Depuis qu’Adèle était arrivée au garage pour gérer l’accueil des clients, je me sentais plus légère. Elle me délestait d’une tâche et en plus, elle faisait ça parfaitement. J’avais eu raison de lui faire confiance. Avec le départ Luca, j’avais beaucoup de choses à apprendre et je devais anticiper des problèmes qui ne m’étaient jamais venus de rencontrer. Heureusement, Jaeden était un pilier sans faille. J’apprenais petit à petit à reprendre les rênes du garage, mais aussi l’organisation de nos affaires beaucoup moins officielles, celles de la Cosa Nostra. Au milieu de ce joyeux bordel et de cette pression qui me retombait dessus, je parvenais malgré tout à prendre du temps pour faire d’autres choses. J’avais réussi à remonter seule sur une moto et rien que cela était un exploit assez dingue à mes yeux. J’aidais également Adèle à apprendre à se défendre. Cette petite soeur de coeur que j’avais connu en France, je l’aurais défendu bec et ongle devant n’importe qui. Alors je faisais de mon mieux pour l’aider dans cet apprentissage même si j’étais certainement un brin survoltée pour être une prof posée et patience. Je lui enseignais malgré tout ma botte secrète, celle tant détestée par mon frère, se battre en transplanant. Effet de surprise garantie, surtout qu’en tant que nana, j’avais contre moi le fait de souvent être moins forte qu’un mec. Alors j’avais trouvé comment compenser. Il fallait ruser pour s’en sortir et ça, c’était ma technique infaillible pour prendre par surprise mes adversaires.

De temps en temps, Adèle avait des copines de Poudlard qui venaient lui rendre visite au comptoir. J’étais amusée de les entendre comparer mes techniques à celles d’un certain Théo. Le constat néanmoins m’avait fait frissonner… nous étions obligés d’apprendre à cette plus jeune génération à devoir se défendre. Si l’heure noire des Mangemorts était derrière nous, celle de ces Blood Circle semblait ne faire que commencer. J’avais eu la chance de plonger dans la boxe depuis mon plus jeune âge et Luca ne m’avait jamais ménagée quand bien même je sois sa soeur ou que je sois une fille. Quand nous nous entraînions, ce n’était pas pour faire semblant. C’est ce qui m’avait poussé à vouloir un jour réussir à le battre et donc à mêler la magie à ma technique. A force, avec mon frère c’était même devenu une habitude pour communiquer entre nous… Mais ça, personne ne parvenait à le comprendre. Personne ne pouvait rivaliser par rapport à ce lien qui nous unissait, si ce n’est… la drogue. Qui l’avait fait partir bien trop loin dans notre pays natal, me laissant seule dans ce pays grisonnant.

J’étais dans le bureau qu’il occupait bien plus souvent que moi pour commencer à faire du tri dans toute la paperasserie. Je devais m’y retrouver entre les activités légales et les autres. M’assurer de la bonne gestion des stocks, des avancées des réparations… Tout un bordel que j’avais toujours fuit de façon totalement volontaire. Mais quand la famille a besoin, je réponds présente peu importe ce que cela va me coûter et à quel point je vais devoir m’investir pour y arriver. Et clairement, il y avait du boulot, car lorsque je regardais les rapports comptables, je n’y pipais pas une ligne. C’est donc pendant que je regardais les jeux d’écritures qu’Adèle vint toquer à la porte. « Anje, il y a Théo à l’accueil, il voudrait te voir. » Je fronçais les sourcils par certaine de comprendre réellement, mais je me levais et sortais du bureau en direction de la devanture du garage. La belle vitrine exposait nos plus beaux modèles. Ils étaient fabriqués de toutes pièces par nos soins et étaient nos petites fiertés à vendre. « Théo, le frère de ta copine ? » Adèle me confirma qu’il s’agissait bien de lui.

Je découvrais un jeune homme d’une trentaine d’années, assez propre sur lui. Il ne faisait pas vraiment tache dans le décor, nous avions vraiment de tout dans notre clientèle que cela soit de la plus officielle à la plus officieuse. Mais lui, pourquoi était-il venu en fait ? J’avais bien mal à l’imaginer sur une bécane, un brin trop rebelle par rapport à l’image qu’il dégageait, mais je le voyais encore moins frimer au volant d’une bagnole volante flambant neuve. Je m’approchais de lui en lui adressant mon sourire habituel pour l’accueillir. Je portais ma salopette de travail habituelle et pour une fois mes mains étaient propres puisque je n’avais pas eu le temps de les plonger dans un moteur. Je me fis la remarque que j’allais peut-être devoir revoir ça. Pour voir les clients, il était sûrement préférable de mieux présenter. J’avais les cheveux en liberté sur mon épaule et portais un simple noir sous les bretelles de mon bleu de travail. Putain, que faisait Luca déjà ? J’avais un vieux doute. Surtout que de mémoire, le spécimen devant moi venait d’une famille de sang-pur. Un client qui avait potentiellement un bon budget. « Bonjour, je peux vous aider ? » Est-ce qu’il sembla me passer au crible ? Un peu. Pas dans le genre mec qui mate une nana. Non non. Plus dans le genre de m’analyser l’air de dire, c’est vraiment toi ça ? Je le regardais légèrement perplexe tout en croisant les bras.

La curiosité, c’est ce qui poussa Théo à se rendre dans un endroit où il n’était jamais venu, le Thestral Motor. Oh ça n’était clairement pas pour les véhicules qui s’y trouvaient. Bien sûr que son regard fut attiré par les différentes moyens de locomotions qui se trouvaient ça et là, aux différentes couleurs, ça attirait l’œil, c’est une certitude. Néanmoins, il devait être un peu vieux jeu mais il ne parvenait à comprendre l’intérêt pour les gens de se déplacer avec cela. A quoi bon perdre du temps avec une moto ou une voiture si de toute façon transplaner ça allait plus vite et était tout de même moins dangereux… pour peu que l’on sache se débrouiller en tout cas. Mais il faut croire qu’il y a des gens qui voyaient les choses différemment du sorcier puisque ça semblait marcher, assez pour qu’une amie d’Alcyone travaille là-bas. Personne ne prendrait un étudiant à payer s’il ne faisait pas de bénéfices suffisant de son côté pour garantir un salaire à la ddemoiselle. S’il y avait que les véhicules, bien entendu Théo n’y serait pas allé, il s’en fichait lui des véhicules mais ce qui l’avait poussé à vouloir pousser la porte de cet endroit c’était Anjelica Zabini.

