Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Lumos Je rp en : goldenrod Mon allégeance : Ordre du Phénix
Lun 13 Mar - 19:44
Une nouvelle vie t'attend Où le danger vient rôder Aodhan & Kiara, Irlande, Août 2018
Kiara terminait de ranger les dernières activités proposées aux enfants de huit ans dont elle avait eu la charge aujourd’hui. C’était amusant de constater à quel point tout semblait simple entourée d’enfants, ils étaient d’une compagnie si facile lol Kiara t’as de la merde dans les yeux ou quoi, ce sont des moooonstreeeees qui te réveillent en disant que le soleil est levé et qui chouinent quand ils ont perdu leur doudou OUI C’EST DU VÉCU TOUT CA. La journée avait été longue mais riche en rebondissements. Cela faisait maintenant presque trois semaines que Kiara intervenait en tant qu’encadrante dans ce camp de vacances sorcier dans lequel elle avait elle-même passé de nombreuses semaines étant enfant. Tout avait une saveur particulière : le goût de l’enfance. Lorsqu’elle avait rencontré la directrice du camp, tant de souvenirs étaient remontés à la surface et Kiara avait redécouvert les lieux avec une certaine nostalgie, lui donnant immédiatement envie d’accepter l’offre d’emploi pour l’été, avec la certitude qu’en plus de passer de bons moments, cela lui permettrait de s’amuser.
Kiara n’avait guère eu beaucoup d’occasions de sourire ces dernières années. L’enlèvement et la séquestration de sa sœur cadette Sélénya avait plongé Kiara dans une profonde dépression. Arrêtant les cours, s’oubliant totalement, Kiara avait mis son existence entre parenthèses, incapable de demeurer dans l’expectative de l’éventuel retour de Sélénya. La famille Macmillan avait alors sombré dans un profond chaos durant presque deux ans. Deux ans à n’être que l’ombre d’elle-même. Jusqu’au jour où leur père, Auror, avait retrouvé la trace de sa fille. Les premiers mois avaient été douloureux, Sélénya se supportant plus le contact physique et Kiara se sentant responsable de son enlèvement ; il avait fallu réapprendre à vivre, réapprendre à sourire, réapprendre à être de nouveau à cinq. Kiara était retournée en cours quelques mois après et cela faisait désormais un an que la vie reprenait son cours. Les séquelles traumatisantes demeuraient mais Kiara riait à nouveau, s’enchantait à nouveau et avait de nouveau des perspectives d’avenir. Petit à petit, accompagnée de ses proches et de Balthazar, Kiara avait reprit goût à sa vie et lorsqu’on lui proposa de travailler en Irlande durant l’été, elle vit cela comme un signe ; le signe qu’elle pouvait redevenir la jeune femme qu’elle était auparavant et qui avait à nouveau soif d’aventures, de contacts humains et d’accompagnements des autres. C’était l’une des qualités de Kiara, elle donnait beaucoup à son prochain, elle agissait avec énormément de bienveillance et de sympathie, même auprès de ceux qui ne le méritaient pas vraiment. À Poudlard, elle se plaisait aussi dans le rôle de préfète-en-chef, donnant beaucoup de « seconde chance » aux élèves et jeunes étudiants qui transgressaient les règles, même si elle savait aussi faire preuve d’une certaine autorité quand cela s’avérait nécessaire.
Bref, ce camp de vacances était aussi l’occasion pour Kiara d’occuper son temps et de vivre de nouvelles expériences. Alors qu’elle terminait de ranger sa salle, Ronan passa sa tête dans l’entrebâillement de la porte et lui adressa un franc sourire : « Kiara ? T’es prête ? » La jeune Poufsouffle tourna la tête vers son collègue en fronçant les sourcils face à sa tenue pour le moins décontractée. « Prête pour quoi ? » Même si elle devinait la réponse, Kiara voulait s’en assurer. « La soirée feu de camp près de l’étang ! T’es obligée de venir ! » Kiara hésita avant de répondre : « Mhum, je sais pas, tu sais bien que je suis pas forcément très à l’aise dans ce genre de fête. » Ronan, quant à lui, était un sacré fêtard et il passait le plus clair de son temps libre à arpenter les nombreuses soirées organisées durant l’été. Il avait déjà réussi à convaincre Kiara de s’y rendre à plusieurs reprises et la jeune femme s’était toujours amusée même si la perspective de se retrouver face à une foule d’autres jeunes déchaînés l’angoissait toujours un peu, la faute à ces années de solitude qui l’avaient éloigné de ce type d’évènements. « Toute l’équipe encadrante y va, t’as pas le choix ! Cela sera l’occasion de fêter la fin de semaine ! » Riant, la jeune femme ajouta : « Parce que tu as besoin de raison pour faire la fête toi maintenant ? » Kiara se laissa rapidement convaincre par la bonne humeur et le sourire contagieux de Ronan et ils convinrent de se rejoindre dans une heure et demi directement sur place, après que Kiara ait exigé de prendre le temps de se changer. Enfilant à son tour une tenue décontractée, Kiara glissa sa baguette dans la poche intérieure de son jean et se rendit près de l’étang. La fête battait déjà son plein alors que le soleil déclinait doucement. Selon les dires de Ronan, la fête était organisée par des sorciers et Kiara en était soulagée. Elle n’avait nul besoin de dissimuler qu’elle avait des pouvoirs magiques et n’avait pas besoin d’être discrète. Pour être tout à fait honnête, depuis l’enlèvement de Sélénya, Kiara n’était plus très à l’aise en compagnie des moldus. Même si elle souhaitait ne pas mettre tous les moldus dans le même panier que le Blood Circle, sa méfiance était désormais bien élevée et elle prenait garde à ne pas trop s’exposer et à se mettre en danger. Elle était pour ainsi dire, d’une discrétion peu commune.
Kiara se dirigea vers l’étang et on lui colla un verre de bière dans la main au passage qu’elle avala avec une grande facilité les irlandais, ces soiffards et fit le tour de l’endroit afin de chercher ses camarades et collègues. Mais elle ne voyait pour le moment personne qu’elle connaissait. Elle se laissa aller contre un arbre, se faisant accoster par quelques garçons probablement attirés par sa tenue vestimentaire avec qui elle prit le temps de parler avant qu’ils se désintéressent d’elle. L’ambiance était bonne enfant et Kiara attendait patiemment. La fête ne faisait que débuter.
les doutes, les pleurs, la peur mais tout au fond là dans mon cœur, je sais, qu'un jour notre amour guidera nos pas, toujours. Si toi tu es près de moi, la nuit fera place au jour, tout s'éclairera puisque tu es là, l'amour nous guidera...
Les yeux bleus de l’adolescent semblaient lancer des éclairs tant ils étaient emprunts de férocité. Face à son parrain, le garçon fulminait et ses poings se serraient.
_ J’irais pas dans ce putain de camp débile ! Je suis pas un putain de scout !
_ Tu dis ce que tu veux Aodh. Moi je te garantis que tu vas y aller. Je t’avais prévenu que tu devais arrêter tes conneries à l’école.
_ Ce mec est un putain d’enculé.
_ Nom de dieu surveille un peu ton langage ! Ca reste un professeur et qu’importe ce qu’il raconte, t’as pas à entrer dans ses appartements pour y foutre une bombabouse géante !
_ … Ah ouais ? Il a dit que l’Irlande n’était qu’une annexe de l’Angleterre.
_… il a peut-être dit ça dans un contexte…
_ Le contexte c’est que c’est juste un putain d’enculé et qu’il a fait exprès pour me provoquer.
_ Et toi bien sûr t’es tombé dans l’panneau. Tu sais quoi ? C’est vrai, t’as sûrement raison, ce mec est un putain d’enculé… Mais tu iras quand-même au camp.
_ Nan mais t’es pas sérieux ! Putain mais pourquoi ?!
Situé sur les bords du loch Ree, entre les comtés du Roscommon et du Longford, parfaitement au centre des terres, se trouvait le camp du dieu à la main d’argent ou autrement dit Nuada, divinité guerrière et roi des dieux dans la mythologie celtique irlandaise. C’était vendeur ! Le camp de sorcier existait depuis des centaines d’années sinon plus. Il était utilisé depuis l’aube des temps par les druides et les familles celtes y envoyaient leurs enfants pour qu’ils suivent un rite d’initiation. Les choses avaient grandement évoluées depuis pour devenir un camp de vacances prisé les jeunes sorciers irlandais et le nouvel enfer d’Aodhan O’Brian alors tout juste âgé de 16 ans, en Cinquième année à Poudlard.
Trois semaines.. trois semaines qu’il était là, dans ce camp à la con. Le jeune homme s’était déjà illustré à quelques reprises en refusant les activités ou en les perturbant. Il n’avait pas eu envie de se rapprocher des autres parce qu’il ne parvenait pas à accepter cette punition… son orgueil avait été touché de plein fouet et en plus de ça, Ciaran l’avait prévenu « Si tu fais trop de vague là-bas t’ira pas avec Saoirse en tournée. Tu resteras avec moi et tu te feras chier ici pendant tes vacances de Noël ! ». La haine. Sa grande sœur était dans il savait plus quel pays et il aurait tué pour aller avec elle. Mais non, il devait rester là tout le mois d’août et tenir tant bien que mal… Bien sûr, il s’était déjà battu une ou deux fois… c’était tellement difficile pour lui de contenir sa rage qu’il préférait finalement rester seul la plupart du temps. Pour ne rien arranger, l’une des encadrantes n’était autre que Kiara Macmillan, une Poufsouffle, Préfète en chef avec qui il avait déjà eu des déboires. La miss lui avait déjà retiré des points par le passé pour le punir de ses frasques. Alors la retrouver ici était une PUTAIN de mauvaise nouvelle.
Ce soir, il avait décidé qu’il ne laisserait pas se laisser pourrir la vie indéfiniement. Il allait faire le mur et il espérait juste ne pas se faire choper car il mettait là en jeu ses vacances avec Saoirse… Mais il ne tenait plus. S’il ne sortait pas un peu pour se changer les idées il sentait qu’il allait devenir dingue et pendant ce genre de crise il devenait incontrôlable et terriblement violent. Il avait attendu que les mecs de son âge qui partageaient son bungalow s’endorment pour passer par la fenêtre. La journée il avait repéré les pièges magiques disséminés autour du parc et parvint à les éviter, sans trop de difficulté.
Marcher dans la forêt en pleine nuit ne lui faisait pas peur. Il avait souvent arpenté les bois avec Ciaran quand il était plus jeune et connaissait bien les dangers qui pouvaient s’y trouver. Il longeait le lac et se déplaçait avec discrétion en observant attentivement les environs, surveillant ses arrières. Il devait être certain de ne pas être suivi. Ils avaient croisé des sorciers plus âgés dans la journée qui passaient dans le coin et qui avaient parlé d’une soirée de l’autre côté du lac. De ce qu’il avait compris, il y aurait de l’alcool à volonté, voire un peu de drogue. S’il y avait de la bière gratos il était clairement partant. Et il en avait grave besoin.
Une fois sur place il ne fut pas déçu. Il y avait vraiment beaucoup de monde, beaucoup d’alcool, beaucoup de musique et de rires. Une oasis dans le désert ! Il allait enfin pouvoir se détendre et penser à autre chose. Bon… il fallait avouer qu’il était le plus jeune de toutes les personnes présentes et il espérait qu’on viendrait pas le faire chier à lui demander son âge. Il inventerait une histoire bidon, dirait qu’il était avec son grand frère ou autre et ça passerait crème. Il avait beaucoup de ressource et assez de culot pour que ses coups de bluffs fonctionnent -en général.
Son approche avait bien fonctionné cette fois encore. Il s’était trouvé un petit groupe avec qui il avait commencé à rigoler et à partager des anecdotes et les gars lui avaient même filé de la bière. Bon, le premier avait lancé un « T’as quel âge ? » et il avait naturellement répondu « Assez pour te casser la gueule. » ils étaient tous déjà un peu éméchés et s’étaient marrés, partageant avec lui -c'est ce qu'on appelle l'humour irlandais. Tout se passait bien dans le meilleur des mondes et Dhan retrouvait enfin le sourire.
Tandis qu’il levait le coude, il vit une silhouette se découper à travers le verre. Une blonde sculpturale se trouvait à quelques pas de là, lui tournant le dos et s’il n’était pas encore franchement branché filles -il avait déjà assez de problème dans la vie-, il devait avouer que celle-là n’était pas dégueu. Il ne la quittait pas des yeux. C’était drôle parce qu’elle lui faisait vaguement penser à quelqu’un… Lentement, la fille dont la longue chevelure dorée ruisselait se retourna, et s’il put jauger le reste de son anatomie, la chanson ne fut pas la même lorsqu’il découvrit son visage. Il écarquilla les yeux tandis que la bière qui était en train de descendre dans sa gorge… passa dans le mauvais trou et le liquide fit le chemin inverse en un éclair pour ressortir par son nez. Toussant comme un perdu, il vit le visage de Kiara se tourner dans sa direction et sans perdre une seconde, il se jeta littéralement en arrière, derrière une grosse pierre grise pour se planquer. Les jeunes à côté de lui se regardèrent avant qu’une petite brune d’une petite vingtaine d’années et plutôt canon -mais pas forcément du meilleur genre- ne passe la tête vers lui.
_ Bah alors mon chou t’as vu ta mère ou quoi ?
Sa mère ? Non, sa mère était morte et enterrée depuis un bail. C’était bien pire ! La blonde c’était Macmillan, la préfète en chef et faisait partie du personnel encadrant du camp Nuada. En bref, ça ne pouvait juste pas être pire pour lui. Le cul dans le sable, O’Brian plaqua sa main contre son front.
_ Chier ! La blonde là-bas avec la bière à la main, tu la vois toujours ?
La fille posa ses fesses sur la pierre en balayant la plage des yeux.
_ Celle avec les gros seins ?
Dhan ferma les yeux en collant sa tête en arrière, son pouce et son index serrant le haut de l’arête de son nez en grimaçant. Et dire qu’il avait failli bander pour elle.
_ Ouais c’est ça. Elle regarde par ici ?
