- Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan ! Il y a un monstre sous le lit !

Madame O'Hara pensait ne pas pouvoir avoir d'enfant et avait adopté la petite Siobhan avec son mari. Les O'Hara avaient beau ne pas être ses parents biologiques, pour Sio c'était les meilleurs parents du monde. Ils étaient bienveillants, aimants et surtout d'une grande patience. Il en fallait, ça et un bon stock de café. La fillette avait eu à vrai dire une enfance tout ce qu'il y a de plus normale.

- Papaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! Il y a un loup dans le placard!

Enfin... presque.
Siobhan n'était pas vraiment une enfant difficile. Il fallait juste savoir la rassurer en temps de crise. Bon, il fallait avouer que c'était régulier quand même.

- Ma...sniff, ma... maman... sniff, la maman de Bambi, sniff, elle est moooorte.

Oui et la réconforter aussi.
Mais bon à part ça. Siobhan était une enfant adorable et déjà toute petite elle montrait ses talents artistiques. Bon bien sûr les bonhommes bâtons qu'elle ramenait de la maternelle, ça n'était pas du Van Gogh, mais ils étaient déjà bien exposés... Sur le frigo de la cuisine !
La rouquine avait cinq ans quand en fait il s'avéra que Maman O'Hara pouvait quand même avoir des enfants. C'est ainsi que Siobhan devint la grande sœur de la petite Deirdre. Pensez-vous que la deuxième fut préférée par les O'Hara car leur fille biologique ? Que nenni, autant d'amour pour les deux sœurs ! Et les deux enfants malgré leur différence d'âge étaient très proches et partageaient tout, jeux, confidences, goûters. Siobhan était protectrice et Deirdre aimait prendre sa grande sœur pour modèle, ou c'était peut-être plus l'inverse ?

- Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa, elle est énooooorme !

Par exemple, Deirdre c'était la meilleure chasseuse d'araignées de toute la maison. Donc quand Sio hurlait - souvent c'était aux toilettes, allez savoir pourquoi ces bêtes-là s'installent toujours à cet endroit - Deirdre accourait sur ses petites jambes, armée d'un balai pour secourir sa grande sœur.
À six ans, Sio insista pour apprendre à jouer de la musique. Elle apprit le solfège avec une facilité déconcertante et se mit assez rapidement au piano puis à la guitare. Elle s'amusa à inventer des berceuses pour sa petite sœur et il s’avéra qu'elle avait une voix assez charmante.
À l'école primaire, les enseignants écrivaient très souvent sur les bulletins que Siobhan était dans la lune la moitié du temps. Il faut dire qu'imaginer les aventures d'une princesse cygne, c'était beaucoup plus passionnant que les tables de multiplication. Sio demanda à sa mère la possibilité de suivre des cours d'arts et la jeune femme développa vite ses talents aussi à ce niveau.

- Maman, Erwann ne m'aime pluuuuuuus !

Est-ce que le pauvre garçon l'avait seulement aimée ? Hélas avec Sio difficile de savoir. Du coup après chaque prétendu chagrin d'amour, c'était le rituel shopping. Idée que finit par regretter maman O'Hara, parce qu'au rythme où ça allait, elles passeraient leurs vies dans les boutiques. Haaa les boutiques... c'est d'ailleurs dans l'une d'elles que Sio fit la première fois la démonstration de ses pouvoirs magiques. Il n'y avait plus de robes roses à sa taille et la jeune Irlandaise ne voulait pas d'une robe bleue. Elle s'était mise à sangloter, parce que bon en rose c'était vraiment trop joli et elle ne voulait pas aller à l'anniversaire de Sarah avec une robe bleue parce que le thème c'était le rose, voilà. Quelle ne fut pas la surprise de Siobhan et de maman O'Hara lorsque la robe prit la teinte voulue. Ce fut longtemps sa robe préférée et même si elle ne lui va plus, la robe a toujours une place dans son armoire.