Il avait très, très envie de rencontrer cette fille dont il avait entendu parler en long, en large et en travers. Pour ce qu’il en avait compris – parce que non – il n’écoutait pas toutes les conversations de sa sœur et de ses amis, habituellement c’était même le contraire, il évitait d’écouter leurs conversations mais forcément lorsque Sélénya et Adèle s’étaient mis à parler entraînement, il avait écouté, au départ très amusé en constatant que chacune défendait son professeur de combat à la moldu et forcément à force d’en avoir entendu parler, il s’était dit qu’il fallait qu’il rencontre cette fameuse professeur. Il avait mis un peu de temps avant de réussir à obtenir l’adresse du travail d’Anjelica, essayant de ne pas se montrer trop curieux, pour peu qu’une des filles du groupe d’amies pense qu’il avait des vues sur la fille – alors qu’il ne l’avait jamais vu de sa vie – ça risquerait de poser problème avec sa propre copine et le mieux c’était encore d’éviter ce genre d’ennuis. Il ne savait pas trop à quoi s’attendre mais il devait admettre qu’un garage de véhicule, c’était ultra original, non vraiment, il aimait l’idée.

Dans le même genre, il ne savait pas à quoi s’attendre en la personne d’Anjelica, grande ou petite, brune ou blonde, il l’imaginait juste bien baraquée et lorsqu’après avoir demandé à Adèle si elle acceptait de bien vouloir aller la chercher, il vit une fille toute fluette apparaître, il resta quelques secondes à la fixer sans rien dire, devant paraître bien impoli. Non mais elle était toute fine, dans une salopette, bon d’accord ce n’était pas le détail sur lequel il fallait s’arrêter bien entendu. Lorsqu’elle lui demanda si elle pouvait l’aider, il ne pu s’empêcher de la regarder plus attentivement. Aider, c’est bien ce qu’elle faisait avec les jeunes mais comment elle y parvenait au juste, d’accord ce n’est pas bien de juger un livre à sa couverture mais niveau stature elle n’était pas vraiment plus impressionnante que Soledad… bon à quelque chose près et Soledad elle ne donnait pas des cours de self défense à tout le monde. Après une observation, très malpolie c’est vrai, il se dû de répondre « Bonjour, en fait je n’ai pas la moindre intention d’acheter un véhicule. Je suis un adepte du transplanage et ce serait vous faire perdre votre temps que de vous demander de me convaincre qu’il me faut un de ces véhicules. » et faire perdre son temps aux gens ça n’était pas du tout sa raison d’être. Par exemple, là il n’était pas en train de lui faire perdre quelques minutes de boulot pour rien, pas du tout, c’est une illusion d’optique certainement « En réalité mademoiselle Zabini, c’est vous que je venais voir. » Ses propos furent accompagné d’un sourire pour la mettre en confiance et qu’elle ne se dise pas que c’était bizarre, même si ça l’était sûrement un petit peu. « Auriez vous un peu de temps à m’accorder ? » Il jeta un coup d’œil autour d’eux, il n’y avait pas foule ce qui était pour le coup une bonne chose parce que la monopoliser alors qu’il y aurait eu un grand nombre de clients, ça n’était pas l’idée du siècle, l’idée n’étant pas de lui faire perdre de l’argent Non juste de lui faire mordre la poussière C’est alors qu’il se souvint qu’il ne s’était pas présenté, il décida donc de palier au problème succinctement « Je suis le frère d’Alcyone, une amie de votre employée. Je sais pas si vous êtes au courant mais elles ont mentionné votre prénom à plusieurs reprises et j’avoue que j’ai été intrigué à l’idée de rencontrer ce professeur si exceptionnel et de discuter avec lui, est ce possible pour vous ou vous préféreriez que je revienne plus tard ? »

Bon j'avais un peu de mal à comprendre ce qu'il faisait là celui-là. J'étais au travail, je sortais du garage, et je me retrouvais face à un type trop propre sur lui pour être intéressé par nos marchandises. Clairement, même s'il n'avait pas l'air d'un snobinard, j'avais du mal à l'imaginer sur une bécane et encore moins au volant d'une voiture volante. Quant à nos affaires officieuses… ou alors il cachait vraiment bien son jeu… Dans tous les cas, je ne comprenais pas ce qu'il foutait là. Je me rends juste compte qu'il me dévisage et semble presque déçu de ce qu'il voit. Il avait un problème ou quoi celui-là ? Par réflêxe, je croisais les bras et me mettais à le fixer à mon tour tout en restant silencieuse. Moi aussi je pouvais le regarder de haut en bas, l'air de dire ‘tu ne ressembles à rien mon grand’. Je n'étais pas du genre à me démonter encore moins quand on venait me chercher sur mon terrain. N’empêche, je ne savais pas qui il était, mais lui il s’était déplacé spécifiquement pour moi. Alors je me posais quand même quelques questions… en plus j'avais fait des efforts… je lui avais dit bonjour, et je lui avais même demandé si je pouvais l'aider… Malgré ça il reste circonspect durant quelques secondes. Finalement, il prend la parole et tandis qu'il parle, je penche doucement à la tête sur le côté. Je pense que l’incompréhension doit se voir sur mon visage, car qu'il me dit clairement qu'il n'est pas venu pour nos véhicules, ce dont je vous doutais, et que c'est un fervent adepte du transplanage. Moi aussi ceci dit… Enfin, ça dépend des situations, mais je me garde bien de lui dire.

Par contre, cela devient de plus en plus étrange à mesure qu'il parle. Lorsqu'il me précise qu'il est venu pour me rencontrer, mais sans m’expliquer pour quelles raison, j'avoue me méfier davantage. D'ailleurs, je ne suis pas une très bonne menteuse et cela se lit sûrement encore une fois sur mes traits si expressifs alors que je me sens instinctivement plisser les yeux en le fixant. Entre les affaires de la Cosa Nostra, les Giacometti qui s'amusent à nous mettre des embûches et le Conseil d'Administration qui se mêle de nous donner des missions, je dois admettre que je suis clairement sur la défensive. « Ca dépends pour quoi… » Je réponds alors, mon amabilité s’estompant légèrement. Par ailleurs, je ne connais même pas son nom, il ne se présente pas… C’est qui ce type bordel ? Et quand enfin il m'explique la raison de sa présence, je dois le regarder comme si c'était le dernier des fous sur Terre. Mes paupières se ferment l’espace d’une seconde pour chasser tout ce qui a pu traverser mon esprit jusqu'à présent. Le frère d’Alcyone. La petite brune qui fait des bijoux. Jaeden lui a acheté mon pendentif et ma bague de fiançailles. Je vois parfaitement laquelle c’est. « Et il a un prénom le frère d’Alcyone ? » Je me détends légèrement. Je pose la question avec un sourire sur les lèvres. Finalement, ce n’est pas si grave. Je n’aime pas spécialement les imprévus, mais il n’y a rien à craindre de cette rencontre. Depuis que Luca avait subitement quitté le navire, je me méfiais clairement de tout ce qui pouvait être nouveau et qui se présentait à moi.

