Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
L'année scolaire touchant à sa fin, tu fuis de plus en plus souvent la salle commune au cœur de laquelle les étudiants de Serdaigle, déjà forts studieux à l'ordinaire, sont plus que jamais à la recherche du calme. La présence de tes camarades assis dans le plus grand silence, s'occupant uniquement à parcourir les notes de leurs parchemins accumulées au cours des derniers mois encore et encore te perturbe – tu as beau également apprécier la tranquillité, il n'en reste pas moins que tu la vois davantage appropriée à un lieu comme la bibliothèque. Une fois que tu as franchi la porte de cette pièce aux étagères regorgeant de livres, tu t'attends à des mouvements de foule, des rires, des échanges de conseils et de l'entraide – ainsi, le mutisme qui règne dans la salle commune comme une règle d'or ces derniers temps te déroute. Passant récupérer quelques affaires dans ton dortoir à la fin des cours, tu t'es en conséquence empressé de filer en direction de l'extérieur pour pouvoir étudier à l'approche des examens à ta guise. Toi, lorsque tu as besoin de te concentrer pour étudier, tu aimes le bruit du vent dans les arbres, des sabots qui grattent le sol, l'odeur de la terre et des plantes environnantes, la vision de différentes espèces d'animaux filant devant tes yeux – en résumé, tu aimes la forêt interdite, qui balance entre un calme olympien et un véritable capharnaüm et peut changer d'atmosphère d'un moment à l'autre. Aujourd'hui pourtant, tu n'as pas prévu de t'y rendre ou du moins, pas encore. Chaque Vendredi, un creux dans l'emploi du temps te permets de terminer les cours une heure plus tôt qu'à l'ordinaire et tu profites de cet avantage ainsi que de l'approche du week-end pour retrouver l'enseignante de soins aux créatures magiques près des enclos pour un cours particulier qu'elle te donne assidûment chaque semaine depuis quelques mois. Tu attends ce moment avec impatience à chaque fois, ton tempérament studieux seul t'empêchant de trépigner d'impatience et de regarder les minutes s'écouler aux horloges des classes que tu traverses pour le dernier après-midi de travail de la semaine. Tâchant de rester concentré sur chacun des cours pour ne pas perdre la moindre information, tu es néanmoins l'un des premiers à ranger tes affaires une fois que sonne la fin de la dernière heure d'enseignement ce jour-là.
Tu as connu Abigail peu après ton arrivée en Écosse, quand ta mère a décidé de réaliser son rêve et de construire un élevage de dragons et de chevaux ailés – celle qui devait devenir quelques années plus tard le professeur McFusty l'avait alors pas mal aidée et conseillée. Tu ne sais pas exactement laquelle est venue à la rencontre de l'autre, tu ignores une grande partie de leurs échanges même actuellement mais Abigail a toujours été une présence stable dans ton entourage depuis que tu as mis les pieds au Royaume-Uni, suivant tes parents qui s'y installaient définitivement. Tu ne songeais pas un seul instant pourtant en remplissant le formulaire de choix des options à la fin de ta seconde année qu'elle deviendrait professeur de l'une d'elle, mais la surprise de la retrouver assise à la table des enseignantes lors de la cérémonie de répartition à la rentrée suivante t'a fait relativement plaisir. En plus de ta passion pour les créatures magiques qui ne pouvait que te faire aimer le cours, tu étais parti avec l'avantage de ne pas totalement t'aventurer en terrain inconnu même si tu n'as évidemment jamais été familier avec elle, séparant toujours la façon dont tu la vois désormais dans le cadre scolaire et en dehors par mesure de respect. Arrivé près de l'enclos, tu t'appuies doucement contre les barrières de bois pour observer Sleipnir qui ne tarde d'ailleurs pas à faire preuve de sa curiosité habituelle, trottant vers toi avec un hennissement que tu juges plutôt joyeux. Tu lui fais quelques caresses affectueuses, grattouillant l'arrière de ses oreilles puis son chanfrein en souriant, attendant ainsi l'arrivée de ta professeur et te demandant ce qu'elle compte te faire étudier aujourd'hui en particulier.
