... j'ai rien fait !
Le 05 mai 2021
Peut-être n’aurait-il pas son message à temps. Peut-être était-il en mission, au fin fond des highland. Peut-être avait-il autre chose à faire que de venir lui sauver la mise. L’auror devait être fort occupé à se battre contre les forces du mal, à côté de cela, l’appelle désespéré de Lilibeth ressemblait à un enfant en panique, appelant sa maman pour chasser la mouche qui lui tournait autour.
Lilibeth se rongeait les sangs. Ce matin, Arondella s’était absentée pour traîner dans l’allée-des-embrumes et Achiléo, son frère, était de garde d’enfant. Un jeune moldu du nom de Rondin tenait la partie moldue en l’absence du colosse muet. Quant à Lilibeth, elle était chargée de la partie sorcière, celle qui ferait l’objet d’une perquisition ce matin même. L’auberge de Chez Jack la Ripaille, deux salles, deux ambiances, tenues par l’adelphie Swallow, ouvrait tous les jours à six heures trente pour le petit-déjeuner.
L’entrée sorcière se faisait par une ruelle sombre, la devanture volontairement peu avenante pour ne pas attirer les moldus. “Pour trouver l’auberge de Chez Jack la Ripaille, suivez les hirondelles” disaient les panneaux d’indications dans les rues alentours, des panneaux lisibles seulement pour les sorciers. La salle de restauration était vaste, piqué de large piliers derrière lesquels une table pouvait se cacher, pour plus d’intimité. Malgré le plafond bas, la luminosité était bonne. Au fond, le comptoir, derrière le comptoir, les cuisines et la réserve, et derrière celles-ci, l’accès à la partie moldue, accessible depuis l’extérieur sur une rue passante.
Les moldus à la lumière, les sorciers dans l’ombre. Pourtant, Lilibeth avait l’impression que présentement, toute la terre entière pouvait la repéré, vêtu de son tablier, agitée, stressée, complètement affolée. Il y a quelques instants, Lilibeth venait de recevoir la mise en garde du ministère. Une perquisition.
Elle avait donc bel et bien été repérée ce jour-là au ministère. Est-ce que son père serait mis au courant ? Est-ce que les agents du ministère seront des mangemorts ?
En découvrant la lettre, Lilibeth avait tellement paniqué qu’un client, un habitué, lui avait préparé lui-même un café avec une lichette de whisky pour la remettre d’aplomb.
“Allez, va, lui avait-il dit.
Arondie n’est pas assez bête pour laisser traîner des potions compromettantes dans son auberge chérie. Tu veux que je reste avec toi ?”Livide, Lilibeth hocha la tête. Hors de question d’attirer des problèmes à ce brave César. Ce retraité passait toutes ses matinées à la chasse aux chasseurs. C’est à dire qu’il tirait à vu sur les chasseurs moldus venus perdre leur temps à “réguler” la nature que l’humain dérégulait rien qu’en lui respirant dessus, des plumes leur poussait au cul et le temps que les oubliators arrivent, le retraité avait disparu.
Des hommes comme ça, il n’y en avait pas des masses, songea Lilibeth. Il avait une épouse, des enfants, des petit-enfants et il prenait déjà suffisamment de risques comme cela pour faire le bien en toute illégalité pour qu’en plus, il se mouille pour elle.
“Va à la chasse, César. Je sais qui appeler, assura-t-elle en contrôlant, non sa peine, le chevrotement de sa voix”.
César avait fini par obtempérer une fois que la lettre était partie au ministère. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à attendre. Lilibeth avait déjà renversé trois carafes de café, confondu le miel et la confiture, le fromage et le beurre. Les clients, habitués à ses bons soins, s’inquiétaient plus qu’ils ne s’offusquaient, Lilibeth se cacha dans la réserve pour des exercices de respirations, ceux que Lyllyah lui avaient appris. La porte d’entrée s’ouvrit. Le coeur de Lilibeth bondit. Elle rassembla son courage, rajusta son tablier et déboula derrière le comptoir :
“Bonjour ! chantonna-t-elle avec son plus beau sourire”.
Ce n’était pas les agents du ministère.