Je lui faisais un signe de la main et l’invitais à me suivre. Ca me changerai les idées de parler de boxe. J’en pouvais plus de cette pression constante qui me pesait sur les épaules. Les entraînements avec les filles me permettaient de souffler et de penser à autre chose. Par contre, je me demandais ce qu’elles avaient bien pu raconter pour qu’il vienne directement me rencontrer. Est-ce qu’il était formateur ? Auror ? Un truc du genre pour s'intéresser autant à mes techniques ? Il m’en dirait certainement plus d’ici quelques minutes, mais quand même… la démarche était spéciale. Je nous emmenais dans ce qui était à présent mon antre et je l’invitais à s’asseoir. Il y avait une table ronde devant le bureau ce qui permettait d’échanger de façon plus conviviale que ce soit avec nos clients ou les équipes. « Je vous offre quelque chose ? » Je devrais bien trouver un fond de quelque chose dans l’armoire. Luca avait sans aucun doute une réserve personnelle. Je n’y avais pas encore vraiment mis le nez. Je m’asseyais sur la chaise qui se était à ses côtés après lui avoir apporté ce qu’il m’avait demandé s’il demande quelque chose le chelou de service. « Alors qu’est-ce que je peux pour vous ? » Taquine, je ne peux m’empêcher d’ajouter : « Vous voulez que je vous entraîne également ? » Je suis pas aveugle, au vu de sa carcasse, je me doute qu’il n’est pas du genre à se laisser aller dans son canapé une bière à la main tous les soirs. Mais je ne serais pas moi, si je ne lui jetais pas déjà une petite joute à la figure. Avec un sourire charmant, pour être on ne peut plus innocente, bien entendu.

La fille face à lui se posait des questions, beaucoup de questions quant à la présence de Théo en ces lieux. Elle essayait certainement de comprendre mais avait bien trop peu d’éléments en sa possession pour arriver à la véritable raison de pourquoi Théo était ici. Lorsqu’il lui demanda si elle avait du temps à lui accorder, elle ne semblait pas vraiment dans l’optique de dire oui. Ça dépendait pourquoi. Hum et bien, oui comme tout le monde Théo supposait c’est sûr que s’il lui proposait quelque chose de dangereux – encore que – ou d’inintéressant, elle était tout à fait en mesure de refuser. Afin d’intéresser un peu plus la demoiselle Zabini, n’en revenant toujours pas qu’elle soit si douée d’après les adolescentes, elles étaient pas des groupies plutôt, Théo décida de montrer patte blanche et de dire qu’il venait plus ou moins de la part d’Alcyone et de ses copines, ou en tout cas qu’elles étaient la raison de la présence du Greengrass en ces lieux. Il semblerait que mentionner Alcyone ait été un bon calcul – ah bah oui tout le monde aime Alcy c’est normal – puisque la demoiselle se dérida avant de lui poser une question. Théo lui adressa un sourire « C’est mieux d’avoir un prénom dans la vie, pas sûr que j’aimerais beaucoup qu’on me siffle pour m’appeler. Le frère d’Alcyone s’appelle Théo. »

Il tourna la tête vers l’entrée tandis qu’elle lui faisait signe de le suivre, elle ne voulait pas garder un œil dessus ? Oh et puis en quoi ça le concernait, elle savait très bien ce qu’elle faisait et elle n’avait pas l’air d’être du genre à se forcer à faire des choses qui ne lui plaisaient pas. Aussi la suivit-il en silence. Lorsqu’ils dbouchèrent dans une petite salle – oui non mais c’est pas méchant mais à mon avis à côté de la maison des parents, tout paraît petit – il s’installa sur une des chaises autour d’une table ronde, observant le décor qui l’entourait avant d’être interpellé et de la regarder sans savoir quoi répondre, de lui-même il aurait bien demandé du champagne – ouai c’est de famille – mais ça ne semblait pas être le genre d’endroit où on sortait la bouteille de champagne à tout bout de champ, lorsqu’on gagnait un contrat juteux, c’était possible mais sinon, il en doutait. Il haussa les épaules avant de donner la réponse passe partout « La même chose que vous. » Cela permettait au passage de savoir ce qu’elle buvait, c’est important de savoir ce que les gens boivent. Une fois son verre rempli de… on sait pas trop quoi et à la rigueur on s’en tape royalement, elle lui posa une question, il n’eut pas le temps de répondre qu’elle enchaînait le taquinant. Il eut un rire léger avant de secouer la tête négativement « C’est gentil de proposer mais je pense que ça va aller. » Il ne voyait pas tellement ce qu’elle pourrait lui apprendre. Il avait beau savoir que l’habit ne fait pas le sorcier et que la silhouette d’une personne ne voulait pas dire grand-chose, sinon il y a belle lurette que les filles ne s’entraîneraient plus, là il était bien trop intriguée par la Zabini.

Il but une gorgée de sa boisson avant de répondre à la première question. « Je vous l’ai dit, vous m’intriguez. J’entends parler d’une fille qui serait incroyable en combat, un professeur excellent tout ça tout ça. » Il faudrait qu’il parle à  Raphaël, Soledad et Sélénya pour qu’ils fassent la même chose hein, un peu de pub ça n’a jamais fait de mal à personne – quoi que Raphaël ça dépendait, si c’était auprès des moldus, c’était bof bof la pub. Elle avait une de ces classes la Zabini quand même, fallait le noter. Il s’étira quelques secondes avant de la regarder plein de sérieux « ça vous dérangerait de me montrer ce que vous valez ? » D’accord ça faisait toujours très bizarre dit comme ça et peut être que s’il avait été à la place d’Anjelica, Théo aurait essayé de glisser un somnifère ou deux dans l’alcool afin de se débarrasser du sorcier un peu bizarre mais il fallait le comprendre, il était un peu curieux de savoir ce qu’elle valait. Alors bien entendu – parce qu’il est certainement aussi vantard que son copain Doryan – il était persuadé de la battre à plate couture, enfin  quoi ça faisait des années qu’il s’entraînait, il avait quand même une formation d’Auror… et de médicomage mais ça sert pas trop dans cette histoire ou peut être que si et elle de son côté elle gérait un garage, il ne voyait pas trop comment elle pouvait lui faire de l’ombre. Mais il était curieux, voulant savoir ce qu’elle apprenait aux filles, comment elle tentait de compenser son manque de force physique lors des batailles contre un garçon. C’était intéressant de se renseigner et s’il trouvait que ça valait le coup, il passerait le message aux trois précédemment cités – oui même Raphaël parce qu’il est pas ultra baraqué comme gars – Mais pour cela il fallait qu’elle accepte, est ce qu’il fallait la challenger un peu ou est ce qu’elle était du genre partante parce qu’elle aimait ça, Théo attendait de voir

J’avais encore du mal à comprendre ce qu’il cherchait en débarquant au White Thestral. Il avait mentionné Alcyone, une amie d’Adèle qui s’entraînait de temps en temps par ici notamment avec Elise. Cela me rassura, car au moins, il ne venait pas pour une raison obscure de la mafia, encore moins des Giacometti. Mon père redoutait qu’avec le départ de Luca, certains ne se sentent plus et tentent une intrusion au sein de notre branche anglaise. Je lui demandais alors comment il s’appelait, d’une façon qui m’était propre et je lâchais un léger rire à sa réponse. « Moi c’est Anjelica, mais vous le saviez déjà. » Quelque part ça m’amuse d’apprendre que les filles parlent de moi entre deux conversations au point que le frangin de l’une d’elles vienne me voir. Je n’étais pas au courant de ce qu’elles ont pu raconter pour piquer sa curiosité à ce point. Je veux dire, qui se déplace jusqu’au travail d’une parfaite inconnue après avoir entendu parler d’elle ? Ce n’est quand même pas courant. Je l’invite finalement à suivre dans le bureau de Luca, mon bureau à présent. J’y prends doucement mes marques, mais c’est loin d’être évident.

