Ce n'était qu'un accident

Comment enterrer un cadavre dans la joie et la bonne humeur. Voilà le type de cours que l’école aurait dû proposer. C’était bien mignon d’apprendre à lancer des sorts et à faire des potions mais dans l’immédiat ça ne leur était pas d’une grande aide. Ah oui, ça leur aurait été bien utile aux quatre étudiantes parce que leur petite aventure pour offrir à Cafteuse sa dernière demeure n’avait pas vraiment bien commencée. C’est sûr, c’était bien joli l’amitié, c’était plutôt cool quand tout se passait bien et pas mal aussi quand ça allait pas fort, par contre quand il s’agissait de se serrer les coudes pour enterrer un cadavre alors là il n’y avait plus personne pour faire le moindre effort. Potes ou pas potes, ça taclait dans tous les sens, la mauvaise foi était plus que jamais de mise et Hestia n’aurait pas été étonnée de les voir en venir aux mains tellement elles étaient toutes sur les nerfs. Heureusement pour elles, elles avaient un tapis contenant un cachalot sur les épaules alors tout de suite ça limitait la liberté de mouvement. Et puis il y avait aussi leur imagination. Ce n’était pas la peine d’aller bien loin, être une sorcière ça permettait d’avoir une imagination débordante avec toutes les possibilités qu’offraient la magie. L’avantage de tout ça c’était que pendant qu’elles s’occupaient l’esprit à inventer comment elles auraient pu se débarrasser de la neuneu si les circonstances avaient été différentes, eh bien ça leur laissait le temps d’oublier qu’elles avaient envie de se sauter à la gorge. Alors Hestia ne se fit pas prier, déjà se retrouver avec le corps de Cafteuse sur les bras ce n’était pas son kiff, mais alors en plus si elle devait vivre tout ça en se disputant à ses camarades elle n’avait pas fini d’avoir mal au crâne.

Par contre imaginer que l’ancien Garde-Chasse aurait pu laisser trainer quelques scrouts à pétard dans le coin c’était tout de suite moins plaisant. Hestia n’avait jamais vu ces bestioles et elle se portait très bien ainsi, elle laissait tous les animaux chelous et dangereux à ses camarades étudiants en zoomagie, les bêtes n’avaient jamais été ses amis. Franchement entre un loup-garou et ça, elle ne savait pas trop ce qui était le pire. Et elle avait été poursuivi dans toute la forêt interdite par un louploup affamé, c’était pour dire. D’ailleurs en parlant de forêt, elles en franchirent l’orée presque naturellement comme si elles faisaient juste une petite balade au lieu d’être en mission « enterrons le cadavre de la pire sorcière au monde avant de nous faire choper ». Mais cette impression c’était peut être parce qu’elles arrivaient enfin à échanger quelques mots sans se sauter à la figure. Clairement, Hestia n’était pas du genre trouillarde mais elle n’était pas non plus super à l’aise à l’idée de se trouver à l’endroit où elle avait bien faillit y passer à peine quelques semaines plus tôt. Et dans ce cas là j’espère bien qu’Adèle aurait trouvé mieux que de l’enterrer là. La verte acquiesça vivement à la proposition d’Elise. Penser à ce qu’elles feraient une fois ce cauchemar terminé l’aidait à oublier ses bras qui la brulaient, son dos qui protestaient vivement et ses jambes qui tremblaient un peu plus à chaque pas. « Je vote même pour plusieurs coups. On l’aura bien mérité. » Oui parce que à ce stade un seul verre ça n’allait pas suffire, plusieurs seraient nécessaires, la bouteille entière même. Et puis ensuite rejoindre son lit était tout aussi tentant. La durée plaisait moins à la Serpentarde qui préférait bouger plutôt que de paresser, mais chacun son truc. Si Sélénya avait besoin d’une semaine pour s’en remettre alors qu’elle se l’accorde. Tant qu’elles ressortaient toutes les quatre entières et sans les menottes aux poignets, elles pouvaient bien faire ce qu’elles voulaient ensuite.

