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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Les insortables [Lucabi] :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Abigail MacFusty
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Lun 27 Mar - 21:27

Même pas honte


Septembre 2021

Guillerette, je chantonnais en m’attachant les cheveux devant le miroir, puis en les détachant. Le sourire aux lèvres, je secouais ma crinière qui retrouvait de son brun naturel. Le blond ne résidait plus que sur les pointes. Lorgnant un petit tube à ma gauche, je tapotais de l’index sur la vasque blanche, en pleine hésitation. Devais-je rajouter cette touche de couleur ou est-ce que ce serait trop provocateur ? Je savais à quoi m’attendre avec Luca, mais bon, j’étais une femme mariée maintenant alors pourquoi pas ? ça lui rappellerait, de manière sadique, ce qu’il ne pouvait pas obtenir ? Cette pensée bien trop assurée pour me ressembler me fit sourire. Et merde, pourquoi me prendre la tête ? Luca était un excellent ami, et ça me faisait plaisir de m’apprêter pour lui !
Sans davantage de tergiversation, je peignis mes lèvres d’un rouge discret, et en fixant mon reflet dans le miroir, mon sourire fut plus distinct. Peut-être que cette dernière touche pourrait occulter la balafre qui me barrait horriblement la joue. Si nous avions ensorcelé le haut rayé blanc et noir que je portais présentement pour qu’il cache mes cicatrices sur mes bras et mes clavicules, nous n’avions pas encore trouvé de sortilège avec Harper pour cacher celle sur mon visage. Je poussais un rapide soupir, vérifier une énième fois que mes boucles d’oreille étaient solidement attachées puis sorti de la salle de bain. Mon épouse n’était pas encore rentrée des cours, et c’était tant mieux, je n’avais pas envie d’être retenue. Je savais sa relation conflictuelle avec Luca et je voulais m’éviter de voir son visage renfrogné à l’idée que je puisse le rejoindre.
Appliquée, et parce que je lui avais promis de ne plus jamais sortir sans l’avertir, je lui laissais un mot tendre puis alla déposer un baiser sur les têtes des trois chats. Je donnais une douce caresse à Grishkin et fis un câlin à Théodore qui semblait de plus en plus docile avec moi. Ce n’était pas le cas de Muriel qui me regardait avec une légère indifférence. Amusée par son bec frétillant, je fis mine de lui envoyer un baiser avant de sortir de notre appartement dans Poudlard.

Le pas enjoué, je rejoignais Pré-au-Lard après avoir posé un bonnet noir sur le sommet de ma tête. Loin de craindre d’avoir froid, l’accessoire m’allait plutôt bien et je me trouvais coquette en ce début de soirée. Une fois en dehors de la barrière magique, je transplanais pour arriver à Édimbourg. Immédiatement, le quartier festif et joyeux dans lequel je venais d’atterrir me tira un nouveau sourire. Si beaucoup de gens me connaissaient timide et peu sûre de moi, c’était parce qu’ils ne m’avaient jamais vu entrain de faire corps avec mes racines. J’avais exprès donné Luca dans une auberge du coin afin que nous ayons de quoi manger et boire en quantité dans un cadre qui changeait de ceux dont nous avions l’habitude.
Légère, j’évitais les troubadours à la corne muse et d’autres instruments magiques improbables. Je déclinais poliment une invitation à me joindre à une ronde même si l’envie était particulièrement forte. Enfin, j’atteignais l’auberge du « cerf blanc » et annonçai mon nom de famille. Le tenancier m’indiqua une table ronde dans un angle. Parfait.

Je pris place tout en poussant un petit soupir satisfait en observant l’ambiance de la salle. Voilà des années que je n’étais plus revenue ici ! Et voilà des mois que je n’avais pas revu Luca ! A bien y songer, notre dernière rencontre datait du mariage et j’en eus un petit vertige. Comme le temps passait ! Entre les festivités du mariage, la fin de l’année scolaire, l’attaque puis nos deux mois de voyage de noces, je n’avais eu guère de temps à consacrer à qui que ce soit. Dans le fond, ça n’avait pas été pour me déplaire moi qui étais si solitaire, puis j’appréciais être dans une bulle qui n’enfermait qu’Harper et moi. Le retour à Poudlard avait été un dur retour à la réalité pour moi. Un retour difficile que j’encensais avec un retour à ma vie sociale par des moments agréables comme celui de retrouver des gens que j’aimais comme Luca. Au moins, ça me changeait des têtes boutonneuses et pour la plupart hautaines de mes élèves.
En songeant indéniablement à certains de cesdits élèves, je m’accoudais sur la table en cachant mon visage dans mes mains. J’avais déjà une liste mentale de ceux dont je devais me méfier (par expérience de l’année passée) ou les nouveaux que je devais tout de suite maintenir par une poigne de fer dans un gant de velours. Je détestais qu’il n’y ait pas de calme dans mes cours, car les créatures fantastiques méritaient tout le respect, même en classe, ceci aussi pour éviter les blessures. Il n’empêchait qu’il y avait de forts caractères, animés non seulement par cette idiotie de pureté de sang, mais d’autant plus par la nature de mon mariage qui déplaisait aux plus rigoureux des sorciers de longues lignées.
Pourquoi le bonheur ne suffisait-il pas simplement à tout le monde ?
Une pensée pour les événements sur la voie 9 ¾ à la rentrée vint me percer le cœur et engendrer des maux de tête. Gardant le front appuyé contre mon poing, je venais me masser la nuque en effectuant de petits gestes circulaires. À présent habituée aux béantes cicatrices qui se trouvaient là, je ne craignais plus de me soulager en me massant un peu. Fort heureusement, ces marques-là étaient dissimulées sous ma chevelure.
Je pris une profonde inspiration pour tenter de calmer mes quelques tourments qui, je l’espérais, seraient définitivement balayés par la présence de Luca.

 

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Sam 29 Avr - 22:53

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Lucabi IV, Edimbourg, Septembre 2021




L’été avait filé à une telle vitesse que Luca avait l’impression de ne pas l’avoir vu passer. Les affaires au garage et au bar fleurissaient toujours ; il semblerait que les nouvelles mesures prises par le Blood Circle concernant le couvre-feu avaient obligé de nombreux sorciers à se rabattre sur des endroits plus sûrs comme le Chemin de Traverse et le White Thestral affichait complet quasiment tous les soirs. Par ailleurs, le manque d’évasion avait également occasionné une légère hausse des ventes de véhicules volants avec réacteur d’invisibilité et Luca se satisfaisait de faire des profits en ces temps rudes. Pour une fois que les affaires des moldus faisaient ses affaires… Il s’en lavait les mains de savoir pourquoi. Certes, il ne pouvait pas ignorer que cela entraînait de nombreux dysfonctionnements au sein de la communauté sorcière et en tant que membre des ambassadeurs (toujours davantage par obligation que par réelle conviction d’ailleurs), il assistait impuissant à dégradation des relations entre les deux mondes. Luca avait alors pris parti de ne pas s’en mêler : de toute manière, il ne pouvait rien contre ça et il avait déjà ses propres soucis. En bel égoïste qu’il était, il privilégiait de manière assez aisée sa famille au sort plus large des sorciers. Il était ainsi fait, ce serait toujours la Cosa Nostra avant tout le reste. D’autant plus que le conflit avec les Giacometti prenait toute la place dans l’esprit de Luca et qu’il avait donc bien assez à faire avec tout cela.

Et au milieu du tumulte estival, il y avait Abi. Luca ne l’avait pas revu depuis le mariage. Le temps était passé à une vitesse hallucinante et s’ils avaient échangé quelques hiboux avant qu’elles s’envolent pour leur longue lune de miel, Luca n’avait pas pris la peine de recontacter la jeune femme avant son retour. Avant l’attaque de la voie 9 3/4 en réalité où l’italien s’était empressé de prendre des nouvelles de son amie, inquiet qu’elle puisse d’être retrouvée parmi les blessés. Luca connaissait l’implication de la jeune MacFusty au sein de l’Ordre du Phénix et dans le conflit sorciers/moldus -là où lui même s’impliquait très peu- et en tant que professeure et directrice de maison, il avait été légitime d’imaginer qu’elle se soit trouvé parmi les élèves et étudiants. Heureusement, cela n’avait pas été le cas. Convenant par hibou de se rencontrer pour passer un peu de temps ensemble, Abigail avait donné à l’italien l’adresse d’une enseigne que Luca ne connaissait pas -il fallait dire qu’elle était dans une autre région que celle de Londres et que Luca ne s’aventurait jamais au-delà de la zone de chalandise de son magasin-, n’y voyant pas grands intérêts! Le point de rendez-vous était fixé à l’auberge du cerf blanc et Luca s’y pointa avec de nombreuses minutes de retard, comme à son habitude, il savait se faire désirer. Affublé comme à son habitude d’un pantalon noir, d’un tee-shirt blanc et de sa veste de motard, Luca vérifia que les sortilèges de protection étaient bien en place autour de sa bécane avant d’entrer dans l’endroit. Ses yeux firent un rapide tour du propriétaire : rien à voir avec son bar. Celui-ci était plutôt pittoresque et étrangement, l’ambiance générale lui parlait suffisamment, lui faisant penser à la jeune femme qu’il était venue rejoindre. Il la trouva assise à une table, attendant patiemment son arrivée, la tête entre les mains en train de se frotter la nuque. Luca fronça les sourcils, se demandant quels tourments l’habitaient pour qu’elle n’ait pas l’air aussi guillerette qu’à l’accoutumée. La lune de miel avec Harper s’était-elle mal passée ? Vivait-elle déjà la brusque monotonie du mariage ? Luca soupira, prêt à faire cracher le morceau à son amie afin d’aller bousculer la personne responsable de tout ça.

Il s’approcha de la table sans faire un bruit et s’installa en face d’elle. Alors qu’il allait sortir une remarque acerbe quant à son air pitoyable, Abigail releva les yeux et si Luca ne laissa rien paraître, la balafre sur son visage était suffisamment importante pour que le regard de n’importe qui soit attiré dessus. « C’est pas comme ça que tu seras plus belle que moi. » dit-il assez calmement alors que son corps entier bouillonnait d’envie de savoir ce qui l’avait mise dans un tel état. « Je ne savais pas qu’Harper avait des pratiques sexuelles aussi déviantes.  » Un brin de dérision camouflé derrière deux brins d’inquiétude. Luca garda ensuite le silence. Il ne pouvait pas se concentrer sur autre chose que cela désormais et qu’il se taise était suffisamment évocateur de la contrariété qui s’était installée en lui.


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Mar 6 Juin - 19:43

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Septembre 2021

Le froissement des vêtements devant moi et les pieds des chaises qui grincèrent sur le sol me firent relever le menton. Un franc sourire barra mon visage en voyant Luca prendre position devant moi. Hélas, malgré la présence de mon rouge à lèvres et de mes cheveux, ses yeux se dirigèrent immédiatement sur ma balafre. Si une lueur d’inquiétude illumina son regard, j’y vis aussi un genre de colère refoulée. Je ne l’avais que trop vu, ce regard. Ce désir d’attraper le coupable et de lui faire payer. Voilà pourquoi je ne relevais pas spécialement et me contentais de m’accouder en enfonçant mon menton dans la paume de ma main en faisant muer mon sourire radieux en une expression plus taquine et amusée. Je pouffais quand il évoqua mon épouse.

— Merde, tous mes stratagèmes pour rester belle échoueront donc toujours. Crotte. Je penchais un peu la tête sur le côté en retroussant le nez, amusée, avant d’enchaîner. Tu dis bien que c’est une harpie, tu en as la preuve en image ! Je fronçais gravement et théâtralement les sourcils. Mais ne t’inquiète pas, j’ai du répondant ! Je la mords en retour.

Cacher l’inquiétude sous la plaisanterie. Nous étions experts de cette technique tous les deux. Sur ses paroles, je me relevais, fit le tour de la table et étreignit Luca en passant dans son dos. Après lui avoir collé un baiser sur la joue, je revenais à ma place en faisant signe au serveur.

— Comment tu vas ? Tu m’as manqué !

Une affirmation pleinement sincère. Si ma gueule était déchirée et qu’il m’avait trouvée cachée derrière mes mains à son arrivée, je ne feignais pas le bonheur que je vivais. La lune de miel avait été merveilleuse, nous avions des projets de couple, ma famille se portait bien, ma sœur restait insupportable, j’étais débordée de deux travails que j’aimais. Bref, tout allait bien, et j’avais à cœur que Luca ne s’éternise pas sur ma cicatrice. En plus, il ne voyait que le sommet de l’iceberg. Je préférais ne pas songer à sa réaction s’il voyait le reste de mon corps… Heureusement que nous n’entretenions plus de rapports intimes.

— Qu’est-ce que je vous sers ?

Demanda poliment le serveur avec un grand sourire professionnel. Je lui commandais une bière artisanale dont ils avaient le secret puis laissais Luca faire sa commande. Quand l’homme s’éloigna, je revins sur lui sans me dépêtrer de mon sourire souligné de rouge.

— On ne s’est pas revus depuis le mariage, tu es bien rentré ? Et ton été, comment ça s’est passé ?

Je levais un sourcil intrigué. Mes questions étaient sincères et non pas seulement d’usage de politesse. J’avais à cœur de savoir ce qu’avait vécu mon ami depuis notre dernière rencontre, et ce, tout en respectant son jardin secret comme nous l’avions toujours fait. C’était comme un contrat tacite entre nous, il y avait des barrières à ne pas franchir et nous restions respectueux de cela. Une question me brûlait toutefois les lèvres, et elle concernait la comptable de Luca, Théodora, avec qui j’avais renoué une vague amitié après une malencontreuse rencontre dans une forêt magique qui avait essayé de nous tuer, puis après l’avoir appelé au secours en découvrant Harper et Luca complètement bourré chez Jack la Ripaille. Je connaissais les déboires de mon ami quant à leur relation, et j’avais à cœur de l’aider, comme je l’avais toujours fait. Pour autant, je ne le forcerai pas à se livrer s’il n’en avait pas envie. Qui plus est, une petite voix m’intimait que lui poser cette question d’entrée de jeu n’était peut-être pas la plus riche des idées. Autant attendre encore un peu.
Qui plus est, j’étais peu encline à parler immédiatement du drame à la gare durant la rentrée. Autant commencer tranquillement pour fêter nos retrouvailles.
Je détournais le regard lorsque le serveur nous ramena nos commandes. Je le remerciais et levais ma pinte en direction de Luca.

