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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Lun 5 Juin - 23:01


La réponse universelle


Octobre 2021

Un souffle s’échappa de mes lèvres tandis que j’écartais le plus possible la sensation de froid qui me vrillait le cerveau. Paupières closes, je restais obstinément enfermée dans l’obscurité tandis que mon bain glacé m’offrait un calme intérieur bienvenu, puisque toute mon attention était portée sur le réchauffement de mon corps. Depuis que nous étions rentrées de voyage de noces et que nous avions commencé les démarches administratives pour agrandir notre famille, je mettais un point d’honneur à tenir la promesse faite à Harper : faire mon deuil.
Pour ce faire, je mettais tout en œuvre. Je voyais une fois par semaine un psychomage pour m’accompagner dans la démarche de mon traumatisme, j’avais commencé les bains froids pour m’aider à rassembler mes pensées et surtout, je notais ce que je mangeais pour m’éviter d’oublier des repas comme je le faisais régulièrement. Si je n’avais pas parlé du projet bébé à ma famille, j’avais annoncé mon envie de faire mon deuil. Mes parents avaient été surpris, mais m’encourageaient, et le « ouf, enfin » exaspérant d’Adélaïde avait trahi son soulagement de me voir enfin tourner la page. À présent, je devais laisser le temps au temps, et je savais que mon entourage saurait rester bienveillant envers moi durant les moments où je faiblirais. Car il y en aurait, je ne me berçais pas d’illusions.

Je pris une profonde inspiration et me laissai couler dans le lac qui bordait Poudlard. Les effets de la branchiflor commençaient à s’estomper. Ma vue se troublait et mes bronches se refermaient lentement. Pour autant, j’aperçus l’une des Selkies, avec lesquels je venais de nager, disparaître derrière une rangée épaisse d’algues. Je souris et remontais lentement jusqu’à la plage où j’avais laissé mes affaires. Mes pieds et mains palmés retrouvèrent leurs apparences normales alors que je m’enroulais dans un linge, grelottante.
Je me frictionnais en claquant des dents puis me hâtais d’enfiler mes vêtements non sans soupirer de soulagement en sentant leur chaleur contre ma peau. Apaisée et détendue, je m’asseyais sur le sable grossier et me permis de prendre le temps de regarder le soleil se coucher. À ma gauche, les lumières du château s’allumaient les unes après les autres, dont celles de la Grande Salle qui allait bientôt accueillir tout le monde pour le repas du soir. Je souris. C’était un spectacle que je ne me lassais pas de contempler depuis mes onze ans. Mes meilleurs souvenirs étaient ici, et ce qui était fou, c’était que je continuais à en créer, toujours ici, des années après.
En fait, même si la décision de faire mon deuil me terrorisait, il y avait un côté soulageant aussi. Comme si une partie du sac de pierres qui lestait mon cœur s’était allégé.
« Fais-le pour toi » m’avait dit Harper. Elle avait raison, évidemment, mais je ne pouvais pas me résoudre de le faire uniquement pour moi. Il y avait pour le reste de ma famille qui souffrait encore de cet accident en me voyant me morfondre. Il y avait Harper, qui devait vivre avec un fantôme en plus de moi. Enfin, il y avait cette petite âme que nous allions peut-être accueillir, et qui ne demandait pas de porter ce décès.
Je le faisais pour moi, oui, mais pas uniquement. J’entraînais trop de gens dans mon sillage dans cette affaire.

Quand l’air d’octobre se rafraichit davantage et qu’un frisson parcourut mon échine, je me relevais et rejoignis le château. Ayant peu à cœur de rejoindre la Salle Commune, je n’avais pas envie de briser mon calme, je décidais de rentrer directement dans notre appartement. En poussant la porte, je constatais qu’Harper n’était pas encore rentrée. Je me déchaussais en constatant que le perchoir de Grishkin était vide. Encore. Le phénix avait toujours été libre d’aller et venir, mais ces derniers jours, il était particulièrement souvent absent. Si j’essayais de me préparer à son départ depuis notre rencontre, je devais bien reconnaître que ses absences répétées m’infligeaient un peu de stress.  
Cela dit, je n’eus guère le temps de m’attarder sur les raisons de l’absence de l’oiseau. Une masse sombre me sauta devant le visage et me griffa les joues.

— Ayyyeuuuh ! Hey !

Rapide, j’attrapais la boule de poils en fixant Théodore complètement paniqué. Le petit niffleur agité poussait des couinements frénétiques et essayait de mimer une situation avec ses pattes.

— Wow, wow, doucement, je ne comprends rien à ton charabia, respire.

Comme s’il m’avait comprise, le petit mâle cessa de remuer, mais continua de couiner. Quand une tache rouge sur mes doigts m’apparut, je fronçais les sourcils. Je pris plus délicatement le niffleur dans mes bras et constatais qu’il était blessé.

— Bah ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

Ce n’était pas les chats, la griffure n’y ressemblait pas. Déboula à ce moment du fond du couloir, une Muriel furieuse qui me fonça dessus et sauta pour atteindre Théodore. J’eus à peine le temps de lever les bras pour le mettre hors de portée, mais ce fut moi qui reçus les griffes de la niffleuse.

— Aïe ! Mais qu’est-ce qui vous arrive ?

Comme si elle venait de réaliser ce qu’elle venait de faire, Muriel se tassa sur elle-même puis secoua ses petites pattes antérieures avant de retourner dans la chambre. Intriguée par la situation, je soufflais et posais Théodore sur la table avant d’attraper mes affaires de soin.
Focalisée par les soins que je prodiguais, je m’adressais à la créature en l’examinant.

— Il faut vous détendre tous les deux, c’est le cirque à chaque fois. Qu’est-ce que tu as fait pour la provoquer ?

Théodore parut vexé que je lui pose cette question. Son bec lui en tombait. Il me tourna le dos en croisant les pattes. Arf. Je sortis un petit biscuit qu’il attrapa immédiatement pour l’engloutir. En entendant les mâchonnements, Muriel sortit de sa cachette et nous rejoignit. Je lui offris son biscuit. Elle vint s’asseoir à côté de Théodore et en grignota un bout avant de lui en proposer le reste… en se frottant à lui. Je penchais la tête en haussant un sourcil. C’était quoi ce cinéma ?
Ce fut en spectatrice ahurie que je vis Théodore accepter le petit bout de biscuit et laisser Muriel frotter sa tête contre lui, de manière insistante. La bouche m’en tombait. J’étais à tel point surprise par ce que je voyais que je ne sentis pas la proximité de mon épouse. Ce n’était pas qu’un simple rapprochement qu’il y avait entre les niffleurs, c’était de…. De la drague ?
 

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Harper MacFusty
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Sam 10 Juin - 11:06


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Octobre 2021

La journée touchait à sa fin. Après avoir passé un temps incalculable à ne pas ranger sa salle des classes, Harper verrouilla la porte derrière elle. D'un coup de baguette, elle traça une croix sur le bois pour signaler au concierge que cette salle avait été utilisée. Maline, elle optait pour une peinture fluorescente, car cette partie du château était particulièrement sombre. Bonne chance pour arranger les dégâts, son cours sur le sortilège de désarmement s'était relativement bien passé.
Quoiqu'il en soit, elle regagna l'appartement qu'elle investissait avec son épouse, bien décidée de nettoyer les labeurs de la journée sous une bonne douche.
Refermant la porte derrière elle - pour une fois, sans la faire claquer, elle s'approcha nonchalamment d'Abi dans l'intention de l'embrasser.
— Honey, marmonna-t-elle mollement.
Ça ne lui ressemblait pas. D'abord, elle avait manqué les nouvelles folies du BC à la gare il y a un mois... parce qu'elle avait accepté de passer par le lac en compagnie de leur collègue, le professeur d'astronomie, qui venait d'acquérir un nouveau sous-marin magique :
— Totalement légal, avait-il précisé en lui décochant un clin d'œil.
Ensuite, la rentrée démarra sur les chapeaux de roue. Les nouveaux élèves de Gryffondor se comportaient bruyamment d'entrée de jeu. Une belle bande de petits malins présomptueux. Comme une petite fournée d'O'Brian lâchée en liberté. D'un point de vue positif, Harper s'en sortait admirablement, punissant les uns pour l'exemple, punissant les autres en cachette. Elle leur concoctait la projection d'un documentaire, réalisé par un sorcier né-moldu, qui dépeint les symptômes du comportement toxique : qu'est-ce qu'être un bon petit serpentards ? Ça allait les calmer au moins jusqu'à la fin de l'année.
Conséquence des temps sombres ou non, une recrudescence d'élèves en difficulté apparaissait cette année, et ce, pour tous les âges confondus. Elle venait de passer deux heures à consoler une troisième année en lui assurant, en diverses formules et même en Espagnole (merci Google traduction) qu'elle réussisse ses examens haut la main.
Quoiqu'il en soit...
— Honey ! répéta-t-elle, tout en lamentations. Honey ! Honey ! Honey !
Elle se frotta le front, laissant une mèche de cheveux en suspend.
— Ça va pas du tout !
Elle s'appuya de tout son poids sur Abigail pour l'enserrer dans ses bras. Non, ça n'allait pas ! Et qu'est-ce qu'ils ont les deux zouaves à bec à se frotter comme ça, tout à coup ?
— Je suis fatiguée ! gémit-elle. Je crois, je crois....
Elle soupira de fatigue en bâillant à s'en décrocher la mâchoire. Le menton appuyé sur le crâne de cheveux mouillés de son épouse, elle émit un grognement, parce qu'elle avait faim, elle était fatiguée et le mouillé, ça donne froid !
— Je crois que ça y est ! Je vieilli ! Qu'est-ce qu'on va devenir Honey, si je commence à être vieille et fatiguée, qu'est-ce qu'on va devenir ???
Archibald vint se frotter à ses jambes. À l'évidence, il réclamait sa pitance. Incroyable qu'il ose demander alors qu'elle-même n'avait pas pu goûter !
— Laisse-moi !
Les miaulements du chat s'intensifièrent.
— Non, je ne veux pas te parler.
 

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Dim 11 Juin - 20:09


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Octobre 2021

Le retour à la réalité après ces deux mois d’évasion avec Harper n’était pas évident à encaisser. Si les événements concernant le Blood Circle ne rendaient rien simple, de voir tout le monde tendu n’était pas facile à vivre. Je donnerai cher pour retourner sous les cocotiers à admirer les gouttelettes d’eau perler sur la peau d’Harper. Ce frisson délicieux que j’avais à chaque fois quand elle m’appelait irradiait ma colonne vertébrale quand elle s’approcha, et davantage lorsqu’elle me prit dans ses bras. Si sa manière de m’appeler était présentement moins langoureuse que les dernières semaines, je souris quand même. Sous couvert de lamentations enfantines quelque peu amusantes, je devinais toutefois la véritable lassitude de mon épouse.

— Gaol. Gaol, gaol, gaol.

Répétais-je à sa suite, le visage barré d’un sourire un peu moqueur bien qu’un océan de tendresse noyait mon regard et enveloppait ma tendre moitié. Je clignais des paupières en voyant l’une de ses mèches de cheveux se redresser et la laissais s’appuyer sur moi. Malgré ma petite taille, je la soutenais sans faillir en glissant mes mains derrière sa nuque. Aux explications de l’origine de son état, je ne pus m’empêcher d’étouffer un rire alors que j’embrassais la peau fine de son, profitant qu’elle ait posé son menton sur le sommet de mon crâne, comme si j’étais un repose-épouse-fatiguée.

— Alors, tout d’abord, je pense que tu as le droit d’être fatiguée au moins une fois dans l’année, ça ne fait pas de toi quelqu’un de vieille mon amour. Je frottais tendrement mon nez contre le sien. Le repos fait aussi partie du sorcier guerrier. Instant philosophie, puis, je reprenais sans me dépêtrer de mon sourire doux. Ensuite, je ne dirai pas qu’on vieillit, mais qu’on se bonifie. Comme le bon vin, tu vois ? Comme l’une de ces bonnes bouteilles qu’on nous a offertes pour le mariage et qui sont rangés dans la cuisine. C’est un premier ingrédient. Ensuite… mmh.

Je laissais la pointe de mon index parcourir sa joue, descendre sur son cou et caresser sa clavicule.

— Ensuite, comme deuxième ingrédients, je te propose d’aller prendre une bonne douche pour te délasser. Pendant ce temps, je préparerai le repas, j’ai un peu faim.

Fais assez rare pour être souligné. Je me redressais sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue.

— Et avant de se coucher, et si tu en as envie, en troisième ingrédient, je te masserai pour évacuer cette soi-disant vieillesse qui pèse sur tes jolies épaules.

