Le choc passé, relevée avec l’aide de Lilibeth, je la remercie d’un sourire fébrile. Le tint pâle, j’étais prise de vertiges. Quand Harper arriva, je m’appuyais contre elle, soulagée. Après un instant de repos, sensible à l’étoffe que portait mon épouse et à son odeur d’épices, je retrouvais mes esprits et remarquais enfin l’état de Lilibeth.

— Est-ce que tout va bien ?

Elle était si pâle qu’on lui voyait presque au travers. En fait, toutes les deux on devait être les jumelles cadavériques ce soir.
Sans trop porter attention à l’échange entre Vassilev et mon épouse, j’observais les réactions des sorciers qui passaient à nos côtés pour retourner à leurs occupations. Si certains avaient des visages similaires aux miens, je voyais, dans l’ensemble, un certain enjouement. À moins que je ne me fasse des idées ? La population sorcière en avait-elle à ce point marre de la guerre qu’elle en venait à des issues aussi extrémistes pour en finir ? L’être humain était ainsi fait qu’il oubliait rapidement sa propre histoire, et les sorciers n’échappaient apparemment pas à la règle. Tous, ici, avaient oublié ce que Voldemort avait fait un peu plus de vingt ans plus tôt. Et ils donnaient aujourd’hui le plein pouvoir à cet Augurey pour… pour quoi ? Pour en finir avec le Blood Circle ?
Combien de membres du Blood Circle pensaient, comme certains de ces sorciers dupés, faire le bien en ignorant toutes les ignominies de son groupe ?
On ne fait pas d’omelette sans casser un œuf dira-t-on avec philosophie.
Tirée de mes pensées par un Vassilev qui me tendait sa carte, je la lui prenais machinalement dans un sourire poli.

— Merci, je n’y manquerai pas.

En fait, je doutais de le revoir un jour.
Ainsi, après avoir fourré sa carte dans la poche de mon vêtement un peu large, je levais la tête vers Harper.

— On rentre ? J’ai une envie folle de poulet rôti.

Augurey. Poulet. Ça rime.
Direction la cheminée.
Je me tournais vers Lilibeth.

— Vous voudriez vous joindre à nous ?

Plus on est de fous, moins il y a de riz.

Résumé :
✘ Abigail retrouve lentement ses esprits.
✘ Elle s'inquiète pour @Lilibeth S. Barjow et remercie @Atanas Vassilev
✘ Elle a grave envie de manger un gros poulet, genre, un augurey.

La sidération. Pour la première fois de ma vie entière, j’étais sans voix. Je ne savais plus quoi dire, ni comment réagir. La démocratie venait de mourir et nous ne pouvions rien faire pour l’en empêcher. Déjà que celle-ci était fragilisée… Depuis la mort d’Harry Potter l’an passé, depuis la révélation que Tinkson était en réalité un Mangemort, tout était devenue flou. L’essence même de ce que j’étais, la manière dont j’avais décidé de vivre venait d’être balayée par un vote unanime de la part des sorciers. Enfin unanime… J’en doutais sérieusement. Je remettais même en cause la légitimité du vote. La communauté magique craignait-elle tant que cela les moldus ? Qu’on haïsse le Blood Circle, je pouvais l’entendre mais je savais mieux que quiconque que tout n’était pas toujours tout noir ou tout blanc. Lyam en était un exemple et je pouvais presque affirmer sans me tromper qu’il en était de même pour Doryan. Et pourtant, ils faisaient tous les deux parties de cette organisation ; par crainte, par peur, par conviction ? Je savais qu’ils avaient vécu des atrocités et que certains sorciers leur avaient fait traverser des horreurs mais était-ce une raison pour condamner tous les autres ? Moi-même, j’avais survécu à un enlèvement et une séquestration de la part de mes gêoliers et je n’arrivais même pas à détester les moldus. Les haïr, c’était aussi réfuter la moitié de ma famille, de mes amis et effacer l’amour qui me liait à Lyam. Même si notre relation était des plus compliquées et extrêmement précaire, mes sentiments, eux, demeuraient inchangés.

