Je suis née le 7 avril 1983 d'une mère sorcière et d'un père moldu.
D'abord parlons de ma chère mère... Elle s'appelait Isis Adams et était très, trop connue dans le monde sorcier. C'était le mannequin du moment que les maisons de couture s'arrachaient. Elle et sa silhouette parfaite avait surtout défilé pour Gaichiffon, c'était leur égérie. Ma mère, c'était une grande romantique un peu frêle. Elle avait commencé sa carrière dès sa sortie de Poudlard et très vite s'était fait un nom. Elle adorait être sous les feux de la rampe, les vêtements, les regards, les photos... Moi ? J'aurais franchement préféré qu'elle choisisse une autre voie, ça m'aurait évité de supporter les retombées de sa célébrité.
Ma mère avait rencontré Keith Campbell, mon père lors d'une de ses représentations à Édimbourg. Ce dernier était un grand illusionniste Moldu. Si le coup de foudre existe alors c'est ainsi qu'on pouvait décrire ce qui s'était passé le jour où mes parents s'étaient rencontrés pour la première fois. Elle avait un peu défrayé la chronique à l'époque. Parmi tous les prétendants sorciers qui faisaient la queue derrière sa porte, le célèbre top avait choisi de tomber amoureuse d'un moldu. Mon père n'avait peut-être pas de pouvoirs, mais c'était l'homme parfait pour ma mère. Comment ça je ne suis pas objective ?
Bon par contre, je vous laisse imaginer sa réaction lorsque ma mère lui a annoncé qu'elle était une sorcière. Il paraît que c'était assez drôle à voir...
Je vous passe le récit ô combien passionnant de leur mariage auquel on avait consacré une édition spéciale du Sorcière Hebdo. Je vous y renvoie si ça vous intéresse « édition spéciale de juin 1982 ». Oui la robe était magnifique, oui ils étaient parfaits, oui ça dégoulinait d'amour et oui je déteste parler mariage.

Bref. On arrive en 1983 où la petite Margaret Campbell, c'est à dire moi, est née.
« Margaret ?! » s'était écriée ma grand-mère. « Quelle idée ! ». J'étais complètement d'accord avec elle, mais que voulez-vous, on ne m'avait pas demandé mon avis. Ma mère s'était offusquée, il faut dire qu'elle n'aimait pas son propre prénom. Pour le sien, il ne fallait pas chercher bien loin. Ma grand-mère était une brillante archéologue sorcière et elle avait donc appelé sa fille en rapport avec l'un de ses plus grands sujets d'étude. Moi non plus je n'ai jamais aimé mon prénom et au final, personne ne m'a jamais appelée Margaret à part ma mère. Pour tout le monde, c'était Maggie.
Mon enfance n'a rien eu d'exceptionnel si ce n'est qu'avec la notoriété de ma mère, j'étais célèbre avant même de savoir marcher. Plus tard, j'ai détesté être exposée ainsi au monde. Je détestais les gens qui gravitaient autour de ma mère. Premièrement, ils me l'enlevaient trop souvent, deuxièmement certaines me pinçaient les joues en me disant que j'étais adorable. Non, grave erreur ! Je n'étais pas adorable. Je mordais, hurlais quand on m'approchait de trop et prenais un malin plaisir à pourrir la vie des gens trop casse-pieds.
Avec mon père, c'était plus drôle. Il m'apprenait plein de tours moldus et m'emmenait parfois à ses spectacles. D'ailleurs, j'avais pu jouer le rôle de son assistante une fois. Ce jour-là mes pouvoirs s'étaient manifestés pour la première fois et il avait été un peu embêté lorsque j'avais fait disparaître le lapin de la scène définitivement, mais le public avait apprécié. Moi je trouvais qu'il était fascinant. Il faisait de la magie sans être un sorcier et c'était ça le plus fort.
Enfin ce que j'adorais le plus, c'était les moments passés avec ma grand-mère. Elle me racontait toutes ses aventures en Égypte, en Amazonie, en Transylvanie et on rejouait ses meilleures actions  et ses sublimes découvertes dans le salon. Elle avait eu une vie très mouvementée ma manou et elle était passionnante. Mais un jour l'une de ses découvertes lui a fait perdre la raison et elle a été internée à Sainte-Mangouste. Elle ne reconnaît plus personne et répète sans arrêt quelque chose sur la malédiction d'Isis.