Je lui accordais un sourire goguenard, les yeux brillant de malice (à moins que ce ne soit autre chose ?). A la venue d’Archibald, je reculais un peu pour les laisser tous les deux parlementer entre qui se plaindra le plus. Je profitais de ce moment pour pivoter et asséner une petite tape sur le séant si parfait d’Harper.

— Allons gaol, ce n’est que passager ! Rappelle-toi de quelle fringante et jeune manière tu m’as sauté dessus hier soir.

J’évoquais ce souvenir, mais faisait référence également à toutes les autres. Il fallait dire que notre vie sexuelle n’avait jamais été aussi épanouie que depuis notre lune de miel, instant hors du temps où nous nous étions fait la promesse de laisser tous nos tracas derrière nous. Peut-être qu’avoir frôlé la mort me permettait de me délecter davantage de chaque caresse et de chaque baiser. Pour dire toute la vérité, Harper me rendait complètement folle à chaque fois que je la sentais me désirer. Car il était bon de se sentir désirer.
Dans un geste devenu aujourd’hui un réflexe, je me massais la nuque en glissant un regard vers les deux niffleurs. Muriel se frottait encore contre Théodore qui remua de manière subtile pour se déplacer dans le dos de la niffleuse. Ah ? J’écarquillais les yeux pour ne rien rater de ce qui allait se produire. Très patient et avisé, Théodore allait doucement, profitant que Muriel soit distraite, mais au moment le plus concret, cette dernière se ravisa, fis volte-face et mordit sauvagement Théodore avant de s’enfuir à nouveau.

— Ah, mais ! Le pauvre ! Je pris Théodore dans mes mains pour vérifier la morsure, pleine de compassion. Quelle allumeuse. Je levais le jeune niffleur devant mes yeux. Il était dépité le pauvre. Il se faisait allumer pour ensuite se faire renvoyer comme un mal propre. Moh… fais pas cette tête, tu vas y arriver. Laisse-lui encore un peu de temps.

Je pris Théodore contre moi pour tenter ce qui se rapprochait le plus d’une consolation, mon esprit de zoomage complètement fasciné par ce qui se passait sous mon toit. C’était la première fois que j’assistais aux démarches de reproduction des niffleurs, et c’était tout à fait fascinant. Le pauvre Théodore allait écoper de nouvelles cicatrices si ça continuait comme ça. On allait faire la paire tous les deux.
Aux miaulements d’Archibald vinrent se joindre ceux de Poppy et Cactus. Comme si rien ne pouvait entamer ma bonne humeur (les bains froids et la thérapie aidants), je pouffais de rire en revenant sur mon épouse.

— Je m’en occupe. Va donc prendre du temps pour toi mon amour.

Et sans attendre sa réponse, je me rendis à la cuisine. D’un ou deux coups de baguette, je préparais le repas, sorti la bouteille de vin et donnait à manger aux animaux. Les miaulements cessèrent aussitôt. Muriel ressortit de la chambre pour venir manger en lorgnant à nouveau Théodore. Ce dernier restait docilement sur mon épaule en attendant que la niffleuse ait terminé de manger. Était-ce de la méfiance ou de la galanterie ?
En attendant que le repas se prépare, je retournais au salon pour allumer notre stéréo en appréciant les quelques notes qui s’élevèrent. Feignant de ne pas voir le perchoir désespérément vide de Grishkin, je pris Théodore entre mes mains et me mit à tourner en rond avec lui au rythme de la musique.
Puisqu’il ne pouvait pas rester avec sa promise sans risquer de se faire mordre et que la mienne prenait du temps pour elle, nous profitions tous les deux. J’improvisais une danse avec le petit niffleur qui remuait ses pattes arrière et dodues en rythme. L’instant fut si serein que je me permis même de chanter quelques mots.

— Touch me with a kiss, feel me on your lips, Because this is where I want to be, Where it’s so sweet & heavenly, I’m giving you all my love.


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Harper MacFusty
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Sam 24 Juin - 8:10


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Octobre 2021

Le bon vin qui se bonifie et qui restait à boire, une douche pour se prélasser, un massage délassant, pour évacuer les ondes négatives de la fatigue, en voilà un programme intéressant. Après s'être gorgée des paroles aussi sages que réconfortantes de son épouse, Harper se résigna à suivre ses conseils, elle s'engouffra dans la salle de bain pour, quelques secondes plus tard, glisser sa tête sous l'eau. De la buée recouvrit rapidement le miroir, emplissant même tout l'espace disponible dans la salle de bain. Plus que jamais, Harper voulait chasser de sa mémoire la tentative désespérée de Théodore pour passer à l'acte. En adoptant les créatures, elle les considérait comme des enfants, et ce qu'essayaient de faire les enfants, là, c'était franchement dégoûtant. Elle soupira en saisissant le gel douche, prête à nettoyer toute cette fatigue qu'occupait son corps. Ce n'était que passager, certes ! Être fatiguée était trop fatiguant pour accepter de demeurer dans cet état éternellement. Déjà, l'odeur de la fleur de tiaré, son savon préféré, l'enivrait délicieusement, ses narines frétillèrent d'extase. L'envie de retourner se dorer la pilule au bord de l'eau en sirotant des cocktails trop sucrés l'emplit de nostalgie. Peut-être devraient-elles partir en voyage plus souvent. Tous les ans, par exemple. Et si elles oubliaient de revenir ? Ses nouvelles fonctions au sein du Conseil grignotaient un peu plus de son temps libre. Les parents d'élèves, ainsi que leurs enfants, étaient particulièrement hyperactifs, comme en réponse aux temps sombres qui se profilaient à l'horizon. Harper rêvait d'un après-midi passé dans son laboratoire des désastres, à démanteler des objets, rassembler les pièces dans un ordre douteux et jeter un enchantement encore plus douteux qu'elle ne réussira jamais à lever.
Quelques minutes plus tard, la porte de la salle de bain claqua, tandis que la musique résonnait dans leur appartement. Harper dressa le couvert (sans qu'on le lui demandât), puis s'installa mollement à table. D'un mouvement brusque, elle déplia la serviette qui entourait sa chevelure trempée, exaspérée par leur rébellion.
— Je crois que je vais me les couper, pesta-t-elle. Ça va leur apprendre.
Sa chevelure détrempée partait dans tous les sens, chaque mèche choisissant sa direction préférée. Toujours en grommelant, elle jeta la serviette de côté, celle-ci atterrissant sur le perchoir vide du Phénix. Puisque ces temps-ci il appréciait découcher, autant que le perchoir serve à quelque chose.
— Est-ce que tu as entendu les bruits de couloirs qui courent, en ce moment ? Lança soudainement Harper à son épouse.
Elle ne savait pas pourquoi elle pensait à ça, tout à coup. Elle poursuivit :
— Tu te souviens la groule qu'on a capturé en fin d'année avec l'étudiant agaçant ?
Celui-là même qui lui ressemblait un peu trop.
— Soi-disant, sa sœur (celle de la groule, pas de l'étudiant, hein) rôderait dans les parages et s'attaquerait aux oiseaux. C'est une élève de deuxième année qui colporte cette rumeur, à qui veut l'entendre, parce que son hibou a disparu depuis deux jours, l'empêchant de profiter de son abonnement quotidien à la gazette du sorcier. La groule s'attaquerait particulièrement aux volatiles. On ne l'avait encore jamais entendu, celle-là ! J'ai vraiment très faim.
Sans transition.
Dehors, la nuit était déjà tombée, l'automne annonçait la pénible arrivée de l'hiver en avançant le déclin du jour. Par leur fenêtre, elles voyaient la nature reprendre ses droits, les oiseaux et les écureuils profitaient de l'absence des élèves pour batifoler ou se courir après. Devant ce spectacle, Harper fit la moue, se cala sur sa chaise plus confortablement et ignora la ménagerie qui reprenait du service. Harper arqua ses doigts pour s'improviser peigne, démêlant avec peine ses mèches folles. Bientôt, il y aurait autant de cheveux dans ses mains que sur son pauvre crâne.
 

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Mar 27 Juin - 17:14


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Octobre 2021

En voyant mon épouse sortir de la salle de bain, je cessais ma danse et reposais Théodore sur le canapé. Le temps qu’elle dresse la table et souffle d’exaspération à propos de ses mèches rebelles, je servais le repas qui somme toute était simple, mais parfait pour nous permettre une nuit légère. Si je n’étais pas un cordon bleu, j’adorais cuisiner et je me donnais davantage de peine depuis que nous nous étions établies les deux et encore plus depuis notre voyage de noces où des promesses d’avenir avaient été formulées. Il n’était plus question de négligence, même si la sensation de gravir une falaise sans assurance ne me quittait pas. En passant dans le dos d’Harper, je jetais un coup d’œil à sa chevelure non sans sourire. Moi, je les trouvais adorables ces mèches rebelles, mais je me gardais bien de le lui dire au risque de l’exaspérer d’autant plus.

— Quoi que tu décides, tu seras toujours la plus belle à mes yeux.

Disais-je en m’asseyant à mon tour devant mon assiette. Bien plus profond qu’une mièvrerie fiévreuse ou une formule de politesse, Harper avait toujours été à mes yeux la plus belle. J’avais bien essayé d’en regarder d’autres, discrètement. Dans les couloirs de l’école puis de l’université, dans les bars ou durant mes stages. Rien à faire. Elles ne lui arrivaient pas à la cheville.
Elle avait su rester la même, elle m’avait sauvé de beaucoup de mauvais choix. Elle riait trop fort, mais à chaque fois la pièce s’illumine. Elle avait peur d’être normale, d’être moyenne, pourtant elle était la voute de mon ciel.
Même quand elle jetait sa serviette sur le perchoir désespérément vide de Grishkin. Je préférais ignorer son geste et pris une première bouchée en l’écoutant me parler d’une rumeur à laquelle, évidemment, je n’avais pas prêté attention. Si à l’époque nous aimions faire les commères, aujourd’hui, je me sentais trop en décalage avec mes élèves pour me permettre d’écouter tout et n’importe quoi venant de la part d’adolescents frustrés de nombreuses manières. Alors, lorsque les informations se révélèrent les unes après les autres, je manquais de m’étouffer en avalant de travers. Il me fallut une grande gorgée d’eau pour faire passer la toux qui restait coincée dans ma gorge et me piquait les yeux. J’essuyais les larmes naissantes d’un revers de main en prenant une profonde inspiration pour être sûre que les démangeaisons soient bien passées. Aussi intriguée qu’inquiète, je faisais mille efforts pour ne pas serrer trop fort mes couverts.

— Je n’en avais pas entendu parler.

Avouais-je. Un nouveau coup d’œil au perchoir du phénix trahit le fond de ma pensée. Je pris une nouvelle inspiration.

— Tu crois que Grishkin est en danger ? Ça fait un moment qu’on ne l’a plus revu. Je suis terriblement inquiète. C’est peut-être ça. Ou alors il a décidé de partir, parce qu’un phénix, on ne peut pas l’éduquer, il ne m’a jamais appartenu, il a toujours été sauvage, si ça se trouve il en avait marre de moi et du coup il a fini par changer de foyer. Ou alors il est en grand danger et il ne peut pas revenir et il a besoin d’aide. Peut-être qu’il est blessé !

Si le début de mon dialogue avait été fluide, je m’étais largement emportée pour la suite, me perdant dans un monologue sans jamais reprendre mon souffle. Résultat, j’étais là essoufflée à fixer mon épouse avec des yeux ronds comme si elle avait la réponse salvatrice. La gorge subitement sèche, je pris une grande gorgée d’eau en saisissant mon verre à m’en faire blanchir les phalanges. L’eau froide me permit de retrouver un peu de raisonnement.
La situation m’inquiétait toujours, mais Grishkin n’était pas un simple hibou. Il savait se défendre, il savait se téléporter et se consumer. Il serait très étrange qu’une créature comme une groule puisse en venir à bout. Non… il devait y avoir autre chose. Cela dit, peut-être était-ce tout de même lié ? Je fronçais les sourcils en tapotant mon ongle sur le haut de mon verre, le faisant tinter à rythme régulier.

— Peut-être que Grishkin ne risque pas grand-chose, mais Elizabeth et Gérard ? Je balayais l’appartement du regard. Les deux volatiles étaient absents. Ils étaient sûrement à la volière, pour autant… Je fronçais les sourcils. A-t-on reçu notre courrier ?

Je n’avais pas vu l’ombre d’une lettre aujourd’hui, alors que nous attendions un courrier très important, parmi les factures chiantes habituelles.

