On ne peut pas dire que la vie est comme une boîte de chocolat. Non, c'est une vieille boîte de réglisses qui vous détruisent les papilles à chaque bouchée.

Janvier 2020.


Mon frère et moi n'avons jamais bien démarré dans notre vie. Fils de deux familles prestigieuses unies par les liens du mariage, ce fut bien avec la sœur de sa femme que mon père coucha. Cela sonna comme une traîtrise et une honte pour notre famille qui resta bien évidemment secrète, de même qu'il en fut pour notre existence qui n'était alors pas désirée.
Le destin en avait été ainsi joué, naissant un 1er avril pour rappeler toujours plus cette vaste blague qu'était notre existence, loin de l'Angleterre en pleine Irlande à l'abris des regards et des secrets de familles. Ce fut pour cette raison que notre enfance fut paisible et heureuse, nous étions trois à se serrer les coudes : maman, Zeke et moi ; à suivre d'innombrables histoires sur les dragons, passionnant toujours plus mon frère à ce sujet.
Astrée Moriarty, notre mère, prenait soin de nous et - j'en suis persuadé - nous aimait réellement, quitte à rester à proximité de notre paternel, espérant trouver un arrangement  malgré son mal du pays grandissant pour l'Amérique.

Seulement, l'arrangement ne fut jamais celui escompté. Nos familles ayant découvert le pot aux roses, ce fut sous la menace de ses parents que notre mère nous confia à Corvus Nott, notre père, à nos cinq ans. L'accueil avait été froid, bien que notre paternel s'en réjouissait, lui qui n'était arrivé à rien avec sa femme ... Notre tante.
J'avais espéré que ce n'était que provisoire, désirant retrouver un tant soit peu de douceur, malheureusement, je ne revis jamais celle que je me plais encore à appeler maman.

Notre troupe s'était réduite à un duo. Heureusement, Zeke était toujours là, restant à jamais mon seul et unique soutien, et inversement. Ensemble, nous avons grandi dans cette famille recomposée, subissant les regards noirs des connaisseurs de notre sang de bâtards ; connaisseurs qui se limitaient seulement à notre famille.
Des erreurs ambulantes, certes, mais nous restions de sang-pur et furent élevés comme tels, dans l'optique de devoir devenir de grands sorciers et faire honneur aux Nott. L'apprentissage fut rude et surtout lassant, le temps de jeu semblait bien plus important ... Malheureusement, nos onze années furent une clé sous la porte, nous forçant enfin à étudier pour de bon.

Envoyés à Poudlard, je comptais encore et toujours sur mon jumeau, imitant ses faits et gestes afin de ne pas m'en éloigner, cachant alors inconsciemment mon niveau scolaire à bien des professeurs.
La révélation fut assez tardive, les sermons ennuyant de mon père à ce sujet n'y aidant pas, ce fut Zeke lui même qui me fit prendre conscience de mon niveau, voyant bien que là où il avait des difficultés : j'y arrivais. Comme redouté, cette prise de conscience nous sépara dans notre scolarité : là où je passais à l'université, lui restait au collège puisqu'il avait redoublé sa cinquième année, annulant toute sorte de complicité durant les cours.

Cette solitude à la nouvelle rentrée me fit m'intéresser aux idées mangemoresques, n'ayant jamais supporté les moldus, les attentats du Blood Circle m'avaient fait prendre une voie décisive. Ainsi je m'étais engagé auprès de l'Augurey, recevant finalement sa marque, non sans prévenir mon frère.
Jeune membre des mages noirs, je n'ai jamais pris part à leurs missions directement, jusque-là entraîné par un mangemort à qui je dois beaucoup, et surtout du respect.

Néanmoins, il me restait une vie à Poudlard, étudiant toujours plus les potions qui avaient suscitées mon intérêt et me passionnaient de jour en jour. Mon optique était d'en faire mon métier plus tard, d'en devenir professeur, non sans l'intervention de mon père qui avait toujours plus d'ambition pour moi.
Lâcher prise à ce sujet fut difficile au début, jusqu'à entrer dans ma deuxième année et accueillir Zeke à l’université. Malgré cet écart, nous partageons cette même proximité et donc les mêmes opinions. Ainsi, lui aussi s'était engagé chez les Mangemorts, devenant le nouvel apprenti auprès de mon mentor afin de se battre pour la cause des mages noirs.


Aujourd'hui, et comme toujours, je suis la cause qui me paraît juste et non pas celle que l'on m'impose. Mais peut-être suivrai-je plutôt Ezekiel, mon jumeau à qui je dois tout : celui qui a toujours été là pour moi et sans qui je serais vide. Il est ma moitié, et vivre sans lui est impensable.
Seulement les voies que nous avons choisies, ce sang de bâtards et de sorciers, ne sont pas là les prémisses de possibles séparations ? La crainte de ce futur est présente, mais seul l'avenir saura de quoi demain sera fait.