_ Heu… non, elle parle avec des mecs. Hun ! J’en connais une qui va passer une bonne soirée…
Le Gryffondor regarda ce qui restait de sa bière… elle était vide. Sans doute l’avait-il renversée en voulant se planquer de Kiara. Dépité il poussa un soupire. Il allait devoir leur en taxer une autre. Ce n’est qu’après cette profonde réflexion qu’il leva la tête pour regarder la brunette. Il venait juste de percuter.
_ Comment ça ?
_ Les mecs autour d’elle ont l’air de beaucoup l’apprécier si tu vois c’que j’veux dire. Elle va y passer.
Ce devait être Ronan à tous les coups. Ce mec était sans doute le plus cool de l’équipe parce que le plus fêtard, impossible qu’il loupe cette soirée... Putain ils avaient débarqué tous ensemble. Abusé. Pour partir il allait devoir ramper comme une merde pour qu’on ne le repère pas. Génial ! Cela dit, il n’imaginait pas vraiment Kiara et Ronan ensemble. C’était vraiment bizarre… mais après tout, pourquoi pas. Furtivement, le garçon se redressa pour observer la scène à son tour, sa tête dépassant légèrement de derrière le rocher. La brune à côté de lui pouffa de rire et passa sa main dans les cheveux du jeune homme qui grogna.
_ Arrête putain.
_ Tu sais que t’as vraiment un caractère de cochon ? Mais t’es quand-même très mignon. Lui dit-elle en souriant.
Elle se foutait de sa gueule ou quoi ? Enfin, ne sachant pas très bien comment le prendre il préféra ne rien dire et recentra son attention sur l’emmerdeuse de Poudlard. C’est pas Ronan ça. Il y avait un grand rouquin baraqué et un blond à peine plus petit. Tout en observant la scène, il sentit comme un truc étrange dans son ventre… un certain malaise. En fait, deux mecs étaient avec elle et c’était pas des gars du camp. Ils semblaient beaucoup rigoler ensemble mais leur regard sur elle étaient bizarres et leurs gestes aussi. Ils l’effleuraient, touchant son bras, ses hanches… Il n’avait pas beaucoup expérience dans le domaine mais il savait reconnaître un mec qui voulait baiser une fille et ces deux-là étaient clairement intéressés par la Pouffy. Mais Macmillan… il avait beau la trouver super chiante, moralisatrice et parfaite fifille à papa, il avait du mal à croire qu’elle était aussi “libérée”. Il la voyait super naïve et il doutait sérieusement qu’elle se rende compte de ce que ces mecs lui voulaient vraiment.
_ Tu connais ces mecs ?
L’autre soupira franchement en remettant ses longs cheveux en place.
_ Non. Franchement, arrête de t’en faire pour elle. Vu la façon dont elle s’habille, c’est qu’elle attend que ça. Tiens ! Elle lui tendit une nouvelle bière tandis qu’elle lui lançait un clin d'œil complice. Aodhan leva les yeux sur la brunette en prenant la bière. Qu’un mec parle comme ça, ça n’aurait pas été étonnant, mais il ne s’attendait pas à un tel mépris de la part d’une fille, à peu près du même âge que Kiara en plus. Mais un truc le tira de ses réflexions : Macmillan n’était plus là. O’Brian se redressa d’un bond en fouillant la foule des yeux. Aucune trace de la blonde. Putain.
_ Franchement, t’es relou… décroche un peu et amuse-toi ! Tu me trouves pas plus jolie ?
O’Brian but une gorgée de sa bière, sans lui jeter le moindre regard.
_ T’es à gerber.
_ Va t’faire foutre sale gamin !
Ses insultes, il en avait rien à secouer. Sourcils froncés, il cherchait Kiara. Et Ronan il était où bordel ? Interrompant des discussions, il demandait aux gens s’ils avaient pas vu la blonde avec deux mecs mais personne ne semblait foutu de lui répondre et la tension monta soudain en lui. “Ah oui ils sont partis sur le sentier derrière je crois…”. Il pressa le pas en suivant la seule piste qu’il avait, les paroles d’un mec pas franchement clair mais il n’avait pas le choix.
Putain Macmillan, qu’est-ce que tu fous à suivre deux mecs dans la nuit dans une forêt… Si ça se trouve l’autre conne a raison.. tu veux juste t’envoyer en l’air avec deux inconnus pour te détendre. Perso, j’pense que j’en aurais envie à force de rester coincé toute la journée avec des gosses… Si je te surprends en train de prendre du bon temps, au moins ça me fera un moyen de pression le jour où tu me pèteras les couilles.
Il avançait dans l’obscurité sur le sentier. Quelques branchages lui barraient la route. L’un d’eux lui griffa le visage, une goutte sombre ruisselant sur sa joue. Cette soirée d’état était chaude et la lune était suspendue dans le ciel, frappant le lac de sa pâle lumière, éclairant les fourrées malgré la nuit. Grâce à elle, il n’avait pas besoin d’utiliser un quelconque Lumos et pouvait ainsi se déplacer avec facilité.
Un mouvement et des murmures attirèrent son attention. S’accroupissant, il se fit discret. Dans les deux cas, il valait mieux éviter qu’on le voit, pour des raisons évidentes. Dégageant sa vue d’une branche de frêne, ses prunelles azurées s’acérèrent sur la scène. Le plus grand tenait Kiara par les hanches et se penchait sur elle pour l’embrasser. Une œillade rapide sur elle fut suffisante pour comprendre qu’elle ne voulait pas qu’il la touche. Le second lui tournait autour et l’empêchait clairement de s’enfuir. Lorsqu’il posa les yeux sur son visage, il put y lire l’angoisse qui commençait à la saisir et la colère irradia ses tripes. L’irlandais était loin d’être parfait et sans doute pas toujours facile à vivre, mais qu’on puisse faire ça à une femme le révulsait viscéralement. Peut-être verrait-il les choses autrement s’il n’avait pas été élevé en partie par sa grande sœur… Dommage pour eux, ils ne le savaient pas encore mais leur petit plan dégueulasse allait bientôt tomber à l’eau.
La situation était en train de dégénérer quand ils attrapèrent Kiara à deux pour la serrer entre eux, le petit blond passant par-derrière en verrouillant les bras de la blonde dans son dos, laissant au grand rouquin tout le loisir de disposer d’elle. Au même instant, une bouteille vola des airs pour percuter de plein fouet la tête de celui qui la maintenait. Poussant un cri de douleur, il lâcha la Pouffsoufle en se penchant en avant. Aodhan n’attendit pas et enfonça son poing dans les reins du rouquin -celui qu’il avait évalué comme la plus grande menace- qui se redressa d’un coup, surpris par la douleur fulgurante. Le garçon se retrouva face à lui, banda tous les muscles de son corps et frappa de toutes ses forces dans son ventre à de multiples reprises comme on frappe dans un sac avant de finir par un coup de genou dans ses parties génitales -oui tout était permis dans les combats de rue, rien à foutre des coups bas. Son adversaire était costaud mais la surprise de l’attaque lui avait littéralement coupé le souffle et il tomba à genou, recroquevillé en poussant des cris plaintifs. Dhan n’eut pas le temps de savourer cette vision. Le petit blond derrière lui avait repris ses esprits et le retourna en un mouvement bref pour lui assener une droite fracassante. La douleur enflamma sa tête puis son corps entier et manqua de l’assommer. Le rouquin avait beau paraître dangereux, il avait mal évalué la situation… le mec plus fin paraissait moins menaçant mais ses coups étaient terribles. Avec un sourire mauvais aux lèvres, il frappa une nouvelle fois. Aodhan qui fut secoué par la charge violente et il sentit le sang chaud s’écouler de son nez et de sa bouche. Sa lèvre avait éclaté. Le blond l’attrapa par les cheveux pour le tirer en arrière et se pencher tout près de son visage. Dhan grogna de douleur mais ne quitta pas l’autre con des yeux.
_ Sale petite merde… T’as gâché mon plan cul… tu vas le regretter.
Ses paroles avaient beau être menaçantes, O’Brian ne put empêcher ses lèvres de s’étirer en un grand sourire. Lui ne voyait pas là la moindre mauvaise nouvelle et la décharge d’adrénaline dans ses veines était exceptionnelle et se mêlait dans son corps à une douleur brûlante qu’il accueillit avec plaisir. Cette sensation, c’était mieux que n’importe quelle foutue drogue. Avec toute l’insolence dont il était capable, il cracha à la gueule de l’autre connard un mélange de salive et de sang visqueux.
_ Putain ! S’écria-t-il, dégoûté.
Aodh saisit l’opportunité pour le frapper à son tour en plein visage. L’autre recula d’un pas sous le coup et la surprise mais se ressaisit vite. Fulminant, il attrapa la mâchoire du gamin entre ses doigts pour serrer fort. Le jeune irlandais referma ses dents sur l’un des doigts qui collait ses lèvres sanguinolantes, mordant son adversaire jusqu’à ce que le goût du sang dans sa bouche ne soit plus le sien. Un hurlement de douleur et de rage déchira l’air. Le gaillard percuta Aodhan dans l’abdomen une fois, puis une deuxième. Le corps de ce dernier semblait cette fois ne plus lui répondre… il ne pouvait que regarder le sol, sa vue était brouillée par la sueur et quelques mèches de cheveux. Merde… il venait sans doute de perdre ses vacances de Noël avec Sha.
CODAGE PAR AMATIS
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The hero is easy to be, you just don't like seeing yourself in me. Fine, I might be the enemy and maybe the villain is me () le chant des sirènes.
Kiara Dimitrova
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Jeu 27 Avr - 21:55
Une nouvelle vie t'attend Où le danger vient rôder Aodhan & Kiara, Irlande, Août 2018
Kiara n’était pas une très grande habituée des fêtes en tout genre. Déjà à Poudlard, elle faisait plutôt partie de ceux qui supervisaient et qui chapeautaient les différentes soirées plutôt que ceux qui y participaient. Peut-être parce qu’elle n’en ressentait pas le besoin, peut-être parce que l’enlèvement de Sélénya avait privé Kiara de son insouciance et de ses plus belles années. Elle ne ressentait pas le besoin de s’enivrer jusqu’au black-out comme certains étudiants appréciaient de le faire, elle ne ressentait pas non plus le besoin de faire la fête jusqu’à pas d’heures. Évidemment, comme beaucoup de jeunes de son âge, elle aimait la musique, elle aimait être en bonne compagnie et c’était surtout ces arguments-là qui la convainquaient de se rendre à ce type de soirée. Kiara était d’une nature assez confiante, assez sympathique et plutôt sociable malgré son air réservé. Elle ne refusait jamais une discussion même si elle n’était jamais la première à aller aux devants des gens. C’était là son problème et c’était bien pour cela qu’elle était collée contre cet arbre en attendant que Ronan daigne pointer le bout de son nez. Le connaissant, il était déjà entourée d’une ou de plusieurs autres jeunes filles avec qui Kiara pourrait aisément sympathiser une fois que celui-ci les lui aurait présenté. Mais pour le moment, Ronan n’était pas à l’heure -rien de bien étonnant en réalité, qui arrive à l’heure à ce type de soirée ?- d’ailleurs le quart d’heure de politesse était largement dépassé et Kiara se contentait donc de regarder autour d’elle, profitant du spectacle incroyable que leur offrait la nature. L’endroit était superbe et le soleil qui déclinait laissait derrière lui de magnifiques traces rougeoyantes dans le ciel encore légèrement bleuté. La forêt était tout aussi majestueuse et c’était un régal pour les yeux. Avalant une petite gorgée de sa bière, Kiara pensait à son futur retour à Poudlard, à Taz et Erin qui lui manquaient et aux nouvelles rencontres qu’elle ferait sûrement. L’avantage des études universitaires à Poudlard, c’était qu’il était possible de croiser d’autres élèves avec lesquels on avait pas eu l’habitude d’échanger lors des années collèges ou même de découvrir de nouvelles têtes venant d’autres horizons pour étudier dans cette nouvelle Université magique. Même implantée à Poudlard, elle était l’une des pionnières dans son genre donc elle attirait des étudiants des pays voisins. Cela rendait les échanges d’autant plus intéressants. Mais la rentrée était encore lointaine et pour le moment, Kiara se concentrait sur la recherche de son ami et collègue qui ne semblait pas du tout être dans les parages.