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Lun 3 Juil - 7:18


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Octobre 2021

Les effluves du repas chatouillaient délicieusement ses narines. Fourchette en main, Harper piqua le contenu de son assiette pour se repaitre copieusement comme s'il s'agissait du dernier repas de sa vie. Évoquer les bruits de couloir éveilla certains soupçons de son épouse quant à l'absence du phénix. Les sourcils froncés, Harper affichait une mine dubitative. Néanmoins, elle n'intervient pas immédiatement, se laissant, pour une fois, du temps pour réfléchir. Lorsqu'elle reprit la parole, l'inquiétude notoire d'Abigail s'intensifia. Harper reposa son couvert, elle s'essuya la bouche avant de répondre :
— Ce n'était qu'une rumeur, Honey. Lors de l'expédition, rien n'indiquait l'existence propable d'une seconde Groule. Avec le tapage réalisé...
C'était peu dire. Harper désespérait encore du souvenir de son élève manquant de se faire déchiqueter. Ce jour-là, ils l'avaient échappé bel, bien qu'à l'origine, il ne s'agissait que d'une heure de retenue tout à fait ordinaire : dans les égouts, à traquer une bestiole hybride. Normal. Ordinaire. Banale.
— .... aucune groule n'aurait été capable de résister à la tentation de venir nous broyer les os.
À moins qu'au début de l'été, la présumée Groule n'avait pas encore atteint sa maturité. Mais qu'importe ! Ce n'était qu'une rumeur. Les élèves adoraient raconter n'importe quoi. Les adolescents raffolaient des drames. Certainement les catastrophes agitaient-elles leurs hormones en ébullition. Toutefois, instinctivement, Harper songea qu'il serait plus judicieux de jouer la carte des précautions. Mieux vaut prévenir que guérir. D'autant plus, elle ne voulait pas que son épouse s'inquiétât plus que de raison.
— Nous n'avons effectivement rien reçu, et Elizabeth m'en veut depuis que je lui ai dit qu'elle ressemblait à une poule boudeuse lorsqu'elle insiste pour couver des œufs de pigeons. Je crois qu'elle a des envies de maternité, mais c'est trop tard. Cette vieille chouette est beaucoup trop vieille. Mais ce n'est pas le sujet. L'absence de courrier n'est sûrement qu'un hasard. Toutefois, je suggère d'ôter les doutes. Allons balader dans les environs, en toute discrétion. Mais cette fois, j'amène une cage !
Harper se dépêcha d'engouffrer son repas (faut pas gâcher), puis se précipita dans un placard pour extirper une cage à rat de taille tout à fait normale : un semblant de caisse en bois, bardé de barreaux, et qu'une anse au sommet permettait le transport. Ensuite, elle revêtit des vêtements appropriés à la température extérieure (chaud, sombre, élastique) qui libérait tous ses mouvements pour une traque réalisée dans les règles de l'art. Enfin, elle se parfuma avec un flacon qui franchement, ne sentait pas la rose.
— Pour brouiller les pistes, se justifia-t-elle. Si groule il y a, je préfère que nous soyons les premières à la trouver, et non le contraire. T'en veux ?
Le flacon en suspend, elle s'aidait de son autre main pour enfiler une paire de bottes dont l'ourlet lui avalait le genou. Le phénix, Gérard et Elizabeth allaient bien, Harper s'en persuadait. L'oiseau de feu se contentait d'agir étrangement comme le veut sa coutume de créature légendaire, Élisabeth boudait et, Gérard, quant à lui, vivait sa meilleure vie sans elle. Sans qu'Harper s'en aperçoive, Théodore se glissa dans sa besace. L'aventure promettait d'être endiablée.
 

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Mar 11 Juil - 14:55


La réponse universelle


Octobre 2021

Non sans cacher mon inquiétude, j’acquiesçais aux paroles de mon épouse et terminais à mon tour d’engloutir mon repas. J’évitais de partager mon ressenti quant à cette pauvre Elizabeth qui se découvrait des instincts de mère poule. Les oiseaux femelles couvaient toute leur vie, certaines races et certains individus plus que d’autres. Elizabeth devait en faire partie. Une petite voix me souffla que si ça lui avait pris maintenant, c’était peut-être de notre faute, à Harper et moi, à force de parler de notre projet depuis notre rentrée. Mon cœur s’étreignit à l’idée que la lettre que nous attendions ait été perdue à cause d’une groule.
Observant Harper se munir d’une cage, je fronçais les sourcils en refusant de me laisser aller à mes doutes habituels. Elle avait raison ! Les oiseaux allaient bien, et notre courrier devait être en sécurité. Je me levais à mon tour et en un coup de baguette magique, débarrassais la table et faisais la cuisine (je n’aimais pas quand les chats venaient lécher les fonds de plat). Un tour dans la salle de bain me permit de me sécher les cheveux en un instant grâce à mon linge enchanté, puis je revins et enfila les vêtements que j’avais coutume de porter pour chacune de mes expéditions en extérieur qui me demandaient de rencontrer des créatures magiques. En voyant le flacon que Harper me tendit, je ne pus m’empêcher d’émettre un petit rire amusé.

— Ça vient d’où ça ?

Les créatures fantastiques, c’était mon métier avant même que je n’aie été en âge de travailler. J’usais régulièrement de subterfuges du genre pour me rapprocher de mes dragons. Un peu plus, et je croirais que mon épouse fouille dans mes affaires pour ses propres besoins. Ce qui, tout à fait entre nous, m’amuserait. Si à l’époque cela m’avait mise hors de moi, aujourd’hui, je m’étais enfin habituée à ce qu’étaient les conséquences que de vivre à deux. Surtout, de vivre à deux aux côtés d’Harper Auburn. Sans dégoût, j’humais l’odeur infecte avec une pointe de curiosité.

— Mmh… bouse d’Eruptif, herbe odorante, et un soupçon de… je reniflais encore. Cette odeur d’œuf pourri si caractéristique… Du soufre ?

Je m’en arrosais un peu, loin d’être dérangée par les effluves émises. Cela ne suffit pas non plus à m’éloigner de mon épouse puisque, une fois hors des murs du château, je me collais à elle et entremêlais mes doigts au sien dans une marche détendue. Pour autant, je scrutais l’horizon et le ciel avec une concentration mêlée d’une certaine nostalgie.
Voilà longtemps que nous ne nous étions pas promenées au clair de lune toutes les deux, et encore moins dans les jardins qui entouraient le château. Avec appréhension, je levais les yeux vers la lune pour fixer sa croissance. J’eus un frisson qui me secoua et me fit serrer davantage les doigts d’Harper. Le traumatisme de l’attaque en juin était encore ancré dans ma mémoire malgré le travail que j’effectuais avec la psychomage. Heureusement, la pleine lune était encore loin. Je déglutissais nerveusement et baissais les yeux pour tomber sur un banc, non loin d’un fourré.

En un clignement de paupière, je vis deux jeunes filles s’y retrouver, presque tous les jours, pour discuter de longues heures de tout et de rien. Pour manger ou pour faire leurs devoirs ensemble plutôt que de s’enfermer à la bibliothèque. Un jour, le banc fut gravé de manière indélébile.
Un nouveau battement de cil fit voler ces souvenirs jusqu’aux étoiles.
De manière plus tendre cette fois, je pressais à nouveau mes doigts contre ceux de mon épouse et pris une profonde inspiration pour chasser ma peur de me retrouver dehors en pleine nuit.

— Ça faisait longtemps. On devrait se promener plus souvent, toi et moi.

Au loin se dressait la tour de la volière. Peut-être devrions-nous commencer par-là nos recherches ? Si chacun de nos oiseaux y était, cela lèverait une grande partie de nos doutes. Toutefois, l’entrée des égouts était plus proche puisque la rivière n’était qu’à deux pas. J’y entraînais mon épouse en me délectant simplement du chant des grillons, de la présence chaude et rassurante de Harper et de l’herbe qui ployait sous nos pieds.
Devant la grille qui perçait le mur du château pour laisser passer l’eau de la rivière, je m’arrêtais et me tournais vers Harper.

— On capture la groule, si elle est là, et ensuite on cherche les oiseaux. S’ils sont tous au même endroit, c’est le jackpot.

Sans trop y croire, j’ouvrais la porte et pénétrais dans la zone d’égout non sans soupirer.

— Pourvu qu’on y retrouve notre courrier… « ça » devait arriver dans la semaine.

En parler me permettait de ne pas garder en moi l’angoisse que générait cette lettre. Les démarches avaient commencé et je devais avouer que, maintenant que c’était parti, je ressentais une certaine impatience mêlée à de l’excitation. J’avais un peu peur aussi. Mais qui ne ressentirait pas de crainte dans une situation aussi nouvelle que la nôtre ? Je tournais un regard soupçonneux en direction d’Harper pour la contempler. Peut-être qu’elle, elle n’avait pas peur. Ou alors, elle aurait peur quand les choses deviendraient concrètes. Si peur était le mot approprié bien sûr.
Pour chasser tout ça de mes pensées, je dégainais ma baguette.

— Lumos.

Le tunnel prit une teinte jaunâtre peu agressive, juste assez pour nous éclairer sans nous éblouir. À pas feutrés, je continuais d’avancer sans baisser ma garde.

— Rappelle-moi la taille que faisait la groule que tu as combattue à la fin de l’année scolaire ?


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Mer 12 Juil - 17:58


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Octobre 2021

— Je l'ai confisqué à des premières années, répondit-elle sur un ton parfaitement détaché, à propos du flacon.
Satisfaite de sa tenue, elle empoigna la caisse d'une main et la main de son épouse de l'autre, cette dernière tentant de deviner les ingrédients du trompe-groule.
— Aucune idée, admit Harper.
Les deux épouses s'enfoncèrent dans le parc du château, normalement désert à cette heure avancée de la soirée, et les deux professeures fermèrent les yeux sur la présence de deux élèves papotant tranquillement sur un banc familier. Harper sourit, resserrant sa prise sur Abigail. Quand Abigail signala qu'elles ne s'étaient pas promenées en amoureuse aux claires du soir depuis longtemps, Harper approuva d'un signe de tête.
— Nous pourrions instaurer une promenade hebdomadaire. C'est le genre d'habitude plutôt appréciable. Ça nous coupera des lourdeurs du quotidien.
Quand la volière leur fit face, elles empruntèrent un chemin qui serpentait vers un point des remparts du château où passait la rivière souterraine pour rejoindre, certainement, le lac noir. À l'instar de son épouse, Harper s'accroupit devant la grille. Elle se demandait s'il était nécessaire de signaler que peut-être, surement, certainement, faisaient-elles erreur, que la groule-soeur n'existait pas, et qu'elles s'aventuraient dans les fonds puants du château pour rien. Quoiqu'il en soit, Harper était persuadée que le problème de courrier n'existait pas, et que la pression et l'impatience de recevoir la réponse tant attendue donnaient à l'esprit tout le concourt de faire des idées sombres. Elle préféra garder le silence face aux inquiétudes de son épouse quant à « cette » réponse, craignant d'amplifier « cette » inquiétude. Un lumos éclaira le tunnel, Harper fronça le nez.
— Aussi grosse qu'un lion...
Harper détailla le diamètre du tunnel : ça passait.
— Et aussi large....
Ça passait aussi.
— Se tient à quatre pattes et debout, dépourvu de pelage comme une goule, longue queue dégueulasse et museau allongé comme un rat.
La totale.
— Aussi bêtement tapageuse qu'une goule, aussi mesquine qu'un rat sauvage. Dans le genre femelle alpha.
Vint le moment de se lancer : quand il faut y aller, faut y aller. Les deux femmes s'enfoncèrent dans le tunnel, sans baisser la tête, mais de l'eau jusqu'aux mollets, du moins pour Harper. De sa main libre, elle extirpa sa baguette de sa cape pour murmurer le sortilège d'allumage de baguette.
Cet endroit du château était aussi troué qu'un morceau d'emmental (héhé). Elles croisaient de nombreux embranchements, libres d'accès ou barrés par des grilles, tout autant puants et transportant à leur surface des matières grasses d'une couleur indéfinissable. Plusieurs fois, Harper usa de magie pour éloigner les détritus qui flottaient.
— Attend ! S'alarma-t-elle. Regarde...
Faiblement, la lueur de leur baguette se refléta sur quelque chose d'étrangement mordoré. Non sans répugnance, Harper du s'accroupir pour grimper dans un tunnel transversal, bien moins commode que le principal. Entre deux pierres inégales, elle dégagea...
— C'est une plume de phénix.
Les yeux écarquillés, elle observait la plume, incrédule. Elle masqua son effroi pour ne pas inquiéter plus que de raison, son épouse.
— Allons par-là...
Avec difficulté, elle progressa dans le tunnel, trouvant encore sur leur passage, des plumes de toutes les couleurs : des blanches, des brunes, des rougeâtres, des mouchetés... au loin, deux petits yeux brillèrent.
— On les tient ces sales bestioles.
Ce n'était pas très prudent, mais elles fonçaient droit vers le danger, prises au piège dans un tunnel dans lequel elle ne pouvait même pas tenir debout et dont les parois pourraient répercuter n'importe lequel des sortilèges de défense qu'elles lanceraient. Leurs efforts payèrent. Le passage était un cul-de-sac qui se terminait sur une sorte d'antichambre, sans autre ouverture que celle par laquelle elles déboulaient. Le point positif, c'est que la groule, Harper le savait, ne serait pas à l'aise dans cet espace restreint. L'autre point positif, c'est que le ramassis de plumes servait aux rats pour consolider leur nid. Décidément, on aurait tout vu.
— OK. Ils doivent forcément se servir quelque part. Nous sommes assez loin de la volière, bien que je doute que les longues distances ne découragent pas les bestioles. Comment remonter la piste ?
 