— Ben, à nous ?

 

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Lun 26 Juin - 23:39

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Lucabi IV, Edimbourg, Septembre 2021



Au fil des mois, les rencontres avec Abi étaient devenues moins fréquentes La faute à Harper, évidemment LOL, non pas parce que les deux amis ressentaient moins le besoin de se voir mais surtout parce que le fil de leurs vies s’était accéléré et que le temps leur manquait. Et pourtant, à chaque fois qu’ils se voyaient, Luca attendait avec impatience de connaître l’endroit où Abigail l’emmènerait. C’était presque devenu une habitude. Les îles Hébrides, un magasin de robes de mariées et maintenant, ce pub assez kitch qui n’avait rien pour plaire à Luca même s’il espérait qu’ils servent de la bière de qualité. Il était venu en moto -quoi de plus étonnant- et son look dénotait avec celui des autres clients mais Luca n’avait jamais eu grand-chose à faire de ce qu’on pouvait penser de lui. De toute manière, la plupart du temps, on l’adulait alors il avait appris à faire avec les regards des curieux sur sa silhouette absolument divine mdr ce prétentieux. Il repéra assez rapidement Abi parmi les tables et s’approcha d’elle immédiatement. Il ne fallut pas plus d’une demi-seconde à l’esprit de Luca pour remarquer la cicatrice qui ornait sa face et dont Luca n’avait pas la moindre idée de la provenance. La simple idée qu’on ait pu faire du mal à son amie le rendait malade. L’italien savait qu’elle prenait parfois des risques au nom de la paix, pour rendre service à l’Ordre du Phénix dont elle faisait partie -grand bien lui fasse-. Luca ne s’était jamais préoccupé de ces guerres, cela n’avait jamais été son combat, cela n’avait eu d’importance à ses yeux. Mais s’ils étaient responsable de son état… Toutefois, comme ce n’était pas dans les habitudes de Luca de quémander des renseignements aussi frontalement, il se contenta de prononcer une boutade emplie d’ironie. Le sarcasme avait toujours été une des armes de prédilection de Luca et il le maniait avec une aisance bien particulière, même dans une langue qui n’était pas la sienne mais dont il avait appris les subtilités. « Effectivement, j’en toucherai deux mots à ta femme. N’a-t-elle pas appris les règles de bienséance en la matière ? Toujours viser une partie non visible du corps. » Luca releva les sourcils lorsqu’elle expliqua qu’elle ne se laissait pas faire. « Encore heureux… » souffla-t-il. Ils s’éparpillaient mais Luca savait très bien qu’Harper n’était absolument pas à l’origine de cela.

Alors qu’il scrutait la blessure de manière attentive, cherchant quelle en était l’origine, Abigail se leva, fit le tour de la table qui les séparait et l’enlaçant tendrement. Du Abi tout craché. Luca se contenta de placer sa main sur son avant-bras en attendant qu’elle le lâche, pas très familier à de telles marques d’affection. Elle planta un baiser sur sa joue avant de se réinstaller sur sa chaise. Comme Luca la pressentait, Abigail tourna la conversation vers lui afin d’éviter de continuer de parler de la cicatrice sur son visage : un tactique des plus sournoises mais Luca n’était pas dupe. Il laissa l’écossaise avancer ses pions tandis qu’un léger sourire s’installait sur le visage du trentenaire. « Je vais bien merci de demander. » Était-ce vrai ? Oui et non, il faisait aller, comme on disait. Mais là n’était pas la question, Luca n’avait pas envie de s’étaler sur sa  vie privée. Entre Anjelica et O’Connor, Théodora, les Giacometti, il avait bien assez à faire. « C’est vrai que ça fait longtemps. » Ils n’eurent pas le temps d’aller plus loin, le serveur vint les déranger. C’était ça le mot les déranger, pile au moment où Luca allait entrer dans le vif du sujet. Abigail commanda une bière et Luca se contenta de dire : « Pareil. » Ce qui était loin d’être habituel et qui éveillerait la curiosité de ceux qui le connaissaient bien. Pour qu’il ne prenne même pas la peine de choisir seul sa boisson… C’était que son esprit était ailleurs.

Les banalités semblaient de rigueur pour initier la conversation et Luca s’y prêta rapidement. « Bah écoute, avec trois grammes sur ma moto, faut s’estimer chanceux que je sois rentré en un seul morceau. » Luca avait abusé de l’alcool et des cocktails d’Arrondie, il fallait bien le dire, la tenancière était des plus adroites dans ce domaine. « Je crois bien qu’Arrondie a tout fait pour me coucher, mais on ne m’a pas comme ça. » Luca avait l’expérience et il en fallait plus que cela pour finir ivre mort. D’ailleurs, la dernière fois où il s’était senti aussi enivré c’était en décembre dernier, en présence de l’épouse adorée d’Abigail. Ah les ravages de l’alcool… « Pas si mal écoute. Les affaires sont bonnes. Le couvre-feu moldu nous a été bénéfique, tous les sorciers vagabondants auparavant dans le Londres moldu se sont retrouvés sur le chemin de traverse. Le chiffre d’affaire a explosé. Les gens n’ont jamais eu autant de raisons de se bourrer la gueule. » Un sourire sournois sur les lèvres, Luca n’avait jamais prétendu être un enfant de cœur et si le malheur des uns pouvait faire son bonheur… Et s’il remplissait son porte-monnaie, c’était parfait. « Je n’ai pas tellement eu de temps pour moi. » dit-il en haussant les épaules. Luca savait pertinemment que derrière cette question innocente, la professeure cherchait des informations sur la jeune comptable de l’italien mais Luca n’avait pas très envie d’évoquer la question, du moins pas maintenant. Il avait d’autres questions avant. Poliment, il demanda néanmoins : « Et toi la lune de miel ? »

Mais ce n’était qu’une vulgaire diversion pour attendre le moment où il pourrait enfin demander. Alors qu’il cherchait une manière d’aborder le sujet, le serveur vint leur apporter leurs bières et Abi leva sa choppe afin de porter un toast. « Allez. » Ils trinquèrent et burent une première gorgée avant que le silence ne s’installe. Luca regardait fixement son amie tandis qu’un vague sourire s’installait sur ses lèvres. Il prit la parole le premier : « Alors ? Faut que je te cuisine pour savoir d’où ça vient ? » Il n’avait guère besoin de préciser de quoi il parlait. « Tu sais à quel point je peux être entêté. »

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Sam 15 Juil - 7:48

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Septembre 2021

Bien que la conversation fût à ce stade bon enfant (ma pauvre Harper devait avoir les oreilles qui sifflaient), un haussement de sourcil, aussi discret soit-il, aurait pu trahir ce que je cachais vraiment. En effet, Luca ne croyait pas si bien dire en disant qu’il fallait toujours viser une partie non visible du corps. Ici, il ne voyait que ma joue, et il verrait mes bras si je remontais les manches de mon haut… mais il n’avait pas vu mon dos et mes cuisses. J’eus un haut-le-cœur rien que de songer à mon reflet dans le miroir… je ne supportais pas ma nouvelle image et c’était franchement un miracle que Harper en reste, apparemment, indifférente. C’était là, la plus belle preuve d’amour qu’elle m’avait donné, en dehors de notre union, bien sûr.
Je préférais donc rester muette pour ne pas montrer davantage mon trouble, puis questionnai Luca à mon tour pour ce qui pouvait être pris pour une diversion ou des banalités. Il n’en était rien en vrai. Si je respectais le jardin secret de Luca, je l’avais toujours fait, j’avais toujours à cœur de savoir comment il allait. Comment il allait vraiment ! Alors, quand le serveur arriva poliment pour demander nos commandes, je lorgnais mon ami du coin de l’œil en ressentant un genre de frustration qui émanait soudain de lui. Il avait été concis, signe qu’il ne désirait apparemment pas s’étaler davantage sur son état.
Une supposition confirmée lorsqu’il évoqua son état suite au mariage, puis en me confiant que ses affaires allaient pour le mieux. Je fronçais légèrement les sourcils, l’amie davantage inquiète que l’ex plan cul que je représentais.

— Tu devrais être plus prudent quand tu as bu autant. Je n’ai pas envie qu’un hibou m’apporte une mauvaise nouvelle.

Ça pouvait paraître très maternel, et pourtant, mon inquiétude se lisait sans mal sur le visage. Oh, je savais que ce que je venais de dire n’allait pas changer grand-chose, Luca ne deviendrait pas un enfant de cœur juste parce que je le lui avais demandé, et d’ailleurs, ce n’était pas ce que je lui demandais. Je devais avouer que j’appréciais son côté bad boy et c’était peut-être même ça, entre autres, qui m’avait fait craquer à l’époque. En parlant de ça, je ne comprenais toujours pas ce qu’il m’avait trouvé à ce moment, mais, passons. Avec mon nouveau corps, c’était certain qu’il me refuserait d’entrée si ça avait été notre première rencontre.
En souriant, ce sourire doux qui me caractérisait si bien, je croisais les doigts et y déposait mon menton, accoudée à la table.

— Je suis contente pour toi si les affaires se passent bien. Je dois avouer que c’est pas mal de notre côté aussi. Il y a moins de touristes dans les Hébrides, ça nous donne une plus grande marge de manœuvre avec les dragons. Un voile sombre passa devant mes yeux. Mais bon… ça ne reste pas une situation viable à long terme, je pense.

Luca savait à quel point j’essayais d’œuvrer pour la paix de tous. Si ça pouvait être vu comme une certaine illusion pour certains, moi, j’y croyais dur comme fer. Dans le fond, nous voulions tous la même chose., et, aussi étrange que cela puisse paraître, j’avais moins de griefs à l’encontre du Blood Circle que des Mangemort. Si le Blood Circle avait vu le jour, c’était à cause d’action extrémiste dont faisaient preuve les Mangemort. Avec leurs pensées des années 20, là …
Mes sombres pensées furent chassées par l’évocation de ma lune de miel. Je me redressais sur ma chaise, comme si j’allais bondir. Cette fois, un sourire bien différent se peignit sur mon visage. S’il était doux, il était aussi empreint d’un amour sincère et d’une joie qui pourrait irradier n’importe quoi si je ne la contenais pas comme je le faisais. Il me fallut un effort de plus pour ne pas entrer dans un monologue assommant pour Luca.

— C’était vraiment chouette ! On a fait le tour du monde dans des endroits un peu incongrus, c’était fascinant ! On a appris plein de choses, on a fait plein de choses, je n’ai aucun regret. Ah si, peut-être juste un. Je me fis taquine soudainement. Hélas, Harper n’a pas voulu aller en Italie. Il faudra que tu m’y emmènes un jour.

Je lui assénais un clin d’œil ravissant avant de reculer de la table quand le serveur nous déposa nos commandes. La pinte levée, je touchais celle de Luca avant d’y boire une grande gorgée. Les bulles me piquèrent la bouche et la gorge jusqu’à ce que le liquide doux-amer prenne le dessus. Il y avait une légère note d’épices et de fruits de la région… une bière que j’affectionnais tout particulièrement !
Dans un soupir, je reposais la pinte avec un sourire qui fondit comme neige au soleil quand Luca revint à la charge concernant ma cicatrice. Je restais un instant hébétée. La nuque raide, les blessures cachées par mes cheveux en profitèrent pour m’assaillir et me flanquer subitement un vertige qui se traduisit par un léger dodelinement de la tête. Je clignais plusieurs fois des paupières pour me reprendre puis baissais les yeux sur ma bière, ramassée sur moi-même, toute joie concernant ma lune de miel, volatilisée.

— Oh Luca… si je ne dis rien, c’est qu’il n’y a pas grand-chose à dire. Je me suis promenée sous ma forme animagus un soir de pleine lune. Tu imagines la suite sans mal. On m’a retrouvée plus morte que vive et on m’a emmenée dans un hôpital moldu, puis j’ai été transférée à Sainte-Mangouste.

Je lui passais les détails. Je ne lui expliquais pas pourquoi j’étais là-bas à ce moment, il me savait aventureuse. Pour autant, il savait aussi que je ne prenais pas de risque aussi inconsidéré et cet unique point pouvait me trahir. Malgré tout, je ne lui révélerais jamais la présence de Rory. Le reste, soit il le savait déjà, soit il se l’imaginait. Je m’étais battue farouchement, pour ma vie, ou pour celle d’un autre, jusqu’au point de me sacrifier, comme je le faisais toujours. Chien fidèle.
Un peu misérable, je redressais la tête et lui souris tant bien que mal.

— Tu n’es pas obligé de fuir la table, je ne suis pas atteinte de lycanthropie, mon état d’animagus me l’a épargné. Je fis tournoyer ma pinte dans un petit instant de silence avant de reprendre, pragmatique. Ce sont les risques du métier. Ça aurait pu être un dragon ou n’importe quelle autre créature.

La conclusion tombait comme un couperet, une fatalité inévitable… oui, mais voilà, j’avais vu mon frère brûler sous les flammes d’un vert gallois. Alors, se faire découper en rondelle par un loup-garou ? Ce n’était qu’une anecdote parmi tant d’autres.

