Mission Impossible

Un village moldu, un hippogriffe, une mission secrète… Le début d’un mauvais film avec pour héroïne une étudiante complètement indécise quant à la raison de sa présence. Les créatures magiques n’est même pas le domaine dans lequelle Azalea excelle, elle n’a jamais eu la tête à les étudier plus que de nécessaire. Voilà pourquoi, une semaine après qu’elle ait été choisie pour cette tâche hors du commun, elle se questionne encore sur la bonne marche à suivre. Abigail Mcfusty a, grâce à Merlin, proposé de lui donner un cours accéléré sur les Hippogriffes et dans le même temps, a avoué à l’étudiante de septième année être à l’origine de son assignation à cette mission de sauvetage. Azalea n’en revenait pas, elle pensait sincèrement que sa professeur gardait une rancœur sévère après leur petit échange malencontreux dans l’un des couloirs des cachots. Et au-delà de ses à priori purement affectifs, la jeune fille ne se considère pas comme la plus à même de gérer un animal, il faut bien l’admettre, elle n’est pas l’élève la plus patiente de Poudlard.

"Je sais que vous allez entrer dans le cursus de la protection magique. Je me suis dit que cette mission pourrait peut-être vous aider à vous faire bien voir par le ministère. Pour après vos études, s’est-elle justifiée.”

L’argument valait la route, pourtant Azalea conserve de sérieux doutes quant à son aptitude à gérer une situation comme celle-là. De toute façon les missions confiées par le ministère, surtout à une future auror, sont difficilement refusables. Elle ne l’a donc pas remise en cause, s’est résolue à suivre le cours silencieusement et s’est préparée à la possibilité de faire face à sa propre incompétence. Et Merlin seul sait qu’elle déteste se sentir impuissante. Adoneus a par la suite ajouté à la pertinence de son assignement en lui rappelant sa nette connaissance de la partie moldue et sorcière du monde, un avantage considérable pour n’importe qui voudrait se fondre dans la masse.
Le jour venu, Azalea loin d’être confiante est au moins parvenue à se raisonner, elle s’est toujours débrouillée, elle le fera de nouveau. Le village dans lequel se trouve l’Hippogriffe est classique des petites bourgades anglaises où les rumeurs vont bon train, entretenues par de vieilles commères au jugement tout à fait discutable. Devoir les éviter frôle l’impossible, c’est un peu comme si une centaine de caméras se trouvaient braqués sur elle et son partenaire de mission, attendant le moindre de leurs faits et gestes. Tous deux observent de loin l’animal dans un pâturage encerclé par des maisons en pierre mitoyennes dont les rideaux blancs ne cessent de s'entrouvrirent. Azalea pousse un soupir à fendre l’âme, jamais le destin ne lui facilitera donc la tâche ? Phobos ne semble pas plus enchantée qu’elle, elle trouve du réconfort dans sa réaction qui s’accorde à la sienne.

“Vous avez une idée de génie Miss ? demande-t-il finalement.

-De génie je ne sais pas mais si il n’en tenait qu’à moi, j’aurais déjà pétrifié tout ce beau petit monde… Répond-t-elle placide.

-On pourrait attendre la nuit… Propose-t-il.

- Il semble que nous n’ayons pas le choix, puisque nous devons favoriser le politiquement correct à l’efficace.”

L’héritière Stinkwood rabat la capuche de sa cape rouge d’un geste agacé et s’installe dans l’herbe en retrait, loin des regards indiscrets. Au moins le temps est clément malgré le froid. Si Abraxas la voyait, il serait sûrement insupportablement railleur. Azalea profite de ce léger moment de flottement pour observer son partenaire de mission : un homme propre sur lui, d’une cinquantaine d’années visiblement bon analyste, intelligent et réfléchi… Elle aurait pu tomber sur bien pire. La jeune femme glisse une main dans le sac qu’elle a posé contre sa hanche et en sort un petit carnet relié. Elle l’ouvre, balaye les pages d’une main assurée et s’arrête sur une illustration représentative d’un Hippogriffe accompagnée de notes rédigées à la plume.

“Si cela ne tenait qu’à moi, il suffirait de découper cette créature en différents morceaux de viande pour que ce soit plus discret… Déclare Phobos.

-Je vous imagine bien sortir votre baguette devant les yeux ébahis de tous ces gens pour taillader un Hippogriffe de votre taille dont les cris ne sont assurément pas les plus discrets puis transporter des sacs de plus de trente livres en travers du village… Raille-t-elle sarcastique. Voilà qui ferait montre de beaucoup de discrétion.”

Malgré le ton moqueur, Azalea offre à son partenaire un petit sourire amusé qui trahit tout de même son désir d’en finir coûte que coûte tout comme lui.

“Je déteste ces gens, ils représentent l’un des pires aspects de la race humaine, sorciers et moldus confondus…”