Un peu de douceur dans ce monde de brutes… Et franchement ces derniers temps, le monde partait vraiment en vrille. Siobhan avait beau essayé de convaincre ses élèves d’essayer de connaître le monde moldu pour ne plus avoir à le craindre, elle commençait sérieusement à s’inquiéter de cette guerre qui grondait doucement entre sorciers et moldus. S’il fallait se battre, elle avait un peu peur de ne pas savoir le faire. Elle s’inquiétait aussi des victimes que pourrait provoquer ce conflit. Elle craignait de perdre ses proches, de voir ses élèves souffrir. Les guerres, ça n’apportait jamais rien de bon. Quand elle était petite et qu’elle avait peur ou lorsqu’elle était triste, elle se réfugiait dans ses livres de contes préférés. Tout le monde le sait, les contes de fées pour les enfants se terminent toujours bien. Quoi qu’il arrive, ça finissait presque toujours par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Alors c’est vrai qu’avant d’en arriver là, les personnages principaux en passaient souvent par des vertes et des pas mûres sauf pour Blanche-neige, comme quoi trop rouge, faut se méfier aussi :P mais en général ils s’en sortaient toujours et les méchants étaient vaincus. A son âge, elle savait bien que la vie ça ne fonctionnait pas forcément comme ça, mais elle avait toujours gardé espoir que les choses finissent par s’arranger. S’il y avait bien quelque chose qui faisait avancer dans la vie, c’était l’espoir. C’était lui qui empêchait de se morfondre dans le noir, dans la peur, lui qui donnait du courage pour lutter contres les injustices, pour rendre ce monde meilleur.

Alors il y a quelques semaines, alors qu’elle attendait son tour à Sainte-Mangouste dans la salle d’attente pour un énième bilan de ses troubles liés à son étrange maladie, une idée lui vint en observant les autres patients. Parmi les sorciers qui attendaient, il y avait des enfants. Elle s’était alors demandé comment les plus jeunes sorciers vivaient tous ces bouleversements. Que leur racontaient leurs parents ? Comment les rassuraient-ils le soir avant d’aller dormir ? Maman O’Hara avait toujours eu les bons mots, les bons gestes. Et il y avait toujours eu ces contes pour continuer à la faire rêver, lui permettre de s’évader et de garder l’espoir qu’il y avait toujours une solution pour s’en sortir. Alors tout à coup, ça lui était venu à l’esprit. Et si, elle écrivait des contes pour les jeunes sorciers ? Les contes, elle en connaissait un paquet. Elle savait donc parfaitement comment on les construisait. Écrire merci, elle savait aussi. On n’était pas chroniqueuse chez Sorcière Hebdo, et encore moins enseignante si on écrivait comme un pied. De l’imagination ? Alors là, pas de problème, elle en avait même un peu trop. De ce fait, elle avait occupé tout son temps libre à la rédaction d’une histoire fabuleuse assaisonnée de paillettes, de chansons merveilleuses, d’héroïnes en robe de princesse, de sauveurs, de magie bien sûr, d’animaux très très mignons, bref du bonheur concentré en pages pour donner aux enfants le sourire. Sauf qu’avant de proposer son manuscrit et d’espérer le voir figurer à côté des contes de Beedle le barde chez Fleury et Bott, elle avait besoin de le faire lire à son entourage et de recueillir quelques avis. Alors elle avait bien pensé se rendre chez ses parents, sauf que les mamans, tout le monde le sait, ce n’est pas très objectif. Enfin en tout cas maman O’Hara, disait toujours que ce que faisait Sio était fabuleux. Alors c’était bien plus chouette que d’entendre dire qu’on était mauvais et qu’on ne ferait jamais rien de sa vie, mais là elle avait besoin d’avis objectifs. Elle avait dressé une liste de gens qui, elle le savait, sauraient lui faire des critiques constructives sans pour autant la démoraliser.

Premier arrêt, maman O’Malley. Puisqu’elle était maman, elle aussi en connaissait un rayon en histoires pour enfant. Et puis un jour, elle finirait sûrement grand-mère, elle aurait besoin de contes pour ses petits choux. Bref, c’est comme ça, qu’elle se retrouva à frapper à la porte de la maison des O’Malley, sac à main à l’épaule droite et manuscrit sous le bras. Comme à son habitude, elle se trouvait perchée sur des escarpins aux talons vertigineux, avec une robe aux couleurs vives. Sauf que ce n’est pas Myrna qui ouvrit la porte, aujourd’hui, mais Leah.

- Oh bonjour Leah ! Tu vas bien ? Commença-t-elle en lui faisant directement la bise ha bah oui on ne va pas se tirer la révérence après toutes ces années tsss Myrna n’est pas là ?

Non Myrna ne serait pas là aujourd’hui. Au travail ? En courses ? En train de coincer un super-vilain ? En mission sauvetage au pays des ours polaires et des pingouins ? XD Mystère ! Mais ça ce n’était pas trop grave, Leah aussi pouvait lui donner son avis sur ses écrits. Un petit bruit comme une sonnette se fit entendre de son sac. Ha oui, c’est vrai, elle avait complètement oublié qu’avec le nouveau protocole de traitement, elle devait prendre ses potions à heure fixe.

- Zut, tu n’aurais pas un verre à me prêter ? J’ai complètement zappé qu’il fallait que je prenne mon traitement maintenant.

Bon ce qu’il fallait savoir, c’était que Siobhan n’était normalement pas maladroite, mais bon cette fois, elle allait déclencher une belle pagaille parce que sinon ce n’est pas drôle du tout.

Quelques minutes avant la catastrophe… Tout se passait parfaitement bien et puis ce n’était pas en allant chez les O’Malley que Siobhan s’attendait à subir une attaque de gens complètement siphonnés avec leurs idées d’extermination. Il ne manquerait plus que ça ! Est-ce qu’elle allait bien ? Pas d’attaque sur sa personne, pas à l’hôpital pour des symptômes gênants, ses proches tous en forme à priori, rien de particulier à Poudlard… Et en plus, elle travaillait sur un nouveau projet super cool. Aucune raison d’aller mal !

- Oh oui, oui, je vais très bien !