 

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Mer 23 Aoû - 22:38

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Si Luca était arrivé guilleret au bar où Abi lui avait donné rendez-vous, maintenant qu’il était en face d’elle, une certaine inquiétude l’avait assailli et il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui lui était arrivé. Pourtant, Abigail ne semblait pas réellement disposée à entrer dans le vif du sujet immédiatement, trouvant probablement plus pertinent de d’abord prendre des nouvelles de lui et de parler de la pluie et du beau temps alors que l’Italien ne pouvait s’empêcher d’imaginer une centaine de scénario responsables de son état. Si la boutade sur Harper avait pour vocation de lui délier la langue, il ne croyait absolument pas qu’elle puisse en être la cause. Si Luca était certain d’une chose, c’était bien de l’affection qui existait entre les deux femmes.

Les retrouvailles passées, Abigail commença les hostilités. Les deux amis ne s’étaient pas revus depuis le mariage d’Abi, il fallait bien l’avouer, le temps avait filé bien plus rapidement qu’il ne l’aurait cru. « Tu n’as pas à t’en faire, je suis un excellent motard, peu importe mon état. » Luca crut néanmoins bon de préciser : « En plus de ça, les motos sont équipées de sortilège de sécurité, tu n’as donc pas besoin de t’en faire. » Elle avait toujours eu ce caractère très maternant et Luca ne lui en tenait pas rigueur, sachant pertinemment qu’elle agissait ainsi à cause de l’attachement qu’elle éprouvait à son égard. Alors pourquoi tentait-elle de noyer le poisson sur son propre état ? Elle pouvait s’en faire pour lui mais concevoir qu’il puisse s’inquiéter pour elle n’était pas entendable ? Luca ne s’en formalisa pas outre mesure, tôt ou tard (et il valait mieux que cela soit tôt), il saurait. Il n’était pas vraiment connu pour son extrême patience, bien au contraire. Mais il laissa Abigail l’emmener sur un terrain plus connu le temps qu’elle puisse se préparer. Elle devait savoir qu’il ne laisserait jamais cela passer sans en connaître l’origine. « Tant mieux. » dit-il lorsqu’elle déclara que son élevage aux îles Hébrides se passait bien. Il fronça néanmoins les sourcils suite à son ajout. « Qu’est-ce que tu veux dire par-là ? Pourquoi ça ne serait pas viable ? » Y avait-il des informations qui lui manquaient ? Il laissait le soin à son amie de lui en dire davantage. Elle avait toujours pour habitude d’être suffisamment loquace pour cela. Le couple Harper-Abigail devait être totalement explosif entre elles deux…

D’ailleurs, Luca s’enquit de demander quelques nouvelles de la lune de miel qu’elles avaient effectué après le mariage. L’air rayonnant d’Abigail lui suffit pour dissiper les quelques réticences qui subsistaient quant à cette union. « T’as vraiment l’air heureuse. » C’était un fait. Une réalité. Cela se voyait, cela se sentait. Luca enviait presque cette simplicité. Si Harper et Abigail avaient vécu un début de relation tumultueux, leur vie semblait désormais bien tranquille. Ce n’était pas ce que désirait Luca qui détestait l’ennui mais elles semblaient avoir trouvés un équilibre qui leur convenait à chacune d’elle et c’était une chance inouïe. « Elle redescend dans mon estime. » s’insurgea Luca en fronçant les sourcils. Faire un tour du monde en oubliant l’Italie… C’était à pleurer. « C’est promis, un jour, je t’emmènerai. Il y a tant à visiter. » Surtout pour une femme comme Abigail qui s’intéressait à tout et qui s’émerveillait pour un rien.

Alors qu’ils discutaient, on leur apporta leurs boissons et Luca en profita pour revenir sur le sujet qui l’intéressait vraiment. Cette cicatrice, d’où venait-elle ? Il savait qu’elle était très impliquée dans l’Ordre et qu’elle souhaitait par ce biais instaurer un monde meilleur. Luca ne lui en avait jamais véritablement tenu rigueur mais lui-même avait pris parti de ne jamais s’en mêler. Pour le moment, les luttes entre sorciers et moldus faisaient ses affaires alors il ne comptait pas s’intercepter. En tout cas, lorsque Luca lui rentra dedans afin de savoir exactement les raisons de ses blessures, elle perdit son beau sourire. Il sut immédiatement que c’était plus grave que ce à quoi il avait songé. Elle semblait comme effacée, plus morne. Comme si le souvenir de cet évènement était encore douloureux. Le silence était soudainement devenu pesant entre les deux amis, plus pesant qu’il ne l’avait jamais été. Lorsqu’elle commença par dire qu’il n’y avait pas grand-chose à expliquer, Luca leva les yeux au ciel avant de la fixer intensément. « Alors ça, laisse-moi en juger par moi-même. » Puis elle conta son histoire. Les mots pleine lune suffirent à Luca pour comprendre ce qui lui était arrivé et il se retint de l’insulter pour cette imprudence. Car c’en était bien une. « Abi... » soupira-t-il. « Sortir une nuit de pleine lune ? » Il n’avait nullement envie de l’accabler mais il trouvait cela totalement inconscient, même pour lui. Il ferma les yeux doucement, essayant d’oublier qu’elle avait bien failli y passer. « J’en ai vu d’autres. » Même si elle avait été affectée… Hors nuit de pleine lune, il n’y avait aucun danger. « Ta résilience me ferait presque oublier la gravité de la situation. » Il demanda : « Tu aurais dû m’écrire, je serai venu te tenir compagnie à l’hôpital. » Il ajouta ensuite : « Et Harper ? Elle a été blessée elle aussi ? » Luca ignorait si la jeune femme avait été seule mais il était persuadé qu’elle ne s’était pas promenée juste pour se promener. Elle n’était pas si idiote.

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Dim 3 Sep - 13:26

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Septembre 2021

J’haussais un sourcil peu convaincu en entendant mon ami prétendre qu’il restait un excellent motard malgré le taux d’alcoolémie élevé dans ses veines, et que les motos équipées de sortilèges pouvaient le protéger un minimum d’un accident. Non pas que je ne croyais pas tout ce qu’il venait de me confier, mais c’était davantage parce que je le connaissais, très sûr de lui, peut-être un peu trop. Ou alors, était-ce moi qui manquais de confiance ?
L’un dans l’autre, nous avions à perdre, à commencer par notre santé. Pour autant, il y avait nos passions, nos métiers et nos proches (dont lui en ce qui me concernait) qui nous permettaient de garder le cap. Je baissais les yeux sur mon whisky en prenant une profonde inspiration.

— Pardon, je me suis mal exprimée. Quand je dis que ce n’est pas viable, je parle de la guerre.

Je me passais une main dans mes cheveux, qui retombèrent lentement en cascade sur ma joue balafrée.

— J’ai cru observer que plusieurs moldus et sorciers essaient de trouver refuge loin des conflits des grandes villes… du coup, ils viennent dans des coins reculés comme dans les Hébrides extérieurs. Nous allons devoir renforcer nos sortilèges de défense. La situation me déplait, j’ai l’impression d’être prise dans un étau sans échappatoire. Un sourire ironique étira la commissure de mes lèvres. Mais il parait qu’en bon entrepreneur il faut s’adapter aux changements de nos époques, pas vrai ?

Une lueur amusée traversa mon regard alors que je prenais une gorgée de mon breuvage tout en balayant l’auberge du regard. Elle n’était pas encore très peuplée, pourtant, quelques clients étaient arrivés après Luca. J’aimais l’ambiance de cet endroit, très authentique, très celtique. La musique qui passait présentement dans les haut-parleurs me rappelait quelques morceaux sur lesquels j’avais dansé durant mon mariage. Un sourire nostalgique éclaircit mon visage.

— Oui, je suis heureuse, Luca.

J’avais plongé mon regard dans le sien, comme si je lui faisais la promesse tacite d’être vraiment heureuse malgré mon corps strié de blessures. Oui, je l’étais jusqu’au fond de mes tripes qui vibraient d’une musique nouvelle depuis notre retour de voyage de noces. Je m’accoudais à l’idée de passer du temps en Italie, rien que lui et moi.

— Ah, je me réjouis de découvrir ton pays avec le spécialiste que tu es ! tu nous feras éviter les touristes hein ?

Pour autant, les réjouissances furent de courte durée puisque Luca revint sur les raisons de mon apparence. Alors, toute cette forme de bonheur qui me faisait rayonner jusque-là s’assombrit. D’autant plus lorsque sa remarque se fit plus piquante qu’il ne l’aurait voulu à la base. Oui, sortir une nuit de pleine lune n’avait pas été le meilleur des plans, je le savais bien. Cela faisait combien de personne à présent qui me rabâchait les oreilles avec ça, en plus de moi-même ? Un peu accablée, je poussai un soupir tout en détournant le visage, la tête enfoncée dans mes épaules. J’avais toujours pris des risques, ce n’était pas la première fois que ça arrivait, et ce n’est pas non plus la dernière. Le simple fait de travailler avec des dragons devrait inquiéter davantage mon entourage que mes sorties nocturnes de pleine lune. Mais, si j’avais bien appris quelque chose sur le genre humain depuis mon enfance, c’était que les mauvais actes étaient davantage retenus que les bons.
Voilà pourquoi je me montrais résiliente avec la guerre. Voilà pourquoi je me montrais résiliente avec les monstres, et voilà pourquoi je me montrais résiliente avec mon bourreau.

— Il fallait bien que ça arrive un jour.

Fataliste, je baissais le menton pour observer mes mains qui s’amusaient nerveusement avec la couture de mon pull. Pour l’instant, il m’était trop pénible de croiser le regard aussi accusateur qu’inquiet de Luca. C’était trop tard de toute façon, alors à quoi bon me sermonner comme si j’étais une petite fille. Cette fois, ce fut un sourire sans joie qui barra mon visage et ce fut sur un ton rempli d’ironie que je rétorquais.

— Me tenir compagnie en m’accusant encore plus que je me sois trouvée au mauvais endroit au mauvais moment ?

Je pinçais mes lèvres en une grimace. À force d’entendre toujours les mêmes accusations, j’en devenais aigrie, sans compter que je souffrais de trouble de stress post-traumatique dont je me serai aisément passée. Je fermais mes paupières et soufflai. Ma fois, ce n’était pas le premier, la mort de mon frère étant encore profondément gravée en moi.

— Harper n’a rien. J’étais seule.

Le dos un peu arqué, j’observais un instant de silence avant de déclarer d’une petite voix éteinte.

— J’ai préféré ne pas alerter la terre entière de ce qui est arrivé. Déjà, ce n’est pas mon genre, et bon, qu’est-ce que ça aurait changé ? Le mal est fait, et finalement, je suis vivante. Cassée, mais vivante. Et Harper m’aime toujours. C’est tout ce qui importe, je crois. Je me pinçais les lèvres, hésitante avant de croiser subrepticement le regard de Luca. C’est difficile pour moi d’en parler.

À comprendre, pas que je ne le voulais pas, mais que je ne pouvais pas. La réaction était épidermique et Luca pouvait le constater. Je m’étais instinctivement recroquevillée, et mes mains cachaient de légers tremblements en jouant avec la couture de mon pull. Je connaissais cet état pour l’avoir vécu, de manière bien plus grave, des années auparavant, alors, je savais qu’il ne servait à rien que je me force à parler de ce qui me tétanisait aujourd’hui. Il me faudra des mois, voire des années.
Mais, chaque chose en son temps. Avancer par petits pas. L’un après l’autre.


 

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Jeu 26 Oct - 21:34

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Luca n’était pas vraiment le genre d’homme à se préoccuper des affaires des autres, estimant que chacun était bien assez grand pour se débrouiller seul. Il mettait d’ailleurs un point d’honneur à ce précepte, n’ayant guère envie de se mêler de la vie de ces anglais. Peu d’entre eux intéressaient Luca, peu d’entre eux étaient suffisamment spéciaux pour être remarquables. Pour autant, il entretenait une relation différente avec Abi, une relation qu’il n’avait pas anticipé. Il n’aurait jamais imaginé que la jeune femme s’immisce aussi profondément dans sa vie et même s’il y avait une part sur sa vie qu’il gardait secrète, elle savait des choses sur lui que la plupart des gens ignorait, notamment sur son attachement pour Théodora et les sentiments ambivalents qui en découlaient. Cela n’avait pas été simple d’admettre que la jeune comptable n’était pas qu’une simple employée, encore moins après le procès et tout ce qui s’en était suivi. Abi avait été d’un soutien sans faille là où Luca n’avait pas pu trouver de réconfort auprès de sa sœur, elle-même en proie à de nombreux tourments suite à sa séparation avec Jaeden. Et suite à l’histoire avec O’Connor... Tout était compliqué pour Luca lorsqu’il s’agissait d’amour. C’était pourtant bel et bien le terme qu’il fallait employer désormais pour désigner la relation qu’il entretenait avec Théodora même s’il était encore bien difficile de l’évoquer en ces termes. Mais l’heure n’était pas vraiment à la question. Il était là pour elle, pas forcément pour parler de lui. Prenant des nouvelles, ils en vinrent assez rapidement à parler de leurs affaires respectives. Abigail semblait plus éteinte que d’ordinaire et Luca se demandait si c’était la conséquence de la cicatrice dont elle ne lui parlait pas encore ou bien si autre chose la turlupinait.

Ses propos sur la guerre ennuyèrent Luca. Ils n’avaient jamais vraiment pris le temps de parler de la guerre entre les moldus et les sorciers et Abigail était bien soucieuse, embêtée par la situation. Luca sourit faiblement, écoutant ses commentaires avant de les balayer d’un revers de main. « Organise des visites au sein de l’élevage. Ça va leur fera passer l’envie de traîner près de ta maison. Se faire bouffer par un dragon, ça calme. » Luca était probablement plus incisif qu’Abi qui préférait et de loin utiliser la manière douce. Par ailleurs, Luca était très égoïste et ne se souciait pas de grand-chose en dehors de lui-même et de quelques proches triés sur le volet. La guerre lui faisait une belle jambe, en vérité, la situation actuelle lui était même profitable. Grâce au couvre-feu côté moldu, tous les sorciers en mal d’alcool et de fêtes s’étaient retrouvés à s’amuser sur le chemin de traverse. La trésorerie du White Thestral ne s’était jamais aussi bien portée ; c’était Théodora qui en était la plus ravie, elle qui aimait par-dessus tout les chiffres. Quant à Luca, il avait pu donner une prime à ses gars, tout le monde y gagnait, tout le monde était content. « Si j’avais su qu’un jour, le Blood Circle me permettrait de doubler mon chiffre d’affaire, j’aurai demandé une guerre plus rapidement. » répondit-il lorsqu’Abi déclara qu’un bon entrepreneur savait s’adapter. De toute manière, ils n’avaient guère le choix.

