J’observais ma meilleure amie se faire la malle. Oh, elle avait beau ne pas le dire, je savais ce qui se cachait derrière sa mauvaise humeur apparente. Les mêmes sentiments que j’avais alors que nous portions ces uniformes et que nous observions les crétins autour de nous s’amuser d’être ainsi costumé. Là était la différence. Ils se déguisaient. Olivia, Sofiane et moi portions des tenues qui étaient lourdes de conséquences pour nous. D’ailleurs, voir le Rasak ainsi vêtu… cela m’avait drôlement perturbée. Trop de souvenirs de cette époque. C’était tout simplement trop. Il me fallait un remontant et quelque chose de fort.

Je me tournais vers Sofiane. Mon Dieu que c’était dur de le voir dans cette tenue. Je sens bien que sa situation est semblable à la mienne. Il m’évite du regard. Et je me doute que ce n’est pas parce que nous avons couché ensemble. Cela semble être si minime en comparaison de ce que nous ressentons en cet instant… Il est dans ses pensées. Il est là-bas… « Je te proposais de faire notre boulot et d’aller picoler après… » Répétais alors qu’il sortait de sa torpeur. Il acquiesçait. « On a qu’à rester ensemble. J’interviewe, je prends des notes et toi tu fais les photos. » Ensemble. Pas seul à subir cette masse grouillante de pseudos soldats.

Je passe de personne en personne. Quand je reconnais des membres du gouvernement ou des personnes influentes du Blood Circle, je me dirige vers eux. Je les écoute avec un sourire d’apparat, on y croirait presque. Après une bonne demi-heure, je me tourne vers Sofiane. « On est bons je pense, non ? » soufflais-je. Mon regard clair perça la foule et aperçu soudainement Doryan. Ne me demandez pas comment je les différencie avec Lyam. Je ne serais le dire. Juste que là, c’était mon comparse de conneries. « Y’a Doryan, viens je vais lui faire un petit coucou. Et le laisser tranquille, il a l’air en bonne compagnie. » dis-je avec un léger sourire. J’agrippais le poignet du jeune homme pour le reconnecter à la terre ferme et l’entraînas à ma suite. Alors que j’arrive vers mon frère, j’attrapais la flûte qu’il venait de se servir pour me l’accaparer et en prenait une gorgée. « Mon Frérot, toujours mon héros ! » Lui dis-je avec un léger clin d’oeil. Cela me faisait du bien de le voir. Je savais qu’il allait certainement me sortir une connerie pour me détendre et ça serait parfait. Je regardais la jeune femme à ses côtés et lui adressais un sourire. « Salut, moi, c’est Charly, la petite soeur de ce benêt. » Je me tournais vers Sofiane, relâchant son poignet que j’avais gardé entre mes doigts sans vraiment m’en rendre compte.

Carl était vraiment un homme ? Grand bien lui en fasse. Au moins, tout déficient qu’il était, il comprenait, lui, que la guerre n’était ni un jeu, ni une source de plaisanterie. Nous étions sur la même longueur d’onde sur ce point là. Cependant, il ne répondit pas à ma remarque sur la richesse de sa famille. Touché. Il ne pouvait nier l’évidence que nous n’avions, lui et moi, pas du tout les mêmes conditions de vie. Le Mackenson me confirma que c’était Senior qui l’avait forcé à venir mais que “bizarrement” il n’avait pas trop envie de rester en compagnie de sa famille.

«Ouais… Je me demande bien pourquoi.»

Je compris qu’il ne comptait pas me lâcher de sitôt, je lui demandai donc, quitte à ce qu’il reste me tenir la jambe, de me rapporter de quoi manger et boire. Je soupirai quand il partit en me remerciant. Il était pas près de me lâcher… Je continuai de contrôler les entrées pendant son absence.

«Nan, toi tu passes pas, j’aime pas ta gueule.»