Le mystère de la robe fut levé le jour où Siobhan reçut sa lettre pour Poudlard. Si la jeune fille fut tout de suite convaincue de l'authenticité de la lettre, les parents O'Hara eux, eurent du mal à gober l'histoire et il fallut qu'un sorcier vienne tout leur expliquer. Une fois cette étape franchie, Sio découvrit le monde sorcier avec des yeux brillants d'excitation. N'était-ce pas merveilleux que Merlin l'enchanteur ait vraiment existé ? Et en plus elle allait avoir une baguette magique comme marraine la bonne fée ! Peut-être que les souris pouvaient parler aussi ?
L'adieu à ses parents sur le quai de la gare fut un moment déchirant et la rouquine pleura toutes les larmes de son corps. Un garçon lui offrit une chocogrenouille pour la consoler. Le pauvre se retrouva nouveau prince charmant de l'Irlandaise pour quelques semaines.

Chère mamounette adorée, cher papounet adoré, ma Deirdre d'amour,

Tout se passe très très bien. J'ai été répartie chez les Poufsouffle, ils sont gentils et leur couleur c'est le jaune. Est-ce que maman pourra m'envoyer des rubans de cette couleur pour mes cheveux, pour assortir avec mon uniforme ? Je me suis fait des copines. Il y en a une, elle est chez les Serdaigle, elle passe sa vie à la bibliothèque et ce n'est même pas pour lire l'histoire de Cendrillon ! J'en ai une autre trop sympa, elle est chez les Gryffondor et elle inspecte toujours les toilettes pour moi, vous savez au cas où il y aurait des araignées. J'ai bien essayé d'avoir une copine chez les Serpentard aussi, mais elles sont méchantes avec moi. Deirdre pour te dire, elles sont comme Anastasie et Javotte en fait. Sinon c'est trop génial, on fait des potions comme dans Blanche-Neige, mais ce n'est pas pour empoisonner les gens promis ! Je reviendrais pour Noël et je vous montrerais, enfin je vous expliquerais parce qu'on n'a pas le droit de faire de la magie en dehors de Poudlard !
Je vous aime très fort et vous me manquez !
Je vous embrasse !
Sio

Siobhan n'était pas la meilleure des élèves, mais ce n'était pas la pire non plus. Comme à l'école Moldue, elle était juste très facilement distractible. Et il faut dire qu'à Poudlard, les distractions ne manquaient pas. L'Irlandaise aimait beaucoup parcourir les couloirs du château, admirer les portraits et discuter avec eux. Sur son temps libre, elle peignait et dessinait. Elle essayait également de donner vie à ses portraits comme ceux du château. Elle faisait aussi profiter ses camarades de sa voix et des quelques ballades qu'elle s'était amusée à composer. Elle passa de merveilleuses années à Poudlard si on mettait de côté, Peeves dont elle avait une peur bleue, les araignées parce que c'est compliqué dans un château de ne pas en avoir, la forêt interdite qu'elle n'approchait sous aucun prétexte et ses multiples peines de cœur.

À sa sortie de Poudlard, Siobhan fut engagée d'abord comme stagiaire à sorcière hebdo puis comme chroniqueuse. En parallèle, elle entama une carrière dans la chanson. Talentueuse, elle se fit un petit nom dans le milieu. Être une artiste reconnue lui plaisait beaucoup, mais en 2016 en pleine représentation, Siobhan perdit l'usage de sa voix et se retrouva paralysée des mains, incapable de jouer et de chanter. Amenée à Sainte-Mangouste en urgence, les médicomages ne trouvèrent rien et tout redevint normal au bout de trois jours. Ils mirent cela sur le compte du stress et la renvoyèrent chez elle prendre du repos. Sauf qu'un mois plus tard, elle perdit la vue pendant deux jours. De nouveau les médicomages l'examinèrent sans trouver de cause possible à cet étrange phénomène. Régulièrement, Siobhan se retrouva confrontée à divers symptômes transitoires et passa beaucoup de temps à Sainte-Mangouste pour réaliser plusieurs examens, tester des traitements. Elle renonça alors à sa carrière d'artiste pour se soigner et éviter le surmenage d'une tournée. Mais cette vie ne plaisait pas à Siobhan et lorsque l'on annonça la vacance du poste de professeur des arts de l'aile universitaire à Poudlard, elle sauta sur l'occasion. Elle avait tellement envie de transmettre sa passion qui était en train de mourir à petit feu à cause de cette maladie inconnue des médicomages. Tous ces pitchounes qu'elle allait pouvoir conseiller et guider comme marraine la bonne fée. Elle avait hâte !