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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Wherever life takes you, You know I'll follow you Ϟ Post event FT Hestia :: United Kingdom :: Angleterre :: Londres :: Hôpital Sainte Mangouste :: Les étages
Euron O. Carrow
Euron O. Carrow
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Jeu 1 Juin - 14:24


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Septembre 2022 – Après l'attaque du BC sur le quai 9 ¾ - Sainte Mangouste - Après midi

Après les détonations, les cris et les coups de feu, il n'y eut bientôt que des plaintes et le vide. Les victimes avaient fleuri comme les boutons des fleurs après une averse, et leur corps blessés ou sans vie créaient un parterre macabre. Comment ne pas s'en émouvoir ? Il fallait être dénué d'âme pour ne pas trouver cela proprement abject. Mais se laisser envahir par l'affliction ne serait d'aucune aide à ceux qui avaient encore une chance de se relever. Euron s'était agenouillé près d'une mère qui tremblait de terreur et qui tenait son enfant contre elle. Le visage de ce dernier portait une large estafilade qui avait traversé son visage, le déformant terriblement, emportant son œil droit. Le Directeur avait refermé la plaie et prodigué les premiers soins. L'enfant était hors de danger et la magie signerait son œil crevé sans trop de difficultés. La femme l'avait mille fois remercié et il avait répondu d'un bref mouvement de tête. N'était ce pas là la moindre des choses… N'était-ce pas là son rôle. Ces gens étaient les victimes d'une guerre qui, tel un train, laisserait sur le quai ceux qui n'étaient pas assez rapides pour le prendre en route. Il n'en demeurait pas moins un médicomage et parfois, cette condition se heurtait à celle de Mangemort. "Nous savions que cela allait arriver "

Le Carrow se redressa. La douleur à sa cuisse manqua de lui faire perdre l'équilibre et celle à son dos de lui arracher un gémissement. Il plaqua sa main derrière sa jambe et serra les dents. Entre les débris et les affaires entassées, il vit son chapeau retourné sur le sol. Il n’avait même pas fait attention qu’il l’avait perdu durant son affrontement avec le moldu. Il se dirigea vers lui avant d’actionner sa baguette, l’accessoires remontant dans sa main par magie. D’ordinaire, il se serait penché mais il s’épargna cette douleur superflue. Tandis qu’il époussetait le Fedora, son regard bleu acier balaya la scène. Un grand nombre de médicomages était apparu et toutes les victimes étaient peu à peu prises en charge. Les morts étaient envoyés directement dans une pièce de Sainte Mangouste aménagée et une équipe s’affairait à ausculter les corps et trouver les déterminer l' identité des victimes. Une cellule psychologique était ouverte et de nombreux psychomages avaient été dépêchés dans le but d’assurer l’assistance psychologique des sorciers et enfin les blessés graves étaient directement amenés à Sainte Mangouste tandis que les autres étaient soignés sur place. Tout s’était parfaitement mis en place et il ne pouvait que s’en féliciter.

Mais lui non plus n’avait pas de temps à perdre. En tant que Directeur, il allait devoir émettre un nombre incalculable de rapports. Mieux valait ne pas perdre de temps…il fit quelques pas avant de se rendre compte qu’il se trouvait non loin du lieu où il avait laissé la jeune Carrow. Fronçant son regard, il y jeta un œil, se demandant soudain où elle était passée. Immédiatement, il remarqua les impacts de balles contre le mur dont les briques étaient éclatées, les morceaux répandus au sol…. exactement là où s’étendait une importante marre de sang. Cette vision eut l’effet d’une décharge. Il se tourna vivement vers le lieu où les blessés avaient été installés mais ce qu’il vit confirma ce qu’il savait déjà : elle n'était pas là. L’instant d’après, le craquement singulier retentit et Euron Carrow disparut du quai 9 ¾.

Le Directeur se retrouva directement aux urgences de Sainte Mangouste qu’il connaissait par cœur. Les larges allées menant aux différents services étaient encombrées de gens blessés ou attendant leur proche. Des brancards flottants filaient lorsqu'un blessé grave y était installé, le conduisant automatiquement dans un bloc où s’affairaient les médicomages… Bien que cela semblait chaotique, tout était savamment orchestré. Si Euron aurait en d’autres heures, eut un oeil plus analytique et froid, cette fois ce ne fut pas le cas. Si Hestia avait été blessée par balle alors au vu de la quantité de sang ça ne pouvait qu’être grave.

D’une main, il attrapa au vol le bras d’une infirmière qui passa près de lui en courant. Le petite blonde, surprise d’être ainsi arrêtée, fronça ses sourcils et ouvrit la bouche pour protester lorsqu’elle reconnut son Directeur et son visage sévère qui ne la regardait même pas, strictement focalisé devant lui. Elle resta coite tandis qu’il avança d’un rythme soutenu avec elle mais sans la lâcher.