Je lui propose de s’installer en fouillant dans le placard ce que je pouvais trouver. Visiblement, il n’est pas compliqué puisqu’il souhaite boire la même chose que moi. Et moi j’aurais bien pris du Prosecco comme je le fais à tout bout de champ, mais cela ne me semble pas approprié. J’attrape une bouteille de vin blanc, ce n’est pas très conventionnel pour recevoir une personne, mais je ne savais même pas où se trouvait le café.. « Vino bianco di Toscana ! Un petit Chianti ! » Je récupère deux verres à pied, rafraîchis la bouteille d’un coup de baguette avant d’apporter le tout vers la table. Je m’installais à ses côtés ne pouvant m’empêcher de lui demander ce qu’il voulait. Peut-être un entraînement… Mon sourire et ma remarque moqueuse le font rire. L’ambiance est plus détendue qu’à son arrivée. « Etrangement, je me doutais de votre réponse. » Je prenais une gorgée de mon verre frais attendant malgré tout de connaître la réelle raison de sa présence ici.

Je l’observe boire à son tour et cette fois j’éclate d’un rire franc. « Ne me dites pas que vous faites partie de ces hommes qui pensent qu’une femme ne sait pas se battre ? » Est-ce que je le cherche ? Oui. Je sonde un peu ses réactions pour voir à qui j’ai à faire. Mais quelque part, ça me fait sacrément plaisir que les filles soient aussi ravies de nos cours. Il faut reconnaître que j’ai baigné dedans depuis que je suis enfant. Avec Luca, c’est notre moyen d’expression principale. Lorsque nous sommes en colère, que nous sommes en froid, les poings et un ring, il n’y a rien de mieux entre nous. Cela semble étrange aux yeux des autres, mais ça libère quelques mots et on avance grâce à cela. Enfin tandis qu’il me dévoile ce qu’il a en tête, je le regarde stupéfaite. « Vous voulez un combat ? Tous les deux ? » Mon accent italien roule sur ma phrase, l’étonnement tintant mes mots. Je résume : ce type que je ne connais de nulle part, suite à des échanges entre filles, a décidé de venir voir si je voulais bien me battre avec lui. Pour quelle raison au juste ? Que je lui prouve si les dires étaient justifiés ? Je garde mon verre à la main tout en le fixant amusé tandis que je m’appuie contre le dossier de ma chaise. « J’espère que votre égo s’en remettra. » Je prends une gorgée du vin blanc avant de le déposer sur la table et de me lever. « Très bien allons-y ! » Dis-je avec un grand sourire. Je détachais les bretelles de mon bleu de travail et le faisais glisser pour m’en libérer. Je porte dessous un jean ainsi qu’un t-shirt noir et je serais ainsi plus à l’aise pour me battre. Est-ce que j’étais complètement dérangée d’accepter le défi d’un parfait inconnu ? Sûrement. Mais je ne pouvais pas me retenir de vouloir lui donner une bonne leçon. Car derrière son ‘intrigué’ je comprenais un ‘je n’y crois pas’. Donc autant lui montrer ce que j’avais dans le ventre et si je pouvais lui faire un bleu ou deux au passage, ça serait parfait. J’avais conscience vu son allure qu’il était très certainement sportif. Et pour venir me défier, qu’il devait avoir un bon niveau. « Il y a une salle plus grande à côté, venez. » Je prenais mon vin blanc et une nouvelle fois je le guidais non loin. La pièce était faite pour les réunions avec tous les membres de la Cosa Nostra. Elle était largement plus spacieuse. Je posais mon verre sur le bureau et je repoussais les chaises contre les murs pour faire de la place à l’aide de ma baguette. « J’exerce la boxe depuis mes six ou sept ans. Et vous qu’est-ce que vous pratiquez ? » Je n’allais pas lui dire qu’il m’arrivait régulièrement de me battre à cause de certaines missions de la mafia.

Les chaises en place, je prenais mon verre et buvais à nouveau. « Quand vous voulez ! » Je l’observais un peu. Il était plus grand, comme bien souvent, que moi. J’avais certainement l’avantage de la rapidité et de la souplesse. Mais il avait la force et ça, je ne devais pas l’oublier.

Ça aurait été des plus compliqués de ne pas savoir comment elle s’appelait étant donné la raison de sa visite en ces lieux. L’espace de quelques instants, il imagina les demoiselles l’appeler l’autre, tout de suite l’impact n’aurait pas été le même. Pas sûr que Théo se soit déplacé pour une fille qui n’avait même pas de prénom. Déjà qu’elle pouvait se poser des questions sur la raison de sa visite. Oh, sa curiosité serait bien vite comblée, ainsi que celle de Théo au passage. En moins de dix minutes, il se retrouva à suivre Anjelica dans son bureau et se retrouva avec un verre de vin blanc. Il faut croire qu’il y a des jours où l’apéritif se boit plus tôt que d’autres mais ça ne se faisait de toute façon pas de ne pas accepter un verre et puis elle avait l’air de s’y connaître en blanc, ça aurait été un sacrilège de refuser, voilà, c’est ça Théo était uniquement poli, c’était pas du tout de la curiosité une fois de plus et le fait qu’il aimait bien l’alcool en règle général, même si personnellement il était plus champagne que vin, ce qui semblait être de famille d’ailleurs… certainement pour que les soirées ignobles entre sangs purs passent plus vite.

Non, il ne venait pas pour un entraînement, drôle de façon de faire sinon, il aurait au moins eu la décence de venir en même temps qu’Adèle, quand même. Jouant carte sur table, Théo annonça qu’il était là pour savoir ce qu’elle valait la petite brindille. Est-ce qu’il pensait que les femmes ne savaient pas se battre, absolument pas, ce serait mal venu de songer cela alors qu’il donnait des cours à des filles, quel intérêt de perdre son temps avec la gente féminine si on est persuadée qu’elle ne vaut pas grand-chose en combat « Absolument pas, je prends des coups assez régulièrement et ce n’est pas parce que je laisse gagner les filles pour leur faire plaisir. » Ça n’aurait servi à rien en plus. Elles auraient été fières et se seraient fait ratatiner par les moldus à la moindre escarmouche et puisque Théo tenait à elles – oui Raphaël, il tient aussi à toi, un peu – il ne voulait pas que ça arrive.

