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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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"Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis." feat Ennis O'Callaghan - 8 Septembre 2021 :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Léon Villeneuve
Léon Villeneuve
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Dim 24 Sep - 23:54


"Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis."
feat Ennis O'Callaghan



8 Septembre 2021

Quelques part, côté moldu



Comme d’habitude à Londres, il pleut. Les gouttes s’étalent sur son imperméable et vont s’écraser sur le carrelage du petit local où il est entré en silence, discrètement, comme s’il ne voulait pas qu’on le remarque – et c’est le cas. Son teint est blafard, des cernes énormes lui dévorent le visage et la seule envie qu’il ait en ce moment, c’est partir très loin d’ici et fumer une cigarette.

Il ne sait pas très bien pourquoi il est si bouleversé aujourd’hui. Bien sûr, c’est l’anniversaire de sa mort, mais c’était le cas l’an dernier et l’année d’avant. Il pensait qu’à chaque automne passé, son absence serait moins douloureuse, qu’il l'accepterait peu à peu, que son affliction s’amenuiserait et qu’il serait lentement, mais sûrement, en paix avec lui-même. Il sait pertinemment que cette blessure ne guérira jamais, mais il lui semble que plus le temps passe, plus le chagrin et la rage s’emparent de lui. Il s’est pourtant vengé. Il a pourtant massacré les responsables, détruit leurs misérables vies. Il peut encore sentir le craquement de leurs os sous ses poings pendant qu’ils les frappaient les uns après les autres jusqu’à ce que la mort, clémente hôtesse, s'envole finalement avec eux hors de sa portée.

Un goût de sang envahi sa bouche, alors qu’il réalise qu’il s’est mordu très fort l’intérieur de la joue. Pendant un instant, il a été ailleurs, est retourné là-bas, dans la cuisine, où parmi les décombres, sa fille, son bébé, sa petite chérie, est morte tout contre lui.

Ces dernières années, Léon a beaucoup lu sur le deuil, afin de sortir de cette mélasse épuisante, suintante et de cette culpabilité sans fin à l’égard de la mort de son unique enfant. Le déroulé est toujours le même. Il passe une année relativement normale, laissant de côté ce qui s’est passé, parfois même prêt à avancer dans sa vie, et puis l’été touche à sa fin, les feuillages des arbres se couvrent d’orange et de rouge, il devient plus lourd, perd le sommeil, se réveille en sursaut, pleure sans vraiment savoir pourquoi et surtout, se sent lasse et épuisé. Plus rien n’a de sens, le monde ralentit et il se demande pourquoi il est encore là. Il a été accompagné au début bien évidemment, mais le français étant ce qu’il est, il n’y est pas allé bien longtemps. Etaler sa peine devant une inconnue qui ne comprend et n’appréhende même pas l’entièreté de sa vie et de ce qu’il a vécu ? Très peu pour lui. Cette analyse inachevée aura toutefois été suffisamment longue pour que sa thérapeute lui conseille de fréquenter un groupe de parole sur le thème du deuil. A l’époque, tout ce que son esprit avait voulu, c'était une vengeance, violente et sans pitié, aussi avait-il balayé de la main cette possibilité, aveuglé par la haine et la tristesse. Avec le recul, il s’est mis à penser que ce n’était peut-être pas une si mauvaise idée. Aujourd’hui, il y est.

Comme à son habitude lorsqu’il entre dans une pièce, il observe tous les participants pour vérifier qu’il ne connaît personne et que personne ne fréquente sa boutique. Il s’est rendu dans le Londres moldu et s’est assez éloigné du centre spécialement pour cette raison, ce n’est pas pour croiser un voisin ou un client. Sur ses gardes, il est prêt à partir à n’importe quel moment. Il n’a besoin que d’une raison, une seule, pour fuir hors d’ici et retourner à la digestion lente et interminable de cette boule énorme logée au creux de son ventre. Il n’a pas porté sa fille, pourtant elle est belle et bien là, tout le temps et il peut la sentir au fond de lui, comme si elle n’était pas vraiment partie.

L’officiant – il est incapable de dire si c’est un.e professionnel.le de l’écoute – les invite à prendre place. Léon a terminé son petit tour rapide, il est en lieu sûr – enfin tout est relatif – et l’unique moment de sa vie où il va potentiellement vider son sac est sur le point de commencer.

D’abord, un tour rapide est proposé. Les personnes du groupe nouvellement formé sont censées décliner leur identité, donner les informations qu’elles jugent nécessaires sur elles et présenter leur proche disparu. « Disparu » est un mot qui a toujours profondément irrité Léon. Pendant que le tour de présentation commence et qu’il n’écoute que d’une oreille, il réfléchit. Thomas a disparu. Thomas est encore vivant et il ne sait pas où il se trouve. Gwen n’a pas disparu, il ne l’a pas perdue, elle ne s’est pas endormie éternellement, elle n’est pas partie et surtout, elle n’a pas rejoint un monde meilleur.

Elle est morte.

Il n’y a rien d’autre à dire que cela. Elle a arrêté d’être vivante. Comme le poisson qui gigote sur le sol, puis ne gigote plus du tout. Un moment elle courrait à la cuisine pour prendre son petit-déjeuner après lui avoir dit à quel point elle l’aimait et l’instant d’après, elle gisait dans ses bras, couverte de sang et les yeux dans le vide. D’après lui, la douleur que l’on ressent est indicible. Comment expliquer la mort d’une partie de soi ? Comment continuer alors que l’autre n’est plus là et qu’il est très clair qu’il ou elle ne reviendra jamais ? Quand une personne est disparue, il y a toujours l’espoir ténu de le ou la voir réapparaître. Dans le cas de Gwen, cela n’arrivera pas. Il aurait beau croire en Dieu et prier, s’adonner aux arts magiques les plus noirs, braver tous les interdits, donner tout son argent et tout ce qu’il possède, elle ne sera plus jamais vivante.

« Je m’appelle Ennis, je vis à Londres et mon petit frère Collin est mort quand j’avais dix-sept ans »

La voix le sort des songes dans lesquels il se perd depuis quelques minutes et son regard, qui errait dans l'espace jusqu’ici, en cherche la provenance. C’est une tessiture grave et froide, bien qu’il détecte une chaleur ancienne cachée dessous. Tel un papillon de nuit attiré par la lumière, Léon se sent fasciné par cet inconnu alors que c’est le dernier endroit et surtout pas le moment pour rencontrer quelqu’un. La voix l’apaise. Elle lui rappelle un peu l’effet que pouvait avoir Thomas sur lui avant, il y a longtemps, quand ils se trouvaient encore à Dumstrang. Les choses ont bien changé depuis et il n’a plus jamais retrouvé personne qui le fasse se sentir aussi bien. Parfois, il y a des évènements ou des personnes qui ont un certain effet sur vous et il n’y a aucune explication à cela. Ils vous arrivent, c’est tout. Cela semble être le cas avec cet homme, plus jeune que lui, dont l’accent irlandais est aisément reconnaissable et qui semble relativement détendu, même s’il se tient assez droit. C’est peut-être une apparence.

Le tour continue, les présentations s’égrainent l’une après l’autre, puis c’est à son tour de parler. Il a beaucoup de mal. L’officiant lui dit de prendre son temps, que personne ne le jugera. Il a pu effectivement se rendre compte que le groupe est assez bienveillant, puisque plusieurs personnes ont fondu en larmes ou ont exprimé des émotions assez fortes.

Comme à chaque fois qu’il parle de Gwen, la façade de Léon s’effondre un peu pour laisser échapper quelques émotions très vives, mais fugaces, de son cœur. Personne ne peut le savoir dans cette pièce, parce que son visage n’exprime absolument rien, mais la peine qui l’entoure à présent le fait un peu suffoquer et c’est elle qui l’empêche encore un peu d’articuler le moindre son. Il semble se noyer pendant un instant et lève les yeux au ciel, comme si une main allait se tendre vers lui pour le remonter à la surface et l’aider à respirer. Il se racle la gorge, se redresse un peu sur son siège et croise les doigts en appuyant ses mains sur ses cuisses.

« Je m’appelle Léon Villeneuve. Je possède une petite librairie dans le centre de Londres. Ma fille...»

Il fait une pause. Sa voix s’est brisée. Il déteste tellement cela. Il sent K lui souffler dans le cou et prendre possession de lui pour le protéger, mais il le repousse. Il fait encore jour, ce n’est pas sa place d’être ici et ces émotions doivent s’en aller. Certes, il n’est pas le plus loquace quand il s’agit de parler de ce qu'il ressent, en revanche, il n’est pas sot. Il a bien conscience qu’à un moment, on ne peut enfouir tout ce qui nous dérange et espérer que cela disparaisse comme par magie. Bien sûr, pour tout le reste, Thomas inclue, il le fait et cela fonctionne parfaitement bien, mais pas pour Gwen. Il n’arrive pas à s’expliquer pourquoi, mais sa fille refuse de le laisser en paix, refuse de laisser sa peine s’apaiser, refuse qu’il aille mieux. Elle refuse de partir justement. Elle est morte, d’accord, mais elle est encore là et visiblement, elle compte bien le lui faire comprendre, de gré ou de force.