_ Je cherche une jeune fille brune, la vingtaine, sans doute touchée par balle.

Un peu prise au dépourvu, la jeune infirmière parvint tout de même à lui répondre.

_ J’ai vu des blessures par balle couloir B salle 3 mais j’ignore si…

Euron la relâcha instantanément pour se diriger vers l’endroit indiqué à toute hâte. Il avait l’impression que chaque pas agrandissait les blessures qui lézardaient sa chair et ce n’en était probablement pas qu’une. Le bruit et l’agitation ne le dérangeait pas. Il était concentré sur son objectif et le décor n’avait plus d’importance.

Lorsqu’il parvint au couloir B, il passa les larges portes jusqu’à arriver à la 3, comme indiquée par l’infirmière. La pièce était grande et chaque bloc était séparés de draps blanc donc certains étaient couverts de traces rouges. Chaque bloc avait été affecté et les personnel fourmillait littéralement. Tout le monde avait certainement dû être rappelé en catastrophe. Le Directeur passa rapidement les blocs en revue. Les victimes étaient parfois jeunes, parfois moins. C’étaient là des parents, des Aurors, des sorciers lambda, du personnel de la gare et bien sûr des étudiants, des écoliers… puis il s’arrêta. Il avait presque failli ne pas la reconnaître. Ses cheveux bruns collaient à son visage et ses yeux affolés semblaient chercher quelque chose pendant que ses lèvres bougeaient sans qu’un son ne sorte de sa bouche. Autours d’elle, une petite équipe de médicomages que Euron connaissait bien. Ils étaient tous en piteux état et avaient passé cette dernière heure à soigner les victimes de l’attentat.

Le Carrow ne perdit pas une minute de plus et enleva sa veste qu’il envoya par terre plus loin. Retroussant ses manches, il sortit sa baguette de sa poche.

_ Je m’occupe d’elle.

L’équipe leva le nez, surprise tant par ces paroles que par la présence de leur Directeur. L’un d’eux reposa ses yeux sur la jeune fille avant d’acquiescer et de s’éloigner.

_ Vous restez.

Dit-il à une infirmière aux cheveux bruns attachés en une queue de cheval et devait avoir la quarantaine. Celle-ci dégagea les vêtements de l’abdomen de la jeune fille et déjà son regard sur elle n’était plus le même. En un instant seulement il s’était coupé de ses émotions et de tout ce qui pourrait nuire à son efficacité. Son œil acéré se posa sur la plaie béante dans son ventre où le sang coulait abondamment. Il fronça ses sourcils et leva sa baguette lorsqu’il sentit une main frêle attraper son poignet.

Euron croisa le regard noisette et enfiévré de douleur de la Serpentard lorsqu’il jeta une oeillade mordante sur l’infirmière, sa mâchoire se serrant de colère.

_ Pourquoi diable n’est-elle pas encore endormie ?!

_ Elle… Elle vient à peine d’arriver ! Je… se défendit l’infirmière dont les mains tremblèrent soudain.

Le Directeur attrapa le poignet de l’oiselle avant de la reposer contre elle et posa sa main contre son front brûlant. Le bleu froid de ses yeux s’adoucit alors qu’il se penchait sur elle.

_ Je suis là.

Des mots simples mais qui recèlaient peut-être bien d’autres pensées. Sa baguette s’agita au-dessus d’elle pour diffuser une lueur à l’éclat doux. La douleur disparut soudain. Le médicomage se redressa, son visage reprenant son inextinguible froideur.

_ Blessure perforante à l'estomac. La balle est toujours à l’intérieur. Je procède à l’extraction. Surveillez les constantes...

L’infirmière acquiesça, sa baguette roulant lentement au-dessus du corps, s’assurant que les battements de cœur étaient réguliers et que la tension était stable pendant que Carrow opérait. Emportée dans un flot agréable et sécurisant, tenir les yeux ouverts fut bientôt impossible à la jeune patiente.

Lorsqu'elle ouvrit de nouveau les yeux, le cadre autour d’elle était bien différent. Le silence prégnant qui régnait là était incroyable. Les draps blancs rougis avaient disparu, laissant place à des murs au vert tendre contre lesquels bougeaient de jolies fleurs peintes qui se balançaient au rythme d’un vent doux et imaginaire. La double fenêtre était ouverte, laissant un air frais entrer et les rideaux couleur lin voletaient doucement, distillant une douce odeur fleurée. Elle avait quitté la salle bondée pour une chambre individuelle charmante à l’ambiance résolument apaisante.

