Ce week end j’étais de repos et je devais avouer que ce n’était pas de refus ! Cette semaine à la clinique avait été plutôt éprouvante. Un éleveur de fléreur nous avait amené un spécimen vraiment mal en point en début de semaine et nous nous étions battus pendant des jours afin que son pronostic vital ne soit plus engagé. L’opération avait été l’une des plus délicates que j’avais dû effectuée depuis que je travaillais dans la clinique. J’avais été épaulée bien entendu mais elle avait vraiment été difficile se jouant à quelques millimètres, la moindre erreur, le moindre tremblement aurait pu coûter la vie à ce petit être. Heureusement, l’expérience que j’avais acquise jusqu’ici, me permettais d’avoir de plus en plus des gestes précis tandis qu’une fois sur une table d’opération, les doutes qui pouvait vous envahir juste avant et même encore après, n’étaient plus permis. Douter c’était mettre la vie de la créature en danger. Après ça, même si l’opération avait réussi, j’avais tout de même passée une nuit de garde complète tant nous étions inquiets pour l’animal. Nous nous étions préparés au pire… Cela me travaillais tellement que j’avais partagé mes craintes avec Théo qui malheureusement ne pouvais rien faire d’autre que m’offrir son soutien. J’avais même pensé devoir annuler le repas avec Kiara si d’ici la fin de semaine le fléreur n’allait toujours pas mieux. Mais j’avais bien fait d’attendre et de lui laisser une chance puisque, contre toute attente, depuis deux jours il avait recommencé à manger, à prendre du poids et il allait de mieux en mieux. A ce rythme il allait pouvoir bientôt retourner chez l’éleveur. Cette petite victoire nous a permis de pouvoir commencer à nous détendre et de pouvoir entamer ce week end beaucoup plus sereinement qu’on en le pensait. Tout est bien qui finit bien… J’aurais aimé que cela soit vrai pour tout, comme cette guerre contre les moldus qui ne semble pas avoir de fin. La clinique offrait d’ailleurs son aide lorsque dans leur missions certains sorciers ramenait des créatures blessées du QG du Blood Circle, personne n’était épargné.

Je me préparais donc à rejoindre ma sœur aînée chez elle, j’avais promis de venir manger avec elle dans sa son énorme grande maison. Depuis qu’elle y avait emménagé je n’avais pas encore eu beaucoup d’occasion d’y aller. Déjà parce que Kiara était beaucoup plus souvent à Poudlard que chez elle. Et lors des fêtes de fin d’années nous nous étions réunis chez nos parents c’était ce qu’il y avait de plus simple et j’avoue que je ne me serais pas vue nous réunir ailleurs, la nostalgie n’aurait pas été la même. Dans tous les cas, pour les peu de fois où j’étais venue, afin que nous soyons à l’aise tous autant que nous sommes. J’avais fait en sorte de choisir des moments où Grigori n’était pas là tout comme je ne proposais jamais à Théo de venir sachant pertinemment comment il voyait le mari de ma grande sœur d’un très bon œil c’était même tout le contraire. Et d’ailleurs Kiara ne me proposait pas non plus de venir avec Théo où de passer quand son mari était présent. Si nous étions tous capable de mettre de l’eau dans notre vin le temps d’une journée tel qu’avait été celle de leur mariage, en revanche dans un plus petit comité, tout de suite l’ambiance devenait beaucoup plus lourde. Il faut dire que si je pouvais être sociable, ce n’était pas forcément le cas de mon beau-frère et il n’était pas évident de communiquer. Tout cela rendait les choses agréables pour personne et nous en étions venue à la conclusion que cela ne servait à rien de forcer les choses. Tant que nous resterions là, l’une pour l’autre, c’était le plus important n’est-ce pas ? Et ça je comptais bien le faire ! Quand ce fut l’heure pour moi d’y aller, j’attrapais le bouquet que j’avais fait préparer par l’elfe de maison et transplanais alors directement dans le manoir de mon ainée.

« Je suis lààààà ! » M’exclamais-je alors quelques secondes plus tard avant d’être accueillis par Wipsy qui était prête à me retirer mes affaires, mais puisque j’avais transplané de la maison je n’avais pas pris de veste, quant aux fleurs, je voulais d’abord les offrir à ma grande sœur, que je vis arriver du coin de l’œil. J’allais donc à sa rencontre afin de l’enlacer et de déposer un bisou sur sa joue avant de lui tendre le fameux bouquet. « Comment tu vas ? Remise de tout ce que tu as mangé pendant les fêtes ? » N’avait-elle pas légèrement grossi d’ailleurs ? Non quand même, elle n’avait pas pu manger à ce point-là, je me faisais forcément des idées. Posant mon regard un peu partout je regardais les changements qu’il pouvait y avoir eu depuis ma dernière visite puisque Kiara avait mis du cœur à décorer tout l’intérieur. « Tu as ajouté de nouvelles déco ? » Demandais-je alors curieuse de tout découvrir et de manger aussi ! Manger c’était important.