Parlons de mes années à Poudlard.
Quand on avait une mère célèbre et qu'on débarquait à Poudlard, il fallait être accroché et ça même avec un type qui avait eu la chance de survivre à un allumé qui avait la main lourde sur le « Avada ». Ça vous suivait jusqu'au bout. Je pense que c'est à cause de cela que je n'ai jamais été très proche d'elle.
Le Choixpeau m'a envoyée à Gryffondor et vu mon tempérament, ce n'était pas vraiment une surprise. Ma plus grande crainte était de ne pas réussir à me faire d'amis. Vous savez ceux avec qui on est plus fort, ceux qui vous réchauffent le cœur quand le monde vous paraît sombre, ceux qui vous rattrapent quand vous tombez, ceux qui vous comprennent, qui vous pardonnent, enfin ceux qui façonnent votre univers...  Mais tout ça je l'ai trouvé.

Mon niveau scolaire ? « Mademoiselle Campbell reste trop sur ses acquis » était probablement la chose que j'avais le plus entendue au cours de ma scolarité. Je n'étais pas une bûcheuse et je n'étais pas non plus une cancre. J'aurais pu faire mieux c'est certain, mais étudier ne m’intéressait pas. J'étais toujours la première à faire les quatre cents coups et franchement je ne compte même pas le nombre d'heures de retenue dont j'ai écopé.

En quatrième année, assumer mes frasques a été une autre histoire. Quand je dis que les retenues sont devenues une torture, ce n'est pas vraiment une figure de style... Avoir les Carrow en profs et avec mon caractère bien trempé, je peux vous dire que cette année-là n'a absolument pas été une partie de plaisir. C'est bien simple, ce nom de famille est sur ma blacklist maintenant. La bataille de Poudlard a été un moment marquant pour moi. J'aurais voulu me battre comme les autres, mais à quinze ans nous sommes des proies faciles. Je suis intrépide, mais pas suicidaire. Je ne suis cependant pas restée sans rien faire et j'ai aidé à l'évacuation des plus jeunes.
La victoire à l'issue de cette bataille a été un soulagement pour tout le monde, mais je n'ai pas partagé longtemps l'allégresse des autres.
L'été on m'annonça une nouvelle difficile à entendre. Mon père tomba malade ; un cancer disaient les médecins moldus. Ma mère stoppa sa carrière pour être avec lui. Mais en vérité, il était déjà trop tard. On l'enterra en novembre 1998. J'avais le moral au plus bas, mais je tenais le coup quand même. Ma mère me porta le coup de grâce six mois plus tard, lorsqu'on retrouva son corps sans vie sur la tombe de mon père une petite note à la main. Visiblement ma mère n'avait que deux raisons de vivre. Mon père et sa carrière. Ayant perdu les deux... Je ne devais visiblement pas être une raison suffisante pour qu'elle choisisse de continuer à vivre. Elle avait quand même jugé bon de m'expliquer son geste, si on pouvait appeler ça expliquer.

«  Pardonne-moi Margaret, ma vie n'a plus de sens à présent. J'espère que tu sauras être une meilleure mère que moi... »

Eh bien non, désolée maman, mais sur ce coup-là je n'ai pas fait mieux. Mais nous y reviendrons plus tard.
Avec le recul, je me dis que ma mère était sans doute trop fragile et la presse n'était pas tendre à l'époque avec elle. Je lui en ai terriblement voulu à tel point que j'ai enchaîné les conneries jusqu'à ce qu'un ami finisse par me remettre à ma place un jour où j'avais entraîné du monde dans la forêt censée être interdite. Quelqu'un avait bien failli perdre la vie ce jour-là par ma faute et n'avait dû son salut qu'à cet ami.
Je me suis assagie ensuite. Un peu...