Du thé ? Oh bah pourquoi pas oui, ça aiderait à faire passer l’horrible goût épinard fade, farine d’on ne sait quoi de la potion qu’elle devait prendre. Oui parce qu’elle l’attendait toujours sa potion saveur pomme d’amour… Ha ça on savait mettre l’odeur dans les gels douche, mais alors dans les médicaments c’était une autre histoire. Non ça avait toujours un goût ignoble. A croire que les potionnistes avaient ce plaisir sadique. Probablement un traumatisme durant l’enfance, obligés de finir leur assiette de choux de Bruxelles, c’était leur petite vengeance.
Bref Myrna n’était pas là. Ha ça c’était le risque quand on débarquait à l’improviste. Limite elle aurait même pu se retrouver sans personne pour lui ouvrir la porte, elle aurait eu l’air bien maligne… Un truc de sorcière ? Oh bah pas besoin d’être une sorcière pour lire des histoires, si ? Bon effectivement, laisser son manuscrit à un moldu lambda ce n’était pas une bonne idée. Elle avait réalisé quelques illustrations et s’était amusée à les animer magiquement comme les tableaux, mais avec Leah aucun risque ! Elle savait ce que c’était la magie, n’allait pas prendre peur ou lui sortir que c’était monstrueux.

- Haaaa non pas du tout, enfin pas vraiment ! Tu peux m’aider sans problème ! Pas besoin d’être une sorcière pour me donner un avis sur un conte !

Bon il y avait quelques détails, genre des animaux magiques, des sorts bien spécifiques, mais Leah comprendrait sans aucun problème, Siobhan en était certaine. Oh tiens, ça lui faisait penser que si son travail n’était pas si mauvais, avec quelques adaptations, elle pourrait le proposer à un éditeur moldu. Bref en attendant de devenir auteur à succès, la rouquine devait se plier au nouveau traitement des médicomages et vu comme il était contraignant, elle espérait que ce ne soit pas son traitement miracle. Elle demanda donc un verre à son amie, parce qu’en plus d’être infect, il fallait le doser. Enfin avant, il fallait qu’elle se souvienne où elle l’avait fichu… Ce flacon là ? Ha non c’était pour la peinture, ça… Mauvais plan d’avaler ce truc. Bon un foulard, un saladier qu’elle devait rendre, une paire de chaussures de rechange, oh le drôle de minuteur des médicomages, la potion ne devait pas être très loin. Ha oui la voilà ! Mais alors allez savoir pourquoi, le cristal était tout glissant ce qui fait que paf… Tout le contenu sur son manuscrit… Oui bon c’est clair, elle n’était pas plus emballée que ça pour prendre son médicament, mais tant qu’à le gâcher autant que ça ne soit pas sur son travail. Et alors, les pages qui passaient par toutes les couleurs de l’arc en ciel…

- Oh c’est intér…

Houla moins intéressant. Pourquoi, elle avait l’impression qu’un cataclysme était en train de se produire à l’intérieur même de la maison des O’Malley ? Oh la la c’était quoi cette potion ? Si ça faisait la même chose avec ses organes, elle n’en prendrait plus, ça c’est sûr !

- Euh non, je ne crois pas…

Non, non ce n’était pas normal du tout et même que ça faisait vachement peur en fait. Sbam, son travail qui s’ouvrait d’un coup et qui… Mais oui ! Elles étaient en train de se faire avaler par son manuscrit ! Sauve qui peut ! Mais il était déjà trop tard, impossible de s’échapper. Réflexe, elle hurla paniquée, en même temps que la blonde qui se saisit de sa main. Le sol sembla se dérober sous ses pieds et tout devient flou l’espace d’un instant, comme si le monde qu’elle connaissait était en train de s’effacer. Ça y est c’était la fin, elle allait mourir, mangée par un bouquin ou à cause d’une potion… C’était tellement nul de mourir comme ça. Mais non, tout redevient net et Siobhan se rattrapa à la table pour ne pas s’effondrer sous le choc.

- Oh la la, je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais… Hiiiiiiii ! Leah ! On n’est plus chez toi !

Ha bah non, là clairement, elles n’y étaient plus. Et comment elle le savait ? Et bien parce que là, la pièce dans laquelle, elles se trouvaient désormais, ne ressemblait plus du tout au salon des O’Malley. Non, en fait, elles étaient dans une sorte de petite cabane en bois. Sur le côté une cheminée où bouillonnait un chaudron, sur la table divers ingrédients et fioles disposés. Siobhan fit un tour sur elle-même. Personne.

- Dis-moi que vous avez un petit cabanon au fond du jardin où Myrna prépare des remèdes pour l’hiver, demanda-t-elle suppliante à Leah, parce que sinon je ne sais pas du tout où on est !

Oui voilà un petit déplacement de quelques mètres, pas grand-chose, ça lui allait. Tiens il suffisait d’ailleurs d’ouvrir la porte pour se retrouver en face de la maison des O’Malley, non ? Ha ben non, c’était la forêt… Parfait ! Bientôt, Siobhan se retrouva même à ne plus pouvoir avancer un pied.

- Oh non, qu’est-ce qu’il se passe encore ?

Sa robe s’allongea alors, le jupon atteignant ses chevilles et se colora d’un violet prune. Ses chaussures prirent la même teinte. Une baguette qui n’était pas la sienne apparut dans sa main. Elle reporta son regard sur son amie qui subissait un sort similaire. Le changement fut d’ailleurs plus spectaculaire pour elle qui ne portait pas de robe à la base. Et pour finir le tableau, un écureuil bondit de nulle part, atterrit sur la table et leur adressa un signe de la patte. Mais dans quel délire avaient-elles mis les pieds ?

C’est vrai qu’il n’était pas très moderne ce cabanon pour une sorcière du 21ème siècle… Mais qu’est-ce qu’elle en savait des habitudes de vie de Myrna ? Ben certainement pas tout, alors l’espoir était permis non ? Bon non, pas de cabanon au fond du jardin pour faire des potions sans empester toute la cuisine… Leah venait de le lui dire et la forêt qui s’étendait à l’horizon alors qu’elle avait ouvert la porte avait achevé de la convaincre. Définitivement, elle ne savait pas où elles étaient. Elle ne reconnaissait rien du tout, le cabanon, la forêt… Elle n’était jamais venue ici. Transplaner ? Oh mais quelle bonne idée ! Pas de quoi paniquer ! Tsss elle en perdait tout bon sens… Oui enfin transplaner… Quand elle pourrait bouger. Ça ne la dérangeait pas de se retrouver dans une nouvelle jolie robe qui ne faisait pas partie de sa collection, mais le procédé était quand même un peu louche.

- Tu as raison, on va transplaner ! Inutile de paniquer !