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Sam 15 Juil - 7:09


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Octobre 2021

Je n’avais émis aucune remarque quant à l’ignorance de ma femme sur la provenance du flacon et de sa composition. Merlin seul savait que ce nous avions donc sur nos vêtements, et pourvu que ça ne se transforme pas en acide d’ici une heure, ou nous transforme en chat ou que sais-je ?
Les promenades hebdomadaires ayant été à présent agendées, bien qu’elles ne me changeraient pas énormément de mon quotidien puisque je vivais dehors, j’en ressentais une certaine réjouissance. Se promener avec des bêtes sauvages ou avec l’amour de sa vie, ça n’était pas comparable du tout !
Une fois dans les égouts, je l’écoutais me décrire la goule non sans retrousser un peu le nez. J’adorais la nature. Mais franchement des fois, la nature se loupait un peu sur ses créations ! Bientôt, nous arrivâmes à un embranchement, et trois options s’offraient à nous. Enfin, quatre, en comptant le demi-tour. Je me tournais vers l’accès de droite quand Harper me héla.
Mon cœur agressa ma poitrine d’un bond douloureux en voyant la plume de phénix, pourtant, je restais silencieuse, le visage d’autant plus sérieux. J’acquiesçai en suivant la direction choisie par Harper et ne pus m’empêcher de sentir les battements de mon cœur s’accélérer à chaque nouvelle plume trouvée à terre. Courbée dans ce tunnel, bien que ce soit certainement plus confortable pour moi que pour Harper (enfin un avantage à être petit), l’avancée fut quelque peu difficile. L’eau était gelée et sentait aussi mauvais que notre spray de tout à l’heure. Pour ne pas trébucher sur un caillou cacher dans l’eau, je me rattrapais à la paroi de ma main libre. Une substance gélatineuse et spongieuse accueillit mes doigts en m’arrachant une grimace de dégoût.
Heureusement qu’on les aimait ces putains d’oiseaux !

En voyant les yeux apparaître, puis disparaître, je grommelais. Une bande de simples rats. En des temps ordinaires, j’appréciais tout particulièrement cette espèce. Ils étaient de petits animaux intelligents et téméraires, prêts à tout pour leurs survies et surtout, d’excellents compagnons de vie. Ici, ce n’était que des chapardeurs qui nous faisaient perdre notre temps !
Quoique….
J’ouvrais enfin la bouche que j’avais obstinément gardée fermée depuis notre entrée dans les égouts.

— Le truc chiant avec les oiseaux, c’est que nous pouvons reconnaître les espèces avec leurs plumes. J’étayais mes propos en ramassant une plume blanche, mouchetée d’un brun crème. Mais on n’ignore l’individu…

Pour ne pas me laisser céder à la panique, je me redressais et me plaçai non loin du nid des rats, en surveillant qu’ils ne viennent pas chercher à la défendre, puis j’augmentais lentement l’intensité de mon Lumos. Nous devions y voir bien clair avant de faire quoique ce soit. Je découvris alors un petit amas de pierres sur lequel je me perchais pour y voir l’ensemble de l’antichambre et des plumes. Le temps s’étira lentement alors que je prenais le temps d’analyser toutes les plumes. Après tout, nous étions proches de la volière, il était fort possible qu’une multitude d’oiseaux passent dans la région et perdent quelques plumes non loin d’une entrée d’égout. Les rats n’auraient plus qu’à les ramasser… mais je refusais de penser qu’il ne s’agissait que d’un hasard.

— Phénix, c’est certain, et même s’il y a des dessins différents sur quelques plumes, je ne peux pas jurer qu’elles n’appartiennent pas à Grishkin. Il se serait peut-être embrasé ces derniers jours. Au début, j’ai pensé que c’était ça, l’explication de sa disparition.

Sans trop y croire cela dit, car les fois précédentes, il l’avait fait chez nous sans l’ombre d’une gêne. Il était tombé à terre dans un ramassis de cendre, car je n’avais pas encore eu le temps de lui acheter un perchoir spécial. J’avais eu l’angoisse qu’il s’était cogné la tête en tombant, mais non, heureusement. Tout était bien allé pour le nouveau Grishkin bébé.
Un petit sourire se dessina sur mes lèvres à ce souvenir, et je continuais mon analyse. Je pointais du doigt un tas.

— Celles-là me font penser à un mélange de Grands-Ducs et de Chouette Effraie… mais il y en a d’autres… et ce sont des rapaces courants chez les sorciers.

Visiblement, je cherchais à me rassurer. En m’enfermant dans un nouveau silence, j’analysais, plus en détail cette fois, l’une des plumes de phénix avant de descendre du petit amas de pierres et d’en prendre une en particulier. Entre mes doigts, je la faisais tournoyer délicatement en songeant à la question de mon épouse. J’avais une idée, mais… oh et merde, autant essayer !
Je pointais ma baguette sur la plume et murmurait.

— Revelio.

L’aura dorée du sortilège s’étendit autour de nous et engloba toute l’antichambre pour disparaître derrière les parois. Entre mes doigts, la plume s’éleva puis fila dans le tunnel que par lequel nous étions arrivées. Je jetais un regard à mon épouse, non sans un sourire amusé.

— A l’aventure !

Depuis combien de temps n’étions-nous pas parties ensemble dans une expédition improvisée comme celle-là. J’avais l’étrange sensation de sentir pousser des ailes dans mon dos. Elles m’emmenaient jusqu’aux doux effluves de notre passé commun où nous nous amusions à chasser des fantômes qui n’existaient pas et à révéler des rumeurs qui n’avaient pas lieu d’être révélées.
La bonne époque !

Retour dans le tunnel de la mort qui pue et qui colle en suivant la plume qui voletait joyeusement devant nous. Le cœur battant à tout rompre, je gardais le mince espoir de retrouver nos oiseaux en bonne santé. La traversée fut encore plus longue que notre arrivée et nous menait au cœur des égouts. Bientôt, nous allions tomber sur la chambre de secrets, j’en étais sûre ! Puis, à un nouvel embranchement, la plus s’immobilisa dans les airs, resta ainsi, comme si elle réfléchissait, puis, s’enflamma et tomba en poussière à mes pieds sous mes yeux abasourdis.

— Quoi ?! Mais !

Je regardais autour de nous et enfonçais ma tête dans mes épaules.

— Ah ben super… J’espère que tu as un bon GPS… je crois que mon sortilège a complètement foiré. Je me mordais la lèvre, confuse que nous ayons perdu un temps précieux. Désolée, mon amour.

Dédé:

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Octobre 2021

Les vagues indices révélés dans l'anti-chambre n'éclairaient pas la situation, aussi Abigail eut l'idée brillante d'user du sortilège Revelio (vous n'avez pas entendu un tintetement ?) pour dégoter un indice caché. Son initiative paya, les deux femmes quittèrent l'anti-chambre agenouillée dans les eaux croupies coincées entre les murs crasseux. La puanteur agissait comme un mur invisible destiné à vous écrabouiller pour vous enfoncer la tête dans l'eau. Leur déambulation semblait interminable, ce ne fut rien en comparaison de la plume qui s'évanouie dans le néant. La mâchoire d'Harper manqua de lui tomber. Abigail s'excusa pour l'échec cuisant de leur périple qu'Harper ne lui imputa pas. Portant l'index à son menton pour réfléchir avant de se rappeler que tout ce qu'elle avait touché était franchement dégoutant, elle réitéra le sortilège revelio, mais rien ne se produisit.
— Ca ne coûtait rien d'essayer ! Se justifia-t-elle en haussant les épaules.
Bloquée dans une impasse, Harper refusait de céder à la panique. Se retrouver perdue au milieu de nulle part, elle n'était pas à son premier coup d'essai. Se perdre, c'était sa spécialité. Si la plume les avait conduit jusqu'ici, la solution devait forcément leur pendre au nez.
— Les rats ramènent bien ces plumes de quelque part... oh ! Attend, j'ai une idée. Et si la plume avait disparut parce que la suite des évènements se déroulait sous l'eau ? Il doit y avoir un conduit quelque part qui mène vers la sortie.
Etant donné que les rats étaient d'excellent nageur, cela coulait de sens.
— L'inconvénient, poursuivait-elle, c'est que peu importe le conduit, nous serons trop grosses pour l'emprunter. D'autant plus que même miniaturisé, je n'accepterai jamais de plonger ma tête dans ces eaux dégueulasses.
A l'aide de sa baguette, elle tenta de voir à travers les eaux vasseuses, mais leur épaisseur empêchait toute exploration.
— Continuons notre chemin, la solution nous attend peut-être plus loin.
Sans réfléchir ni hésiter, elle emprunta le premier virage venu, s'engouffrant dans un tunnel encore plus sombre et puant que les précédents.
— A mon avis, un sortilège va être nécessaire pour se débarasser de l'odeur qui nous colle à la peau.
L'obsurité était si intense que la lueur de leur baguette semblait étouffait par le néant.
— Il fait de plus en plus chaud ou c'est moi ?
L'atmosphère pestilentiel coinca ses poumons dans un étau.
— Lumos maxima.
La lumière s'intensifia. Autour d'elles, les égoûts s'élargissaient, les plafonds était plus haut, l'espace du tunnel, plus large. Par endroit des escaliers conduisaient dans leau sans donner l'espoir d'une porte de sortie. Le long des murs, une file de rat s'agitait, déragés par la lumière. Leurs petits couinements résonnaient à ses oreilles comme des acouphènes prêts à lui creuver les tympans.
— Reve... oh ! Regarde ! Ceux-là portent des plumes.
Effectivement, quatre rats couraient en file indienne, une plume coincée entre les dents.
— Suivons-les.
Harper se lanca à leur poursuite. Ici, elles tenaient debout, progresser était plus facile. Se sentant menacé, les rats empruntèrent un nouveau conduit, tout aussi large, en courant sur un fin rebord protégé des eaux. Le rebord leur permettait de courir, là où Harper et Abigail devait jouer des cuisses pour abattre les eaux à chacun de leurs mouvements.
— Si j'ai pas des cuisses badasses après ça ! Se lamenta Harper.
Enfin, elles virent le bout du tunnel. Les rats passaient au travers d'une grille de métal qui leur barrait la route. Harper tenta de soulever, dégonder, faire bouger cette satanée grille. La grille ne bougea pas d'un pouce.
— Tu penses à la même chose que moi ? Demanda à l'adresse de son épouse. Bouche toi les oreilles.
Elle se recula pour pointa sa baguette :
— Bombarda.
Le sort fusa pour s'exploser contre la grille qui se plia sous le choc dans un fracas métallique, jusqu'à céder, entrainant une chute de pierre et des éclaboussures nauséabondes.
— Beurk !
La voie désormais de dégagée, Harper se jeta en avant pour tenter d'apercevoir les fugitifs. Après les traces de plumes disparut dans les eaux croupies, les traces des rats qui disparaissent... dans les eaux croupies.
— Fuck
 

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Octobre 2021

À de nombreuses reprises, je m’étais retenue de faire des remarques quant au physique de mon épouse suite à ses propres paroles. Pour autant, je souriais largement et un peu bêtement, aucunement inquiétée par le fait que nous puissions être perdues, puantes et enfermées. J’en avais vu d’autres ! Et qu’importe où je me trouvais, tant que c’était en présence de Harper, tout irait bien. Je préférais largement la savoir avec moi qu’ailleurs, dans un potentiel danger. Au moins, l’une à côté de l’autre nous pouvions veiller l’une sur l’autre comme nous nous étions engagées à le faire par les liens sacrés du mariage, et ce même bien avant notre union, par un accord plus tacite dont nous n’avions pas spécialement conscience.
Si l’obscurité s’intensifiait, la chaleur aussi, et c’était peut-être bon signe ! les phénix n’étaient pas des oiseaux de feu pour rien. Je fixais les cheveux de Harper danser sur ses épaules alors qu’elle prenait les devants tout en essayant de cartographier notre route depuis l’entrée des égouts. Si je n’avais aucune idée de l’endroit exact où nous étions, j’en avais tout de même une vague estimation. Nous avions quitté les sous-sols de Poudlard, la chaleur ne proviendrait donc pas des cuisines. Non, nous nous étions dirigés plus à l’est, donc en direction de la volière. C’était même intrigant que ces égouts aillent aussi loin, mais je ne serai pas étonnée qu’à force, nous parvenions jusqu’à la forêt interdite.