Lorsqu’il proposa à Zabini un combat, ce pourquoi il était venu en réalité, se faire une idée sur la qualité, en tant qu’entraîneuse de cette fille et potentiellement noter dans un coin de sa tête ses trucs et astuces pour déstabiliser son adversaire, à savoir Théo aujourd’hui, il pourrait en faire profiter par la suite ses partenaires de combats habituels. Sans oublier qu’il pourrait au passage, rappeler à tout ce beau monde qu’hé ho, il restait le meilleur. La demoiselle sembla étonnée, quoi elle ne croyait pas qu’il était venu ici juste pour boire un verre, même si le vin était très bon soit dit en passant, elle avait de bons goûts. Bien sûr qu’il espérait un combat. Il confirma donc d’un large sourire. Bien évidemment, elle le taquina une nouvelle fois à propos de son ego, qu’elle était présomptueuse, c’en était mignon « Encore faut-il que mon ego ait besoin de s’en remettre, j’ai l’intention de vous mettre au tapis mademoiselle Zabini. » Autant dire les choses telles qu’elles étaient, il ne comptait pas la laisser gagner pour lui faire plaisir, loin de là. Au moins, elle avait du cran ou elle était joueuse au choix, dans tous les cas, elle accepta. Elle se leva pour être plus à l’aise. Pour le coup, Théo avait fait la même chose avant de venir, ne souhaitant pas se faire avoir par une tenue trop habillée, les mouvements étaient moins évidents avec des habits trop serrés, n’en déplaise à maman Greengrass qui serait à deux doigts de la crise de nerfs si elle le voyait habillé comme ça.

Une salle plus grande ? Il la suivit joyeusement « J’espère qu’il y aura des tapis, je m’en voudrais de vous faire des bleus et que vous soyez obligé de vous justifier auprès des filles. » Il lui adressa un sourire démontrant qu’il la charriait juste. La pièce dans laquelle elle l’emmena ressemblait, avant qu’elle ne touche à tout à une grande salle de réunion. Elle avait commencé la boxe drôlement tôt, il devait le reconnaître « Vous avez commencé très tôt, à sept ans j’étais loin de m’intéresser à ça, je dois l’admettre. Mais avant que vous n’ayez ce petit sourire satisfait sur le visage, sachez que je me suis rattrapée depuis. Je touchais à un peu tout lorsque j’étais auror pour être capable de réagir à toute sorte d’attaque. » Sans être rouillé pour autant, il était certainement beaucoup moins bon qu’à l’époque mais sûrement que c’était suffisant pour arriver au bout de la Zabini.

Quand vous voulez ? Théo se concentra sur elle, uniquement sur elle, sur sa façon qu’elle avait eu d’agir jusqu’à maintenant, analysant jusqu’à sa stature. Il ne devait pas la sous-estimer. Il s’approcha d’elle et tenta de lui porter le premier coup, juste pour prendre la température, voir qu’elle était sa réaction.

Depuis le départ de Luca, tout est compliqué en ce moment. Je prévois le pire à chaque fois qu’on me sollicite. Quand Adèle m’a fait demander et que j’ai découvert ce grand type dans l’entrée du garage, je ne savais pas quoi en penser. Puis finalement, à force de discuter, je dois admettre qu’il apporte une source de distraction dans cet univers pesant. Ce n’est peut-être pas le moment, peut-être pas ce qui était attendu de moi, mais j’en avais envie et cela allait me changer les idées. Et puis j’étais Anjelica Zabini. Je n’allais pas refuser un défi qui se présentait sur le pas de ma porte. Tout dans sa démarche m’intriguait et m’amusait. Je me devais de faire honneur à ma réputation et surtout aux filles que j’entraînais avec plaisir.

Une fois dans le bureau, je commence à discuter davantage pour le cerne au mieux. Certes, ce n’est pas en cinq minutes de conversation que je vais découvrir toute sa vie et m’en faire un meilleur pote, mais cela permet d’y voir un peu plus. Un macho en mal ? Un curieux ? Un cinglé en soif d’aventures ? Un mélange des deux derniers si je prends le temps d’analyser sa réponse à ma question. Je comprends rapidement qu’il souhaite me mettre à l’épreuve et cela m’amuse autant que cela m’intrigue. Je ne sais pas ce qu’Adèle et ses amies ont pu dire pour le convaincre à ce point que je valais le déplacement. Cette fois, je ris franchement tandis qu’il me dit qu’il compte clairement me mettre au tapis. Un combat, donc… Je prends une gorgée de mon verre avant de me lever pour me débarrasser de mon bleu de travail. « Donc pas un macho, mais un mec un peu trop sûr de lui. » concluais-je après ces quelques phrases échangées. Ceci dit, je faisais la maligne, mais je n’étais pas non plus totalement certaine de parvenir à le battre.

Je lui proposais de me suivre pour aller dans une pièce plus grande et sa pique m’amusa. « Navrée pour vous, mais c’est une salle de réunion. Il n’y aura que votre charmant petit cul pour amortir votre chute. » Je lui adressais un sourire malicieux avec une pointe de provocation au fond de mes prunelles avant de franchir le seuil de la porte. Je repoussais les chaises et les tables de chaque côté des lieux pour nous permettre de mieux nous déplacer. « Oh un ancien auror ! Ca donne du piment au défi ça ! » Répliquais-je. Je relevais néanmoins sa remarque tandis qu'il disait que j’avais commencé tôt. « Quand vous avez un grand frère qui passe son temps à vouloir vous défendre depuis la cours d’école, le seul moyen d’avoir un peu d’indépendance, c’est de se débrouiller par soi-même. » Luca avait sans cesse été protecteur avec moi. Comme je l’étais avec lui dans le fond. Mais son rôle d’aîné, il le prenait très au sérieux. Depuis toujours… « Mais en toute vérité, ça marche qu’à moitié. » Complétais-je sur le ton de la confidence. Sauf aujourd’hui. Il était parti. ll avait fini par me laisser isolée pour affronter la direction du garage mais surtout de la Cosa Nostra. C’était nouveau pour moi. Compliqué. Mon cœur se serra à cette pensée et j’avalais une gorgée de vin pour la chasser au loin. Je déclarais à Theo que c’était quand il le voulait pour démarrer le combat et il me prit au mot. Alors que j’avais encore mon verre à la main, il tenta un premier coup. Mon réflexe fut bien sûr d’esquiver, rejetant une de mes jambes en arrière pour stabiliser mes appuis. Mon bras qui ne tenait pas l’alcool se dressa en travers pour parer une éventuelle prochaine attaque. « Un peu de respect pour mon Chianti, même si vous êtes pressé que je vous mette au tapis. » J’utilise volontairement son expression typiquement anglaise sur laquelle mon accent italien roule et recule sans le quitter des yeux afin de déposer mon précieux sur un bureau. « Que les choses sérieuses commencent. »