Laissez-moi vous raconter ma première histoire d'amour. Oh ! Vu ma conception de l'amour et du mariage, ne vous inquiétez pas mon récit ne dégoulinera pas de crème fouettée vanille et de mots doux mielleux.
Il traînait souvent avec nous, participait à nos frasques, c'était le type qui nous ramenait des pâtisseries des cuisines, qui connaissait Poudlard comme sa poche et qui savait mieux que personne comment éviter les préfets quand il s'agissait de braver le règlement. Il avait une sacrée répartie et nos discussions étaient généralement très animées.
Un jour j'ai eu la brillante idée de le provoquer en duel. Je suis très douée en duel, je l'ai toujours été, si j'avais passé plus de temps à étudier, j'aurais brillé en défenses contre les forces du mal. Mais cette fois-là, il m'a battue à plates coutures. Vexée je suis restée allongée par terre jusqu'à ce qu'il se décide à venir voir s'il ne m'avait pas blessée. Mon orgueil était blessé oui, le reste, ça allait. Je ne sais alors pas ce qui m'a pris, mais je l'ai embrassé. La suite ? Et bien, nous n'en sommes pas restés là. Nous étions loin d'être le couple parfait, mais c'était ma première histoire d'amour.

Et puis j'ai eu dix-huit ans et j'ai déconné. C'était la fin de l'année, la fin des études. J'avais eu mes ASPIC et j'avais toute la vie devant moi. Des projets plein la tête, des promesses aux amis, des envies de voyages. Sauf que j'ai déconné, nous avons déconné. Et il y a eu des conséquences. Du jour au lendemain, j'ai coupé les ponts avec tous mes amis. J'avais annoncé mon envie de partir au plus tôt explorer les quatre coins de la terre et je pensais aux aventures que je leur raconterais bientôt. Mais ce n'est pas ce qui s'est passé et je ne suis jamais revenue vers eux leur demander du soutien pour ce qui était en train de m'arriver. J'avais ma fierté et je n'ai rien dit à personne. Et puis il a fallu que j'assume et je n'ai pas su. J'ai laissé tomber mes amis, ignoré le garçon que j'aimais et oublié les autres.

Enfin... Je n'avais que dix-huit ans, j'étais seule par choix certes, mais seule, sans emploi et je n'étais à mon avis pas faite pour être mère. Car oui, je suis tombée enceinte et ai donné naissance à une petite fille. Ce que j'ai vécu et ressenti, les moldus appellent ça la dépression post-partum. Je ne savais pas comment faire, j'étais littéralement perdue, et cet enfant qui pleurait, qui me reprochait déjà de l'avoir mis au monde.
J'ai alors pris la meilleure et à la fois la pire décision de toute ma vie. J'ai confié ma petite fille à un couple de sorciers qui ne pouvait pas avoir d'enfants. Isabella était infirmière à Sainte-Mangouste. Elle avait perçu ma détresse et j'avais vu en elle la mère parfaite. Son mari avait un poste important au ministère. Ils étaient le couple idéal, une belle situation, une belle maison, un bel avenir.
Je n'ai jamais regretté ma décision. Je crois que jamais je n'aurais pu lui offrir ce qu'ils lui ont offert. Je n'ai regretté qu'une seule chose : ne pas l'avoir vue grandir, avoir raté chacun des moments importants de sa vie. Le jour où je l'ai abandonnée, j'ai perdu une partie de moi. Je ne pense pas qu'un jour Isabella ait avoué à ma fille qui était sa vraie mère. Elle a souvent eu peur que je revienne sur ma décision, moi je voulais juste savoir si elle allait bien. Je ne suis jamais entrée en contact avec mon enfant, mais je me suis introduite dans la maison du couple la veille de son entrée à Poudlard. J'ai flâné au rez-de-chaussée et j'ai juste pris cette petite photo d'elle parmi toutes les autres sur le rebord de la cheminée. Puis je suis montée pour la regarder dormir. Elle avait l'air tellement paisible, probablement heureuse d'entrer en première année le lendemain. Enfin, je suis partie, la boule au ventre, mais rassurée. Je me suis juré de ne plus chercher à la revoir. C'était une épreuve bien trop douloureuse à vivre.