Chaque fois que je venais dans cette maison, je ne pouvais m’empêcher de poser mes yeux partout. Elle était immense, elle était belle et chaque fois, je ne pouvais m’empêcher de me sentir impressionnée. C’était à la fois assez déroutant de voir Kiara évoluer dans cette demeure, mais plus je la voyais s’épanouir et plus j’étais heureuse pour elle. C’était avec plaisir, affection et complicité que je l’enlaçais lorsqu’elle vint à ma rencontre tandis que je lui tendais par la suite le joli bouquet de fleur que j’avais ramené pour elle. Sans me défaire de mon sourire, je lui demandais ensuite comment elle allait. « Je vais bien aussi. » Répondais-je quand elle me retourna la question. Curieuse, je ne pus m’empêcher de demander s’il y avait de nouvelles décorations et il était vrai que je pouvais aisément apercevoir déjà de nombreux changements. J’avais à peine le temps de hocher la tête afin de lui répondre, que mon aînée repris la parole. Elle avait oublié ma visite ? Je fronçais légèrement les sourcils me disant que c’était une chose qui ne lui arrivait vraiment pas souvent mais je retrouvais mon sourire très vite.

« Oh ce n’est pas grave, tu veux que je revienne une prochaine fois ? » Proposais-je au cas où elle avait finalement autre chose de prévu. Alors non, mais elle devait se changer ? Je restais interdite un moment tandis qu’elle m’accompagna jusqu’au fameux salon. « Tu sais que c’est juste moi ? Peu importe comment tu es habillée je m’en fiche hein ? » Précisais-je juste au cas où ma grande sœur serait atteinte d’une perte de mémoire instantanée. Mais je ne cherchais pas à comprendre et la laissait filer, tandis que je regardais de nouveau autour de moi avec ce regard totalement ébahi. Les lieux paraissaient totalement transformés. Repérant quelques photos, je m’approchais de ces dernières, reconnaissant alors le jour du mariage de Kiara et de Grigori. Puis un peu plus loin une toile représentant les deux jeunes mariés était fixée au mur. Si j’oubliais ce que je savais de Grigori et qui faisait que j’étais très méfiante à son regard, je devais bien avouer une chose, ils allaient bien ensemble. Ils étaient un très beau couple. J’étais perdu dans mes pensées lorsque Kiara refis surface, me ramenant soudainement à la réalité. Alors que mon regard avait quitté la toile pour se poser sur ma grande sœur, sa question me fit faire le chemin inverse.

« On a l’impression que l’artiste a su capturer l’instant à la perfection, c’est fou ce que cela dégage comme impression. » Répondais-je alors toujours autant impressionnée par cet endroit. « En même temps… Avec des modèles pareils… Il aurait été vraiment mauvais si cette toile n’était pas réussie. » Ajoutais-je alors sans m’empêcher de sourire une nouvelle fois. Kiara me questionnait ensuite sur mon travail et me demandait une nouvelle fois comment j’allais. Je décrochais alors de nouveau mon regard de la toile et me rapprochais de ma sœur tout en lui répondant. « On a eu une semaine assez chargée avec une fléreur très mal en point, mais il commence enfin à se remettre, on espère le voir rentrer chez lui dans les prochains jours. » Mon sourire et mon regard s’agrandissait sous cette révélation qui me rendait vraiment heureuse. La pression accumulée c’était enfin relâchée et j’avais l’impression de pouvoir respirer enfin profondément sans que cela en risque de créer une catastrophe. « Sinon je vais bien. » Assurais-je alors une nouvelle fois à la jeune femme. « Tu es sûre que ça ne pose pas de problème que je sois là ? Si tu as prévu autre chose à la place il y a vraiment aucun problème, on peut remettre à plus tard. » Je ne voulais vraiment pas qu’elle culpabilise, ce n’était pas comme si nous étions sans jamais nous voir bien au contraire et ce repas pouvait être déplacé d’une semaine ou deux sans aucun problème s’il y avait besoin.