Heureusement pour la professeure, elle avait désormais un appui inébranlable grâce au soutien de son épouse. Épouse. Que c’était étrange de dire ce mot en parlant d’Harper mais pourtant, c’était bel et bien la vérité. Ce qui était également vrai, c’était que leur cérémonie de mariage avait été très agréable. Luca s’était bien amusé et avait la rencontre de nombreuses jolies jeunes femmes, en plus de faire outrageusement du rentre dedans à Arrondie. En tout cas, Abigail semblait des plus heureuses et Luca ne put s’empêcher de constater : « Le mariage te réussit, vraiment. » Où était la jeune femme qu’il avait rencontré dans un bar ? Elle avait disparu et s’était transformée en quelqu’un de différent. Pas forcément une meilleure personne, pas forcément une pire. Juste différente. Mais c’était toujours son amie qui était là, la femme avec qui il s’était lié d’amitié après de nombreuses soirées passées à tuer le temps en s’adonnant aux plaisirs charnels. Lorsqu’ils en vinrent à parler du voyage de noce qu’elles avaient effectué et où elles avaient délibérément évité l’Italie, Luca secoua la tête, levant les yeux au ciel. Quelle erreur. Son pays natal était sans aucun doute le plus beau d’Europe et il regorgeait de nombreuses surprises. « Bien sûr. Je connais tous les bons plans, les endroits plus reculés, les paysages à perte de vue, les meilleurs restaurants. » Luca aimait tellement sa vie en Italie, il n’y était pas retourné depuis novembre dernier avec Anjelica. Cela lui manquait souvent. « Les terres qui appartiennent à ma famille sont sans conteste les plus belles. » Ce n’était même pas du chauvinisme, seulement du réalisme. La cascade de Tivoli, les étendues de collines à couper le souffle, la mer à proximité… Le domaine était des plus somptueux ; les richesses obtenues grâce aux ressources mafieuses avaient ses avantages.

Jetant un regard derrière Abigail où deux hommes rejouaient encore une musique bien entêtante, Luca leva les yeux au ciel, agacé, avant de se reconcentrer sur Abi. En tout cas, s’il évoquait sans difficulté son pays, il prit plus de pincettes pour parler de ce qui le tourmentait depuis son arrivée, à savoir les blessures qu’elle présentait. Luca n’était pas un expert mais la cicatrice qu’elle arborait était des plus étranges. S’enquérant de connaître la vérité, il demanda sans faux semblant. Immédiatement, le visage de sa camarade se ferma et l’italien sut qu’il avait touché là une corde sensible. Mais en définitive, espérait-elle vraiment qu’il n’en dise pas un seul mot ? Cela n’aurait-il pas été la marque d’un profond mépris ? Luca avait beau se foutre de tout, lorsqu’il s’agissait des personnes qu’il appréciait, il pouvait se montrer des plus vindicatifs. Alors il voulait savoir. Savoir s’il devait faire tuer quelqu’un, savoir s’il devait le tuer par lui-même ou lui infliger la correction de sa vie. Mais la réponse d’Abi fut tout autre. Une attaque de loug-garou… Si seulement il s’était attendu à cela… En vérité, il pensait son amie plus prudente. Il était même surpris que cela soit arrivé… Ne cherchant pas à la culpabiliser (était-ce nécessaire ? De toute manière, c’était fait), Luca remarqua le changement d’humeur sur le visage d’Abi, il sut alors qu’il remuait le couteau dans la plaie et qu’il était probablement le cinquantième à lui poser ces questions. D'ordinaire, Luca n’était pas très curieux de nature, se mêlant peu des affaires des autres mais là, c’était différent. Pour autant, elle semblait résiliente, estimant que ce genre d’incident pouvait arriver. Luca acquiesça. La prudence n’empêchait nullement le danger, il le savait fort bien lui-même. En moto, il avait beau être l’un des conducteurs les plus expérimentés de la Grande-Bretagne, un accident était si vite arrivé. En tout cas, la suite de ses propos prouvèrent à Luca qu’il avait été maladroit. Et qu’Abigail en était particulièrement agacée. « Cela aurait été un minimum. » dit-il d’un ton ironique, lorsqu’elle évoquait les sermons qu’il aurait sans doute déblatéré si elle l'avait prévenu aussitôt. « Mais personnellement, j’aurai plutôt penché pour une chasse à l’homme, histoire de retrouver celui qui t’a fait ça. » Luca n’avait jamais été aussi franc avec Abi, aussi agressif. Elle ne le connaissait pas comme ça et pourtant, Luca avait déjà tué, était prêt à tuer s’il le fallait. La bonne personne au bon moment. Par simple esprit de vengeance ou pour protéger les siens. Il ne fallait jamais hésiter. Jamais. Hésiter signifiait mourir ou perdre l’avantage. Dans un cas comme dans l’autre, Luca ne le permettrait jamais. Il apprit par la suite qu’elle était seule lors de l’attaque et se surprit à dire : « Tant mieux qu’elle n’ait rien. Elle peut te chouchouter. » Abi expliqua ensuite qu’elle n’avait pas tenu à en faire une affaire d’état et que cela n’avait pas nuit un seul instant à son mariage. « Cela aurait vraiment été étonnant. » Luca entretenait une relation toute particulière avec Harper mais pour autant, il était désormais certain de l’attachement qu’elles éprouvaient l’une pour l’autre, blessées ou non, défigurées ou non. Leur amour allait bien au-delà de ça. « Effectivement. » conclut-il.

En vérité, Luca ne trouvait rien à dire de plus. Abigail semblait déterminée à oublier cette histoire et Luca n’était pas du genre à tirer les vers du nez. « On en parle pas alors. C’est simple. » dit-il tandis qu’il avait une gorgée de sa bière. « Mais je suis là, juste au cas où. » Cela lui paraissait naturel de le préciser. « Mais au final, tu sais, ça te donne un côté très mystérieuse. » ajouta-t-il avec un clin d’œil amical. « Alors dis-moi, pourquoi m’as-tu demandé de venir dans ce trou à rat ? » Ce n’était absolument pas un trou à rat mais l’objectif de Luca était tout autre : il voulait simplement lui faire changer les idées. « La vie du grand Luca Zabini te manque-t-elle à ce point? » Il tourna la tête vers le jukebox où deux hommes réenclenchaient pour la troisième fois consécutive la chanson Dominique de Soeur Sourire. La phrase qu’il prononça ensuite était bien loin d’être un euphémisme. « Putain, j'vais les buter. »


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Septembre 2021

Accoudée à la table, ma bière devant moi, je ricanais en écoutant le sens des affaires de Lucas Zabini. Si la terreur pouvait être efficace pour bien des sorciers, il suffisait de voir comment les Mangemorts procédaient avec les moldus, ce n’était pas ma manière de faire. Je me contentais d’hocher la tête concernant nos affaires. Si je n’approuvais pas de faire profit avec la guerre, je ne pouvais lui en tenir rancune de le faire. Mes intérêts étaient, encore une fois, complètement différents.
Si nous étions diamétralement opposés sur bien des points, c’était étrangement ces différences qui nous rapprochaient avec Lucas. Son amitié m’était précieuse et j’avais l’illusion de croire que nous ferions encore bien des âneries tous les deux. Après tout, il avait payé ma robe de mariée sans que je ne lui demande rien, et pour ça, je me sentais comme débitrice. Impossible toutefois de lui en parler, je savais qu’il m’enverrait sur les roses, mais ce genre désintéressé m’avait profondément touchée, car il témoignait de l’affection qu’il me portait. Si je ne doutais pas qu’il m’appréciait, je ne m’attendais pas que ce fut à ce point. Mon mariage n’en fut que plus beau.
Par habitude, je faisais tourner mon alliance autour de mon doigt, les joues légèrement rosies. Lucas savait qu’Harper était l’amour de ma vie. Si nous nous étions beaucoup retrouvés pour échanger des moments charnels, notre relation avait évolué en quelque chose de plus tangible. Les confidences sur les oreillers avaient fait naître quelque chose de nouveau entre nous. Alors, comment pouvait-on douter de mon bonheur maintenant que j’étais liée à la femme que j’aimais ? Il y avait des ombres au tableau, oui, la guerre, le décès de mon frère, les lycans, mais tout cela pouvait être anecdotique face à l’amour que nous nous portions, Harper et moi. Cela pouvait paraître un peu mièvre pour certains, mais dans le fond, le bonheur ne se quantifie pas.

— Merci, me contentai-je de dire un peu maladroitement d’abord. Je me plais à croire que la guerre peut nous prendre beaucoup, mais au moins, ça ne nous prendra pas ça. Ni nos moments ensemble ni nos projets.

Je refusais que la guerre me change. C’était ce leitmotiv qui me permettait de garder le cap, de ne pas sombrer dans les travers des conflits. Car une fois le doigt coincé dans l’engrenage, il était pour ainsi dire impossible de s’en délivrer.
Sans entrer encore dans les détails, je lui fis un tour d’horizon de notre voyage de noces en évoquant l’absence de l’Italie. Sa réaction m’amusa. Évidemment que l’Italie était à ses yeux le plus beaux des pays, et je ne doutais pas que ce soit en partie vrai, mais puisque je n’y avais jamais posé les pieds, pour le moment, c’était difficile pour moi de me prononcer.

— Vraiment ? Je suis curieuse, raconte moi en quoi elles sont plus belles que tout le reste du pays ? Tu ne m’as jamais vraiment parlé de l’Italie depuis qu’on se connait. Est-ce que tu y es allé cet été ?

Je me souvenais que Lucas avait été scolarisé d’abord à Beauxbâtons et qu’il avait des notions de français. C’était l’un des arguments de nos premières rencontres : des cours de langue qui se sont transformés au sens propre comme au figuré en cours de langue. Pour autant, je n’étais plus certaine des raisons qui l’avaient amené à quitter les études en France et donc par extension, son pays. Si je me montrais curieuse, Lucas savait qu’il pouvait garder ses secrets et que je respecterais son choix. Après tout, nous étions là uniquement pour passer un bon moment de détente.

Lorsque la conversation vira irrémédiablement sur les événements de la pleine lune du mois de juin, je sentais que je perdais mon éclat. Je me voutais sans le vouloir et je me cachais derrière ma pinte de bière comme si elle pourrait m’aider à me défendre face à l’ennemi du moment, à savoir, Lucas. De haussement d’épaules en sourires résignés, je l’écoutais me parler, sans grand étonnement toutefois sur son franc parlé. Je le connaissais et j’avais toujours soupçonné un caractère incisif, surtout lorsqu’il était question de ses proches, surtout de sa famille. Loin de m’imaginer d’en être, je me retrouvais un peu misérable devant lui et ses reproches drapés de bonnes intentions. Comme anesthésiée par le traumatisme qu’avait engendré cette nuit, je ne mesurais pas complètement l’agressivité de Lucas.

— Je laisse le ministère se charger de le retrouver, mais je ne sais pas si ça donnera quelque chose. J’étais dans un coin reculé, je me suis dit « quelle excellente journée pour un exorcisme » et je me suis jetée dans la gueule du loup.

Sur un ton pincé, je le regardais depuis le bas pour guetter sa réaction à ma petite plaisanterie avant de reprendre de mon sérieux.

— Non, vraiment, j’étais dans un coin reculé et… enfin, je me dis que c’est peut-être un loup-garou qui ne voulait pas prendre de potion tue-loup et… voilà…

Il pouvait y avoir mille et une raisons pour qu’un sorcier atteint de lycanthropie refuse de prendre sa potion. Je jurerai même que si Lucas en avait été un, il n’en prendrait pas forcément chaque mois. Pour autant, j’ignorais s’il avait présentement assez de compassion pour comprendre cet état de fait et donner le bénéfice du doute à mon agresseur.

— En tout cas, terminé les promenades nocturnes de pleine lune, je reste maintenant cloitrée chez moi.

Encore une demi-plaisanterie. Il était vrai que je redoutais à présent les pleines lunes et que je m’enfermais, mais je ne précisais pas que le moindre bruit me faisait sursauter, que mes heures de sommeil n’en étaient que plus courtes qu’elles ne l’étaient déjà. Vu comme un manquement professionnel de ma part, je me reprochais de ne pas être capable de lutter contre la peur, car les soirs de pleines lunes n’éveillaient pas que les loups-garous. Il y avait tant de créature et de végétaux magiques et non magiques qui y réagissaient. C’était pour observer ces événements que je m’étais rendue en Irlande. Harper avait fini par le comprendre, mais mes autres proches ? Pour les autres je n'étais qu’une inconsciente imprudente. C’était facile de me reprocher mes rares accidents. Oui, ils étaient rares, moi qui me dressais régulièrement devant des dragons et qui en ressortais avec les cheveux à peine brûlés. Mon frère, lui, en était mort. On ne pouvait plus rien lui reprocher.

— Oui, heureusement qu’elle est là, sinon… bah, ce serait on ne peut plus dramatique.

Je souris avec douceur. Le soutien sans faille d’Harper avait été mon phare dans la nuit. Nos projets futurs me permettaient de m’accrocher à quelque chose de concret.