Battre les eaux des cuisses, puis les grilles à coups de Bombarda. Des plans bien foireux signés MacFusty. Avant de me boucher les oreilles, je protégeais par un sortilège les tympans de mon épouse avant que la grille ne sorte de ses gonds. Évidemment, les petits rats avaient disparu, quoi de plus normal ? mais dans le fond, je n’étais pas certaine que nous devions les suivre, mais plutôt voir d’où ils provenaient pour en trouver la source, à savoir les oiseaux.
Me collant au dos (puant) de Harper, je regardais à droite puis à gauche, sans grande conviction. Je levais alors le nez, mais ne trouva rien qui puisse m’offrir une quelconque direction. À court d’idées, j’inspirais à fond et l’odeur nauséabonde m’assaillit la gorge et les poumons. Je me mis à tousser, les larmes aux yeux.

— Eurk…

Soudain, il y eut comme un courant d’air. Un je ne sais quoi sur ma droite qui attira mon attention. Une vague de chaleur caressa mon visage. Doucement, je saisis la main de mon épouse et me mis prudemment en route, ma baguette devant moi. Après une minute de marche accompagnée des clapotis de l’eau, il y eut un nouveau courant d’air après un bruissement.

— C’est moi ou ça a fait flap flap ?

Avant que Harper ne puisse répondre, un chant aigu retentit avant de laisser apparaître à l’embranchement suivant, un phénix. Il se mit en vol stationnaire en nous apercevant, puis il fit demi-tour. Je fus alors certaine qu’il ne s’agissait pas de Grishkin, pour autant, je ne réfléchis pas. Je m’élançais à sa poursuite.

— Hey, attends-nous !

L’oiseau de légende ne cherchait apparemment pas à nous fuir, car il nous attendait aux divers embranchements, jusqu’à nous mener jusqu’à une grotte au plafond percé. La lune baignait les lieux d’une lueur nacrée et illuminait timidement un nid harmonieusement préparé. D’en bas, je reconnus enfin le phénix qui s’y trouvait et qui nous fixa d’une œillade brillante, comme si lui aussi nous reconnaissait et était content de nous retrouver.

— Grishkin !

À son nom, l’oiseau descendit nous voir alors que l’autre phénix s’installa à sa place. L’imposante créature mystique s’installa sur mes épaules en me faisant tanguer de côté. Je le gratifiais de caresses sans cacher mon soulagement.

— Je pense que ton Bombarda les a alertés ! Comme je suis contente de le retrouver ! Ainsi c’est là que tu te cachais ! Je jetais un œil en direction du nid. Incroyable… il s'est trouvé une compagne et ils couvent... ! On vit quelque chose de très rare !

Émerveillée, mes yeux brillaient tandis que je regardais mon épouse en contournant le nid inatteignable sans voler. J’en profitais pour essayer de me repérer avec le peu de paysage extérieur que je voyais de l’ouverture en hauteur et cru remarquer un arbre.

— Je me demande si nous sommes dans la forêt interdite ou du côté de la volière…

J’interrogeais Harper du regard avant de fixer Grishkin.

— Est-ce que tu sais où sont Elizabeth et Gérard ?

L’oiseau de feu se contenta de se lisser la plume d’une aile avant de reprendre son envol et de retourner rejoindre sa compagne dans son nid. Je souris tout en réfléchissant. Je n’avais pas vu Gérard dans la volière ces derniers jours, j’attendais trop impatiemment notre pli… Mes pensées furent interrompues en voyant une ombre se détacher du sac de Harper.

— T… Théodore ?

Puis, mon propre sac remua et une seconde ombre en sortit. Effarée, j'arrondissais mes yeux comme des soucoupes.

— Muriel ?!

Les deux niffleurs disparurent derrière un amoncellement de roches en piaillant frénétiquement. Une nouvelle fois, j’interrogeais Harper du regard. Il y avait un trésor là-bas derrière ?... à moins que ce soit nos oiseaux ? ou peut-être la groul ?


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Octobre 2021

Poudlard regorgeait de mystère jusque dans les tréfonds puants de ses entrailles. Au centre des galeries d'eaux croupissantes, une caverne au plafond bas, bien qu'assez haut pour qu'Harper se tienne debout bien qu'il lui soit formellement déconseillé de sauter. Une trouée quelque part laissait pénétrer la lune, comme un halo triomphal pour couronner le nid douillet battit par les phénix. Harper non plus n'en revenait pas, bien qu'elle garda son étonnement sous silence. Sa mâchoire pendouillait, reflet de son for intérieur. Dépossédé du sens de l'orientation, Harper haussa les épaules.
— Les arbres de la forêt interdite masqueraient la lune, tu ne crois pas ? Je pencherai plutôt pour la volière.
Au souvenir des rats, cette possibilité lui semblait plausible, bien qu'elle conserva un doute. Les deux femmes s'étaient tellement enfoncé dans les profondeurs dégoutantes des égouts, tournées, virées et tournées encore, qu'il lui serait bien impossible de déclamer leur position. Quoiqu'il en soit, l'accouplement des phénix, comme un véritable miracle, faisait briller d'amour les prunelles brunes de son épouse. Harper s'en émut, même si elle n'en fit aucune démonstration, se contenter de se rapprocher prudemment. Elle n'avait jamais créé de lien avec l'oiseau légendaire, peu intéressée il est vrai parce tout ce qui s'apparente de sage, de raisonnable et de profondément énigmatique. Harper aimait bien comprendre tout de suite, auquel cas elle détraquait, démontait, creusait où il ne fallait pas, faisait exploser... ce qui était bien impossible avec des êtres vivants alors, à défaut de pouvoir les explorer, elle les ignorait.
La question sur les hiboux attisa son intérêt. Quand, comme si les surprises n'étaient pas suffisantes, les niffleurs sortirent de leurs cachettes. Toute cette ménagerie au milieu de nulle part sous Poudlard avait quelque chose d'à la fois magique, extraordinaire et incongru, qui s'apparentait à du grand n'importe quoi.
— Suivons-les !
Harper s'élança sur les pas des niffleurs, leurs pattes palmées laissant des traces distinctes sur le sol boueux de la grotte. Le gros rocher, derrière lequel ils avaient disparu, obstruait le passage, si bien qu'Harper dû se coller contre la paroi, pour glisser lamentablement en avant. Ce qu'elle découvrit la stupéfia.
— Il y a une autre salle, commenta-t-elle. Oh ! Une ouverture assez grosse pour qu'on y passe !
Ces dernières paroles sonnèrent comme un hourra. La seconde salle de la caverne, un espace circulaire auréolé d'une trouée sur l'extérieur au centre du plafond rocheux, était beaucoup plus grande que la chambre de couvaison des phénix. Tapis dans un coin sur un amoncellement de stalactites debout et de stalagmites écroulées, un nid beaucoup plus modeste composé de branchages savamment organisés. Là était installé Elizabeth, à semi-endormie contre un Gérard qui ulula de contentement ou de mécontent (allez savoir) à l'approche d'Harper.
— Elizabeth ! Gronda Harper, ignorant les niffleurs qui farfouillaient dans un tas d'os à quelques pas de là.
Certainement un ancien nid de pies car sous les ossements, Muriel dégagea un peigne teinté d'or. Harper s'apprêtait à tempêter, s'énerver, gronder très fort, quand l'expression rabougrie d'Elizabeth la stoppa net dans sa fureur.
— Qu'est-ce qu'elle a ? Oh la la ! Honey ! Viens vite ! Je crois que quelque chose ne va pas. Pourquoi elle a cette tête et pourquoi elle accepte que Gérard la touche ?
Sautillant sur ses deux pieds, Harper n'osait pas s'approcher de son hibou, craignant de découvrir des choses alarmantes, comme des détails signifiant que la santé du volatile se détériorait. Quoi qu'elle eût, de toute façon, elle n'y verrait ni comprendrait rien. Mieux valait laisser faire les expertes.
 

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Mer 30 Aoû - 15:13


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Octobre 2021

La remarque de Harper quant à la Forêt Interdite était pour le moins pertinente, alors, je me contentais d’y répondre par un simple haussement d’épaules. Je la regardais non seulement avec le brin de fierté d’être celle qui avait saisi son cœur, mais aussi parce que nous faisions toujours bonne équipe lorsque nous étions ensemble. La preuve lors de notre enfance, car même si nous appartenions au même groupe d’amis, je ne pouvais m’empêcher de laisser les souvenirs me sauter au visage. Ces escapades dans les cuisines ou dans les couloirs en dehors des heures, la nuit, ou durant mes révisions auxquels Harper m’arrachait sans cesse. La situation pour le moins cocasse dans laquelle nous étions présentement me rappelait tout ça. Un bon vieux temps qui perdurait encore maintenant. Le vague à l’âme, je souris à mon épouse, et d’autant plus en la voyant sauter à la suite des niffleurs. Un petit rire m’échappa alors que je lui emboitais le pas.
Petite Abigail farouche que j’étais, petite sorcière timide qui appréciait l’aventure, et d’autant plus en bonne compagnie ! Peut-être que lors de ma prochaine expédition draconique, je devrais inviter Harper. En général, je m’entêtais à aller seule, car je n’avais confiance en aucun autre sorcier, qu’il soit diplômé de l’université ou non. J’avais croisé trop de sorciers incompétents ou qui se pensaient meilleurs que moi. Mes méthodes étaient trop souvent discutées, et ça m’agaçait. Je préférais le silence et pouvoir mener mes observations par moi-même. Alors que j’observais la chevelure danser dans le dos de Harper, la réponse me parvint comme une évidence.
Non, l’emmener avec moi dans un nid de Noir des Hébrides pour observation n’est pour le moment pas une bonne idée. J’aimais mon travail, et j’aimais le faire seule. Comme un havre de paix que je souhaitais préserver, même de mon couple. Comme s’il était mon jardin secret. Et je respectais celui de Harper.

Je suivais la directrice des Gryffondor jusqu’à la nouvelle salle où nous pouvions enfin nous ébattre (presque) en liberté. Le confinement était terminé, merci, Merlin. Le nez en l’air, je tournoyais sur moi-même afin de contempler les murs et l’ouverture au plafond. Quelle plaie, nous n’allions pas pouvoir nous hisser, et nous n’avions pas de moyen de lévitation. Peut-être que Harper pouvait faire appel à son balai, encore fallait-il qu’elle sache où elle l’avait rangé. Quoique, était-ce nécessaire pour un Accio ? J’utilisais trop peu ce sortilège à une telle distance pour en être parfaitement certaine (d’autant plus que je savais où je rangeais mes affaires, moi).
Mes envies d’évasion furent avortées en entendant la vibration dans le timbre de la voix de mon épouse. Aussitôt, je la rejoignis pour regarder la chouette. Effectivement, ce n’était pas dans les habitudes d’Elizabeth d’être aussi molle et surtout, de se tenir contre Gérard. Je glissais un doigt sous le bec de celui-ci en une caresse douce, en signe de paix, surtout pour Elizabeth avec laquelle j’avais tissé peu de lien. Elle s’entendait trop bien avec Harper pour que je n’intervienne d’une quelconque manière. Pourtant, là, il le fallait.

— Viens là ma grande.

Avec des gestes précis, mais emplis de délicatesse, j’attrapais l’oiseau et l’attirait contre moi. En premier lieu, je la tâtais à divers endroits puis, je lui étendis les plumes. Ce fut en voyant leur état, et celui de son dos que j’adoptais un air grave, les sourcils froncés et le nez retroussé.

— Il lui manque beaucoup de plumes…

Pensive, je regardais la trajectoire des rats. Les plus audacieux se rapprochaient de nous, mais, en voyant que je les regardais, ils s’enfuirent. Je baissais les yeux à mes pieds pour contempler les plumes à terre. Ce n’était pas Gérard qui les lui arrachait, et il était impossible que les rats se soient attaqués à elle alors que Gérard et Grishkin étaient non loin.
Il y avait autre chose.
Seuls les cliquetis des niffleurs qui fouillaient l’espace résonnaient autour de nous. Je reportais mon attention sur Elizabeth et osais la tourner sur le dos pour observer son ventre.

— Il y a des traces de luttes. Tiens.

Je rendais Elizabeth à Harper et pris le temps d’observer Gérard. Le constat sonna comme le glas.

— Il est blessé lui aussi…

Me tournant vers Harper, l’air inquiet, je ne cessais de réfléchir avant de me rappeler. Je me redressais en ouvrant la bouche, mais un bruit étrange retentit du fond de la grotte. En m’affaissant, je murmurais à mon épouse.

— La groul !