Siobhan fouilla sa nouvelle robe à la recherche de sa véritable baguette, en vain. La petite baguette en bois de poirier ne s’y trouvait pas. Bon ben la baguette toute dorée qu’elle avait dans la main ferait l’affaire non ? Ce n’était pas du plastique au moins ? Ça n’en avait pas l’air… Mais lorsqu’elle voulut transplaner en emmenant son amie, la baguette ne fit que cracher quelques paillettes rouges et elles ne bougèrent pas d’un pouce. Pas de salon Londonien, non toujours la vieille cabane étrange. Et maintenant un écureuil venait de leur faire un signe de patte ? Non ce n’était pas possible, elle avait rêvé… Attendez, attendez… Un écureuil qui parle maintenant ? Ok elle voulait changer de médicomage au plus vite. Son traitement lui faisait avoir des hallucinations de dingue et en plus son entourage en était victime. On était bien d’accord. Les écureuils qui parlaient, ça n’existait pas. Ni pour les moldus, ni pour les sorciers. D’ailleurs, à bien y réfléchir, il n’y avait pas de créatures magiques capables de parler chez les sorciers. Les animaux qui parlent, ce n’était que dans les contes pour enfants…

- Euh..., prononça-t-elle pour toute réponse à la jeune femme.

Ben oui parce que là pour le moment, elle ne voyait vraiment pas où elles avaient atterri ou si elles étaient en plein délire hallucinogène du fait des effluves de sa potion. De mieux en mieux, le royaume de… Ha… Houla. Oups. Ça par contre, ça lui parlait. Un tout petit peu. Bon beaucoup en fait. Après, ça pouvait juste être une énoooorme coïncidence. Les yeux écarquillés, elle se mordit le coin de la lèvre tandis que Leah demandait à l’écureuil comment sortir d’ici. Déjà voilà, il n’y avait pas d’écureuil qui parle dans son histoire, oui bon et pas de Leah et de Siobhan non plus…
La rouquine était en train de réfléchir lorsque l’écureuil se mit à péter un boulon autour d’elles pour avoir des noisettes. On va se réveiller ? Sauf que dans les histoires et les films, ils disaient tous ça et ne se réveillaient jamais dans l'instant qui suivait ! Non y’avait toujours un truc à faire. Genre Jumanji, il fallait terminer la partie. Hiiiii, les crocos ? Les chauve-souris ? Non stop, elle n’avait pas écrit une histoire d’horreur pour Halloween, juste un conte pour enfant. Est-ce qu’elle disait à Léa, qu’elles avaient apparemment été avalées par son manuscrit ? Ça serait bien oui...

- Euuuuh Leah ? Faut que je te dise un truc, mais avant tu dois me promettre de ne pas paniquer, parce que sinon je vais paniquer aussi, et je vais pleurer, et je vais dire qu’on est foutues et qu’on va mou…

Non, mais jamais de la vie, Leah n’allait promettre quoi que ce soit avec un tel discours, d’ailleurs elle allait sûrement paniquer tout de suite.

- En fait je crois qu’on est dans un conte, possiblement dans une version de mon conte…

Alors si petite, elle aurait adoré faire partie d’un conte, porter des jolies robes et rencontrer des princes charmants et des animaux qui parlent, là elle se demandait surtout si elles allaient pouvoir en sortir facilement. D’ailleurs, comment elles devaient faire ?
- Dis l’écureuil, tu veux bien nous aider ?
- Si vous avez des noisettes je vous aide !

Un écureuil qui parle et qui est un morphale Non, non je ne vise personne en particulier quant à ces caractéristiques xD, bon et bien « accio noisettes ». Sauf que comme pour le transplanage, la baguette fit des paillettes rouges et puis rien d’autre.

- Mais pourquoi ça ne marche pas ?!
- Parce qu’il n’y a plus de magie, pardi !
- Hein ? Pourquoi ?
- Oh ! Ce sera une noisette par réponse !

C’était quoi cette bestiole ? Ha ça c’est sûr, jamais elle n’avait mis un écureuil goinfre et négociateur dans son histoire. Siobhan soupira avant de partir fouiller les bocaux et les placards du cabanon. Heureusement, il ne lui fallut pas longtemps pour trouver ce qu’il fallait.

- Merci ! s’exclama l’écureuil ravi avant de poursuivre, alors en fait c’est le roi qui était jaloux des fées, des magiciens, des sorcières etc et qui a volé la magie et l’a cachée !

Ha ça effectivement c’était ce qu’elle avait écrit dans son histoire. Ça vous faisait un peu penser à l’actualité avec le Blood Circle et les sorciers ? C’est normal c’était voulu. La rouquine avait voulu que les petits sorciers trouvent du réconfort dans cette histoire qui finissait bien en s’identifiant un peu aux personnages et à ce qu’ils vivaient.

- Bon et bien, je confirme nous sommes dans une espèce de version de mon histoire, sauf que dans mon histoire, il n’y a pas de cabanon, pas nous, pas d’écureuil bavard, du coup…

Du coup, elle ne savait pas trop comment dire à la fille de Myrna qu’elle n’avait aucune idée de comment elles allaient se sortir de là. Non mais après, il fallait voir le bon côté des choses, elles étaient habillées avec des jolies robes et n’étaient pas du tout en train de subir une attaque de dragon furieux…

La situation était parfaitement maîtrisée. La preuve, quand Siobhan avait demandé à son amie de ne pas paniquer, celle-ci avait eu un ton de voix tout ce qu’il y a de plus normal. Bon peut-être un peu aigu ? Et alors le visage de Leah reflétait clairement la sérénité là non ? Non, bon d’accord, c’était peut-être pas si sous contrôle que cela. Peut-être que si elle disait à la blonde que ça pourrait être pire, elle allait relativiser ? Non, mauvaise idée… De son côté, quand on lui avait sorti cette phrase, jamais ça ne l’avait rassurée. Quoi ? Comment ça, elle ne ressentait plus rien ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire ? Bon transplaner ? Pas possible forcément… Si elles étaient coincées dans un bouquin, ça ne marcherait pas. Mais alors quoi faire ? Siobhan avait décidé de se taper la discut’ avec monsieur l’écureuil pour essayer de trouver une solution. Sauf que celui-là était un escroc… Donc pendant que Leah était au bout de sa vie, la rouquine retournait les placards à la recherche de noisettes. Situation parfaitement normale, bien sûr. Deux noisettes plus tard, Siobhan avait bien la confirmation d’avoir atterri dans une version de son conte pour enfants. Du coup, ben elles savaient où elles étaient, ce n’était pas si mal.

