La magie. La Cabale. La famille. L’amour. Le pouvoir. La conscience. Quoi qu’on fasse, où qu’on aille, quelque chose tente toujours de vous contrôler, de vous posséder. D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Tyler a toujours observé toutes ces choses à distance. Allaient-elles le mener vers quelque chose de meilleur ? Avant même qu’on lui offre sa première baguette, il redoutait de n’être qu’un pion, d’être dévoré par des notions qu’il savait ne pas comprendre. Alors son but premier, avant toute autre chose, fut de savoir et de ne rien considérer comme acquis.
Les enfants de la Cabale
Naître dans la Cabale n’est pas si effrayant que cela peut sembler. Si les Blacklands sont très hiérarchisés, les puissants prennent grands soin de leur adeptes et les miettes sont des repas de roi. Chacun mange à sa faim et bénéficie d'une vie longue éloignée de la plupart des maladies moldues.
Tyler est né second. Cela détermina sa relation avec son père, son entourage et toute la Cabale. Car le premier est l’héritier, le pilier de l’avenir de la communauté. Lorsque la magie s'éveilla en Tyler, il senti que ce fluide indescriptible n’était pas à lui. Il ne faisait que ressentir la magie du monde qui s’était insinuée dans son corps, celle qui résidait dans l’air, le sol, les plantes et les animaux. Elle n’était en rien sa possession. Sa façon de concevoir et d’appréhender la magie avait toujours surpris ses précepteurs des Blacklands mais comme cela n’allait pas en contradiction avec la foi, on ne l’obligea pas à suivre un autre chemin.
Crow était de neuf ans son aîné et cristallisait toutes les attentes de son père et du fait, les qualités et performances de Tyler passaient largement inaperçues, quand bien même ses résultats furent excellents. Si Cornelian n’ignorait pas son cadet, il semblait éprouver le besoin de le rabaisser et de le rabrouer alors que Crow était sans cesse porté aux nues. Tyler comprenait l’importance de son aîné au sein de la communauté, bien supérieure à la sienne, mais cela ne justifiait pas l’attitude de son père envers lui. Cela le blessa et le tourmenta, jusqu’au jour où le garçon, encore jeune, tira un trait sur le vain espoir d’obtenir un jour l’amour de son père. Il devait avancer. Après tout, l’amour et la fierté qu’il lisait dans les yeux de Crow lui suffisaient. Ce dernier était un homme incroyable. Tyler avait toujours été admiratif de sa personnalité et de sa force, certain que cet homme était insubmersible. Dès sa naissance, il avait été pressenti pour devenir le plus fort des Veilleurs, une personnalité combative implacable empreinte de courage et de puissance. Crow n’avait qu’une seule passion en dehors de la Cabale : la boxe. Il avait remporté plusieurs championnats de boxe sorcière à travers le pays, alimentant la fascination de son petit frère pour lui. Ces deux-là étaient pourtant très différents. Si Crow était une rivière agitée au courant piégeux, pleine d’écueils mortels, Tyler, lui, était un fleuve aux eaux calmes qui cachaient une force pleine de détermination que bien peu soupçonnaient -ou bien dont tous se fichaient. Mais cela n’avait pas échappé à Crow. “
Ca te dit que je t'apprenne la boxe Misunka -petit frère- ? On va mettre un peu de muscles dans ces petits bras. Je sens que t’es plus coriace que t’en as l’air…” Jamais Tyler n'avait osé imaginer pouvoir passer ce temps avec l’Héritier du Veilleur Mason et qu’il nourrisse de telles considérations pour lui le troubla avant de l’envahir de chaleur. Cette proposition avait enchanté l’enfant d’à peine sept ans. Il allait pouvoir passer des moments privilégiés avec son héros et cela n’avait pas de prix.
De sa mère, il ne garde que peu de souvenirs. Anaba mourut lorsqu’il était encore enfant. Cette sorcière de sang pur était issue d’une puissante tribu Sioux sorcière avec laquelle Cornelian, son père, avait décidé de se lier pour enrichir le sang des Mason. Cet homme était terrifié à l’idée que sa future épouse donne naissance à un enfant difforme ou un Cracmol, comme sa propre mère l’avait fait par le passé et dont l’histoire avait été savamment étouffée.