Les niffleurs couinèrent et revinrent vers nous tandis que Gérard s’agita. Elizabeth tenta d’en faire de même, mais elle semblait trop faible. Est-ce que la groul aurait pu la rendre malade après qu’ils se soient battus ? Gérard étant moins blessé tiendrait mieux la forme ? Je dégainais ma baguette.

— Est-ce que tu sais si la morsure ou les griffures de ce truc peuvent rendre malade ? Sois prudente...

Je n’avais pas besoin de lui dire, mais c’était plus fort que moi. Avec un regard entendu, je contournais le perchoir des oiseaux pour faire face à la groule, priant pour que Harper ait toujours la caisse à portée de main.


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Jeu 7 Sep - 21:44


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Octobre 2021

Cela ne présageait rien de bon. Abigail manipula Elizabeth, révélant le triste état de son plumage. De tous les hiboux, le sien était le plus maniaque, le plus tatillon, le plus à cheval sur la prestance de ses plumes. Le plumage rutilait presque comme de l'or, Harper consentit même à se prémunir de vitamines spéciales pour parfaire les goûts de son enquiquineuse de chouette.
Il lui manquait beaucoup trop de plumes.
Dans un geste d'affolement, Harper porta ses mains à son visage. En attendant le verdict d'Abigail, elle souhaitait se ronger les ongles jusqu'au sang mais se ravisa bien vite quand à l'odeur pestilentielles que dégageait sa peau.
— Elle va mourir, s'affola-t-elle sans toutefois trop hausser le ton pour ne pas perturber l'investigation d'Abigail. Elle va mourir, répéta-t-elle encore une fois.
Et le verdict tomba. Un grognement rauque se répercuta sur la pierre froide. Au plafond, malgré la nuit noire, l'envole apeurée d'oiseaux parvint à leurs oreilles depuis la trouée. Leur position regroupait tous les inconvénients possibles : dans un cul de sac, leurs jambes alourdis par l'eau, un phénix entrain de couver, une chouette blessée et deux nigauds de nifleurs.
— Les blessures d'O'Brian étaient superficielles, leurs soins n'a pas nécessité d'antidote. Zut ! Mince ! Mince ! Mince ! Sacre mince !
Harper farfouillait autour d'elle tandis que son rythme cardiaque s'accélérait copieusement. Cette fois, c'est un rugissement qui retenti.
— Qu'est-ce que j'ai fais de cette foutue cage ?! Je l'avais dans la main !
Les phénix s'agitaient, les nifleurs tremblaient derrière les phénix et Gérard le courageux semblait ne pas vouloir abandonner sa congénère, pourtant bien au chaud dans les bras d'Abigail. L'ampleur sonore du prochain rugissement fut tel que la tête d'Harper rentra la tête dans les épaules en sursautant. La bête était toute proche. Le bruit de ses pas se distinguait nettement. Les rats, quant à eux, sinuaient entres les eaux croupis, sautaient de pierres proéminentes en pierres proéminentes sur les murs, en progressant de concert, comme s'ils ne former qu'une seule entité.
— La groule est leur chef, elle communique avec eux. Je ne sais pas comment, prévint Harper.
Par là où elles étaient arrivé, la groule apparut. Les deux épouses et leurs ménageries étaient prises au piège. La groule était bien plus petite que la dernière fois, certainement s'agissait-il de rejeton de celle capturé par Aodhan et Harper sous le château.
— Sa peau résiste au stupéfix bien que certains sorts mineurs trahissent ses défenses : un crache-limace, par exemple. Il faut qu'on la mette en cage, on ne peut pas s'enfuire.
Cela reviendra à bouger le nid, et à transporter tout le monde vers l'extérieur que, de toute évidence, elles ne pouvaient pas atteindre.
— Tu devrais demander à Gérard d'aller nous chercher de l'aide si les choses tournent mal, proposa Harper.
Cela ferait déjà un animal mit hors de danger.
— Accio cage ! Appela Harper.
La petite cage vola jusque-là. La groule battait l'air de sa queue à la peau brillante dénuée de poil, hormi la petite touffe juste au bout. Elle a une parfaite tête de rat surmontée sur le parfait corps d'un goule, se tient à quatre pattes et menace, présentement, les deux femmes de ses crocs jaunes, le dos rond et les griffes plantées dans l'eau sale.
— Amplificatum.
La cage grossit jusqu'à posséder la taille adaptée pour contenir le bébé groule.
— Tu vas payer pour ce que t'as fait à Elizabeth ! Coûte que coûte, tu vas rentrer là-dedans !
La cage lévitait dans le vide, et Harper, furieuse, était prête à sonner le cor, la sirenne des pompiers et le gong pour défoncer cette foutue groule.
 

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Ven 8 Sep - 9:01


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Octobre 2021

Ça pour une situation de merde, c’était une belle situation de merde. Comme si la soudaine panique de mon épouse emplissait mon calme, je parvenais à rester réfléchie et en alerte. Lorsque la créature apparut par le seul et unique tunnel de l’endroit, je fronçais les sourcils en écoutant les réponses de mon épouse. Lorsqu’il s’agissait de créatures magiques, je restais toujours intriguée et fascinée, surtout par ce que je ne connaissais pas. L’espèce de rat à pompon qui se présentait devant nous me décrocha la mâchoire non pas de dégoût, mais de pure passion.

— Ça alors !

M’exclamai-je sans me préoccuper de la nervosité qui gagnait mon épouse. Je calais Elizabeth sous mon bras tout en dégainant ma baguette. Bon, le premier point important, c’était que les blessures superficielles ne semblaient pas atteindre l’humain. C’était un une bonne chose. En revanche, Elizabeth avait tout, sauf des blessures superficielles, et peut-être que les morsures et griffures de la groul avaient plus d’effet sur les volatiles.

—Intéressant… Ce serait fascinant de l’étudier.

Murmurai-je tandis que Harper me signifiait que la groul commandait aux rats et qu’elle résistait au stupéfix. Ce dernier point, j’y étais habituée : il en allait de même pour les dragons, sauf si plusieurs sorciers se mettaient ensemble pour faire le sortilège. Peut-être que la groul avait aussi un quelque chose de draconique ? Genre le sang ? Non, ce serait absurde, il existait plusieurs créatures fantastiques non découvertes qui avaient des propriétés tout à fait uniques alors que d’autres se ressemblaient. L’agitation me picotait les doigts.
Les phénix gonflaient leurs pelages en signe de menace alors qu’ils protégeaient leur œuf. Gérard et Elizabeth, léthargiques tous les deux, peinaient à hululer et les rats s’agitaient dans tous les sens en couinant à nous en percer les tympans. Et les niffleurs ?
Je balayais la salle sphérique du regard, sans parvenir à découvrir où ils se cachaient.
La cage enfin dans les mains de Harper et agrandie par un sortilège, je me creusais les méninges à toute vitesse. Le Stupéfix ne fonctionnait pas, ce qui pouvait signifier que la groul avait des défenses particulières. Des sortilèges mineurs, comme le crache-limace, fonctionnaient, peut-être parce que c’était un sortilège qui n’était pas directement léthal. Il fallait trouver un moyen pour capturer cette bestiole sans la tuer ni lui faire de mal pour que nous puissions en faire rapport au directeur et peut-être, l’étudier. Cette petite créature avait perdu sa mère, peut-être qu’elle était particulièrement en rage, pour autant, elle devait être moins puissante.
Une idée me traversa l’esprit.
Mue d’une rage nouvelle, je souris en entendant les promesses de mon épouse à l’encontre de la groul pour le mal qu’elle avait fait à la chouette que je tenais toujours sous mon bras comme un petit sac.
Je me redressais et fis un pas en avant, toujours loin de craindre la groul ou ce qu’elle me réservait. Je me tenais là, entre elle et mon épouse, tel un petit bouclier sans peur, prêt à tout pour défendre ceux qu’elle aimait. J’avais toujours été ainsi, et Harper l’avait déjà constaté bien des fois. Ce n’était pas notre première expédition et ce n’était pas notre première situation merdique.
Je pointais ma baguette en direction de la groul.

— Vera Verto !

Le sortilège fusa en direction de l’ersatz de rat pour le frapper de plein fouet. Sa tête et ses pattes rétrécirent pour donner l’impression qu’ils entraient dans son corps, puis le tout se rassembla par le bas pour former un pied et se développer par le haut pour terminer en un magnifique verre à pied brillant de propreté, ce qui contrastait vraiment avec l’endroit puant.
Sans trop y croire, je clignais des yeux et, fière de moi, je me redressais en bombant le torse. Je passais à côté de Harper en la bousculant un peu, l’air taquin.

— Ha ! Alors, c’est qui ta meilleure épouse ?

En gardant les épaules bien droites, je m’approchais du verre à pied que je ramassais puis que je plaçais dans la cage. Confiante par l’événement qui venait de se produire, je penchais ma baguette en direction des rats.

— Lumos.

Le tapis grouillant couina, incommodé par la subite lumière. Les petits rongeurs s’éparpillèrent et disparurent. Bientôt, nous n’entendions plus que l’écho lointain de leurs piaillements. En réduisant un peu l’intensité de la lumière, je gardais la baguette pointée vers le sol et me mis à fouiller.

— Où sont passés les niffleurs ?

Et où sont passées ces maudites lettres ? Pourvu que la réponse tant attendue ne soit pas perdue ? En m’imaginant ce scénario catastrophe, je sentais ma gorge se nouer et mes mains devenir moites. Non, hors de question ! Avec un peu plus de frénésie, je me mis à retourner chaque pierre, Elizaebth toujours sous mon bras, secouée comme un prunier.

— Et le courrier ?


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Sam 23 Sep - 15:25


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Octobre 2021

La concentration des deux épouses étaient aux abois : Abigail transcendée de fascination et Harper, a contrario, surexcitée par l'idée de tout faire péter ! Malgré leur désavantage en nombre et autres handicap tel que des créatures blessées, en couvaison ou encore parfaitement lâche (coucou les niffleurs), rien n'aurait pu forcer les deux femmes à ployer les genoux de peur.
L'étudier oui, mais fermement cloîtrée dans une cage !
Immédiatement, Abigail s'interposa entre la groule et Harper. La créature hideuse grognait au point de baver à grosses gouttes. A la vue des portillons et autres épais filets baveux, Harper fut secoué de réflexes nauséeux.
Le sortilège de métamorphose fusa, touchant la groule surle museau. La créature d'abord tordu se rabougris jusqu'à ne former plus qu'un gobelet à pied étincelant d'or.
— Reducto ! Commanda Harper, et la cage retrouva sa taille initiale. C'est toi ! S'écria Harper, victorieuse.
Elle claqua un baiser sonore sur le front de son épouse avant de s'emparer avec force du gobelet pour l'enfouire dans la cage qu'elle referma avec précaution.
— C'est symbolique, précisa-t-elle d'un air parfaitement détaché.
L'état d'Élisabeth l'inquiétait énormément. Aussi vint elle prendre l'oiseau des mains de son épouse pour la caler contre elle, comme elle bercerait un bébé. La chouette lui decocha un regard de chat battu, si emplit de reconnaissance qu'on en aurait eut presque les larmes aux yeux. Presque. C'était bien la première fois que la chouette et la maîtresse s'accordaient le moindre geste d'affection. Mais cette fois, c'était particulier. Élisabeth n'était plus toute jeune et des suites de l'attaque de la groule, elle terminait dans un sale état.
Le rayon de lumière projeté depuis la baguette de son épouse agaça les rats qui se retranchèrent dans les coins obscures qu'ils affectionnaient. Ne leur restaient plus qu'à désigner un nouveau chef. Quant aux vainqueurs, ne leur manquait plus qu'à sortir de cet endroit infâme. Harper devinait qu'il faudrait trouver un endroit plus approprié au couple de Phénix mais tandis que sa pression redescendait, celle d'Abi décollait.
Le couple attendait patiemment la réponse qui changera toute leur vie. A ce stade, leur avenir demeurait incertain, et même s'il n'y avait aucune raison pour qu'on leur refusa ce privilège, son importance forçait les bas instincts à déployer les scénari les plus décevant dans leur imaginaire.
Harper tapotait affectueusement le crâne d'Elisabeth. Qu'est-ce qu'elle en savait, elle, où qu'ils étaient les niffleurs ? Aussitôt le danger de pointé, les deux zigotos avaient disparus. Alors qu'Abigail s'inquiétait de la disparition de leur courrier, une petite patte palmée s'éleva au-dessus d'une grosse pierre qui semblait être tombée d'un mur. Cette petite patte tenait une enveloppe crasseuse. Voilà que l'on retrouvait tout le monde. Harper se dirigea vers la grosse pierre pour saisir l'enveloppe de la patte de Muriel et la tendre à son épouse. Elle lui laissait l'honneur d'en découvrir le contenu. C'est alors que quelque chose attira son attention. La grosse pierre masquait un passage suffisant large pour que les deux humaines puissent ramper de l'autre côté. Sauvé !
 