- Euh, pour le moment, mais j’ai pas encore eu le temps de réfléchir à une solution, voilà je réfléchis, dit-elle en posant son index sur sa joue pour bien montrer qu’elle cogitait.

Mais visiblement, ça ne suffisait pas à rassurer la jeune femme qui laissa s’exprimer son angoisse.

- Des cacahuètes ? Où ça ? Réagit l’écureuil aux paroles de Leah.

Sio pinça les lèvres désolée en entendant le choix des mots de la blonde. Son projet à la base était de donner de l’espoir aux enfants et voilà qu’au contraire par un malheureux concours de circonstances, celui-ci semait des angoisses dans le cœur de son amie. Elle ne comprenait pas comment une chose pareille avait pu se produire, ce qu’elle savait par contre c’était qu’elles étaient toujours en vie, alors il ne fallait pas baisser les bras. Elles allaient forcément trouver une solution.

- Ce n’est pas grave, dit-elle avec un sourire contrit, je comprends que ce soit stressant, mais on va forcément trouver comment revenir chez nous.

A part si tout à coup un troll géant, monstrueux et couvert de verrues arrachait le toit de la cabane pour les dévorer, Sio refusait de baisser les bras. Même si petite, elle avait souvent rêvé d’être une princesse et de vivre un conte de fées, adulte, elle préférait quand même le monde réel. Elle comptait bien retrouver sa sœur, ses parents et ses amis et trouver l’homme de sa vie dans un pays qui existait vraiment. L’écureuil intervint alors pour leur proposer son aide. Bon c’était toujours un magouilleur de noisettes… La rouquine réfléchit un instant avant de répondre à Leah qui lui demandait son avis.

- Dans mon histoire, les personnages doivent sauver la magie pour que tout rendre dans l’ordre et que tout le monde soit heureux, peut-être qu’on doit faire la même chose ?

Voilà peut-être qu’il suffisait de retrouver la magie ? Et alors Siobhan n’aurait plus de problème pour les ramener à Londres. L’écureuil bien que casse-noisettespieds n’était sans doute pas là par hasard…

- Il faut bien commencer quelque part, suivons-le ! La reine des fées est gentille dans ma version, ça ne serait pas de chance qu’elle ne le soit pas ici.

Ha ben il ne manquerait plus que ça ! Que tout soit sans dessus dessous dans la version dans laquelle elles avaient atterri. Et puis l’écureuil n’avait pas l’air de leur vouloir du mal. Son seul crime était de les racketter en noisettes.

- Allez l’écureuil, conduis-nous à la reine des fées, dit-elle en lui lançant une noisette.
- Merciiiii ! C’est Sir Philibert une demi-heure pour trouver un nom à ce machin xD Oui je trouvais que c’était ultra capital comme info pour vous servir !

L’animal engloutit sa noisette et fila comme une flèche vers la porte pour sortir. Siobhan adressa un sourire encourageant à Leah et lui tendit la main pour rejoindre ensuite l’écureuil.

- Euh attends, Philibert ! C’est loin le château de la fée ?
- Un peu, mais on va prendre le carrosse, dépêchez-vous, sinon on va le louper !

Et il les entraîna un peu plus loin dans la forêt jusqu’à ce qu’elles se retrouvent devant un espèce d’abribus végétal et fleuri. Un petit panneau en bois indiquait des horaires de passage. Ils étaient quand même vachement bien organisés dans ce royaume.

- Pile poil, annonça l’écureuil en montrant le ciel.

Siobhan leva les yeux et vit un énorme carrosse très chic tiré par des abraxans descendre du ciel et atterrir dans un grand bruit devant elles. Trop cool, elles allaient faire un tour en carrosse magique ! La porte s’ouvrit et un petit marche-pieds se déplia tout seul.

- Et bien en route ! Lança Sio en essayant tout de même de cacher son enthousiasme.

L’écureuil grimpa et tapota le siège pour s’installer confortablement. La rouquine grimpa et s’installa en face de lui. La porte se referma une fois que tout le monde fut monté à bord.

- Paré au décollage ! Clama Philibert, dites je peux avoir une autre noisette ? J’ai le mal des transports et les noisettes sont un très bon remède.

Siobhan leva les yeux au ciel devant tant de bêtise et donna une autre noisette à l’écureuil, avant de se tourner vers Leah.

- Ça va ?

Pourvu que son amie n’ait pas le vertige, parce que contrairement à ce qu’affirmait l’écureuil, les noisettes ne servaient absolument à rien.

Suivre un écureuil qui se faisait appeler Philibert, non pardon Siiiir Philibert, pour aller voir une reine des fées et cela afin de sauver la magie d’un royaume de conte. Nor-mal… Après Siobhan aimait bien l’idée, c’est juste qu’effectivement si on l’avait prévenu un petit peu avant qu’elle allait avoir un fâcheux accident de traitement, elle se serait préparée. Et puis, elle aurait bien aimé avoir la garantie que cela suffirait à les faire sortir du livre. Ha la la, en fait, elle aurait dû passer voir Soledad avant et lui demander de jeter un œil à ses cartes pour elle. Oui bon comme d’habitude, à la base ça aurait été pour lui demander si elle allait croiser l’homme de sa vie, mais talentueuse comme son amie était, elle l’aurait prévenue qu’il risquait de lui arriver des bricoles avec Leah. Mais après huuuum Leah n’aurait peut-être pas ouvert la porte si elle avait su en avance que Sio allait l’entraîner dans les ennuis. Mystère, en tout cas à ce moment même, elle avait l’air aussi subjuguée que la rouquine devant le carrosse magique. Ha bah tiens et elle le disait même ! Donc peut-être que si elle avait été prévenue en avance qu’elles allaient devoir sauver la magie d’un royaume tout droit sortie d’un livre de conte, cela aurait mieux passé. Le carrosse prit son envol et Siobhan retint un « wouhou ! ». Elle esquissa juste un sourire à son amie, rassurée que le vol ne lui fasse pas peur.  

Tout le long du voyage, la rouquine observa la forêt défiler sous le carrosse, discuta avec Leah, gava l’écureuil qui allait bientôt ne plus leur servir à rien parce qu’à coup sûr il allait faire une indigestion. Puis enfin le carrosse amorça sa descente et Siobhan retint son souffle pour l’atterrissage, mais celui-ci se posa en douceur. La porte s’ouvrit et elle descendit à la suite de Leah.

- Ooooooh ! C’est encore plus joli que dans mon imagination !