Je prends le temps de l’observer. Il est certainement plus fort que moi physiquement, cela ne fait pas de doute mais je suis persuadée que je peux l’avoir par la ruse. C’est une arme secrète. Je suis petite, c’est un fait, mais j’esquive plus facilement les coups et mes mouvements sont plus rapides. Je me dispose face à lui et commence à me déplacer un peu autour de sa grande carcasse, sautillant d’un pied à l’autre. Je tente quelques pointes qu’il parvient à parer sans difficulté et si j’en fais autant de mon côté, il finit par me percuter aux cotes. Un sourire étire mes lippes. Très bien… C’était parti. Après quelques essais de chauffe, j’avance soudainement vers lui, mes poings repliés allant très rapidement cogner dans les siens pour venir le crocheter par le bas, enfonçant mes doigts dans son ventre avant de m’abaisser le plus vite possible afin de lui fournir le moins de points à toucher et je glissais dans son dos pour lui donner un coup du plat de ma chaussure sur son postérieur. Je ne jouais pas à la loyale. Je ne respectais pas les règles. Je souriais en le regardant dans les yeux alors qu’il me faisait de nouveau face. « Vous êtes toujours musclés pour un auror à la retraite. » Ne puis-je m’empêcher de le chambrer. « Que faites-vous à présent ? Coach sportif pour petites sang-purs en détresse ? » Oui, je le provoquais. Oui, je parlais pour chercher à le déconcentrer. Se battre avec moi, ce n’était pas conventionnel et encore il n’avait pas tout vu le Greengrass.

Se faire traiter de macho, ça n'était jamais une partie de plaisir. Enfin, ça dépendait probablement de la personne qui recevait la critique, il devait bien y avoir des hommes qui prenaient ce mot comme un compliment, des hommes qui  croyaient dur comme fer en la supériorité des hommes sur les femmes et qui ne s'en cachaient pas. Ça n'était pas le cas pour Théo, bien qu'ayant évolué dans un monde où la place de la femme était derrière son mari, à faire des marmots jusqu'à avoir un héritier de sexe masculin. Il avait échappé à cette façon de penser, sa mère étant bien trop importante pour qu'il ait la sensation que son père lui était supérieur et surtout, il y avait Alcyone. Son monde s'était façonné autour de sa sœur, elle était bien évidement supérieure à tout le monde, sans distinction du sexe, de l'ethnie ou de l'âge. Ça aidait à ne pas être macho, point sur lequel Anjelica Zabini revint, gratifié pour l'occasion d'un sourire de Théo. La critique sur le fait qu'il serait trop sûr de lui le laissa indifférent. Il serait trop sûr de lui uniquement s'il perdait ce combat. Ça ne risquait pas d'arriver, quand bien même les copines d'Alcyone et de Sélénya encensait pas mal la mécano qu'il avait face à lui, il ne fallait pas exagérer il s'entraînait depuis des années, elle ne pouvait pas le vaincre et il allait lui prouver.

Ils se cherchaient mutuellement, ça avait un petit côté amusant, ils ne se connaissaient pas vraiment mais ça ne les empêchait absolument pas de se taquiner. Il n'y aurait pas de tapis pour amortir les chutes, Théo leva les yeux au ciel en l'entendant dire qu'il n'y aurait que son charmant petit cul pour amortir, merci pour le compliment au passage. Ses fesses n'auraient rien à amortir du tout enfin, elle n'avait pas écouté, surtout qu'il précisait par la suite qu'il était ancien auror, ça en disait long sur l'expérience, oui bon elle y voyait une raison d'embellir le défi, c'est sûr que s'il perdait, elle pourrait le raconter à tout le monde et bien insister sur ce point, probablement qu'elle oublierait - oublier vraiment ? - de préciser le mot ancien. Oh il ne pouvait la blâmer, il était pareil. C'était donc le fait qu'elle ait un grand frère protecteur, un brave homme à n'en pas douter, qui l'avait poussé à apprendre à se battre pour pouvoir être indépendante. Pauvre frère, il devait avoir adoré la lubie de sa sœur que d'apprendre à se débrouiller toute seule. Sans surprise pour Théo, elle finit par avouer que ça ne fonctionnait qu'à moitié, puisqu'elle s'aventurait sur le chemin des confidences, il se confia à son tour « C'est le rôle d'un frère que de protéger sa sœur. On veut qu'il ne vous arrive rien et pour cela on n’est jamais trop de deux. » Cela voulait néanmoins dire qu'il fallait apprendre non pas à les laisser voler de leurs propres ailes sans avoir un regard sur elles continuellement, ça c'était impossible pour Théo, mais au moins à les entraîner à se défendre. Bon pour Alcyone, il devait admettre qu'il n'était pas le meilleur professeur, ayant trop peur de lui faire mal pour être tout à fait sérieux. Ce serait cependant sûrement pire si c'était quelqu'un d'autres qui la touchait, il aurait envie d'étrangler le ou la formatrice.

Lorsqu'il porta la première attaque, Théo ne s'attendait pas à grand-chose. Elle esquiva sans peine, qu'elle soit en train de boire n'y changeait rien, elle était sur ses gardes et la boisson fut protégée, intéressant. Ce qu'il pouvait noter en quelques minutes seulement, c'est que cette fille était là reine de la provocation. C'était d'ailleurs probablement ce sur quoi elle jouait lors de ses combats, elle devait réussir à monter en pression ses adversaires, les titiller jusqu'à ce qu'ils perdent patience et qu'ils enchaînent les erreurs. Ca ne serait pas le cas de Théo, pas qu'il avait une patience hors norme mais il savait que chaque seconde d'inattention pouvait lui coûter la victoire et s'il n'y avait pas mort d'homme dans ce cas de figure, il ne pouvait pas perdre contre elle, sa réputation était en jeu. La phrase suivante de miss Zabini eut l'effet de mettre Théo dans une sorte de bulle, concentré à la simple mention que les choses commencent. Il était prêt pour le combat, après tout il était venu uniquement pour ça, comprendre pourquoi les filles trouvaient Anjelica si géniale.