La voyant seule, quelques personnes l’accostèrent en leur proposant de se joindre à eux mais Kiara déclina à chaque fois. Elle était plutôt sociable, mais pas à ce point. C’était avec Ronan qu’elle voulait passer la soirée et non pas avec de parfaits inconnus. Alors elle patientait tranquillement : heureusement pour elle, elle n'était pas le genre de femme à s’ennuyer, trouvant de la beauté dans chacune des choses de la nature, appréciant regarder le brouhaha causé par les autres étudiants sans chercher à s’y mêler. Son attention fut dirigé vers deux garçons qui s’approchèrent d’elle avec un sourire plutôt sympathique accroché à leurs lèvres. Pas du tout méfiante pour un sou, Kiara leur adressa à son tour un sourire plus timide mais amical. Ils débutèrent la conversation en lui demandant simplement : « Salut ! Qu’est-ce que tu fais ici ? T’es toute seule ? » Kiara, ne voyant pas le problème posé par cette simple question, répondit : « J’attends des amis. » Ils commencèrent à lui parler de choses et d’autres et si Kiara ne se sentait pas totalement à l’aise d’être abordée par deux inconnus, elle répondit poliment pour faire la conversation en se disant qu’ils allaient partir d’eux-même et qu’ils étaient probablement -comme elle- dans l’attente de leurs autres amis. Ils firent quelques blagues à laquelle Kiara se força de rire mais un rire un peu nerveux, déjà parce que ce n’était pas son genre d’humour, mais aussi parce qu’elle ne voyait pas très bien où tout cela allait les mener. Un des deux garçons lui disait que sa tenue était vraiment très belle tout en touchant les parties découvertes de son corps et Kiara regretta immédiatement d’avoir osé mettre ces vêtements. Se sentant de plus ne plus mal à l’aise, Kiara contourna l’un des garçons et tenta de s’échapper : « Je vais aller retrouver mes amis, bonne soirée ! » Ce qu’elle ne savait pas, c’était qu’elle était tombée tout cuit dans la gueule du dragon, prêt à cracher des flemmes pour conserver sa proie. « On ne va quand même pas te laisser toute seule ! On va t’aider à les trouver. » dit le second alors que le sourire que Kiara essayait de leur offrir s’éteignait tandis que le piège se renfermait autour d’elle. « Non non, ce n’est pas la peine, ne vous en faites pas, je peux me débrouiller. » L’autre balaya sa phrase comme si c’était une futilité. « Mais si j’insiste. » Kiara ne sut pas quoi répondre et commença à marcher plus rapidement en dehors du sentier pour qu’ils cessent de l’importuner. Mais en faisant cela, non seulement elle s’éloignait de la fête mais aussi des autres personnes susceptibles de lui porter secours. La nuit les entourait comme un linceul et Kiara devenait de plus en plus nerveuse au fur et à mesure que les hommes devenaient insistants et collants. « Laissez-moi s’il-vous-plaît... » supplia-t-elle tandis que l’un d’entre eux posait sa main sur sa hanche pour la guider tandis que l’autre avait attrapé son bras, la rendant prisonnière de ce duo infernal. L’angoisse commençait à la tétaniser tandis qu’elle ne parvenait plus à bouger, plus à réagir et encore moins à se débattre. Son corps entier était devenu rigide alors que leurs mains sur elle se faisaient plus pressantes. Au détour d’un virage, un des garçons la poussa contre un arbre et bien qu’il faisait sombre, la lueur qu’elle perçut dans ses yeux la fit trembler de peur. Elle était faite comme un rat. Il continuait à poser ses mains sur elle et l’affolement se lisait aisément sur le visage de la jeune Poufsouffle, incapable de réagir. Lorsqu’il se pencha pour l’embrasser, un sursaut de lucidité l’envahit et elle tenta d’attraper sa baguette pour le mettre hors d’état de nuire mais l’autre qui les regardait d’un air malfaisant perçut son geste et lui attrapa les poignets pour éviter qu’elle ne bouge. Plus aucun son ne sortait de sa bouche, l’air même ne parvenait plus à pénétrer dans ses poumons tandis que son esprit semblait se déconnecter de la scène, incapable de supporter ce qui allait se produire. Elle tentait vainement de se débattre mais la force de leurs intentions surpassait de loin la sienne et Kiara sut qu’elle était perdue.
Alors qu’elle fermait les yeux pour ne pas être témoin de ce qu’il allait se produire, l’un d’eux hurla à la mort dans un fracas épouvantable, surprenant à la fois son acolyte mais aussi Kiara tandis qu’une ombre furtive et rapide se dessinait à quelques mètres. L’ombre commença à frapper l’agresseur de manière brutale mais Kiara n’allait certainement pas intervenir alors que celui-ci était en train de lui sauver la mise. Elle, d’habitude si raisonnée et si raisonnable, n’avait alors qu’une seule envie, qu’ils paient, qu’ils souffrent pour ce qu’ils avaient tenté de lui faire. Un coup dans les parties intimes le plaqua au sol et Kiara ne put s’empêcher de penser qu’il l’avait amplement mérité. Complètement déconnectée de la réalité, apporter son aide à l’inconnu ne lui venait même pas à l’esprit, preuve -s’il en fallait encore une- de l’incroyable détresse dans laquelle elle se trouvait. Mais si Kiara se trouvait dans l’incapacité de réagir, le blondinet, quant à lui, était prêt à défendre son copain mais aussi sa proie, son plan cul comme il venait d’appeler Kiara. Il bombardait le bon samaritain de ses coups et alors qu’il l’attrapait par les cheveux et que son visage était subitement éclairé par les rayons lunaires, Kiara le reconnut immédiatement O’Brian. Cette vision suffit à sortir Kiara de sa transe et elle attrapa enfin sa baguette tandis qu’Aodhan crachait à la figure de son adversaire, un geste purement provocateur mais elle le reconnaissait bien là… Peu importait en réalité. Elle pointa sa baguette sur le blond au moment même où il percutait Aodhan avec une violence inouïe : « Stupefix. » murmura-t-elle tandis que la lumière du sortilège inondait le sentier. Le garçon évita le sort avec une facilité déconcertante tandis qu’Aodhan gisait sur le sol. « Sale pute. » Il se retourna vers elle et fonça sur elle de manière virulente et la poussa avec force ; la surprise lui fit lâcher sa baguette tandis qu’il lui assignait un coup de poing dans l’estomac. Kiara se plia en deux sous la violence du choc et elle sentit sa rage se décupler. Il y avait quelque chose de différent par rapport à tout à l’heure. Aodhan était blessé, peut-être même gravement et elle ne supporterait jamais d’être responsable de ses blessures. Il fallait qu’elle se montre à la hauteur de l’acte de bravoure qu’il venait de faire pour elle. Sans réfléchir, mimant le Gryffondor, Kiara mit ses mains sur les épaules du garçon et de toutes ses forces, vint glisser son genou dans ses parties intimes afin de le mettre hors d’état de nuire.
Tandis qu’il la lâchait, en proie avec une douleur probablement indescriptible, Kiara ramassa sa baguette et l’immobilisa à l’aide d’un sortilège de stupefixion. Elle en fit de même avec le garçon roux, par précaution avant de se jeter sur Aodhan. « O’Brian… » La faible lueur émanant de sa baguette lui permit de constater les dégâts : le sang coulait de son visage par son nez et sa bouche, sa lèvre semblait fendue et son corps tout entier réclamait le repos. Ses yeux divaguait, probablement sous le choc de ce qu’il venait de se passer. « Ne bouge pas. » Elle posa sa main sur son bras et les fit transplaner jusqu’à la cabane du camp, habituellement réservée au personnel. Supportant avec courage le poids du Gryffondor qui devait sûrement peser le double de son poids, Kiara ouvrit la porte avec difficulté pile au moment où Ronan débarquait enfin. Elle installa Aodhan sur l’un des sièges avec l’aide de Ronan. « Putain mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?!» demanda-t-il alors qu’il tournait autour d’Aodhan comme un lion en cage, sortant la trousse de secours. Avec un calme des plus extrêmes, Kiara lui dit : « Ronan, il y a deux mecs sur le sentier est. Pas loin de la balise 52. » Kiara et Ronan connaissaient l’endroit comme le fond de leur poche de par leur travail. « C’est à cause d’eux tout ça. » Ne croyant pas nécessaire d’informer Ronan que c’était Aodhan qui avait débuté la bagarre de peur qu’il soit inquiété, Kiara ferma les yeux alors que Ronan s’apprêtait à foncer vers l’endroit. « Ronan. » Il se retourna immédiatement, le ton grave et solennel de la voix de la jeune Poufsouffle était suffisamment parlant pour qu’il daigne prêter toute son attention à sa camarade. Faiblement mais courageusement, elle murmura : « Ils ont essayé de… me toucher. » La mâchoire de Ronan se décrocha et il la referma immédiatement tandis qu’une lueur vengeresse se lisait sur son visage. « Je vais les trouver. » Elle acquiesça doucement et finit pas rouvrir les yeux ; elle connaissait Ronan, son sens de l’honneur mais aussi de la loyauté. Il faisait partie du camp depuis plus longtemps qu’elle et saurait quoi faire, elle n’était pas inquiète quant au sort des deux garçons. Ils allaient payer.
Soupirant doucement, se reconcentrant sur Aodhan, elle fit le constat rapide de ses blessures. Elle n’était pas une experte en médicomagie mais avait suivi des cours de premiers secours tout au long de sa scolarité et savait ce qu’il fallait faire dans ce genre de cas. Pour Aodhan, cela semblait ’’sans gravité’’ si on osait dire ça ainsi ; elle n’était pas certaine que cela nécessitait un aller-retour à l’hôpital. Elle préféra demander : « Tes blessures semblent superficielles mais on peut aller à l’hôpital si tu préfères te faire soigner par un médicomage. J’ai quelques notions de secourisme sinon. » Elle releva les yeux vers lui et croisa son regard. Elle et lui n’avaient jamais vraiment eu une relation très cordiale ; le Gryffondor lui donnait énormément de fil à retorde à Poudlard et elle lui collait des retenues tous les quatre matins et lui faisait perdre un nombre incalculable de points. « Pourquoi tu m’as aidé ? » fut la première phrase qu’elle prononça ensuite. Elle avait besoin de savoir. Tout ce qu’elle connaissait de lui était peut-être erroné après tout. Et que faisait-il ici ? Dans ce camp ? En Irlande ? Mille questions se mélangeaient dans son esprit tandis qu’elle sortait de quoi éponger le sang qui coulait toujours de ses blessures.
les doutes, les pleurs, la peur mais tout au fond là dans mon cœur, je sais, qu'un jour notre amour guidera nos pas, toujours. Si toi tu es près de moi, la nuit fera place au jour, tout s'éclairera puisque tu es là, l'amour nous guidera...
S’il vit la lumière du sortilège illuminer le sol et les feuillage, il ne parvint pas à dire s’il avait percuté la cible. Cela dit, le mec avait arrêté de le frapper… et ça c’était plutôt une bonne nouvelle, il n’allait certainement pas s’en plaindre… non ?
Dans son ventre brûlait un étrange mélange : une douleur cuisante mêlée à une indicible rage. Il avait perdu. Il avait été battu. Aodhan se battait souvent, très souvent. Que ce soit dans le cadre des sports de combat ou dans ses élans impulsifs et rageurs alors forcément il lui arrivait de perdre. Mais à chaque fois la sensation était la même : insupportable, cinglante, blessante… L'irlandais était plein d’orgueil et son côté compétiteur supportait mal l'échec. C'était à la fois sa force et sa faiblesse. Sa force parce qu'il était un adversaire coriace qui ne s'avouait jamais vaincu et sa faiblesse parce que tant que son corps tenait il se relevait toujours, jusqu'à se mettre franchement en danger.
Perdre n’était pas une option, quel que soit le combat, quel que soit le cas de figure, il était incapable de lâcher prise et de renoncer. Tant que son corps tenait, sa volonté restait inébranlable.
Alors il en était là, à genoux, les mains contre le sol meuble et mousseux de la forêt, tentant de reprendre son souffle. C'eut été pourtant une belle soirée. Il sentait la pâle et froide lumière de l'astre lunaire effleurer son visage et la douceur de l'air était terriblement agréable et malgré cela, chaque inspiration de cette douce brise lui donnait l'impression de le déchirer de l'intérieur.
Mais la rage est le meilleur anesthésiant et il en avait un paquet à revendre. C'était pas aujourd'hui qu'il abandonnerait. Cette voix, il la connaissait et elle venait de lui sauver la mise et putain c’était pire que la douleur qui iradiait ses tripes, infiniment pire. Il ne voulait pas de son aide. Il ne voulait de l'aide de personne. S’il avait pu ramper pour arracher la jugulaire de l’autre espèce de fils de pute, il l’aurait fait sans la moindre hésitation.
C'est alors qu'il entendit la voix de ce porc injurier la petite blonde. Bordel, elle l’avait loupé ! La situation s'envenimait et lui était là à quatre pattes comme un chien et il s'en voulait terriblement pour ça. Pas possible. Insupportable. Rien à foutre de tes problèmes. Pestait-il à l'attention de son corps meurtri. Son organisme n'avait qu'à se démerder pour supporter, tant qu'il obéissait.
Ses muscles et ses organes hurlaient à l'intérieur, comme s'il parvenait étrangement à percevoir leur cris d'alerte mais il les ignora. Les mains quittèrent le sol ainsi que l'un de ses genoux. Déjà une grande victoire. Il ne pouvait décemment pas rester sans rien faire car il avait perçu dans la voix de l'agresseur toute sa hargne. Il en avait pas terminé avec la Pouffy. Mais les chocs multiples contre son abdomen avaient été bien trop violents et les efforts qu’il fournissait pour combattre son propre corps à l’agonie manquèrent de lui faire perdre connaissance. Le goût qu'il avait dans la bouche lui était si familier. Le sang. Il cracha pour s'en débarrasser. Il allait avoir une sacrée migraine demain matin…
Lorsqu'il revint à la réalité, la Préfète venait de crier son nom. Ses yeux ouverts parvinrent enfin à percevoir son visage. Elle était agenouillée près de lui. Où était l'autre ? Merde, il avait loupé ce passage.
Kiara a écrit:
« Ne bouge pas. »
C'est-à-dire qu'il n'avait pas le choix… sinon il l'aurait très certainement envoyée chier en se dégageant de son étreinte. Le regard froncé, il se contenta de garder un silence imposé par son état et transplana aux côtés de Macmillan.
Transplaner provoquait un effet bizarre mais avec les entrailles en vrac c'était pas une sinécure. À l'arrivée, Kiara passa son bras sous ses épaules pour l'aider à marcher. Humiliation au taquet. Celle à qui il avait porté secours en était presque réduite à le porter. Si un des mecs du camp le voyait ce soir, il se foutrait certainement de sa gueule demain. A ses risques et périls. Il en avait fini de prendre des gants avec ces gamins et puis il n'avait plus rien à perdre.
Elle ouvrit la porte d'une des cabanes du camp pour l'y installer avec l'aide de Ronan qui venait d'arriver. Aodhan posa son regard sur le jeune homme. Il était fou, les nerfs à vif mais étrangement, pas contre Dhan comme il s'y était attendu. Il était en colère qu'on l'ai mis dans cet état et voulait savoir pourquoi. Le garçon se rembrunit et se tût pendant que les deux encadrants parlaient entre eux.
Kiara a écrit:
« Tes blessures semblent superficielles mais on peut aller à l’hôpital si tu préfères te faire soigner par un médicomage. J’ai quelques notions de secourisme sinon. »
_ Pas d'hôpital. S'empressa-t-il de répondre à la sang-pur. Ce qui serait pire pour lui c’est qu’on appelle Ciaran. Et s’il finissait à l’hosto, c’est clair qu’il en serait informé d’une façon ou d’une autre. Son tuteur n’était pas un tyran, loin de là, et Aodhan ne le craignait pas à proprement parler. Il avait peur de le décevoir, de lire dans ses yeux de la déception ou de la honte. Alors oui il lui tenait tête, mais il y avait des limites que le garçon ne voulait pas dépasser.