La jeune femme posa son regard sur l’univers qui se dressait devant ses yeux. Elle observa les couleurs, les décorations, les lumières qui semblaient juste être magiques. Elle nota les moindres détails parce qu’elle avait envie de retranscrire chacun d’entre eux dans son livre quand elle ressortirait d’ici. Elle redessinerait ses illustrations pour qu’elles soient aussi belles que ce qu’elle pouvait voir actuellement. L’écureuil les invita à le suivre et elles se retrouvèrent devant la plus jolie des habitations des lieux. Le château de la reine des fées.

- Ça serait tellement bien si on pouvait le visiter, murmura la rouquine.

Oui enfin le truc c’est que vu la taille du machin, elle n’avait pas non plus envie de boire un flacon comme Alice dans le pays des merveilles pour rétrécir à la bonne taille. Les petites habitantes des lieux qui organisaient probablement un bal se retournèrent alors vers elles. Ha euuuuh qu’est-ce qu’elles devaient faire maintenant ?

- Euuuuuh bah si il n’y a plus de magie, on n’a peut-être rien à craindre de tout petits êtres comme ça, chuchota-t-elle.
- Je vous signale que je vous entends, râla la fée avec la couronne.

Ha ben ça commençait bien cette histoire.

- On est désolées, mais...
- Votre majesté !
-  Euuuh
- On est désolées, votre majesté ! Précisa-t-elle insistante.

Oh lala, mais ils avaient tous un de ces melons dans ce conte. Elle ne se souvenait pas d’avoir créé des personnages avec un ego surdimensionné.

- D’accord, on est désolées, votre majesté ! On est venu chercher votre aide, pour euh sauver la magie ?
- Ha ben c’est pas trop tôt ! Je n’en peux plus de devoir prendre les escaliers parce que l’ascenseur magique est en panne ! Et alors, l’horreur, si je veux quelque chose à l’autre bout de la pièce, il faut que je me lève !
- Ha euh c’est terrible…

Siobhan jeta un œil à Leah qui devait trouver les malheurs de la reine des fées bien ridicules. Cela dit certains sorciers étaient probablement capables de sortir des choses de ce genre s’ils se retrouvaient privés de magie.

- Oh oui, c’est une tragédie ! Du coup, hop pas de temps à perdre ! La magie est retenue prisonnière dans une grotte ! Il faudra affronter le monstre qui la garde pour la libérer !
- De quoiiiii ?! Cria-t-elle d’une voix très aiguë.

Alors oui autant jusque là, elle avait toujours gardé son calme, mais là on lui demandait d’aller chercher des poux à un monstre. Un MONSTRE ! Ha non non, elle ne pouvait pas, là elle avait carrément la trouille ! Les monstres et elle, ils n’étaient pas copains depuis le début. Le croque-mitaine sous le lit ? Une peur monumentale. Le loup dans le placard ? La phobie totale, surtout s’il décidait de démolir ses robes préférées. Et alors en grandissant, ça ne s’était absolument pas amélioré. Siobhan ne regardait jamais de films d’horreur, n’aimait pas les histoires pour se faire peur le soir à la bougie ou à la lampe torche et la forêt interdite lui faisait faire des cauchemars. Siobhan se laissa tomber sur les fesses, désespérée.

- Mais je ne peux pas faire ça ! J’ai la trouille des monstres ! C’est quoi d’abord comme monstre ?
- Votre majesté !
- Roh la la, c’est quoi le monstre, votre majesté ?
- Aucune idée ! On n’y va pas, les bruits qui sortent de cette grotte sont beaucoup trop effrayants pour qu’on s’y risque.

Génial ! Comment elles allaient faire ? Sans magie en plus pour accomplir cette mission ? Si en plus c’était leur solution pour partir. Elles avaient le choix entre moisir dans ce conte ou se faire manger par un monstre inconnu.

La catastrophe intermagique ! Un monstre ! Et alors la reine des fées qui ne pensait qu’à ses petites courbatures et qui avait la trouille avec son armée de fées d’aller affronter le monstre. Siobhan était au bout de sa vie, d’autant qu’elle se rappelait très bien ce qu’elle, elle avait mis et qui gardait la magie en otage. Dans son histoire c’était un dragon, alors elle avait un peu peur de la tête du monstre. En plus elle n’avait même pas la magie pour l’aider. Pourvu que ce ne soit pas un dragon...

- Je ne sais pas, mais sans magie, je ne peux pas faire grand-chose, se lamenta-t-elle en répondant à Leah.

Elle ne pouvait pas transplaner, ni trouver un sort de secours. Elle ne voyait que cette solution, aider les personnages de ce conte. Sauf que le courage et elle, ça faisait deux. Il ne manquait plus que le monstre soit une araignée géante et c’est bon, elle tombait dans les pommes. Ha et en plus, elle avait droit à la leçon de sa majesté… C’est elle qui avait écrit ce conte ? Non un peu, mais pas cette histoire-là. Cette histoire-là devenait un cauchemar, un conte d’horreur ! Si, si elle venait d’inventer le terme. Et la reine n’était vraiment pas gentille ! Ha bah clairement, Siobhan et Leah étaient devenues ses larbins attitrés. En plus c’est sûr que si elles mourraient dans d’atroces souffrances dans l’affaire, elle serait triste mais pas pour elles, pour son ascenseur magique. La rouquine se releva pour suivre Leah, mais elle n’était pas du tout convaincue. Elle allait répondre à sa question quand l’écureuil protesta. Ha bah si, il était accro aux noisettes et négociait tout avec… Mais merveilleux, Sir Philibert se dévouait pour les accompagner ! Du haut de ses vingt centimètres, c’est sûr il allait les sauver. A sa réponse sur les monstres, Siobhan chouina. Ha si littéralement… D’ailleurs elle traînait les pieds, plus motivée du tout à l’idée de servir de casse-croûte à un monstre sanguinaire. Et alors quand elle vit où il les embarquait, elle perdit le reste de ses couleurs.

- Han oui pourquoi on ne va pas par là ? Renchérit-elle après Leah.

Ne touchez à rien ? Ha bah ça pas de soucis… Le suivre au risque de se perdre ? Ok Siobhan rattrapa son amie et s’accrocha à son poignet. Leah se rapprocha aussi, nickel ! Avoir peur à deux c’était bien mieux non ?