Les premiers échanges servaient plus à se jauger qu'autre chose. Il ne lui fit pas l'affront de lui foncer dessus en pensant la coucher en un geste à peine. Si elle entraînait les filles c'est qu'elle gérait c'était indéniable. Confortant Théo dans le fait qu'il était meilleur qu'elle, il fut le premier à percer sa défense. Pourquoi il n'y avait personne pour voir ça ? C'est toujours comme ça de toute façon. Un éclair de surprise passa dans le regard de Théo lorsqu'elle sembla vouloir juste taper dans ses mains, pour le coup il n'avait pas grand-chose à faire, non mais elle ne pouvait pas être si nulle quand même ? Alors certes il était habitué à Soledad qui se débrouillait fort bien mais là quand même, son amie lorsqu'elle était novice était meilleure, c'est dire. Autant dire que le coup le prit par surprise, pas si nulle que ça la demoiselle. A la manière d'un serpent elle glissa dans son dos, comment c'est bien simple Théo n'en savait rien, en revanche il sentit très bien le coup dans les fesses et se raidit instinctivement avant de faire volte-face. Mais c'est qu'en plus elle souriait « Votre façon de combattre est étonnante. » Pour pas dire totalement déloyale. Il fallait qu'il se méfie un peu plus mais le problème il devait se méfier de quoi au juste, chaque mouvement ? Il semblerait que ça soit de ses paroles qu'il fallait se méfier « Je vais le prendre comme un compliment. » Même si parler de la retraite c'était un peu comme le traiter de vieux, c'était jamais plaisant. Coach pour les sangs-pures en détresse, où allait elle pêcher ça par Merlin « La pureté du sang est rarement la chose qui prime le plus lors d’un combat, vous ne croyez pas ? » Non mais pour un peu elle venait de le traiter de raciste. Alors oui, le mieux c’était de ne pas réagir mais c’était pas toujours évident. Afin qu’elle arrête de le parler et de le provoquer pour une oui ou pour un non, Théo s’avança pour lui porter une attaque, s’il arriva à la toucher, ça ne dura qu’une fraction de secondes avant qu’elle ne se dérobe, mais comment elle faisait pour être aussi rapide, en fait c’était même plus être sur le qui-vive, c’était une catastrophe. Forcément, un peu piqué au vif, Théo essaya d’enchaîner plus rapidement, faisant pleuvoir les coups sur la demoiselle face à lui… Au pire s’il lui faisait mal, il utiliserait la magie pour la soigner, elle serait bien contente de s’être battu face à un auror retraité ayant des compétences en médecine… bon compétences qu’il avait avant d’être auror mais c’est un détail.

Je dois admettre que si je me suis demandé durant quelques minutes s’il était sain d’esprit, la situation avec ce Theo m’amuse. Déjà par son culot de débarquer ainsi au garage pour savoir ce que me trouvaient les filles et me proposer un combat. Et puis l’échange avec lui était distrayant. Je cherchais un peu à comprendre qui il était. Mes piques malicieuses étaient réceptionnées et ne semblaient pas le déstabiliser plus que ça. Je n’étais pas du genre à avoir ma langue dans ma poche. Que je connaissais ou non les gens. C’était ma marque de fabrique. Passant de macho à un mec un peu trop sûr de lui avec un petit cul charmant, il encaissait chaque remarque. Mais le jeu devint d’autant plus intéressant quand il mentionna qu’il était un ancien auror. Il avait donc forcément de l’entraînement et une certaine technique. Un défi qui ne me faisait pas spécialement peur. J’avais l’avantage de la surprise. Je m’étais contentée de montrer les bases aux filles, il ne pouvait donc pas réellement tout connaître ma façon de combattre. Ca, c’était ma petite botte secrète. Il semblait cependant marquer un attachement marqué à sa sœur. Le silence s’empara de moi quelques secondes. Luca m’avait toujours défendu malgré mon indépendance, j’avais toujours pu compter sur lui. Mais cette fois, il m’avait abandonnée et j’allais devoir me débrouiller seule. Cela s’étendait bien plus loin que cette petite joute avec le Greengrass. Je savais qu’il en avait besoin. Qu’il fallait qu’il sorte de cette merde qu’était la drogue. Pourtant me retrouver soudainement seule dans ce pays me donnais l’impression d’être perdue sans réellement savoir où me rendre et dans quel sens avancer. Je ne répliquais finalement rien à sa remarque. Sinon je risquais de briser l’ambiance presque enfantine qui s’était installée depuis son arrivée. J’esquissais simplement un sourire. Et sans que je m’y attende, il porta la première attaque, déclenchant l’affrontement.

Je commençais en douceur pour ma part. J’enchaînais quelques coups, puis lui déposais avec élégance mon plat du pied sur le postérieure. Un sourire aux lèvres, j’observais sa réaction face à mes méthodes. « Lors d’une attaque, c’est toujours mieux d’être imprévisible. » Je savais ce qu’il sous-entendait derrière ces propos. La boxe avait des règles préétablies. Chaque sport en avait. Mais je n’avais pas appris qu’en club mais sur le terrain. J’avais bien des styles forgeant le mien avec le temps. Luca détestait m’affronter à cause de cela. Comme ce très cher Theo, il trouvait cette façon de faire « étonnante ». Je m’amusais à le chercher également en le provoquant. Signature Anjelica également, car cela faisait souvent perdre les pédales à mes adversaires. « Vous pouvez, monsieur l’auror à la retraite. » piquais-je de nouveau avec amusement. Toujours en garde, je l’écoutais me répondre, sautillant légèrement sur place, prête à bondir au moindre de ses gestes. « Très certainement mais demandez à un Mangemort ce qu’il en pense… » Il y avait fort à parier que ce dernier serait moins enclin à être tendre devant un sang-mêlé. « Mais ces fous furieux moldus ne ferait certainement aucune différence entre votre sœur et une cracmole. » Titiller un point sensible. Cela aussi faisait partie du combat…

Peut-être agacé, il se débrida totalement et osa passer réellement à l’attaque. Theo était un adversaire redoutable. Il était plus grand et plus fort physiquement, mais je savais que je pouvais compenser avec ma ruse et ma vitesse. C’est ce qui le déstabilisait d’ailleurs. Après plusieurs coups qu’il me portait, je me lançais rapidement, esquivant habilement les attaques suivantes de Theo. Je dansais autour de lui, utilisant ma mobilité pour éviter ses attaques puissantes. Mes mouvements sont rapides et précis. J'enchaîne les combinaisons de coups, frappant avec précision et cherchant les ouvertures. Theo tente de me rattraper, mais je suis toujours un pas en avant, esquivant ses poings avec agilité. Je profite de sa taille et de sa force pour lui faire gaspiller son énergie. « Et que faites-vous à présent ? » Demandais-je le souffle court, le cœur battant un rythme effréné à mesure que le combat perdurait. Je cherche à le pousser à l'erreur, le frustrant avec mes esquives, mes contres et mon blabla incessant. Je sais que je ne peux pas me permettre de l'affronter directement, alors je joue sur mes atouts. Le combat se poursuit, chaque échange de coups est une bataille d'intelligence et de stratégie. Je me faufile entre ses attaques, ripostant avec des crochets rapides et des uppercuts précis. J'essaie de garder le rythme, de rester concentrée malgré l'adrénaline qui monte en moi. Théo montre sa force, mais je ne lui facilite pas la tâche. Je suis agile, glissant et esquivant ses coups avec une grâce féline. Je me sers de ma vitesse pour le déstabiliser, le poussant à commettre des erreurs. Le combat est intense, chaque échange de coups est une lutte dans laquelle je suis déterminée à montrer que la ruse et la rapidité peuvent vaincre la force brute. Le temps semble ralentir alors que nous échangeons les derniers coups. Je dois reconnaître que dans le fond cela me fait du bien d'extérioriser par le combat. Normalement, c’est avec Luca que je m’entraîne, mais depuis qu’il est parti… « Vous connaissez l’avantage d’être sorcier ? » Je laisse mes paroles en attente de sa réponse avant de reculer soudainement et de transplaner.