Cela faisait un moment déjà que la Serpentarde avait perdu toute notion du temps. Elle aurait été bien incapable de dire depuis combien de temps elles avançaient dans la forêt, tout ce qui lui importait c’était qu’elles aillent assez loin pour que personne ne retrouve Cafteuse et ne remonte jusqu’à elles. Histoire qu’elles n’aient pas fait tout ça pour rien quand même. Non mais vous imaginez la loose XD Concentrée qu’elle était, Hestia ne prêta pas attention aux paroles d’Elise. Ce qui fut une bonne idée d’ailleurs parce que sinon ça serait clairement reparti en prise de becs. A la place elle se concentrait sur le chemin à suivre. Maintenant qu’elles étaient dans la forêt elles n’avaient plus besoin de courir mais elles devaient faire encore plus attention à où elles mettaient les pieds. La course poursuite avec un membre cassé, Hestia avait déjà donné et bizarrement elle n’avait pas envie de réitérer l’expérience. Sur TripAdvisor la course poursuite avec un loup-garou ça vaut 1 étoile sur 5, c’est surfait. Quand Elise annonça qu’elles avaient assez avancé, la verte n’émit pas la moindre protestation et laissa tomber le tapis avec un grand soupir de soulagement. Ah, les jours à venir n’allaient pas être une partie de plaisir niveau courbatures. Elle hocha la tête pour accepter la proposition de Sélénya, elle parlerait quand elle aurait retrouvé son souffle. Tout à l’heure elles devaient se cacher avant de pouvoir se reposer, là il n’y avait plus aucune chance pour que quelqu’un les voit du château, autant en profiter pour souffler un peu. Dans leur état elles ne pourraient pas creuser beaucoup et pour cacher le cachalot qu’était Cafteuse il allait falloir un sacré trou.

Imitant ses camarades, Hestia alla s’adosser à l’arbre le plus proche et posa ses mains sur ses genoux le temps de reprendre son souffle. En se redressant, elle avisa Elise qui avait déjà sorti les pelles de sa poche. Elle haussa un sourcil, c’était maintenant que la bleue était pressée de faire des efforts ? Pas de bol pour elle, cette fois les trois autres étaient d’accord pour se reposer. Une nouvelle fois, Hestia acquiesça à la proposition de la jaune. « Je suis okay aussi, faisons comme ça. » Ajouta-t-elle après Adèle. Ces deux là avaient raison. Creuser toutes ensemble pour aller plus vite était tentant mais elles finiraient obligatoirement par se gêner alors autant s’organiser un minimum. Ainsi elles seraient plus efficaces et éviteraient de se mettre des coups de pelles dans la tête. Hestia observa la française s’éloigner de quelques pas pour lancer un sortilège autours d’elles. Elle hocha la tête devant les explications de son amie. « Bonne idée. » Lui lança-t-elle avec un regard reconnaissant. Ça n’éloignerait pas le danger mais au moins ça leur ôterait un poids des épaules. Creuser une tombe n’allait déjà pas être une partie de plaisir alors tant qu’à faire c’était mieux si elles pouvaient s’acquitter de leur tâche sans se faire surprendre par une horrible bestiole qui les enverrait rejoindre Cafteuse. Le système d’Adèle n’empêcherait pas les intrus de passer mais au moins elles auraient une chance de réagir. Non parce que Hestia elle l’aimait déjà pas beaucoup de son vivant l’autre neuneu oh cet euphémisme, mais alors la rejoindre dans la tombe c’était encore moins pour lui plaire.

Pour une fois ce ne fut pas Sélénya qui appela ses camarades à reprendre leur tâche ingrate mais bel et bien Adèle. Hestia lui lança un regard surpris mais ne fit pas de commentaire, elles avaient eu le temps de reprendre leur souffle et aucune n’avait envie de trop s’attarder dans la forêt. Autant ne pas trop trainer dans les parages, le plus vite elles rejoindraient leurs lits, le mieux ce serait. Il n’était pas rare que les étudiants découchent mais pas la peine de donner de quoi faire aux commères de l’université. Le regard d’Hestia passa du tapis qui faisait office de paquet surprise, aux pelles et enfin au sol de la forêt. Celui-ci n’avait pas l’air particulièrement meuble, ce qui ne les aiderait pas. Mais puisqu’elles n’avaient pas le choix, la Serpentarde prit une profonde inspiration et se redressa. « Je veux bien commencer. Qui se sent capable de s’y mettre ? » Demanda-t-elle en regardant ses camarades alternativement. Machinalement son choix se serait porté sur Sélénya puisqu’elle était aussi sportive qu’elle et qu’elle était peut-être déjà mieux remise de leur petite course dans le parc. Mais peut-être qu’il serait plus judicieux de se mettre en binôme avec une des cousines ? Afin qu’elles ne se découragent pas et que le trou avance au même rythme. Dans tous les cas, Hestia ne comptait pas creuser seule, mais elle ne voulait pas non plus imposer de choix. C’était aux trois autres de trancher maintenant. Elle alla se saisir de deux pelles et en tendit une en direction de ses camarades. Allez un peu de courage. « Les deux autres pourront surveiller les alentours pendant ce temps. » Parce qu’il valait mieux être prudent. Le coup de la bestiole enragée qui vous saute dessus par surprise, la Serpentarde avait déjà donné et ce n’était pas si cool que ça.

