Je suis de ces gens qu'on pense connaître avant de découvrir encore et encore toujours plus de nouvelles choses à leur sujet. Je chante occasionnellement si j'en ai l'occasion, je danse un peu quand ça me vient, j'aime énormément dessiner aussi. Et je suis très franche. Vraiment, je suis de ces personnes dont tout le monde connaît le visage, facile à reconnaître et connaît le caractère, mais mystérieuse assez pour qu'on ignore tout de sa vie personnelle. Et je ne nie pas apprécier entretenir le mystique que ça m’octroie. Je sais jouer avec mes mots, formuler ces derniers pour amener à dire ce qu'on ne veut pas confier, ou alors pour éluder élégamment des sujets dont je ne veux pas parler.. Je pense que je suis une véritable terreur à ce niveau, parce qu'aucun secret ne le reste bien longtemps si je commence à fouiner... et fouiner je ferais, parce qu'il n'y a pas plus curieuse que moi.

Enfin je pense.

C'est presque comme si on s'attendait "d'office" à ce que vous soyez la personne courtoise et polie jusqu'au bout des ongles... Et sans doute est-ce vrai, parce que je suis totalement comme ça. Je pense être le genre de femme à avoir toujours un sourire à offrir quelle que soit la situation et une épaule à prodiguer si une connaissance a besoin de soutien, mais ça sera bien plus compliqué si je n’ai pas une certaine affection pour la personne. En revanche, je suis trop fière, je n'irais jamais à demander de l'aide ou avouer une quelconque faiblesse de ma part, même si d'autres pensent autrement. Certains semblent lire en moi comme dans un livre ouvert et le réalisent bien assez vite, alors que la majeure partie des gens ne remarquerait que ce regard voilé et ce sourire serré ou plutôt neutre, sans forcément chercher à en savoir plus... Vous ne m'entendrez jamais jurer, tout simplement parce que je déteste ça alors soit je ferais une grimace, un léger pincement des lèvres pour me retenir de déblatérer quelque chose que je regretterais, soit je me tairais tout simplement et me mettrais à légèrement rougir. Mais je suis honnête. Et directe. Je n'ai généralement pas peur de dire aux gens ce que je pense d'eux, je n'ai encore jamais été prise à mentir, donc de ce côté je suis tranquille, quoique l'omission de certains faits concernant ma vie pourrait être considérée comme mensonge... Mais qu'on me montre le premier à vouloir tout dévoiler de son existence et alors peut-être que ce jour là, je me mettrai à table. Certains secrets sont faits pour ne rester que ça: des secrets.

J'ai une fâcheuse tendance à vouloir protéger à tout prix. A ne pas me soucier de moi et juste de foncer dans le tas... Je suis de ces âmes qui ne supportent pas de voir de l'agitation sans vraiment en faire partie, j'ai trop vécu dans ma vie pour simplement rester sur le bas côté: au choix, je préfère prendre les coups et espérer sauver la mise à quelqu'un en difficulté. Je suis fidèle, je pense être généreuse et douce, ainsi que très loyale: pour moi c'est à la vie à la mort avec mes amis (si rares soient-ils)... mais un peu plus discrète en amour. Beaucoup plus discrète, en fait. Secrète. Il n'y a pas énormément de personnes qui peuvent se vanter de connaître cette partie de moi. J'offre toujours au monde ce masque de neutralité et ce regard perçant, persuadée que ça suffira et qu'au final tout le monde en ressortira gagnant. En amour, c'est pareil. Si je sors avec quelqu'un, il lui faudra bien s'accrocher et être patient pour découvrir toujours un peu plus me concernant. J'ai besoin d'énormément de confiance en l'autre personne pour totalement me sentir à l'aise et me laisser aller vis à vis de ce qui serait pour n'importe qui d'autre si naturel. Pour moi, c'est différent, il y a toujours cette méfiance quand on s'intéresse un peu trop à moi; j'aime m'intéresser aux autres, mais une fois que c'est la situation inverse, je sors les armes. Je deviens plus nerveuse, plus mordante, comme un animal acculé qui est prêt à tout pour s'en sortir indemne, tout simplement parce que je ne m'imaginais jamais digne de l'attention sincère de quelqu'un.. Je protège jalousement ce qui fait battre mon cœur, même si je suis consciente qu'un jour je vais devoir lâcher un peu de mou aux gens qui essaient de s'intégrer à ma vie. Je ne crois pas à l'utilité de l'affection, perdre mon père puis ma mère à la maladie m'aura au moins permis de construire ce mur de dureté autour de mon cœur, ne fut-ce que pour éviter de souffrir à nouveau.

protectrice ❆ lunatique ❆ adore les plats orientaux ❆ a toujours aimé nager mais depuis sa métamorphose, c’est une véritable championne ❆ polymathe ❆ est largement plus intelligente que ce qu'il paraît ❆ est terriblement possessive et jalouse ❆ ne supporte pas qu'on fasse du mal à des enfants (en général) et encore moins en sa présence ❆ a une fâcheuse tendance à défier l'autorité ❆ adore le sport ❆ tient très bien la nourriture épicée ❆ ne supporte pas qu'on lui dise quoi faire ❆ est vulnérable et sensible lorsqu'il est question de sa famille ❆ autoritaire ❆ est très rancunière / vindicative: être de nature douce et facile à vivre, ça va un moment mais si cela arrive au point de non retour, elle prendra la blessure comme une trahison personnelle et pitié à l'âme du pauvre petit qui se retrouvera sur le chemin de la furie qu'elle deviendrait alors ❆ ferait n'importe quoi pour ses petits frères ❆ est un virtuose du violon et elle a jubilé lorsque son petit frère a annoncé vouloir apprendre, il n'est pas rare de les entendre en plein "jam", improvisant des mélodies sur lesquelles l'un joue à la suite de l'autre dans des zones communes aux diverses maisons.