Son corps s’éveillait doucement et la plus grande partie de la douleur avait disparu. Ne demeurait dès lors qu’un désagréable tiraillement à l’endroit où la balle l’avait touchée lorsqu’elle venait à bouger. Ses vêtements avaient disparu et elle ne portait plus qu’une robe d'hôpital au tissu doux et ample.

Assis près d’elle, Euron frottait son front entre ses doigts, accoudé contre l'accoudoir du fauteuil, une jambe tendue devant lui. Il était loin de son apparence habituelle. Très loin de cela. Sa chemise était retroussé jusqu’à ses coudes et bien qu’elle fut de couleur sombre on pouvait aisément deviner les auréoles ensanglantées qui s’y tenaient. Il était mal coiffé et semblait transpirer abondamment sans raison apparente. Lorsqu’il s’aperçut que Hestia s’était éveillée, il s’anima de nouveau, soulagé.

_ Ne cherche pas trop à bouger.

Elle put alors se rendre compte qu’une petite balle de lumière dorée tournait autour de son corps, au niveau de son abdomen, faisant des cercles jusque sous son lit pour revenir au-dessus de son ventre et recommencer encore et encore.

_ C’est un sortilège qui va permettre aux tissus de ton organisme de consolider la cicatrisation. Tu ne garderas aucune séquelle physique.

Le médicomage se replaça sur sa chaise et serra les dents. Il avait combattu la douleur trop longtemps et les sortilèges qu’il s'était lui-même administrés étaient nettement insuffisants. Il se leva tout de même et tenta de faire bonne figure devant la jeune fille. Il approcha d’un pas pour la rejoindre, mobilisant toute sa volonté et toute sa force pour s’empêcher de boîter. Il ne pouvait malheureusement empêcher une goute de sueur de couleur le long de sa tempe droite. Espérant qu’elle ne noterait rien de son état, il concentra la discussion sur elle.

_ Comment te sens-tu ? Le sortilège -dit-il en montrant la balle magique du doigt- va devoir rester là devant un petit moment encore.



 

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EURON O. CARROW


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Dim 11 Juin - 18:58
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Euron ◊ Hestia

There's no morning glory,
it was war, it wasn't fair




 

De son arrivée à Sainte Mangouste, Hestia ne gardait qu’un souvenir flou et tumultueux. Elle revoyait avec une précision parfaite les instants qui avaient précédés le transplanage. Elle ressentait encore la panique sourde qui l’avait envahi quand les moldus avaient révélés leur présence sur le quai de la gare. La peur intense qui l’avait saisie à la gorge quand elle avait vu le sang s’épanouir sur le torse d’Aodhan. Puis sa propre douleur, intolérable, quand elle avait réalisé qu’elle n’avait pas été épargnée et que son propre sang venait tâcher son t-shirt avec une vitesse que même sans expérience médicale, elle avait jugé alarmante. Et puis après, ça avait été le flou total. La Serpentarde s’était retrouvée embarquée dans un tourbillon sur lequel elle n’avait eu aucune emprise. De toute façon, dans son état elle en aurait été bien incapable. Une main s’était posée sur son épaule, et si voir un inconnu la toucher de la sorte l’avait tout d’abord affolée, la vision de Saoirse a ses côtés l’avait assez rassurée pour qu’elle se laisse entrainée à leur suite. Hestia n’avait même pas senti qu’on la faisait transplaner, momentanément les ténèbres avaient été plus forts, le mélange de soulagement et de douleur avait eu raison de ses dernières résistances et elle avait perdu connaissance. Un état presque bienvenu qui n’avait pourtant pas duré longtemps. Lorsque la Serpentarde était revenue à elle, il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre qu’elle se trouvait à Sainte Mangouste. Même si de grands rideaux blancs avaient été installés pour séparer les lits et empêcher quiconque de voir au-delà, Hestia ne pouvait pas se tromper. Les cris, que ce soit de panique ou de souffrance, les sorciers vêtus de blouses qui courraient dans tous les sens et donnaient des ordres à toute vitesse ne trompaient personne.

