I.Il était une fois…
« C’est un garçon ! » avait-on dit à la jeune femme qui venait de passer plusieurs heures à accoucher de son premier enfant dans la douce chaleur de l’été français. Malgré la souffrance et la fatigue un sourire de joie étendit ses lèvres tandis qu’on approchait d’elle son enfant, son fils. Cependant, on ne le posait pas sur elle, Victoria n’avait que quelques minutes avant que le travail ne la reprenne car elle ne mettait pas un enfant au monde, mais deux !
« Encore un petit effort madame Shafiq. » Disait une voix encourageante près d’elle. Une médicomage lui serrait la main, lui offrant toute la force dont elle avait besoin pour mettre ce deuxième bébé au monde.
« Une petite fille, oui c’est une fille ! » Annonça cette dernière avant de s’occuper des nouveaux nés. Le père des jumeaux ne serait pas là, il ne serait jamais la… La pauvre femme venait de perdre son mari quelques mois avant l’accouchement. Mais assez tard pour pas qu’elle puisse avorter et puis… Elle ne le désirait pas réellement. C’était une part de son mari en eux et puis deux bébés… Pour Victoria c’était un signe et pour rien au monde elle aurait changé d’avis. C’est donc complètement épuisé, avec ses deux bébés tout contre elle que le sommeil finissait par l’emporter après cette longue et interminable journée…
Elle décida de nommer le garçon Keith et la fillette Pandore. Tous deux étaient très proches dès la naissance un lien puissant c'était créé entre les jumeaux si bien qu'ils ne faisaient jamais rien l'un sans l'autre. Keith était sans doute le plus aventurier des deux, le meneur, cherchant toujours à repousser leurs limites à tous les deux. Sa sœur le suivait volontiers se laissant emporter avec une confiance aveugle envers lui. Si Keith disait qu'elle pouvait le faire alors c'était sûrement vrai. Pandore, elle, elle était douce, un peu plus prudente, mais pas moins déterminée que son frère, elle amenait l'équilibre dont il avait besoin et vice versa. Sans l'autre, le premier n'était plus que l'ombre de lui-même, sans l'autre le soleil était aussi sombre qu'une nuit sans lune…
Leur père ? Ils savaient ce qui était arrivés plus ou moins, pas dans les détails puisqu’ils étaient trop petit pour comprendre, mais ils savaient qu’ils n’en avaient pas. Si Pandore c'était fait une raison, Keith lui essayait toujours de temps à autre de poser des questions, comme si les choses pouvaient finalement changer… Mais on ne peut rien faire face à la mort et c’était ce que leur mère tentait de leur apprendre. Qui il était, à quoi il ressemblait, ils n'avaient que leur imagination, quelques photos et les histoires que Victoria voulait bien leur raconter pour leur répondre… Celui qui faisait office de figure paternelle était leur grand-père. Ils habitaient la demeure des Shafiq en Angleterre auprès de leurs grands-parents qui avaient recueilli leur belle-fille quand cette dernière avait perdu son mari et donc leurs enfants, elle est venue s’installer peu de temps après avoir accouché et si elle en leur était reconnaissante, elle n’avait pas toujours son mot à dire en réalité quant à l’éducation de ses enfants. Si l’absence d’un père se faisait tout de même sentir parfois, leur lien si spécial leur permettait de la combattre. A moins que ce soit l'amour si puissant et inconditionnel de leur mère qui faisait tout pour que ses enfants ne manquent de rien ? Ou encore la stabilité que leur apportaient tout de même leurs grands-parents ? Peut-être un peu de tout cela à la fois sans doute, mais dans le fond il restait toujours une ombre au tableau, une présence que personne ne pourrait remplacer, jamais.