Alors cette décision du peuple sorcier, je ne la comprenais pas. Ma bouche était sèche, mes mains tremblaient tandis que je me forçais à serrer les poings pour éviter de sombrer. Je restai là pendant plusieurs minutes, le temps s’écoulant sans que je ne sache bien quoi faire. Jusqu’à ce que les sorciers responsables de l’organisation nous intiment de nous bouger. Se tournant vers Soledad et Théo, le visage grave, j’affirmai : « Je… J’ai besoin d’un moment. » Un moment pour encaisser, pour pleurer, pour se morfondre ?

Voyant Aodhan et Alcyone s’éloigner, je compris. J’avais besoin d’un moment pour me saouler. Je fis signe à Eirian de me suivre s’il en avait envie, même si le Serdaigle n’était pas le meilleur des partenaires pour picoler. « Alcy, Dhan, attendez ! » Je soupirai avant de déclarer : « Je crois que j’ai besoin d’un putain de remontant. Qui est partant ? » Les deux jeunes gens n’étaient pas les derniers pour s’alcooliser et qui sait… Demain, tout allait être différent. Mieux valait profiter de l’instant présent avant que tout vole en éclat. Mais peut-être était-ce déjà le cas ?

Citation :

- Kayla pense à tout ce que ce vote va changer et elle ne comprend pas les sorciers
- Elle a besoin de se changer les idées
- Elle rejoint  @Alcyone Greengrass et  @Aodhan O'Brian pour aller picoler un coup ou dix milles avec eux

Les applaudissements des sorciers face au verdict te donnent la nausée. Sans sourciller, ils viennent de se vendre à celle qui jette de l’huile sur le feu de la guerre. Il n’y a aucun moyen que la situation s’arrange dans les prochaines semaines ni les prochains mois, bien au contraire, entre cela, l’Ordre mis au ban de la société – et tu te doutes que ça ne va pas s’arrêter là, maintenant que l’Augurey a un boulevard, non, une avenue voire une autoroute pour achever ce qu’il en reste et fermer définitivement la porte à un monde où sorciers et moldus cohabiteraient. La colère, la déception, la trahison, l’impuissance se mêlent et bouillonnent en toi. C’est un échec, un terrible échec – un échec qui n’est pas une surprise, même si tu espérais malgré tout un sursaut des sorciers. Mais ce n’est qu’une preuve supplémentaire que tu n’appartiendras jamais vraiment à ce moment, comme tu n’auras jamais ta place dans celui des moldus, toujours coincé entre les deux, trop ceci, pas assez cela.
Et si tu te penches sur ton cas personnel, tu sens déjà que l’avenir ne s’annonce pas plus riant pour toi. Avec une telle mainmise sur le monde sorcier, sur le Ministère, que va-t-il se passer pour les nés-moldus et les moldus ayant rejoint l’Ordre ? Pour toi qui voulais devenir Auror pour traquer les mêmes mages noirs qui viennent de se hisser au sommet de la société sorcière presque sans coup férir ? Il est hors de question que tu travailles sous leurs ordres, sous ceux de l’Augurey.
Une nouvelle fois, tu vois ta vie, ce que tu t’efforçais de construire s’effondrer devant toi. C’est peut-être une vision dramatique alors que le vote se conclut tout juste, mais tu en as trop l’habitude pour te nourrir encore d’illusions. Une nouvelle fois, il va falloir te battre, avec encore plus d’énergie qu’avant. C’est au moins quelque chose que tu sais faire, qu’on ne t’enlèvera pas.
Te battre et rester en vie, c’est à peu près tout ce que tu sais faire depuis tes sept ans et même si ce n’est pas aussi glorieux que tu aurais aimé, au moins, tu es toujours là. Et tu comptes bien le rester encore un moment.
Les sorciers commencent à quitter les lieux, Kayla parle de rejoindre Aodhan et la sœur de Théo pour picoler. Tu n’as aucune envie de te retrouver face à quelqu’un qui vient de voter en faveur des Mangemorts ni quelqu’un dont tu ignores tout. Kayla est la seule à qui tu fasses confiance, mais tu ne peux pas la suivre, la moindre allusion à ce qui vient de se passer risque de te faire prononcer des paroles que tu regretterais si elles étaient rapportées et d’ici à ce que tu touches une goutte d’alcool de toute façon…

— On se retrouvera à Poudlard, tu lui dis.

Tu salues rapidement Théo et les autres avant de partir de ton côté, décidé à ne pas t'attarder.