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Mar 26 Sep - 18:08


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Octobre 2021

Je poussais un profond soupir. La lettre était retrouvée ainsi que les niffleurs. Je songeais à déplacer le nid des phoenix, pourtant, quelque chose m’en empêchais. S’ils l’avaient construit ici, c’était pour une bonne raison, bien que cette dernière m’échappe complètement. Après tout, je n’étais qu’une humaine et je ne connaissais pas les desseins mystérieux des créatures magiques. D’autant plus quand ces créatures sont des phoenix. Au moins, maintenant je savais où se trouvait Grishkin et rien ne m’empêchait de venir lui rendre visite de temps en temps. Les Grouls écartées, l’urgence était pour les hiboux et surtout Elizabeth. Délicatement, et non sans une certaine forme d’impatience, je glissais la précieuse lettre dans ma poche, avec le reste du courrier non livré, et pris Gérard dans mes bras. Après avoir vérifié que les niffleurs nous suivaient, je pris le passage caché par la pierre. D’abord silencieuse parce que plongée dans mes pensées, je finis par exploser.

- Et si c’était un refus ? Et si on ne correspondait pas au profil ? Et s’il y avait du retard ? Et si ça ne se passe pas comme prévu ? Et si mon activité avec les dragons étaient jugées trop dangereuse ? Olala j’ai de la peine à respirer…

Au bord de la crise d’angoisse, je pris une profonde inspiration dans l’idée de me détendre. Grand mal m’en pris, l’odeur des égouts étaient toujours aussi infecte ici, et nos vêtements rappelaient l’horreur alors que nous gagnions lentement la surface. Je grimaçais.

- Berk… on soigne les oiseaux et on va prendre un bain !

Enfin à l’air libre, je soupirais d’aise en retenant l’endroit pour revenir pour les phoenix. Enfin, je nous dirigeais vers le château pour rentrer chez nous, non sans sentir mes mains trembler dans le pelage duveteux de Gérard. La lettre était là. Juste là, dans ma poche. Poche dégueulasse et lettre sale.
J’entrais chez nous en déposant mon oiseau sur la table, les lettres à côté de lui. J’invitais Harper à poser Elizabeth à côté de lui alors que je cherchais ma mallette de soin. Si je n’étais pas vétérimage, j’en connaissais bien assez pour donner les soins essentiels. Je contacterai ensuite ma mère pour m’assurer que je n’ai pas négliger un quelconque détail. La concoction des baumes et des soins suffit à me détendre et à oublier le stress lié à l’enveloppe tant attendue. Je pris le temps de couvrir les oiseaux des soins appropriés puis les déposaient sur leurs perchoirs pour qu’ils puissent se nourrir avec des graines spéciales pour compléter les soins.

- J’ai fait ce que j’ai pu. Je contacterai ma mère pour voir si elle a d’autres idées pour les soigner, mais je suis confiante.

Je souris à Harper mais me retint de l’embrasser. La crasse me dissuadait vraiment. D’un coup de baguette, je redonnais leur splendeur aux enveloppes. Toute tache d’humidité ou de saleté disparut comme absorbé par le papier lui-même et les calligraphies redevinrent parfaitement lisibles. Je me frottais les mains avec impatience, mais vraiment, l’odeur m’indisposait.

- Bain !

J’entrainais Harper avec moi dans la salle de bain pour entamer notre toilette. Puisque la température était glaciale dehors (glaciale pour moi), je fis couler une eau bouillante. Peu dérangée par ce geyser j’entrais dans l’eau pour me laver tout en prenant plaisir à nettoyer la peau de mon épouse. À nouveau, je sentais mes muscles se détendre. C’était des moments simples à deux, mais des moments précieux qui n’avaient de cesse de nous rapprocher, si c’était encore possible.
Une fois propre et que l’odeur des égouts éloigné par trois shampooings, je sortais du bain sans parvenir à me retenir davantage. Les mains à peine séchée, la serviette vaguement nouée autour de mes hanches, je me saisissais de la lettre restée à la cuisine et l’ouvrait à côté de Harper. Mon cœur tambourinait tellement dans ma poitrine que j’en avais mal. C’était un miracle si Harper ne l’entendait pas.

Citation :
"Mesdames MacFusty,

Par la présente lettre, nous avons le plaisir de vous annoncer que votre dossier a été validé.
Nous vous donnons rendez-vous le X décembre 2021 afin de procéder comme discuter.

Dans l’attente de cette date, nous vous adressons nos plus sincères félicitations et restons bien évidemment à votre entière disposition."

Je relus la lettre une fois. Deux fois. Trois fois. Cinquante fois. Après de longues minutes de silence, je réalisais que ma bouche était grande ouverte. Je devais ressembler à un poisson hors de l’eau, alors je refermais la bouche…. Mais la rouvris.

- Alors ça… c’est…

Je ne trouvais pas les mots. Alors je ne continuais pas. Mais j’avais quand même envie d’exprimer un truc.

- Putain ! Comme si c’était le mot dont j’avais besoin, je pris une profonde inspiration et souris aussi largement que Harper en était capable. Oh putain c’est génial ! Je sautais dans les bras de Harper et couvris son visage de baisers avant de m’arrêter et de la fixer, soudain en proie aux doutes, le sourire évanouie et le regard un peu inquiet. C’est génial, hein ?


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Ven 6 Oct - 22:00


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Octobre 2021

— Et si c'était positif ? répondit malicieusement Harper, ses mains crasseuses repliées dans son dos d'où pendouillait la cage du verre à Groule.

Direction l'appartement. Après avoir assisté aux premiers soins d'Elizabeth prodigués par Abigail tandis qu'Harper se rongeait les sangs, les deux épouses abandonnèrent la chouette à son triste sort pour frotter copieusement la crasse sous une douche bouillante. La vapeur remplit rapidement l'exiguïté des lieux, masquant les miroirs et les parois de douche. Appréciant le frottage intensif de la part de son amour, elle s'activa à faire mousser les cheveux de sa douce, non pas une fois, ni deux, jusqu'à trois fois, histoire d'être sûre de faire disparaître l'odeur pestilentielle qu'elles avaient ramenée des égouts.

Débarrassée — a priori, des odeurs et de la crasse, des nuages de vapeur s'évaporèrent depuis la salle de bain tandis que les épouses revenaient dans le séjour. À peine Harper eut-elle le temps d'enfiler une culotte et une brassière (assez difficilement, au vu de sa peau moite de chaleur à cause de la température ambiante de la salle de bain) qu'Abigail se saisit de L'Enveloppe. A ses côtés, elle s'installa sur le large accoudoir du canapé, les mains appuyées sur les genoux pour écouter la lecture de LA Réponse.

Une vague de frisson balaya la peau d'Harper jusqu'à l'échine. Le duvet se dressa sur ses bras tandis qu'elle avait la sensation que des cascades d'eaux froides puis d'eaux chaudes se déversaient sur ses épaules, mélange de peur et d'excitation.

— .... c'est...

Ses doigts se crispèrent sur ses genoux, blanchissant leurs extrémités.

— .... putain...

Désormais, elle ne distinguait plus le chaud du froid.
Oh putain c'est génial.
Harper sursauta, étourdit, comme extirpé d'un rêve lointain. Abigail se jeta dans ses bras pour couvrir son visage de baisers. Encore étourdit, Harper se laissait faire, papillonnant des cils, peinant à réaliser, en plein effort pour un grand retour dans la réalité.
C'est génial, hein ?
Les paupières d'Harper clignèrent encore trois fois avant que son visage vînt à se fendre en tranche de courge (ou de pamplemousse, comme tu préfères).
— ÉVIDEMMENT QUE C'EST GÉNIAL ! s'écria-t-elle à en faire trembler l'appartement et tous les animaux dedans.
À son tour de couvrir de baisers le joli visage enjoué de sa bien-aimée. C'était bien elle qui les méritait, car c'était bien elle qui allait souffrir dans toute cette nouvelle aventure. Son petit corps allait en voir de toutes les couleurs. Harper ressentait beaucoup de fierté à la frontière de ce nouveau voyage que la vie lui proposait.
— ON VA ÊTRE MAMAN !
Elle ne savait pas pourquoi elle criait, mais les murs tremblèrent à nouveau sous sa douce voix purement criarde. Fallait qu'ils s'habituent, les murs, aux cris. Ils allaient en voir des vertes et des pas mûrs. Cela lui fit penser qu'elle devra réviser le sortilège de protection auditive. Et l'imperméabilisant pour les vomis surprise. Et l'illusion d'anticernes. Elle bailla la bouche grande ouverte, oubliant immédiatement cette liste mentale et s'adossa contre le dossier du canapé, le sourire aux lèvres.
— Est-ce que tu es heureuse ?
 

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Ven 13 Oct - 8:36


La réponse universelle


Octobre 2021

Oui, après tout, si c’était positif ? Et si tout se passait bien ? Même après avoir relu la lettre une bonne dizaine de fois, je n’en revenais toujours pas. Soucieuse sans trop savoir pourquoi de l’avis de ma bien-aimée, un frisson me parcourut alors que je la regardais en attendant sa réaction. Il y eut ces battements de paupière, puis elle revint à la réalité. Je reculais le visage en entendant son cri, mais pour la première fois depuis qu’on se connaissait, mon sourire concurrençait le sien. Je la serrais contre moi alors qu’elle me couvrait de baisers, non sans rire. Un rire de joie, de soulagement. J’imaginais encore mal ce qu’allait devenir notre vie, et pourtant, j’avais déjà hâte de le vivre. En gros, j’avais hâte de souffrir, ce n’était pas fou ça ?

— Iiiiihhh ! On va être maman !

Répondis-je, les boyaux noués par l’excitation.
Quelle étrange perspective d’avenir. L’année passée encore je me refusais à m’imaginer fonder une famille, même avec Harper. Je m’identifiais comme la personne la plus irresponsable pour élever un enfant. Après tout, quoi de plus normal ? J’avais des problèmes de santé physique, la dépression aimait venir me jouer des tours et je faisais face à des dragons presque tous les jours. En gros, ma capacité à être un bon parent responsable et présent avoisinait le zéro. Et pourtant. Et pourtant ! Nous en étions là, Harper et moi. Malgré nos différents, malgré nos blessures, malgré nos rancunes et nos rancœurs, malgré notre histoire, nous voilà là ! à cet instant précis, dans notre appartement de Poudlard, là où tout avait commencé pour nous deux. Est-ce que je réalisais vraiment ?
Non, pas vraiment.
Est-ce que j’étais heureuse ?
Je pris le temps de réfléchir à cette question sans jamais perdre mon sourire.

— Je crois que le mot « heureuse » est un euphémisme ! Mon regard foncé s’accrocha au sien. Je lui caressais la joue avec douceur. Et toi ?

Attentive à capter convenablement son regard pour m’assurer qu’elle ne me fasse pas sa pirouette d’humeur, à cacher ce qu’elle ressentait vraiment (autruche, l’avais-je traité un jour). Je voulais m’assurer qu’elle était vraiment heureuse, jusqu’au fond de ses entrailles, car oui, même encore maintenant j’arrivais à en douter. Ou peut-être était-ce moi qui doutais ?
Je déposais un baiser sur sa joue avant de me lover contre elle, mon nez contre son cou, je respirais à plein poumon sa délicieuse odeur (le relent des égouts n’étant plus qu’un souvenir). Dans le silence de l’instant, je me laisse enivrer par cette avalanche d’émotions. J’avais l’impression de planer au-dessus de nuages chaud et doux.

Puis, mon cerveau se mit à additionner deux et deux. Décembre. C’était le moment des derniers examens de l’année, le moment où il fallait trouver les cadeaux de Noël et surtout, Noël et Nouvel An… et cette année, ce sera sans alcool ! Au revoir vins et bières à gogo durant les festivités ! Car oui, sous couvert de timidité et de bonne conduite, j’étais une personne qui savait faire la fête et profiter lorsque l’occasion se présentait. Harper le savait bien.
Je redressais la tête.

— Ben merde, cette année, les fêtes se feront sans alcool pour moi… quelle cruauté !

Et ma tête qui ne pouvait s’empêcher de tourner à mille à l’heure sauta du coq à l’âne.

— Il faudra beaucoup rassurer Elida si tu veux mon avis, elle va peut-être penser qu’on va la mettre dehors maintenant… Un voile de tristesse passa dans mon regard. Quand j’y pense, elle me fait de la peine. Mais on ne peut rien faire d’autre que de rester constante avec elle et lui prouver que tout ira bien. Je levais les yeux et répétais. Oui, tout ira bien !

Je regardais mon épouse avec un grand sourire avant de changer à nouveau de sujet (fallait suivre quand j’étais de bonne humeur).