II. Comme les deux doigts d’une seule main !
Onze ans ! Ça y est, ils avaient enfin l'âge d'entrer à Poudlard, cette école de magie dont on n'arrêtait pas de leur rabâcher aux oreilles dès leur plus jeune âge. Tous les deux avaient hâte, ils seraient ensemble ils en étaient certains et être loin de la maison ne leur faisait pas peur bien au contraire ! Chacun rassurait l'autre par sa simple présence, ensemble ils pouvaient tout affronter et ils en avaient bel et bien conscience. Pandore était sans doute plus naïve que son frère, mais ce dernier serait là pour prendre soin d'elle. Ils avaient choisi leur baguette ensemble, un évènement qui resterait sans doute longtemps gravé dans leur mémoire et seraient accompagnés par Lumos, leur chat qui était rentré dans la famille depuis peu, Pandore l'avait adopté sans vraiment demander la permission, lorsque sa mère s'en était rendu compte, il était déjà trop tard l'animal d'une robe couleur gris /bleu à poil long s'était déjà bien attachée à l'enfant.
Lors de la cérémonie du choixpeau, tous deux étaient légèrement anxieux, debout dans la file des élèves de premières années, ils avaient attendu patiemment que leur nom soient appelés. Tremblotant légèrement, Pandore avait attrapé la main de son frère qui l'avait alors rassurée d'un seul regard. Ils ne seront pas séparés, personne d'autre que lui en était aussi certain ! Il fut appelé avant elle, le cœur de Pandore s'était mis alors à tambouriner dans sa poitrine au moment où il lâcha ses doigts, les yeux rivés sur son jumeau qui lui paraissait bien plus serein. Un grand sourire étira ses traits lorsque le choixpeau annonça sa maison. Ils avaient souvent joué ensemble à deviner dans quelles maisons ils seraient envoyés, leurs grands-parents leur avait souvent compté les mérites de Serpentard, mais leur mère leur avait certifié que peu importait réellement la maison où ils finiraient, ils ne la décevraient pas. Aujourd'hui cela arrivait pour de vrai, ce n'était plus un jeu. Elle regardait son jumeau rejoindre la table de sa maison, ce dernier lui jeta un regard pour la rassurer une dernière fois, ce qui fonctionnait, en partie seulement et enfin, se fut son nom qui résonna dans la grande salle, c'était le moment. Inspirant un bon coup, elle s'arma de son courage, marchant droit devant elle, le regard fixé sur le choixpeau jusqu'à ce qu'on lui pose sur la tête. Le soulagement déferla en elle lorsque le nom de la maison qu'il choisit faisait écho à celle de son frère. Le sourire jusqu'aux oreilles, elle n'attendait pas et allait le rejoindre en courant sous les applaudissements de sa nouvelle maison.
Ses yeux ne cessèrent de briller ce soir-là. Entre le banquet, cette grande salle qui ne cessait pas de l'éblouir tant elle était grande et magnifique et le simple fait que son souhait le plus cher avait été réalisé, plus rien d'autre n'aurait pu lui faire autant plaisir. Keith et Pandore faisaient un tandem de choc, si l'un préférait les cours de vol, de défense contre les force du mal ou encore d'Alchimie, la seconde préférait les sortilèges, les cours de potions ainsi que celui d’art, cela ne les empêchait pas de se compléter et de ne jamais laisser l'autre à la ramasse dans une quelconque matière, il pouvait toujours compter l'un sur l'autre, se poussant mutuellement toujours vers l'avant. Ils se mélangeaient, même avec leur lien si particulier, sans le moindre souci aux autres élèves créant des amitiés rapidement. Tous les deux étaient sociables, ouverts, jovial envers les autres. Ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, bruns, du moins lorsque les cheveux de Pandore ne sont pas teints, yeux marrons, mâchoire carrée même si l'un avait les traits masculins et l'autre féminin. Ils tenaient leurs traits génétiques de la famille de leur père, sans doute la seule chose qu’ils peuvent avoir de lui…
III. Sombre comme la nuit…
Les premières années passèrent sans grandes difficultés, tous les deux s'étaient retrouvés dans l'équipe de Quidditch de leur maison. Keith avait insisté bien entendu, si Pandore en avait très envie, parfois elle manquait un peu de confiance en elle sans aucune raison, peut-être se cachait-elle trop souvent derrière son frère si protecteur envers elle ? Mais elle ne regrettait en rien cette décision, ils faisaient une bonne équipe comme pour tout le reste. Populaires et quasiment toujours ensemble ou presque ils s’étaient créée le même groupe d’amis, ils évoluaient, grandissaient ensemble, faisait les mêmes découvertes ou presque même si Keith à découvert le plaisir des filles et de la chair bien avant sa jumelle. Plus les années passaient et plus ce lien entre eux qu’ils avaient depuis la naissance se consolidait, si bien qu’il était impensable qu’ils soient l’un sans l’autre.