Oublier quelque chose n’était pas tellement dans les habitudes de Kiara, je n’irais pas jusqu’à dire que ma sœur est parfaite, elle a certainement des défauts, mais celui-là n’en faisait pas parti. Alors quand elle m’avouait avoir oublier ma venue cela m’étonnait assez et je lui proposais naturellement de venir une prochaine fois, peut-être avait-elle autre chose de prévu du coup et cela ne serait que partie remise ! Mais elle insistait pour que je reste, évidemment je ne me faisais pas prier, après tout j’étais celle qui n’avait pas oublier pour le coup, ce serait ridicule de lui dire, oh bah tout compte fait non je préfère partir. Par contre, vouloir se changer pour être plus présentable alors que je n’étais que sa sœur, que je la connaissais par cœur, que sa manière d’être habillée je m’en fichais comme d’une guigne, qu’elle pouvait bien être habillée en sac à patate je l’aimerais quand même de tout mon cœur, oui là je la reconnaissais bien. Et je ne pouvais pas m’empêcher de sourire bêtement en la voyant s’éclipser. Quand elle fut de retour, j’étais devant leur portrait de mariage. Peu importe ce que je pouvais penser de son mari, il y avait un fait indéniable, physiquement ils s’accordaient à la perfection. Je ne peux m’empêcher de pouffer face à la remarque de ma sœur, mais je ne la contredis pas, c’était son jour et je comprenais aisément la fierté qu’elle devait ressentir. Je finissais par hocher la tête lorsqu’elle ajouta qu’elle pensait faire appel à lui pour de prochaines peintures

« Tu aurais bien tort de t’en privé » Ajoutais-je simplement avant qu’elle ne me demande comment j’allais. Je lui expliquais alors comment les choses se passaient à la clinique, elle me prenait beaucoup de temps, mais j’étais passionnée alors je le prenais plutôt comme une chance. A la mention de meringue, Kiara piqua alors mon intérêt pour l’animal. « Comment va-t-il d’ailleurs depuis ce fameux jour ? » Un sourire étira mes lèvres lorsque Kiara proposa d’aller lui rendre visite par la suite, elle me connaissait, elle aussi, par cœur. « Tu me connais un peu trop bien » Ajoutais-je en ne pouvant m’empêcher de rire, acceptant volontairement sa proposition. Alors que nous nous dirigions vers la salle à manger, je m’assurais tout de même que je ne la dérangeais pas, répétant alors qu’il n’y avait aucun problème pour revenir une autre fois. A la mention de Grigori, je me tendais légèrement. Je m’étais plus ou moins habituée, mais j’appréhendais toujours de le croiser, faut dire que ce n’était pas le garçon le plus accueillant de la planète et en général je préférais simplement ne pas le croiser, juste pour éviter le malaise. Dans la salle à manger, Wipsy nous y attendait, elle au moins savait accueillir ses invités, elle devrait donner quelques conseils à son maitre.

« Merci Wipsy, je suis également ravie de te revoir. » Glissais-je à l’attention de l’elfe de maison avant de lever les yeux au ciel en la voyant s’incliner tellement bas que j’aurais eu peur qu’elle tombe vers l’avant. C’était inutile, mais comme tout elfe de maison, elle n’en faisait qu’à sa tête. Alors qu’elle nous demanda ce que nous voulions boire, je copiais mon ainée en demandant également un jus de citron. En peu de temps les deux verres étaient déjà sur la table et nous trinquions ensemble avant de prendre une gorgée bien rafraichissante. L’instant qui suivis ce moment m’appris beaucoup de chose. Avec Kiara nous avions toujours été proche, elle savait comment je fonctionnais, mais l’inverse était tout aussi vrai. Et la façon qu’avait Kiara de me fixer en souriant ne pouvait m’empêcher de me dire qu’il y avait quelque chose, je ne savais pas quoi, mais si je devais me fier à mon instinct, je dirais que ma sœur avait quelque chose à me dire et cela éveillait ma curiosité. Mais avant que je ne pose la moindre question, elle me coupait l’herbe sous le pied en me parlant du week end prochain prévu chez les parents.

« Bien sûr. » Répondais-je alors qu’elle ajoutait que leur petit frère serait également là. Sauf empêchement il était assez rare que je loupe un repas de famille en réalité, je faisais au mieux depuis que les choses c’étaient arrangés pour que tout se passe bien, j’avais beaucoup trop souffert de cette coupure avec ma famille et je souffrais encore du fait que des tensions existaient encore envers Théo et que les choses seraient probablement plus jamais comme avant. Alors que Wipsy arrivait avec l’entrée qui comme toujours avait l’air savoureuse, nous commencions à manger. Je ne pouvais m’empêcher de remarquer que Kiara ne mangeait pas comme d’habitude, je fronçais alors des sourcils tandis que j’avais de nouveau cette impression qu’elle avait quelque chose à dire… Pourtant Kiara n’était jamais hésitante, pas avec moi en tout cas.