Prononcer ces simples mots lui rappela que sa lèvre inférieure était éclatée et l’élançait douloureusement. Il y passa la langue avant de lever les yeux sur Kiara.
_ Pas besoin de te prendre la tête pour moi. Fais ce que tu peux. Ça suffira. Le Gryffondor la regardait préparer son matériel pour le soigner. En général, lorsqu’il s’agissait de lui, Kiara nippait son minois d’un voile de mansuétude mélangée à une fermeté contrainte… ça avait le don de l’agacer au plus haut point. Cette fille semblait si gentille, si parfaite. Et lui, dans sans ses yeux, se voyait comme un sale gosse mal élevé qui lui faisait du tort et cette image qu’elle lui renvoyait de lui le foutait tellement en rogne...
Kiara a écrit:
« Pourquoi tu m’as aidé ? »
Sa question l’extirpa de ses pensées avec violence. Pourquoi ? Le contact de la compresse sur son visage tuméfié était si doux, frais et agréable qu’il en ferma les yeux un instant. A bien y repenser, il s’autorisait rarement des moments de douceur. Tout dans sa vie n’était que rébellion, résistance et conflit. Seule Saoirse l’entourait de douceur et d’un amour flagrant -même s’il avait conscience que Ciaran l’aimait bien sûr mais c’était la figure paternelle, celle contre laquelle il levait perpétuellement ses boucliers- et c’était la seule envers qui il n’hésitait pas à montrer son affection. Parce qu’entre eux, c'était sacré.
_ Qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ? Dit-il en fronçant légèrement ses sourcils. Ce geste si simple lui rappela que sa paupière elle aussi était douloureusement enflée.
Aucune autre réponse ne lui vint. Parce qu’ignorer ce qu’il avait vu c’était s’en vouloir à vie s’il s’était passé quelque chose. Parce qu’elle avait beau le faire chier, elle ne méritait pas qu’on lui fasse ça. Parce que cette simple idée le mettait dans une colère indescriptible.
A travers ses cheveux bruns tombés devant son visage, il observait de ses deux prunelles brûlantes d’une vie indocile celle qui s’affairait à éponger le sang de son visage. Il s’étonna de voir la sang-pur si… attentionnée. Il savait qu’elle était de nature douce et gentille mais ses frasques et son caractère de merde faisaient qu’il n’avait jamais attisé les meilleures côtés de la Pouffy. Était-elle inquiète pour lui ? C’était vraiment étrange. Pour une fois qu’elle lui lançait pas ce regard moralisateur… il trouvait ça plutôt pas désagréable.
_ J’ai vu leur manège… la façon dont ils te tournaient autour… Y repenser enflammait à nouveau les braises de sa furie et réveillait les blessures qui couvaient sous son t-shirt contre lequelle il plaça une main instinctivement, sans vraiment le vouloir. Putain Macmillan mais qu’est-ce qui t’a pris… On t’a jamais dit de ne pas suivre des inconnus dans une forêt ? Même à moi on me l’a déjà répété alors que je suis un mec. Tu mériterais que je t’enlève des points. Ajouta-t-il en levant un sourcil réprobateur et bien que c’était très certainement une blague, son visage abîmé qui gardait cet indubitable masque farouche semblait très sérieux.
_ Je dois avoir une de ces gueules… Avait-il lâché dans un soupire, pour lui-même mais à voix haute. Pas qu’avoir une tronche défoncée le dérangeait vraiment, il n’était pas du genre à s’attarder devant un miroir. Mais il en avait connu des soirées difficiles et il se demandait si celle-là pouvait entrer dans le top ten.
_ Est-ce que tu vas en parler à mon tuteur…? Ce fut le seul moment où O’Brian n’en menait pas large… mais il préférait savoir à quoi s’attendre tout de suite. Le regard d’un bleu brillant restait braqué sur elle, attendant la sentence.
CODAGE PAR AMATIS
I follow no rule that's my rule
The hero is easy to be, you just don't like seeing yourself in me. Fine, I might be the enemy and maybe the villain is me () le chant des sirènes.
Kiara Dimitrova
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IRL
Lumos Je rp en : goldenrod Mon allégeance : Ordre du Phénix
Lun 5 Juin - 17:10
Une nouvelle vie t'attend Où le danger vient rôder Aodhan & Kiara, Irlande, Août 2018
Chaque respiration semblait être la dernière. Entre les mains de ces hommes, Kiara se sentait piégée, emprisonnée et elle ne demandait qu’une seule chose, que cela s’arrête. Plus leurs doigts glissaient sur sa peau, plus elle se liquéfiait, incapable de bouger, incapable de réagir, incapable de se sauver seule. Elle n’était qu’une victime, une victime parmi tant d’autres et l’insouciance qu’elle avait encore pour ce monde venait de disparaître en un claquement de doigts. Le mal était partout, pas uniquement parmi les moldus qui avaient enlevé sa sœur cadette, il existait aussi chez les sorciers d’immondes et viles créatures qui ne vivaient que pour humilier et écraser les autres, voire même, leur voler ce qu’ils avaient de plus précieux… à savoir leur âme. Kiara ne parvenait plus à penser, ni même à trouver une solution à la situation dans laquelle elle était, incapable de considérer que cela pouvait lui arriver à elle. Son salut vint de l’extérieur et lorsqu’elle comprit qu’Aodhan O’Brian était en train de lui sauver la vie, elle reprit conscience. Il se battait pour elle alors même qu’ils n’avaient jamais entretenu un lien très amical -bien au contraire-, puisque Kiara avait été habituée à lui mener la vie dure à Poudlard suite à ses trop nombreuses bévues et autres conneries en lien avec son caractère plus qu’intrépide. Mais peut-être qu’aujourd’hui, c’était ce caractère intrépide qui était en train de lui sauver la mise alors lorsque Kiara put lui venir en aide, elle le fit sans se poser davantage de questions : un sortilège raté mais un coup dans les parties intimes bien porté plus loin, elle immobilisa les deux hommes avant de se ruer vers son sauveur. Sans attendre, elle les fit transplaner dans un lieu sûr, là où elle pourrait mieux appréhender la gravité de ses blessures. La logique aurait été d’aller directement à l’hôpital sorcier, mais ils étaient en Irlande et Kiara n’était pas certaine de sa localisation ; transplaner jusqu’en Angleterre était trop risqué donc elle se contenta de ce qu’elle connaissait ; une des cabanes du camp réservé au personnel était équipé comme un poste de secours et c’était ce qui se rapprochait le plus d’une infirmerie.
L’arrivée de Ronan fut salutaire puisqu’il l’aida à déplacer Aodhan qui était bien lourd pour les épaules frêles de la Poufsouffle. Après que Kiara l’ait informé de la situation, celui-ci s’évapora rapidement et le connaissant, les deux hommes qui venaient de s’en prendre à Kiara ne s’en tireraient pas comme ça. Ronan était un homme d’honneur et celui de Kiara venait d’être bafoué alors elle savait fort bien qu’il allait faire ce qui devait être fait. Étrangement, les conséquences que pourraient avoir la colère de Ronan lui étaient soudainement bien égales. Qu’ils payent lui semblait logique, même pour une femme comme elle, elle qui avait le pardon facile. Elle était néanmoins beaucoup trop sous le choc pour penser de manière raisonnable et raisonnée donc elle réfléchissait encore sous l’effet du contre-coup. Et pour le moment, l’adrénaline causée par la bagarre l’empêchait de revivre la situation en boucle. En plus de cela, même si les blessures d’Aodhan étaient superficielles, il était plus qu’urgent de s’y pencher afin de ne pas risquer une infection ou d’autres réjouissances du même genre. Si Kiara avait quelques notions de secourisme, elle n’était pas non plus une experte en la matière et elle préféra lui proposer d’entrée de jeu de l’emmener dans un endroit plus propice à ce type de soin mais immédiatement, Aodhan refusa. La manière dont il lui répondit fit relever les yeux de la jeune femme afin de sonder son regard. Était-ce de la fierté mal placée ? Ou bien de l’excès de confiance envers les compétences de Kiara ? Quoi qu’il en soit, Kiara respecta son choix et attrapa la trousse à pharmacie tout en inspectant les blessures de son camarade pour parer au plus pressé. « Je te promets de faire de mon mieux. Si tu as mal, tu me le dis. » Elle connaissait les Gryffondor et leur tempérament, elle n’avait guère envie d’aggraver quoi que ce soit.
Alors qu’elle commençait à soigner ses blessures, elle lui demanda humblement pourquoi il était intervenu. Il aurait très bien pu… quoi ? Passer son chemin ? Aller chercher un responsable ? Lancer des sortilèges pour les neutraliser ? Non, Aodhan avait choisi de se lancer corps et âme dans une violente bagarre alors même qu’ils ne se connaissaient peu et uniquement sous le prisme d’une relation de préfète à fauteur de trouble… Ils n’avaient jamais parlé, ils n’avaient jamais échangé véritablement ; elle s’était toujours contentée de le coller pour ses bêtises et de le rappeler à l’ordre pour d’autres âneries. Alors pourquoi ? Sa réponse vint rapidement. Qu’aurait-il pu faire d’autres ? Kiara se mordit la lèvre et lâcha un soupire ; à vrai dire, il avait raison. Intervenir était probablement la réponse la plus adaptée à la situation. « Je ne sais pas. » murmura Kiara tandis qu’elle continuait de débarbouiller délicatement son visage, tamponnant sur les blessures de son front, de ses paupières, de ses lèvres. Le silence s’installa doucement. Il n’y avait rien d’autres à dire de toute façon, rien d’autres à exprimer. Kiara fit mine de se concentrer sur les blessures du Gryffondor et elle s’y attelait avec une minutie déconcertante, comme si elle souhaitait se focaliser sur ça pour ne pas penser à ce qui venait de se passer. Et lorsqu’Aodhan reprit la parole, un frisson fit trembler tout son corps et son geste ne fut plus aussi sûr. Les tressaillements de ses doigts en disaient longs sur ce qu’elle ressentait et elle ne put rien ajouter, les lèvres pincées, les yeux semi-brillants, s’empêchant de verser la moindre larme. Tentant de maîtriser ses émotions, Kiara souffla fortement tandis qu’elle avouait, à demi-mots, déconcertée : « J’ai essayé. » Sa voix était chevrotante, faible. C’était presque un murmure. « Ils... » Elle tentait de maîtriser ses tremblements et refusait clairement de croiser le regard de l’irlandais. « Ils ne m’ont pas laissé le choix. J’ai essayé de me dérober mais ils m’ont attrapé et… » La suite, il la connaissait fort bien donc Kiara ne crut pas nécessaire de poursuivre.
Alors qu’Aodhan se plaignait pour sa figure, Kiara sauta sur l’occasion pour tenter de changer de sujet. « Moi je trouve que ça te donne un petit côté aventurier. » Un maigre sourire s’installa sur son visage tandis qu’elle ajoutait : « Tu t’en sors mieux que les deux autres. » Cela allait sans dire, elle n’était pas certaine que Ronan saurait se contrôler. « Je vais faire de mon mieux pour que tu restes séduisant, ne t’en fais pas. » Ce n’était certainement pas quelques bleus et quelques éraflures qui entacheraient sa beauté… « Je te pensais pas si superficiel. » dit-elle en souriant davantage, un ton légèrement moqueur dans sa voix, pour signifier que c’était une boutade. Ce n’était pas vraiment le genre d’Aodhan de se préoccuper de ça. Elle le connaissait peu mais ce n’était pas la première ni la dernière qu’il exhiberait quelques blessures. Peut-être même que cela pouvait attirer la compassion d’autres personnes. En tout cas, c’était le cas de Kiara qui se sentait absolument redevable pour tout ce qu’il venait de faire pour elle. Après tout… Il l’avait sauvé.
Cherchant un moyen de lui témoigner sa gratitude sans se laisser porter par ses émotions qui lui intimaient de pleurer de tout son soul, Kiara fronça les sourcils lorsqu’il lui demanda si elle comptait en informer son tuteur. Elle croisa son regard et répéta : « Ton tuteur ? » Elle ne connaissait rien de lui, ou du moins elle ne le connaissait pas assez pour en savoir davantage sur sa situation familiale. Ses yeux bleus la fixaient avec une intensité démesurée et elle comprit qu’il y avait là un enjeu qui la dépassait et qu’elle ne maîtrisait pas. Néanmoins, Aodhan était mineur et dans d’autres circonstances, dans d’autres conditions, informer son représentant légal aurait été normal. Mais la soudaine loyauté qu’elle ressentait pour lui l’empêchait de suivre les règles imposées par le camp : « Je ne ferai pas ça Aodhan. Pas si tu n’en as pas envie. » Il y avait plusieurs raisons à cela, des raisons qu’elle savait qu’elle devrait lui exposer afin qu’il comprenne pourquoi elle refusait d’en parler à son tuteur, elle qui, à Poudlard, respectait pourtant le règlement à la lettre. « Ce genre d’incident » -Kiara réfréna une brusque envie de vomir en s’entendant parler d’une tentative de viol comme étant un incident- « fait normalement partie d’une procédure spécifique à suivre où il faudrait informer ton représentant légal… » Elle marqua une pause avant de continuer : « Mais aussi les miens. » Elle ferma les yeux quelques instants. Parler de ça à voix haute la rendait malade mais Kiara devait aussi penser aux autres et pas qu’à elle-même. « J’ai pas envie d’infliger ça à mes parents, pas après les deux ans qu’on vient de passer. » Elle parlait à demi-mots de l’enlèvement de Sélénya, sans savoir si Aodhan savait explicitement de quoi elle parlait mais cela n’avait pas grande importance. Elle conclut : « Ronan ne dira rien si je lui demande. Je garderai ton secret si tu gardes le mien. » En plus de ne pas vouloir inquiéter ses parents, elle avait honte. C’était une autre histoire mais elle préférait vraiment que cela reste entre eux, ce qu’elle lui expliqua. « Tout ça peut rester entre nous. » C’était la solution qu’elle lui proposait. En ayant terminé avec son visage, elle demanda ensuite : « Tu peux enlever ton tee-shirt que je puisse continuer ? »
les doutes, les pleurs, la peur mais tout au fond là dans mon cœur, je sais, qu'un jour notre amour guidera nos pas, toujours. Si toi tu es près de moi, la nuit fera place au jour, tout s'éclairera puisque tu es là, l'amour nous guidera...