— On pourra profiter de notre sortie pour faire nos achats de Noël, qu’est-ce que tu en dis ? Profiter que je ne sois pas au fond du lit terrassée par un rhume. Oh ! je me redressais. Et on pourra commencer à songer aux décorations pour la chambre, et il faudra se renseigner sur les marques à éviter et celles de confiance, et aussi que je vois ce que je vais pouvoir manger et éviter de manger, et aussi prév…

Je m’interrompis en ouvrant de grands yeux, subitement terrifiée.

— Oh merde, on va devoir prévenir mes parents.

Si je savais que la nouvelle serait reçue avec joie et amour, je redoutais aussi les mille et un conseils que j’allais recevoir de la part de ma mère alors que je ne lui aurai rien demandé. Je comprenais ses bonnes intentions, mais elles m’emmerdaient par avance. Surtout si on venait à me considérer comme une chose encore plus fragile que je ne l’étais déjà ! Est-ce qu’on m’interdirait de faire ce que j’aimais faire le plus au monde ? Était-ce recommandé d’observer des dragons dans ces conditions ? Je me mordais la lèvre.

— Et le directeur.

Si j’étais une enseignante qui manquait régulièrement de donner des cours à cause de ma santé fragile, je redoutais un peu la réaction de notre employeur en sachant notre projet pour agrandir notre famille. Je papillonnais des paupières, refusant de laisser ces obligations me détruire mon plaisir. Paradoxalement à ces appréhensions, j’avais envie de le hurler au monde entier alors que, soyons réalistes, tout le monde ou presque allait s’en foutre.
Je souris à nouveau. La guerre ne pouvait pas tout nous prendre. Jamais elle ne nous volerait ces instants de bonheur. Mes doigts glissèrent dans la chevelure d’Harper.

— Quand ce sera fait, quelle sera la première chose que tu aurais envie qu’on fasse ?


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Dim 22 Oct - 10:41


La réponse universelle


Octobre 2021

Tourner sept fois sa langue dans sa bouche. La joie vibrait jusque dans les murs de leur appartement de Poudlard. Il ne s'agirait pas de laisser retomber le soufflet sur un malentendu. Dans un premier temps, le coeur d'Harper bondit : Abi était heureuse. Lorsqu'elle lui retourna la question, une espèce de méli-mélo tortilla ses entrailles mitigées entre la peur et les réjouissances. Devait-elle être joyeuse de craindre, si tant était qu'elle parviendrait à mettre des mots sur ses appréhensions ? Action réaction, au diable les inquiétudes, Harper ne garda que le meilleur (et en plus, ça rime !).
— OUI !
C'était un grand oui pour la joie qui l'habitait présentement. Devenir maman, dans une vie, était une étape non négligeable. Maman, qui plus est, sans dommage pour le corps. N'était-elle pas belle, la vie ?
Les deux épouses se cajolèrent, un moment aux multiples baisers d'une extrême douceur.
— Tu n'es pas obligée d'observer ces neuf mois avec la coupe à moitié vide. Quoique nous disions et, aussi nombreux soient les désagréments, l'option de la coupe à moitié pleine existe aussi. M'est avis qu'il ne faut pas se rendre la tâche plus difficile qu'elle ne l'est déjà. Nous avons toujours le choix.
Après ces paroles prononcées, semblait-il, par une face de sa personnalité aussi enfouie qu'outre-tombe, ses pensées voguèrent vers le cas d'Elida. Impossible pour Harper de s'empêcher à comparer le cas de sa propre enfance avec celui d'Elida, malgré les distinctions notables. Harper avait très mal accueilli l'arrivée de sa soeur, Jin. Oui, mais Elida n'était pas à proprement parlé leur fille, bien qu'il était certain que vivre sous le même toit rapprochait en ce sens. Qui plus est, il n'y avait pas de raison pour qu'elle vive cette nouvelle de la même manière qu'Harper, à l'époque. Cependant, son expérience lui permit de décréter :
— Impliquons-là dans la grossesse ! Aussi jeune étais-je, ma mère vivait son expérience pour elle-même, pour la gloire et pour la forme. J'entendais parler de cette grossesse lorsqu'elle en discutait avec mes grands-parents ou au téléphone avec ses copines. Si elle m'en avait parlé, peut-être les choses auraient été différentes. Et ça nous permettra de prouver à Elida que la venue du bébé nous ne la mettons pas de côté.
Sur ces bonnes paroles, Harper bailla à s'en décrocher la mâchoire. La journée avait été fort longue. Le cerveau d'Abigail avançait plus vite que le sien. Harper ne s'en formalisa pas, se contentant de répondre :
— Si ça te fait plaisir, c'est ce que nous ferons. On s'adaptera pour les repas, Bonnie s'en chargera plus que nécessaire. Nous lui demanderons de nous servir le même repas à toutes, ça facilitera la tâche. Neuf mois vont vite passer, répéta-t-elle.
Et puis les inquiétudes fusèrent. Harper haussa mollement les épaules, nullement alarmée, pour sa part.
— Demandons au directeur un assistant. Tu pourras gérer tes cours sans avoir à bouger lorsque la grossesse sera avancée, former l'assistant comme bon te semble sans avoir l'impression que tes cours t'échappent, et il prendra la relève si tu as besoin de t'absenter. C'est tout bénéf', pour l'école comme pour toi. Surement que conserver ton activité te fera du bien, même si tu l'exerces différemment. C'est toujours mieux que de rester cloîtrer à la maison. Pour les dragons... je n'en ai pas la moindre idée. Nous trouverons une solution.
La dernière question interloqua Harper. Qu'étions-nous censés faire après une insémination ? Était-ce une question piège ? Tourner sept fois ta langue dans ta bouche.
— On se reposera ? proposa-t-elle, pas certaine de la justesse de sa réponse
 

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Jeu 26 Oct - 16:06


La réponse universelle


Octobre 2021

Je dévorais l’amour de ma vie du regard. La voir heureuse était une chose. La voir pleinement heureuse, avec moi de surcroit, c’était grandiose ! Si j’avais toujours espéré vivre aux côtés de Harper depuis mon adolescence, jamais je n’avais vraiment osé espérer que nous puissions en arriver là. Se marier. Fonder une famille. Si c’était un accomplissement sociétal, à mes yeux, c’était avant tout l’accomplissement de notre amour. Nous avions avancée les deux, parfois côte à côte, parfois séparées, mais nous nous étions toujours retrouvées, nous avions appris l’une l’autre, nous avions grandi, tout ça pour en arriver exactement à cet instant précis de nos vies.
Amusée par le côté philosophe de mon aimée, qu’elle dégainait comme une arme secrète pour mieux déconcerter ses interlocuteurs, j’opinais du chef tout en lui embrassant la joue. Depuis la mort de Kyle, j’avais tendance à beaucoup broyer du noir. On ne soigne pas la dépression comme on soigne un rhume disait le rappeur moldu. Le positivisme de Harper me contaminait. Si au début c’était quelque chose qui m’agaçait, parce que je ne me sentais pas écoutée ou comprise, j’avais appris, et j’avais compris que c’était ce qui permettait à Harper de ne pas sombrer, et souvent, de garder le cap pour nous deux. Si c’était possible, je l’aimais chaque jour davantage.

— Je t’aime, Harper.

Réponse peut-être un peu à côté de la plaque, faisant peu honneur à son côté elle philosophe qu’elle prit bien soin de camoufler rapidement, pourtant, c’était la seule réponse franche qui m’était venue, parce qu’elle disait tout. Je lui disais merci, et j’étais persuadée qu’elle comprenait tout ce qu’englobait ce « je t’aime ».
Concernant Elida, je comptais sur mon éducation très familiale pour la mettre à l’aise. Pour autant, je savais qu’Harper avait un tout autre chemin de vie et ses conseils furent précieux. Je pris le temps de réfléchir à sa proposition. Elida était encore très jeune, comprendrait-elle vraiment ce que la grossesse impliquerait ? Nous ferait-elle assez confiance pour ne pas se sentir exclue ? Et finalement, quoi de mieux que de l’impliquer pour lui prouver qu’on lui faisait confiance et qu’on désirait qu’elle fasse partie intégrante de notre famille ? Si elle n’était pas notre fille à proprement parler, elle faisait partie intégrante de notre famille dès qu’Harper et moi avions apposé nos signatures dans son dossier de foyer d’accueil.

— Tu as raison. On va faire ça.

Résolue à gagner la confiance d’Elida, j’étais persuadée que la proposition d’Harper était la meilleure chose à faire. Quoiqu’il en soit, si Elida décidait de ne pas participer à l’aventure, je le regretterais, mais nous ne pourrions pas l’y obliger… quoique ? Amusée par cette pensée, je souris sans raison tout en écoutant d’une oreille distraite les paroles de mon épouse. Oui, Bonnie sera d’un soutien sans faille même si elle ne manquera pas une occasion de m’embêter. Il en allait de même pour mes parents. Tout ira bien, parce que je ne serai pas seule. Nous ne serons pas seules. Je serrai un peu Harper dans mes bras en la voyant bâiller, ce qui me contamina. Je bâillais à mon tour en réalisant que j’étais épuisée par cette journée riche en rebondissements.

— Pas trop vite quand même, ce serait bien qu’on profite quand même.

Ne plus boire de l’alcool était anecdotique en vrai. J’avais énuméré des inquiétudes mineures, sauf éventuellement en ce qui concernait mon emploi. Ne plus pouvoir exercer allait autant me soulager que m’angoisser. Si être enseignante était une épreuve de tous les jours pour ma timidité maladive, je m’étais attachée à mes élèves et j’appréciais pouvoir enseigner mes valeurs aux futurs sorciers adultes qu’ils deviendront. J’espérais pouvoir rendre ces générations plus tolérantes et capables de se défendre face aux injustices liées à la guerre. Cela me paraissait être une mission tout aussi honorable que celle de faire changer les mœurs vis-à-vis des dragons. La manière douce donnait toujours de meilleurs résultats que la manière forte, j’en avais la profonde conviction.
Si habituée à exercer mes fonctions seule, l’idée d’avoir un assistant ne m’avait pas effleurée jusqu’à ce que Harper en fasse mention. Je gardais le silence, les yeux dans le vague alors que je mesurais le pour et le contre. Pour mes fonctions d’enseignante, ce ne sera pas difficile de trouver un ou une sorcière volontaire pour me prêter main-forte. Il me fallait toutefois une personne de confiance pour pouvoir corriger les épreuves et ne pas faire de favoritisme avec les élèves. La neutralité en tant qu’enseignant était l’une des règles fondamentales. Je ne pouvais donc pas demander à n’importe qui.

— Mmmh… Peut-être un ou une élève en magizoologie pourrait faire l’affaire… Si au début ça va me demander le double de travail parce que je vais devoir le former, ensuite, ce sera bénéfique… et ça permettra à l’étudiant de mettre un pied dans le monde du travail.

Je réfléchis encore un court instant avant de sourire et d’approuver d’un hochement de tête. C’était décidé !

— Je vais en parler au directeur, oui ! merci mon cœur. Je lui volais un baiser avant de penser tout haut. Pour les dragons, tout bien réfléchit, je ne suis pas trop inquiète. Il y a plein de dragonologistes compétents qui surveillent déjà les îles et mon père exerce toujours un peu. Je m’arrangerai avec lui pour trouver une aide, que ce soit lui ou quelqu’un d’autre. Ça va le faire.

Résolue à voir le verre à moitié plein, à voir le côté positif, je souriais, les épaules relâchées. Pour la première fois depuis longtemps, je sautai à pieds joints dans l’inconnu avec une totale confiance, et ça, je le devais à Harper.
Je gloussais d’amusement à sa proposition. Mon regard changea quelque peu, il devint plus tendre, mais aussi plus sauvage, alors que mon index glissa de sa joue dans son cou, pour suivre les traits de sa clavicule visibles derrière son débardeur.

— Se reposer, avec un pot de glace et un bon téléfilm de Noël… mais cette fois pitié, on ne saute pas dedans hein !

L’improbabilité de terminer dans un feuilleton de Noël à l’eau de rose m’avait bien assez suffi une fois. Inutile de réitérer l’expérience. Pour autant, ce souvenir m’amusa. Mon autre main longea son bras alors que je penchais la tête en dissimulant avec difficulté un sourire.

— La véritable question, je crois est… je plantais mon regard dans le sien comme si j’allais la dévorer toute crue. Est-ce que tu continueras à m’aimer comme aujourd’hui quand je serai aussi ronde qu’une baleine échouée, incapable de nouer mes chaussures, avec les jambes gonflées et tous ses autres changements ?

Je savais bien qu’Harper ne m’aimait pas uniquement par mon physique, je savais que son amour était bien plus profond que ça. Pour autant, la question m’amusa, et je ne pus m’empêcher de retenir mon large sourire plus longtemps. Je n’avais de cesse de la contempler, le cœur à deux doigts d’éclater tant le bonheur me subjuguait.


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