« Je me trompe peut-être… » Disais-je alors tout à coup en brisant le silence qui c’était installé depuis quelques secondes. « Mais j’ai l’impression que tu as quelque chose à dire non ? Tu n’es pas comme d’habitude. » Et c’était assez perturbant, je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter. Se passait-il quelque chose avec Grigori ? Si j’aurais aimé lui jeter la pierre, je n’avais pas l’impression qu’elle était malheureuse. C’était étrange, parce qu’elle souriait, elle avait l’air épanouit et en même temps cette façon de picorer dans son assiette comme si elle n’avait pas faim, que quelque chose la travaillait, contrastait trop avec cette image. Ne pouvant manger d’avantage, je posais ma fourchette, est-ce qu’elle était tout simplement malade ? Cela expliquerait qu’elle m’ait oublié, sa tenue avant qu’elle se change et son comportement de maintenant…

« Tu es malade ? Tu aurais dû me le dire Kiara, vraiment il n’y avait aucun souci pour remettre à plus tard, tu as vu un medicomage ? » M’inquiétais-je alors étant certaine d’avoir enfin trouver ce qui était étrange chez ma grande sœur que je connaissais si bien.

J’étais ravie de savoir que le petit renard allait bien. Cela me faisait toujours plaisir d’avoir des nouvelles des créatures ou animaux que j’avais pu soigner. Et j’avais évidemment déjà le sourire aux lèvres rien qu’à l’idée de pouvoir lui rendre visite. S’il n’y avait que moi, je commencerais même directement par cette étape-là. Mais je savais me contenir et je pouvais bien attendre un peu, ce n’était même pas certain que l’animal soit là de toute façon. Alors au lieu d’aller vers l’endroit où mon instinct aurait aimé aller, je suivais mon ainée dans la salle à manger ou Wispsy avait déjà tout organisé évidemment. A quoi aurais-je pu m’attendre d’autre venant de sa part ? L’ombre d’un sourire étira mes lèvres. Il était bon de constater que certaines choses ne changeaient pas et ne risquait sans doute pas de changer. Et c’était pour ces petites choses que je me sentais assez rassurée au sujet de Kiara même si au fond de moi, la méfiance n’arrivait pas à me quitter totalement. Seul le temps pourrait probablement y faire quelque chose. Si quelque chose me perturbait dans le comportement de Kiara, je n’arrivais pas tout de suite à mettre le doigt dessus et tandis qu’une partie de moi réfléchissais, l’autre s’occupait de lui répondre à propos du repas qui se déroulerait chez leur parent dans une semaine. Même si les relations étaient toujours un peu tendues depuis ma relation avec Théo, je ne louperais pour rien au monde. Je n’aspirais qu’à une chose, que les choses puissent redevenir un jour normales. Même si je savais que certaines choses avaient brisés les liens et qu’ils ne pourraient pas être remplacés, j’espérais qu’ils pouvaient au moins s’arranger et évoluer. A défaut de revenir à l’identique. Et même si nous n’en parlions pas à tout bout de champs, je me doutais qu’il devait en être de même pour ma grande sœur.

« Oui, c’est toujours une source de réconfort de revenir à la maison et d’être tous ensemble. » Ajoutais-je alors en prenant une nouvelle gorgée de mon verre, quand bien même les choses étaient différentes, une chose ne changeait pas, l’amour que nous nous portions tous les uns et les autres. Alors que l’elfe de maison arriva avec l’entrée, je continuais d’observer ma sœur et c’est son comportement face à la nourriture qui commençait à me donner une piste sur ce qui se passait. Tout d’abord, j’imaginais qu’elle avait quelque chose sur le cœur, qu’elle avait besoin de se confier et ensuite tout en continuant d’additionner les indices que je pouvais avoir à ma disposition, je soupçonnais Kiara d’être malade. En revanche, pourquoi est-ce qu’elle me l’aurait caché ? Cela je ne le comprenais pas totalement. Quoiqu’il en soit j’avais besoin de percer ce petit abcès qui me gênait depuis que j’étais arrivée dans sa demeure aujourd’hui. Ce n’était pas dans ses habitudes d’oublier, mais ça pouvait arriver à n’importe qui et s’il n’y avait eu que cela, je ne me serais pas poser plus de question que ça. Mais je connaissais Kiara par cœur, mon instinct se trompait rarement à son sujet et j’imagine que l’inverse était tout aussi vrai. Alors que je posais mes questions, mon inquiétude grandissait de secondes en secondes face au silence de Kiara… Il y avait donc bien quelque chose et je venais de mettre le doigt dessus… J’allais ouvrir la bouche et poser toutes les questions qui me passait par la tête bien décider à la faire parler, l’espace d’un instant je me demandais même si Grigori n’était pas en faute. Je ne pouvais en supporter d’avantage quand enfin Kiara ouvrit la bouche, annonçant qu’elle avait bien vue un médicomage. Est-ce que c’était censé me rassurer ?