- J’avais pas vraiment prévu de me retrouver coincée dedans, murmura-t-elle, sinon je te jure que j’aurais mis que des vallées à paillettes ouiiiiiiiii et arcs-en-ciel avec des poneys-licornes !
- Et des écureuils !
- Oui, oui…

Tout le petit monde rentra dans la forêt et Siobhan devint très vite nerveuse, à sursauter au moindre bruit.

- J’ai peur… Hi ! C’était quoi ce bruit ?
- C’est rien une branche qui craque, c’est une forêt, y’a un peu de vent quoi…
- D’accord, c’est le vent, c’est le vent, c’est vent… j’ai toujours peur, il fait très sombre, il y a pas de fantômes méchants hein ?
- Mais nooooon…

Le coeur de Sio allait lâcher, elle était en stress total. La forêt était sinistre et n’avait rien à voir avec le royaume des fées. Oh, elle avait entendu parler là ? Ou c’était le fruit de son imagination ? Philibert ne réagissait pas et continuait de les entraîner dans la forêt. Finalement, même si Soledad l’avait prévenue, jamais de la vie elle ne serait venue ! Elle aurait brûlé son bouquin ou alors elle aurait fait attention à son traitement, mais elle se serait arrangé pour ne jamais se retrouver dans une réplique de la forêt interdite.

- Hiiiiiiiiiiiiii haaaaaaaaaaaaaaaaaaa !

Ha là, ce n’était pas le vent du tout. Tout à coup, une bande d’écureuils armés de petites épées de la taille de cure-dents surgirent des branches des arbres et leur bondirent dessus. Siobhan hurla, lâcha la main de Leah, recula, buta contre une racine et tomba à la renverse. Elle rouvrit les yeux, une mini épée pointée entre les yeux. Elle allait s’évanouir, c’était plus simple là.

- Noooooooon Dame Guenièvre ! Ce sont mes amies !
- Philou ?

Quoi ? Comment ça Dame Guenièvre ? C'était qui cette écureuil qui voulait la découper en tranchettes? Et comment ça Philou ? La madame écureuil rangea son épée et regarda Siobhan d’un air suspicieux. Puis elle se tourna vers ses copines qui tenaient aussi Leah en joue.

- Remballez les filles, c’est Philou ! Et… Vous êtes qui au juste ? Qu’est-ce que vous fichez par ici ?
- Euh je suis Siobhan et voici Leah, on cherche la grotte du monstre qui retient la magie et Philibert nous montre le chemin…
- Oh, c’est une chouette idée ça ! On peut venir aussi ?

Quitte à choisir, c’est vrai que Siobhan aurait préféré des compagnons plus grands et plus imposants pour les aider, mais bon une mini armée d’écureuils ce n’était pas si mal, non ? Sio se rapprocha de la fille de Myrna.

- Qu’est-ce que tu en penses ? Elle a l’air d’être fortiche pour se battre non ?

Peut-être que tous ces écureuils avec leurs cure-dents pourraient crever les yeux du monstre et qu’elles pourraient se barrer avec la magie rapidou ? Et puis peut-être qu’elles connaissaient bien la forêt et sauraient les avertir et les protéger de ses dangers ? Parce que pour Siobhan forêt lugubre c’était égal à danger.

Mais bien sûr que si que des écureuils armés jusqu’aux dents, ça faisait carrément peur. Ils avaient quand même sauté sur les deux filles en hurlant ! Comme ça par surprise, dans une forêt lugubre ultra flippante où on avait l’impression qu’un monstre sortirait de chaque bosquet ! Alors si forcément que Siobhan avait failli faire une attaque ! En plus c’était hyper dangereux leurs espèces d’aiguilles à coudre, la rouquine n’avait pas envie de se retrouver trouée et pleine de cicatrices à cause d’une bande d’écureuils ! Elle ne voulait pas se vider de son sang ici au milieu de nulle part. Leah avait raison, elles avaient été sages, elles ne méritaient pas ça. Heureusement que Philou était intervenu ! Sinon on ne sait ce que la dame Guenièvre leur aurait fait. Et maintenant c’était l’interrogatoire ! Siobhan avait l’impression de se répéter à expliquer qu’elle venait sauver la magie ! Ha bah qu’est-ce qu’elle s’imaginait la dame ? Qu’elles allaient faire du camping dans une forêt terrifiante et dangereuse ? En plus franchement, il ne devait pas y avoir beaucoup de choses à faire par ici. D’ailleurs, ça ne devait tellement pas être palpitant dans le coin que la madame écureuil et ses copines voulaient se joindre à elles. Leah était d’accord, Sio n’était pas contre non plus et comme les petits animaux avaient l’air d’avoir beaucoup de courage, ce serait sans doute une bonne idée pour affronter le monstre.

Une brume envahit alors les lieux et Siobhan frissonna, pressant le pas pour ne pas perdre de vue le Sir écureuil. Ne vous perdez pas qu’il disait. Il était marrant lui, c’était une purée de pois !

- Oui, mais on y voit rien par ici, n’allez pas trop vite ! De toute façon si vous allez trop vite, c’est vos noisettes que vous perdez !
- Des noisettes ? Sérieux ?!

Siobhan vit la cheffe des écureuils réapparaître dans son champ de vision.

- Non, non elle s’est trompée, elle voulait dire chaussettes, pas noisettes…
- Tu serais pas en train de nous entourlouper là Phiphi ?

L’enseignante leva les yeux au ciel et se tourna vers Leah pour lui dire que vraiment cette team d’écureuils n’était pas très nette, sauf qu’elle avait beau chercher du regard son amie, elle ne la voyait plus.

- Leah ?

Pas de réponse. Et pendant ce temps, les petites bêtes se disputaient tranquillement...

- Espèce de goulu égoïste !
- Et toi, espèce de profi…
- Les amis ! Les interrompit la rouquine, on a un problème ! Vous voyez Leah ?
- Euuuuuuh…

Snif snif snif, la petite troupe se mit à renifler pour retrouver la trace de son amie.

- Par ici je crois !

Siobhan suivit les écureuils ne les lâchant pas des yeux quand soudain elle entendit appeler au secours. Vite vite ! Tout le monde pressa le pas pour retrouver la jeune femme. Et c’est alors qu’une scène horrible se révéla à l’enseignante. Un loup penché sur son amie !

- A l’attaaaaaaaaaaque, cria dame Guenièvre à ses comparses.

La petite bande bondit sur la bête. Guenièvre abattit son épée sur le museau de l’animal qui resta un instant stupéfait de cette invasion d’écureuils. Sir Philibert ramassa des petits cailloux et les jeta sur la bête.