Mon collègue me fit comprendre que je n’avais pas le droit de refuser l’accès au gens par simple délit de faciès.

«Oh ça va, j’aurais pu inventer une excuse bidon, au moins je suis franche. Ça sert à quoi d’être ici, si je peux même pas faire un peu d’abus de pouvoir… T’es sûr que… Oh d’accord…  » J’effectuais rapidement la fouille de la personne avant de la laisser entrer. «Passez une excellente soirée… Amusez-vous bien. »

Carl ne tarda pas à revenir. j’engloutis rapidement les petits fours qu’il m’apporta.

«Ah putain, j’avais la dalle.»

Je pris le verre qu’il me tendit. Il me demanda si j’aimais le Champagne. Champagne ?

«Mais putain… T'es né con ou t'as subi un entraînement intensif pour le devenir  ? Tu penses vraiment que j’ai le droit de boire de l’alcool pendant que je suis censé m’occuper des entrées ? Alloooooooo ?» La personne qui attendait pour entrer commençait à s'impatienter. «Oh c’est bon y’a pas le feu au lac, la soirée va pas s’en aller. Vous pouvez bien attendre deux minutes. » Je m’adressait de nouveau à Carl «Tu t’es pas dit que juste de l'eau des chiottes c’était bon ? » Je vidai la coupe d’une traite, parce que sinon ça allait être chiant. «Bon, personne ne dira rien. Allez, vous là, venez. » Je rendis la coupe à Carl, pour commencer à fouiller la personne. «Vous aussi, vous pouvez avancer, monsieur va s’occuper de vous.» Tant qu’à faire d’être là, il pouvait m’aider. «Tu vas voir Carl, c’est pas compliqué. Il faut juste éviter de tripoter les parties intimes des gens que tu fouilles et on ne fait pas entrer les méchants déguisés en Hitler. En dehors de ça même si la personne a une sale tronche, elle peut avoir le droit d’entrer. C’est moins compliqué que de capturer un sorcier, ça devrait le faire.»

Ça devrait le faire… C'était à voir ça.

Je n’imaginais pas que la rencontre officielle de Doryan me mettrait dans cet état-là. Ce n’est pas le fait d’être présentée à lui qui m’inquiète mais davantage la jeune femme qui est à ses côtés. Soledad, je le connais depuis plusieurs années maintenant par le biais de Maxime même si je ne sais pas grand-chose d’elle : nous nous sommes croisées à de nombreuses reprises et je ne peux que l’apprécier quand je sais comment elle est avec ma meilleure amie. On a juste pas eu le temps d’apprendre véritablement à se connaître mais la façon dont elle a réagi lors de l’attaque de la forêt me conforte dans l’idée que c’est vraiment une fille en or. Et par dessus le marché, une future belle-sœur ? Franchement, ça me dépasse, la coïncidence est trop grande. Mille questions se bousculent dans ma tête. Est-ce que Doryan est un sorcier ? Comment a-t-il rencontré Soledad ? Et si Lyam était sorcier lui aussi ? Nous n’avions jamais évoqué le sujet, je suis toujours partie du principe qu’il était moldu. Sa vie paraissait si… moldue. Mais la mienne pouvait l’être aussi aux premiers regards d’ailleurs, donc comment savoir ? Je savais que cela serait une étape dans notre couple le jour où je le lui avouerai. Même si le secret magique n’est plus depuis quelques mois, je ne suis pas encore franchement à l’aise de balancer l’info comme ça, j’ai trop peur de mettre en danger ceux à qui je pourrais bien le révéler, Lyam en premier. Ma pauvre Kayla, si tu savais comment tu te goures.