Mais repartons un peu en arrière, juste après cet épisode assez éprouvant de ma vie qu'était l'abandon de ma fille. On ne va pas dire que j'ai mal tourné non plus, mais disons que je n'ai pas fini derrière un bureau au ministère à classer des dossiers.
Je tiens de ma grand-mère une passion pour les objets rares, je n'ai jamais eu peur de prendre des risques et à vrai dire j'aime même ça.
De jour, je travaillais comme serveuse et puis je suis passée derrière le comptoir pour préparer les commandes des clients. J'ai travaillé dans de nombreux bars, pubs, clubs sur tous les continents et ai acquis une bonne expérience. On me dit très professionnelle dans le milieu et certains s'étonnent du contraste entre mon attitude derrière mon bar et celle que j'ai en dehors du travail.
Mais je vais vous parler de mon vrai boulot... Celui que j'effectuais la nuit.

Tout a commencé à Berlin, à l'Abendstern. Quand ce client sorcier ivre s'est vanté de posséder un masque avec de très grandes propriétés magiques. C'est ce jour-là que j'ai démarré ma carrière de cambrioleuse. J’ai dérobé ce masque la nuit même. J'aurais pu simplement repartir, mais où était le plaisir. Alors j'ai laissé ma signature : un petit oiseau de fumée doré.
De là, j'ai poursuivi mes activités nocturnes, lestant les sorciers de leurs objets de collections, de leurs biens les plus précieux et laissant toujours ma signature. Cependant, j'essuyai un échec cuisant lors d'un de mes petits raids nocturnes. Non je n’exagère pas le moins du monde. Cette nuit-là, l'objet tant convoité m'est passé sous le nez. Pourtant j'admets que je n'ai pas totalement perdu ma soirée. Je m'étais introduite dans la demeure visée comme à mon habitude et je pensais être seule... Eliael m'a vite fait ravaler mon arrogance, lorsqu'il m'a prise sur le fait. Il a récupéré ma prise et en plus il s'est payé le culot de me faire la leçon. J'avoue avoir été terriblement vexée, mais ses conseils loin d'être idiots ont été mis à profit lors de mes escapades nocturnes ultérieures. Un peu plus tard, je me suis aperçue que ce bougre m'avait subtilisé un bracelet qui avait surtout une valeur sentimentale à mes yeux. Il était certain pour moi que cette histoire ne finirait pas comme ça, mais je repris mes petites activités sans le croiser de nouveau. Eliael est sans doute le seul à connaître ma double identité, il a vu mon visage et je ne lui ai pas caché ma réelle identité.

Cette seconde activité me collait à la peau. Je prenais plaisir à dérober aux demeures les plus sécurisées. Plus l'objet était surveillé et plus je le convoitais. Bientôt, la presse parla de moi, me surnommant Birdy, à cause de la marque que je laissais à mon passage et je devins vite le cauchemar des collectionneurs.
En tant que voleuse, j'avais bien sûr quelques principes. D'abord je ne volais que des objets rares, magiques ou de collection. Voler des gallions, ce n'est pas amusant du tout et puis je gagnais ma vie normalement derrière un bar. Ensuite, ne jamais tuer personne. Je suis peut-être une voleuse, mais pas une meurtrière. Enfin, je n'ai jamais dérobé à mes employeurs.
Alors on m'a bien envoyé quelques aurors aux trousses, mais ils étaient si loin de découvrir ma réelle identité. On ne va pas se mentir, je suis une artiste du cambriolage. Ha si, il y a une petite jeunette qui n'était pas loin de découvrir la vérité. Je me suis bien amusée à la faire tourner en rond et elle a craqué avant de réussir à m'exposer. Je crois qu'elle a fait un séjour à Saint-Mangouste avant de prendre un poste derrière un bureau au ministère de la magie.
Je n'ai pas souvent gardé mes larcins. C'était le fait de les dérober qui m'exaltait. J'ai fait affaire avec  toute sorte de personnalités et tous me connaissaient sous mon nom de scène. Bons ou mauvais, je m'en fichais tant que mes affaires marchaient.
Une fois j'ai accepté l'offre d'une amoureuse des bestioles. Encore heureux que ce fût bien payé, parce que je crois qu'elle m'a passé la commande la plus dingue de toute ma carrière. J'ai dû infiltrer un trafic de fabricants de capes d'invisibilité pour libérer une demiguise séquestrée. Au moment d'accepter, je m'étais dit que ça ne pouvait pas faire de mal à mon Karma. Oui enfin, vas-y le remerciement, la bestiole m'a carrément mordu les doigts ! C'est aussi à ce moment que j'ai libéré Shadow, mon chien, de l'emprise de ces trafiquants. A la base je pensais que ma cliente le récupérerait en même temps que la demiguise, mais le canidé n'a jamais voulu me lâcher. Je me suis dit que cet animal était fou de vouloir rester avec moi qui n'étais déjà pas capable de garder une branchiflore en vie plus de trois jours, mais la bête savait très bien me rappeler quand c'était l'heure du repas. C'est un peu devenu mon acolyte et je m'y suis attachée.