Les yeux écarquillés d’une peur et d’une douleur qu’elle ne parvenait pas à endiguer, Hestia observait le ballet des médicomages autour d’elle. Elle aurait voulu parler, crier sa souffrance mais les mots, et encore plus les sons, refusaient de jaillir de sa gorge. Rendue impuissante par la souffrance qui émanait de son ventre, la Serpentarde en était réduite à observer les sorciers s’affairer autour d’elle. Elle avait vaguement conscience de ce qu’il se passait, mais ses pensées étaient confuses et elle avait le plus grand mal à se fixer sur quoi que ce soit. Quelqu’un lui appuyait sur le ventre et ça la faisait tant souffrir que bientôt, elle pourrait comparer cette douleur à celle des doloris qu’elle avait reçu par le passé. La douleur prenait trop de place, aussi bien dans son corps et dans son esprit pour lui laisser le moindre répit. Il y avait des voix partout, des silhouettes partout et elle avait l’impression d’étouffer. Elle avait chaud et froid à la fois, se sentait étrangement déconnectée mais aussi terriblement consciente que si son t-shirt lui collait ainsi à la peau c’était parce qu’il était trempé de son sang. Tout ça sans compter l’inquiétude qui lui étreignait le cœur quant au sort d’Aodhan. Mais même sur ça, elle ne parvenait pas à se concentrer. Hestia fut vaguement consciente d’un changement autour d’elle. Une voix avait tonné, les sorciers s’étaient redressés et plusieurs avaient filés sans demander leur reste. La verte aurait dû s’étonner de ce brusque revirement, s’inquiéter de voir les soignants, ceux qui tenaient certainement sa vie dans leurs mains, quitter son chevet de la sorte, mais elle ne parvenait pas à aligner deux pensées correctes. Dans son état, elle était de toute façon bien incapable de faire quoi que ce soit, alors si les médicomages recevaient l’ordre de l’abandonner, elle ne pourrait rien y faire.

Le sentiment d’affolement qui l’avait envahie à ce changement brutal fut stoppé net lorsque le visage de son oncle entra dans son champ de vision. Elle voyait trouble mais fut tout de suite persuadée au plus profond d'elle qu'elle n’hallucinait pas, Euron se trouvait à ses côtés. Les traits tirés, les sourcils froncés, le visage de son oncle était loin d’être rassurant et pourtant elle s’y accrocha comme s’il s’agissait là d’une bouée de sauvetage. Ce qui était certainement le cas d’ailleurs. Hestia le vit ouvrir la bouche, elle fit tous les efforts du monde pour comprendre ses propos mais capta un mot sur deux tellement le brouillard qui lui obscurcissait les pensées était épais. Tout ce qu’elle entendait, c’était son ton impérieux, tout ce qu’elle voyait, c’étaient ses prunelles qui se teintaient de colère, envers elle ou envers ceux qui les entouraient, elle n'aurait su le dire. La Serpentarde ne réalisa qu’elle avait attrapé le poignet d’Euron que lorsqu’elle le sentit replacer sa main à ses côtés. Elle ne maitrisait plus rien, pas même ce qu'elle faisait, mais elle était bien trop mal pour s'en offusquer. « Je suis là. » Les prunelles apeurées de la verte s'ancrèrent dans celles de son oncle. Machinalement, Hestia ouvrit la bouche mais ne parvint pas à parler, faute de mieux, elle hocha vaguement la tête, les traits crispés par la douleur, la respiration sifflante. Elle vit la baguette du Carrow s'agiter au-dessus d'elle et fut saisit d'une appréhension nouvelle à cette vision. Lâcher prise avait toujours été une épreuve pour la Serpentarde, elle était bien trop habituée à lutter à chaque instant de son existence pour se laisser aller de la sorte. Mais cette fois encore la lutte était inégale, elle n'était pas de taille, pas en état. Sentir la douleur disparaitre presque brusquement lui arracha un hoquet de stupeur. Le sentiment de soulagement que cela lui provoqua en était presque étourdissant. Elle n'eut cependant pas la possibilité d'en profiter car rapidement, les ténèbres la happèrent de nouveau.

Quand Hestia rouvrit les yeux, elle se retrouva face à un plafond blanc à l'aspect terriblement stérile et une lumière qui lui agressa les prunelles, la forçant à battre plusieurs fois des paupières pour s'y habituer. Elle se trouvait dans un lit aux draps blancs et doux sans savoir comment elle avait atterri là, une idée qui ne la surprenait pas mais qui ne lui plaisait pas non plus. Elle ignorait combien de temps s'était écoulé depuis que le sortilège d'Euron l'avait emporté et encore plus ce qu'elle avait dû traverser exactement. Avec précautions, elle tourna la tête pour jauger de l'endroit où elle se trouvait. Si la pièce était spacieuse et plutôt agréable avec ses murs parés de fleurs mouvantes, les meubles lui révélèrent tout de suite qu'elle se trouvait dans une chambre d'hôpital. Son lit était l'unique de la pièce mais elle n'était pas seule pour autant. « Euron. » Souffla-t-elle sans pouvoir s'en empêcher. Sa voix était hésitante et éraillée, elle se racla la gorge pour l'éclaircir. Son oncle était juste là, assis à quelques pas et elle eut tout le loisir de l'observer alors qu'il relevait la tête vers elle. C'était la première fois que Hestia le voyait dans cet état-là, l'air épuisé et les cheveux dans tous les sens. Un instant elle bloqua sur sa chemise, il lui fallut quelques secondes pour comprendre que les tâches sombres qui s'y étaient épanouies étaient du sang, et quelques secondes supplémentaires pour capter que c'était certainement le sien. Du moins en partie. « Ne cherche pas trop à bouger. » A ces mots, Hestia revint à la réalité et réalisa qu'elle avait été trop préoccupée par son environnement pour s'inquiéter de son propre état. Il fallait dire que comparé à la souffrance qui avait envahi tout son corps quand elle avait été touchée par les armes moldues, il y avait tout un monde. La douleur était toujours là, logée au creux de son estomac -littéralement- mais elle n’avait plus rien à voir avec celle qu’elle avait ressenti plus tôt. La douleur intolérable avait laissé place à un élancement désagréable, mais qui ne lui donnait plus envie d’hurler. Ce qui était une amélioration notable. Quant à son bras cassé, ce n’était clairement plus qu’un lointain souvenir.