« Ma fille Gwen est morte il y a quatre ans. Elle avait cinq ans. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de sa mort ».

Il se tait et la personne suivante prend la suite.

C’est à ce moment-là, alors qu’il relève la tête, qu’il croise et remarque la couleur des yeux du prénommé Ennis.

Ils sont bleus.

Comme un ciel d’orage.


 

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Ennis O'Callaghan
Ennis O'Callaghan
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Mar 3 Oct - 13:59


Tu n'es plus là où tu étais,
mais tu es partout là où je suis

@"Léon Villeneuve"


Septembre 2021
Tower Bridge Care Home

Voilà des années qu'il n'était pas revenu ici. La tapisserie se décollait aux bords, l'ampoule dénudée jetait une lumière trop vive sur les épaules voutées et le métal des chaises crissaient dans un ricanement sinistre sur le vieux carrelage. Mais parmi ces étrangers aux mines défaites, Ennis se sentait à sa place. Le décors importait peu. Ici, il avait trouvé un refuge inattendu. Personne ne le connaissait et au fond, personne ne cherchait à savoir qui il était. Seule la parole comptait. La parole et la compréhension d'un deuil infaisable. Les récits individuels de chacun s'entremêlaient pour tisser un récit plus collectif. Son propre malheur se fondait un bref instant dans celui des autres.

Ce qui lui plaisait, c'était l'anonymat de ces rencontres. Aussi il changeait régulièrement de centres ; il ne mettait rarement les pieds au même endroit. Mais, ce soir, faute de nouvelle piste, il avait fait une entorse à son règlement. Il était déjà venu ici, au Tower Bridge Care Home. Après le sauvetage de l'ancienne université de Poudlard, quand ses derniers espoirs de retrouver Ana étaient partis en fumée, il avait sombré dans la forme la plus sévère de mélancolie. Il ne s'était plus reconnu, et avait bien dû reconnaître avoir besoin d'aide. Après quelques semaines de repos et de soins à l'hôpital, un psychologue lui avait recommandé ces groupes de parole. Depuis, il répétait l'opération dès que nécessaire, généralement à l'intervalle de plusieurs mois.

Mais aujourd'hui, ce n'était pas pour parler d'Ana qu'il avait rejoint le cercle des endeuillés. Aujourd'hui, toutes ses pensées étaient tournées vers son frère, Colin. Depuis qu'il avait infiltré le Blood Circle et qu'il côtoyait régulièrement sa sœur, celle aux mains desquelles son jeune frère avait péri, une blessure qu'il pensait depuis longtemps guérie s'était de nouveau ouverte. Depuis quelques semaines, il se réveillait en sueur, haletant. Dans ses cauchemars, seule la voix suppliante de Coline arrivait jusqu'à lui tandis qu'il tentait tant bien que mal d'avancer sur un sol de ronces. Son psychologue était convaincu que la disparition d'Ana venait réveiller le traumatisme de la perte de son frère. Ses remarques l'aidaient un peu, mais rien ne semblait le soulager comme ces réunions insolites.

Arrivé dans les premiers, il eut le temps d'examiner les visages entrant les uns après les autres. Il fut soulagé de n'en reconnaitre aucun. Une vieille femme aux longues nattes blanches et un vétéran estropié lui firent de timides saluts de la tête tandis qu'ils prirent place autour de lui. La pièce ne mit pas longtemps à se remplir et on referma alors le cercle.

Autour de ces personnes, l'empathe qu'il était pouvait ressentir le plaisir d'une harmonie, celle d'une même sensation éprouvée. Toutefois, certaines émotions étaient trop fortes pour pourvoir être supportées trop longtemps. C'était le cas à présent. Une vague de colère et de culpabilité l'envahit si puissamment qu'elle lui fit presque tourner la tête. Dans la proximité de ses camarades, il ne put en distinguer la provenance. Il se contenta de la mettre à distance. Le premier tour de présentation put commencer. A chaque personne, Ennis se concentrait sur leurs émotions comme pour donner plus de force à leurs discours, et peut-être davantage les comprendre. Cet exercice n’était pas de tout repos et il ressortait souvent de ces groupes de parole épuisé. Que cherchait-il dans cet examen ? Il n’en savait trop rien. Une réponse, la solution qu’il ne parvenait pas à trouver lui-même face au deuil ? Veine tentative, il le savait. Depuis le temps qu’il avait mis en pratique cet exercice, il n’avait trouvé que très peu de réponse. Cela lui donnait au moins l’illusion, pendant quelques instants, de ne pas vivre son malheur seul.

Après que la femme aux nattes eut terminé d'esquisser brièvement son portrait, Ennis sentit les regards se river sur lui. Il se racla la gorge et se redressa. - « Je m’appelle Ennis, je vis à Londres et mon petit frère Collin est mort quand j’avais dix-sept ans. » Il avait beau avoir l'habitude de ces tours de paroles, les phrases prononcées avaient toujours le poids de lourdes pierres qui lui restaient en travers de la gorge. Toutefois, comme à son habitude, il ne laissa rien transparaître. Quand son voisin estropié prit à son tour la parole, tous les regards suivirent le mouvement et quittèrent Ennis. Tous, ou presque. Car il semblait à Ennis qu'on continuait de l'observer. Ne voulant pas paraître déstabilisé, il resta concentré sur l'ancien militaire. Mais, dans l'extrémité de son champ de vision, il lui sembla deviner le regard d'un homme. Un homme qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à présent. A plusieurs reprises il voulut tourner le visage pour confronter son regard, mais n'en fit rien.

Très vite, on invita le mystérieux inconnu à se présenter. Ennis put enfin l'examiner. De fines lèvres dessinées au pinceau et un nez droit donnaient une déroutante harmonie à ce visage légèrement allongé. Une chevelure dorée tombait sur un front haut et lisse. Et, derrière des cernes creusées, contrastant avec un teint presque cireux, deux yeux d'un bleu glacé. Légèrement plus âgé, l'homme qui se tenait en face de lui était d'une beauté peu ordinaire. A la pensée que l'inconnu ait attardé son regard sur lui, Ennis sentit une fine chaleur se diffuser dans sa poitrine.

Bien que lui-même légèrement troublée, l'irlandais ne put s'empêcher de scruter ses émotions. Elles dénotèrent une intensité que l'empathe reconnut immédiatement. Comme les vagues de colère et de culpabilité entraperçues plus tôt, une tristesse aussi imprévisible et saisissante qu'une tempête s'empara soudainement du jeune homme. « Je m’appelle Léon Villeneuve. Je possède une petite librairie dans le centre de Londres. Ma fille...» Quand la voix de l'homme se brisa, le cœur d'Ennis se serra. Il avait pour habitude de devoir faire face au désarroi intérieur de ceux qu'il rencontrait, en particulier dans cette pièce, mais pour une raison qu'il ne parvint pas immédiatement à identifier, il fut touché plus que de coutume par la détresse du blond aux yeux bleus. Certes, il était très bel homme. Mais cela suffisait rarement à Ennis pour être troublé de la sorte. Non, c'était autre chose. Il y avait dans la douleur de l'homme une forme d'intensité qui le touchait tout particulièrement. Désormais, Ennis put lire l'hésitation sur son visage que traduisait un pli au-dessus de ses sourcils. Pendant les quelques secondes ou minutes, Ennis n'aurait pas su dire, que le prénommé Léon laissa en suspens, l'irlandais fût incapable de quitter l'inconnu des yeux tant il sentait une force magnétique l'attirer à lui. « Ma fille Gwen est morte il y a quatre ans. Elle avait cinq ans. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de sa mort ». A nouveau, il ressentit un pincement au cœur. Ennis savait ce que la mort d'un proche pouvait laisser comme trace. Mais, si la mort de son frère avait été une douleur insurmontable, l'était encore certains jours comme aujourd'hui, il ne savait pas ce que c'était de perdre son propre enfant. Cette douleur-là, il ne pouvait pas l'imaginer.

