Ca semblait tellement stupide, tellement ridicule et pourtant, c’était la situation, l’angoisse que je ressentais actuellement. Pourtant dans les faits, ce que relevait Will était raisonnable. Je ne parlais plus à mes parents et j’étais anglais, le mariage entre deux homme était d’ailleurs autorisé ici depuis sept ans. J’avais tellement l’habitude de vivre dans cette angoisse que je savais passer outre, seulement, ce qui m’étonnais ici c’était qu’il sache depuis combien de temps c’était autorisé alors qu’il ignorait tout de Spiderman. Ne préférant pas relever cela - en grande partie car ça semblait sensible - je l’écoutais raisonner sur la suite. Je devais faire confiance à ma grand mère, elle semblait m’aimer et je pouvais être surpris de ce qu’elle pouvait accepter par amour. Bien évidemment il ne voulait pas me forcer, ce n’était que son avis, mais il était vrai que si elle avait accepté la magie, peut-être que le reste ne serait pas si difficile.

Revenant à lui, il avoua qu’une autre personne le savait, mais il avait ses raisons pour ne pas vouloir en parler. Au final pour lui, ce qui comptait c’était bien d’être en paix avec celui qu’on était et non pas avec d’autres qui ne nous connaissaient pas. Serrant un peu plus sa main dans la mienne, je murmurais, « Je sais qui je suis, ce que j’aime, ou ce qui m’attire, j’ai simplement peur des autres et de combien ils pourraient tout gâcher. », de combien ils pourraient me forcer à être un autre juste par peur de l’abandon. « T’es beaucoup trop rationnel tu le sais ? » déclarais-je en repoussant mes problèmes pour lui dire, « Je suis content de faire parti des deux. », même si c’était stupide, même si on s’en fichait. « Et je dirais jamais rien, à personne et ce jusqu’à ce que tu ne te décides à le dire… Si ça arrive un jour. Je te promets de protéger ton secret et de te faciliter la vie. » et une promesse de Poufsouffle ca valait de l’or. Et de ce que je comprenais, c’était bien trop important pour que je le néglige.

Me penchant vers lui, je glissais une main un peu mal assurée sur son visage pour l’inviter à me regarder à nouveau, pour lui sourire et lui avouer, une fois son regard capté et ma main retombé, « Je l’ai su avec toi. » c’était un peu vague, mais si ça pouvait faire revenir la joie et la chaleur, ça ne pouvait-être que prit. « Quand je te voyais, je me sentais bizarre, j’ai toujours eu envie de te parler, je crois même que j’ai du foirer quelques exercices juste pour avoir l’espoir d’être avec toi, même juste pour parler de cours. » et ça faisait très série télé, mais je n’allais pas le déranger avec ça, j’allais le perdre à force. « On pourra… On pourra se retenir la main quand on sera qu’à deux à la tour ? » demandais-je un peu stupidement face aux quelques doutes et questions que j’avais. « Genre même si maintenant c’est cool, on pourra recommencer ? Qu’à deux, sans personne, genre comme si partagé un truc tu vois ? » celui qui avait un doute sur mon absence de talent sur la drague et ce genre de relation verrait clairement que oui, ma façon de demander si oui ou non nous étions ensemble était bien une façon nulle et ridicule. « Non pas que c’est pas cool de te regarder de loin, mais… J’aime vraiment beaucoup beaucoup être aussi prêt. » concluais-je avec un regard stupide sur le visage.

Il donne probablement l’impression du contraire, mais ce n’est pas tellement la gêne qui fait baisser les yeux à Will. Ce qu’il craint surtout, c’est qu’Elias veuille en savoir plus, poser des questions sur ce semblant d’explication qui n’éclaire pas grand chose. Will n’est pas prêt à lui répondre et il doute de l’être jamais. Il est des sujets que le silence sied bien mieux que de longs discours. Dans les yeux du Serpentard, celui-ci en est un, probablement car il sait au fond de lui que seul un sorcier de son rang pourrait comprendre vraiment. Et Elias n’est pas un sorcier de son rang, quoi qu’ils en pensent l’un ou l’autre. Ça n’empêche pas le Serpentard de sourire doucement lorsque le garçon lui fait le reproche d’être trop rationnel. “C’est l’une de mes nombreuses qualités, oui.” rétorque-t-il, son regard toujours perdu dans le vague, alors qu’il semble pourtant de plus en plus évident qu’Elias ne lui posera pas plus de question. S’il a le malheur d’en douter encore un instant, le Poufsouffle rend cela très clair quand il clôt le sujet en faisant la promesse à Will de ne jamais dévoiler son secret à personne. En lieu et place d’un merci, Will se contente de presser brièvement sa main. Il a très envie de croire à cette promesse, mais il ne fait confiance à personne par principe, pas avant d’avoir des preuves que cette confiance est méritée, en tout cas. Et pour l’heure, il faut bien admettre qu’il n’en est pas encore là en ce qui concerne Elias, malgré son instinct qui paraît plus que prêt à céder à la tentation.