Un éclat doré attira l’attention de la Serpentarde. L’espace d’une seconde elle cru être finalement en train d’halluciner, ce n’était pas impossible, elle savait que bien des potions pouvaient avoir cet effet-là, notamment des anti-douleur. Elle n’aurait pas été étonnée que les médicomages lui en aient administré. Mais non, elle ne rêvait pas, une petite sphère dorée lui tournait autour tel un vif d’or coincé sur un axe. « Qu’est-ce que… » Lentement, elle leva une main pour tenter d’effleurer du bout des doigts l’étrange sphère mais celle-ci se contenta de se décaler de quelques centimètres pour se mettre hors de portée sans ralentir sa course. L’instant d’après, elle disparaissait sous le lit. « C’est un sortilège qui va permettre aux tissus de ton organisme de consolider la cicatrisation. Tu ne garderas aucune séquelle physique. » Oh, c’était donc ça. Hestia accueillit les explications d’Euron avec un drôle de détachement. Adèle ne lui avait jamais parlé de ce type de soins et son propre domaine d’expertise étaient les potions. Machinalement, elle posa une main sur son ventre, à la recherche de la blessure laissée par la balle moldue mais à travers le tissus de robe d’hôpital elle ne sentit qu’un bandage. Le soupir qui lui échappa fut un peu saccadé, elle était peu sûre de savoir si elle voulait savoir à quoi cela ressemblait ou si elle préférait rester dans l’ignorance pour le moment. « Comment te sens-tu ? Le sortilège va devoir rester là devant un petit moment encore. » Hestia observa son oncle approcher en silence. Sa démarche semblait raide et ses traits trop figés pour être vrais, mais elle ignorait depuis combien de temps il se trouvait à son chevet alors cela pouvait s’expliquer. Quant à la question qu’il venait de lui poser, la réponse n’était pas difficile à formuler. « Mal. » Oh son était n’avait rien à voir avec celui de son arrivée à Sainte Mangouste, mais clairement Hestia avait connu des jours meilleurs. Elle avait mal et se sentait tellement vaseuse que pour l’instant l’idée même de se redresser ne lui avait pas encore effleuré l’esprit. « Mais apparemment je vais survivre. » C’était ça le principal après tout. Et elle savait exactement à qui elle devait cette survie, même si les souvenirs étaient flous et tumultueux, elle n’avait rien oublié des instants qui avaient précédés son endormissement. Ses prunelles vinrent s’ancrer dans celles de son oncle. « Merci. » Souffla-t-elle avec une gratitude sincère.

Après un instant de silence, Hestia choisit de reprendre la parole. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Oh, elle ne s’interrogeait pas sur l’attaque du quai 9 ¾, elle avait été présente et ne s’en souvenait que trop bien. Là où elle s’interrogeait c’était sur le sorcier qui l’avait amené là, sur son état exact, sur l’étendue de sa blessure. Elle se demandait ce qu’il s’était passé une fois ses paupières closes. Elle avait aussi envie d’interroger Euron sur son état à lui, sur la manière dont s’était terminée l’attaque et le bilan qui en était fait. Ce n’était pas les questions qui lui manquaient et rapidement Hestia sentit qu’elles allaient la submerger si elle ne se maîtrisait pas. Ce qu’il venait de se passer était terrible et même si elle allait relativement bien, le contrecoup était là. Finalement, elle choisit de se concentrer sur la question qui prenait le plus de place dans son esprit. « Où est… » Elle s’interrompit, hésitante. Elle voulait savoir où était Aodhan et surtout comment il allait. Il avait été blessé lui aussi et il avait refusé qu’elle l’aide, tout ça elle ne l’oubliait pas et ça faisait grimper son inquiétude. Après une inspiration, elle réessaya. « Est-ce que tu sais où est… » De nouveau elle chercha ses mots. Aodhan ? Le prénom ne dirait rien à Euron. Son copain ? Elle se débattait toujours avec ça. Le Gryffondor ? Impossible de savoir de qui elle parlait exactement. Elle préféra utiliser un terme simple et neutre. « L’étudiant qui se trouvait avec moi ? » Maintenant il ne restait plus qu’à espérer qu’Euron aurait des nouvelles à lui donner, et si possible des bonnes.