CODAGE PAR AMATIS

Ce n'était qu'un accident

C'était bien connu, le meilleur moyen pour occulter complètement qu'on était en train de faire quelque chose de particulièrement désagréable c'était de penser à ce qu'on pourrait faire une fois qu'on en aurait terminé. Puisque là, en l’occurrence, il s'agissait d'enterrer une sorcière pas très futfut au fond d'un bois bien terrifiant au beau milieu de la nuit -le combo gagnant- autant dire que ce n'était pas une vague idée de ce qu'elles pourraient faire une fois débarrassées de cette tâche dont les étudiantes avaient besoin, mais carrément d'un planning courant sur plusieurs semaines. Boire un verre c'était pas mal comme début, voir plusieurs hein, autant être réalistes elles en auraient bien besoin vu ce dans quoi elles s'étaient engagées. Et puis, si possible bien au chaud dans les cuisines, parce que là malgré les efforts Hestia pouvait sentir la morsure du froid sur sa peau et c'était plutôt désagréable. Avec le bol qu'elles avaient ce soir elles s'en tireraient toutes avec une pneumonie -grosses soirées à l'infirmerie en perspective moi je dis. Après, bien sûr, se réfugier pendant un temps indéterminé sous sa couette moelleuse pour se remettre de ses émotions -de sa gueule de bois et de sa pneumonie aussi, si vous avez bien suivi- était une étape obligatoire. Quant à savoir comment elles pourraient mettre ce programme à exécution sans gâcher leur année scolaire, c’était plutôt simple, Sélénya avait déjà la solution : des potions pour se dédoubler, préparées par Hestia évidemment. « Bonne idée, je travaillerai là-dessus. » Avait répondu la principale intéressée par-dessus son épaule. Préparer une potion complètement inconnue, en quelques heures à peine ? C’était totalement dans ses cordes. On était talentueuse ou on ne l’était pas. Et dans le domaine des potions, Hestia l’était indubitablement. D’ailleurs pour que Sélénya affirme qu’elle était capable d’un tel exploit c’était que tout le monde devait le penser. Quoi la grosse tête ? Non jamais.

Ce qui allait devenir également le domaine de la Serpentarde, c’était le creusage de tombe. Par contre ce don là, clairement il n’était pas inné, loin de là, elle allait devoir travailler pour ça et d’avance elle savait que ce ne serait pas une partie de plaisir. Mais ce n’était pas comme si elle avait le choix, elles avaient un corps sur les bras, elles devaient s’en débarrasser au plus vite. Donner une sépulture décente à Cafteuse ? Ah bah oui bien sûr, et puis quoi encore ? Lui fabriquer un petit cercueil sur mesure et tenir une cérémonie en hommage à sa bêtise tant qu’on y était, non ? Déjà qu’elle avait réussi l’exploit de se tuer toute seule, ce n’était pas la peine de trop en demander. Les quatre étudiantes avaient convenu de lui creuser une tombe dans les bois c’était déjà pas mal. Si elles n’avaient pas craint d’être accusées à tort du meurtre de la neuneu nul doute qu’elles l’auraient laissé au beau milieu de la bibliothèque pour que quelqu’un la découvre de bon matin. Parfait pour bien commencer une journée. Dans tous les cas, Hestia ne se sentait pas le moins du monde coupable de laisser une de ses camarades enterrée au fond de la forêt interdite. Quand même, elle n’allait pas se prendre la tête pour une inconnue, insupportable qui plus est. En plus, elle n’avait pas de quoi se plaindre la neuneu, elle était en pleine nature entourée de petits animaux, elles auraient pu choisir de la laisser dans une décharge, non vraiment, elle était gagnante. Sauf que le seul problème à tout ça -à part devoir se coltiner un corps d’une tonne à porter à travers tout le parc tout en flippant de se faire découvrir bien sûr- c’était que la tombe elles devaient la creuser elles-mêmes -quoi, la magie ? Non, elles connaissaient pas, la mémoire sélective, tout ça, tout ça.

