Mon avenir, mes parents ont voulu me le traçer, me le façonner lorsque je suis venu au monde en ce 9 janvier 1990 dans notre maison familial. Fils d'Adam Avery et de Celestra Black, on me voyait déjà épauler mon frère aîné, Arès, pour glorifier l’image de nos “si belles lignées de sang-pur” aux passifs parfois douteux mais dont les membres avaient la réputation d’occuper des postes importants dans la société. La procrastination n’avait pas lieu d’être. Cela dit, c’était moins extrémiste que les propos tenus contre les moldus. On nous radotait que leur sang était impur, qu’ils nous avaient autrefois souillés en traquant nos semblables. Mes parents s’étaient bien trouvés, d’ailleurs. Car en plus de partager des opinions similaires, ils étaient tous deux juges au Ministère de la Magie. Comprenez alors qu’ils ont fait en sorte que l’on marche dans leurs pas. Et si l’on ne devait pas se plaindre, il en était de même pour mes cadets. Notre quotidien était rythmé comme du papier à musique, une cacophonie que je supportais malgré moi, structurée par des règles strictes. Les punitions étaient notre Némésis. Notre père pour être plus exact. La peur des représailles me poussait à le respecter, à lui obéir au doigt et à l’oeil. L’aimer...Je doute parfois encore de la véracité de mes sentiments envers lui pour être honnête. Ma mère seulement, avait eu un semblant de démonstration affectif à notre égard. Très tôt, on nous imposait la lecture. Des livres en tous genres, que je dévorais et que je dévore encore. Puis s’en suivi l’apprentissage de la sorcellerie. Mon ainé était le plus téméraire d’entre nous. Quasiment tout nous opposait, creusait un fossé qui finirait tôt ou tard par devenir infranchissable jusqu’à atteindre l’irréparable. Heureusement, une certaine complicité m’unissait avec mes cadets.

Ma lettre d’admission. Quand je l’ai eue entre mes mains juvéniles, c’était comme si l’on me donnait les clés de ma liberté. M’émanciper. Je me voyais déjà à Poudlard qui ferait rêver n’importe quel gosse lorsqu’on n’y a jamais mis les pieds. Un large sourire s’esquissa sur les lippes à l’obtention de ma première baguette, ma plus fidèle alliée. L’arrivée dans la Grande Salle, la cérémonie de répartition. La boule au ventre, à l’évocation de mon nom. Je m’avançai du haut de mes onze ans seulement, essayant de ne pas paraître nerveux - même si je l’étais. Je m’asseyai, et le choixpeau sur ma tête, après une longue hésitation, m'a défini contre toute attente comme un Serdaigle, non comme un Serpentard. La nouvelle a finit par venir aux oreilles de mon géniteur, loin de l’avoir ravie. Encore pire quand il a appris, par je ne sais quel miracle, que je côtoyais dans son dos des personnes "non-fréquentables". Peu importe mes résultats, l’éloge de mes professeurs, je lui avais fait “perdre la face”. Et de sorte à assurer ses arrières, de peur que je finisse par m’éprendre d’une “impure” sans doute, il me fit fiancé à une sang-pur à mes seize ans. Contraint, je n’ai pas refusé. Quand bien même je la fréquentai mes pensées étaient happées par mon objectif post-scolaire, à savoir devenir Auror.

J’étais déterminé.
La seule chose qui a été capable de tourmenter mon esprit fut cet événement tragique qui bouleversa mon existence.

Mon diplôme fraîchement obtenu haut la main, je débutai ma formation entre divers tests et mises à l'épreuves. A apprendre à devenir les yeux et les oreilles du Ministère. A vingt-et-un an, j'intégra le Bureau des Aurors sous la directive d'un mentor, traquant légitimement ceux qui perturbaient le monde magique. Tels étaient les mots écrits sur le papier. On m’assigna à plusieurs enquêtes, seul ou à plusieurs un peu partout là où c’était nécessaire. Tout se passait pour le mieux, tout du moins, c'était ce que je croyais. J'ai beau être observateur, j'ignorais ce qui se tramait dans ma propre famille;

Un soir, mon père fut retrouvé mort dans le domicile familial, tué par un avada kedavra et dont le responsable serait Arès, mon propre frère. Des preuves corroboraient cette théorie. Guidé par ma propre jalousie, j'avais l'illusion d'une certitude que c’était lui, ne cherchant pas à dévoiler la vérité derrière toute cette histoire. A croire qu'il puisse être innocent. J'étais resté de marbre lorsqu'il se fit arrêter devant mes yeux et je me souviens encore du regard qu'il m'avait lancé avant d'être envoyé à Azkaban, auquel j'avais répondu par ces paroles cruelles : « Bienvenue en Enfer, mon frère. »

Les mains libres. La mort de mon père me coupait également de toute autorité paternelle. Ma mère ne s'opposa même pas à ma demande de divorce pour ce mariage que je ne voulais pas. Par ailleurs, elle avait l'air d'être beaucoup plus indépendante depuis la disparition de son mari et se rapprocha de nouveau de sa famille d'origine, les Black. Et moi, je crééais ma propre philosophie, traçais mon propre chemin en veillant  malgré tout sur mes cadets Ezechiel et Jezebel. Je n'avais plus véritablement d'attache, si ce n'était mon seul travail d'Auror. Jusqu'au jour où une évidence me poussa à remettre en doute le déroulement de la mort de mon père. Je partis alors en quête de cette vérité que j'avais volontairement ignorée, où ma route finit par croiser celle d'Eleonore Selwyn. Elle faisait parti de ces personnes de mon passé que j'avais su apprécier avec Crystal, ma cousine, plus que je n'aurais pu le faire mais dont je fus incapable de regarder en face après cette longue période d'absence. Quelque chose était né lorsque nous étions adolescents. A l'époque, je ne m'en étais tout simplement pas rendu compte et se côtoyer de nouveau, à se fréquenter avait fait éclos ce sentiment auquel je n'avais réellement posé des mots : l'amour véritable dans une période peu propice à la paix. Le monde magique commence peu à peu à sombrer, la guerre se prépare. Quels choix devrais-je faire ? Seul l'avenir me le dira.