Pourtant leur septième année, qui aurait dû être celle de leur diplôme, leur dernière… Fût également l'année du drame, celui qui allait bouleverser la vie de Pandore à jamais… Si elle et Keith ont obtenu leur diplôme, ce fût la dernière chose que Keith fit dans sa vie… Cela faisait un moment que le bruit tournait, que les gens chuchotaient dans les recoins que les mangemorts étaient en train de se reformer, rien d’officiel cependant, quelques attaques, quelques témoignages… La branche de la famille des jumeaux ne fait pas partie des familles pro-mangemort, mais cela n’empêche pas leurs grands-parents d’avoir des idées quelques peu… Arrêtées. S’il y a quelques années encore, ils prônaient la pureté du sang, avec le mariage de leur fils, contre leur volonté, avec une sang mêlée et la naissance des jumeaux, ils n’ont eu d’autre choix que de révisés leur jugement… S’ouvrant peu à peu à de nouvelles idées, ils ont donc refusé la proposition quelques peu
« forcée » de rejoindre les rangs de l’augurey. Evidemment les mangemorts ont donc essayé de les abattre… C’est ainsi que Pandore et son frère se sont retrouvés au mauvais endroit, au mauvais moment et ils ont été amenés à devoir se défendre malgré leur jeune âge. Ils l’avaient fait du mieux qu'ils pouvaient… Se servant de tout ce qu’ils avaient pu apprendre en sept ans. Mais à quel moment est-ce que tout avait dérapé ? A quel moment Pandore s'est rendu compte qu'elle ne sentait plus les mouvements de son frère près d'elle ? Elle s'était retournée, le cherchant du regard sans le voir. Elle entendait les battements de son cœur devenant assourdissant dans ses oreilles, elle voyait sa famille se battre au ralenti, le temps ne défilait plus correctement, il se passait quelque chose elle le sentait… Son regard finissait par descendre vers le sol, un mangemort se trouvait non loin d'elle au-dessus du corps sans vie de son jumeau… Le hurlement qu'elle poussa aurait sûrement déchiré les tympans de tous les membres de sa famille s'ils n'étaient pas déjà préoccupés par les combats qu'ils menaient. Elle n'eut pas le temps de pleurer son frère, de savoir s’ils finiraient par s’en sortir ou non car elle ne vit pas le coup venir et perdit connaissance non loin du corps de son jumeau.
Si ça famille avait fini par emportée la victoire, ils avaient perdu quelque chose de pire, un fils… Un frère… Son frère, son jumeau, sa moitié, son tout… C'était comme si elle était vide à l'intérieur d'elle à présent, il lui manquait une partie d'elle pour pouvoir être complète… Rongée par la honte, sa famille lui répétait sans cesse que ce n’était pas sa faute… Mais elle ne voulait pas l'entendre, elle avait échoué, elle avait perdu son frère alors que c'était à elle de le protéger, elle aurait dû être là, elle aurait dû le sauver, elle l'avait abandonné…
IV.Une renaissance !
Une nouvelle année commençait… Pandore n’avait pas voulu retourner à Poudlard cette année, mais sa famille l’y avait poussé lui assurant que c’était le mieux pour elle… Coiffant ses longs cheveux colorés devant son miroir, son regard se portait sur le reflet de sa valise déjà prête posée sur son lit. Lumos se tenait dessus déjà près pour un nouveau voyage… la jeune fille avait le cœur lourd et retenait ses larmes… Depuis la disparition de son frère elle s'était complètement refermée sur elle-même et n'avait plus envie de rien, c'était comme si sa joie de vivre s'était éteinte avec lui.