Pas de doutes à avoir, après ce soir c’était en préparation de sépulture que Hestia deviendrait une experte. Creuser une tombe assez large pour y placer une jeune sorcière et assez profonde pour ne pas attirer les animaux, voilà qui ferait bien sur son C.V. On ne savait jamais quelles compétences pourraient se révéler utiles. La preuve, jamais elle n’aurait imaginé se trouver un jour à enterrer un corps et pourtant elle était bien là, armée d’une pelle. La vie apportait quand même de sacrées surprises parfois. Ce fut Elise qui vint la rejoindre. Hestia avait pensé que ce serait Sélénya qui se serait manifestée en première, en sportive qu’elle était, mais elle ne s’étonna pas non plus de voir la bleue saisir la deuxième pelle. Elles avaient toutes envie de partir de là au plus vite et puis la verte était trop fatiguée pour s’étonner de quoi que ce soit. Hestia s’était doutée que creuser serait difficile, mais en fait c’était même encore pire que ça. La terre était dure  et parsemée de pierres et les pelles n’étaient pas les instruments les plus faciles à manier. Bien vite ses bras commencèrent à la brûler et son souffle se fit court. Elle hocha la tête aux paroles d’Elise. Oui l’incinération paraissait une bonne idée maintenant, dommage que ça n’ait pas été envisageable pour Cafteuse ça leur aurait évité bien des problèmes, et surtout des courbatures. Mais organiser un bûcher en pleine forêt n’aurait pas été des plus raisonnable. Quant à recevoir un coup de main -de patte ?- de certaines créatures magiques qui avaient reçus l’aide des de Lestang, ce n’était apparemment pas la peine de compter dessus. Elles n’avaient pas pointé le bout de leur museau quand Adèle et Hestia avaient manqué de se faire croquer par un loup-garou, ce n’était pas maintenant qu’elles jouaient les fossoyeuses dans la forêt qu’elles allaient venir les aider. « Je les retiens ces licornes, quand il faut demander de l’aide ça va chercher les sorciers mais dès que c’est l’inverse, il y a plus personne. » Râla-t-elle en écho à ses camarades. Franchement qu’est-ce que c’était égoïstes ces bestioles. Au final, si c’était pour leur réclamer un service ou pour tenter de les bouffer, autant qu’elles restent loin d’elles.

Les étudiantes échangèrent plusieurs fois leur place jusqu’à ce que le trou soit assez grand pour accueillir Cafteuse. Les ampoules à soigner et une bonne douche brûlante à prendre étaient venues s’ajouter à la liste de tout ce que la Serpentarde voulait faire une fois sortie de là. C’était même devenu une urgence vitale à ce stade vu la terre qui avait volé autour d’elles. Ses camarades étaient dans un sale état et elle ne devait pas être mieux. Mais elles y étaient arrivées, le trou était assez profond et Sélénya proposa de faire rouler le tapis de la neuneu jusqu’à ce qu’il y tombe. Hestia haussa un sourcil mais ne fit pas de commentaire, apparemment le temps de la compassion était terminé. Tant mieux, s’il avait encore fallu porter Cafteuse la verte aurait fini par péter un câble. Elle n’en pouvait plus et rester aussi longtemps dans la forêt interdite commençait à la rendre nerveuse. Encore quelques petits efforts et un boum presque satisfaisant se fit entendre. La Serpentarde contempla le corps au fond de sa tombe improvisée. Cette vision ne lui apporta ni soulagement, ni culpabilité, elle était trop épuisée pour tout ça. Maintenant il s’agissait de remettre la terre à sa place et de se barrer le plus vite possible en oubliant tout ça. Sauf que c'était sans compter sur le sortilège d'Adèle qui choisit pile ce moment pour sonner. « Merde. » Pesta-t-elle en se saisissant de sa baguette. Elles y étaient presque, cinq minutes de plus ce n'était pas trop demandé quand même. Tout en sentant son cœur tambouriner sans sa poitrine, Hestia jeta un coup d’œil à son amie avant de se tourner vers l'étendue noire devant elle. C'était bien ça le problème, tout était noir, et parfaitement calme. « Je vois rien. » Chuchota-t-elle en espérant que ses camarades puissent identifier la menace. Elle ne pouvait pas croire qu'Adèle ait loupé son sort, même avec le stress et la fatigue c'était de la magie élémentaire. A leur niveau il leur était impossible de se louper sur ce genre de sort. Hestia faisait confiance à Adèle, dans la forêt il valait mieux prendre au sérieux toutes les alarmes, on était jamais trop prudent.