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Abigail MacFusty
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Mer 2 Déc - 14:13
22 mai 2020
La vie était apparemment faite d'équilibre. De bons et de mauvais événements, le soleil et la lune, la vague qui monte puis descend, le printemps après l'hiver. Ce genre d'exemple, il y en avait plein que je pouvais trouver, mais j'en avais un tout fait et tout cuit (c'était le cas de le dire) en cette fin de semaine. Le professeur de Potions avait des fois la fâcheuse tendance (mais je devais admettre qu'il avait raison) de profiter de ma position avec les Créatures Magiques pour obtenir des ingrédients. Je n'aimais pas spécialement exploiter les ressources animales, mais de temps à autre je devais mettre mes propres intérêts de côté, d'autant plus que les élèves devaient bien apprendre d'une manière ou d'une autre. Enfin, je préférais contrôler moi-même ce qui sortait du secteur des animaux de l'école, plutôt que ce soit détourné et que ça puisse alimenter le trafic. Bien sûr, je n'avais aucun doute sur l'intégrité du directeur, mais des fois les professeurs, et même les étudiants, arrivaient à me surprendre, et pas toujours en bien. Alors, quand Gérard est venu me voir avec une liste d'ingrédients dans les serres, je poussais un long soupir las en reconnaissant immédiatement la police d'écriture. De plus, évidemment, il voulait ça pour lundi et nous étions vendredi en fin de journée. Il pensait pouvoir mettre les pieds en éventail pendant que je bossais pour lui le week-end ? Non mais…
Me contentant d'un petit claquement de langue pour manifester ma désapprobation, je fis volte-face pour aller préparer mon sac qui ne me quittait jamais depuis ma rentrée à Poudlard, il y a de cela des années. Fort heureusement pour moi, j'avais un rendez-vous plutôt intéressant à venir, et je savais que l'élève en question était doué. J'avais connu ses parents, surtout sa mère, alors que j'étais une dragonologue diplômée et fière représentante du clan McFusty (je l'étais toujours pour l'un et l'autre aujourd'hui). Elle s'était adressée à moi pour son élevage, les discussions avaient été aussi longues et fatigantes qu'instructives et intéressantes. Les accords finalement trouvés, j'étais heureuse d'avoir pu venir en aide à une personne qui se préoccupait de la bonne santé et le bien-être des dragons, une personne qui voulait agir pour leurs pérennités. Voilà pourquoi, ma famille et moi-même, avions même été enclins à fournir un mâle reproducteur Noirs des Hébrides. Cependant, je préférais savoir cette race en pleine liberté dans son lieu de vie d'origine.
Bien sûr, je savais qu'en devenant professeure à Poudlard j'allais forcément rencontrer des enfants de parents que je connaissais plus ou moins. Pourtant, cet élève-là était plutôt spécial pour moi. Nephentheo, bien que jeune, était extrêmement appliqué et attentif par la matière que j'enseignais. Il était sans nul doute l'un de mes meilleurs élèves, et voilà pourquoi je lui avais proposé de lui donner des cours particuliers. Cela dit, j'en donnais à tous les élèves demandeurs ou en nécessité, je n'étais pas ce genre de professeur élitiste, à préférer uniquement ceux qui ont de la facilité. Non, mais partager, me sentir écoutée et non pas jugée, apprendre à autrui cette passion qui me faisait respirer depuis ma plus tendre enfance, c'était quelque chose d'absolument unique et qui me mettait en joie bien souvent. Qui aurait pu croire qu'un jour, une femme aussi timide que moi trouve quelque satisfaction à être enseignante. Déjà qu'il était étrange pour ceux qui me connaissait mal de m'imaginer me dresser devant des dragons, moi, du haut de mon mètre cinquante, alors sur les devants de la scène, c'était tout à fait saugrenu. Petite sorcière surprenante que je pouvais être.