Il sentit les doigts de la Poufsouffle trembler tandis qu’elle soignait son visage, tamponnant doucement ses plaies. Alors qu’il lançait sur elle un regard plus dur qu’il ne l’aurait dû, il l’observa sans vibrer. Il voulait qu’elle s’en veuille, il voulait qu’elle réalise l’imprudence dont elle avait fait preuve. Il réalisa soudain son erreur. La Pouffy venait d’échapper à un viol et lui venait juste de lui balancer que c’était de sa faute à elle. Putain… A cet instant, ses lèvres se pincèrent. La voix de Kiara n’était pas loin de se briser et il se sentait vraiment comme un con. Il avait l’impression de se trouver dans une conversation de quartier à Dublin avec les bonhommes qui estimaient que les filles devaient la fermer, rester dans la cuisine et élever les gamins. Lorsque l’une d’entre elle se faisait violer, la majorité estimait qu’on devait le cacher et qu’elle l’avait provoqué d’une façon ou d’une autre. Ce genre de discours lui filait envie de vomir et maintenant, il avait du mal à croire qu’il venait de prononcer ces mots…
Kiara a écrit:
« Ils ne m’ont pas laissé le choix. J’ai essayé de me dérober mais ils m’ont attrapé et… »
_ Arrête… Lâcha-t-il entre ses dents serrées. S’il connaissait la suite, il ne voulait pas l’entendre. Ce n’était pas là un manque de courage, mais bien la crainte que la colère ne s’empare de lui définitivement et le fasse se tirer d’ici pour rejoindre la forêt où les deux connards devaient encore se trouver pour les frapper jusqu’à ce que mort s’en suive.
_ J’aurai jamais dû dire ça. J’ai parlé comme le dernier des cons. Ce qui s’est passé n’est pas ta faute. T’y es pour rien Macmillan t’entends ? Ces deux gars mériteraient qu’on leur coupe les couilles. Il fronça subrepticement ses sourcils. Qu’est-ce qu’il l’empêchait de le faire après tout ? Il devait y réfléchir mais s’il les croisait à nouveau, il n’hésiterait pas un seul instant.
Kiara a écrit:
« Moi je trouve que ça te donne un petit côté aventurier. »
Il s’était perdu dans un désir violent de vengeance et c’est la voix de la jeune fille qui le ramena à l’instant présent. Silencieusement, il l’observait s’appliquer à panser ses blessures.
Kiara a écrit:
« Tu t’en sors mieux que les deux autres. »
« Je vais faire de mon mieux pour que tu restes séduisant, ne t’en fais pas. »
Son œil commençait à enfler sévèrement, tant qu’il était presque clos, n’en laissant plus qu’un réellement valide. Il sentait le sang y pulser et le pincement grandir. Pourtant, ce seul œil au bleu encore visible resta braqué sur la Préfète. Est-ce qu’elle se foutait de lui ? A l’instar de sa réaction face à la fille du bord du lac, il ne savait pas comment prendre ce genre de parole. En temps normal, il l’aurait balayé d’un revers, l’aurait ignoré, mais pas cette fois. Étrangement, venant d’elle, et à ce moment précis, de tels mots lui procuraient plus de plaisir qu’il n’aurait voulu l’avouer. Son cœur se mit soudain à battre plus fort et il sentait une chaleur indéfinissable monter de sa poitrine, progresser à son cou jusqu’à sa tête et putain que ça faisait mal… Fronçant ses sourcils, il baissa la tête, le bout de ses doigts se posant sur son front endolori.
_ Ahw…. Se plaignit-il dans un murmure. Il regretta presque immédiatement son geste d’ailleurs.
Kiara a écrit:
« Je te pensais pas si superficiel. »
_ Ca va… grogna-t-il en réponse à sa boutade. Cette fois, il préféra éviter de la regarder et laissa son œillade s’égarer sur le côté.
Lorsqu’il montra son inquiétude quant à Ciaran, Kiara se montra particulièrement compréhensive… même trop. Il n’avait pas pensé que si elle gardait le secret pour lui, elle devrait le faire pour elle également.
Kiara a écrit:
« Je ne ferai pas ça Aodhan. Pas si tu n’en as pas envie. »
Comme si un poids venait de lui être retiré, il s’autorisa soudain à respirer davantage, plus largement, plus profondément malgré la douleur qui coupa son corps en deux et la grimace que cela le força à dessiner sur son visage abîmé.
Kiara a écrit:
« Ce genre d’incident »
« fait normalement partie d’une procédure spécifique à suivre où il faudrait informer ton représentant légal… »
« Mais aussi les miens. »
Aodhan releva les yeux sur Kiara, fouillant dans les siens. Il la connaissait si peu… il avait toujours été si prompt à la juger et à mépriser ses manières et tout ce qui se dégageait d’elle qu’il avait un peu de mal aujourd’hui d’être confronté de plein fouet à sa vulnérabilité.
Kiara a écrit:
« J’ai pas envie d’infliger ça à mes parents, pas après les deux ans qu’on vient de passer. »
Il avait entendu des bruits de couloir sur elle et surtout sa sœur, mais il n’y avait jamais fait vraiment attention et maintenant il se disait que ça lui aurait peut-être été utile pour comprendre de quoi elle voulait parler. Il préféra ne rien relever pour l’instant.
Kiara a écrit:
« Ronan ne dira rien si je lui demande. Je garderai ton secret si tu gardes le mien. »
« Tout ça peut rester entre nous. »
L’idée que ces deux violeurs ne soient pas jugés et salis sur la place publique le rendait dingue… Il voulut d’abord s’insurger. C’était pas un incident, c’était une tentative de viol et ils devaient être punis pour ça. Mais… tout révéler cela voulait dire que Ciaran serait au courant de sa désertion et Dhan savait qu’il n’échapperait pas à la sentence, qu’il eut sauvé Kiara n’entrerait pas en ligne de compte.
_ Ne garde pas ça secret pour moi. Finalement, une punition en plus ou en moins… je ne verrai pas la différence. Au grand désespoir de son parrain, c’était vrai.
Lui demander de se taire pour lui était inenvisageable et il avait de nombreux défaut mais l’égoïsme n’en faisait pas partie.
Kiara a écrit:
« Tu peux enlever ton tee-shirt que je puisse continuer ? »
O’Brian n’avait jamais été pudique pour un sous, alors pourquoi cette demande lui fit-elle l’effet d’une baffe en pleine tronche ? Il ne s’y attendait pas, c’est clair, mais ça ne s’arrêtait pas là. Une partie de lui-même était mal à l’aise à l’idée de se déshabiller devant elle… Putain c’est quoi ce bordel ! Ca y est, tout ça commençait à lui taper sur les nerfs. Et par tout ça il entendait “lui-même” et ses putains de manières de vierge à la con. Il regardait ailleurs tentant de dissimuler son malaise. Ne pas accéder à sa demande serait peut-être étrange. Il n’avait aucune raison de ne pas le faire. Aucune.
Aller. Il avait sans doute pris un mauvais coup. Sa tête lui faisait foutrement mal fallait dire. Après une brève hésitation -parce que tout ça se joua dans sa tête à une vitesse prodigieuse- il se redressa et attrapa son t-shirt pour le soulever. Ce geste, banal, lui arracha un nouveau grognement de douleur.
_ Humpf… Ca, il n’avait pas pu le retenir. Et encore, il savait maîtriser sa douleur. Il laissa son t-shirt blanc souillé de sang retomber au sol. Les contusions légèrement rougies se dessinaient au niveau de ses côtes, auréolant ses muscles développés. Bientôt, de larges tâches bleutées seraient visibles.
Si elle regardait de plus près, plusieurs cicatrices sillonnaient déjà sa peau imberbe, témoignant d’anciennes blessures infligées par des objets indéfinissables. Parfois il s’agissait de lézardes, parfois de cicatrices plus ponctuelles, comme si on lui avait planté quelque chose dans la chair. Si son corps donnait l’impression d’avoir été rudoyé et ce malgré son jeune âge, aucune faiblesse ne s’en exhalait.
Le simple fait de s’installer un peu mieux sur le matelas sur lequel il était installé lui donnait l’impression qu’on enfilait des poignards entre ses côtes. Elles étaient certainement fêlées. Il en aurait pour un ou deux jours avec des soins magiques mais sans ça allait durer des semaines.
_ J’ai plus de père… ni de mère. C’est mon parrain qui nous a élevé ma soeur et moi. C’est lui mon tuteur. C’est quelqu’un de bien… mais je lui en fais voir…y parait… du coup si je fais un pas de travers, il me loupe pas.
Kiara avait soulevé ce point tout à l’heure lorsqu’il lui avait demandé si elle comptait en informer son autorité légale. Finalement, il se laissa aller à cette confidence. Ca n’était pas un secret après tout et il n’avait pas honte de cette situation.
_ Quand tu parlais tout à l’heure de ta famille… Il s’agit de ta sœur c’est ça ? Je crois en avoir entendu parler… Qu’est-ce qui s’est passé ? Aodhan manquait de tact et de finesse, c’était indéniable. Mais puisqu’elle avait commencé à en parler en premier… et puis ça lui permettait de focaliser l’attention sur ce qu’elle allait dire et pas sur ce qu’elle faisait. Du moins, il s’évertuait à ne penser qu’à ça…
CODAGE PAR AMATIS
I follow no rule that's my rule
The hero is easy to be, you just don't like seeing yourself in me. Fine, I might be the enemy and maybe the villain is me () le chant des sirènes.
Kiara Dimitrova
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IRL
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Mar 11 Juil - 23:39
Une nouvelle vie t'attend Où le danger vient rôder Aodhan & Kiara, Irlande, Août 2018
L’imprudence… Kiara avait-elle été imprudente ? Avait-elle envoyé les mauvais signaux ? Était-elle une allumeuse habillée ainsi ? S’était-elle mise toute seule dans cette situation ? Persuadée qu’elle ne risquerait jamais rien dans un endroit empli de sorciers, Kiara avait oublié que la malveillance était partout et n’était pas uniquement le lot des extrémistes. L’enlèvement de Sélénya ne lui avait pas servi de leçons et elle avait bien failli apporter de nouveau le malheur sur sa famille. Serrant les dents, la gorge nouée, la jeune Poufsouffle tentait vainement de se remettre de l’attaque, alors participer aux soins du jeune Gryffondor lui permettait de se concentrer sur quelque chose de concret. Cela paraissait plus simple ainsi, occulter ce qu’elle avait vécu et occulter ce qui avait bien failli se passer. Lorsqu’Aodhan ajouta qu’il n’aurait jamais du parler ainsi, elle releva courageusement les yeux vers lui. Rien n’était de sa faute, à ce qu’il disait. « Je… » Que pouvait-elle dire à cela ? « Merci de me dire ça. » Ce furent les seuls mots qui sortirent de sa bouche alors qu’elle tentait péniblement de reprendre sa respiration. Elle entreprit quelques exercices de respiration en inspirant et expirant à plusieurs reprises. Elle devait se maîtriser, elle devait se contrôler, par décence pour lui qui venait de la sauver… Elle ne pouvait pas se permettre de flancher. Alors Kiara fit ce qu’elle savait faire de mieux, elle se mit en mode pilote automatique : soigner Aodhan lui permettait de ne pas trop penser au reste. Elle s’essaya même à l’humour, expliquant au Gryffondor que ses blessures augmentaient sensiblement son capital séduction même si pour le moment, il n’y avait rien de séduisant dans ses plaies et autres boursouflures. C’était surtout son œil qui inquiétait Kiara même si elle pensait qu’il n’était pas sévèrement touché, il était tout de même sacrément enflé. Tentant de faire le mieux en désinfectant les plaies et en appliquant quelques onguents pour soulager la douleur, Kiara ne remarqua même pas que le regard que l’oeil valide d’Aodhan lui jetait.