— Je me suis fait à l’idée de commencer une thérapie. Mon index frotta nerveusement mon front. Tu sais… pour ça, et pour mon frère… et tout, quoi. Ce ne serait pas juste envers Harper que je reste sans arrêt déprimée et que je la réveille presque toutes les nuits avec mes cauchemars. Je voudrais que ça s’arrête.

Et ce sentiment de coupure, que tout s’arrête et qu’enfin, la douleur disparaisse, j’étais presque certaine que Lucas savait de quoi il s’agissait. Je ne savais pas tout de lui, mais la sacrée descente d’alcool dont il faisait preuve, en plus de ses nombreuses conquêtes, pouvaient être un reflet de ce que j’ignorais, et que je ne cherchais pas à connaître. Ça me faisait mal de l’admettre, mais j’avais besoin d’aide, et j’avais la volonté pour guérir. Pour Harper et pour notre futur.

— Je sais, merci, Lucas.

Il serait d’un soutien infaillible, j’en étais convaincue, et j’étais heureuse de le compter parmi ceux qui voulaient me défendre face à ce loup-garou. Je pouffais à sa plaisanterie.

— Mystérieuse ou juste complètement déchirée.

Pour étayer mes propos, je pris une grande gorgée de ma bière. Mes yeux s’illuminèrent à nouveau alors qu’il râlait sur mon « trou à rat » qui n’en n’était pas un. Quand il menaça les musiciens, je ricanais et, sans trop d’hésitation, ce qui était assez rare pour le noter, je me relevais et allais me présenter. À voix basse, et avec mon amabilité habituelle, je leur demandais de changer la mélodie pour éviter un meurtre. Lucas avait un effet inhibiteur de timidité sur moi. Je revenais vers lui alors que la musique se fit plus entraînante et dansante. À nouveau attablée, je le fixais avec douceur.

— Je l’avoue, tu m’as manqué, on ne s’est pas revus depuis le mariage, alors je voulais de tes nouvelles. Je penchais la tête en adoptant un air goguenard. Et j’aime avoir le pouvoir de déplacer le grand Lucas Zabini juste pour mes beaux yeux.

Air théâtral, je m’étais redressée en bombant le torse avant de rire de bon cœur, comme si les traumatismes qui m’habitaient avaient complètement disparu. En croisant les jambes, j’entremêlais mes doigts sur la table devant ma chope de bière. La voix trainante, car taquine, je me permettais de le questionner sans détour.

— Alors… on a parlé de mon mariage, de mon voyage de noces… mais toi dans tout ça ? Tu n’étais pas avec elle au mariage. Pourquoi ?

Je foutais le pied dans le plat, mais hé ! Il ne pouvait pas être plus dangereux qu’un loup-garou, si ?

 

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Ven 10 Nov - 22:21

Les insortables
Lucabi IV, Edimbourg, Septembre 2021



Si la plupart des sorciers ne concevaient pas que la guerre puisse être une bonne chose, pour Luca, c’était différent. Son entreprise avait un pied à la fois dans le monde sorcier et le monde moldu et même s’il était moins à l’aise dans ce dernier que dans un environnement magique, Luca pouvait tout-à-fait faire illusion en société moldue. Évidemment, il fallait éviter les conversations trop techniques sur les nouvelles technologies ou autres objets spécifiquement moldus mais il pouvait se débrouiller. La guerre lui importait peu, pas parce qu’il n’avait pas le cœur à s’y atteler, mais plutôt parce qu’il savait ne pouvoir rien y faire et que d’autres menaces, plus réelles, plus proches, pouvaient s’abattre sur sa famille à n’importe quel moment. Les autres familles rivales à la sienne avaient à cœur de les exterminer tous et l’inverse était tout aussi vrai. Alors non, Luca n’avait guère le temps de se préoccuper de la bataille entre Blood Circle et sorciers. Il avait déjà bien assez à faire. Évidemment, les propos qu’il tenait pouvaient s’avérer choquants pour ceux qui, comme Abi, défendaient les vies humaines (sorcières comme moldues). Mais c’était un fait, Luca Zabini était égoïste et ne se préoccupait que de ses proches et de ceux qui comptaient. Défendre la veuve et l’orphelin ne faisait pas partie de ses préoccupations. Il avait d’autres dragons à mater. Abigail, quant à elle, préférait penser que malgré la guerre, il leur restait leur affection envers les autres, et Merlin savait à quel point elle aimait sa femme. Luca se contenta d’acquiescer, ne trouvant rien à rajouter à ses propos. C’était beau de voir à quel point elle y croyait vraiment. Luca ne doutait pas que cela le soit, mais pour lui, exposer aussi clairement son amour pour quelqu’un était dangereux alors il préférait, et de loin, garder ses sentiments à l’intérieur de son cœur.

Lorsqu’ils évoquèrent l’Italie, que les jeunes mariées avaient omis de visiter durant leur voyage de noces, Luca fut outré. Après tout, n’était-ce pas le pays le plus merveilleux du monde? « Alors déjà, en premier lieu, la météo y est bien plus clémente. » Luca sourit avant de rire doucement : « Oui, c’est peut-être difficile à croire pour toi qui a grandi dans les îles Hébrides mais il existe réellement des endroits dans ce monde où il ne pleut pas les trois quart de l’année ! » C’était sans conteste l’un des points qu’il détestait le plus en Angleterre, la météo. « Je crois que je n’ai jamais vraiment réussi à me faire à la grisaille londonienne, à la pluie, au brouillard. En Italie, les journées sont chaudes et ensoleillées ; l’hiver y est bien moins humide. Je trouve les gens beaucoup plus enjoués en Italie. Ici, la plupart des gens font la gueule. » C’était un fait. Était-ce lié à la météo ou à un trait de caractère ? « A moins que ce soit le genre des gens d’ici de faire la tronche à longueur de temps ? Et évidemment, les paysages sont d’un autre niveau qu’ici où tout semble fade. La mer bleue, le sable fin, les cascades près de chez moi, les grandes plaines…  » Luca soupira en repensant à Tivoli et à l’endroit où il avait vécu durant la première partie de sa vie. « Oui, j’y suis allé brièvement cet été pour rendre visite à ma famille. » dit-il sommairement. Les affaires mafieuses nécessitaient souvent les conseils avisés de son paternel. « Et accessoirement pour refaire le plein de vitamine D. J’ai un teint à entretenir. » ironisa-t-il.

Après avoir échangé les nouvelles, Luca mit directement les pieds dans le plat, demandant des réponses aux questions qu’il se posait depuis son arrivée, à savoir, qu’est-ce qui lui était arrivé. Sans surprise, la mine d’Abigail changea du tout au tout et Luca comprit aisément qu’elle était fatiguée de la curiosité des gens. Mais pouvait-elle sincèrement les blâmer ? Blâmer Luca ? Après tout, l’inquiétude qu’ils ressentaient était réelle, tout comme le sentiment de vengeance qui l’animait soudainement. Abigail semblait plus résiliente, préférant laisser les autorités retrouver le loup qui était responsable de l’attaque. Qu’elle défende celui qui l’avait attaqué ne surprit pas vraiment Luca, c’était bien dans la caractère de la jeune femme de vouloir défendre les causes perdues. Même s’il était dans un coin reculé, aux yeux de Luca, c’était lui le coupable. Afin de ne pas envenimer la situation, ni s’exposer davantage, Luca se contenta de dire : « Peut-être. » Voilà comment noyer le poisson assez facilement. Abi conclut sur le fait qu’elle restait désormais chez elle les nuits de pleine lune et Luca hocha doucement de la tête. « Voilà qui est sage. Et cela te laisse 29 autres jours dans le mois pour t’amuser. » En réalité, Luca éprouvait un certain soulagement de savoir qu’Harper était d’un soutien indéfectible face aux difficultés que rencontraient Abi depuis l’attaque. Si la jeune professeure n’en disait pas grand-chose, ne souhaitant pas vouloir s’épancher sur cela, Luca savait à quel point ce type d’évènements était une épreuve pour l’esprit. Le corps pouvait guérir rapidement mais il en était tout autrement pour la tête. Il fallait être fort mentalement, ce n’était pas donné à tout le monde. Et même ceux qui semblaient encaisser les plus vites pouvaient parfois avoir un retour de bâton des plus douloureux. Qu’elle souhaite entamer une thérapie dépassait Luca, qui lui se dirigeait plutôt vers la consommation de toxique pour dépasser ses angoisses mais il ne pouvait décemment pas dire à Abi qu’il lui conseillait plutôt de fumer un bon joint. « Si tu penses que c’est ce qui est le mieux pour toi, alors il faut le faire. » dit-il simplement, modérant ses pensées. Il ajouta néanmoins : « Tu as raison de vouloir que ça change. T’as le droit d’être heureuse. » Luca lui témoigna à nouveau son soutien, même s’il n’était probablement pas d’une grande aide à Abi, il souhaitait qu’elle sache qu’il était disponible pour elle si elle le nécessitait. « C’est sûr que c’est pas avec moi que tu tiendras de grandes discussions philosophiques mais j’ai d’autres talents. » dit-il en lui faisant un clin d’oeil, tentant par ce biais de détendre l’atmosphère très chargée émotionnellement.

Changeant de sujet afin qu’ils soient tout deux plus à l’aise, l’italien questionna la jeune femme sur cet endroit tout en taclant les deux sorciers qui s’amusaient avec le jukebox, ayant soudainement envie de les étrangler à cause de leurs choix musicaux plus que douteux. Alors qu’il allait leur demander bien gentiment non d’arrêter, elle prit les choses en main et devança Luca. Une musique plus entraînante s’installa dans le bar et Luca se sentit plus à son aise. « Et quel pouvoir ! Je ne fais pas ça pour n’importe qui. » dit-il d’un ton enjoué, un sourire amusé sur les lèvres, les yeux rieurs. Luca porta la chope de bière à ses lèvres tout en écoutant Abi lui parler d’elle. Avalant de travers sa gorgée, Luca toussa deux fois avant de retrouver une respiration plus habituelle. « T’as vraiment envie de parler de ça ? » demanda-t-il. Évidemment que oui. Si Luca pouvait aisément évoquer la relation qui unissait Harper et Abi, c’était bien différent quand il s’agissait de parler de Théodora. « Il vaut mieux être seul que mal accompagné. » dit-il, regrettant immédiatement ses propos qui pourraient être mal interprétés par Abigail et pas du tout révélateur de ce qu’il pensait réellement. « Enfin… C’est compliqué Abi. Cela l’a toujours été. Même si cela l’est moins maintenant. » Après tout, il y avait du nouveau dans sa vie… Par où commencer ? Comment raconter ? « Tu as rencontré ma sœur au mariage. » dit-il, puisqu’elle accompagnait un ami de la mariée. La difficulté résidait dans le fait que les deux femmes de sa vie ne pouvaient pas se supporter. Si leur relation était cordiale avant le procès, elle était désormais plus qu'exécrable. Luca se retrouvait parfois perdu entre deux eaux; entre son amour indéfectible pour Anjelica et celui plus tumultueux qu'il ressentait pour Théodora. « Théodora et Anjelica ne s’entendent pas très bien. » Il haussa les épaules. Cela ne facilitait vraiment pas les choses. « On se demande bien pourquoi. » Cela expliquait pourquoi Luca n'avait pas tenu à venir avec Théodora, ne souhaitant pas que cela crée une tension avec sa sœur. Il soupira avant d’ajouter : « Du coup j’avais prévu de venir avec quelqu’un d’autre. Une nana rencontrée deux semaines auparavant avec qui je me suis amusé un peu. Une vraie gourde, si tu veux mon avis. Elle est venue au garage le jour du mariage pour qu’on y aille ensemble mais... » Luca fronça les sourcils, levant les yeux au ciel. « Mais j’avais pas envie qu’elle soit là. J’avais pas envie qu’elle soit avec moi à ton mariage. Je pouvais pas te faire ça. Je deviens difficile, les décérébrées m'ennuient... » Alors qu'avant Théodora, peu importait la fille du moment qu'elle avait un joli physique... Quant à la suite… « Théodora a vu cette fameuse fille. Après le mariage, elle m’a fait une scène. C’était d’un ridicule. » Évidemment, Luca racontait que ce qu’il avait envie… « Bon, disons qu’on s’est un peu expliqué et depuis, bah… » Que pouvait-il dire ? Qu’ils étaient en couple ? Non c’était horrible de dire ce mot, Luca n’aimait pas ce mot, ne voulait pas dire ce mot. Pouvait-il dire à Abigail qu’il avait prononcé les mots Ti amo à la jeune femme ? Non, c’était trop personnel, beaucoup trop personnel. Il ne s’en sentait pas capable. « On est pas ensemble mais... Enfin, je sais pas trop. » admit-il, un peu perdu. « C’est pas aussi clair que ça. » Luca attrapa sa bière et la vida d'une traite avant d'héler le serveur pour qu'il lui resserve la même chose. Qu'est-ce que c'était pénible d'avoir des sentiments.


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Même pas honte


Septembre 2021

Accoudée à la table, le menton enfoncé dans mes paumes, j’écoutais Luca me parler de son pays natal et de son lieu d’origine, le sourire aux lèvres. Mimant une expression étonnée à l’évocation d’un endroit au monde où il ne peut pas autant que dans les Hébrides, je m’imaginais pourtant sans mal le ciel et la mer bleus, le sable et les cascades. Je sentais autour de moi la chaleur du soleil et une odeur iodée s’insinua dans mes narines en surplus des effluves d’alcool et de nourriture qui régnaient déjà dans l’auberge.

— Ça donne envie.