J’écoute avec attention les échanges entre les jumeaux et je souris de temps à autre : bien sûr que cela m’amuse de savoir qu’Alice prend les devants en m’appelant l’amoureuse de papa et en appelant Soledad tata Sol ; les enfants sont parfois si clairvoyants. En tout cas, c’est moi qui manque de clairvoyance lorsque je me rends compte que si Soledad et moi partageons le secret de notre véritable nature de sorcière, Soledad était également au courant que je n’étais qu’une étudiante à l’université et je souhaite que cela puisse rester secret jusqu’à ce que je me sente enfin prête à le dire à Lyam. Et vite. Sinon ce genre d’événements va se reproduire et je n’ai pas envie qu’il l’apprenne de quelqu’un d’autre. Je décide de lui dire rapidement, il le faut. Je me reconcentre sur Soledad. « Comment ça, pas ensemble ? » Je fronce les sourcils. Ah ouais d’accord. Cela ne veut pas se l'avouer ? J’oublie cette histoire de mensonge durant quelques instants en laissant s’installer un sourire narquois sur mes lèvres. Ce sourire disparaît en voyant la tête de Soledad. Oh putain. Cette histoire de merde. Ça sent mauvais. Je me promets d’en parler à Soledad plus tard, je la sens pas bien là. Je la connais pas tant que ça mais bon, je sens ces choses-là.

Je propose à Lyam de s’éloigner danser et sa réponse remue en moi de vieux souvenirs. Les propos de Doryan me font rire. « T’as pas les mêmes arguments que moi Doryan, c’est tout. » dis-je d’un air taquin. Chassez le naturel, il revient au galop. Nous nous quittons d’un geste de main et j’entraîne Lyam sur la piste de danse. Tandis qu’une musique assez lente démarre, je me colle doucement contre lui et pose ma tête contre son épaule. Je suis soucieuse. Trop d’émotions ce soir. Je soupire doucement et relève la tête pour voler un baiser à Lyam. « Bon bah, ça s’est bien passé, tu dois être rassuré. » dis-je simplement.

Résumé:

Vous notez le ton formel sur lequel la femme répond à Robin Kane. Ni amical, ni inamical, juste poli. Vous comprenez cependant son malaise lorsqu’elle reprend votre réplique précédente en tentant d’imiter votre accent. Vous préférez faire comme si vous n’aviez pas compris et vous vous contentez de rire à l’imitation. Vous vous présentez auprès du fils du premier ministre, avant de parler de votre boutique. Olivia se présente à son tour, jugeant que Représentante de la Royal Air Force est un titre un peu trop long.

«Enchanté Olivia, et puis, j’avoue que c’était un titre un peu informel.» Elle vous conseille de lever le pied. «C’est pas évident… Je devrais m’accorder une semaine ou deux de vacances, en effet, mais dans la vie, c’est marche ou crève. Je ne peux pas me permettre de fermer la boutique quelque temps. Heureusement que j’aime mon boulot.»

Robin se jette sur les petits fours et en engloutit un plus vite que le ferait un ogre. Il s’empresse ensuite de le faire glisser avec du Champagne. Vous vous demandez vraiment si la vie n’est pas un peu trop dure financièrement pour l’avocat, pour qu’il se jette ainsi sur la bouffe. Le kane finit son vers puis vous demande si vous n’avez pas songé à prendre des employés.

«Ce n’est pas seulement par égo que je travaille seul. Bien sûr, personne ne pourrait faire ce que je fais aussi bien que moi, mais c’est surtout que financièrement, je peux pas me permettre d’avoir un employé. Et puis, je suis pas sûr que ça m’aiderait vraiment, je suis trop maniaque dans mon travail, je repasserais après eux pour refaire correctement »

Vous riez à votre propre remarque tandis que le Kane vous demande l’emplacement de votre boutique. Même si tout ce qui concerne la magie est inaccessible pour des non-maj, malgré des fouilles intensives, vous préférez que le Blood Circle reste loin de votre repaire. Vous vous dites que ces cinglés seraient capable de prendre les BD de super-héros comme étant une propagande pour le monde Magique.