Concentrée, elle leva néanmoins les yeux vers lui lorsqu’il s’inquiéta du potentiel rapport qu’elle pourrait effectuer auprès de son tuteur. Si Kiara était du genre à respecter à la lettre le règlement de l’école quand elle était à Poudlard (son rôle de préfète y était également pour beaucoup), ici, la donne était différente. Les actes d’Aodhan auraient très bien pu faire l’objet d’un signalement d’évènements indésirables et elle aurait normalement dû en référer à son supérieur. Mais parce qu’il y avait bel et bien un mais, elle savait que le chef d’équipe qui dirigeait les encadrants aimait aller au fond des choses et de nombreuses questions seraient alors posées. Où s’était passé l’incident ? Quelles étaient les personnes impliquées ? Quel était le motif de la bagarre ? Bref, un tas de questions auquel Kiara n’avait absolument aucune envie de répondre et pour cause, elle était étroitement mêlée à cette affaire. Que cette histoire reste secrète était nécessaire, voire vitale pour elle. Mais pas uniquement pour elle, apparemment, puisqu’Aodhan semblait s’inquiéter de ce qu’elle pourrait bien dévoiler à son tuteur. Elle le rassura immédiatement, elle ne le mettrait pas dans une situation embarrassante, encore moins à cause d’elle, ce serait injuste. S’il sembla être soulagé, Kiara l’était également. S’ils consentaient à garder cela pour eux, cela serait bien plus facile, ce qu’elle tenta de lui expliquer, à demi-mots. Toute l’école savait pour Sélénya, cela n’était pas un secret. Par ailleurs, Kiara avait été absente des bancs de l’école pendant presque deux ans et une autre préfète-en-chef avait même été désigné à sa place. Sentant le regard du jeune homme sur elle, elle tourna la tête vers lui tandis qu’il la scrutait avec une attention bien particulière. Se pourrait-il qu’il se rendait soudainement compte qu’elle n’était pas que l’image de jeune femme parfaite qu’elle tentait de montrer au monde ? Kiara était ce qu’on pouvait appeler une élève des plus prévisibles, toujours là où on l’attendait, d’une humeur égale, qui ne faisait jamais de vagues. Alors forcément, lorsqu’elle laissait échapper un soupçon d’imprévisibilité et de vulnérabilité, cela pouvait surprendre. Toutefois, ce qui était également des plus surprenants, c’était le revirement de situation d’Aodhan qui venait soudainement de changer d’avis. Comprenant aisément où était l’intention derrière cette demande, Kiara ne put empêcher un faible sourire de s’installer sur ses lèvres : « Ne t’inquiète pas. Je connais Ronan, ça ne va pas rester impuni. » Ronan avait ses défauts mais sur ses aspects, il était aussi chevaleresque que le Gryffondor. « Et je n’ai pas envie que tu sois sanctionné pour m’avoir aidé. Ce serait injuste. » rajouta-t-elle. Après tout, il était intervenu avant tout pour la secourir et n’avait jamais eu l’intention de déclencher de lui-même une bagarre…
Ayant terminé les soins sur son visage, prête à panser les plaies qui se dissimulaient sous ses vêtements, Kiara lui demanda de retirer son tee-shirt, ce qu’il fit quasi immédiatement. La jeune Poufsouffle se mordit la lèvre en le voyant grimacer de douleur. Dire que tout cela était de sa faute. « Je suis désolée. » Sentant que cette phrase pouvait ne pas être comprise, elle ajouta dans un murmure : « Que tu doives endurer ça par ma faute. » La culpabilité la rongeait soudainement maintenant qu’elle prenait la mesure de l’intensité de ses bleus et autres blessures. Même si tout apparaissait superficiel et ne nécessitant pas des soins dans un hôpital, Kiara souffrait de le voir ainsi et elle détourna les yeux quelques instants pour ne pas laisser l’émotion l’envahir. Se ressaisissant, elle soupira doucement, reprenant une grande bouffée d’air afin de continuer les soins. Tentant de dissimuler la honte qui l’accablait, elle se concentrait sur sa tâche mais ce qu’elle vit sur sa peau la fit se raidir. Des stigmates de blessures passées se dessinaient sur sa peau sans qu’elle n’en comprenne l’origine. Aodhan n’avait pas eu une vie facile, à en croire ses cicatrices. Lorsqu’il reprit la parole, évoquant son enfance d’orphelin, le cœur de Kiara se serra, incapable d’imaginer sa vie sans ses parents qu’elle chérissait tant. Il n’avait plus que sa sœur et son tuteur, le même à qui il voulait dissimuler les frasques dont il se rendait coupable. « J'ai de la peine pour toi. » furent les premiers mots qui s’échappèrent de sa bouche, prononcés dans un murmure, comme si elle ne souhaitait pas raviver la souffrance qu’il éprouvait probablement. La famille, c’était tout pour Kiara ; elle ne pouvait imaginer un seul instant en être séparé. Perdre Sélénya avait été l’épreuve la plus difficile que les Macmillan avaient du vivre ; le traumatisme de sa disparition était encore latent ; alors elle comprenait -un peu- ce qu’il pouvait bien ressentir.
Ainsi Aodhan avait été élevé par son parrain. L’homme paraissait suffisamment intimidant pour que le Gryffondor le tienne en respect et soit inquiet de ce qui pourrait bien lui arriver si jamais il venait à découvrir qu’il s’était bagarré. Kiara ne comprendrait jamais l’éducation par la peur et la maltraitance même si elle se garda de faire le moindre commentaire, se contentant de pincer les lèvres ce qui marquait sa désapprobation. Elle garda le silence quelques instants mais ne put s’empêcher de demander : « Il est dur avec toi ? » Elle connaissait Aodhan uniquement par le prisme de l’étudiant fantasque qui refusait de suivre le règlement à Poudlard mais elle ignorait tout de ce qu’il était capable de faire en dehors de l’école. Les punitions étaient-elles à la hauteur de la transgression ? Elle l’ignorait. « Il n’y a pas qu’à Poudlard que tu fais des conneries ? » demanda-t-elle en se détournant pour attraper un tabouret qu’elle approcha de son patient. S’attaquant véritablement aux blessures sur son torse, Kiara avait le nez sur les hématomes du jeune homme et elle effleurait avec délicatesse les plaies afin de désinfecter ; elle n’avait pas envie qu’il soit douloureux. « Tu me le dis si c’est trop pénible. »
Alors qu’elle réfléchissait à la meilleure manière de soigner une blessure un peu plus ouverte, se demandant s’il ne fallait pas un point de suture, elle releva brusquement la tête lorsqu’il posa une question sur ce qui était arrivé à Sélénya. Le silence s’installa tandis qu’elle ignorait comment répondre à cela. C’était il y a trois ans et pourtant, c’était toujours à vif dans son esprit. Elle se rappelait comme si c’était hier de ce qu’on lui avait dit, du visage grave de son père et des larmes de sa mère. Elle se souvenait avoir eu le souffle coupé tandis que la culpabilité l’avait envahi. C’était elle l’aînée, c’était elle la grande sœur. Protéger sa cadette était son devoir et Kiara ne s’était jamais totalement remise de l’enlèvement, occultant cette journée à jamais gravée dans son esprit comme étant la pire de sa vie. « Le Blood Circle l’a enlevé il y a trois ans. » Elle annonça ça comme si elle parlait de la météo alors que ses mouvements étaient soudainement devenus bien raides et que son corps tout entier ne bougeait plus.« Cela a duré deux ans. Deux ans d’enfer. » Elle soupira doucement, espérant ne pas faire remonter davantage de souvenirs à la surface. « Deux ans à se demander où elle était, si elle était… » Morte. Le mot mourut sur ses lèvres mais elle était persuadée qu’Aodhan avait parfaitement compris ce qu’elle essayait de dire. « J’ai vécu les pires moments de ma vie. Plus rien n’avait de sens, plus rien ne comptait. Ma mère était aux abonnées absents, mon père se tuait au travail pour la retrouver, mon frère Caelum était en dépression et moi… » Comment s’était-elle sentie ? Comment avait-elle réussi à surmonter tout cela ? « Je n’étais que l’ombre de moi-même. Nos vies se sont arrêtées ce jour-là. » Kiara laissa à Aodhan le temps d’assimiler les informations qu’elle donnait avant de continuer : « Il m’a fallu du temps pour me reconstruire, pour ne plus être uniquement la fille dont la sœur avait été enlevée. Pour redevenir moi-même. » Elle soupira doucement et ajouta : « Parfois j’ai l’impression que j’essaye encore. » C’était encore si frais, si récent. Si Sélénya allait mieux physiquement, son psychisme n’était pas encore guéri de tout ce qu’elle avait vécu, et le pourrait-il un jour ? Le traumatisme était des plus ignobles. « Tu comprends mieux pourquoi je veux épargner tout ça à mes parents ? » Un soupire s’échappa de ses lèvres et elle tenta de rationaliser : « Cela n’en vaut vraiment pas la peine, c’est vraiment rien. » Alors qu’elle prononçait ces mots, tout remonta à la surface. Leurs mains sur sa peau, leurs odeurs auprès d’elle, les mots qu’ils lui avaient lâché et elle commença à trembler, en proie à la panique. Elle ferma les yeux, cherchant comment se calmer.
les doutes, les pleurs, la peur mais tout au fond là dans mon cœur, je sais, qu'un jour notre amour guidera nos pas, toujours. Si toi tu es près de moi, la nuit fera place au jour, tout s'éclairera puisque tu es là, l'amour nous guidera...
Lorsqu’il évoqua la possibilité qu’il ait des ennuis pour l’événement qui venait de se dérouler, Kiara lui répondit qu’elle n’avait pas envie qu’il soit sanctionné, que ce serait injuste. Elle n’avait pas tort, d’une certaine manière… Mais cela n’avait finalement pas vraiment d’importance. Le monde n’était pas toujours juste, il ne l’était même foutrement jamais.
Kiara a écrit:
« Je suis désolée. » « Que tu doives endurer ça par ma faute. »
Plus il la regardait, plus il sentait son ventre se tordre et il n’arrivait pas à comprendre pourquoi. Sa voix, à peine audible, si fragile qu’elle donnait l’impression de pouvoir se briser, le remua. Mais il n’en montra rien, ou s’évertua à n’en rien montrer. Il fit claquer sa langue contre son palais, assez fort pour qu’elle n’ait aucun moyen de ne pas le remarquer.
_ Qu’est-ce que j’ai dit ? T’as le droit d’être désolée que j’me sois fait péter la gueule, mais t’as pas le droit de dire que c’était ta faute. Sérieux Macmillan je dois te l’dire dans quelle langue ? Enlève-toi ça du crâne.
Son ton s’était durci, trahissant son agacement soudain. Tout ça était encore trop frais pour que ça ne le touche plus. Son sang était encore blindé d’adrénaline et dans ces moments-là, non seulement il n’avait plus une once de patience mais en plus il était réellement capable de n’importe quoi. Il attrapa sa main, la forçant à arrêter ses soins, la forçant à le regarder.
_ Répète-le. La jeune fille semblant interloquée, il précisa. Je veux t’entendre dire que c’était pas ta faute. Allez !
Bien qu’il ne serrât pas sa main assez fort pour lui faire le moindre mal, sa poigne sur elle était ferme. Mais son geste fut bref car il relâcha rapidement son emprise, regardant soudainement ailleurs. C’était finalement pas une bonne idée de l’avoir touchée et il s’en était rendu compte trop tard. Il ferma un instant son œil valide en s’injuriant intérieurement, poussant un soupir d’agacement. Pourquoi tout était devenu si compliqué ?
Kiara se reconcentra sur ses plaies et cela l’arrangeait bien… pour le moment.
Kiara a écrit:
« J'ai de la peine pour toi. »
A cette phrase, il se redressa vivement, ancrant son regard cérulé blessé sur la jeune Poufsouffle. Froncer ses sourcils lui arracha une nouvelle grimace car son œil boursouflé supporta mal d’être ainsi sollicité mais il ignora cette énième épine.
_ C’est tout ce que je t’inspire ? De la peine … ? Il n’avait pas su contrôler sa langue, s’empêcher de parler, un peu comme d’habitude. Il n’avait pas su non plus retenir le ton acerbe de sa voix. Ce qu’elle venait de dire ne l’insurgeait pas… cela le blessait. Inspirer la pitié c’était une putain d’insulte et même s’il savait que Kiara n’avait pas dit ça dans ce sens, il voulait savoir pourquoi il lui inspirait ça… de la peine… putain, il sentit le sang monter à sa tête un peu plus et pulser à ses tempes. Un coup de poing aurait été une caresse en comparaison de ce qu’il ressentait en cet instant. Clairement, de la peine ce n’était pas ce qu’il avait envie d’inspirer à Kiara Macmillan, pas du tout. Avec difficulté, il ravala sa salive, tentant de ne pas paraître trop… heurté.
Kiara a écrit:
« Il est dur avec toi ? » « Il n’y a pas qu’à Poudlard que tu fais des conneries ? »
Pensant à Ciaran, Aodhan haussa brièvement les épaules.
_ J’suis pas un cadeau… Répondit-il, ses lèvres s’étirant en un léger rictus sans joie. C’était rien d’le dire. Ciaran, lui… il faisait ce qu’il pouvait. Les châtiments corporels étaient monnaie courante, ça n’avait rien d’extraordinaire. Il ne se plaignait pas de se prendre un coup par-ci, une droite par là… ils n’étaient jamais donnés avec beaucoup de force, mais grâce à ça, il n’avait jamais eu peur de prendre des coups de ses ennemis. Il est cool… si je suis cool aussi. Il n’avait pas envie qu’elle ait une mauvaise image de lui. Même s’il râlait sur lui, il ne supportait pas qu’on dise du mal de son tuteur. Mais il était sans doute encore bien trop immature pour faire face à ses sentiments les plus profonds.
Kiara avait pris un tabouret et s’était rapprochée de lui, tant qu’il sentait ses cheveux contre sa peau. Son cœur ne battait pas plus vite, mais plus fort, comme quand on donne des coups de masse sur un tambour si fort que ça en fait vibrer les murs. Il en avait presque mal. L’irlandais tentait de se calmer, de se raisonner mais dans sa tête et son corps, plus rien ne répondait. Il n’était plus aux putains de commandes et lorsqu’elle se mit à le toucher, les choses empirèrent et sa tête s’embruma. Il n’était plus certain de ce qui se passait.
Kiara a écrit:
« Tu me le dis si c’est trop pénible. »
Quoi ? Pénible ?! C’était bien au-delà de ça, et ses plaies, il aurait pu en rire. Puis, comme un bref moment de répit, vint le sujet Sélénya. Ca c’était un truc bien plombant et vu ce qui s’était passé, c’était normal. Peut-être que ça l’aiderait… À quoi d’ailleurs ?
Il écouta attentivement et se garda bien de lui rétorquer que c’était elle qui lui faisait de la peine, et ça n’aura pas été du sarcasme. Aodhan se laissait peu apitoyer. Le malheur ça arrive, ça ne sert à rien de ruminer ça des plombes ou de pleurer. C’était ça, sa façon de voir les choses et d’affronter la dure réalité de ce monde. Mais là, plus il la regardait, plus il pouvait sentir sa douleur. Son visage aux traits si fins et délicats exhalaient une souffrance qu’il arrivait à percevoir, ses grands yeux hazel s’étaient embués et sur ses lèvres il devinait un faible tressaillement. D’ailleurs, c’est son corps entier qui tremblait.
Un trouble intense l’envahit. L’envie de la toucher devint si puissante qu’il hésita, se penchant pendant une brève seconde. Au même instant il réalisa que son émoi avait provoqué une réaction physique saillante entre ses jambes, une proéminence soulevant la toile fine de son jogging noir.
Dans sa tête tout s’arrêta et son cœur manqua un battement. Comme une sensation de tomber dans le vide. Instinctivement, il leva les yeux sur Kiara, franchement épouvanté à l’idée qu’elle le remarque. La Pouffy semblait regarder ailleurs, encore en proie à son chagrin. Figé, il se demanda ce qu’il devait faire, ce qu’il pouvait faire. C’était franchement pas le moment qu’elle assiste à un truc pareil maintenant ou alors elle allait vraiment finir par le considérer comme les deux monstres qui venaient de l’agresser et cette simple idée le rendait malade.
