Les premières années
17 Octobre 2000, c'est le jour où j'ai poussé mon premier cri. Un jour qui aurait sans doute dû être heureux pour la plupart des nouveaux parents.Toutefois, pour les miens, c'était plutôt compliqué. Non, ce n'était pas à cause de ma santé qu'ils s'inquiétaient, mais à cause de la foutue famille de ma mère. Enfin surtout de son père, autrement dit mon charmant et délicieux grand-père Avery. Non, oubliez les ballons ou encore le nounours pour féliciter ma venue au monde. J'étais une abomination pour lui. Sa précieuse petite fille au sang-pur avait osé tomber amoureuse d'un satané moldu, s'enfuir, l'épouser et pour clouer le tableau faire un gamin avec. Jetant l'opprobre sur toute sa sacro-sainte famille...
Ah, parce que vous pensiez qu'avec la victoire de Harry Potter, tous les mangemorts allaient gentiment abandonner leur croisade débile. C'est beau l'utopie à votre âge. Mais non. Certains ont la rancune tenace. Ce genre d'idéologie qui perdure depuis des décennies ne s'efface pas du jour au lendemain. Croyez-moi, je l'ai appris très tôt.
De mon père, je n'ai qu'une image floue et lointaine. Il faut dire que je n'avais que deux ans lorsqu'il a mystérieusement disparu. Ma mère, Meropé Avery, ne s'est jamais fait d'illusions. Elle sait qu'il est mort. Sinon, il ne nous aurait pas laissés. C'est ce qu'elle m'a toujours dit et je lui fais confiance. Après tout, Liam Mac Culloch l'avait acceptée telle qu'elle était. C'est-à-dire sorcière avec une famille de dégénérés qui prônaient la pureté du sang. D'ailleurs, il en a eu la confirmation assez rapidement quand il les a vu débarqués chez lui au petit matin. Ils ont eu le temps de s'enfuir en transplanant grâce à ma mère. Seulement leur chance n'a pas duré...
En guise de punition, le monstre a décidé de servir de moi pour la faire plier. Le message était simple où elle obéissait ou bien, moi aussi, je disparaîtrai mystérieusement à mon tour. Évidemment, n'imaginez pas qu'on lui a préparé un bel avenir. Le monstre a décidé de lui faire épouser un étranger afin qu'il ne soit pas au courant de l'histoire. Je n'ai bien sûr pas eu le droit d'aller avec elle. J'ai dû rester caché dans un coin de cette maudite demeure. Tentant de me faire, tout petit afin d'éviter de prendre trop souvent des coups ou des insultes. Vous serez d'accord pour dire que ce n'est pas le meilleur environnement pour devenir un enfant épanoui. Dans cette tourmente, une seule personne était gentille avec moi. C'était ma grand-mère. Contrairement au monstre, elle ne me considérait pas comme un insecte. Elle tentait de me faire passer des douceurs pour apaiser mon âme d'enfant meurtri. De faire de petits gestes d'affection quand personne ne regardait. Elle ne cessait de me demander pardon disant qu'elle ne pouvait pas changer les choses. Parce qu'elle n'avait pas son mot à dire. Pauvre femme. Elle est morte un an après mon arrivée.
Puis vers mes cinq ans, le miracle s'est produit. Le monstre est tombé raid mort d'une attaque cardiaque. Le cauchemar se terminait enfin. Ma mère est revenue en Angleterre en abandonnant le type qui lui servait de mari. Elle m'a récupéré et sans attendre nous sommes partis nous installer en Ecosse, à Kilt Rock. Enfin plutôt dans un coin paumé tout près. En plus de l'argent qu'elle avait eu de sa mère, elle a géré celui de l'héritage de mon père. Nous étions très largement à l'abri au niveau financier.
Vous auriez vu dans quel état, j'étais. Ce n'était pas vraiment joli joli...
Remonter la pente a été dur. Malgré tout, je pense que ma mère est l'être le plus formidable de la terre. Avec patience et amour, elle m'a montré que la vie ce n'était pas cela. Je suis sorti petit à petit de cette noirceur pour entrer dans la lumière. Non, tout n'est pas rose. Je garde encore aujourd'hui quelques cicatrices dans le dos et des blessures morales. Ainsi qu'une colère que j'ai du mal à contenir des fois. Mais si vous me croisez au détour d'un couloir, jamais vous ne pourriez soupçonner tout cela.