L’ambiance change drastiquement quand la main libre d’Elias se retrouve brusquement sur la joue de Will. Terrorisé, le jeune homme relève les yeux vers son camarade dans la seconde et il se crispe, plus que jamais prêt à s’éloigner si le Poufsouffle avait le malheur d’approcher plus. Ce n’est pas qu’il n’en a pas envie, c’est même tout le contraire, mais… Il n’est pas encore prêt pour ça. Il ne ressent rien d’autre que de la panique à la seule idée que le Poufsouffle envisage de l’embrasser. Ce n’est ni le lieu, ni le moment. De toute façon, la question cesse de se poser quand la main d’Elias s’éloigne enfin et qu’il reprend la parole comme si de rien était. Il faut quelques secondes de trop à Will pour se remettre de ses émotions et comprendre ce que le Poufsouffle essaye de lui dire et quand c’est enfin le cas, il n’est pas sûr de se sentir très à l’aise. C’est plutôt plaisant pour son ego, mais… Bizarre aussi, non ? Il a encore tellement de mal à se faire à l’idée que quelqu’un puisse avoir ce genre de sentiment pour lui, et encore moins Elias. “Je n’aurais jamais deviné.” fait-il remarquer, avec humour ou du moins l’espère-t-il.

C’est probablement un échec, si l'on en croit la vitesse à laquelle Elias change de sujet. Ça confirme au moins ce que Will soupçonnait déjà : il n’est pas très doué pour ce genre de choses. Comment est-il censé avoir une conversation si ouverte sur un sujet qu’il évite soigneusement au quotidien ? Sans compter qu’il fait tellement d’efforts pour donner l’impression qu’il ne sait même pas qui est Elias, que c’est presque devenu une seconde nature. Autant dire que la première chose qui lui vient à l’esprit quand le Poufsouffle en a terminé avec ses questions plus étranges les unes que les autres n’est pas tout à fait la meilleure chose à dire. Il ne s’en rend vraiment compte qu’après l’avoir dit. “T’es un peu bizarre, tu sais ?” Heureusement qu’il tient toujours la main d’Elias, sans quoi il serait probablement en train de se gifler après avoir dit ça. “Enfin…” Il ferme les yeux, dépité, pour les rouvrir aussitôt. “Je veux dire que je n’ai pas l’habitude de tout ça. T’as l’air… Beaucoup plus à l’aise, pour quelqu’un qui a peur de ce que les autres vont penser de lui.” Il s’enfonce un peu, non ? C’est franchement l’Enfer pour lui, en ce moment. Toute la situation lui échappe et il est beaucoup trop loin hors de sa zone de confort. “Ce que je veux vraiment dire, c’est… D’accord. Ok.” tente-t-il, avec plus de succès cette fois. “Et aussi… Je crois qu’on devrait rentrer avant qu’il soit trop tard et qu’on ait des ennuis.” Il y a peut-être aussi un peu du fait qu’il ne semble plus capable de dire un mot sans que ça ne tourne au drame. La soirée est un peu trop pleine d’émotions pour lui et avec Elias, son regard sans arrêt posé sur Will et les choses qu’il dit… C’est de plus en plus difficile de réfléchir pour le Serpentard. Il a besoin de réfléchir, de respirer aussi.

C’était donc une évidence que je n’étais pas doué, d’autant qu’il semblait avoir stressé à mon contact. Alors, plus j’en disais, plus j’avais peur de foncer dans un mur et ce fut presque le cas quand il affirma que j’étais un peu bizarre. Bizarre comme quelqu’un qu’on voulait fuir ou bizarre comme bizarre mignon ? J’avoue que j’avais un peu peur de la réponse, un peu peur d’être capable de le repousser et ça n’arrangeait rien aux battements de mon coeur. Un peu paniqué, pas franchement rassuré, je l’écoutais se reprendre et m’expliquer que j’avais l’air assez à l’aise pour quelqu’un qui avait peur du jugement des autres. Ok, c’était pas moi et… Et il était d’accord. Un sourire stupide se glissa sur mon visage alors qu’il soulignait qu’on devrait peut-être rentrer et sans trop savoir pourquoi je me remis sur mes pieds, sa mains toujours dans la mienne et les idées partant dans tout les sens. « Oui c’est vrai. », mais c’était pas ça ce que je voulais dire, enfin pas réellement. Je devais me reprendre et vite. « Et... » m'asseyant à côté de lui, je répondis à sa remarque, ce qui le poussait hors de ses habitude et qui semblait si étrange au vu de ma situation.