Une fois enfin prête, la liste soigneusement pliée dans la poche de ma veste en jean, je sortais de ma salle, apparence d'une élève d'université qui sort d'un cours, comme n'importe quel étudiant. Allure d'une jeune adulte qui a oublié de grandir, pantalon délavé et chemise à carreaux bleu et jaune sur les épaules, je retroussais mes manches longues jusqu'à ce qu'elles soient remontées à mes coudes. Traversant les couloirs avec agilité, évitant soigneusement les élèves qui pouvaient m'alpaguer ou me bousculer, je sortais dans la cour puis enfin dans le parc. Inutile pour moi de me demander où pouvait se trouver mon jeune élève, j'avais déjà une idée. Si j'appréciais à ce point le jeune homme, c'était aussi parce que nous avions un point commun peu répandu : nous pouvions les voir. Ces chevaux ailés que les néophytes pensaient de mauvais augure. Au début, je voulais protéger mon petit Sleipnir en leur évitant tout contact, mais j'avais été forcée de constater que Nephentheo c'était pris d'affection pour le jeune Sombral, et l'inverse était aussi juste.
C'était donc sans surprise que je les trouvais là, jeunes qui allaient tous les deux entrer dans l'adolescence ensemble. Ça aurait pu faire un magnifique duo, si Sleipnir lui appartenait. Cependant, il était hors de question que je me sépare du jeune animal, d'autant plus qu'il ne suivait que moi. Cela dit, ce n'était pas les Sombrals que je voulais faire étudier au jeune Serdeigle aujourd'hui. Une fois arrivée à côté du garçon, je lui souriais alors que, comme si je ne voulais pas arrêter ma marche, je passais directement la barrière pour rejoindre mon jeune compagnon à quatre pattes.
- Bonjour Nephentheo, comment vas-tu aujourd'hui ?
Question qui peut être rhétorique, elle n'était pas non plus une simple politesse venant de moi : j'avais surtout besoin de savoir les prédispositions du jeune homme avant de l'emmener avec moi sur le terrain. Douce, je venais poser une main délicate sur l'encolure du Sombral tout en vérifiant son état général. Dans le fond, je savais qu'il allait très bien, mais c'était devenu un réflexe pour moi en ce qui le concernait. Puisque je l'avais tiré d'un trafic, qui avait couté la vie à mon frère qui plus est, je prenais soin de l'animal comme de la prunelle de mes yeux. Chassant rapidement, et tant bien que mal, la tristesse qui agrippa ma gorge au souvenir de la mort de mon aîné, je tournais les yeux en direction du jeune sorcier, sans pour autant le fixer. Je ne l'avais pas encore fait depuis mon arrivée et je le faisais rarement lorsque nous étions en classe, ce n'était que de temps en temps que j'osais soutenir le regard des autres, qu'importe qui. Souvent, j'étais traitée d'autiste à agir ainsi, mais c'était plus fort que moi. De par ma bonne vue périphérique et ma sensibilité exacerbée, je vérifiais l'allure du garçon avant de reprendre.
- Nous devons aller chercher quelque chose de plutôt mmmh…. Je levais mes prunelles au ciel, un petit sourire goguenard aux lèvres. Brûlant. Je t'invite donc à retirer ce qui t'est précieux et qui est facilement inflammable. Et de préparer tes meilleurs sortilèges de gel aussi. Revenant sur le Serdeigle, je gardais mon sourire énigmatique tandis que j'ouvrais l'enclos de Sleipnir, prouvant ainsi que l'animal allait venir avec nous. Après tout, il avait bien le droit de se promener lui aussi.