Le Gryffondor ferma ce qui lui restait d'œil valide. Elle venait de se livrer à lui et c’est comme s’il n’avait rien écouté. Il était pas foutu de lui dire un truc sympa ou réconfortant, il ne pensait plus qu’à cette putain d’érection impossible à dissimuler. Et vas t’en mettre un coussin là, franchement, c’était pire que tout et il avait beau se creuser il ne se souvenait pas d’en avoir vu un de toute façon. Et là, Macmillan tourna la tête vers lui. Le temps sembla se suspendre, en même temps que son souffle, au mouvement de sa tête blonde, tellement lent. Il devait faire quelque chose et s’échapper de cette merde où il s’était fourré. Deux solutions s’offrirent à lui : empêcher la tête de Kiara de bouger ou se barrer. Ouais… en gros il n’avait qu’une seule possibilité… l’autre étant franchement mal venue.
Aodhan se décala d’un bond et se releva avec une vitesse impressionnante aux vues de ses blessures. Est-ce que ce mouvement tout con lui avait fait mal ? Carrément… mais il pouvait tout tolérer du moment où elle ne remarquait pas son problème. Kiara était si proche de lui qu’il manqua de la bousculer mais dès qu’il fut debout, il lui tourna le dos vivement avant de poser ses mains sur ses hanches, soulagé d’avoir réussi à changer de position. Dès lors qu’il lui tournait le dos, il pouvait réfléchir plus calmement aux alternatives qui lui restaient pour se barrer définitivement sans que ça paraisse louche.
_ Ok… Putain Dhan trouve mieux que ça après ce qu’elle vient de te dire tu vas passer pour le plus gros connard de la Terre… Je suis désolé que tu aies vécu ça. Ca avait le mérite d’être sincère au final, même si à ce moment là, c’était juste une façon de s’échapper. Tu sais quoi, je me sens nettement mieux je vais y aller. Bon... c'était pas ça qui allait le faire passer pour quelqu'un d'empathique. Il n’attendit pas et se dirigea vers la porte. Il ne prit pas la peine de ramasser son t-shirt, ça aurait voulu dire qu’il allait lui faire face et c’était juste pas concevable… et de toute façon il était foutu.
Il allait sortir lorsqu’il sentit les doigts de la sorcière se refermer sur sa main. La rencontre de la peau de la jeune fille contre la sienne lui fit un électrochoc qui le figea sur place, juste devant la porte du bungalow. Se refusant toujours à lui faire face, il garda le silence un instant, lui laissant la liberté d’argumenter comme quoi il ne devait pas encore partir, qu’il n’était pas soigné mais il n’écoutait pas. Il ne faisait que savourer ce moment, sentir sa main frêle tenir la sienne dont les doigts tressaillirent sans qu’il le veuille. Il n’avait pas envie d’y mettre fin. Mais la contrepartie était sans appel : son problème était toujours là. Ramené à la réalité par le ridicule possible de la situation, son regard azuré se rembrunit et il dégagea sa main de l’emprise de la Pouffy sans ménagement et sans la regarder.
_ Fous-moi la paix. La méchanceté était une arme basique, simple mais redoutable contre la gentillesse et à sa pitié il préférait nettement sa haine.
Il ouvrit la porte pour la passer sans hésiter.
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Kiara Dimitrova
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Dim 22 Oct - 23:23
Une nouvelle vie t'attend Où le danger vient rôder Aodhan & Kiara, Irlande, Août 2018
Kiara était le genre de femme à culpabiliser pour tout. Si elle ne rechignait pas à demander l’aide des autres, qu’Aodhan soit blessé par sa faute la rendait très ambivalente ; autant elle lui était reconnaissante d’être intervenu (car elle n’osait pas imaginer ce qu’il se serait passé si cela n’avait pas été le cas), autant elle culpabilisait qu’il souffre autant à cause d’elle. Pourtant, comme le Gryffondor le dépeignait très bien, elle n’était en rien responsable. Rien n’était de sa faute. Il semblait désapprouver ses paroles en faisant fortement claquer sa langue contre son palais, signe assez évident de son mécontentement face aux propos de Kiara. Il paraissait même plus agacé, frustré qu’elle ose ainsi se sentir coupable. Évidemment. Qui ne le serait pas ? Ce que la jeune Poufsouffle venait de subir était innommable, ignoble, sordide. Et si Aodhan n’avait pas été là, jusqu’où auraient-ils pu aller ? Kiara frissonna de tout son être, ne pouvant s’imaginer ce à quoi elle avait échappé grâce à lui. Cet élève qu’elle avait si souvent réprimandé venait de l’empêcher d’être traumatisée à vie et le sentiment de gratitude qu’elle ressentait soudainement à son égard allait de paire avec la sympathie qu’il lui inspirait soudainement. Le garçon semblait tout aussi révolté qu’elle et le montrait même davantage ; probablement que Kiara était encore beaucoup trop sous le choc pour réussir à réagir convenablement. Se concentrer sur ce qu’elle faisait était probablement la seule chose qui lui permettait de ne pas trop y songer, de ne pas trop penser. Lorsqu’il attrapa sa main, Kiara sursauta, craignant de lui avoir fait mal mais la raison était tout autre. La fermeté de son geste força Kiara à obtempérer : « C’est pas ma faute. » Certains pourraient dire que sa tenue était trop provocatrice, que la manière dont elle leur avait parlé avait suscité de l’ambiguïté, qu’elle l’avait sans doute cherché, mais Kiara savait qu’elle n’était en rien responsable, elle était la victime dans cette histoire. Et Aodhan n’était qu’une victime collatérale. En plus d’être celui qui lui avait sauvé la mise. Il finit par la lâcher et Kiara reprit les pansements.
En tout cas, ce qui était certain, c’est que cet évènement marquait un tournant dans leur relation, un tournant que Kiara n’aurait jamais pu imaginer. Ils se laissaient presque aller aux confidences, évoquant leur passé, leur enfance. Celle du Gryffondor semblait emprunte d’une certaine dureté et Kiara se mordit doucement la lèvre, attristée par les mots qu’il prononçait. Elle qui était si proche de sa famille ne pouvait pas imaginer un seul instant la perdre… Pas un seul instant. Si Kiara ressentait une vive émotion à l’entendre parler, Aodhan sembla être attaqué par ses propos. Ce n’était pas si évident de communiquer avec quelqu’un dont on ne savait pas grand-chose en définitive. « Tout le monde mérite d’avoir le soutien de ses parents à chaque instant de sa vie. C’est ça qui me fait de la peine. Pas toi. » dit-elle pour tenter d’arrondir les angles. Aodhan semblait être de ceux qui détestait qu’on les prenne en pitié. Kiara respectait ça même si elle était -pour ainsi dire- tout l’inverse. Quand Sélénya avait disparu, elle avait accepté sans se poser de question l’aide et le soutien apportés par les autres, leur présence avait été salutaire. Tentant de parler d’autres choses, Kiara embraya sur son tuteur, à qui le jeune homme semblait faire vivre des vertes et des pas mûres. Pas un cadeau, disait-il. Et pourtant ? Il s’était jeté sans se poser de question dans la bagarre pour elle. Il n’était peut-être pas facile à vivre, mais il avait de nombreuses qualités, voilà ce que Kiara retenait de tout ça. « C’est du donnant-donnant. » tenta Kiara, pour apaiser les choses. Si son tuteur était aussi explosif que le Gryffondor, cela devait faire des étincelles, sans aucun doute.
La conversation était peut-être un peu trop intime car celle-ci s’essouffla bien vite. Kiara ne s’en formalisa pas, elle n’était pas vraiment une adepte du « je parle pour combler le silence », au contraire. Elle n’avait jamais été gênée ni même angoissée par les blancs dans une conversation, estimant qu’ils permettaient à chacun une pause de l’esprit et que cela servait également à se recentrer. Cette fois, Kiara put s’en saisir pour poursuivre les soins qu’elle tentait de lui prodiguer. Une chose était certaine, il devrait pouvoir se remettre assez rapidement, avec un peu de repos. Évidemment, même si elle connaissait peu le garçon, ce qu’elle savait de lui suffisait pour lui faire dire qu’il n’était pas tellement le genre de personne à se laisser vivre. Au contraire. Mais Kiara espérait tout de même qu’il se ménagerait. Alors qu’elle réfléchissait à la manière dont elle allait lui demander de réaliser un check-up auprès d’un véritable professionnel, ils évoquèrent ensemble Sélénya. Si Kiara devait faire le listing des pires moments de sa vie, l’enlèvement de sa sœur était tout en haut de la liste. L’évoquer à nouveau était douloureux et Kiara se rendit compte qu’elle n’avait toujours pas fait le deuil de cet incroyable traumatisme. Non, elle était toujours sous l’effet de l’émotion, comme si cela venait tout juste de se passer. Son corps parlait pour elle, tressaillant faiblement pour témoigner de ses sentiments.
Kiara n’en parlait jamais. Du moins, elle ne l’évoquait pas spontanément. Pourtant, elle avait dit les choses au Gryffondor avec une extrême facilité, comme si cela paraissait évident alors même qu’ils n’étaient pas proches, qu’ils se connaissaient peu et qu’ils étaient dans deux mondes totalement différents. Pour autant, il y avait désormais quelque chose qui les liait, et cet évènement restera gravé dans sa mémoire à jamais, tout comme la reconnaissance qu’elle ressentait à son égard. Alors qu’elle continuait ses soins, Kiara sentit le regard brûlant d’Aodhan sur elle et elle releva la tête. Elle chercha les raisons de cette soudaine fixation, cela en devenait même embarrassant qu’il la dévisage ainsi.
Soudainement, il se leva. Sans crier gare. Kiara sursauta face à la brutalité de son geste, ou plutôt face à son caractère impromptu. Une vague de culpabilité s’empara d’elle tandis qu’elle imaginait avoir eu un geste trop brusque qui l’aurait blessé. « Je te fais mal? » furent les seuls mots qui parvinrent à sortir de sa bouche. Pourtant, tout avait l’air de bien aller... Il se détourna d’elle et Kiara se leva à son tour, abasourdie par son brusque changement de comportement. Son cœur s’accéléra tandis qu’elle avait soudainement bien chaud, craignant d’avoir aggravé ses blessures. Aodhan reprit la parole, navré qu’elle ait dû vivre tout ça. Mais au final, elle n’avait été qu’un dommage collatéral, c’était Sélénya la véritable victime. Même si toute la famille Macmillan avait été bouleversée par son enlèvement. « C’est gentil de me dire ça. » dit-elle simplement. Alors qu’elle comptait lui demander pourquoi il s’était levé, il prétexta devoir partir. Fronçant immédiatement les sourcils, Kiara resta un instant stupéfaite alors qu’il prenait le chemin de la sortie, dépourvu de tee-shirt et avec des blessures encore non soignées. Refusant de le laisser partir dans cet état, Kiara attrapa sa main et lui dit : « Il faut que tu restes Aodhan, j’ai pas terminé de te soigner. » Sentant que ses arguments étaient vains, Kiara ajouta : « Je te dois bien ça. » Même si elle n’était pas responsable de l’attaque de ces deux garçons, Aodhan était venu à son secours. « Je te suis redevable. » A vie, en réalité. L’existence de Kiara ne sera plus jamais comme avant et il y aurait probablement un avant et un après cet évènement. Et Aodhan sera le seul à partager cet après étant donné qu’elle comptait garder cela pour elle.
Kiara eut la désagréable impression que ces mots n’eurent aucun effet sur lui, qu’il n’écoutait pas. Il était déjà ailleurs pour une raison qu’elle ne comprenait pas, pour une raison qu’elle ne parvenait pas à déceler. Lorsqu’il repoussa sa main, sans même un regard pour elle, Kiara fut estomaquée. Ce brusque changement d’attitude était illogique. Si d’ordinaire, elle n’aurait probablement pas cherché à retenir quelqu’un qui ne souhaitait pas lui parler, cette fois, elle ne pouvait pas laisser couler. Aodhan était encore blessé et s’il refusait d’aller à l’hôpital, il avait au moins besoin qu’elle termine ce qu’elle avait commencé. Alors qu’il était sur le pallier de la porte, ouvrant celle-ci avec une rapidité extrême, Kiara sortit sa baguette, résolue à agir à l’instinct. Et son instinct lui disait de le retenir. De ne pas le laisser partir. Courageusement, elle leva sa baguette et lui lança un sortilège de stupéfixion. La scène était étrange, presque irréelle lorsqu’elle lança un second sort pour faire léviter Aodhan et le replacer dans la cabane, à l’abri des regards. Alors qu’il était toujours stupéfixé, Kiara savait pertinemment qu’il pouvait tout entendre. « Tu partiras quand j’aurai terminé. C'est pas négociable en fait. » C’était bien la première fois de sa vie que Kiara paraissait aussi sûre d’elle, aussi déterminée. Mais comme elle l’avait dit, elle avait une dette envers lui, une dette qui –par définition- était impossible à rembourser. « Tu peux me détester si tu veux, mais je refuse que tu partes sans les soins nécessaires. » Pour autant, qu'il soit raide comme un piquet n'était pas très aidant pour la poursuite des soins. Prudemment, elle lança le contre-sort. Aodhan récupéra sa liberté de mouvements mais la baguette de la Poufsouffle était toujours pointée sur son torse. « C’est ton choix. Soit tu coopères, soit je te force à le faire. » Kiara n’avait guère l’habitude d’être si autoritaire et Aodhan pouvait lire dans ses yeux qu’elle ne ferait aucune concession. Elle le fixait avec intensité, une lueur plus qu’étrange dans les yeux. « Je te suis redevable. » répéta-t-elle. Pas certaine qu’il l’avait écouté la première fois qu’elle lui avait dit.
les doutes, les pleurs, la peur mais tout au fond là dans mon cœur, je sais, qu'un jour notre amour guidera nos pas, toujours. Si toi tu es près de moi, la nuit fera place au jour, tout s'éclairera puisque tu es là, l'amour nous guidera...