Quand Léon eut terminé de parler, le silence persista pendant quelques instants. Puis, une à une, les autres personnes du groupe partagèrent leurs propres histoires de perte et de deuil. Certains furent brefs, à l'instar d'Ennis et de Léon, d'autres s'épanchèrent davantage. Lorsque le tour de parole fut terminé, l'officiant invita tout le monde à se servir en thé, café et diverses viennoiseries sur la table qui longeait le mur du fond. L'ensemble n'avait pas fière allure. Des gobelets en carton et une pile de serviettes jetables se faisaient les seuls ornements de ce buffet improvisé. Ennis hésita un instant avant de suivre le mouvement malhabile du groupe vers le fond de la salle. Alors qu'il servait une tasse de café fumant au vétéran, une jeune femme cachée derrière une frange droite et deux larges cercles de verre s'approcha. Ennis se souvint d'elle. Elle avait été une des premières à prendre la parole, pour mentionner non sans difficulté sa cadette décédée il y a quelques mois à la suite d'un long combat contre le cancer. Très rapidement, ils se mirent à échanger sur leurs expériences similaires, Ennis essayant tant bien que mal de remplir le rôle de conseiller qu'on semblait attendre de lui. Il lisait dans le cœur de la jeune femme l'état de sa blessure à vif. L'entaille qu'avait laissée en lui la mort de son frère était profonde, mais cela faisait longtemps qu'elle ne brulait plus autant. Même si Collin continuait de le hanter, certains jours plus que d'autres, il avait appris à cohabiter avec son fantôme. Dans tout autre contexte, l'empathe était connu pour être une oreille attentive. Mais à cet instant - il aurait eu honte de le reconnaître -, son attention peinait à rester concentrée sur son interlocutrice. Tandis qu'il prodiguait des conseils et écoutait les paroles qu'on lui confiait, son regard était attiré par une silhouette qui s'esquissait en arrière-plan de la femme aux lunettes. Ennis ne pouvait s'empêcher, du coin de l’œil, de lorgner le blond aux yeux bleus. A plusieurs reprises, il crut même croiser son regard. Une curieuse énergie le parcourut. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas senti ainsi, dans un état d'alerte délicieux. Alors que la jeune femme leur faisait part, à lui et au vétéran, du sentiment d'injustice dont elle ne parvenait pas à se défaire depuis la mort de sa sœur, Ennis cherchait un moyen d'esquiver la conversation. Il s'en voulut de faire preuve d'une aussi grande insensibilité, d'autant que ce n'était vraiment pas dans ses habitudes. Mais il n'y pouvait rien, il avait beau se concentrer sur la discussion en cours et la souffrance de sa camarade, ses pensées serpentaient inexorablement vers le mystérieux inconnu. N'y tenant plus, il profita que l'officiant s'était joint à eux pour prétexter avoir besoin d'air. Jetant un dernier coup d’œil à l'étranger par-dessus son épaule, il se dirigea vers la sortie. Dehors, l'odeur du pétrichor imprégnait délicatement l’atmosphère.
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Léon Villeneuve
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Mer 4 Oct - 19:31


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8 Septembre 2021

Quelques part, côté moldu


Il est dans un train, Gwen est tout contre lui, totalement endormie, car le voyage a été long. Il écoute de la musique, il ne se rappelle plus exactement quoi, tout ce dont il se remémore, c'est qu'elle est toute petite, elle vient à peine de naître et il est allé la chercher dans le Sud Est de la France, chez celle qui a été sa génitrice pendant neuf mois et ne veut désormais plus en entendre parler. Le nouveau père n'a pas du tout jugé cette femme, ni le fait qu'elle ne ressent absolument rien pour cette enfant. Elle ne la veut pas, ne l'a jamais voulue. Elle n'avait pas eu le courage d'avorter et elle n'avait supporté, ni de la regarder, ni de la toucher depuis l'accouchement. Quand il est parti, avec le taxi qui les emmenaient loin d'elle pour toujours, elle a jeté un rapide coup d'oeil par la fenêtre, écartant les rideaux, comme un moment suspendu où elle a peut-être hésité à courir après eux parce qu'elle regrettait. Jusqu'au dernier moment, Léon en a eu la crainte et, lui qui n'est pas du tout anxieux, a eu peur ce jour-là. Une peur irrationnelle, mais justifiée, qu'on lui retire sa fille, bien qu'il sait cela impossible dans ce pays. À la dernière seconde, il a en fait compris qu'elle est soulagée et que si elle a écarté légèrement ce rideau, c'était pour vérifier qu'ils partent bien loin de sa vie et de chez elle.

Tandis que le paysage coule devant ses yeux et que la nouvelle née remue contre lui, probablement en train de faire un de ses premiers rêves, Léon réfléchit à ce qui l'a mené ici. C'est un tueur, il ôte la vie des gens et c'est cette même vie qui se retrouve avec le cœur battant entre ses bras. Ses bras qui sont censés être à présent la protection, le rempart contre le monde, de cette petite fille qu'il va élever et dont il va s'occuper pour le reste de sa vie. Comment concilier ces deux versants si opposés ? Vie et mort, protection et meurtre, violence et douceur, peut-on faire contradictions plus compliquées dans la vie de quelqu'un ? Il n'a pas la réponse à cette question. Tout ce qu'il sait, c'est qu'à ce moment-là, alors qu'elle dort contre lui, les yeux fermés, il se sent changer. D'une part, car il réalise brusquement que la respiration de ce petit être est apaisée, tranquille et qu'avec ses petites mains, par encore fortes, mais tout de même, elle s'agrippe à lui, comme pour l'empêcher de partir loin d'elle, comme pour le retenir à ses côtés si l'envie de l'abandonner, lui aussi, lui prenait.

Le soleil commence à se coucher et le soleil illumine alors la mer, scintillante, superbe aussi et emprunte d'une sérénité nouvelle qu'il se surprend à apprécier. Il ne comprend pas ce qui se passe en lui. Est-ce que c'est quelque chose qu'expérimentent tous les parents ? Il imagine que non. Il imagine que dans quelques jours, il aura des cernes énormes sous les yeux parce qu'elle ne fait pas ses nuits, qu'il sentira le lait en poudre et aura du vomi partout sur ses vêtements, qu'il saura ce que veulent dire « pieds-main-bouche » et « croûtes de lait », qu'il sera le maître des couches culottes et des histoires pour s'endormir.



***************


Alors qu'il se remémore ces souvenirs, Léon réalise que le tour de parole est terminé et il est un peu surpris, puisque l'officiant propose à tout le monde de partager une collation pour discuter en individuel ou en petits groupes. C'est très différent de la France, où le protocole est plutôt sur la discussion de groupe continue pendant un temps donné. D'ailleurs, c'était ce côté-là qu'il recherchait dans le fait d'être avec d'autres personnes, pour pouvoir se perdre dans la masse et dans l'anonymat. Pour en rajouter, il est le seul ayant un processus de deuil en rapport avec sa parentalité. Pour les autres, ce sont des parents, des amis, des frères et sœurs qui sont morts. Des personnes avec qui il peut lier sur la douleur de la perte bien sûr, car le sentiment de l'absence de l'autre est à peu près le même. En revanche, la différence notable se trouve dans le lien qui le lie à Gwen et à son décès en bas âge, de manière extrêmement traumatique, puisque brutale.

Il se lève lentement, prenant son temps.
Il croise de nouveau le regard bleu.

Il a senti son regard sur lui tout à l'heure, quand il a parlé, quand il a entrebâillé la porte de ses émotions et de son cœur. Il a senti que l'inconnu le scrutait, mais il a balayé cela, parce que malgré ce pétillement dans sa poitrine devant cette aura et cette beauté singulière, la personne qui occupe toutes ses pensées aujourd'hui est sa fille et il n'y a guère de place pour grand-chose d'autre.

Il détourne doucement le regard, comme pour disparaître un instant hors de sa vue, alors qu'ils ne se sont pas même adressé la parole et qu'il sent pourtant déjà le potentiel s'il se rapproche. Il sait que les perles d'eau glacée continuent à le regarder, mais lui ne peut pas, car il sent la vague de chagrin et de culpabilité le rattraper petit à petit. La pulsion de mort qui s'empare de lui le ramène également à l'ordre. Il entend sa voix intérieure lui murmurer qu'il est responsable du dernier souffle de sa fille. Comment ose-t-il penser à un homme alors que celui qu'il aime a disparu ? Comment peut-il être attiré par la vie alors que son monde est semé de mort ? Comment pourrait-il imposer ce destin funeste à quelqu'un d'autre ? Ces dernières années, à chaque fois qu'il a senti le début d'une éclosion dans son bas-ventre, il s'est enfui, purement et simplement. Aujourd'hui, pour une raison qui lui échappe, il n'y arrive pas et il est incapable d'expliquer ce qui lui arrive. Comme lors de la naissance de Gwen, il se sent tiré entre une pulsion de vie incarnée dans cet homme, dans cette histoire, cette rencontre potentielle et une pulsion de mort, dont son métier et les cadavres qu'il sème sur son chemin en sont le symbole. Comme si, lorsque Gwen a perdu ses 21 grammes, il a été condamné à errer seul dans ce purgatoire, à n'être plus qu'un fantôme, une présence, interdite au concret, à la moindre chose palpable, au moindre sentiment.

Pourtant, lorsqu'il a rencontré la petite Elida, qui a, depuis ses treize ans, bien grandi, il s'est dit qu'il avait probablement avancé. Elle qui ressemble tellement à Gwen.

Erreur.