«Vous vous intéressez aux Bande Dessinées Monsieur Kane ? Je ne vous cache pas que habituellement mes clients ont plutôt des allures de gringalets qui n’ont pas vu la lumière du jour depuis plusieurs semaines, donc je suis plutôt surpris. D’autant plus surpris que vous pouvez trouver des boutiques bien plus imposantes, assez facilement.»

Vous pointez le petit-four que Olivia tient dans l’une de ses mains, pour tenter de changer de sujet.

«Ils sont à quoi ? C’est mangeable ?»

Mon frère était dans tous ses états. C’était une pile électrique en temps normal, mais ce soir, il était branché au maximum de volts possible. Soledad semblait le mettre dans une grande forme. Entre lui et Sofiane qui ne faisait aucun effort pour cacher son humeur tumultueuse, j’avais l’impression de me retrouver entre deux univers en compagnie de la compagne de mon frère. « Bon courage… » soufflais-je amusée malgré le fait qu’elle me répondait avoir de l’influence finalement. Enfin je disais ça, mais je n’étais pas forcément mieux. Il suffisait de nous lâcher Doryan et moi dans une soirée pour que nous fassions n'importe quoi. Une chance pour Soledad que je ne sois pas dans totalement dans mon assiette. N’empêche une seule coupe… Elle avait un puissant pouvoir sur le frère la jeune femme pour le mettre au maximum de sa forme.

Toutefois lorsque Sofiane commença à répondre plus sèchement, je décidais qu’il était tant de le faire sortir de là. Ca ne me ferait pas de mal par la même occasion…  Je me sentais oppressée par ma tenue. Et étrangement, voir Doryan habillé ainsi ne m’aidait pas non plus. « Tu seras toujours mon petit con préféré. » Un sourire se dessina sur mes lèvres avant de lui adresser une grimace alors qu’il me disait de me tirer. « Moi aussi je t’aime grand frère ! » Je lui faisais un signe de la main en m’éloignant à la suite de Tonton Soso.

Une fois dehors Sofiane me tend une cigarette. Je refuse d’un mouvement de la tête. « Tu sais que je fais que crapoter et encore faut j’ai bu. » dis-je en un petit sourire. Je lui demande si ça va aller alors que je retire mon ancien gilet de presse. Je me sens déjà beaucoup plus légère. Le silence s’installe tandis qu’il enchaîne rapidement sur une seconde clope. J’observe son profil, sa bouche qui se referme sur le cylindre. Fixe les volutes de fumées qui s’échappent d’entre ses lippes. Je sais où vont ses pensées. Elles sont au même endroit que les miennes. C’est terrible de le voir dans cet uniforme malgré le fait qu’il se soit débarrassé de la chemise au début de la soirée. Je perds dans les méandres de mon esprit où se dresse Olivia, Tim… La distraction offerte par Doryan s’estompe et ça remonte comme une vague violente prête à me terrasser. Sofiane se tourne vers moi et ses prunelles orageuses me percutent. Je comprends ce qu’il se passe dans son esprit et cela se déclenche en écho un frisson dans mon échine. Sa main m’entraîne à l’abri des regards. Mon dos heurte un mur alors que son corps vient rejoindre le mien. Est-ce que je devrais réagir, le repousser ? Il me prend par surprise et pourtant… j’en ai rien à faire. Je réalise que c’est le seul moyen de relâcher la pression. Ma langue part à la recherche de la sienne dans ce baiser presque brutal à la saveur amère de l’affliction. Mes doigts agrippent sa nuque, mes ongles éraflent sa peau. Ne plus penser et juste ressentir.