Les concepts de la Cabale lui parurent si merveilleux dans les premiers temps de sa vie. Les Non-Maj devaient être protégés et guidés vers la Lumière, vers la magie et par les sorciers. Comment ne pas y adhérer ? Ses yeux s’émerveillaient lorsque ses aînés usaient de leur baguette, faisant naître le mouvement et la vie dans ce qui était censé être inanimé et ennuyant, créant de la lumière dans l’obscurité la plus absolue, soignant les blessés avec une efficacité exceptionnelle, permettant même à un enfant comme lui de parler avec des créatures fascinantes comme les fourmis ou les abeilles.
Bien qu’il fût élevé dans un dogme strict, il apprit très vite à garder ses pensées réelles et profondes pour lui. Ceux qui parlaient trop n’étaient jamais récompensés pour cela, bien au contraire. Si son enfance fut une débâcle de questions qu’il asséna à ses précepteurs, il se rendit compte que toutes n’étaient pas bonnes à poser. Il tenta alors de trouver les réponses par lui-même et il mit parfois plusieurs années avant de trouver aux problèmes leur solution. Mais il était minutieux, lucide, tenace et patient. Il n’était aucun nœud qu’il ne pouvait dénouer.
La Cabale l’instruisit donc depuis son plus jeune âge sur le fonctionnement de la magie et la façon d’y faire appel mais ces hommes ne furent pas ses seuls instructeurs. Même si les femmes étaient peu invitées à prendre ce genre de prérogatives, Anaba, sa mère, tint à transmettre les traditions de son peuple à ses fils. Ils devaient trouver leur Heyoka : leur bête intérieure, puis revêtir leur forme. Dans le monde magique traditionnel, on parle d’Animagus. Sa mort prématurée ne fut pas un frein à leur apprentissage. Cornelian respecta la tradition de sa belle famille et s’arrangea pour que ses fils suivent cet enseignement traditionnel. Ce fut l’événement lorsque Crow, à l’aube de ses vingt années -Tyler n'en avait que onze- , se changea enfin, révélant ainsi aux yeux du monde son animal totem :
Sakehanska, un Grizzli monumental. Ce jour était à jamais gravé dans la mémoire de Tyler. Sa transformation, sublime et émouvante, avait provoqué une vague de panique aux Blacklands qui avaient vu un ours énorme débouler en pleine rue. Jamais le jeune garçon ne se souvenait avoir autant ri.
Mais les années émoussèrent son innocence. Chaque jour, des éléments l’interpelaient, des mots, des regards et surtout des comportements. Il se rendit compte que la place des Non-Maj au sein de la Cabale n’était peut-être pas aussi enviable qu’on voulait bien lui laisser croire. Mais pourquoi restaient-ils s’il n’étaient pas heureux ? Si certains étaient nés dans les Blacklands, d’autres étaient venus de leur plein gré alors pourquoi tout cela semblait ne pas faire sens dans son esprit… ?
Des années durant, son frère l’entraîna d’une main de fer, poussant le jeune homme à participer à des tournois de boxe sorcière. Il voulait le voir vaincre. Il voulait le voir porter des médailles, soulever des trophées, comme lui savait si bien le faire. Crow semblait ignorer que Tyler n’aimait pas se battre. Pourtant ce dernier le suivait quoi qu’il lui en coûte et relevait tous les défis qui lui étaient imposés. C’était un prix qu’il était prêt à payer. Les années levèrent cependant le voile sur son frère qu’il portait aux nues alors que lui-même gagnait en assurance et en finesse d’esprit. Tyler se rendit compte qu’ils n’avaient pas le même point de vue sur de nombreux sujets, pour ne pas dire tous. Cela n'entacha pas l’attachement qu’il avait pour lui et malgré tout, l’admiration qu’il nourrissait à son égard en souffrit. Son attitude plus que limite avec les fidèles, sa façon de traiter les femmes, son attrait pour la violence, ses allusions déplacées, ses avis souvent tranchés sur l’avenir de la Cabale et son éventuel développement… Crow était un pur produit des Blacklands et à son sens, il manquait de perspective et de vision.