Un flash de souvenir s'impose à lui brusquement et il s'extrait du groupe pour aller dehors, ne faisant même pas attention à l'inconnu, parce qu'il faut qu'il sorte, pour s'échapper, pour respirer, pour ne pas mourir là, devant tout le monde. Il laisse ses lunettes de soleil glisser sur son nez pour le protéger de la lumière du ciel brûlé qui lui agresse la rétine et pousse la porte. Le froid lui claque légèrement le visage parce qu'il est anesthésié. Sa démarche et raide et suffocante, se pensant seul, il n'essaye même pas de dissimuler ses émotions et sent les larmes qui veulent sortir, mais qui ne passent pas la barrière de ses yeux, il s’assoit sur les marches de l'arrière du bâtiment où a lieu la réunion et qui donne sur un jardin assez grand. Elles ne sont pas mouillées, car cet endroit est abrité par un large et élégant auvent en métal et en verre. Il sort une cigarette en tremblant, l'allume, la porte à ses lèvres pour la consumer et se laisse emporter par les souvenirs.

Il a hurlé.

C'est la première chose qu'il a faite. Il a hurlé d'une manière bestiale, comme un animal, comme un loup qui gémit, d'une manière primitive, primale. Contre l'univers, contre la vie, contre toute cette injustice, cette souffrance, cette horreur, tout ce sang. Il a du sang partout sur lui, sur ses mains. Il ne lâche pas sa fille et la sers contre lui en continuant de hurler et de pleurer et en implorant tous les dieux et tous ceux qui peuvent l'entendre de lui ramener sa petite fille, de lui ramener son enfant. Ils n'avaient pas le droit de la lui prendre. Ils ont eu si peu d'années ensemble, tellement peu de temps pour se connaître, pour se comprendre, se découvrir, s'aimer, tisser des liens et une relation. Gwen est si petite, si frêle, si fluette contre lui, que malgré sa mort déjà attestée, Léon la tiens comme une poupée de porcelaine, comme si elle pouvait se briser plus encore que ce qu'elle n'est déjà. Sa poitrine lui fait mal et au bout d'un moment, il perd toute notion du temps. Quand il revient, Gwen n'est plus dans ses bras, il est dans une chambre d'hôpital, des tubes sont reliés à ses bras et il a du sang séché sur le visage. Il fait une crise de rage, arrache les tuyaux, veut savoir où on l'a emmenée, pleure encore. Il reste, une semaine, complètement anesthésié, après cette seule et unique crise, à regarder dans le vide, à ne plus s'alimenter, à se laisser mourir, jusqu'à ce qu'une idée commence à germer dans son esprit. Jusqu'à ce que la vengeance le rattrape et qu'il se souvienne que si elle est morte, c'est parce qu'elle a été tuée. À partir de là, le paradigme change. Il reprend du poil de la bête, il bouge et mange de nouveau. Il va tuer.


Le bruit de la pluie sur la verrière et la brûlure de la cigarette autour de ses doigts le ramène à la réalité.

Il écrase le mégot totalement consumé et ayant à peine été fumé, puis le place dans une poche. Quel gâchis tout cela. Pourquoi s'entête-t-il ? C'est-à ce moment-là que son instinct lui fait réaliser qu'il y a quelqu'un d'autre. Qu'il ne l'avait même pas remarqué en sortant, ce qui l'a donc mis en danger. Il se retourne brusquement, comme un chat pris sur le fait, le nez dans le paquet de croquettes. Il aurait pu se détendre en voyant qu'il s'agit d'un des participants, sauf que ce sont les yeux bleus. Il se tend encore, mais plus tout à fait de la même façon maintenant, parce qu'il le regarde, profondément, sans dire un mot. La pulsion de vie est là de nouveau, chassant les fantômes, chassant la mort. Ses prunelles caressent le menton couvert de barbe, les lèvres pleines semblant si douces, les yeux glacés. Il retire ses lunettes, les rangent précautionneusement dans sa poche intérieure sans le quitter des yeux puis se lève et reste planté là. Il n'arrive pas à faire un pas de plus, à bouger, à aller vers lui ou à partir. Il hésite. Cela ne lui arrive pas souvent. D'un côté, s'ouvre le jardin, où il pourrait se transformer et disparaître pour toujours du champ de vision de cet homme, de l'autre, il y a cette attraction étrange entre eux, cette pulsion. La pluie continue de claquer et redouble d'efforts, comme un signe pour lui indiquer que ce n'est pas le moment de partir. D'accord, il va rester, jusqu'à ce que le ciel cesse de pleurer, se promet-il. Il ouvre alors la bouche et murmure, brisant la barrière entre eux d'un coup sec :

- Ennis, c'est bien cela ?


 

PRETTYGIRL


Léon
Villeneuve

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Ennis O'Callaghan
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Lun 23 Oct - 22:51


Tu n'es plus là où tu étais,
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Septembre 2021
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Ennis avait toujours affectionné la pluie. Il aimait l'odeur qu'elle exhalait de la terre fraiche ; le son régulier et harmonieux de ses gouttes tombant l'une après l'autre sur le sol ; son gigantesque et impalpable rideau gris. Par-dessus tout, il aimait la manière dont elle vous enveloppait, semblait vous protéger. En Irlande, elle était la source même de ces immenses étendues de verdure qui le fascinaient tant. Encore aujourd'hui, alors même la mort de son petit frère avait largement entaché le souvenir qu'il gardait de son pays natal, il lui arrivait encore de ressentir de puissantes vagues de mélancolie et de regret pour les paysages de son enfance.

Une image s'imposa à lui. Son petit frère, riant aux éclats, le visage enfouie sous la capuche d'un imperméable trop grand dont les manches pendaient humides dans le vide. Pendant quelques secondes, il crut presque entendre le rire cristallin de l'enfant se mêlant avec harmonie au son familier des gouttes s'abattant sur l’anorak du garçon. Une joie mélancolique, empreinte d'une tristesse qu'Ennis ne remarquait plus tant elle l'accompagnait partout où il allait, lui serra le cœur. Depuis toutes ces années, il avait appris à accepter ces vagues de souvenir quand elles venaient à lui, peu importe le complexe d'émotions qu'elles charriaient. Elles n'étaient plus un fardeau pour lui. Bien au contraire, il en était reconnaissant. Ces souvenirs voguant entre joie et douleur étaient le seul moyen de garder contact avec cette part perdue de sa vie.

Ici, la pluie avait cessé depuis quelques minutes. Des traces de son passage récent brillaient sur l’asphalte. L'irlandais examina un instant le rayon du soleil qui perçait le ciel bas, puis dégagea de la poche intérieure de sa veste une cigarette qu'il porta délicatement à ses lèvres. Il tira avec un plaisir non dissimulé sur le cylindre de papier, savourant la délicieuse sensation de détente qui le parcourut. Depuis qu'il avait franchi le seuil du centre, il s'était senti un peu plus léger. Quitter cette pièce remplie de parfaits inconnus l'avait immédiatement libéré du flot d'émotions continu qui l'emplissait. Un halo de fumée s'éleva en volutes régulières de ses lèvres et Ennis expira un soupire de soulagement. Il était de nouveau seul avec lui-même.

La tête plus légère, il eut presque honte de son attraction démesurée pour le blond aux yeux bleu. Attraction ? Disons plutôt curiosité. Oui, car une fois dehors, l'irlandais se sentait bien loin de cet inconnu et de l'espoir qu'il avait nourri en sortant que ce dernier le suive. Oui, se répéta-t-il, c'est certainement ce tumulte intense d'émotions qui lui avait fait perdre la tête.

A peine avait-il formulé cette pensée que les battants de la porte retentirent derrière lui. Pivotant sur lui-même, il aperçut les contours d'une silhouette qui se découpait dans le contre-jour. Ennis en distingua rapidement les traits. Masqué derrière des verres teintés, le blond aux yeux bleus avançait sans regarder devant lui, dans une gestuelle nerveuse et légèrement mécanique. On put même croire que l'air autour de lui c'était soudainement raréfié.

L’irlandais le regarda s'asseoir sur des marches à l'autre extrémité du bâtiment. Quelques instants, il resta interdit. Puis, il comprit que le blond ne l'avait pas vu. À vrai dire, il semblait faire complètement omission du reste du monde. Le regard fixé sur un ailleurs lointain, l'inconnu était une boule d'émotions prête à exploser au moindre choc. L'empathe se demanda s'il devait s'éloigner ou se rapprocher, et lui venir en aide d'une quelconque manière. Habituellement, il ne se serait pas posé la question : il aurait laissé l'espace nécessaire à celui qui, de toute évidence, s'était extrait du groupe pour laisser libre cours à ses émotions. Il savait qu'il aurait certainement dû respecter la solitude choisie de cet homme. Mais ses jambes étaient comme enracinées dans le sol. Au lieu de tourner les talons, comme il aurait été certainement plus sage de faire, il resta donc planté dans le clair-obscure formé par la cime des arbres.