La montée en puissance des Mangemorts me fit beaucoup cogiter et je commençai à me remettre en question. D'abord juste des rumeurs auxquelles je n'avais pas prêté attention, puis des faits. Je poursuivis mes affaires, mais les scrupules m'envahissaient un peu plus à chaque demande. Et si je vendais un objet dangereux sans le savoir à un Mangemort? Et si je servais leur cause en continuant à fermer les yeux? Qu'étais-je devenue après toutes ces années? J'étais jeune au moment de la seconde guerre des sorciers, mais je me souvenais très bien qu'à l'époque j'étais de ceux qui voulaient tenir tête à ces idiots aveuglés par leurs idées de pureté du sang. Je ne voulais pas apprendre un jour être responsable de la mort d'innocents juste parce que j'avais revendu une arme magique aux Mangemorts sans le savoir.

Mai 2018.
Et puis il y a eu cet article, celui qui m'a fait rompre la promesse que je m'étais faite à moi-même, concernant ma fille. Celui qui est venu chambouler ma vie, une fois de plus. Résidant en France cette fois, la gazette s'était vite retrouvée sur ma table basse.

Drame à Sainte-Mangouste ce 16 mai 2018.
Les faits se sont passés dans la soirée. Isabella Taylor infirmière très appréciée de l'établissement a trouvé la mort après avoir été agressée par le mari d'une patiente. La victime aurait tenté de raisonner l'agresseur qui accusait un médicomage d'être responsable de la mort de sa femme. Elle se serait interposée entre l'agresseur et le médicomage et se serait de ce fait retrouvée sur la trajectoire d'un sortilège fatal. L'agresseur a pu être appréhendé avant de pouvoir faire d'autres victimes.
La direction de Sainte-Mangouste se dit très choquée par la tragédie qui s'est déroulée dans son établissement et déplore la perte d'une employée modèle et inestimable. Isabella Taylor laisse derrière elle un mari et une adolescente de quinze ans.
Les funérailles auront lieu à Londres le 20 mai à 14 heures.

Je me suis rendue aux funérailles. J'y ai vu un mari effondré et une ado paumée. Je me suis reconnue à son âge, je savais qu'elle allait vivre des moments difficiles. Je l'ai observée tout le long de la cérémonie et de l'hommage rendu et j'ai eu une prise de conscience. Je ne pouvais pas continuer à vivre comme je le faisais en laissant une partie de moi derrière. Je ne pouvais pas continuer à ignorer son existence et le fait que ça me bouffait chaque jour de ne pas avoir su assumer il y a seize ans.
Voilà comment je me suis retrouvée à retourner vivre sur mon sol natal et à reprendre l'auberge des Trois Balais, pour me rapprocher de ma fille. Je ne comptais pas prendre la place d'Isabella, mais je sentais qu'il fallait que je sois là pour elle, pour ma fille. Je n'allais pas non plus débarquer dans sa vie, je ne crois pas en avoir le droit, mais juste m'assurer que tout allait bien pour elle. Birdy devrait réduire un peu son activité pour que Maggie cesse de fuir son passé. Je devais désormais affronter l'avenir, assumer mes erreurs et me battre pour mes convictions.