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Sam 5 Déc - 6:06
ABIGAIL & NEPENTHEO
22 MAI 2020
Tu remontes doucement tes doigts, effleurant désormais la fine crinière noire de l'animal qui te fait face. Les Sombrals ne t'ont jamais effrayé malgré leur supposée mauvaise réputation, leurs apparences morbides et le dégoût qu'ils inspirent à la plupart du temps aux personnes capables de les voir également – leur carrure osseuse due à la très fine couche de peau qui la protégeait ne t'offre pas d'autres sentiments négatifs qu'un bref pincement de cœur, entraînant avec lui la mémoire de ton frère aîné et des gens qui ont perdu la vie devant tes yeux au cours de ces derniers mois, en particulier à la mission de sauvetage à laquelle tu as participé une semaine avant de te retrouver enfermé dans la cave des Kane. Le souvenir de Robin s'impose un bref instant à ton esprit et tu songes qu'il faut que tu penses à le contacter en vue de pouvoir le rencontrer au cours de l'été si son emploi du temps d'avocat vous en laisse la possibilité – mais concentré sur Sleipnir, tu remets très volontairement ce projet à plus tard. Les doigts de ta main droite continuent de se perdre dans sa crinière tandis que ceux de la gauche recommencent à grattouiller son chanfrein. Les animaux t'ont toujours fascinés – pas uniquement ceux qui appartiennent à ton monde d'ailleurs, la faune du monde moldu trouve également grâce à tes yeux, à commencer par les alligators que tu côtoyais si souvent durant ton enfance – et l'affection que te rend le jeune poulain te fait plaisir. Tu n'aurais pas osé l'approcher si la tendresse que tu lui manifeste n'avait pas été réciproque mais par un heureux hasard, il est tout curieux et joyeux à l'approche de ta présence que tu l'es de la sienne.
Laissant échapper un hennissement bien plus euphorique que lorsque tu t'es approché de l'enclos, Sleipnir te mets au courant de l'arrivée de sa propriétaire et tu fais retomber tes mains sur la barrière de bois après une dernière caresse. Ton regard se pose ensuite sur Abigail à laquelle tu rendis un sourire passionné, le cœur battant légèrement plus fort à l'idée que tu sauras bientôt quelle nouvelle créature tu vas étudier en cette journée de fin de semaine. Elle se glisse rapidement dans l'enclos sans prendre le temps de stopper son allure – et tu ne peux que la comprendre, le jeune Sombral vers lequel elle se dirige passant avant toute chose – et tu les obser avec attention l'un comme l'autre. Sa question étire un peu plus tes lèvres dans un mouvement amusé l'espace de quelques secondes ; Tu pourrais difficilement te sentir mal d'ailleurs, en présence d'une créature et prêt à partir à la découverte d'une autre lors du cours particulier qui va suivre. ❝ Bonjour Professeur. Au top, je vais parfaitement bien ! Et vous ? ❞ En temps normal, devant les autres étudiants ayant choisi l'option qu'elle enseigne, tu ne te permettrais pas de retourner la question – mais puisque que vous êtes en cours particuliers, tu lui retourne timidement la politesse, soucieux dans un autre sens de savoir comment elle se sent également malgré le fait qu'elle soit devenue ton enseignante depuis le début de l'année. Un doux sourire aux lèvres, tu la regarde flatter l'encolure de son jeune Sombral, admirant le lien affectif qui les unit tous les deux au point de les rendre presque fusionnels. Reprenant la parole, Abigail évite de poser les yeux sur toi – elle a toujours le regard fuyant et tu n'y accorde pas plus d'importance que cela, tu accordes plus d'intérêt à sa maîtrise des créatures magiques et plus récemment, à la qualité de son enseignement, qu'à la façon dont elle se comporte avec les autres personnes. Tu passes brièvement le bout de ta langue contre tes lèvres en l'entendant évoquer en partie le sujet d'étude du jour tout en laissant planer une part de mystère. Un sujet enflammé … Cela peut être tout et n'importe quoi, en réalité. Dans un des livres de la bibliothèque de Poudlard traitant des actes les plus insolites de magie jamais pratiqués, avec un chapitre entier consacré à l'interdiction de l'élevage expérimental, tu te souviens d'avoir lu l'année dernière l'histoire d'une poignée de personne ayant au cours de l'été 1995 réussi à faire cracher des flammes à un poulet, qui avait par la suite été saisi par les agents du Ministère de la magie de l'époque. Le récit ne précisait pas si un contresort avait pu être efficace et rendre au coq sa nature de volatile inoffensif mais le sujet t'es resté en tête et tu supposes donc que son champ de possibilité pour ce cours particulier pourrait être vaste si tu n'avais pas affaire à une enseignante consciencieuse. Heureusement, elle respecte le processus d'élevage à la lettre et tu es certain que tu n'auras pas à étudier une créature issue d'une hybridation improvisée dans les moments à venir.