Concluais-je simplement. Évidemment, me dorer la pilule au soleil me faisait envie, qui ça ne faisait pas rêver ? C’était sans compter qu’avec ma santé fragile, je préférais largement les destinations ensoleillées que le Grand Nord. Dans mon malheur, je m’estimais chanceuse de ne pas tomber davantage malade durant les mois d’hiver, même si ça restait pénible. Enfin, je ne m’étendais pas sur le paysage carte postal que venait de me dépeindre Luca parce que je ne voulais pas paraître pour la prof qui se plaignait de n’avoir jamais de vacances. Pour tout dire, nous avions beaucoup profité du sable fin et des cocotiers avec Harper lors de notre voyage de noces. Nous aimions voyager et ça ne faisait aucun doute que nous retournerions dans ce genre de destination. L’Italie n’était qu’un pays de plus à ajouter sur la liste.

Le sujet de ma malencontreuse rencontre passé, un sourire qui ressemblait plutôt à une grimace étira mes traits. Ce n’était pas tout à fait faux, j’avais vingt-neuf autres jours pour m’amuser, comme disait Luca, mais ce n’était pas non plus tout à fait vrai. Or, lorsque je sortais sous ma forme animagus, ce n’était pas uniquement pour « m’amuser ». En effet, les soirs de pleines lunes restaient particuliers car je pouvais observer bons nombres de phénomènes tout à fait fascinants aussi bien en botanique qu’en magizoologie. Je taisais ce point de vue. Si Luca pouvait éventuellement se l’imaginer, je doutais qu’il puisse comprendre le besoin viscéral qui me poussait à sortir pour affronter les dangers dans ces moments. La culpabilité, néanmoins, n’était pas un sentiment des plus agréables. En devenant professeure et directrice de Poudlard, j’avais relégué la dragonologie au second plan et je m’étais entourée de sorciers compétents pour m’aider à remplir la fonction première des MacFusty, à savoir, protéger les Noirs des Hébrides. Devoir en plus de cela, demander à d’autres sorciers d’observer les effets de la lune à ma place était tout à fait déstabilisant.
À ce rythme, je n’allais plus pouvoir faire grand-chose de mes passions, et cette simple idée formait une boule lourde et désagréable au creux de mon estomac. Hors de question que cela arrive !
Alors, pour toutes ces raisons, j’avais commencé à suivre une thérapie. Encore une fois, je ne m’attendais pas à ce que Luca comprenne, pour autant, son soutien me fit l’effet d’une caresse au cœur. Sans que nous en ayons vraiment discuté, je savais que lui aussi avait ses problèmes et ses propres traumas. Il les gérait comme il l’entendait, je n’avais pas à intervenir là-dessus, pour autant, j’avais la naïveté de croire qu’il savait qu’il avait mon soutien. Faisant fi des nombreux autres talents de l’italien, je glissais mes doigts ornés de mes bagues de fiançailles et mes alliances dans sa main. Je lui souris.

— Merci Luca.

Oui, je voulais que ça change, et surtout, je voulais que ça s’arrête. J’avais besoin de quiétude, de calme. De repos.
Ceci étant, je changeais de sujet, car après tout, il n’y avait pas de raison pour que la conversation tourne uniquement autour de moi ! En plus, Luca savait que je n’aimais pas être sur les devants de la scène. Si, comme toujours, je respectais son jardin privé, j’en savais suffisamment pour lui poser une question détournée, qu’il comprit parfaitement.
Reflet goguenard au fond des yeux, j’eus un haussement de sourcil significatif à sa remarque, puis à sa question rhétorique. Évidemment que je voulais savoir ! Nos confidences sur l’oreiller avaient suffisamment éveillé ma curiosité, et, il fallait dire ce qui était, de l’eau avait coulé sous les ponts depuis ! non seulement j’avais renoué avec Harper et je m’étais mariée avec elle, mais j’avais aussi rencontré « la » comptable de Luca. Purement par hasard, certes, mais tout de même. Donc, à présent que je pouvais poser un visage et un caractère sur cette « elle », j’avais à cœur de savoir comment mon ami se sentait vis-à-vis de leur histoire pour le moins… compliquée.
Je souris quand il l’évoqua lui-même, loin de me formaliser qu’il parle de moi en prétendant être mal accompagné. J’opinais du chef en me rappelant sa sœur au mariage. Si j’avais rencontré beaucoup de monde ce jour-là, j’aurais été une bien piètre amie en oubliant la sœur de Luca.

— Une femme charmante qui a de charmants blousons en cuir.

Répondis-je toujours avec mon sourire goguenard au souvenir de ma journée passée avec Luca à choisir ma robe de mariée. Nous nous y étions rendus à moto et Luca m’avait prêté un blouson en cuir qui appartenait à sa sœur… que je n’avais pas remerciée pour cela d’ailleurs, mais j’ignorais si Luca lui en avait parlé. Je voulais éviter de mettre le pied dans le plat. Si ça se trouve, j’avais endossé le blouson sacré de sa sœur et elle me châtierait sur des générations pour avoir osé le porter. Un châtiment dont je me passais aisément pour l’instant.

— Oh.

Me contentai-je de répondre en apprenant que Théodora et Anjelica ne pouvaient pas se voir en peinture. Instantanément, je ressentais la position difficile dans laquelle devait se trouver Luca, entre son amour pour sa sœur et celui pour Théodora. Une situation que je ne lui enviai clairement pas. Par son haussement d’épaules, je croyais saisir qu’il connaissait l’origine de ce conflit, mais qu’il ne désirait pas particulièrement en parler présentement. Je gardais cette information dans le coin de ma tête et respectais, pour l’heure, le sujet délicat, pour me concentrer sur la suite. Je me gaussais en apprenant le sort de cette pauvre innocente bien idiote de s’être laissée bernée par Luca et commentai.

— Tu t’ennuies depuis que tu as rencontré une dragonologiste bien moins écervelée au tatouage fort séduisant.

Loin de me jeter des fleurs, Luca comprendrait sans mal que j’essayais de détendre l’atmosphère. Très empathique et observatrice, j’avais bien remarqué que son assurance avec baissé d’un cran. Le sujet était délicat. Il avait toujours été délicat.
Puis, le coup de grâce tomba.
Théodora avait vu cette nana. Une scène. Ridicule ? Non, justifié ! Je gardais mon commentaire pour moi. J’écoutais.

— Bah… ?

Demandai-je, la voix partant dans les aiguës parce que j’étais pendue à ses lèvres. Accouche, putain, espèce de dramaturge ! Après on dit que ce sont les nanas qui en font des caisses, mais les mecs, et Italiens qui plus est ! mais allô ! Son regard se perdit dans un souvenir que j’aurai bien aimé connaître. Puis, la conclusion. Devant son air perdu, contrastant avec la finalité, je ne pus m’empêcher de le fixer d’abord avec des yeux ronds tant j’étais surprise par les oppositions, puis j’éclatais d’un rire sonore.

— BWAHA !

Dans un réflexe, et remarquant que cette réaction pouvait être mal prise, j’enfonçais ma tête dans mes épaules en cachant mon hilarité derrière le menu de l’auberge que j’avais saisie à la volée. Ne laissant voir plus que des yeux rieurs à Luca, je dus faire des efforts dignes d’un sportif olympique pour cacher mon fou rire.
Respire.

— Pardon !

Je ne voulais pas le froisser non plus... Après un instant, qui dura quand même un peu, je réussis à prendre une grande inspiration. Alors qu’il appelait le serveur, je retrouvais mon calme, reposais le menu avec des gestes lents et mesurés, puis, je joignis mes mains entre elles et le fixa avec insistance.

— Comment ça, ce n’est pas clair ? Il y a clairement eu un rapprochement si j’en crois tes paroles et ta réaction.

Frisson. Sourire mal contenu. L’hilarité revenait. Je fermais les yeux en reprenant une grande inspiration. Calme. Il en chie le pauvre chéri. Toujours soumise aux spasmes du fou rire qui restait proche, j’articulais.

— Qu’est-ce qui s’est passé durant cette… je levais les index de part et d’autre de mon visage en les repliant sur eux-mêmes, « explication » ?

 

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Lun 27 Nov - 22:11

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Évidemment que l’Italie donnait envie. Il fallait être fou pour dire le contraire, fou pour préférer la grisaille au ciel bleu, fou pour préférer les basses températures à celles bien plus douces, il fallait être fou pour préférer la nourriture anglaise à celle italienne. Pour rien au monde, Luca ne deviendrait anglais. L’Italie était son pays, son bastion, là où il était né. Et même s’il avait adopté au fil des années un style de vie différent depuis que sa vie était à Londres, il n’oubliait pas d’où il venait, ni qui il était. Évidemment, si Luca était autant attaché à son pays, il concevait que ce soit la même chose pour les autres. Pour Abigail, les îles Hébrides étaient son Italie à elle. Probablement que cela lui suffisait, probablement qu’elle aimait bien que la pluie lui tombe sur le visage tous les jours de la semaine, qu’elle ait des engelures à force d’être dans le froid et que son teint soit aussi blafard qu’un vampire qui sort de son cercueil ;  c’était son problème, pas le sien.  

La conversation sur son pays terminée, vint le moment fatidique des révélations. Luca n’était d’ordinaire pas du genre à tirer les vers du nez, estimant que chacun pouvait avoir son jardin secret (et aussi parce qu’il était un brin égoïste et que les soucis des autres ne l’intéressaient que très peu) mais en ce qui concernait Abi, c’était différent. L’inquiétude avait pris le pas sur le reste et il avait ressenti le besoin de questionner son amie. Après tout, elle avait décidé de ne pas cacher ses cicatrices et elle devait alors s’attendre à avoir de nombreuses questions, c’était inévitable. Pour autant, l’italien comprit assez rapidement qu’elle cherchait à éviter le sujet, à éluder ses réponses afin de ne pas avoir à répondre de manière trop précise. Il y avait sans doute plusieurs raisons à cela mais Luca l’entendit comme un certain besoin de protection ; elle était fatiguée, usée qu’on vienne la sermonner sur le fait qu’elle avait pris des risques. Sans doute qu’elle l’interprétait ainsi, même si en définitive, il était davantage question de malaise, de tourments de la part des interlocuteurs. Après tout, ce qui était arrivé aurait pu être plus grave. Toutefois, qu’Abigail ne se méprenne pas, Luca était là pour elle au demeurant, de manière indéfectible. Elle semblait en être conscience puisqu’elle le remercia en lui serrant brièvement la main et Luca  sut qu’il était temps pour elle de changer de sujet. C’était plus simple de ramener la conversation sur Luca et si l’italien comprit le principe de la manœuvre, il ne chercha pas vraiment à la contrer.

De toute manière, c’était quasiment incontournable. A chaque fois qu’ils se voyaient (ou presque), il avait droit à la fameuse question. Savoir si oui ou non les choses s’arrangeaient entre Théodora et lui semblait être d’une importance primordiale pour la jeune femme, comme si c’était son feuilleton préféré. Luca avait bien du mal à comprendre l’intérêt qu’on pouvait trouver aux relations des autres mais ce n’était pas parce qu’il n’y prêtait aucune attention que c’était la même chose pour elle. Luca se dit qu’il valait mieux commencer par le commencement et parla en premier lieu d’Anjelica. Évidemment, sa sœur n’était absolument pas à l’origine de tous les tourments de la relation entre Luca et sa comptable, mais la mésentente qui existait entre elles deux n’aidait certainement pas. « Charmante est effectivement probablement le mot qui la définit le mieux. » ricana Luca. Non, Anjelica était tout sauf charmante. Elle était tumultueuse, arrogante, insolente, butée, bornée. En somme, Luca au féminin. Ils n’étaient pas frère et sœur pour rien. Était-ce pour cela que les deux femmes ne parvenaient pas à s’entendre ? Pour ainsi dire, Luca faisait l’autruche sur la question. Terrain miné. Quoi qu’il en était, cela mettait Luca dans une position peu confortable, coincé entre deux feux et il craignait le jour où on lui demandera de choisir entre Anjelica et Théodora car il savait sans l’ombre d’une hésitation qu’il sacrifierait Théodora. Anjelica était toute sa vie, son point de repère et le lien indéfectible qui les unissait était plus important que tout le reste. Plus important que l’amour qu’il ressentait pour Théodora. Et ça lui faisait très mal au cœur de l’admettre. « Les femmes tatouées, ça me fait de l’effet. » dit-il sur le ton de l’humour, tout en pensant qu’il aimait tant caresser sans y penser l’encre noire du tatouage de Théodora représentant la Cosa Nostra. Ce tatouage, c’était un peu le début de leur histoire à tous les deux puisque tout avait commencé lorsqu’il avait apposé la marque de la famille sur son épiderme.

Essayant d’expliquer la situation du mieux qu’il le pouvait, Luca se contenta d’énoncer les faits. Théodora et Carlyn avaient échangé sur le fait que Luca était un vrai con -et pour une fois, même la mauvaise foi de Luca n’y avait rien trouvé à redire- et lorsque Luca avait compris qu’elle l’ignorait, il avait cherché à savoir pourquoi. Les raisons étaient simples : Théodora, vexée par la non-invitation de Luca au mariage d’Abi, avait tout fait pour l’éviter. Évidemment, Luca n’était pas le genre d’homme qui aimait qu’on les évite, bien au contraire. Il s’imposait dans l’espace personnel de Théodora, prenant toute la place, s’en emparant sans chercher à comprendre qu’il pouvait être inconvenant. Cette fois-là, pénétrant dans son appartement, le changement de lieu avait permis une discussion plus poussée, plus intimiste. Si Luca avait dévoilé ses sentiments à la jeune femme, sentiments qu’elle partageait, ils n’en étaient pas moins un couple, du moins, pas un couple ordinaire. Mais ils savaient ce qu’ils représentaient l’un pour l’autre, pour Luca, c’était suffisant.