- Prends ça ! Et ça ! Et ça !

L’animal recula, se secoua, essayant de se débarrasser de l’armée d’écureuils accrochés à sa fourrure et lui piquant la peau à coup d’épées miniatures. Siobhan ramassa à son tour ce qu’elle trouvait et le jeta sur le loup (mais elle visait vraiment super mal).

- Tâte de mon fer, sale bête !

Le loup finit par être mis en déroute et se sauva refusant d’être maltraité plus longtemps. Les écureuils crièrent leur victoire et Siobhan vint aider Leah à se relever.

- Tu m’as fait peur ! Tu vas bien ? Tu n’as rien ?

Ha non, Sio avait peur pour elle-même, mais finalement c’était peut-être pire de s’inquiéter pour les autres. Elle la serra dans ses bras, parce que là maintenant elle avait besoin d’un câlin et sûrement que Leah aussi.

- Vivement que tout ça soit terminé ! C’est trop d’émotions pour moi !
- Alors venez ! On y est presque !

Siobhan n’était pas certaine que ce soit vraiment une bonne nouvelle que d’être presque arrivée à la grotte du monstre. Cela dit, si l’armée d’écureuils était aussi efficace qu’avec le loup, ça irait peut-être vite ? Ouais mais si le monstre mesurait cinq mètres de haut et pesait trois tonnes ? Ha bah là clairement ça ne suffirait pas du tout. Ils reprirent donc leur chemin, siobhan ne lâchait plus la main de Leah et elles restaient collées aux écureuils à tel point que plusieurs fois elle se demanda si elles n’allaient pas finir par leur marcher dessus. Et puis rapidement, trop rapidement, elles se retrouvèrent devant la grotte. Elles surent d’ailleurs que c’était là, parce que bien avant d’arriver des grognements horribles se faisaient déjà entendre. Ils se retrouvèrent tous plantés devant cette grotte se demandant ce qu’il convenait maintenant de faire.

Tout allait bien. Leah allait bien, Siobhan aussi. Les écureuils allaient bien, le loup était parti. Bon ok il restait le monstre… Elle aurait donné cher pour ne pas avoir à affronter un monstre, elle n’était pas la fille la plus courageuse de la terre. Elle ferma les yeux, trouvant ce fameux courage en pensant aux héroïnes de son enfance. Oui Mulan par exemple… Tiens la dernière fois qu’elle y avait pensé, c’était avec Myrna qu’elle était… En pleine prise d’otages. Siobhan allait finir par croire que décidément avec les O’Malley, il ne lui arrivait que des trucs de dingue. Elle se tenait devant la grotte, serrée contre Leah, tremblant de tous ses membres en entendant les rugissements. Leah cria un coup, elle sursauta, cria aussi. Ha oui la fine équipe, c’était certain.

- Oh la la, je ne suis pas trop certaine de vouloir connaître la réponse…

Ha ça, elle avait la trouille. Elle pouvait se cacher les yeux ? Non pas très utile… c’était pratique devant les films d’horreur qu’elle évitait clairement de regarder la plupart du temps, mais dans ce conte où elles étaient visiblement les héroïnes, ça ne ferait pas l’affaire. Ha bah ça le monstre d’un film d’horreur ne sortait pas de la télé pour venir la croquer. Ici… Non, non il ne fallait pas penser à ça. Pensez à Mulan, oh ou Merida, elle était très forte aussi. Peut-être c’était juste un ours maudit ? Ou alors un monstre comme Stitch, pas vraiment méchant ? Siobhan était en train de se raisonner, oui à sa manière… Quand Philibert se défila. Hein ? Quoi ? Il pouvait toujours courir pour avoir de nouvelles noisettes, s’il ne venait pas avec elles. Heureusement que la madame écureuil avait un peu plus de cran !

- Ha merci dame Guenièvre !

Elles entrèrent alors dans la grotte. Sio serrait tellement la main de Leah qu’elle allait finir par lui péter une articulation. Lorsqu’elle vit l’ombre immense, elle roula des yeux paniquée.

- Je vais tomber dans les pommes…

Surtout dans les rochers oui… La rouquine ne se fit pas prier pour se cacher derrière le rocher. Pourvu que le monstre ait un odorat pourri et qu’il n’ait rien capté ! La cheffe écureuil donnait ses directives. Voler la magie, et filer vite très vite. Oh oui ça courir, elle savait très bien faire. Prête ? Non pas du tout.

- Oh la la, oh la la… répéta-t-elle tandis que l’écureuil lançait le décompte.

Elles se regardèrent avec Leah. Allez c’était parti ! Elle sortit d’un coup du rocher.

- Hiiiiiiiiiiiiiii ! Oh ! Euuuuuh…

Comme son amie, elle arrêta sa course en voyant ce qu’il y avait devant elle. Ce petit animal elle le connaissait bien, c’était l’emblème de sa maison. Et jamais, elle ne s’était dit que le symbole des Poufsouffle pouvait être une menace. D’ailleurs la pauvre bête avait l’air mal en point. Ce n’était pas des cris pour les effrayer, mais des gémissements de souffrance amplifiés par les parois de la grotte. Leah empêcha la petite armée d’écureuils d’empirer les malheurs de l’animal. Elle regarda elle aussi le piège que désignait son amie.

- Oh le pauvre choupinou, j’ai mal au coeur pour lui !

Siobhan repéra aussi ce qu’il avait dans les mains. Ce qu’elles étaient venues chercher, la magie ! Pffiou tout n’était pas perdu ! Leah lui proposa de tenter un échange et la rouquine aquiesça.

- Je m’attendais à devoir affronter un monstre horrible, enfin plutôt à me faire manger par un truc genre un dragon, alors franchement oui je pense qu’on peut tenter !

Négocier avec un blaireau blessé ? Clairement elle était plus que partante ! Beaucoup plus que de devoir se faire étriper par un molosse ou une acromantule. Brrr… Bon comment faire ? Peut-être qu’il les comprenait ? Après tout elles dialoguaient avec une équipe d’écureuils, alors discuter avec un blaireau pourquoi pas ?

- Bonjour monsieur, il vous est arrivé une drôle de mésaventure dites donc. Est-ce que vous voulez bien qu’on vous aide ? En échange, on a juste besoin de ce que vous gardez dans les mains… C’est de la magie, si on la libère, je pourrais sans doute vous soigner aussi !