« Attendez. Là ! » Elle pointa sa baguette sur sa droite, vers un buisson dont le feuillage remuait de manière suspecte. L'animal n'avait pas l'air gros mais Hestia avait encore en tête leur rencontre avec un petit lapin juste avant que celui-ci ne se fasse dévorer par un loup. Elle savait qu’une bête inoffensive pouvait en cacher une plus dangereuse. Par Merlin faites que ce soit juste un farfadet. Une petite bestiole mignonne et mal réveillée qui passerait son chemin sans les regarder. La verte retint son souffle en voyant un museau émerger près du sol, puis deux minuscules yeux noirs et un petit corps au pelage brun. Un niffleur. Hestia baissa sa baguette, voilà au moins un animal qui ne tenterait pas de les manger. La verte lança un regard à ses camarades, soulagées, du moins jusqu'à ce que la boule de poils file entre leurs chevilles à toute vitesse pour se jeter dans le trou qu'elles venaient de creuser -et là j’imagine un saut de l’ange digne de mission impossible mdr. « Mais qu’est-ce qu’il fout ?! » Un niffleur suicidaire ? Non, c'était vraiment trop étrange. Perplexe, Hestia s'avança au bord de la tombe improvisée et découvrit que l'animal s'était glissé dans le tapis qui remuait maintenant furieusement. Pauvre Cafteuse, même dans sa mort rien ni personne ne la respectait. Même pas les animaux. Effarée, la Serpentarde vit le niffleur s'extirper du tapis avec un objet brillant entre les pattes. Le collier de la neuneu ! Ah parfait, vraiment parfait, un niffleur pilleur de tombe, il ne manquait vraiment plus que ça.

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Ce n'était qu'un accident

Bon alors je commence par dire que je sais pas OU vous avez lu que Hestia allume sa baguette, apparemment vous voyez des trucs que j’écris pas XD, mais bon on va jouer le jeu mdr
Ah mais le regard qu’Elise lui jetait c’était Sainte Mangouste qui se foutait de la charité, n’est-ce pas ? Elle hurlait comme un putois au moindre bruit suspect et elle osait se la jouer donneuse de leçon, ah non mais ça allait bien cinq minutes tout ça. De toute façon ses hurlements devaient avoir réveillé toute la forêt avant même que le sortilège d’Hestia ne fasse effet. Elle aurait voulu quoi ? Qu’elles restent dans le noir complet à la merci d’une bestiole sauvage prête à les croquer ? La bleue avait déjà oublié que les animaux de la forêt voyaient bien mieux qu’elles dans le noir apparemment, elle faisait honneur à sa maison tiens, encore heureux qu’elle étudiait la médicomagie pour les humains et pas pour les animaux. D’accord la faune c’était pas son truc, mais ce n’était pas une excuse. Pas question qu’elles restent là à se faire prendre au piège bêtement parce qu’elles n’y voyaient rien. Le danger, Hestia préférait le voir pour pouvoir l’affronter, elle avait déjà été surprise une fois par un loup garou, hors de question de recommencer. Enfin, pour une fois le destin semblait être de leur côté puisque ce ne fut pas un loup garou qui sorti des fourrés. Ni même une bête assoiffée de sang. Ni même une grosse bestiole d’ailleurs. Bref, rien de bien effrayant quoi, puisque ce fut un petit niffleur qui vint leur filer entre les jambes pour se précipiter dans la tombe de la Cafteuse. Ah voilà, une bestiole assoiffée d’or et d’objets brillants, il ne manquait plus que ça. Si elles pensaient qu’elles avaient tout vu ce soir apparemment elles étaient loin du compte. Après une bataille furieuse contre le cadavre de la neuneu -même dans sa mort elle ne rend rien facile celle-là- l’animal pointa le bout de son museau en dehors du tapis avec un collier étincelant entre ses pattes, le tout sous les regards effarés des quatre étudiantes. D’accord, donc elles étaient tombées sur la version poilue d’Indiana Jones, parfait, c’était vraiment parfait.