Je maîtrise cet art avec aisance. J’apparais à deux reprises autour de lui, le percutant d’un coup de poing à chaque fois. Puis la dernière, dans son dos sur lequel j’atterris, mes bras encerclant son cou, mes jambes nouées autour de ses hanches. « C’est que ça offre encore plus d'opportunités ! » Je nous forçais à transplaner ensemble et au moment d’apparaître dans un coin de la salle de réunion, je le faisais tomber à terre, installée sur son dos. Ma main glissa dans ses cheveux pour le décoiffer. « Ce qui s’appelle se faire mettre à terre, je crois. »

Dans aucun des combats qu’il avait pu mener dans sa vie, Théo ne s’était pris un coup de pieds aux fesses. C’était un peu spécial comme façon de faire, Anjelica avait une façon bien à elle de combattre et ça n’était pas vraiment pour flatter les egos des gens mais ça fonctionnait, c’était une certitude, elle savait prendre au dépourvu étant, comme elle le disait si bien imprévisible. Pour en arriver à ce résultat, elle avait dû essuyer pas mal de défaites dans sa vie pour en arriver à cela mais s’il était persuadé qu’il ne combattrait jamais ainsi, il savait aussi prendre le meilleur de ses adversaires et transmettre leurs connaissances afin d’entraîner au mieux. C’était impressionnant qu’une fille qu’il connaissait depuis une poignée de secondes lui apprennent des choses qui seraient utiles. Bon ce qui était un peu moins agréable c’est qu’elle le prenne pour un retraité. A l’entendre, Théo était un vieux papy. Son nom devant un peu le précéder, elle supposait en prime qu’il n’entraînait que les petites sangs pures. Comme si dans un combat ça changeait quoi que ce soit. S’il fallait demander à un Mangemort son avis sur la question, Théo connaissait d’ores et déjà la réponse « Sincèrement, je pense que les Mangemorts seraient bien contents que les sangs-mêlés sachent se battre. Envoyer en première ligne des gens dont la pureté du sang est à revoir afin de garder en sécurité les gens dont le sang est infiniment plus précieux. » S’il trouvait son résonnement des plus logiques et qu’il était fier de ce qu’il venait de dire, sa fierté disparut à la seconde où Anjelica mentionna sa sœur. Il eut quelques secondes d’absences, une crainte, LA crainte, venant s’insinuer en lui. Il se moquait bien que sa sœur puisse être assimilé à une cracmole, elle serait toujours sa sœur avec ou sans pouvoir, elle serait toujours parfaite avec ou sans pouvoir. Non ce qui était embêtant c’était cette mention de fous furieux de moldus, eux, il les voulait loin de sa sœur.

Cette pensée le réveilla quelque peu et il accéléra le nombre de coups, c’était très étrange, c’est comme si tout d’un coup il se battait pour protéger Alcyone. Ça n’avait pas le moindre sens, bien sur qu’il savait que sa sœur n’était pas une cracmole, que Anjelica ne la menaçait pas mais il la défendait d’un ennemi invisible. Cette fois, elle ne parlait pas plus lorsqu’ils combattaient, enfin pendant les premières minutes. Il n’arrivait pas à prendre l’ascendant sur elle, elle virevoltait comme un papillon. Lorsqu’elle reprit la parole, son souffle était un peu plus court que tout à l’heure. Elle ne pouvait pas s’empêcher de parler, c’était dingue ça tout de même. Néanmoins, il répondit à la question qu’elle lui posait « Je travaille à Poudlard en tant qu’infirmier. » Ah c’était un peu moins dangereux et pour la forme c’était un peu moins ça, heureusement qu’il y avait l’ordre du phénix… bon et ces saletés de gars du Blood Circle pour se garder en pleine forme et rester un bon combattant. Est-ce qu’il n’était pas meilleur maintenant qu’avant ? Il se posait la question.

Le combat gagnait en intensité, il se demandait sérieusement comment elle pouvait bouger aussi vite. Surtout qu’il ne la ménageait et qu’elle ne se ménageait pas non plus. Lorsqu’elle reprit la parole, il la regarda les yeux ronds, il était concentré sur attaque, recule, feinte à gauche et elle, elle lui demandait s’il connaissait l’avantage d’être un sorcier. Est-ce que c’était réellement le moment pour ça ? Il n’y avait rien de magique dans leurs échanges, n’importe quel moldu aurait pu faire la même chose qu’eux jusqu’à ce qu’elle disparaisse de son champ de vision. Il ne fit aucun mouvement, pris au dépourvu. Mais qu’est ce qu’elle faisait ? Avant d’avoir la réponse, il se fit percuter une première fois, fit un saut sur le côté, saut inutile puisqu’elle semblait l’attendre, tapant de l’autre côté. Quel anti-jeu, il n’arrivait rien à anticiper et fut des plus surpris lorsqu’elle lui sauta dessus. Forcément, ce fut un réflexe que de l’aider à maintenir sa prise sur lui. Chose qui était complètement stupide, il aurait mieux fait de ne rien faire puisqu’ils étaient en combat mais comme il savait qu’elle n’était pas vraiment un ennemi et qu’à part des bleus, il ne risquait rien, c’était naturel, trop naturel de l’aider. Il se contenta de lever les yeux au ciel lorsqu’elle reprit la parole pour dire que ça offrait des opportunités. Bien mal lui en prit d’être sympathique avec puisqu’une nouvelle fois elle transplana, cette fois avec lui et loin de lui être reconnaissante – en même temps pourquoi l’aurait-elle été – elle le mis à terre. S’il n’était pas sonné puisqu’à aucun moment ça n’avait été douloureux, il était complètement halluciné par ce qu’elle venait de faire. En prime, elle était calée sur lui et comme si ça n’était pas assez humiliant comme ça de s’être fait avoir comme un bleu, elle trouva le moyen de lui ébouriffer les cheveux avec une petite phrase moqueuse. « Je reconnais, je suis mis à terre, je suis battu. Certes de façon très déloyale mais battu tout de même. Auriez vous l’amabilité de vous pousser pour que je puisse au moins m’asseoir ? » Il devait reconnaître qu’il était surtout impressionné « Je crois que je vais me servir de cette défaite non pas pour faire comme vous, je crains de ne jamais y arriver mais pour donner des billes pour les filles que j’entraîne. » Il se releva une fois qu’elle le libéra, se paya le culot de dire avec un sourire moqueur « comme ça toutes mes petites élèves sangs pures seront meilleures que les vôtres. Merci pour cet apprentissage qui va probablement laisser des traces. » Cette défaite eut malgré tout un goût de victoire, il permit à Théo d’en apprendre un peu plus sur cette capacité qu’avait Anjelica de se servir de tout ce qu’elle pouvait pour vaincre et il ne manquerait pas de filer les tuyaux aux personnes qu’il entraînait, oui même à une certaine sang-mêlée… pourvu qu’elle ne s’en serve jamais contre lui cependant.