Blablabla. Harper écouta le jeune Vassilev débiter sa pique ampoulée en restant totalement muette (si si !). Tout le monde n’avait pas son sens aigu du sarcasme, et tout à son numéro toute à l’heure, elle ignorait à quel point Atanas n’était qu’un parmi tant d'autres à s’être mépris sur ses intentions. A l’évidence, seuls ceux qui la connaissait vraiment comprirent son intervention. Tant pis pour les autres. Chacun jouait les cartes qu’ils possédaient et Harper avait en main celle du culot. Risquée mais rare.
Quoiqu’il en soit, elle n’était plus d’humeur à batailler, pas après une si mémorable défaite. En termes de défaite, elle n’était pas au bout de ses peines, ni de ses surprises. L’heure était au départ, et quand Vassilev s’éloigna après une minutieuse distribution de sa carte de visite, Harper lui tira traîtreusement la langue et son épouse suggéra une poulet rôti party. Excellente idée.
La petite sœur de Rory accepta la proposition, et Harper pensa qu’au vu de sa gueule blafarde, ce n’était pas seulement du poulet rôti dont elle avait besoin.
Les trois femmes se dirigeaient de conserve vers une cheminée. Peu à peu, l’espace se vidait de sa foule, tantôt par les divers ascenseurs grimpant vers les rues Londonienne, aussi par cheminette.
Avant de saisir une poignée de poudre, Harper embrassa du regard le lieu qu’elles quittaient. Elle ne se doutait pas du hibou qu’elle recevrait bientôt, bien que cette finalité était d’une inconditionnelle logique.
Elle ne se doutait pas non plus qu’une fois arrivée sur leur douillette mais humide île de Soay, elle serait appelée à quelques affaires urgentes comme cacher ce qu’elle possédait de plus illégale dans son petit sous-marin autonome voguant dans la mer.
– Soay, prononça-t-elle distinctement.
Dans un jet de flammes vertes, Harper disparu.


Résumé :
✘ Tire la langue à @Atanas Vassilev
✘ Disparaît par cheminette en compagnie  d'@Abigail Macfusty et Lilibeth vers Soay.

Je dois me tenir le plus loin possible des sorciers et m’exiler totalement chez les moldus, se répéta-t-elle.
Ce fut Atanas Vassilev qui l’extirpa de sa torpeur. Lilibeth papillonna des cils pour rejoindre la réalité en surface. Elle n’avait pas entendu sa remarque à l’adresse de l’épouse Macfusty et attrapait docilement la carte de visite que l’homme lui tendait. Sa carte d’Aurore. Elle lu la carte sans vraiment la voir puis s’aperçut qu’elle était outrageusement impolie. Elle se ressaisit une bonne fois pour toute.
– Quelle délicate attention, je vous remercie, Monsieur Vassilev. Je n’y manquerai pas.
Oh que non.
Et Atanas les quitta.
Tout aussi docilement, elle se laissa entraîner par le couple qu’elle accompagnait vers les cheminées dans l’intention de quitter les lieux. Abigail fut prise d’une irrésistible envie de poulet rôti et lui proposa, pour son plus grand étonnement et ravissement, de se joindre à elles.
- Volontier, dit-elle avec reconnaissance, bien que suivre deux parfaites inconnues, aussi proche de son frère qui plus était, l’impressionnait grandement.
En vérité, elle se sentait patraque bien qu’elle ménageait ses efforts pour dissimuler son trouble. Ses jambes flageolaient comme un flan manquant cruellement de cuisson, prêt à s’effondrer à tout moment. Ses mains ne réclamaient qu’une seule chose : s’adonner librement aux tremblements avec entrain et sans ménagement. Pour peu, elle se serait jetée dans un ballotin de chocolat après avoir demandé à un sorcier de l’agrandir à taille humaine.
Le poulet rôti, le gras de sa peau et de son huile, ce n’était pas meilleur pour la ligne, mais Lilibeth se refusait de décliner pareille offre alors qu’en cet instant elle avait tant besoin de compagnie. La compagnie ou la ligne, il fallait choisir. Et l’idée de faire connaissance, enfin ! avec les amies de son frère la séduisait grandement. Aussi se laissa-t-elle entraîner à prendre la poudre de cheminette et prononcer, à la suite des deux épouses :
– Soay.

Résumé :
✘ Lilibeth remercie et salut @Atanas Vassilev.
✘ Suit @Abigail Macfusty et Harper à Soay.