Hestia contempla, blasée, la bestiole renifler son butin avec délectation. La Serpentarde le savait, elles n’avaient pas vraiment fait preuve de respect pour la pauvre Cafteuse -en même temps si elle avait mérité leur respect ça se saurait (et on se serait pas autant marré sur ce rp XD)- mais franchement c’était un peu trop abusé de laisser un niffleur la dépouiller non ? Déjà qu’elle n’avait pas de tombe digne de ce nom, ni de vrai enterrement et personne pour la pleurer, elles n’allaient pas en plus la priver de ses bijoux ? Si ça se pouvait ce collier était un cadeau, ou un porte bonheur, ou même un héritage familial hyper précieux. Bon, d’accord en fait il avait rien de spécial ce collier, il n’était même pas joli, mais tout de même si elle le portait c’était qu’elle devait bien l’aimer -bon elle a des goûts pourris mais ça on y peut rien. Sauf que l’option « course poursuite avec un niffleur » n’était pas non plus une idée qui séduisait particulièrement la verte. Elle était épuisée, elle avait froid et les nerfs en pelote, tout ce qu’elle voulait c’était en terminer avec tout ça, pas devoir gérer une bête sauvage qui s’était invitée à l’enterrement sans leur demander leur avis. Finalement, ce fut Elise qui agit en premier, et arracha une grimace à Hestia en tentant de tuer le niffleur à coup de pelle. Ah oui, violente la bleue. La Carrow n’était pas une grande fan des animaux, mais elle avait vu assez de mort pour la nuit. Heureusement -ou pas- la bleue loupa son coup et proposa qu’elles enterrent l’animal. Mouais, Hestia n’était pas trop emballée par l’idée, mais comparée à la perspective de passer une éternité à chasser l’animal, il n’y avait pas photo. Et puis, Adèle avait raison, il n’avait qu’à pas voler, point. C’était ce qu’on appelait un dommage collatéral, voilà tout. Mais c’était sans compter sur Sélénya qui s’insurgea devant cette idée. A la place, la jaune utilisa la magie pour chiper le collier au voleur et l’envoyer au loin pour qu’il aille le chercher. Le niffleur détala aussitôt. Hestia leva les yeux au ciel, bien, maintenant elles n’avaient plus qu’à prier Merlin pour que ce fichu collier ne ressorte jamais de la forêt interdite pour les incriminer. La verte croisa le regard d’Adèle, qui avait l’air tout aussi inspirée qu’elle par l’idée de Sélénya, et soupira, il était trop tard maintenant.

Sans grand enthousiasme, les étudiantes recouvrirent la dépouille de la neuneu. Une fois leur tâche ingrate terminée, Hestia alla s’adosser à l’arbre le plus proche, sa baguette éteinte rangée dans une poche facilement accessible au cas où une autre bestiole décide de venir gâcher leur repos. Elle n’en pouvait plus et une chose était sûre, elle ne voulait plus jamais toucher une pelle de sa vie. Mais au moins elles y étaient parvenues, le corps de Cafteuse était bien caché au fond de la forêt et si son collier restait au chaud dans le terrier du niffleur alors elles allaient pouvoir mettre toute cette affreuse histoire derrière elles. La verte hocha la tête en entendant Adèle. Qu’elles filent, c’était une bonne idée, elles n’avaient plus rien à faire ici et le plus tôt elles se montreraient à Poudlard, le moins elles attireraient les soupçons. Hors de question de prononcer des mots en l’honneur de la pire sorcière du monde. Quant à se promettre de ne jamais plus parler de cette histoire, Hestia ne se faisait pas trop de soucis. Pas besoin de pacte du silence, elles étaient toutes impliquées, si l’une parlait, les autres tombaient aussi. « Il ne s’est rien passé. » Se contenta-t-elle de murmurer en écho aux paroles de son amie. Son regard fixa encore quelques secondes le tas de terre fraichement retournée. Pour le moment la tombe était bien visible mais d’ici quelques jours, avec la météo capricieuse du Royaume Uni et le passage des animaux, il n’y paraitrait rien. Cafteuse aurait bel et bien disparue. Les prunelles de la Serpentarde croisèrent celles d’Adèle, la française avait mauvaise mine, sûrement qu’il en allait de même pour elle. Pour elles toutes d’ailleurs. Elle hocha de nouveau la tête, échangeant un long regard avec son ami, elles venaient de vivre une véritable épreuve mais au moins elle n’avait pas eu à subir ça seule. C’était peut-être le seul point positif à tout ça.