Comme tout sorcier américain, Tyler entra à l’école de magie, dans la plus grande du pays : Ilvermorny. C’était là que les membres de la Cabale allaient depuis toujours. Étrangement, c’était l’une des plus ouvertes, une des moins élitistes du pays, bien loin des enseignements qu’il reçut depuis sa naissance. Il comprit plus tard que c’était pour eux l’occasion de nouer des liens, d’attirer de nouvelles familles sorcières en leur sein et cela fonctionnait ainsi depuis des siècles. La Cabale était une véritable institution. Son influence était semblable à un arbre aux racines profondes et partaient du plus modeste commerçant, passant par le fonctionnaire moyen pour s’étendre jusqu’aux cimes les plus hautes du gouvernement magique. Il fallait dire que les membres de cette organisation secrète bénéficiaient de moyens financiers considérables et possédaient une influence tentaculaire terrifiante. Tyler était considéré comme un sorcier d’une famille riche et puissante autour de laquelle d’étranges mais vagues rumeurs s’élevaient. Ils étaient tous tellement loin de la vérité… mais c’était mieux ainsi.
Le garçon apprécia son séjour dans cette école. Il y apprenait des choses nouvelles qu’il appréhendait sous un angle encore inédit. Là-bas, ils recevaient des nouvelles du monde et suivait avec passion les aventures qui se déroulaient de l’autre côté de l’Atlantique avec un certain Harry Potter contre Lord Voldemort. Tout le captivait et ses résultats témoignaient de son intérêt et de sa motivation. Ilvermorny fut pour lui un passage déterminant dans sa construction. Là-bas, il aurait pu le jurer, tout était possible.
L'Autre
L’intérêt qu’il portait aux filles et aux sentiments amoureux en général était très limité. Toute son attention était davantage dirigée vers sa soif d’apprendre. Malgré cela, c’est vers l’adolescence qu’il ressentit cet élan, cette force puissante et indescriptible le gagner. Callisto Reyes est une née-non-maj que la Cabale avait recueillie des années plus tôt avec sa famille. C’était difficile à expliquer, mais dès qu’il avait posé les yeux sur elle, il lui avait semblé percevoir une lueur émaner de son être. Malgré l’envie de l’approcher, sa nature réservée le poussa à demeurer à bonne distance. Il était fils de Veilleur et bien que cela n’eut pas d’importance à ses yeux, le monde dans lequel ils évoluaient était bien différent pour l’un comme pour l’autre.
Tout changea lorsque la petite cubaine déclara ses pouvoirs, changeant ainsi sa destinée au sein de la communauté, gagnant sa place à Ilvermorny. Il se demanda comment la jeune fille vivait ce changement soudain, ce choc social. Ses proches semblaient plus que ravis. Ils voyaient là un signe indiscutable de la véracité des mots de la Cabale.
Les Veilleurs avaient décidé qu’elle vivrait et développerait sa nature sorcière, mais pas lâchée dans la nature, en proie aux voix dissonantes du monde extérieur. C’est là qu’on confia une mission au jeune sorcier. Lorsqu’un né-non-maj accède à la magie, il est accompagné dans le monde par un guide, un protecteur et c’était un honneur d’être choisi pour cela. Tyler voyait ça davantage comme de l’espionnage et il n’y avait rien d'honorable là-dedans. Le garçon savait que l’organisation devait surtout s’assurer qu’elle resterait dans le rang et au moindre signe d’alerte, ils auraient agi et plus jamais la jeune fille n’aurait plus mis un pied dans cette école. Il n’apprécia pas cet ordre mais il préférait être celui à qui il fut donné. Comme un appel du destin, tous deux se retrouvèrent dans la Maison des érudits, celle du Serpent Cornu et ils se rapprochèrent.
Les jours, les mois, les années les firent tous deux changer, à de nombreux égards. Tyler devint un jeune homme patient, cérébral, discret mais sûr de lui qui avait tendance à éviter les ennuis et faisait preuve de sagesse et de tempérance. Il n’en était pas moins courageux et opiniâtre. L’affrontement physique ne lui faisait pas peur et s’il n’avait pas le choix alors jouer des poings était une solution acceptable. Callisto changeait elle aussi, devenant de plus en plus attirante et pas uniquement à ses yeux. Qu’on la hèle ou qu’on la touche instillait en lui un sentiment particulièrement désagréable auquel il n’était pas habitué : la colère. Il mit très vite fin au petit jeu des sorciers de la communauté en les informant qu’elle était pour lui. Si ce n’était son statut de fils de Veilleur, ses aptitudes au combat en faisaient un adversaire à ne surtout pas sous-estimer. Ainsi, chacun savait dès lors à quoi s’attendre. Il n’aimait pas cette méthode. Callisto n’était pas un objet, mais les mœurs des Blacklands étant ce qu’elles sont, l’appropriation était la seule solution.