Alors qu’il tentait comme il le pouvait de l’expliquer à Abigail, les onomatopées qui s’échappaient de sa bouche firent froncer les sourcils de l’italien, jusqu’à ce qu’elle éclate de rire. Consterné, Luca ne bougea pas d’un iota, les poings sous la table, prêt à bondir pour l’étrangler face à son comportement des plus inconvenants. Ne venait-il pas d’avouer à demi-mots ses sentiments pour Théodora et elle ne trouvait rien de mieux que de rire et se cacher derrière le menu du bar ? Luca arqua un sourcil et dit : « Je ne savais pas que j’étais si hilarant. » Se fermant comme une huître, il soupira légèrement lorsqu’elle s’excusa de son comportement. N’ajoutant pas un seul mot, préférant héler la serveuse pour ravoir un autre verre, les pensées de Luca s’échappèrent à bien des lieux. Il n’était pas doué pour ça, il n’était pas doué pour parler de tout ça. La réaction d’Abi n’était que peu encourageante. « Je l’ai baisé. » Voilà. C’était dit, c’était fait. Luca regardait ailleurs, se promettant de ne plus tenter de parler de ses sentiments. La serveuse revint avec une nouvelle bière et il l’attrapa sans se faire prier, avalant une autre gorgée. « Tu veux des détails ou ça ira ? » Après Abigail qui se renfermait sur elle-même, c’était au tour de Luca. Décidément, ces retrouvailles étaient plus difficiles que d’autres. Peut-être parce que les deux amis ne se ménageaient pas vraiment, piquant directement au vif, allant là où ça faisait mal.  


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Septembre 2021

J’adressais des œillades complices à Luca alors qu’il évoquait sa sœur puis les femmes tatouées. Au moins, sur ces deux cas nous étions sur la même longueur d’onde même si je ne connaissais pas très bien la première. Je me doutais que le petit ricanement de Luca signifiait qu’il ne pensait pas réellement que le mot était approprié.
Pour autant, je ne m’attardais pas sur le sujet et préférais prêter une oreille attentive à son récit concernant son histoire et Théodora. Ah ben oui ! Il m’avait tiré les vers du nez concernant mon voyage de noces et mon accident, il ne fallait pas croire qu’il allait s’en tirer sans me rendre la pareille. Qui plus est, nos fréquentes rencontres étaient basées sur ça. Sur nos relations qui ne fonctionnaient pas à l’époque, et je trouvais bien normal, aujourd’hui, de m’enquérir de l’évolution. Ce n’était pas pour emmerder Luca, bien qu’il puisse le prendre comme ça, mais c’était parce que je me faisais du souci pour lui. Ça l’aurait sans doute exaspéré que je le formule ainsi.
Et ça l’exaspérait d’autant plus que je ris de la situation.

Il se referma comme une huître et prit une mine boudeuse comme l’enfant mâle italien qu’il était dans sa famille. S’il pensait m’offusquer à mon tour en grognant comme toute réponse, il se trompait. J’étais, en ce moment, bien trop heureuse dans ma vie pour que ça m’atteigne. Néanmoins, je remarquais que ma réaction pouvait être déplacée, alors, je retrouvais de mon sérieux bien que mes yeux restent rieurs, quoiqu’avec un soupçon de douceur attendrie.
Car oui, Luca m’attendrissait.

— Je suis désolée d’avoir ri Luca, excuse-moi.

Préférant ne pas lui prendre la main au risque de me prendre une claque, j’entremêlais mes doigts entre eux. Je reprenais après une courte pause.

— J’ai ri parce que votre situation me touche et je la trouve mignonne.

Aucune idée si ces explications allaient le débrider, mais j’avais la naïveté de croire qu’il me connaissait assez pour ne pas m’en tenir davantage rancune. Toutefois, sans me dépêtrer de mon sourire, qui devint plus compatissant et doux que moqueur, je m’humectais les lèvres. Je remerciais le serveur qui apporta une nouvelle bière à Luca puis revenait sur mon ami.

— Je veux bien. Et promis, je ne me moquerai plus cette fois. Je portais la main à mon cœur pour étayer mes propos. Par contre, je levais un index, tu t’en doutes, je ne veux pas de détail de votre baise, ce ne sera pas très pertinent, je pense.

Tout en ricanant, je penchais la tête en le fixant avec douceur, puis, je me mordais la lèvre en détournant les yeux. Bien que j’ai ri de ses propos, je l’ai écouté avec attention. Ils ne sont pas ensemble, mais il ne savait pas trop. OK, ça, ça ne m’étonnait pas. Après tout, leur relation était compliquée depuis que je les connaissais, pourtant, c’était cousu de fil blanc que Luca était mordu de cette fille bien plus que toutes les autres… et si Dora lui avait fait une scène à propos de la nana qu’il avait invité à mon mariage, alors…

— Mmh, elle t’a donné les raisons de la scène qu’elle t’as faites ?

Si Théodora était jalouse, alors je pouvais peut-être comprendre sa réaction. Si elle tenait à Luca, le savoir avec une autre, avec son allure détachée et désinvolte tout à fait exaspérante, je pouvais saisir sans mal la crise de colère de Théodora. Si Luca la jugeait ridicule, moi, je la comprenais et mon cœur eut un élan de compassion pour la comptable. Je n’en montrerai rien cependant, décidée à ne pas troubler davantage Luca, mais hé ! Après tout, notre relation était ainsi faite. Si nous savions très bien être doux, attentifs et protecteurs avec l’autre, nous savions aussi très bien où appuyer pour que ça fasse mal. Nous nous poussions mutuellement dans nos retranchements, et c’était normal, c’était ainsi que l’amitié était vraie. Parce qu’en fait, garder la tête plongée dans sa merde, ça ne mène à rien, et il fallait dans ces cas-là, une personne capable de nous montrer un autre chemin, avec plus ou moins de douceur. Avec Luca, nous étions comme des funambules. Tantôt penchant du côté du tact et de la douceur, tantôt à se foncer dedans pour qu’enfin l’autre réagisse. Et ça marchait !
Grand Merlin, j’aimais notre relation.
Mon cœur palpita à cette pensée en voyant le regard fuyant de l’italien alors qu’il buvait sa bière comme on peut boire du sirop. Je l’aimais beaucoup ce petit con. Vraiment beaucoup.
Le sourire toujours aux lèvres, je m’avançais un peu en faisant tourner mon alliance autour de mon doigt, bien décidée à comprendre la situation.

— Vous n’avez pas envie que ce soit clair pour votre entourage, je faisais là mention d’Anjelica, ou alors… parce que vous ne parvenez pas à vous mettre au clair avec ce que vous ressentez pour l’un et pour l’autre ?

Sans détour, je plantais mon regard sombre dans celui de Luca. Si j’avais pu avoir une attitude réservée et timide avec lui au départ, je le connaissais assez maintenant pour faire tomber le masque. J’étais directe, j’allais droit au but, j’étais franche et mon attitude posée, mais qui dégageait une certaine sérénité, démontrait que je ne le lâcherai pas. Autant pour la conversation (car je voulais le fin mot de l’histoire), autant pour mon soutien pour lui qui était, depuis longtemps, indéfectible.
 

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Par Merlin, qu’est-ce qu’Abigail était agaçante ! Luca était passablement énervé et tentait comme il le pouvait de calmer ses nerfs. Il n’avait jamais eu besoin d’utiliser la force pour soumettre Abi et ce n’était pas le genre de relation qu’il souhaitait entretenir avec elle. Alors il souffla, cherchant comment dominer les élans tumultueux qui animaient son cœur tandis qu’ils évoquaient Théodora. Pourquoi n’était-ce jamais simple lorsqu’il s’agissait de la jeune comptable ? De toute manière, Luca savait à quoi s’attendre avec la professeure, elle lui faisait le coup à chaque fois. Comme si parler des sentiments de Luca était intéressant. Aux yeux de l’italien, il n’y avait rien de plus désagréable que cela et à chaque fois, il tentait de se dérober à la conversation. Surtout ces derniers temps en réalité. Peut-être parce que le lien qui l’unissait avec Théodora avait évolué et que s’il était désormais prêt à assumer son amour pour elle devant elle, ce n’était guère le cas pour les autres. Au sein de la Cosa Nostra, évidemment, les bruits de couloirs allaient bon train parce que Théodora et Luca passaient une bonne partie de leur temps libre ensemble ; du temps plaisant, qu’on se le dise. Pour autant, Luca n’aimait pas qu’on parle de leur relation comme étant quelque chose d’officiel, probablement parce qu’il craignait que cela devienne trop réel ou bien parce qu’il ne souhaitait pas que cela mette Théodora en danger. Aimer quelqu’un était une faiblesse, une faiblesse dangereuse lorsqu’on dirigeait une mafia. Les précédents étaient déjà trop nombreux et si Luca s’était tant fermé à Théodora ces derniers mois, c’était en partie à cause de cela. Il ne voulait pas qu’elle soit prise pour cible si un jour une famille rivale venait à s’en prendre à eux. Et pourtant, il n’avait pu ignorer plus longtemps ses sentiments, il n’avait pu ignorer le fait qu’il n’arrivait pas à rester loin d’elle. Était-ce pour ça qu’il avait du mal à supporter la réaction d’Abigail face à ses explications ? C’était déjà assez difficile pour lui d’en parler mais si en plus de cela il devait subir des moqueries… Luca se renferma sur lui-même, préférant immédiatement se retrancher dans une attitude vulgaire et moins prise de tête. Elle s’excusa, ce qui força Luca à relever les yeux vers elle pour juger si ses excuses étaient authentiques ou de circonstances. À en croire l’expression d’Abi, elle était sincère. Cela ne suffit pas à faire décolérer Luca même si une moue plus neutre s’installa sur ses lèvres. « Mignonne ? Vraiment. » Ce n’était certainement pas le mot qu’il aurait employé pour qualifier sa relation avec Théodora. Compliquée aurait été plus exacte. Ou tumultueuse. Mais certainement pas mignonne. Pour autant, il savait pertinemment pourquoi son amie pouvait penser de la sorte ; Abi était résolument romantique.

« Les récits de mes baises sont toujours très pertinents. » s’insurgea Luca même si un léger sourire commençait à réapparaître sur son visage, ses traits se détendant au fur et à mesure qu’elle comprenait que le sujet était épineux, suffisamment pour qu’il ne faille pas chatouiller Luca avec. Se reconcentrant sur elle, Luca se remémora la discussion qu’il avait eu avec Théodora. « C’est Théodora. Elle ne fait pas de scènes. Elle dit des choses et faut lire entre les lignes. » Cela lui rappelait vaguement quelqu’un, lui-même. « Si j’ai bien compris, cette fameuse femme, Carlyn, a cherché à passer ses nerfs sur Théodora. Évidemment, elle ne s’est pas laissée faire. Quand je l’ai revu juste après le mariage, elle m’a informé qu’elle n’était pas là pour jouer au hibou. Tout simplement. » Non, rien n’était simple. « Ses mots semblaient indifférents mais rien dans ses attitudes ne l’étaient. Je lui ai demandé ce qui lui prenait. C’est là que... » Luca chercha ses mots, n’ayant guère envie d’aller trop loin dans les explications. « On a pu se parler. » Voilà, cela semblait bien de dire cela ainsi. « Elle aurait voulu que je lui demande de m’accompagner au mariage. » En réalité, Luca l’aurait souhaité également, si les choses étaient plus simples et qu’ils n’étaient pas tout deux dans un véritable sac de nœud. Il haussa les épaules avant d’ajouter : « Je pense que j’aurais dû. »

Ce qui était incroyablement énervant avec Abigail, c’était qu’elle ne se satisfaisait jamais de ce que Luca pouvait bien lui dire. Il fallait toujours qu’elle creuse plus profondément, qu’elle lui fasse dire ce qu’il n’avait pas envie d’évoquer. Elle le poussait dans ses retranchements. Mais parfois, en définitive, elle l’aidait. Souvent en réalité. Parce que cela permettait à Luca de réfléchir et de verbaliser sur ce qu’il vivait alors que la plupart du temps, il préférait mettre tout cela à distance. Parce que c’était plus simple. « Théodora sait très bien ce que je pense d’elle, ne t’en fais pas. » admit-il au bout d’un moment. « Et je sais ce qu’elle pense de moi. » Des mots savamment choisis. Pour ne pas dire qu’ils s’étaient avoués leurs sentiments et que ceux-ci étaient réciproques. Le regard de Luca se perdit au loin, tandis que sa main faisait tourner distraitement sa bière sur elle-même, ce qui marquait sa nervosité. Pour autant, une moue un peu niaise s’immisça sur ses lèvres alors qu’il pensait aux mots dangereux qu’il avait osé dire à Théodora. Ti amo. C’était lourd de sens, c’était imprudent. Mais pourtant… « Je pense que si on avait pas réussi à se parler ce soir-là, je l’aurai perdu. » dit-il, en se rendant à l’évidence. « J’avais trop tiré sur la corde, trop de fois. » C’était honnête de l’avouer, honnête de le dire, mais il en était pleinement conscient. Malgré les erreurs commises par Théodora et le procès, sa conduite avait été des plus exemplaires après cela tandis que Luca s’était contenté de rester très flou sur ses envies, sur ses intentions, menant leur relation tout droit vers un mur. « Du moment que c’est clair pour nous, j’ai envie de dire que c’est le principal. » Luca releva les yeux vers Abi et proposa : « Il faudrait que je te la présente un jour. Officiellement. Un jour où ta femme et moi nous ne sommes pas complètement ivres. » Luca souriait franchement désormais, en souvenir de cette soirée totalement épique qu’il avait passé avec Harper. Même si certaines heures de la soirée étaient assez floues, il ne s’était pas autant amusé depuis longtemps. « Mes réponses suffisent-elles à satisfaire ta curiosité déplacée ? » demanda-t-il en levant les yeux au ciel. Abi et ses questions...