« Cela ne va pas être pareil sans toi… » Murmurait-elle toute seule dans sa chambre tandis qu'une larme s'échappait sur sa joue. Comment pourrait-elle retourner dans cet endroit qui lui rappellerait sans cesse cette partie d'elle-même qui n'existait plus ? Commencée une nouvelle année sans avoir de note médiocre, seule sans lui alors que cela avait toujours été leur rêve à tous les deux…
« Pas seule… » Entendit-elle dans sa tête… Elle se retournait dans la pièce cherchant d'où la voix pouvait provenir…
« Keith ? » Appelait-elle certaine qu'elle devait avoir l'air d'une folle en ce moment même, il lui manquait à un tel point qu'elle en arrivait à imaginer sa voix…
« Lex ? » Son cœur se serra en entendant le surnom affectif que seul son frère utilisait parfois envers elle. Il paraissait tout aussi étonné qu'elle. Sa voix avait l'air de résonner à l'intérieur d'elle-même, comme si c'était… Dans sa tête… Elle se retournait de nouveau vers le miroir, prête à se retrouver avec… Une deuxième tête ?
« Keith c'est toi ? » Demandait-elle sans vraiment savoir à qui elle s'adressait ni où il était, ni même s'il lui parlait vraiment.
« Bon sang Pandore ça fait des jours que j'essaie ! Tu ne m'entendais pas. » « Mais de quoi parles-tu ? » Demandait-elle sans comprendre quoique ce soit.
« Où es-tu… Je croyais que tu étais… » Elle ne finissait pas sa phrase, un sanglot venait de la prendre et les larmes menaçaient de nouveau de sortir.
« Je le suis… » Cela l'acheva et elle ne retenait plus ses larmes.
« Alors, je suis folle n'est-ce pas ? » Demandait-elle tout en se rendant bien compte qu'elle ne faisait qu’accroître sa folie.
« Et bien… Non, ou alors nous le sommes tous les deux… » Pandore ne comprenait vraiment rien et son jumeau du sentir qu'elle perdait patience car il reprenait aussitôt la parole.
« Je crois que… Je suis dans ta tête… Je veux dire mon esprit… » La surprise était tellement grande qu'elle arrêtait de pleurer presque immédiatement.
« Quoi ? C'est possible ? Mais comment ? » Répondait-elle, vue de l'extérieur cela devait ressembler à un monologue auquel il manquerait une bonne partie des mots…
« Je ne sais pas… Je pensais être mort et puis… Je… Je me suis mis à t'entendre… Je te répondais, mais tu ne m'entendais pas, puis j'ai commencé à voir le monde tel que tu le vois. » Expliquait-il sans que Pandore ne comprenne vraiment ce que tout cela voulait dire…
« Tu veux dire que… » « Je peux voir à travers tes yeux, je ressens tes émotions, tes pensées aussi, je suis la Pandore, mais je ne sais pas pourquoi… »Cela aurait sans doute dû effrayer la jeune fille et une part d’elle l’était… Déjà parce qu’elle ne savait pas si cela était vrai ou si elle était simplement devenue schizophrène… Ou encore l’idée que son frère puisse avoir accès à ses pensées, à son propre jardin secret, même si elle n’avait jamais eu de secret pour lui… C’était tout de même différent… Mais une part d’elle ne pouvait pas s’empêcher égoïstement d’être heureuse que son frère soit là d’une certaine manière… Il était encore plus près d’elle qu’il ne l’avait jamais été… Elle n’avait jamais été prête à vivre sans lui et c’était comme si sa prière avait été entendue… Tous deux avaient décidé de ne rien dire à personne, pas à même à leur famille, ils ne savaient pas comment tout ça était possible. Mais, Keith avait peur que sa sœur se retrouve internée et Pandore avait peur que l’on trouve un moyen de la séparer de son frère…