Je me surprends à être assise sur le bord du lit, une petite caisse sur les genoux. Enfin, quand je dis caisse... A l'entendre alors que mes doigts la manipulent, il est évident qu'il s’agit plutôt d'une boîte métallique remplie de babioles, mais ce genre de babioles qui sont en réalité les mementos d'un moment particulier dans votre vie. Ce genre de nostalgie ne me prends que rarement; le genre d'instant où rien n'existait que vous et vos souvenirs, ces précieuses minutes où je démontre à l'univers entier être capable de tout autre chose qu'être sans coeur. Encore une fois, heureusement que nul ne se porte témoin de tels instants volés, ça aurait foutu un coup à ma réputation de reine de glace... Mais ça m’arrive. Pas souvent, mais en de rares occasions, je plonge mon esprit dans les artefacts d'une vie passée et je tente de retrouver la force d'un sourire.

D'un fou rire, parfois.

D'anciennes anecdotes.

N'importe quoi avant que ma vie ne parte en vrille de manière si incontrôlable..

... déposer quelques dessins faits à l'école à l'occasion de la fête des pères, sur la tombe de celui dont je ne comprenais toujours pas le départ....

Je m’arrête dès que je comprends que la scène s’est mise à rejouer dans mon esprit alors que je tiens ce croquis enfantin, une scène de plaine verdoyante et ensoleillée, avec une famille de cinq personnes souriantes et se tenant la main. Certainement pas du grand art, mais si on considère que j'ai un jour déposé ce dessin sur la pierre tombale marquant la sépulture de mon père (adoptif), je me permet de  considérer le croquis comme ayant une valeur sentimentale. D'une certaine manière... Heureusement que ma tante  s'est chargé de le récupérer en douce, quand maman ne pouvait pas le remarquer.

Anwen.

Souffrir de l'absence d'un parent était une chose, mais avoir le second qui perd les pédales parce qu'elle ne sait pas comment gérer la situation, c'en était une autre. Dans le fond, je ne devrais pas avoir à la haïr, plutôt me montrer compréhensive et me dire qu'elle n'y pouvait rien. Mais le seul souvenir de ce qu'elle avait bien pu me faire traverser suffit pour contrecarrer ces bonnes intentions, faire mourir la jeune Myka insouciante et presqu'inquiète pour faire revenir Hella la froide et sans coeur. Parce qu'à ne rien ressentir, on ne risque pas de souffrir et parce qu'à affliger les autres, nul ne s'occupe de se défouler sur vous.

Un bon plan.

Un calcul méticuleux, né dans les méandres d'une sanité qui me fut presque perdue au même titre que celle de ma mère. Elle n’est jamais parvenue à me faire parler du décès de mon père, à me faire dire à des "professionnels" (elle, en soi, puisqu'elle était directrice du département psycho à Mangouste) ce que j'ai bien pu ressentir lorsque je l'avais découvert avachi à côté de la machine à laver, dans la buanderie. Je suis restée silencieuse, je ne me suis confiée ni à elle ni à quiconque d’autre et ce qu’elle a considéré comme étant du mutisme n'était en fait qu'un manque de désir de m'épancher sur le sujet. Mon attitude la bloquait et pour je ne sais trop quelle raison elle jugea utile de me faire suivre professionnellement, par l'une des équipes qu'elle avait à sa charge et qui me condamna pendant des mois à accumuler thérapie sur thérapie..

Anwen

Je viens à caresser la photo de nous deux pris dans un câlin alors que nous nous esclaffions devant l'objectif. Nous étions trois ce jour-là, sur un apic de l'une des collines que ma tante nous avait un jour emmené escalader, réalisant que mes frères et moi n’avions pas besoin de quoi que ce soit d’autre que d’affection. L'ascension n'avait pas été fameuse, et le terrain restait sans danger malgré les apparences, mais pour moi, ça avait représenté l'aventure de toute une vie. Et j'avais ri, fière d'être parvenue "au sommet", même si mes cadets et ma tante savaient tous les deux qu'il n'en était rien. Mais ils m'avaient permis cette petite victoire et de ce rire qu'ont les enfants quand ils n'ont pas le moindre souci au monde, j’ai attiré mon frère et ma tante dans un vacarme d'hilarité.. Le jumeau, lui, a profité de l'amusement général pour prendre un cliché et le papier que je tenais en main était désormais si usé et utilisé que les bords s'en étaient racornis. Et pourtant elle est bien là, cette jeune fille insouciante qui reprends peu à peu goût à la vie.

Je n’aurais jamais pensé avoir un jour à la retrouver, si tôt.

« Mykes... ? »

Le soupir était encore à moitié endormi, mais suffit pour remonter l'armure d'insensibilité que je porte au quotidien. La photo disparaît, enterrée dans mes souvenirs au même titre que tout le reste avant que le couvercle métallique ne s'abatte à nouveau sur la boîte renfermant mes secrets. Je reviens vers ma partenaire, presque amusée à l'idée qu'elle ait tant de mal à prononcer mon véritable prénom sans véritablement le réaliser. Un baiser. Un mordillement. Je la marque une nouvelle fois avant de finalement rejoindre des draps tièdes et de fermer les yeux pour m'abandonner à un sommeil calme et réparateur. La boîte resterait là, dans l'ombre de mes secrets, ignorée de tous même si elle représente la preuve indéniable que dans le fond, je n’ai rien de la créature amorale que je suis persuadée devenir depuis Santorini.

Pas.

Presque…