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Mer 26 Juil - 16:40


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Septembre 2022 – Après l'attaque du BC sur le quai 9 ¾ - Sainte Mangouste - Après midi

La jeune sorcière avait beau ressentir encore la douleur, elle n’était en rien comparable avec celle qui l’avait transcendée à son arrivée. Lorsqu’il lui avait demandé comment elle se sentait, il savait pertinemment que la réponse n’allait pas être empreinte de joie et d’enthousiasme. En tant que médicomage, savoir comment se sentait le patient était essentiel, même si cet aspect devait être pris en compte avec recul. Avec une douleur parfaitement égale, tout le monde a une réponse différente. Tout dépend de l’état d’esprit, de l’expérience et de la personnalité. Il connaissait assez Hestia pour avoir les outils nécessaires lui permettant de juger sa réponse. Lorsqu’elle répondit “mal”, Euron eut un quasi imperceptible sourire en coin. Ce n’était pas tant la réponse en elle-même qui provoqua ce rictus, mais c’était davantage l’expression du caractère qu’il reconnaissait bien là.

Hestia a écrit:
« Mais apparemment je vais survivre. »

_ Je te le confirme. Répondit-il simplement, presque mécaniquement.

Lorsque dans un souffle elle le remercia, Euron cilla et ne répondit que par un léger mouvement de la tête, un sourire discret l’accompagnant. Elle n’avait pas à le remercier. Sans lui, elle aurait quand-même survécu, théoriquement. Ses équipes étaient les meilleures du pays, il n’en doutait pas une seule seconde. Cependant, il est également vrai que la sang-pur avait bénéficié d’une qualité de soin et de prise en charge toute particulière. Etait-ce pour cela qu’elle le remerciait ? Ses propres pensées, d’habitude si claires et efficientes se brouillaient et réfléchir devenait compliqué, voire douloureux.

Hestia a écrit:
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Elle brisa le silence, le ramenant à la réalité brutalement. Il devait faire bonne figure et se concentrer une bonne fois pour toute. Il rassembla ses souvenirs et fronça ses sourcils. Le premier qui lui vint fut celui de la lame perçant sa chair. Foutu moldu…

_ A la fin de l’attaque je t’ai perdue de vue. Vu le sang qu’il avait là où je t’avais laissé j’ai supposé qu’on t’avait fait transplaner jusqu’à l'hôpital. Je t’ai retrouvé là-bas et je t’ai soigné, comme tu t’en souviens.

Il marqua une pause, reprenant son souffle et mis un soin tout particulier à paraître le plus normal possible. Cela ne devait paraître que comme une ponctuation liée à la gravité de la situation et pas à celle du mal qui l’affligeait. Et puis lui parler de ses blessures était inutile.  Hestia ne pouvait rien y faire et puis il allait très bientôt s’en occuper. Il devait tenir encore le temps nécessaire.

_ Tu as reçu une balle en plein dans l’estomac. Il se rembrunit et son regard au bleu glacial se froissa. C’est une blessure d’ordinaire mortelle. Il est rare qu’on en réchappe. Même grâce à la médicomagie. Un projectile dans cette partie du corps provoque d’importants dégâts sur les tissus et de très fortes hémorragies qui imposent des soins quasi immédiats au quel cas la mort survient dans une poignée de minutes. Il s’arrêta un instant. Il manquait parfois de tacte pour ce genre de choses. Mais c’était sa façon à lui d’être le plus sincère possible : évoquer la réalité toute crue.

Euron planta ses yeux dans ceux de la jeune fille avant de continuer.

_ Mon équipe m’a ensuite informé qu’à ton arrivée, un jeune homme avait la main sur ton ventre, qu’il compressait la plaie… et que l’en détacher n’a pas été chose aisée. Ce geste, ainsi que ton arrivée rapide aux urgences a été décisif. Même s’il avait bien de la peine à le reconnaître, c’était factuel et indéniable alors autant l’avouer.

Il scrutait le moindre sourcillement, le moindre mouvement sur son visage. Rien ne pouvait lui échapper. Il voulait savoir ce qu’elle ressentait, la façon dont elle vivait la nouvelle. Et tandis qu’il était concentré sur Hestia, une goutte de sueur coula le long de son front, comme pour lui rappeler la douleur cuisante qui possédait son corps entier.