Je suis contente de m’éloigner de Soledad et de Doryan. Cette histoire me fait prendre conscience que je suis une idiote et qu’il faut que je dise tout à Lyam et très rapidement. Je suis acculée au pied du mur et Lyam risque maintenant de l’apprendre d’une autre bouche que de la mienne et je n’ai vraiment pas envie de ça. Pas du tout même. Je ne veux vraiment pas qu’il pense que j’ai été trop lâche même si clairement ça y ressemble. Je me promets de lui dire demain. Pour le moment, je profite du reste de la soirée en sa compagnie sur la piste de danse. J’acquiesce lorsque Lyam explique que c’est dans les habitudes de Doryan de charrier sans arrêt. « Oui effectivement, je m’en suis rendue compte. » A mes dépends d’ailleurs. Je n’avais pas compris l’ironie de ses propos tout à l’heure, je peux être naïve parfois. Je place mes bras autour de son cou et je me presse contre lui, ma tête contre son épaule. Sa présence me rassure et je l’écoute me donner son point de vue sur Soledad. Je fronce les sourcils et fais la moue : « Je suis d’accord avec toi, Soledad avait l’air bizarre. Comme si… » J’ai peur d’aller trop loin dans mes propos alors je me contente de dire : « Comme si la situation lui échappait. » Je demande : « Doryan a l’habitude d’être en couple ? Je me souviens de lui lors de notre rencontre au bar… Il avait pas l’air… de… enfin… » J’éclate de rire, me rendant compte que cet exemple n’est franchement pas représentatif. « Oui enfin bon, si on va par-là, toi et moi non plus on avait pas franchement l’air d’être des personnes à vouloir se mettre en couple ce soir-là, la preuve que tout peut arriver. » Je souris doucement.

Je caresse sans me rendre compte la nuque de Lyam et lève les yeux vers lui : mes lèvres rencontrent les siennes et je sens mon cœur qui s’emballe encore. Je pose alors une question : « Et Alice ? Elle m’appelle comment moi ? » en me remémorant les mots de son frère. À vrai dire, je n’ai aucune idée de comment Lyam parle de moi à Alice. Je ne l’ai pas revu depuis cet été et il n’était alors pas question de quoi que ce soit entre nous puisque notre rencontre en plein centre de Londres était totalement due au hasard. Mais il vrai que cela me traverse souvent l’esprit. Je me demande même si Lyam a réellement envie de s’investir dans notre relation puisqu’il ne tient pas à ce que je vois sa fille. Il venait pourtant de me présenter à son frère… Que c’est compliqué les relations de couple dis donc.

Résumé:

Le « marche ou crève », Olivia connaissait bien. Alors elle ne tenta pas d’argumenter et ne répondit que d’un petit signe de la tête. Elle n’aimait pas qu’on lui dise quoi faire, elle n’allait surement pas le faire pour d’autres personnes.

La jeune femme se retint de lever les yeux au ciel alors que Robin parlait de sa secrétaire. Elle oubliait parfois qu’ils n’étaient pas du même monde. Elle posa son regard sur le Kane et elle sentit sa mâchoire se serrer alors qu’elle reconnaissait le type d’uniforme qu’il portait. Bien sûr ce n’était que des déguisements. Et pourtant plus la soirée avançait plus la jeune femme se sentait oppressée et franchement agacée. Ces uniformes n’avaient rien de « déguisements ». Ils avaient été portés par des hommes et des femmes prêts à protéger leurs pays au péril de leurs vies. Ainsi se pavaner en mangeant des petits fours ne leurs rendaient pas franchement hommage. Mais que pouvait bien quelqu’un comme Olivia Baring sur le sujet ? Elle n’était qu’une soldate de plus dans la masse d’inconnus.

Revenant à elle, Olivia se rattrapa à la conversation alors que Robin demandait où se trouvait la boutique d’Hunter. Question relativement pertinente qu’elle aurait probablement aussi posée si elle n’était pas aussi fatiguée. Effectivement, elle connaissait Robin et son amour des bandes-dessinées ou autres comics. Il avait plusieurs fois essayé de l’entrainer dans ces lectures mais Olivia n’avait jamais vraiment accroché. Pourquoi chercher l’extraordinaire dans des livres alors qu’elle vivait une vie emplie d’action ? Ses nombreux bleus et son état mental défaillant auraient pu argumenter que les bandes-dessinées étaient probablement moins dangereuses.