Puis, une goutte perla sur son front. Une deuxième, et une troisième. Bientôt, une trombe d'eau fut sur le point de déferler du ciel et de s'abattre sur lui, l'obligeant à prendre une décision. Abandonnant au vol sa cigarette, il accourut vers l'abri le plus proche, un large auvent faisait presque toute la longueur du mur et sous lequel Léon s'était également réfugié. Il secoua sa tête pour éliminer les perles d'eau de ses cheveux. Maintenant qu'une averse tonitruante s'apprêtait à tomber du ciel et qu'il était coincé avec l'inconnu, il ne pouvait faire marche arrière. Pourtant, le blond aux yeux bleus ne semblait toujours pas avoir remarqué sa présence. Plus proche de lui à présent, Ennis pouvait autrement sentir l'intensité et la complexité des émotions qui l'animaient. Après tout, il avait peut-être bien fait. Il était certainement préférable de ne pas le laisser seul avec ses tourments. Ennis fut sur le point de dire quelque chose, esquissant un bref mouvement en avant, quand l'inconnu tourna brusquement la tête vers lui. Un frisson électrique parcourut le jeune homme, incapable d'analyser la réaction de celui qu'il le fixait sans un mot. Pendant de longues secondes, leurs regards se soudèrent.  

La voix de l'inconnu brisa le silence sans brusquerie, mais avec une certaine douceur : - « Ennis, c'est bien cela ? » Cette voix, claire et posée, contrastait avec la débâche intérieure que l'empathe ressentait de la part du blond. En même temps, de nouvelles sensations semblaient grandir en lui depuis que son regard avait croisé le sien, des sensations qui semblaient progressivement prendre le pas sur les vagues de colères, de culpabilité et de tristesse mêlées. On eut même dit, l'espace d'une fraction de seconde, que les émotions avec lesquels l'inconnu se débattait depuis sa prise de parole furent effacées d'un simple revers de la main, comme un texte de craie blanche disparaissant d'un tableau noir. Bien que pouvant très distinctement sentir la nouvelle énergie qui prenait peu à peu racine en Léon, Ennis restait impressionné par cet homme qui s'adressait à lui dans un timbre de voix parfaitement contrôlé, mais dénué de toute forme de dureté. Cette tonalité contrastait curieusement avec les traits toujours rigides qui marquait ce visage rappelant à Ennis ces statues grecques contemplées au British Museum. Il n'était pas certain pour sa part de parvenir à cacher son propre trouble, bien qu'habituellement maître en la matière. Il se contenta de hocher la tête, laissant toutefois échapper un quasi imperceptible sourire au coin des lèvres. - « Léon, si ma mémoire est bonne ? » Autour d'eux, on n'entendait plus que la pluie marteler le toit de l'auvent. Les derniers rayons du soleil filtraient à travers les gouttes s'écoulant lentement de l'auvent. Une vague de plaisir parcourut l'irlandais face à ce décor tant aimé. - « Première fois ici, je me trompe ? »

La pluie s'intensifia, créant un mur liquide autour d'eux.
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Léon Villeneuve
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Mer 25 Oct - 2:48


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8 Septembre 2021

Quelques part, côté moldu


Léon veut arrêter de penser à sa fille et pour l'heure, l'homme qui se dresse devant lui est la meilleure et la plus agréable des diversions. En même temps, cela lui paraît interdit. Tout en gardant son masque de sérénité, tandis que la pluie martèle toujours plus fort au-dessus d'eux, qu'il sent au fond de lui quelque chose qui se déchire lentement, le sang-mêlé ne quitte pas l'océan du regard. Il se sent fondamentalement et inexplicablement attiré vers Ennis, mais de l'autre côté, une culpabilité terrible lui laboure le cœur. Cette culpabilité n'a rien à voir avec Gwen étonnement, car c'est l'image de Thomas qui éclate sous sa rétine. Il voit ses cheveux blonds disparaître dans les mèches brunes, les traits sévères anglais s'adoucir dans l'adorable moue irlandaise, les lèvres pleines s'affiner. Les iris d'un bleu perçant, cependant, demeurent, lui rappelant qu'il y a encore quelques années, il était amoureux, il vivait avec son enfant et son conjoint, il avait une vie à peu près stable, puis tout a volé en éclat par sa faute et... Et maintenant quoi ? Il pense être autorisé à reprendre sa vie là où elle s'est arrêtée ? A désirer un autre homme ?

Le français contemple les gouttes qui dégoulinent sur le visage du gaélique, sur ses cheveux, dans sa gorge. Il suit le trajet de l'une d'elles, qui coule le long de son front, se sépare en deux, glisse sur sa joue, si proche de ses lèvres. C'est sans aucune gêne que les yeux couleur cendre rencontrent ceux à la teinte d'eau.

Puis Léon voit son sourire.

Presque imperceptible, si discret, mais impossible à rater quand toute son attention est focalisée sur cet homme. Son cœur manque un battement et autour d'eux, les sons semblent couverts par l'averse qui les entourent, rendant l'univers bientôt impalpable, comme si tout disparaissait. On pourrait presque se demander si il ne s'agit pas d'un sort, vu comment les nuages redoublent d'efforts pour les couper du monde. Si le tonnerre tentait de les sortir du rêve maintenant,  le français n'y prêterai peut-être même pas attention, trop subjugué, trop pris au dépourvu. Il s'interroge même sur cette réaction en prenant du recul et en sortant un peu de lui-même. Qu'est-ce qui lui prend de réagir aussi fort alors qu'il rencontre cet homme pour la première fois ? Soit, une alchimie étrange existe entre eux. Et pourtant, il se disait avoir passé l'âge de ces considérations d'adolescents, les papillons dans la poitrine, le cœur enflammé et le cerveau devenant totalement incapable d'aligner deux pensées cohérentes. Comme si tout ce qui guidait actuellement ses actions, c'était uniquement ce corps qui lui fait face. D'ailleurs, ce qui lui vient en premier, c'est qu'il veut embrasser ces lèvres, puis ce cou. Il veut caresser la pluie sur tout son corps, glisser ses doigts dans les cheveux bruns, sentir son odeur, qu'il est encore trop loin pour humer.

« Léon, si ma mémoire est bonne ? »

Les paroles prononcées lui permettent juste à temps de refermer la porte de son palais mental, avant de laisser échapper toutes ces pensées sorties tout droit du feu qui s'est allumé au fond de lui. Il essaye de retrouver sa maîtrise, de remettre son état émotionnel au diapason de ce qu'il exprime sur son visage – c'est-à-dire une neutralité tranquille - et passe une main dans ses cheveux pour se recoiffer et reprendre contenance, comme si lui aussi venait de courir sous la pluie et qu'il avait quelque chose à essuyer. Pourtant non, il est parfaitement sec et ce geste l'aide à peine à retrouver ses esprits. Si il fait un pas de plus, il en fera d'autres, il le sait très bien. Il se connaît. Entre le moment où il est tombé amoureux de Thomas et celui où ils se sont retrouvés, il a changé et la séduction est devenue une arme qu'il maîtrise à la perfection. De timide, il est devenu bourreau des cœurs. Il sait quoi faire pour charmer, hypnotiser et attraper au creux de ses mains. Il l'a fait à de nombreuses reprises. C'est d'ailleurs cela qui lui a permis de rencontrer la mère de Gwen, bien que dans son cas à elle, ce n'ait été qu'une formalité.

Ceci étant dit, il faut reconnaître que là, c'est différent, parce qu'il ne cherche pas une nouvelle conquête à ajouter à son tableau de chasse.

Il prend du temps à répondre, mais fini malgré tout par acquiescer d'un signe de tête, ce qui laisse à son vis-à-vis la liberté de lui poser une autre question, vide de sens, si on lui demande son avis. C'est simplement une façon de gagner du temps et même si il ne lit pas dans les pensées, il est limpide pour le libraire-tueur qu'Ennis essaye de noyer le poisson au moins autant que lui, bien qu'il camoufle beaucoup moins bien son désir. La tension entre eux est presque palpable. Léon ne veut plus penser à l'intérieur du bâtiment qu'ils viennent de quitter, parce qu'il a devant lui un mystère qui capte toute son attention. Il n'a plus envie de penser à Thomas, à Gwen, à la situation du monde sorcier ou même à sa profession, qui lui fait constamment questionner son éthique et remettre en question le bien et le mal. Il veut penser à la pluie, il veut, pour la première fois depuis trois ans, penser à autre chose qu'à son passé et se concentrer sur le présent.  

Il a, ces dernières années, rencontré d'autres personnes, mais personne n'a réveillé la passion qui sommeillait en lui après la mort brutale de sa fille et la disparition de celui qu'il aimait. Il a noté qu'il restait totalement froid à ce qui attisait sa curiosité habituellement. Et pourtant, en ce moment, il ressent fortement les picotements caractéristiques sur la surface de sa peau, l'envie de se rapprocher, de toucher, de sentir, voire même, sur un coup de folie, de goûter. Il prend un moment de pause cependant et fait refluer les sensations qui commencent à pétiller sous sa langue pour réfléchir correctement.

Sensible vous avez dit ? Vous êtes si loin du compte.