Tu ne cherches pas trop longtemps – quelques pistes te viennent en tête, notamment les crabes de feu, mais tu préfères garder la surprise pour le moment venu, histoire d'en profiter au maximum. Tu te concentre donc sur la seconde partie de ses paroles, suivant les instructions données pour t'inciter à la prudence. Tu retires ton collier et ta gourmette en or que tu glisses soigneusement dans le sac à bandoulière que tu as toujours sur toi et dans lequel tu ranges une multitude d'objets, pas forcément tous utiles mais toujours intéressants à conserver pour le moment venu. AAyant rafraîchi rapidement ta mémoire au sujet du sortilège de gèle-flamme – qui impose de réaliser un mouvement ondulé du bout de la baguette en la passant au dessus de sa tête et ses épaules –, tu reportes ton attention sur la directrice de maison des Poufsouffles qui a entre temps ouvert la barrière de l'enclos pour permettre à son poulain de sortir. ❝ Partant quand vous l'êtes ! J'ai hâte de découvrir la créature du jour. ❞ Tu balaies légèrement les horizons du parc autour de vous, attendant qu'elle donne le signal de départ, fin prêt à prendre des notes aussi bien mentales qu'écrites dans les instants à venir pour assouvir ta soif de connaissance au sujet des animaux fantastiques une fois de plus.
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Abigail MacFusty
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Lun 7 Déc - 13:55
Mon cœur se souleva de joie alors que Sleipnir vint me faire la fête à mon approche. C'était ça. Juste ça qui me motivait à ce point avec les Créatures. C'était ce lien si particulier, si intense et si vrai. Ce qu’il m'était impossible de trouver dans une quelconque relation avec d'autres êtres humains. Peut-être étais-je un monstre de penser ainsi, pourtant, les faits était là. Même si j'avais des liens très forts avec ma famille et les autres membres de mon clan, ce n'était pas vraiment le cas à côté. Mes relations amoureuses s'étaient toutes soldées par un cuisant échec et je n'avais que très peu d'amis. Qui plus est, je savais que mes propos, lorsque je venais à me confier à quelqu'un, pouvaient blesser ou choquer. Alors, je préférais m'abstenir, rester dans l'ombre et dans le silence et ne plus commettre aucun impair. Je craignais trop les représailles, comme une petite enfant qui avait peur de se faire punir. L'animal lui, qu'importe de quelle race il appartient, ne juge pas, il ne se met pas en colère pour ce que je lui confie. C'était un amour inconditionnel, sans concession, où la confiance est maitresse. Car il fallait bien avouer que les relations humaines étaient particulièrement fastidieuses. Jalousie, possession, suspicion, abnégation, sacrifice. Tout ceci était inexistant avec les créatures. En quelque sorte, j'étais devenue dépendante de cette affection, de toute cette liberté en amour, sans condition.