Un sourire passa sur les lèvres de la jeune femme alors qu’Hunter et Robin entamait un échange de politesse. Peut-être qu’effectivement Hunter pourrait développer ses activités avec l’aide de Robin ? Ouvrir une chaîne ? Peut-être prendre des employés supplémentaires et ainsi diminuer sa fatigue ? Ne venaient-ils pas d’en parler ? Zut, cela avait été le moment où elle avait déconnecté… Maudite fatigue.

Olivia sursauta presque lorsqu’Hunter s’adressa à elle. Comme un lapin prit dans les phares d’une voiture, elle déglutit lentement en avalant difficilement sa bouchée avant de répondre. Une rasade de champagne lui permit de tout faire passer. « Aucune idée. Viande et tomates je dirais. Y a un truc vert aussi mais je sais pas trop. Mon palais n’est pas le meilleur de Londres. » Elle lui fit un sourire poli. Un bout de truc vert était justement coincé entre ses dents mais elle n’y fit pas attention. « Vous devriez accepter l’aide de Monsieur Kane. S’il y a un truc qu’il sait faire, c’est aider les gens. » Dit-elle sans regarder le principal intéressé mais sans trace de moquerie dans la voix. Ce compliment était une première étape dans leur réconciliation. Mais elle sentait bien qu’Hunter était un peu mal à l’aise. Les Kane faisaient souvent cet effet-là. « Vous êtes en Angleterre depuis longtemps ? » Dit-elle, lançant une perche à l’Américain.

Résumé:

Robin Kane ne semble pas adhérer à vos arguments. Il vous exhorte d’avoir confiance en autrui et d’apprendre à déléguer. Le fils du premier ministre semblait être sûr de ses propos. Vous le trouvez bien arrogant. Qui est-il cet enfant de bourgeois pour juger votre manière de procéder ? Pendant que vous parlez, il semble regarder ailleurs. Vous suivez la direction de son regard pendant qu’il rit à votre remarque et vous êtes sûrs de reconnaître Madame Velasquez entourée de gens que vous ne connaissez pas.

Vos sens sont en éveil. Vous vous rappelez les mises en gardes de Soledad lorsqu’elle vous a aiguillé vers un commerce à proximité de son ancienne boutique dans le Londres Non-Maj. Vous vous demandez si c’est Kane qui a usé de son influence pour faire fermer sa boutique et s’il l’avait reconnue. Ou alors, peut-être qu’il regardait quelqu’un d’autre du groupe, un ou une amie. Vous ne pouvez vous empêcher de repenser aux mises en gardes de la co-gérante du Witches Bazaar à propos de vous installer du côté non-maj, sous entendant que les cinglés du Blood Circle risquent de voir d’un mauvais oeil une boutique de Bandes Dessinées mettant en valeur des héros avec des pouvoirs surnaturels.

Vous tentez d’éviter la conversation en parlant nourriture mais vous semblez manquer de charisme pour cela, puisque Olivia se contente de vous répondre vaguement, avant de vous inviter à accepter l’aide de Monsieur Kane qui profite de l’occasion pour enchérir. Vous prenez la carte qu’il vous tend, par politesse, en sachant que vous ne le contacterez jamais.

«Merci. Mais vous devez savoir… Ce que j’aime dans le fait d’être indépendant, c’est d’être indépendant. Peut-être que vos intentions sont désintéressées.» Votre ton commence à se faire un peu plus froid qu’ordinaire. «Mais ça je n’ai aucun moyen de le savoir. D'autant plus que votre nom est étroitement lié au gouvernement, je tiens à garder ma totale indépendance. Et même si je dois travailler dur pour cela, mon activité se porte assez bien, et je n’ai ni besoin, ni l'envie, de m’endetter ; ou d'accepter la charité d’autrui. »

Vous vous apprêtez à partir, mais Olivia décide de vous tendre une perche pour désamorcer ce début de conflit entre vous et Kane. Vous ne pouvez plus vous éclipser.