Poudlard
Onze ans, je reçois la fameuse lettre pour l'école des sorciers. C'est le début des années heureuses. Je suis existé comme une puce à l'idée de faire ma première rentrée. De découvrir plus en profondeur ce monde même si la peur est toujours là tapie dans un coin de mon être. C'est également la paix qui règne. Certes, il y a des commémorations chaque année pour qu'on n'oublie pas ce que le dernier mage noir a provoqué dans la communauté. Toutefois, cela me passe au-dessus. Pour le moment ce qui m'importe, c'est de m'intégrer. Ce n'est pas facile au début. Il faut dire que ma mère a créé une bulle autour de moi, là où nous vivons. Néanmoins, d'un autre côté, je sens que je peux y arriver.
Au fur et à mesure, je me créais un cercle. En-tout-cas en apparence. Quand on pose des questions sur mon père, je ne m'étale pas. Je raconte qu'il est mort dans un accident de voiture et je dis que mes blessures viennent de là.
Mensonge, mensonge, mensonge...
Cependant, j'ai besoin de ça pour pouvoir affronter les autres. Je sais bien que si certains savaient la vérité sur mon passé, soient ils auraient pitié, soient ils m'auraient évité. Alors mon existence redeviendrait un enfer. Parce que dans ma tête, je suis toujours l'enfant rejeté, apeuré et torturé par le monstre. Celui qui ne cessait de me dire que je ne méritais pas de respirer, que je n'étais qu'un insecte...
La façade tient, c'est ça l'essentiel. En prime, les cours me plaisent à l'exception des potions. Je suis une vraie calamité. L'addition d'un chaudron et de moi finit souvent par une explosion ou la création d'un nouveau parfum pestilentiel. C'est que je ne suis pas le nouveau prodige dans cette matière.
C'est ainsi que défile mes quatre premières années. Entre rigolades, armes de destruction massive et une soif de savoir qui me permet d'être bon. Pas le meilleur. Mais suffisamment pour ne pas m'angoisser pour mes examens. Enfin normalement.
Parce que les choses ne se déroulent pas toujours comme on le prévoyait. En cinquième année, une inconnue s'invite dans mon existence. Je ne m'étalerai pas sur son existence. C'est un sujet que j'essaie d'éviter parce qu'il est encore douloureux aujourd'hui même si six années se sont écoulées. En résumé, pour vous la faire, courte, j'ai découvert ce truc qu'on appelle amour. Alors, oui, j'en ai bien eu tous les symptômes. Des battements de cœur, aux papillons imbéciles dans le ventre sans oublier les cafouillages verbaux qui vont avec.
Ca a été fort, très ou trop. Comme pour toute première fois dans ce domaine. Mais comme dit la chanson, l'histoire d'amour, s'est finie mal. De quelque chose qui me donnait l'impression de voler comme sur un balai, c'est devenu un truc d'une complexité incroyable. Un an d'écart seulement, et pourtant à la fin, j'avais l'impression que c'était un siècle qui nous séparait... Elle a été la première pour plein de première fois... Premier baiser, première histoire, premiers coups de gueule amoureux, première fois... Et au final premier et dernier cœur brisé de ma vie. Malgré le temps, elle est là sous ma peau et dans mes veines. Depuis, je collectionne sans m'attacher. Parce que je n'y arrive plus. Parce que même si je l'évite et que je ne la vois plus, aucune autre n'est elle...
Cette année-là également, l'ambiance du monde sorcier change. C'est sous-jacent et cela s'infiltre lentement dans notre société. Quelque chose de sombre grandit. Mais du moment que ma mère est en sécurité, je me fous du reste. J'ai trop de mal à respirer...
Je passe les examens.
Résultat, j'excelle en histoire de la magie ainsi qu'en sortilège. Je me débrouille plutôt bien dans le reste excepté dans ma bête noire les potions. Même le sorcier surveillant a eu peur quand il a vu le résultat qu'à donner mon travail. Enfin, je suis délivré des potions pour toujours. Cet été-là, en rentrant chez ma mère, elle décide de me faire voyager en Europe, histoire de faire disparaître mon air morose. Comme toujours, avec les semaines, je réussis à reprendre ma façade. Cependant, elle fait semblant d'y croire.
J'entame mes deux dernières années. Le défilé des demoiselles ne va pas cesser. Toutefois, je ne leur mens pas et ne leur promets jamais rien. Je prends juste ce dont j'ai envie à l'exception des dindes gloussantes. Et évidemment, je me consacre à mes études. Après tout, je suis dans la dernière ligne droite. Je commence à réfléchir aux possibilités d'avenir. Travailler direct après le collège ou bien continuer à l'université.