« Ca fait longtemps que j’espère pouvoir te parler et… Les choses sont pas identique, mais toi non plus tu as ce secret… Je suis à l’aise car tu me trahiras pas, enfin j’espère. » concluais-je dans un rire un peu gêné, mais qui caractérisait une chose, le peu de crainte que j’avais avaient fini par s’envoler. Il y avait trop de chose qui me poussaient à la confiance et je refusais de le craindre, ce qui pourrait être stupide. « Et je suis bizarre ! C’est cool d’être bizarre. » ajoutais-je dans un sourire avant de baisser les yeux sur lui. « Tu vas devoir me rendre ça, sinon va falloir justifier pourquoi t’as du jaune poussin sur toi ! » riant, je ne pouvais cacher une réalité, j’allais récupérer une cape avec son odeur et dieu que j’adorais son odeur. Chaque cours, chaque fois que je le croisais, il laissait cette odeur si caractéristique et si rassurante derrière lui. J’étais vraiment pitoyable, vraiment accros, mais comment ne pas l’être ? Savoir, partager ça avec lui changeait tout.

Serrant un peu sa main, je finis par la lâcher, un premier sevrage avant de devoir jouer un rôle, avant de devoir s’ignorer ou ne rien laisser transparaître. Je ne voulais pas le trahir, je ferais comme avant, comme si aucune passion ne m’animait à son sujet. « A vendredi du coup ? » demandais-je, même si la réponse était déjà connu. C’était une façon timide de dire au revoir, de prolonger un peu le moment et de ne pas sombrer de nouveau dans une nuit froide. Quoi que cette fois, cette nouvelle réalité me réchaufferait le coeur. Cette journée était réellement bonne.

Malgré son désir de disparaître dans les plus brefs délais, Will reste sagement assis à sa place. Contrairement à Elias qui lui semble de plus en plus agité et bizarre. C’est plutôt amusant, pour l’instant en tout cas, mais le Serpentard ne peut s’empêcher de se demander s’ils peuvent vraiment réussir à s’entendre sur le long terme. De loin, quand il peut imaginer le Poufsouffle comme ça lui chante, c’est facile de se laisser aller à des rêves idiots, mais cette conversation et surtout sa fin remettent les choses en perspective. Ça l’étonne surtout, de voir avec quelle facilité le Poufsouffle semble prêt à lui accorder toute sa confiance. Est-ce qu’il la mérite vraiment ? Il en doute honnêtement, mais préfère ne pas le dire. “J’espère aussi.” souffle-t-il seulement. Il a promis de ne rien dire, après tout et il a envie de croire qu’il est capable de tenir cette promesse, mais… L’avenir n’est pas le sujet que Will maîtrise le mieux. Encore moins ce soir, après tout ce qui vient de se passer. Presque rien, quand on y réfléchit bien, mais ce n’est pas tout à fait ce qu’il ressent. Il est plus perdu maintenant qu’il ne l’était en sortant du château tout à l’heure. Il a même du mal à croire que ce soit possible. Beaucoup, beaucoup de mal à croire qu’Elias puisse vouloir de lui, que tout ça n’est pas qu’un rêve cruel dont il s’apprête à se réveiller.

C’est peut-être un peu pour ça qu’il met tellement de temps à bouger, alors que le Poufsouffle semble si surexcité. Il faut attendre qu’Elias lâche sa main pour qu’il sorte de sa torpeur et se décide enfin à se lever. Là encore, ses gestes sont d’une lenteur à la limite de devenir exaspérante, tandis qu’il retire la cape que le Poufsouffle lui a prêté. Quant à ce qui se passe ensuite, Will serait bien incapable de se l’expliquer. Il ne fait rien de mal, pas vraiment, se contente de déposer le vêtements sur les épaules d’Elias, mais il se rend compte à quel point c’est étrange quand ses mains terminent sur les bras du garçon et qu’il se retrouve figé là comme un crétin, tellement proche d’Elias qu’il serait bien incapable de nier ce qui se trame ici si quelqu’un venait à les surprendre. La gêne est palpable, ou du moins c’est la seule manière que Will connaisse pour décrire ce qu’il ressent. Il sait pourtant immédiatement que ce n’est pas le bon mot : il a été mal à l’aise plus d’une fois dans sa vie et ça n’avait rien à voir avec ça. Seulement, comment nommer quelque chose qu’on ne connaît pas encore ?

Quoi que ce soit, ça lui donne envie de rester planté là pour toujours autant que de prendre la fuite le plus vite possible. À défaut de se sentir très serein concernant la première option, il arrête sa décision sur la seconde. Alors qu’il n’a pas dit un mot depuis ce qui lui paraît être une éternité, il se hisse sur la pointe des pieds et envoie valser le peu de sens commun qu’il lui reste en faisant disparaître le peu d’espace entre Elias et lui. Son coeur est sur le point d’exploser et à la seconde où ses lèvres se posent sur la joue du Poufsouffle, il se sent comme le type le plus stupide et ridicule de la Terre. Il parvient malgré tout au miracle de sourire à peu près normalement quand il s’éloigne, à peine une seconde plus tard. “A vendredi.” souffle-t-il en guise d’adieux, avant de tourner les talons. Il doit conjurer toutes ses forces pour ne pas se mettre à courir en quittant le vestiaire, mais on voit bien à sa démarche qu’il est impatient d’aller se cacher à l’abri de sa salle commune.