Le blaireau renifla et arrêta un moment ses grognements et gémissements, pour les regarder. Sio retint son souffle. A vrai dire, elle pouvait toujours lui arracher la magie des pattes, mais elle se disait qu’elle pouvait quand même attendre de voir sa réaction. Puis, finalement, il hocha la tête comme pour donner son accord.

- Tu veux bien m’aider à ouvrir le piège ? Demanda-t-elle à Leah, je vais tenir sa patte pour qu’elle ne bouge pas pendant que tu ouvriras, sinon il risque de se faire encore plus mal.

Siobhan s’accroupit près de l’animal et mit sa main sur la patte du blaireau qui tressaillit, mais ne l’attaqua pas. Leah n’avait plus qu’à faire la manœuvre, pour le libérer. Elle ne savait pas depuis combien de temps la pauvre bête était là, mais elle devait souffrir depuis un moment. Qui avait mis cette pauvre créature ici pour garder la magie ? Le fameux roi jaloux ? Siobhan se rendit compte que même si la bête le voulait, elle était bien trop blessée pour prendre la poudre d’escampette avec la magie. Pourvu qu’une fois la magie libérée, elle puisse le soigner.

Ce n’était pas pour rien que Siobhan n’avait jamais voulu s’amuser à aller dans la forêt interdite, qu’elle ne faisait jamais les trains fantômes dans les fêtes foraines ou même qu’elle ne se baladait pas seule dans les rues la nuit. Alors si, elle allait tomber dans les pommes. Ha Leah aussi ? et hop de la compote pour le monstre. Elle avait donc été chercher du courage en pensant à ses héroïnes préférées. Elle s’était aussi dit qu’elle n’avait pas trop envie de rester dans ce monde et qu’elle voulait retrouver sa vie d’avant et ses proches. En plus vu comment la moitié des personnages de l’histoire était bien pénibles, ce n’était pas ici qu’elle trouverait le prince charmant. Ou alors, il ne serait pas très très charmant. Voilà c’était comme ça, que les deux jeunes femmes s’étaient retrouvées un peu surprises devant un blaireau. Sensibles à l’état de l’animal, elles avaient vite convenu qu’il fallait soulager ses souffrances et donc tenter de marchander avec la petite bête. Comme depuis le début, elles conversaient avec des écureuils, Siobhan ne s’était pas posé plus de questions et avait donc parlé directement au blaireau. La manœuvre était peut-être un peu délicate, mais sûrement bien moins que d’éviter les flammes d’un dragon ou les crocs d’un énorme monstre à trois têtes par exemple. Comme convenu, la rouquine tint la patte du blaireau tandis que son amie trouvait le moyen de désactiver le piège. Et hop l’animal fut libéré. Siobhan attrapa l’animal, Leah la magie.

- Et voilà Choupinou, tu es tranquille ! Dit-elle en caressant la tête de l’animal pour le réconforter.

Siobhan acquiesça. Oui aller vite terminer toute cette histoire et retrouver leur monde. Elle rit lorsque les demoiselles retrouvèrent le Sir Philibert à la sortie de la grotte. C’était un bon guide, mais pour affronter un monstre, visiblement c’était une affaire de filles ! Elles retraversèrent la forêt lugubre. Siobhan avait d’ailleurs sa dose de forêt pour le reste de son existence. Les livres, elle voulait bien les écrire, mais pas vivre les histoires qui s’y déroulaient. Rien ni personne ne les attaqua et le voyage dans la forêt se passa sans encombres. Les écureuils racontaient des blagues d’écureuils et de noisettes et ça détendait l’atmosphère. Et enfin tout ce beau monde arriva au royaume des fées.

Leah rendit la magie à la reine des fées et Siobhan s’étonna encore de la voir être aussi peu reconnaissante. Elle ouvrit la bouche et la referma. Le pompon fut lorsqu’elle menaça de mort la pauvre bête. L’animal dans ses bras, elle le regarda verser quelques larmes, le cœur brisé. Comment pouvait-elle être aussi égocentrique ? Ha non c’en était trop, Siohan voulait bien rester sage, mais elle ne laisserait pas la reine des fées être aussi ingrate et menacer la pauvre bête.

- Vous savez on a risqué nos vies pour ramener la magie ! La moindre des politesses ce serait de nous dire merci ! Et ce blaireau n’est sans doute qu’une victime de tout ça. Donc non, vous allez le soigner !

Non mais oh ! Siobhan voulait rentrer chez elle, mais avant elle voulait être certaine que le blaireau serait bien traité.

- Il aurait fallu mieux faire attention à la magie ! Si elle avait été mieux cachée, rien de tout cela ne serait arrivé !

Siobhan se rendit compte que cela s’appliquait aussi dans leur monde. Les sorciers se plaignaient de la menace qu’était devenus les moldus, ceux qui étaient jaloux et qui les voyaient comme des monstres bien sûr, mais c’était peut-être aussi un peu de leur faute si le secret avait été révélé. Maintenant pour Siobhan, il fallait réparer les erreurs et apaiser les choses. Il ne fallait pas riposter, mais ça c’était une autre histoire. Celle de leur monde, dans lequel elles rentreraient bientôt et qui allaient leur demander autant si ce n’est plus, d’énergie pour le sauver des monstres qui voulaient les anéantir.

- Donc non, on le sauve et nos amis écureuils ici présents s’assureront que vous le fassiez bien comme il faut !

Siobhan se retourna vers la troupe de rongeurs et se baissa pour leur parler plus personnellement.

- Je compte sur vous les amis ! Et voici d’avance notre cadeau pour vous remercier, dit-elle en donnant le reste des noisettes.

Puis elle regard le monsieur blaireau, confiante.

- Tout ira bien maintenant ! Restez avec Philibert et Guenièvre, ils prendront soin de vous !

La reine était rouge écarlate d’avoir eu une leçon de morale. Elle libéra cependant la magie et une bourrasque semblable à celle qui les avait amenées ici se leva.

- Je crois oui !

Et le vent s’accéléra les ramenant là où tout avait commencé. Siobhan regarda le salon des O’Malley.

- Je n’ai jamais été aussi contente de voir ta maison ! Dit-elle soulagée.

Elle regarda son manuscrit et décida de le ranger.

- En fait je crois qu’il n’est pas fini, il manque des personnages dans cette histoire… Tu sais quoi, la prochaine fois je te l’envoie par la poste, dit-elle en riant, ce sera moins risqué !

Voilà une histoire qui s’achevait, une histoire pleine d’amitié, d’amour et d’espoir, et ça c’était une histoire exactement comme elle aurait pu l’imaginer.

HRP: