Mars 2022 | Thestral Motor | Fin de journée

Encore une journée efficace. Théodora souriait de toutes ses dents en quittant le bureau de Luca. Peut-être était-ce les bons résultats de l’entreprise, les verres qu’elle avait prévu de boire avec l’une des filles du Thestral Motor qu’elle considérait comme une amie ou encore la promesse d’une soirée animée en retrouvant Luca plus tard dans la nuit. L’important était qu’elle allait bien et cela lui faisait encore plus de bien. Elle avait même recommencé à aller à l’église. D’abord à tâtons, en ayant peur qu’à chaque pas elle prenne feu ou que son monde ne s’effondre. Mais même pas. Rien. Alors elle était revenue avec plus d’assiduité et ce ne fut qu’à ce moment là qu’elle se rendit compte à quel point cela lui avait manqué.

Les nuages noirs qui menaçaient Londres ne déversèrent pas leur pluie de la journée, et les quelques gouttes qui commencèrent à tomber en fin de journée n’entamèrent pas son moral au plus haut. Theodora devait passer chez elle pour se changer dans ses habits de lumière, dignes d’une soirée entre filles, mais modulables en fin de soirée plus sportive. Rangeant ses derniers dossiers dans son bureau et mettant sous clés tout ce qui devait l’être, elle sortit un peu en retard du couloir des bureaux qui menait à l’atelier. Il lui faudrait passer par le White Thestral déposer des document puis faire trois courses sur le chemin histoire de survivre la fin de semaine et éviter de devoir survivre sur des boites de conserve peu ragoûtantes qui lui rappelait trop ses quelques années à vivre avec son père…. Son père. Elle ne l’avait pas revu depuis qu’il était passé la voir ici même. Et elle ne comptait pas le revoir de sitôt. C’était un ivrogne qui ne lui inspirait plus que de la pitié. Il n’avait pas eu de chance dans la vie ou du moins n’avait pas su la saisir. Si Théodora s’était bien promis une chose, c’était bien de ne pas faire les mêmes erreurs que lui.

Perdue dans ses pensées, elle sortie de son bureau et traversa le garage, son dossier sous le bras et son tailleur impeccablement taillé. Elle avait l’air d’une véritable femme d’affaire maintenant. Et elle se rendait compte à quel point le paraitre était important dans ce genre de situation. La fin de journée étant arrivée, elle s’était donné la liberté de lâcher ses cheveux blonds coincé en chignon toute la journée. Habituée aux regards des hommes qui la suivaient sur son passage, elle ne remarqua pas tout de suite un grand blond qui la dévisageait. « Théodora Haig ? » Une voix masculine appela son nom et elle papillonna des yeux, ramenée trop rapidement à la réalité. Elle se retourna, tentant de trouver l’origine de cet appel d’une voix peu familière. Elle se retrouva nez à nez avec un jeune homme grand, blond et particulièrement élégant. Elle le détailla de haut en bas, tentant de remettre un nom sur ce visage qui lui semblait familier. Il semblait avoir un âge similaire au sien, ce qui l’excluait de la catégorie crasseuse des anciens clients de son ancienne vie. Ce n’était pas plus mal. Bien que sur la défensive, elle s’arrêta. « Oui ? » Elle regarda en fronçant les sourcils l’insigne que l’inconnu lui mit sous le nez. « Auror Atanas Vassilev, j’ai quelques questions à vous poser. » Son esprit se focalisa immédiatement sur le terme « Auror » employé. Elle n’aimait pas que ce corps de métier vienne fouiner près du garage. Ce n’était pas bon du tout pour les affaires. L’illégalité de bien des affaires rendaient les contrôles de routine stressants. Incertaine quand au reste des informations données par l’Auror, elle le fit répéter. « Auror comment vous avez dit ? Des questions ? Quel genre de questions ? Que peut bien vouloir un représentant du Ministère dans notre garage ? » Son cerveau analysa le reste en attendant un retour. Atanas. Pas commun comme prénom. Vassilev. Pas commun non plus comme nom de famille. Surtout quand c’est celui de ta mère… Théodora se figea et fixa un instant cet homme qui lui faisait face. Etait-ce une mauvaise blague ? Quelqu’un s’amusait-il à la torturer avec ce genre d’informations sur son passé ? Elle n’avait que peu de souvenir de sa mère. S’agissait-il d’un cousin ? D’une vague connaissance ? N’y avait-il aucun lien entre eux ? Savait-il qui elle était ? Des centaines de questions se bousculaient dans sa tête et la jeune femme fit tout ce qu’elle put pour ne pas défaillir et rester stoïque. Au moindre problème, elle n’aurait qu’à appeler les mécano qui étaient train de travailler un peu plus loin, voir même faire venir Luca qui restait sa carte joker. Le sourire de la jeune femme avait cependant disparut et son visage fermé n’était pas des plus avenants. Ses yeux bleus s’accrochèrent à ceux de son interlocuteur. Il voulait capter son attention ? C’était chose faite…

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