A son tour, Hestia se détourna de la sépulture pour emboiter le pas à Adèle. Ce n’était pas le tout mais elles avaient encore un peu de chemin à faire avant de pouvoir s’adonner à leur programme post-enterrement de baleine. Sauf qu’après quelques pas à peine, elle se rendit compte qu’elle n’était pas sûre qu’elles allaient dans la bonne direction. D’ailleurs Adèle s’arrêta. « Attends. » Souffla-t-elle à Adèle en frôlant son poignet du bout des doigts. Avec toute cette histoire de collier, elle ne savait plus d’où elles venaient et elles étaient trop enfoncées dans la forêt pour apercevoir les lumières du château. Par Merlin, elles n’allaient tout de même pas être perdues ? Après tout ce qu’elles venaient de vivre il n’aurait plus manqué que ça, qu’elles tournent en rond toute la nuit dans la forêt. Avec le bol qu’elles avaient ce soir, elles allaient finir par tomber sur le repère des acromentules ou des centaures. Et franchement, ni l’un ni l’autre ne disait à Hestia. La verte soupira doucement pour repousser le stress qui montait. Il fallait garder son calme et être méthodique. Elles avaient fait le plus dur, pas question de tout faire foirer maintenant. « Regardez le sol, il faut qu’on retrouve par où on est arrivés. Vu le poids qu’on portait on a forcément laissé des traces. » Proposa-t-elle en lançant des regards à ses camarades. De la terre retournée, des feuilles piétinées, des branches cassées, leur passage devait avoir laissé des traces, c’était obligé. Ensuite, elles n’auraient plus qu’à les suivre pour déboucher sur le parc. « On pourra en profiter pour les effacer derrière nous et oublier toute cette histoire. » Oui voilà, tout effacer, tout oublier et reprendre leur existence comme si elles ne venaient pas d’enterrer Cafteuse. Ah ça paraissait si simple dit comme ça ! Pourtant retrouver les traces ne fut pas si évident à cause du manque de lumière mais Hestia ne se découragea pas, à l’affut du moindre signe qui pouvait leur éviter de finir comme la neuneu. « Par là ! » Chuchota-t-elle d’une voix empressée en pointant du doigt des traces qui attestaient de leur passage récent. Par Merlin, avec un peu de chance elles allaient pouvoir le suivre leur programme verre-douche-repos. Clairement, elles le méritaient.

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Ohlala mais c’était pas parce que l’enterrement de la neuneu était une affaire réglée que ça donnait le top départ pour qu’elles se prennent de nouveau la tête là. Ah non, mais Hestia elle en avait marre des piques assassines dès qu’elle osait dire quelque chose. Alors non, clairement elle n’imaginait pas que soudainement l’entente allait être parfaite entre elle, il ne fallait pas exagérer elles ne vivaient pas au pays des licornes magiques non plus. Enterrer Cafteuse était une épreuve qu’elles avait vécues ensembles mais ce n’était pas pour autant que ça allait faire d’elles les meilleures amies du monde, la preuve même Elise et Sélénya qui étaient pourtant comme les deux doigts de la main avaient été parfois à un cheveu de se bouffer le nez -je trouve que cette phrase a beaucoup de comparaison avec des parties du corps, c’est étrange tout ça. Elle ne croyait pas aux miracles, la Serpentarde, il ne fallait pas déconner non plus. En fait, elle avait plutôt cru qu’elles seraient toutes beaucoup trop crevée pour continuer à se chercher des noises. Après tout, elles avaient dépensé toute leur énergie à trimballer la neuneu jusque-là, puis à creuser ce fichu trou pour l’y cacher, le tout en étant bien flippées parce que la forêt interdite c’était pas vraiment la vallée magique des bisounours. Sauf que non. Mademoiselle Elise trouvait toujours le moyen de tacler les autres à la moindre remarque. Pour creuser il y avait personne mais pour critiquer ça par contre elle avait de l’énergie à revendre la petite blonde. Oui boooon, « oublier » était un bien grand mot, mais elle voulait quoi ? Elle aurait préféré que Hestia leur sorte un bon petit « allons nous coucher, histoire de nous apercevoir que cette nuit va hanter nos cauchemars jusqu’à la fin de notre existence » ? Comme discours d’encouragement on faisait mieux. Mais si tout de suite la Serdaigle prenait tout au pied de la lettre, elles n’avaient pas fini. « Ça va, c’est une manière de parler. » Marmonna-t-elle alors que Sélénya acquiesçait à la remarque de la bleue. Pas une pour les aider, vraiment. Heureusement que dans le lot, Adèle était là. Elle au moins elle avait l’air de comprendre où elle voulait en venir. Faire de leur mieux pour oublier, faire semblant, c’était pas si compliqué à comprendre.

Quelque chose se dénoua dans la poitrine de Hestia lorsqu’elles franchirent enfin l’orée de la forêt. Elle ne pu s’empêcher d’acquiescer à l’exclamation d’Elise. Oui, direction le château, il paraissait si proche, enfin cette affreuse nuit allait prendre fin. Sauf que, malheur ! Sélénya leur rappela qu’elles devaient remettre les pelles à leur place dans les serres. Hestia grimaça. Par Merlin, ce n’était pas terminé, ce ne serait jamais terminé. La Serpentarde en avait plus qu’assez, mais elles n’avaient pas le choix alors elles prirent la direction des serres, avec toute la mauvaise volonté du monde. Elle fronça les sourcils en entendant la question d’Elise. Une excuse à leur présence dehors ? Si une enquête sur la disparition de Cafteuse était ouverte et que quelqu’un les interrogeait aucune excuse ne pourrait venir les sauver. Quelqu’un disparaissait alors qu’elles se trouvaient dehors ? C’était direct le haut de la liste des suspects, sans passer par la case « excuse plausible ». Hestia ne prit donc pas la peine de formuler une proposition, si elles se faisaient choper elles étaient fichues voilà tout, alors comme le disait la Poufsouffle, elles n’avaient plus qu’à croiser les doigts et à filer sans attendre. Par contre l’excuse du footing clairement personne n’y croirait. Vu la tête qu’elles tiraient et la terre qui les recouvraient elles seraient plus crédibles si elles invoquaient l’excuse d’une petite session de lutte sous la lumière de la lune. Et puis les cousines de Lestang faire du sport ? Oula, ça ne marcherait jamais ça. Vu le rire d’Adèle elle devait sûrement avoir pensé à la même chose. Voilà donc c’était réglé, il ne leur restait plus que l’option de ne surtout pas se faire prendre. Facile.