La tête froide, il analyse. Il ne l'a pas remarqué et cet Eros est là depuis, visiblement, un petit moment. Il l'a vu dans cet état pathétique, pleurant à l'abri et pourtant, il n'est pas parti. Il est resté. L'attendait-il ? Et ce sourire ? Qu'est-ce que cela veut dire ? L'océan semble prêt à se déchaîner, mais pour le moment, l'étendue d'eau est d'huile. Comme mû par un besoin impérieux, Léon décide de se mettre en mouvement.

Il faut qu'il vérifie quelque chose.

Il gravit les dernières marches posément, comme au ralenti, alors qu'en réalité, il prend tout son temps, mais n'est pas si lent que ça. Il ne quitte pas Ennis des yeux, pas comme un prédateur, pas menaçant, mais plutôt comme un chat, trop tranquillement pour camoufler l'intérêt et l'excitation. Il s'approche de lui, ignorant les battements de son cœur qui commencent à s'accélérer, oubliant le rythme qui fait vibrer ses tympans. Le temps commence à s'égrainer et chaque mouvement semble comme se démultiplier dans son esprit. Lui qui habituellement coupe tous ses ressentis, les laissent exploser totalement. Il ouvre la porte brusquement et tout ce qu'il retient depuis qu'il s'est relevé pour se retourner se déverse autour de lui. L'envie et le plaisir cascadent sur son manteau et entament la plus sensuelle des danses, bientôt rejointes par le désir brûlant et la plus ardente des passions. Ses mouvements deviennent légers et délicats, malgré son visage qui conserve cette expression impénétrable dont il serait bien incapable de se défaire si facilement.  

S'arrêtant devant Ennis, qu'il dépasse de seulement quelques centimètres, se collant presque à lui, il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais rien ne franchit ses lèvres. Il y a certains instants qui se passent de mots et celui-ci en fait partie.

Fermant les yeux, il inspire.

Sans surprise, il détecte une odeur de bois et d'herbe fraîchement coupée. L'odeur de la pluie est également présente, mais cela ne masque pas la senteur, plus discrète, fraîche, des cheveux d'Ennis. Léon essaye de deviner de quoi il s'agit, puis il réalise que c'est probablement le shampoing qu'il utilise dont émane ces notes citronnées.

Ses paupières révèlent de nouveau ses prunelles assombries.

«Première fois ici, en effet. Vous aussi j'imagine ?»

Il aimerait poser sa main dans sa nuque et l'attirer à lui, mais Léon n'est pas homme à se presser, ni à faire le premier pas, surtout quand il est pris au dépourvu. Il se contente de garder leurs visages à distance raisonnable. Non pas pour tenter celui qui lui fait face, mais plutôt pour voir sa réaction. Si il recule, le français peut savoir à quoi s'en tenir pour la suite.

Mais... Et si il s'approche encore ?


 

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Jeu 2 Nov - 0:36


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A la pâleur de la couleur s'opposait l'intensité du regard. Sur la peau blanche de l'irlandais, rendue sensible par le froid qui avait commencé à tomber avec la nuit, les yeux bleus glacés était comme deux lasers, brûlant chaque centimètre de son épiderme. Ennis sentait particulièrement la morsure de ce regard implacable le long de sa nuque et aux commissures de ses lèvres.

Jamais le gaélique n'avait été aussi déstabilisé par quelqu'un. Du moins, c'est ce qui lui semblait, comme cela arrive toujours lorsqu'une passion neuve et imprévue vous frappe, posant momentanément un voile sur votre quotidien et votre passé, lui-même largement abîmé par l'usure du temps et la volonté de ne pas garder en mémoire ce qui vous tiraille de regret. Quoi qu'il en fût, vérité ou illusion, en cet instant précis, Ennis était habité par l'idée de n'avoir jamais rencontré être si délicieusement désarmant.

Et, cette impression lui était tout sauf habituelle. Depuis l'assassinat de Colin, et plus encore après la disparition d'Ana, l'irlandais avait appris à mettre une distance entre lui et le reste du monde. Il en avait presque été forcé : c'était la stratégie qu'il avait trouvée pour survivre, survivre aux autres. Ses dons d'empathe n'avaient pas toujours aidé cette démarche, se faisant fréquemment submerger par les affects de ceux qui l'entouraient. Mais, avec de la persévérance et beaucoup de patience, il était parvenu à contrôler ces flux énergétiques pour les laisser venir à lui uniquement quand il le souhaitait. Au bout de ce chemin-là, l'irlandais avait réussi à bâtir un mur solide entre lui et les autres. Du moins, c'est ce qu'il avait toujours cru jusqu'à maintenant. Car, en cet instant, ce mur infranchissable lui semblait plus fragile qu'il n'aurait pensé. Et pour cause, l'homme qui se tenait en face lui avec son regard implacable en faisait violemment trembler les fondations de sorte à en découvrir les fissures.

Bien plus qu'il ne le déstabilisait, et au fond peut-être y avait-il ici la principale raison de son attirance, l'inconnu lui était parfaitement indéchiffrable. Lui qui avait l'habitude de lire en chacun comme dans un livre ouvert, l'empathe ne parvenait pas à élucider le mystère que le blond constituait à ses yeux tant il exprimait un flot d'émotions complexes et d'une intensité rare.

Un bref instant, Ennis crut voir ses mâchoires se serrer et une fine veine battre sa tempe. Vague de désir ou marque de colère ? Ennis aurait été bien incapable de décrypter ces manifestations ténues d'émotion. Très vite, le visage redevint impassible, esquissant comme seule réponse à sa question un mince hochement. Réponse qui aurait paru glaciale à Ennis si les yeux ne s'accrochaient pas à lui avec autant d'ardeur.

Tout en ne le lâchant pas une seule seconde du regard, Léon esquissa un mouvement. Ennis crut tout d'abord que son esprit lui jouait un tour, tant le français semblait se mouvoir au ralenti. Mais l'irlandais n'était sujet à aucune sorte de délire ; le blond, après s'être levé, se dirigeait bien vers lui, mettant un pied devant l'autre dans une sorte de grâce féline. Incapable de dévier son regard des prunelles de celui qui avançait imperceptiblement vers lui, l'irlandais sentit un frisson lui remonter l'échine. Il y avait, dans l'attitude et les contradictions de l'homme, quelque chose qui effraya soudain le moldu. Il n'aurait pas su dire quoi exactement, mais la sensation était bien présente. Quelque chose dans l'intensité de ses ressentis, la force de son regard et l'impassibilité du reste de son être. Jamais il ne lui semblait avoir rencontré homme aussi contradictoire, et sans qu'il ne sache bien pourquoi, cette pensée lui glaça un instant le sang.

Comme si une porte s'était violemment ouverte sous l'effet d'une bourrasque, Ennis parvint à identifier les affects ardents qui semblaient consumer le blond de l'intérieur, et ce si nettement que ces sensations lui firent un instant tourner la tête. L'empathe pourrait parfaitement mettre à distance ces ressentis, ou du moins essayer, mais il n'en avait aucune envie. Au contraire, il eut le désir irrépressible et peut-être un peu fou de se laisser submerger par elles, et a fortiori par l'homme qui en était la source. Au fur et à mesure que Léon avançait, Ennis se laissa donc envahir par ce délicieux état d'euphorie et d’exaltation.

Toujours immobile, cloué sur place par la force magnétique de ce regard à la fois glacé et brûlant, Ennis s'arrêta un bref instant de respirer quand le français vint se camper à quelques centimètres seulement de son visage. Il eut soudain une grande acuité de son propre corps, si proche de celui du blond. Léon entrouvrit la bouche, s’apprêtant à dire quelque chose, mais resta silencieux. L'homme était si prêt à présent qu'Ennis pouvait sentir la chaleur de son haleine et le rythme de son souffle. Une délicieuse et suave odeur d'ambre aux notes résineuses et miellées imprégna subtilement l'atmosphère. Fermant les yeux, Léon prit une profonde inspiration, soulevant avec une sensualité déconcertante sa poitrine. Les paupières closes, c'était comme s'il invitait Ennis à examiner en détail son visage. Ses yeux se posèrent presque immédiatement sur ses lèvres, fines et droites, comme dessinées d'une main délicate et assurée. L'irlandais aurait voulu en goûter les grains, la souplesse. Si ce n'est goûter, du moins toucher.

Pendant un instant, il se débattit avec cette idée. Après tout, il ne connaissait pas cet homme, cet homme qui, au fond, s'il le séduisait outre mesure, n'était pas sans l'inquiéter. Mais n'était-ce pas aussi cela qui l'attirait ? L'instinct d'Ennis lui disait de reculer, de mettre une distance avec l'inconnu, mais son envie lui chuchotait tout autre chose. Et cette voix intérieure s'exprimait avec des intonations trop délicieuses pour qu'Ennis ne lui résiste.

Alors, quand Léon rouvrit les yeux et répondit à sa question, Ennis porta sa main au visage du blond et, avec une délicatesse toute mesurée, dessina un trait invisible du bout du pouce sur ses deux lèvres, s'attardant quelques secondes supplémentaires sur la lèvre inférieure de manière à la faire légèrement fléchir.