La fierté. C’était un dogme transmis par son éducation au sein de l’IRA, de sa famille : ne jamais courber l’échine, ne jamais se rendre. Ils étaient des combattants. Le monde devait les redouter et certainement pas l’inverse. Cette idéologie l’avait bercé avant de marquer profondément son esprit et sa chair et aujourd’hui elle faisait partie intégrante de lui-même. Ciaran lui reprochait d’être têtu alors que c’était lui qui avait nourri ce trait de caractère chez le garçon. Paradoxalement, cela faisait aussi sa fierté mais le Gryffondor était bien trop jeune pour s’en rendre compte. La fierté coulait dans ses veines et pour elle, Aodhan O’Brian était capable de n’importe quoi ou presque. Sa famille et son pays passaient en priorité devant toute autre chose et ce depuis son plus jeune âge. Même s’il ne s’était encore jamais posé la question, mourir pour la survie des siens était un principe qui coulait de source.
Ce soir, s’il n’était pas question de l’honneur de l’Irlande, de la vie des siens, il était question de son orgueil. Rester près d’elle à se laisser soigner n’était pas désagréable, au contraire. En fait, c’était bien là la source du problème. Déjà, il imaginait le pire. Macmillan le voyant bander avant de pouffer de rire. Une situation qu’il préférait ne pas vivre, qu’il redoutait.
Il ignorait pourquoi affronter cette épreuve semblait si difficile. Sans doute parce qu’il n’avait jamais abordé l’aspect sexuel de son existence, que les filles ne l’intéressaient d'ordinaire pas plus que ça et que sa seule expérience se limitait à ce qu’il avait entendu de ses potes plus âgés, ou pas. Si les irlandais intégristes sorciers ne pouvaient pas être taxés de cul-béni, le sujet de la sexualité n’avait jamais vraiment été abordé chez les O’Brian, comme si c’était une chose dont on devait avoir honte. Ce n’était pas le cas en réalité. Ciaran ne savait juste pas comment aborder le sujet et Saoirse… et bien l’idée même d’en parler avec elle était purement pétrifiante pour le garçon qu’il était. Alors à ce jour, le sexe était une affaire trouble et gênante qu’il n’était tout simplement pas prêt à assumer. Pas encore.
Il avait ouvert la porte sans hésitation pour sortir de la cabane le plus rapidement possible mais il avait été frappé en plein élan. Un Stupefix. Sérieux ? Elle venait de lever sa baguette contre lui ? Nan tu rêves pas mon pote. Son corps ne lui répondait plus, encore une fois. D’une nouvelle façon, il lui échappait. Les battements de son cœur retentirent à ses tempes tandis qu’il forçait, son for intérieur rageant, hurlant, parfaitement en vain. Une part de lui était ivre de rage.
Kiara a écrit:
« Tu partiras quand j’aurai terminé. C'est pas négociable en fait. »
Impossible de répliquer, de l’envoyer chier, de se défendre. Il avait un besoin impérieux de s’extraire de cette situation, et elle l’en empêchait. Putain de merde.
Kiara a écrit:
« Tu peux me détester si tu veux, mais je refuse que tu partes sans les soins nécessaires. »
Il avait joué et très mal. Il avait espéré que sa réplique cinglante aurait douché les motivations de la Pouffy mais cela n’avait pas abouti comme il l’espérait. Tout allait de travers. Une seconde plus tard, le sort était levé et il retrouvait la liberté de ses mouvements. Un truc tout con qui le soulagea tellement… être privé de cette liberté était abject et il ne voulait plus jamais expérimenter ça. Il posa sa main sur son torse, et même si bouger l’étira désagréablement, il savoura quand même.
Son regard abîmé brillait de colère lorsqu’il se retourna vers celle qui pointait sa baguette contre lui.
Kiara a écrit:
« C’est ton choix. Soit tu coopères, soit je te force à le faire. »
_ C’est comme ça que tu m’remercie Macmillan ? La colère était à deux doigts de le pousser à dire des choses bien plus trash et détestables mais étonnement, ses lèvres demeurèrent closes. Il l’avait pas sauvée pour la démolir après… ça aurait été vraiment très con, même pour lui.
Son oeil intacte fixant les siens, il se rapprocha jusqu’à ce que le bout de la baguette effleure sa peau au niveau de son plexus solaire. A bien la regarder, jamais il n’avait vu ce regard sur elle. Ca y avait pas de doute, elle était déterminée.
Kiara a écrit:
« Je te suis redevable. »
Son regard tranchant se fronça, accentuant ses airs hostiles.
_ Alors ne fais plus jamais ça. Dit-il sèchement. Il patienta une poignée de seconde, sans avoir lâcher les yeux de la jeune femme, avant de reprendre. Je te décharge de ta dette, lâcha-t-il en haussant légèrement ses sourcils, avec une pointe de raillerie, juste en échange de ta promesse de ne plus jamais lancer ce putain de sortilège sur moi. Une dette… cette idée était ridicule. Elle n’en avait aucune. Aider une femme alors qu’elle manque de se faire violer c’est pas la rendre redevable de quoi que ce soit, c’était une PUTAIN de normalité. Mais voilà, la petite blonde avait l’air bien décidée alors autant en profiter pour s’assurer qu’elle ne recommencerait pas.
La colère lui avait fait oublier la raideur d’une partie de son anatomie et lorsqu’il le réalisa, il ferma un bref instant ses paupières en mode “hey merde” mais les rouvrit aussitôt. Il était certain -ou presque- qu’elle n’avait rien vu et ça ne devait surtout pas changer. Elle ne devait surtout pas regarder vers le bas. Il fit un pas vers elle, réduisant encore l’espace qui les séparait, la pointant de son index, tout près de son visage poupin, à à peine deux centimètres de son nez.
_ Ok, tu sais quoi Pouffsoufle ? T’as gagné. Tu vas me soigner. On y va. Il n’attendit pas et attrapa la jeune femme par les épaules pour la forcer à se retourner, la poussant vers l’intérieur de la cabane. Bravo, t’es un maître de la manipulation. Pensa-t-il avec ironie. Aller Macmillan, bouge, j’ai pas envie qu’on me voit comme ça. Prétexta-t-il en murmurant derrière elle.
Il jeta un coup d'œil furtif à son entrejambe et fut alors soulagé de constater que sa tension retombait. Un soupir de soulagement souleva sa cage thoracique avant qu’une grimace ne le lui fasse regretter, mais franchement, c’était un moindre mal.
D’un coup de pied, il referma la porte derrière lui avant de se diriger vers le matelas où il était assis juste avant. Il reprit sa position initiale, libéré de son complexe, observant la jeune irlandaise l’imiter. Impossible de la faire dévier de son objectif. Il l’observa reprendre son œuvre sur son buste auréolé de contusions violacées.
_ Laisse tomber mes côtes Kiara. J’ai connu pire et y a pas grand chose à faire. C’est pas cassé de toute façon. Par contre, si tu pouvais arranger ma gueule, ça serait cool. Le reste, ça va guérir tout seul et ça peut se cacher mais j’me vois pas porter une cagoule le reste du séjour…
Aodhan laissa traîner son œil valide sur la fenêtre au rideau tiré. Il parvenait à voir la position de la lune à travers et ce qu’il vit ne le rassura pas. La nuit était maintenant bien avancée et même s’il ignorait exactement quelle heure il était, il savait qu’il ne devait pas trop s’attarder.
_ Macmillan, je sais pas quelle heure il est mais faut vraiment qu’tu t’actives. Bryan se lève avant le soleil et j’ai pas du tout envie qu’il voit ma tronche. C’est une vraie balance et s’il l’ouvre, je vais être obligé de l’corriger, il va chialer et ça va me retomber dessus.
Voyant le viage de la jeune femme, O’Brian prit une inspiration avant d’ajouter.
_ S’il te plaît… Même sa lèvre fendue sembla le lancer d’un coup sec à ces mots. Les excuses, c’était pas son fort.
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Sam 10 Fév - 23:11
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Une des qualités principales de Kiara était la gentillesse. Ainsi que la loyauté. Donc lorsqu’Aodhan tenta de s’échapper alors que la Poufouffle n’avait pas terminé de le soigner, elle n’eut pas d’autres choix que d’utiliser la manière forte. Elle devait l’avouer, Kiara n’était pas du genre à se servir de tels procédés puisqu’elle était pour le maintien du libre arbitre, et ce, en tout temps mais pas cette fois. Pas ce soir. Pas alors qu’elle se sentait immensément redevable envers le Gryffondor et qu’elle craignait pour sa vie. Ses plaies étaient infectées et elle ne voulait pas prendre le moindre risque. Il ne manquerait plus qu’il ne meure durant la nuit… Pour autant, elle comprenait assez bien pourquoi Aodhan cherchait à s’enfuir : probablement qu’il avait honte qu’elle prenne soin de lui et qu’elle le soigne. Pourtant, il était d’accord au début… Mais Kiara ne chercha pas à comprendre et préféra user de sa baguette pour le forcer à revenir vers elle afin qu’elle puisse terminer. Les mots qu’elle prononçait étaient rudes mais marquaient aussi le fait qu’elle lui était redevable. Et ce, ad vitam æternam. Oui, c’était ainsi qu’elle fonctionnait, c’était sa ligne de conduite. La loyauté faisait partie de ses traits de caractère et si Kiara était d’habitude assez mesurée, les différentes émotions par lesquelles elle était passée ce soir n’étaient probablement pas totalement étrangères à la manière dont elle agissait avec lui. Elle venait tout de même d’échapper à un évènement qui aurait pu être tragique… Et même s’ils n’avaient pas pu aller jusqu’au bout de leurs idées, Kiara le savait, elle aurait besoin de temps pour se remettre de ce moment traumatisant… C’est peut-être la raison pour laquelle elle ne voulait pas laisser partir Aodhan. Dans un sens, il la rassurait.
Après s’être assurée qu’il ne s’échapperait pas, elle relâcha le sortilège. Immédiatement, il la confronta. « Alors ne fais plus jamais ça. » demanda-t-il sèchement. Leurs regards se défiaient et aucun des deux ne souhaitaient lâcher. Au bout de quelques instants, il ajouta qu’il la déchargeait de sa dette. « Ce n’est pas vraiment à toi d’en décider. » Et oui, Kiara pouvait parfois être têtue. Parfois, elle se demandait si elle n’avait pas hérité du caractère pugnace de son jeune frère, qui tenait ce trait de leur propre père. Comme quoi, les dragons ne faisaient pas des sombrals. « Mais je te promets de ne plus jamais te lancer ce sortilège. » Peut-être qu’Aodhan l’ignorait, mais la jeune femme ne donnait pas sa parole à la légère et elle s’évertuait à toujours respecter ses promesses.
En tout cas, Aodhan semblait décidé à s’adresser à elle de manière détachée, comme s’il souhaitait la mettre à distance : Poufsouffle, Macmillan. « J’aime comme tu me parles avec tant de sympathie. » dit-elle, un sourire mi-amusé mi-ironique, face aux mots tranchants prononcés par le Gryffondor. En même temps, il n’avait aucune raison d’être agréable avec elle ; ils n’étaient pas vraiment amis et leur relation avant aujourd’hui était plus qu’houleuse. Entre Kiara qui le collait et lui qui transgressait sans arrêt le règlement… Mais ce soir, il n’était nullement question d’un élève et d’une préfète-en-chef. Il s’agissait de jeunes gens qui venaient l’un comme l’autre de vivre une expérience des plus… bouleversantes. Kiara le savait, cela allait sans doute rebattre les cartes de leur relation.
Il la poussa vers l’intérieur en claquant la porte avant de reprendre position. Kiara, soulagée qu’il ne se vide pas de son sang, pu retourner auprès de lui. Ses doigts s’activèrent pour ne pas qu’il souffre plus. « Je m’en fiche un peu de l’aspect, je veux juste que tu n’aies pas mal. » dit-elle, dans un murmure. C’était tout ce qui lui importait en définitive. Après tout, il l’avait aidé, c’était normal qu’elle s’assure que ses muscles ne le fassent pas souffrir plus qu’il ne le faudrait. « T’inquiète, j’vais arranger ta belle gueule. » ajouta-t-elle, un léger sourire aux lèvres tandis qu’elle s’évertuait à appliquer un onguent cicatriciel. Mais en réalité, ce n’était pas si évident que ça, avec le Gryffondor qui jactait toutes les dix secondes, elle ne parvenait pas à mettre la crème de manière efficace. « Et si tu te taisais un peu ? Peut-être que j’avancerais plus vite ? Ce n’est qu’une idée. » affirma-t-elle. Cette fois, un large sourire s’était installée sur ses joues. Le silence s’installa soudainement dans la pièce et Kiara put avancer plus efficacement. Une dizaine de minutes plus tard, elle avait terminé de vérifier tous les pansements et la crème sur l’épiderme d’Aodhan commençait déjà à agir. Kiara voyait sa peau reprendre peu à peu son apparence et sa couleur habituelle. Elle referma le pot de l’onguent et le lui tendit. « Tiens, je pense que tu peux en mettre un peu demain matin. Ça va aider à la cicatrisation. » Elle le regarda et se leva. « Voilà, tu peux y aller. Je vais en faire autant. » Ils se dirigèrent vers la sortie et juste avant qu’ils ne se séparent, Kiara attrapa le poignet d’Aodhan. « Aodhan. » Elle prit sa respiration. « Merci. Merci d’avoir aidé, merci d’être resté. Merci. » C’était tout ce qu’elle avait à dire. Mais elle avait besoin de lui rappeler que sans lui… Elle serait sans doute six pieds sous terre.
Ils transplanèrent tout deux et Kiara regagna sa chambre. Elle s’allongea sur son lit sans prendre la peine de se démaquiller tandis que son cœur battait à la chamade. Elle le savait, elle avait échappé au pire. Et son salut était venu sous l’apparence d’Aodhan. Nul doute que cette soirée venait de modifier à jamais la vision qu’elle avait de ce garçon qu’elle avait toujours considéré comme un élément perturbateur. Elle savait désormais qu’il avait soif de justice et qu’il était aussi une personne sur qui elle pourrait compter à l’avenir. C’était ce qui importait.
les doutes, les pleurs, la peur mais tout au fond là dans mon cœur, je sais, qu'un jour notre amour guidera nos pas, toujours. Si toi tu es près de moi, la nuit fera place au jour, tout s'éclairera puisque tu es là, l'amour nous guidera...