Il y avait toutefois quelques exceptions. Des êtres humains qui sortaient du lot, certains avec qui j'arrivais à être légèrement plus à l'aise, pour la simple et bonne raison que nous nous ressemblions dans nos différences. C'était le cas avec Nephenteo, jeune garçon qui pourtant en mordait pour les créatures. De temps en temps, je me revoyais un peu en lui. Jeune sorcière du même âge qui buvait les paroles de son professeur de l'époque, celui qui m'avait tout appris, en plus de ma famille et de mon clan. Toujours encline à sortir, à aller à l'aventure découvrir de nouvelles choses, en apprendre plus, toujours plus. Voilà peut-être aussi pourquoi je me sentais si responsable du jeune homme. J'avais la prétention de croire que je pouvais contribuer à en faire de lui un homme responsable et consciencieux, sensible à son entourage et à la nature qui nous entoure. Car la race humaine avait tendance à davantage la brûler, la piller et la déshonorer, cette terre qui la nourrissait. D'un vague coup d'œil dans sa direction, je lui souriais, détendue. Je savais que d'ordinaire il ne prenait pas autant de liberté avec moi, mais ici, nous n'étions que tous les deux. C'était aussi sans compter que je ne prenais pas grande attention au protocole. Je me sentais avant tout comme une personne plutôt qu'une enseignante.
- Je vais bien aussi, merci.
C'était la vérité, même si toutefois je n'entrais pas dans les détails. J'étais aussi fatiguée, car ces derniers temps je dormais peu, trop préoccupée par ce qui se passait entre les Blood Circle et le monde sorcier, trop préoccupée à me demander ce qui va arriver aux créatures fantastiques si jamais les moldus l'emportaient. Cela dit, ce n'était ni le moment ni le lieu pour me faire parasiter par ce genre de pensées. Tandis que j'étais en train de sortir Sleipnir, je regardais le Serdaigle suivre mes instructions avec minutie. Il retira quelques bijoux et autres petites choses qui lui étaient précieux avant qu'il ne me signale être prêt. D'un regard presque amusé, je lui fis signe de me suivre du menton, avant de faire volte-face et de m'éloigner de l'enclos, et du parc. Je savais que la plupart des élèves rechignaient à aller dans la forêt interdite, mais du fait que j'étais présente, je ne me faisais pas de soucis pour mon élève. Enfin, je savais que lui, il n'avait aucune réserve à aller là où je l'emmenais.
D'un pas régulier, presque silencieux, j'errais dans la forêt sans crainte. Attentive, j'écoutais le moindre bruit (ils étaient presque tous sourds et pesants), le moindre frémissement, comme si la forêt elle-même était en train de respirer. Au loin, il était possible d'entendre de nombreux martèlements, comme un troupeau au grand galop. Peut-être des centaures. Il y avait plus d'une raison ici pour que je puisse me sentir mal à l'aise, et pourtant, j'étais calme, à la respiration tranquille. Étrangeté que je pouvais dégager, moi qui avais peur d'une simple conversation, je ne ressentais que de l'apaisement à être en ce lieu étrange, presque morbide. Aussi, je me sentais humble. Humble d'être dans une forêt aux arbres si anciens, qui ont été spectateurs et témoins silencieux de bien des événements. Sans doute même des centaines qui restaient secrets encore aujourd'hui. Comme une citadine était capable de se repérer presque instinctivement en ville, moi, je me guidais sans l'ombre d'une hésitation grâce aux indices éparpillés dans la flore présente. Je savais exactement où je devais aller et ce que je cherchais. Mais dans l'attente d'arriver à bon port, je jetais un œil à mon élève à mes côtés. J'étais restée silencieuse tout ce temps sans trop le réaliser, perdue dans mes pensées. Je décidais alors de faire un effort. Cessant ma marche, je m'arrêtais entre deux énormes troncs d'arbres aux puissantes racines. Elles soulevaient le sol autour de nous, comme des vagues en colère, mais immobiles. Nous étions comme deux naufragés en pleine tempête, figés dans le temps, car bercés dans notre passion, tout était en suspension.
- Nous devons continuer à l'Ouest. Saurais-tu m'indiquer la bonne direction ?
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