais en essayant de trouver des exemples entre ce que tu avais pu vivre toi, mais aussi ce que tu savais de ton entourage ou encore ce que tu avais pu entendre dans la vie de tous les jours. Evidemment elle ne perdait pas un instant pour te taquiner lorsque tu lui expliquais que quand tu étais en présence d’une femme qui te plait tu as tendance à perdre tous tes moyens.

« Et bien moi j’espère bien que non. » Répondais-tu tout aussi amusé qu’elle. Alors qu’elle te décrivait ce qu’elle avait ressentis avec cette personne, tu finissais alors par lui faire comprendre qu’elle avait dû tenir à cette personne bien plus que si cela avait été une amitié. Chose qu’elle n’avait pas du tout compris et qu’elle réalisait que maintenant. Sa réaction te déroutait un peu, mais elle avait l’air de plutôt bien le prendre. Essayant de comprendre où elle en était, tu finissais par demander s’il s’agissait de la même personne dont elle t’avait parlé, ou d’une autre afin de pouvoir peut-être un peu plus l’aider, tu ne t’y attendais pas, mais elle avait l’air un peu plus gênée soudainement. Un petit sourire en coin s’attardait alors sur tes lèvres. Tu souris un peu plus franchement quand elle demande si ça se faisait de demander ses sentiments à une autre personne.

« Alors oui. » Commençais-tu par dire. « Mais je dirais pas n’importe quand, tu vas pas arriver devant une personne, lui dire bonjour est-ce que tu m’aimes ? Ça risque de mettre la personne mal à l’aise et tu n’es pas certaine d’obtenir une réponse franche. » Expliquais-tu avant de reprendre la parole. « C’est à toi de sentir quand poser cette question. Il faut que tu sois prête mentalement à être rejetée au cas où ça ne le serait pas et que la conversation s’y prête. Tu peux aussi simplement te dévoiler, dire ce que tu ressens et alors la personne pourra te dire si c’est réciproque ou non. Après des fois c’est l’autre qui va se dévoiler avant. » Est-ce que tu utilisais les bons mots ? Etait-ce vraiment les meilleurs conseils ? Après avoir croisé une horde d’enfant Lyllyah reprenait la parole, te demandant alors si deux relations pouvaient commencer différemment.

« Bien sûr, aucune relation ne se ressemble en général même s’il peut y avoir des points communs. Et ça ne m’ai jamais arrivé mais oui une amitié peu se changer en histoire d’amour. » Pour ce que tu en savais, après encore une fois c’était une chose que tu n’avais pas expérimenté pour le coup. Alors que Sody se livrait sur ce qu’elle ressentait un autre sourire venait étirer tes traits, tu ne savais pas à quel point elle l’aimait, mais cette personne semblait compter pour elle en tout cas. « Encore une fois ce n’est pas une science exacte, mais cette personne à l’air de compter pour toi effectivement. » Tu avais envie de la taquiner sur ce fait, mais tu te retenais, tu ne voulais pas lui passer l’envie de se confier pour toujours, au contraire, tu voulais lui montrer qu’elle pouvait te faire confiance.

« Y vois-tu un peu plus clair ? » Demandais-tu afin de savoir si tes conseils avaient un peu porté leurs fruits. Tu coulais un regard vers ta montre, l’heure avançait, tu allais bientôt devoir aller chercher Alice.

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