Retirant tout aussi délicatement sa main, il leva ses yeux des lèvres touchées et planta à nouveau son regard dans celui de Léon, affichant cette fois un air de défi et de malice. À son tour, il entrouvrit la bouche tout en humidifiant les bordures. Puis, esquissant un sourire nettement assumé, il hocha la tête à l'horizontale pour miner un non - « Pas la première fois, non. »

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Léon Villeneuve
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8 Septembre 2021

Quelques part, côté moldu


Assez tôt dans sa vie, Léon a décidé de tout classer. D'abord, c'est beaucoup plus simple de s'y retrouver dans ses pensées avec ce procédé, ensuite, ça lui permet de donner un sens à ce monde qui n'en a aucun. Cela lui a servi lors de ses jeunes années, mais aussi lorsqu'il a grandi et a quitté le nid familial. Son palais mental, il l'a construit pierre par pierre, pour y ranger ses souvenirs, les informations pertinentes et surtout pour trier tout ce qu'il a retenu, mais dont-il ne sait pas quoi faire. C'est comme une gigantesque bibliothèque mentale, où chaque section correspond à un thème. Par exemple il y a la section «Dumstrang», la section «Toulouse» ou encore la section «famille». Chaque section est ensuite subdivisée en étagères. Par exemple, dans la section famille, il y a une étagère consacrée à ses parents, une consacrée à Gwen, une consacrée à Elida, etc. Ce palais, Léon a fini par le créer dans la réalité pour plus de sécurité après la mort de sa fille. Grâce à une mallette sur laquelle il a jeté un sort d'extension indétectable, il a pu exporter ses pensées et ses souvenirs hors de sa tête. Cela lui a pris des années, pour construire l'endroit. Maintenant, c'est un immense labyrinthe où toutes ses pensées sont entreposées avec de petites étiquettes dessus. Quiconque pourrait y entrer connaîtrait ses plus noirs secrets, mais aussi quise cache derrière cette armure inexpugnable.

Où pourrait-il y ranger le souvenir d'Ennis O'Callaghan après aujourd'hui ?

Léon le regarde longuement, se demandant encore si il va rejoindre l'allée des connaissances ou celle des amants. K et lui sont d'accord sur la direction qu'ils veulent prendre, mais n'étant pas les seuls maîtres à bord, ils doivent attendre patiemment de voir où va les emmener la soirée, qui, toute jeune, se part d'un superbe manteau nocturne automnal.

C'est précisément alors que cette pensée lui traverse l'esprit, qu'au même instant, la main d'Ennis vient caresser sa bouche, le faisant refermer les yeux et se pencher légèrement vers lui, serrer les poings, inspirer un filet d'air, alors qu'une violente secousse part de son bas ventre et remonte doucement à travers ses entrailles. C'est comme une explosion de chaleur, alors que l'atmosphère du dehors, pleine d'humidité, se refroidit plutôt vite. Se concentrant sur les doigts de l'irlandais, il suit son passage sur ses lèvres. La peau d'albâtre pourtant glacée il y a encore quelque seconde, laisse une traînée de flammes derrière elle, comme un appel au vice, comme une proposition cachée. Le français sent son vis-à-vis marquer une légère pause sur sa lèvre inférieure, comme une hésitation, comme si il demandait la permission de continuer un peu plus loin.

Puis il se retire et c'est le tueur qui rouvre les yeux, le foudroyant presque d'un regard chargé d'envie, mais aussi d'un peu – beaucoup – de frustration. Pour ne rien arranger, Ennis lâche d'une voix scandaleusement alléchante que «ce n'est pas sa première fois» et le propos cette fois est très clair : la partie entre eux vient de commencer, reste à voir comment ils comptent la poursuivre.

K se voit lui attraper la gorge et l'attirer à lui. Il se voit l'entourer de son manteau, l'enlever, transplaner et ne plus le laisser ressortir de sa chambre. Il se voit dévorer son cou, son torse, tout son corps en entiers, ne lui laissant ni repos, ni échappatoire. A cause de ces troublantes pensées, si vives et surtout si inhabituelles pour lui, surtout vu le contexte, une pulsion de mort inverse la tendance et ramène le libraire sur le devant de la scène, chassant sèchement le désir et les sentiments ignescents que la partie sombre de son esprit a laissé s'échapper. Cette pulsion n'est pas dirigée vers Ennis, mais vers K, que Léon somme de se reprendre. La culpabilité s'empare de lui et une douche glacée métaphorique le coupe totalement de ses émotions, bien qu'il ne se recule pas et ne fasse aucun mouvement pour s'éloigner de l'Apollon dont-il est si étroitement proche.

Il réfléchit. Que faire ?

C'est tout de même incroyable d'être retourné comme ça par quelqu'un qu'il rencontre pour la première fois. Il y a encore une dizaine de minutes, il était dévasté, était dans un groupe de parole pour les personnes en deuil entouré d'inconnu.es en larmes et maintenant, il devrait tranquillement se jeter dans l'abîme infernal de luxure qui lui est proposé ? Certes, c'est très tentant, mais son pragmatisme n'est absolument pas d'accord. Tout ne peux pas être si simple. D'ailleurs, cette situation est vraiment compliquée, ce qui lui donne raison. Partir ou rester ? L'embrasser ou l'oublietter ? Un coup d'un soir ou une proposition de rendez-vous ? Étonnement, cette dernière option le tente plus que les autres. Cela fait si longtemps qu'il n'est pas sorti avec quelqu'un correctement et dans les règles. Cela fait si longtemps que Thomas et lui étaient... Qu'il n'a jamais pensé à quelqu'un d'autre.

Alors pourquoi maintenant ? Et pourquoi cet homme ?

Le blond cendré se sent extrêmement perturbé. Baissant les yeux, il attrape machinalement une des mains d'Ennis et glisse ses doigts entre ceux de l'irlandais, lentement, comme une coulure de miel. Les ruminations pessimistes se taisent et laissent la place au ressenti pur, au présent. Il ne regarde plus celui qui occupe maintenant tous ses sens, concentrant son attention sur leurs peaux qui s'embrasent encore. C'est stupéfiant. Il cherche une réponse dans ce toucher qui le réchauffe, dans ce réconfort qu'il ressent à son contact, dans la douceur qui émane de cet inconnu. Car oui, c'est un inconnu. Il ne l'a jamais vu avant, ne connaît pas ces yeux envoûtant et envoûtés, entend sa voix chaude et basse pour la première fois.

Pourtant, il a une impression de déjà-vu.

Pourtant, tout ce qui le compose semble lui crier qu'il doit être ici, avec cet homme.

Toujours sans le regarder, Léon porte les mains à ses lèvres et embrasse délicatement les doigts, pour retrouver leur présence. Il en oublie presque qu'ils sont reliés à un corps et ce sont les yeux qui le fixe qui le sorte de ce moment d'égarement. Il donne encore un baiser avant de baisser le bras, sans lâcher la dextre d'Ennis pour autant. Durant ce dernier échange, bien que chaste en apparence, la nuit a recouvert l'océan, pleine cette fois d'un désir nouveau, toujours aussi torride, mais surtout emprunt de tendresse. C'est décidé. Il n'est plus le prédateur qui a marché sur Ennis. Il est le félin apprivoisé qui marque son propriétaire, ou bien sa propriété - on ne peux jamais être sûr avec les animaux. D'une voix profonde, il murmure, comme un ronronnement:

«Vos mains sont glacées. Peut-être devrions nous trouver un abri pour les réchauffer, le temps que le soleil revienne... Nous pourrions ainsi poursuivre cette discussion en de meilleures conditions.»

La phrase est lâchée, l'acte I s'achève, il ne tient qu'à Ennis de décider de l'acte II. Léon est homme de peu de mots, mais il est suffisamment direct pour ne pas danser autour du pommier trop longtemps. Le fruit, il veut le cueillir et il veut que ses intentions à son égard soient très claires. Soit il se laisse tomber dans ses bras, soit il reste là où il est. Dans les deux cas, le sorcier a besoin de savoir où cette valse va les mener.

Pris d'une impulsion, d'un élan lyrique, Léon se penche vers son oreille et y déclame, dans un souffle délicat, les vers d'un poème, laissant glisser ses mains sur la taille de l'homme qu'il a décidé de séduire ce soir :

«He placed his hands/ On my mind/ Before reaching/ For my waist / My hips/ Or my lips/ He didn't call me/ Beautiful first/ He called me...»

Léon marque une pause. Il aime ménager ses effets.

« Exquisite »*.




*Poème de Rupi Kaur
 

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Ennis O'Callaghan
Ennis O'Callaghan
Moldu OP
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Lun 13 Nov - 21:31


Tu n'es plus là où tu étais,
mais tu es partout là où je suis

Septembre 2021
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Sous l'effet de sa caresse, Ennis sentit le corps de l'inconnu se tendre. Comme le roseau, il était sur le point de plier. Inclinant légèrement la tête, le français expira une nouvelle bouffée. Se penchant légèrement à son tour, Ennis put goûter avec plus d’intensité la suavité de son haleine, si proche à présent, et une onde de chaleur enfla au niveau de son abdomen. Regarder le blond réagir si vivement à son touché était spectacle beaucoup trop troublant. Un instant, il se laissa gagner par cette scène aussi délicieuse que déroutante, comptant sur le crépitement de la pluie pour masquer les battements effrénés de sa poitrine.