Une fois les pelles nettoyées et remises à leur place -non elles se nettoient pas, apparemment elles aiment rester crado XD- plus rien ne les empêchait de prendre la direction du château. Enfin l’instant qu’elles attendaient depuis le moment où Cafteuse avait fait tomber cette fichue étagère. Le soulagement envahi Hestia à cette idée, elles n’avaient plus que le parc à traverser et tout serait fini. Sauf qu’elle manqua de s’étrangler en entendant Sélénya. Attendez, attendez, quoi ? Elle disait quoi la Poufsouffle là exactement ? Courir ? Par Merlin, encore ?! La verte posa un regard effaré sur Sélénya, dirigea ses prunelles une seconde sur Elise pour voir si elle avait bien entendu ce que son amie venait de dire, avant de revenir sur la jaune. Vu le rire nerveux d’Adèle, Hestia comprit qu’elle n’avait pas halluciné. Mais étrangement ce n’était pas forcément plus rassurant. La Serpentarde serait capable de courir, elle avait déjà mal partout mais elle pouvait puiser encore un peu plus dans ses réserves, mais alors est-ce qu’elle en avait envie ? Mais pas du tout. Elle était fatiguée, elle en avait marre et elle voulait juste que sa se finisse. Et puis quand elle regardait Adèle et Elise c’était plutôt évident qu’elles ne tiendraient pas une nouvelle course, même sans le poids de Cafteuse et avec un verre comme carotte pour les encourager à avancer. Bon, en même temps, Sélénya n’avait pas tort, plus vite elles rejoignaient le château, mieux ce serait. Mais pour faire bouger tout le monde il allait falloir plus d’arguments que ça.

La Serpentarde pouvait sentir Adèle la regarder, en fait son regard était si brûlant qu’il aurait laissé une marque sur sa peau si elle ne s’était pas tournée. Le désespoir qu’elle lu dans les prunelles de sa meilleure amie la poussa à se torturer les méninges pour trouver une solution afin qu’elles n’aient pas besoin de courir. Si seulement elles avaient des capes d’invisibilité ! Son regard tomba sur l’extrémité de sa baguette, coincée dans sa ceinture. La magie, bien sûr -AH c’est enfin qu’elles se rappellent de son existence, il était temps. « On peut utiliser des sortilèges de désillusions. » Proposa-t-elle tout en réfléchissant à ce qu’elle suggérait. Il faisait déjà noir dans le parc, il était déjà difficile de discerner des silhouettes de loin, alors avec un sort elles seraient méconnaissables. Bien sûr, elles allaient devoir rester prudentes, le sortilège ne les camouflerait pas complètement mais c’était déjà mieux que rien. « C’est pas parfait mais au moins on aura pas besoin de courir. Peut-être juste de… presser un peu le pas. C’est déjà ça. » Argumenta-t-elle en croisant les doigts pour qu’aucune de ses camarades ne détruise son idée en trente secondes. Elle tenta un regard en direction d'Adèle pour voir ce qu'elle en pensait. Si ça ne leur convenait pas, elle n’avait de mieux à leur proposer. Et puis, ça aidait à solutionner le problème souligné par Elise. Avec ce sortilège, si elles tombaient quelqu’un, il ne pourrait pas bien les voir et ainsi il aurait du mal à les reconnaitre. « Et si on croise quelqu’un… il ne saura même pas que c’est nous grâce au sort, alors on lui balance un sortilège de confusion et on se barre. » Ajouta-t-elle en sortant sa baguette pour pousser ses camarades à adopter sa solution. Est-ce qu’elle aurait dû se sentir coupable d’envisager de balancer un sortilège de confusion à la tête de la première personne venue ? Absolument pas, après tout ce qu’elle venait de vivre ce soir, elle n’était plus à ça près.

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