Finalement, elle finit par lui appartenir, d’une certaine manière. Personne dans la Cabale ne lui fit de remarque. Personne ne semblait y porter attention. Tant que Callisto restait dans le rang, les deux adolescents bénéficiaient d’une certaine liberté qui était malgré tout appelée à disparaître.
L’ascension et son prix
Tyler avait des ambitions. Même s’il n’en parlait jamais à personne, le jeune homme ne comptait pas vivre toute son existence dans cette situation, accroché à la communauté et rêvait d’indépendance -Ilvermorny avait là-dedans sa part de responsabilité. Au sein de la Cabale, il était important et personne à la fois. La cage qui le retenait devint vite trop étriquée, ne pouvant bientôt plus contenir sa frustration croissante. Il ne comptait pas se contenter de rester sagement à sa place, or, c’était exactement ce qu’on attendait de lui. Du fait, et ce depuis des années, il réfléchissait en secret à l’aboutissement de ses plans et aux différentes façons d’y parvenir… et surtout d’y survivre.
Mais le destin mit un coup d’arrêt à ses projets. Crow mourut. Les Veilleurs annoncèrent la triste nouvelle en présentant la Ligue des Fidèles de Salem -rattachée au Blood Circle depuis lors- comme le coupable de cet acte odieux. La communauté, touchée en plein cœur, souffrit de cette perte mais pour Tyler, c’était comme si le sol venait de s’ouvrir sous ses pieds car une partie de lui venait de disparaître. La douleur le fit chavirer dans un abîme d’où il manqua de ne jamais sortir.
Tyler fut alors propulsé dans la lumière. Même son père le regardait et lui parlait, comme si les choses avaient toujours été ainsi. La communauté se mit à agir avec lui comme ils l’avaient toujours fait avec son frère. Son corps n’était pas encore froid qu’ils le remplaçaient déjà et il les haït pour cela.
Devenu dès lors l’un des trois Héritiers, son quotidien était devenu bien différent. À présent, on attendait beaucoup de choses de lui et le moindre de ses gestes était étudié et jugé. On lui fit comprendre que sa relation avec Callisto devait rester secondaire, comme tous ses projets quels qu’ils furent, et que la vie de la communauté était sa priorité, son devoir, son unique vision. Il lui fallut plusieurs jours pour se libérer de l’impression que le désespoir allait l’étouffer comme un bout de pomme coincé dans sa gorge et pour faire à nouveau refonctionner ses neurones. Il ne voulait pas abandonner ses rêves alors il se décida : il donnerait à l’organisation ce dont elle avait besoin, il la rendrait forte et tenterait de son côté de tirer son épingle du jeu. Finalement, ses plans initiaux n’étaient pas tant compromis, ils venaient juste d’évoluer.
La fin de sa scolarité à Ilvermorny fut difficile. Ce lieu qu’il aimait tant semblait avoir perdu ses couleurs et le bonheur qu’il lui inspirait. Call avait tenté de le consoler, de le soutenir et une part de lui avait ardemment souhaité lui parler mais pour l’aboutissement de son plan, Callisto devait tout ignorer. Il abandonna Callisto pour sortir avec une sang-pur populaire pour qui il n’éprouvait rien mais qui laissait à penser que la née-non-maj n’avait pour lui, pas d’importance.
Difficile de garder la tête froide quand tout le monde autour de vous vous adule, vous suit, espère capter votre regard et vous offre ce que vous n’avez jamais demandé. Il comprenait mieux pourquoi Crow était devenu tel qu’il était. Tyler avait beau avoir la tête bien ancrée sur les épaules, il n’était pas à l’abri de tomber dans les bras tendus du complexe de supériorité.
Finalement, la boxe devint finalement une part importante de sa vie. Il avait ce besoin vital d’extérioriser la violence, chose qui l’empêchait de garder les idées claires. C’était là aussi un moyen de rester proche de Crow. A chaque coup qu’il donnait, il avait l’impression d’entendre sa voix, de voir son sourire et cela lui donnait l’impression de ne pas devenir fou car les machinations qu’il envisageait l’empêchaient souvent de trouver le sommeil.