Puis, les yeux s'ouvrirent.

Un voile opaque, emprunté aux ténèbres, avait recouvert les iris gris-bleus. Bientôt, le bleu glacé fut remplacé par deux cratères sombres qui valurent à Ennis un nouveau frisson. Aussitôt, les émotions qui entouraient Léon comme une brume sensible se firent plus intenses. D'une intensité presque animale, indomptable, et que l'empathe n'avait jamais éprouvé chez autre être humain. Mêlé à un désir brûlant, une haine sourde semblait s'emparer de ses yeux bilieux qui toujours le fixaient. Le brun sentit alors le monde tournoyer autour de lui, sujet à un vertige qui faillit bien le faire reculer d'un pas. Mais, aussi brutalement qu'elle s'était levée, la tempête s'évanouit. Comme si on s'était hâté d'appuyer sur un interrupteur ou de refermer une vanne, la brume qui entourait Léon se dissipa. Et ce, si brutalement que l'empathe crut un instant que son pouvoir lui faisait défaut, comme cela lui était déjà arrivé lors de périodes d'extrême détresse. Pourtant, très vite, il crut percevoir une lueur d'émotion qui lui était extérieure.

Alors qu'il tentait de ressentir quelque chose de la part du blond, dévisageant ce visage qui semblait animé par des pressions contradictoires, mille pensées se bousculèrent dans sa tête. Avait-il bien fait d'oser un tel geste ? Et surtout, pourquoi ? Cela ne lui ressemblait pas. Pas depuis qu'Ana avait disparu. Ana. Son cœur se serra. Et encore, même à cette époque, il ne se souvenait pas avoir déjà franchi barrière si rapide, céder à une telle soif de l'autre. La spontanéité était un des traits de caractère qu'il admirait le plus, c'est d'ailleurs ce qui l'avait séduit en premier chez la sorcière. C'est notamment grâce aux initiatives de la belle intrépide que leur relation avait pu voir le jour. Oui, il avait beaucoup d'estime pour les personnes qui arrivaient à faire preuve de spontanéité, mais cela n'avait jamais été son cas. Se construisant en opposition à une sœur colérique et capricieuse, Ennis avait toujours cherché la tempérance. Si cela pouvait faire de lui un être quelque peu ennuyant aux regards de certains, cette tactique lui avait prévalu de bien des déconvenues. Mais ce soir, derrière cet épais rideau de pluie, à quelques centimètres seulement de cette cavité rose qui expulsait à chaque respiration un arôme magnétique, il voyait les choses différemment. Et si, pour une fois, il laissait place à l’imprévu dans sa vie ?

La pression d’une main sur la sienne interrompit le cours de ses pensées. A ce contact, les muscles érecteurs situés à la base de ses poils se contractèrent et un frisson parcourut son avant-bras. Alors que les doigts du français se glissaient délicatement entre les siens, Ennis sentait avec une stupéfiante acuité chaque menue variation de cette étreinte. Le brun était extrêmement troublé, personne n'aurait pu le nier. Mais, il y avait autre chose. Il ne sut pas immédiatement identifier l'émotion qui le traversait. Une forme d'effroi ? Non, ce n'était pas ça. Plutôt, de la surprise. Oui, une profonde et sincère surprise. Et pour cause, la douceur de cette étreinte n'avait rien à voir avec la violence libidinale entraperçue plus tôt dans les yeux et les émotions du blond. Il y avait dans ce geste une tendresse à laquelle le brun ne s'était pas attendu. Il chercha les yeux, mais ceux-ci l’évitèrent, fixés sur le pêle-mêle formé par leurs peaux entremêlées. Avec un naturel déconcertant, ses doigts répondirent alors à ceux du blond, ralentissant ou intensifiant parfois leur touché pour mieux sentir le grain de cette peau fine et chaude contre la sienne.

Puis, il sentit Léon attirer lentement sa main à ses lèvres. Sans jamais croiser son regard, il posa son souffle chaud sur la paume du gaélique et en baisa délicatement les doigts. Aussitôt, de violents picotements coururent l'épiderme d'Ennis et l'onde de chaleur ressentie dans son abdomen s'intensifia, irradiant jusqu'au sommet de son crâne ; ses joues s'empourprèrent et la course effrénée de sa respiration se coupa net. Ajoutant encore au trouble qui s'emparait solidement d'Ennis, les yeux osèrent enfin le confronter. Tout en le regardant, Léon déposa un dernier baiser sur sa paume réchauffée avant d'en détacher les lèvres. Le brun frémit ; il aurait voulu que l'étreinte humide dure toujours. Heureusement, le français ne lâcha pas son emprise, gardant précieusement sa main au creux de sa paume comme si cela avait été la chose la plus naturelle du monde.

Malgré ce qu'il ressentait, cette impétueuse et profonde attirance qui, de minute en minute, revêtait des formes inattendues, l'empathe ne parvenait pas à chasser de ses pensées les deux yeux de jais entraperçus plus tôt, et avec eux, le flot d’émotions qui l’avait effrayé. Et ils étaient toujours fixés dans son esprit lorsque la voix de l'inconnu s'éleva, dans des tonalités graves et riches qui réchauffèrent l'atmosphère.

La proposition émise par le français arracha un léger tremblement aux lèvres d'Ennis. Après que l'inconnu s'était campé à quelques centimètres de son visage, il avait osé faire un geste, il est vrai, mais prolonger la scène ailleurs ? Il n'était pas certain de le vouloir. De le vouloir, ou plutôt de le pouvoir. Derrière ce rideau de pluie, ils étaient comme protégés de l'extérieur et de ses lourdes conséquences, et en le traversant, ils risquaient de rompre le charme qui semblait mystérieusement les envelopper. Mais Ennis ne pouvait nier l'évidence. S'il n'avait pas reculé depuis que les yeux de jais lui étaient apparus, c'était bien parce que quelque chose le poussait à comprendre les émotions complexes de l'inconnu.

Poursuivant la balade de son index sur la paume de l'inconnu, il esquissa un sourire. Sur un ton emprunt d'une légère malice, il finit par consentir : - « L'idée n'est pas insensée... » Il marqua un bref silence. Puis, cherchant à masquer l'hésitation qui toujours le tiraillait, poursuivit avec une franche ironie : - « Je dirais même que rester à la merci de ce froid glacial serait bien déraisonnable. Et, j'ai comme la sensation que vous n'êtes pas homme à perdre la raison. » Il lâcha ces mots en plantant son regard dans le sien, se tenant prêt à recevoir la tempête des yeux de jais. Mais il n'en fut rien. A la place, un suave murmure résonna contre son oreille tandis qu'une main se posa avec assurance sur sa taille. Tandis qu'il sentait la main brûler l'endroit où elle s'était posée, Ennis reconnut très distinctement le poème que Léon lui récitait. C'était l’œuvre d'une poétesse canadienne que le brun admirait tout particulièrement. Un sourire d'attendrissement aux lèvres, il attendit de retrouver le regard bleu glacé du blond. - « Rapi Kaur. Très beau choix. » A nouveau, il fut saisi par une vague mêlée de stupéfaction, de tendresse et de désir envers cet inconnu qui lui déclamait soudain de la poésie en jouant assurément de ses charmes. Il n'aurait pu choisir meilleure cible ; la poésie était le talon d’Achille du jeune homme.

S'il n'était en rien impulsif, l'irlandais avait toujours été de nature curieuse. Et, il fallait bien qu'il se rende à l'évidence, à cet instant précis, sa curiosité été définitivement piquée. Si Léon était une énigme, le moldu était bien décidé à la résoudre. En l'espace de quelques secondes seulement, il prit la décision de pousser la porte de cette drôle d'anti-chambre.

Resserrant son étreinte, Ennis saisit solidement la main du français dans la sienne. Le couvrant un dernier instant de son regard brûlant de malice, il finit par lâcher : - « Suivez-moi. » Le tirant par la main, le gaélique les entraîna hors du auvent qui leur servait de refuge. Sous la pluie battante que des bourrasques faisaient tournoyer en tous sens, Ennis se jeta dans la première ruelle qui longeait le parking du bâtiment, menant, non loin d'ici, à un raccourci qu'il connaissait bien pour l'avoir emprunté à maintes reprises. Des gouttes glaçantes lui foutaient le visage tandis que les pans de sa veste virevoltaient violemment sous l'effet du vent qui s'était levé, l'invitant à accélérer le pas. Accourant désormais, la main chaude de l'homme solidement maintenue au creux de sa paume, Ennis se dirigeait à grand pas au 43 Roman Rd, London.

FIN  yellow heart
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"Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis." feat Ennis O'Callaghan - 8 Septembre 2021
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