_ Tu es hors de danger. La balle a été retirée, les tissus recousus, la plaie refermée… Si tu restes tranquille, tu devrais te remettre très rapidement et ne pas garder la moindre trace de cette blessure. Je t’ai administré des potions mais la douleur risque d’être présente encore un moment, moins forte certes, mais présente. Le système nerveux entérique a subi un traumatisme et même s’il est soigné, il va lui falloir du temps pour oublier. Oublier… comme pour un esprit humain, car oui, le corps avait lui aussi ses souvenirs. Tu pourras sortir d’ici à deux ou trois jours. Je te donnerai de quoi atténuer la douleur et un traitement de fond pour la cicatrisation.

Bouger lui faisait un mal de chien alors il s’abstenait de tout mouvement inutile. Euron n’était pas du genre à bouger dans tous les sens alors il espérait que son statisme n'interpelle pas sa nièce… A côté de son lit, une petite table de chevet portrait deux verres et une carafe d’eau claire. Le Carrow y posa son regard et se rendit compte à quel point il mourait de soif. Il lui semblait ne pas avoir bu une seule goutte d’eau depuis des heures. Son état requérait pourtant qu’il s’hydrate alors il ne résista pas plus longtemps. Après tout, boire un verre n’était en rien un aveu de quelque faiblesse que ce soit.

_ Puis-je ? Demanda -t-il d’un geste pour lui montrer l’eau cristalline. La jeune fille ne lui refusa bien sûr pas, mais après tout, il était dans sa chambre. Faisant de son mieux pour maintenir une démarche normale sur le parquet à chevrons grinçant il utilisa sa baguette pour remplir son verre. Il n’était pas partisan du moindre effort, mais cette fois il faisait exception. Saisissant le verre, le médicomage le porta à ses lèvres et en avala le contenu d’une traite. Il aurait bien souhaité boire moins vite mais honnêtement, il fallait le dire, cette fois il crevait de soif. L’eau le désaltérer délicieusement, apaisant brièvement les affres de ses blessures. Il se retourna néanmoins vers la convalescente, l’air légèrement contrarié et un brin confus.

_ Excuse-moi, je ne t’ai même pas demandé si tu voulais boire. Est-ce que je te sers un verre ? Si ça peut t’aider à te décider, boire aide à la cicatrisation.  

Tandis qu’il reposait le verre, il se souvint d’un détail qu’il avait omis.

_ Ce sont Ezio Giacometti et Saoirse O’Brian qui t’ont amenés ici. D’où connais-tu ces gens ? Lui les connaissait bien, très bien même. Que Saoirse ait transplané avec son frère - car oui il s’était bien évidemment renseigné sur l’identité du garçon qui avait débarqué avec elle - n’était pas surprenant mais qu’est-ce que Ezio faisait dans l’équation ? Il voulut d’abord vérifier si cela avait un rapport avec Hestia en le lui demandant directement. L’idée que des mangemorts approchent de la jeune fille ne lui plaisait pas vraiment. Depuis qu’elle avait été châtiée, il veillait à ce que ce genre de chose ne se répète pas et il semblait que le message était passé avec une certaine clarté dans la communauté. Mais Euron était de nature suspicieuse et prudente. Il ne laissait rien au hasard et analysait chaque détail avec minutie. Il doutait franchement que Ezio ait une quelconque intention envers elle mais on peut parfois être surpris. Et Saoirse ? Il n’était clairement pas assez en forme pour réfléchir comme il se devait. Mais tandis qu’il y réfléchissait enfin, peut-être que c’était Saoirse le lien.

Sa tête était si douloureuse qu’il dû fermer ses paupières un instant pour tenter d’atténuer les coups de cisaille que ses terminaisons nerveuses envoyaient à son cerveau avec rage.

Hestia sembla avoir quelque chose à lui demander. Quelque chose qui la faisait hésiter. Il rouvrit ses paupières pour l’observer. Il savait. Il savait où elle voulait en venir. Que ses lèvres peines à exprimer sa pensée de la sorte le contraria profondément. Levant le menton, il ne cessa pas de l’observer, attendant qu’elle formule au mieux sa pensée et lorsqu’elle y parvint enfin il fronça légèrement son regard azuré.