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Même pas honte


Septembre 2021

D’ordinaire, je ne me mêlais pas des histoires de cœur des autres. Déjà parce que ça ne me concernait pas, mais aussi parce que je n’appréciais pas qu’on fouille dans ma propre vie sentimentale. L’ironie de la situation était dans le fait que dans ma relation avec Luca, nous avions cet accord tacite qui nous empêchait de trop parler de nos vies privées. On en savait suffisamment. Ni plus ni moins. Pour autant, notre amitié était basée sur nos vies amoureuses. Là était toute la subtilité de la chose. La personne qui nous avait poussés à nous avouer nos sentiments (par divers moyens détournés, certes) à Harper et à moi, c’était Luca. Et même s’il y avait beaucoup d’éléments extérieurs, j’avais la naïveté de croire que si la situation s’arrangeait (au moins un peu) avec Théodora, c’était parce que j’avais posé ma pierre à l’édifice.
Si ma relation avec Harper avait pris de l’altitude à une vitesse vertigineuse, notre relation durant notre adolescente y aidant, celle de Luca et de Théodora prenait son temps. Mais de ce que je connaissais des deux énergumènes (et surtout de Luca) ça ne m’étonnait guère, et c’était même sûrement normal. En cela, les deux situations n’étaient pas comparables. Qui plus est, je soupçonnais avoir une vie bien plus rangée et tranquille que celle de Luca, ce qui devait aider dans ma relation, mais pas dans la sienne.
Bref, si nous étions deux électrons opposés, nous nous étions tout de même percutés, et ce, au sens propre comme au figuré. Et, aussi contradictoire que tout cela pouvait être, nos sentiments étaient l’un des fondements de notre relation amicale. Nous étions des confidents, de ceux qu’on n’attend pas, mais qui tombe à un tournant de sa vie quand on en a le plus besoin.
Il n’y a pas de hasard. De cela, j’en étais certaine.

— C’est vrai, concédais-je avec un grand sourire quant aux récits sexuels de Luca. Mais le sujet n’est pas là, tempérais-je, amusée.

Si j’étais sexuellement épanouie, Luca restait l’un des partenaires avec qui j’avais pris le plus de plaisir, même si je n’avais pas eu beaucoup de conquêtes. Et si l’évocation de ces souvenirs me plaisait, je ne les laissais pas s’imposer. S’ils étaient bons, ils ne m’obsédaient pas. Alors, dans un silence religieux, j’écoutais attentivement le récit de Luca, non sans cligner des yeux d’amusement en devinant son agacement. Avec Théodora, il fallait lire entre les lignes.
Avec toi aussi mon grand.
Je ne disais rien et continuais d’écouter. Évidemment, rien n’était simple, ce ne serait pas amusant sinon, mais je croyais comprendre l’ambivalence de la situation. S’il y avait des paramètres que je n’avais pas et que je ne pouvais pas vraiment imaginer, je comprenais que Luca était trop buté pour avouer ses sentiments à Théodora, et je la devinais aussi têtue que lui. Une belle brochette de vainqueurs. Mais justement, quand je lisais entre les lignes de ce que me confiait Luca, il ne me faisait aucun doute de l’attachement qu’ils avaient l’un pour l’autre. D’où mon « c’est mignon ». Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ? Un art dans lequel nous excellions avec Harper. Surtout Harper. Ces deux-là se ressemblent tellement.
Formelle, mais toujours taquine, j’acquiesçais.

— Clairement, tu aurais dû. T’es un peu con, tu sais ça ?

La boutade fut accompagnée d’un grand sourire rayonnant. Luca m’avait connu dans des tumultes de ma vie. Déprimée et esseulée. Remuée par divers soucis personnels. À cette époque, Luca avait contribué, à sa façon, à me maintenir à flot. Aujourd’hui, il pouvait découvrir un autre visage. Le masque de la timidité tombé et celui de la solitude effritée, il pouvait enfin voir clairement ce que je lui avais laissé entrevoir depuis le début de notre rencontre. Une Abigail heureuse, rayonnante et de par ce fait, taquine.
Alors oui, je ne tenais pas ma langue dans cette conversation pourtant délicate. Moi qui d’ordinaire étais championne dans l’art du politiquement correct, avec Luca, je ne prenais plus de gants. Plus j’étais direct, plus ça le faisait réagir, mais plus lui il réagissait. J’avais la naïveté de croire qu’il en avait besoin.
Ainsi, lorsqu’il choisit soigneusement ses mots (mais je savais lire entre les lignes de Luca), je laissais échapper une discrète exclamation.

— Ah ! Quand même !

Autrement dit « pas trop tôt ! ». Cette annonce me soulagea plus que de raison, comme si c’était moi qui avais vécu cette histoire. Empathie à la con. Mais ma fois, ils n’étaient pas aidés ces deux-là. Le regarde dans le vague, Luca fut propulsé l’espace d’un instant dans ses souvenirs ou autres pensées houleuses dont je lui laissais le secret. Puis, la conclusion tomba. Froide et raide, mais réaliste. Je hochais de la tête, compatissante.

— Ce n’est pas impossible… c’est le risque. C’est bien que vous ayez pu parler, je suis vraiment contente pour toi. Pour vous.

Je lui souriais avec sincérité. Je le pensais vraiment, évidemment ! Inutile de simuler quelque chose dont j’étais témoin depuis maintenant des mois. En respectant un court instant de silence, je demandais, peu sûre de moi.

— Tu es soulagé ? Ou… je plissais les yeux, est-ce que au contraire ça te… j’agitais les mains, devinant sa réaction, déstabilise ?

Luca Zabini n’avait jamais peur, il n'était jamais déstabilisé. Tout le moins, c’était ce qu’il pensait. Pourtant, je connaissais son état de coincé quand il était question de faire face à ce qu’il ressentait. Surtout lorsqu’il s’agissait de sentiments aussi doux et forts que ceux-là. Pour cacher un potentiel trouble à sa réaction, j’attrapais mon verre de whisky pour m’enflammer la gorge.

— Oui, après tout, cette histoire ne concerne que vous et personne ne le vit à votre place… donc ce qui importe, c’est vous. Je suis sûre que ça s'arrangera... et, de ce que tu me dis, Théodora semble savoir se défendre elle-même.

C’était évidemment sans prendre en compte quelques données potentiellement problématiques, comme Anjelica. Mais ma fois, ça, c’était de l’ordre des problèmes familiaux et je préférais de loin pas m’en mêler ! et, si la famille était si importante chez les Zabini, peut-être que, avec du temps, Anjelica finirait par accepter Théodora. Sait-on jamais ? aussi, je connaissais le côté protecteur de Luca. Peut-être pouvait-il considérer Théodora comme une faiblesse, mais pourtant, elle avait de l'esprit. Je l'avais constaté lorsque nous étions coincées dans ce labyrinthe. Pour sûr, elle savait se débrouiller ! L'amour était une force encore trop insoupçonnée.
La proposition de Luca me surprit au point que j’avalais de travers mon whisky. Tout mon œsophage s’enflamma et les larmes me montèrent aux yeux alors que je toussais. Il fallut quelque seconde pour que je me calme et que je parvienne à répondre, non sans avoir rougi.

— Euh, oui, bien sûr ! On peut s’organiser ça prochainement ! Avec nos agendas de ministres, ce ne sera peut-être pas avant l’année prochaine, mais on trouvera.

Luca et Harper à nouveau dans la même pièce… ça allait s’annoncer… explosif ? Oui, ça devait être ça le mot. Qui sait ? Peut-être qu’avec Théodora nous pourrions nous amuser à compter les points ? Et… qui sait ce qui sera arrivé dans mon couple d’ici là ? Que de bonnes choses, je l’espérais. De très bonne chose. Le souvenir de ma discussion avec Harper, perchées sur notre falaise en Chine, me revint. J’eus un sourire vague. Tendre.
Je clignais des yeux pour revenir à moi. La perspective de cette rencontre m’émoustillait. Si Luca en venait à faire une telle proposition, c’était que leur relation devenait de plus en plus officielle. J’étais sincèrement heureuse pour lui. Je ricanais en le voyant soi-disant exaspéré de mes questions et je lui donnais une petite tape sur l’avant-bras.

— Je crois que oui ! Et tu vois ? J’avais raison ! depuis le début. Hé !

Je levais mon verre devant moi et l’avançait un peu devant Luca.

— À nous ? À nos discussions chiantes, mais efficaces.


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Luca n’était pas vraiment du genre à se préoccuper des autres. Il avait déjà bien assez à faire avec lui-même. Être à la tête d’une mafia n’était pas de tout repos et il avait tellement à gérer. Chaque journée était rythmée par les affaires plus ou moins urgentes qu’il avait à régler et ce climat était parfois anxiogène. En tout cas, cela l’était suffisamment pour que Luca ait appris qu’il ne pouvait pas se soucier d’autrui ; le mental jouait un rôle des plus importants dans les tâches qui lui étaient demandées d’effectuer alors il ne pouvait concéder aucune distraction. Évidemment, certains membres privilégiés de la Cosa Nostra bénéficiaient d’une attention toute particulière mais ils étaient peu nombreux à prétendre à ce titre. Quant aux personnes extérieures à la famille, elles se comptaient sur les doigts d’une seule main. Abigail en faisait partie et même si Luca n’aurait jamais pu imaginer que leur relation prenne cette tournure, il était ravi de la manière dont elle avait évolué. Il y avait plusieurs raisons à cela ; la première et la plus simple, était de considérer qu’Abigail n’étant pas au courant des activités mafieuses du jeune Zabini, elle était tout à fait à même de lui offrir une bouffée d’oxygène. Avec elle, il n’était nullement question de familles rivales, de comptes à régler ou de transports de marchandises illicites. Leurs discussions étaient différentes, bien différentes. Et Luca pouvait prétendre être un jeune trentenaire des plus ordinaires en sa présence ; avec son caractère bien trempé, évidemment. Mais sans le poids qui lui incombait. La seconde raison était plus triviale ; il adorait Abigail. C’était aussi simple que cela. Jamais il n’aurait cru que ce petit bout de femme pouvait être intéressante à fréquenter. Après tout, ils n’avaient pas grands choses en commun en dehors de leurs penchants pour les romances épineuses. Si Luca n’aimait pas vraiment s’épancher sur ce sujet, la jeune professeure, quant à elle, s’évertuait à chacune de leurs rencontres à le pousser dans ses retranchements sur les sentiments qu’il pouvait bien avoir pour la jeune femme qui partageait désormais sa vie. La troisième raison et non des moindres, Abigail savait comment le confronter et lui parler d’une manière frontale. La plupart du temps, les gens n’osaient pas.

Il ricana lorsqu’elle lui signifia qu’il était un imbécile. Les choix de Luca avaient été des plus douteux, il devait bien l’admettre. Il avait fait une erreur monumentale mais au final, il ne regrettait rien. « Tu sais, au final, cela nous a servi que je ne l’invite pas au mariage. » Puisque cela avait amené à cette discussion à cœur ouvert. Et désormais, Luca vivait des soirées plus sereines avec Théodora, oubliant son passé de débauché, préférant partager la couche d’une seule femme. C’était étrange comme les habitudes pouvaient changer à partir du moment où les sentiments entraient en jeu. En tout cas, si Luca taisait tout cela, Abigail semblait le comprendre sans qu’il n’ait besoin d’expliciter davantage. En soit, il en était satisfait, il détesterait devoir expliciter les choses. « Merci ? » dit-il, pas trop certain que c’était la chose à dire lorsqu’elle ajouta qu’elle était ravie qu’ils aient pu échanger ensemble, qu’ils aient pu parler. Le sourire qu’elle portait sur son visage témoignait bien de son humeur et Luca en était fort intrigué. Était-ce si étrange de considérer tout cela comme étant la suite logique de leur histoire ? Il n’en savait rien, la seule chose dont il était certain, c’était qu’il était satisfait. « Mhum… » commença-t-il, cherchant comment répondre à sa question. Était-il déstabilisé ? Soulagé ? Non, rien de tout cela. « Ni l’un ni l’autre je suppose. Mais tout cela a le mérite d’être clair. Que cela ne soit plus si nébuleux facilite les choses. » En tout cas, Luca se sentait prêt à passer davantage de temps avec Théodora en compagnie d’autres personnes. Et pourquoi pas avec Abigail ?

La proposition de l’italien dut surprendre l’écossaise qui avala son breuvage de travers, lui arrachant un ricanement. Était-elle si surprise que cela ? Elle évoqua le fait qu’il allait probablement falloir s’organiser à l’avance, compte-tenu de leurs emplois du temps respectifs. Il était vrai que Luca était un homme des plus occupés entre son travail, la mafia, les courses de moto et tout le reste. « Avec plaisir. » L’an prochain, c’était si loin et si proche à la fois. Et cela laissait aussi à Luca le temps de mieux appréhender sa relation avec Théodora, de mieux la comprendre, de mieux la vivre. « La fanfaronnade ne te sied guère. » plaisanta Luca, utilisant volontairement un langage des plus pompeux afin de tenter de mettre à distance le fait qu’elle avait raison : elle avait pressenti tout cela, elle avait pressenti que Luca n’était pas indifférent à Théodora, qu’il n’était peut-être pas aussi solitaire qu’il le laissait paraître. Elle avait compris cela avant lui-même alors même qu’Abigail ne connaissait qu’une partie de l’histoire, qu’une partie du passé de Luca. C’était amusant de constater que parfois, c’était les autres qui comprenaient ce qu’on cherchait à se dissimuler à soi-même. Luca le savait mieux que quiconque. « Je n’ai certainement pas fait tout ce chemin pour qu’elles ne le soient pas ! » expliqua Luca en riant, portant à nouveau sa bière à ses lèvres.

C’était amusant de constater à quel point tout semblait facile avec Abigail. Et tandis que la conversation dérivait sur des sujets plus légers, Luca put sans difficulté se détendre et profiter de la présence de son amie. Qui aurait cru qu'il puisse passer du temps agréable en compagnie d'une femme sans arrière-pensées? Qui aurait cru qu'il soit possible de s'amuser autant sans avoir besoin de penser aux affaires qui l'attendaient au sein de la Cosa Nostra ? C'était une belle parenthèse, comme à chaque fois. C'était ce qui rendait leur amitié si chère aux yeux de Luca.


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