« Tu es bien malade ? » Demandais-je alors me demandant ce qui se passait et pourquoi elle ne me disait pas tout d’un coup ? C’était grave ? Grave à quel point ? Alors que ma sœur prononce mon nom, je n’en peux plus. « Accouche Kiara avant que mon imagination n’ait le temps de se faire tous les scénarios possible et inimaginable ! » N’avait-elle aucune pitié pour mes nerfs ? Se rendait-elle compte à quel point c’était intenable ? Comment se sentirait-elle si les rôles étaient inversés ? Et en même temps, si c’était grave… Elle devait avoir besoin de temps pour choisir ses mots ? Je me calmais presque instantanément à cette pensée, devenant presque capable d’attendre une éternité si cela pouvait l’aider tandis que l’angoisse ne cessait de tordre mon ventre. Si ma tête avait déjà imaginé beaucoup de choses j’avais arrêté de le faire, m’imaginant des choses encore pires que ce à quoi j’avais déjà pensé… J’avais donc fait le tour de pas mal de possibilité et pourtant… Pourtant celle que Kiara me dévoilait se trouvait aux antipodes de ce que j’avais imaginé. Les yeux écarquillés, je restais la bouche ouverte devant mon ainée. Enceinte Kiara était enceinte. Tata j’allais être tata. C’était à mon tour de rester silencieuse. Interdite, aucune réaction visible n’apparaissait sur mon visage ou à travers mes gestes. En revanche, ce que je ressentais intérieurement c’était du soulagement. Elle n’était pas malade. Elle allait bien. Ensuite, je me demandais comment c’était possible ? Je savais comment on faisait les bébés, là n’était pas le problème, mais elle s’était mariée il n’y avait pas i longtemps, cela avait déjà été une grosse étape. Comment pouvait-elle être déjà enceinte alors qu’hier nous jouons encore au bac à sable ? Puis finalement, mon regard se mit à briller en réalisant réellement ce que ma sœur venait de m’annoncer. Elle allait peut-être pas accoucher tout de suite du coup. Si dans un premier temps je voyais cela comme une excellente nouvelle, qu’un sourire commençait à se dessiner sur mon visage et que je ressentais l’envie de sauter au cou de ma grande sœur, lorsqu’elle mentionna le mot famille, cela me ramena à la réalité. J’en perdais mon sourire.

« Tu es enceinte… » Répétais-je alors comme si cette information avait du mal à atteindre mon cerveau. « Tu n’avais pas dit que tu attendrais la fin de tes études ? » Demandais-je finalement en plantant mes prunelles dans celle de Kiara cherchant à comprendre si elle m’avait tout simplement menti ou non. Pourtant ce n’était pas son genre… Mais rien de tout cela n’était son genre. Kiara n’oubliait rien, Kiara ne chipotait pas pour son assiette, Kiara était sérieuse, ses études et son avenir avaient toujours peser lourd dans la balance… « Ne te méprend pas… » Reprenais-je tandis que les rouages de mon cerveau se remettaient doucement en place. « Je ne dis pas que c’est une mauvaise nouvelle mais… » Je marquais une autre pose me sentant toujours perturbée par cette annonce. « Ce qui m’empêche de m’emballer c’est que Papa va te tuer. » Finissais-je par constater. Il ne fallait pas se leurrer, déjà mon couple avec Théo avait eu beaucoup de mal à passer, le sien n’avait pas eu beaucoup plus de succès, son mariage n’avait pas été facile à négocier et maintenant ça ? « Ou il va avoir une crise cardiaque… » Ajoutais-je perdue dans mes pensées la main sous mon menton… Alors que mon regard croise de nouveau celui de ma sœur, une lueur espiègle montre enfin le bout de son nez.

« Tu es enceinte ! » Répétais-je comme si je ne venais que de le comprendre. « C’est une fille ? C’est un garçon ? Tu préfères quoi ? Tu as déjà choisi un prénom ? » Les questions fusaient comme si un robinet venait d’être ouvert et ne pouvait plus être arrêté. « Grigori le sait ? Il a réagi comment ? D’ailleurs cela fait combien de temps ? » J’allais être tata… « J’ai le droit d’aider pour le prénom ? »