Il n’avait pas non plus oublié sa mère et la tradition familiale : il devait trouver sa bête intérieure, comme son frère l’avait fait avant lui et il s'y exerçait sans relâche sous l'œil soudain compréhensif et patient de son paternel. Lorsqu'un beau jour son corps se replia sur lui-même et prit des attraits plus sombres et sauvages, la sensation qu'il en ressentit était indescriptible, comme s'il recouvrait une infime part de lui-même et il aurait juré entendre la voix de sa mère s'éveiller du fond de sa mémoire. Il fut d'abord surpris de sa nouvelle apparence. Ses bras s'étaient changés en ailes et son corps paré de milliers de sublimes plumes d'un noir brillant aux légers reflets irisés bleutés. Ainsi son Heyoka était
Kangi, un corbeau. Son cœur se serra en même temps qu'il exultait. Si cet animal était souvent mauvais présage, dans la plupart des tribus amérindiennes, il était considéré comme étant sacré, celui qui créa la lumière, le feu et l’eau. Il aima à penser que cela aurait plu à sa mère et à son frère.
Le nouvel Héritier se plongea corps et âme dans les affaires de la Cabale. Pour elle, il avait de grands projets et notamment l’extension de la production de leur Whisky au-delà de leurs frontières mais son plan ne s’arrêtait pas là. Il travailla sur de nombreux projets d’investissement à l’étranger dans de nombreux domaines très différents. Les aînés furent difficiles à convaincre. La Cabale était très ancrée sur le sol américain et n’avait jamais réellement travaillé à s’étendre géographiquement. Mais Tyler avait bien préparé son approche et finit par les convaincre. Il devint leur représentant à l’étranger et celui qui concluait les accords. Les succès de ses entreprises alimentèrent son prestige et la reconnaissance de la Cabale. Bref, tous ses plans se déroulaient sans accroc.
Sa relation avec Callisto était bien différente de celle de leur jeunesse. La cubaine avait tenté de s’échapper des Blacklands et avait été sévèrement punie par les non-maj de la communauté. L’Héritier avait pansé ses plaies mais la jeune femme semblait s’éloigner, irrésistiblement de lui. Comment lui en vouloir… Il s’était refermé, persuadé que lui parler les détruirait mais le silence avait un prix. Au moins elle était près de lui et si ce n’était pas tout ce qui comptait, pour l’instant, il s’en contentait.
L’épisode avec Lark, le fils héritier du Veilleur Ravenclaw, lui montra les limites du contrôle qu’il avait sur lui-même. Il était loin, celui qui ne voulait pas se battre. Il réalisa aussi que quoi qu’il fasse, Call ne serait jamais en sécurité au sein des Blacklands. Tout cela ne pouvait continuer. Il ferma les yeux sur l’argent que la cubaine gagnait en secret et agissait comme si de rien n’était. Ses séjours à l’étranger se firent de plus en plus nombreux et leur durée s’allongea. France, Royaume-Uni, Allemagne, mais également Chine, Singapour, Japon… Aucune frontière ne semblait pouvoir contenir ses ambitions, pour le plus grand bonheur de la Cabale qui ne pouvait que constater que la stratégie de développement qu’il avait mis en place fonctionnait à merveille.
Il était étrange de constater comme les choses avaient changé. Aujourd’hui, Tyler était écouté, suivi et admiré. Jamais il n’avait manqué de respect à un Fidèle ou à un simple initié et il était adoré par la communauté et apprécié pour ses précieux conseils. Mais le monde n’était plus le même. Le secret magique était tombé et il vit l’incertitude et même de la peur dans les yeux de ses pairs. Le souvenir douloureux de la Ligue des Fidèles de Salem était encore vivace dans tous les esprits. Leur sécurité était compromise et l’ambiance aux Blacklands changea.
Un beau matin, il avait ouvert les yeux et constaté que Callisto Reyes n’était plus à ses côtés et avait fui avec sa sœur Cassiopé. Tyler avait su amadouer le Conseil et faire éviter les chasseurs de tête à la jeune femme, garantissant son contrôle et annonçant qu’il se déplacerait personnellement pour, d’une part, s’occuper de son cas, mais également pour gérer la filière européenne de la société. Par chance, cela lui avait été accordé.
Cela fait maintenant un an qu’il est domicilié au cœur de Londres, dans l’épicentre du monde des affaires. S’il ne prend pas part à la guerre, elle le touche, comme tout le monde. C’est un mécène discret qui sait se montrer généreux avec les lieux de culture, les écoles et les hôpitaux. Des dépenses parfaitement justifiables auprès de la Cabale puisqu'elles servent à asseoir le nom de la société, élargir son cercle de connaissance et assurer son influence grandissante sur le territoire.
Sa mission ayant abouti, il peut d'ores et déjà se projeter davantage et se préparer à entrer véritablement dans la lumière.