Dilemme... Dilemme... Tout dépendra de mes résultats et de mon envie à ce moment-là.
L'ambiance dans le monde sorcier est de pire en pire au point que l'ordre se reforme. Il y a des tensions à l'école. Je n'aime pas me plonger dans cette confrontation. Trop de mauvais souvenirs remontent. Je reste observateur pour le moment. Toutefois, si quelqu'un cherche un de mes proches ou une personne innocente, il vaut mieux qu'il prenne rapidement la poudre de cheminette. Sinon je lui ferai sa fête façon Mac Culloch. C'est-à-dire bourre-pif, coquard et éventuellement discussion pour être certain qu'il a bien reçu le hibou.
Puis il y a la folle rumeur qui court. Le secret magique serait tombé. Les moldus connaissent l'existence de la magie. Info ou intox, la communauté est sonné. Elle refuse d'y croire. La peur est là, plus profonde. Comme si cela était possible.
Milieu de septième année, c'est le bordel absolu. Les mangemorts se manifestent pour de bon. Le gouvernement tombe. Je reçois un hibou paniqué de ma mère suite aux événements. Malgré tout, je lui réponds que je ne suis plus un enfant. J'ai dix-huit ans. Pour le monde sorcier, je suis un adulte. Hors de question de ne pas finir ma scolarité. Je suis à quelques semaines de mes ASPIC. En tout cas, avec tous ces événements, j'ai pris ma décision, j'irai à l'université en Droit Magique. Je ne supporterai pas de voir souffrir mes proches sans pouvoir leur apporter la justice.
C'est comme ça que se termine mon premier cursus à Poudlard. Si on fait le bilan, j''en repars avec certains liens amicaux forts, un cœur meurtri toujours épris de cette fille que je ne vois plus. Quelques souvenirs qui me réconforteront dans les moments durs. Une mère qui me voit encore comme un gamin à protéger. Ah oui et accessoirement mes examens qui me permettent de rentrer à l'université...
L'université
L'université a déménagé à Poudlard suite à l'attentat et sa destruction. Je me retrouve à nouveau là-bas pour ma première année. L'ambiance est plus que tendue. La méfiance est montée d'un cran. Je reste toutefois observateur comme avant. Seule la protection de ma mère est importante. Je repère quelques jolies filles entre deux cours qui sont beaucoup plus intéressants qu'au collège. Même si le réseau de cheminette est bien développé et que j'ai une chambre à l'école, je préfère avoir mon appart. J'ai besoin de mon indépendance et de mon intimité par moment.
L'année avance. Je bosse, je couche souvent sans lendemain avec des filles différentes que je rencontre soit en cours ou lors de soirées moldus. Il faut dire que leur personnalité ne m'intéresse pas plus que ça. Elle, elle est toujours là dans un coin de ma tête. J'ai même l'impression de l'avoir aperçu au détour d'un couloir. Illusion, sans aucun doute de mon pauvre cerveau imbibé de son souvenir. Je prends aussi des nouvelles de ma mère et reste proche de mes amis.
Ma vie se résume à cela.
Est-ce qu'elle me convient ? Franchement, je ne saurai pas le dire. Néanmoins, je continue à jouer avec la main que Merlin m'a donné ou bien, c'est cette fichue Morgane qui m'a changé la donne. Bref plus bas que cela, ce n'est pas possible. Le seul point positif, je suis toujours bon dans ce que j'apprends en cours.
Le monde sombre dans la violence avec cette lutte sorciers, moldus. Et je garde mes œillères. Attention, si je voyais un Blood Circle attaquer un sorcier ou un allié bien sûr que j'interviendrai sur le champ. Mais si je ne m'engage pas plus c'est à cause de l'image du monstre qui remonte à chaque fois que j'entends mangemort lorsqu'on parle du conseil d'administration. Ca me révulse.
Quand est-ce que le monde redeviendra normal, en paix. Ironie de mon désespoir.
L'été suivant, je le passe avec ma mère, tout en préparant mon entrée en deuxième année. Les jours filent et se ressemblent là-bas. Septembre arrive et me revoilà sur les bancs de l'université de Poudlard.
Si vous voyez un défibrillateur, n’hésitez surtout pas à l'utiliser sur moi. Peut-être ainsi, la vie reprendra un sens pour moi...