«Je suis arrivé à Londres fin 2019, les States m’ont un peu lassé, je voulais voir l’Europe. J’ai vendu le commerce que j’avais là-bas pour rouvrir ici, ça m’a pris un peu de temps pour trouver un local qui puisse me convenir.
»

Ce que vous pouvez apprendre de cette soirée est devenu le cadet de vos soucis. Vous n'avez plus aucune envie d'entendre une quelconque allocution de Georges Kane ou d'un de ses porte-paroles. Vous comprenez assez facilement comment le Blood Circle peut séduire, et désormais, votre seule envie c'est de vous tirer de cette soirée.

Mon frère était dans tous ses états. C’était une pile électrique en temps normal, mais ce soir, il était branché au maximum de volts possible. Soledad semblait le mettre dans une grande forme. Entre lui et Sofiane qui ne faisait aucun effort pour cacher son humeur tumultueuse, j’avais l’impression de me retrouver entre deux univers en compagnie de la compagne de mon frère. « Bon courage… » soufflais-je amusée malgré le fait qu’elle me répondait avoir de l’influence finalement. Enfin je disais ça, mais je n’étais pas forcément mieux. Il suffisait de nous lâcher Doryan et moi dans une soirée pour que nous fassions n'importe quoi. Une chance pour Soledad que je ne sois pas dans totalement dans mon assiette. N’empêche une seule coupe… Elle avait un puissant pouvoir sur le frère la jeune femme pour le mettre au maximum de sa forme.

Toutefois lorsque Sofiane commença à répondre plus sèchement, je décidais qu’il était tant de le faire sortir de là. Ca ne me ferait pas de mal par la même occasion… Je me sentais oppressée par ma tenue. Et étrangement, voir Doryan habillé ainsi ne m’aidait pas non plus. « Tu seras toujours mon petit con préféré. » Un sourire se dessina sur mes lèvres avant de lui adresser une grimace alors qu’il me disait de me tirer. « Moi aussi je t’aime grand frère ! » Je lui faisais un signe de la main en m’éloignant à la suite de Tonton Soso.

Une fois dehors Sofiane me tend une cigarette. Je refuse d’un mouvement de la tête. « Tu sais que je fais que crapoter et encore faut j’ai bu. » dis-je en un petit sourire. Je lui demande si ça va aller alors que je retire mon ancien gilet de presse. Je me sens déjà beaucoup plus légère. Le silence s’installe tandis qu’il enchaîne rapidement sur une seconde clope. J’observe son profil, sa bouche qui se referme sur le cylindre. Fixe les volutes de fumées qui s’échappent d’entre ses lippes. Je sais où vont ses pensées. Elles sont au même endroit que les miennes. C’est terrible de le voir dans cet uniforme malgré le fait qu’il se soit débarrassé de la chemise au début de la soirée. Je perds dans les méandres de mon esprit où se dresse Olivia, Tim… La distraction offerte par Doryan s’estompe et ça remonte comme une vague violente prête à me terrasser. Sofiane se tourne vers moi et ses prunelles orageuses me percutent. Je comprends ce qu’il se passe dans son esprit et cela se déclenche en écho un frisson dans mon échine. Sa main m’entraîne à l’abri des regards. Mon dos heurte un mur alors que son corps vient rejoindre le mien. Est-ce que je devrais réagir, le repousser ? Il me prend par surprise et pourtant… j’en ai rien à faire. Je réalise que c’est le seul moyen de relâcher la pression. Ma langue part à la recherche de la sienne dans ce baiser presque brutal à la saveur amère de l’affliction. Mes doigts agrippent sa nuque, mes ongles éraflent sa peau. Ne plus penser et juste ressentir.