_ Tu veux parler de monsieur O’Brian ? Il observa sa réaction puis continua. Il est un étage au-dessus. Il laissa une seconde ou deux planer. La balle qu’il a reçue à frôlé le cœur. Quelques millimètres plus à droite et il était mort sur le coup. Le docteur Fawley s’est occupé de lui. Il va devoir se tenir tranquille pendant un moment mais il sera rapidement sur pied. Il savait que la questionner ne serait pas bien perçue et en vérité, il savait déjà tout ce qu’il y avait à savoir sur Aodhan O’Brian. Lui, ce qu’il voulait savoir c’était ce qu’il représentait à ses yeux à elle. Ca ne pouvait décemment pas être “rien” vu la situation. Il se fit violence et ravala son ardent désir de savoir.

_ Il a l’air de tenir à toi… littéralement. Il ne put empêcher ses yeux de rouler en repensant à ce qu’on lui avait raconté.

Ce dernier mot, il aurait juste souhaité le penser et pas le prononcer à haute voix, car cela ressemblait à du sarcasme et ce n'était pas là l'image qu'il voulait donner.

_ ... Désolé, ce n'est pas ce que je voulais dire. Il pinça l'arête de son nez en froissant ses yeux.


 

PRETTYGIRL


EURON O. CARROW


Underneath it all we're just savages | Hidden behind shirts, ties and marriages | How could we expect anything at all? | We're just animals still learning how to crawl |
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Euron ◊ Hestia

There's no morning glory,
it was war, it wasn't fair




 

Ce n’était pas la première fois que Hestia se réveillait dans un lit d’hôpital. En toute honnêteté, elle doutait que cela soit la dernière. En tant que joueuse de Quidditch, il lui était déjà arrivé bien des fois de se réveiller dans un contexte similaire, après un mauvais coup ou une chute de balais. Certes, par le passé ça n’avait jamais été dans un contexte aussi grave, mais l’idée était là. Elle savait ce que cela faisait, cette sensation de se réveiller dans un lieu inconnu, ce bref instant de flottement -semblable à une chute- qui suivait le réveil, quand tout n’était qu’incompréhension et brouillard de douleur. Mais elle se souvenait de tout ce qu’il s’était passé, à peine quelques heures plus tôt, des moldus sur le quai de la gare, de l’attaque, de la peur et de la douleur provoquée par la balle qui l’avait atteint au ventre. Alors elle n’était pas surprise, un peu perdue mais pas surprise. Après tout, elle était parfaitement au courant de la situation dans laquelle le Royaume Uni se trouvait, elle n’ignorait rien de la guerre entre les moldus et les sorciers. Clairement, ça n’avait été qu’une question de temps avant que ce genre de chose n’arrive, avant qu’elle ne se retrouve dans une situation similaire à celle de la fête foraine. C’était arrivé aujourd’hui, sans que personne ne le voit venir et maintenant elle en payait le prix, le bandage autour de son ventre et le sortilège qui continuait de la soigner en étaient la preuve. Au moins elle n’en avait pas payé le prix fort, elle allait survivre, même si elle ne doutait pas que ce serait particulièrement douloureux. « Je te le confirme. » Hestia hocha lentement la tête. Elle avait vraiment mal et se sentait encore pire, mais elle n’avait pas le sentiment d’être en train de vivre ses derniers instants. Contrairement à ce qu’elle avait cru, l’espace d’un instant, sur le quai de la gare.

Si Hestia pouvait deviner la suite des évènements sans trop de mal, une convalescence plus ou moins longue et définitivement douloureuse, ce qu’il s’était passé juste après qu’elle ait été blessé restait flou dans son esprit. Elle se souvenait de la souffrance, de l’inquiétude corrosive qui l’avait envahi quand elle avait vu Aodhan blessé, et puis un sorcier était apparu et la suite se composait essentiellement de noir. Du moins jusqu’à ce qu’elle récupère une conscience toute relative sur le brancard de Sainte Mangouste. « A la fin de l’attaque je t’ai perdue de vue. Vu le sang qu’il avait là où je t’avais laissé j’ai supposé qu’on t’avait fait transplaner jusqu’à l'hôpital. Je t’ai retrouvé là-bas et je t’ai soigné, comme tu t’en souviens. » Oui, ça elle s’en souvenait. Au milieu du brouillard de douleur et de panique provoqué par sa blessure. Elle avait vu les médicomages s’éloigner et n’avait pas compris pourquoi, jusqu’à ce qu’elle voit son oncle prendre leur place. « Tu as reçu une balle en plein dans l’estomac. » La Serpentarde accusa le coup en silence. Elle n’était pas médicomage, mais étudier les potions incluait l’étude des potions de soin alors elle avait quelques notions. Et elle savait ce qu’une blessure à l’estomac voulait dire. « C’est une blessure d’ordinaire mortelle. Il est rare qu’on en réchappe. Même grâce à la médicomagie. Un projectile dans cette partie du corps provoque d’importants dégâts sur les tissus et de très fortes hémorragies qui imposent des soins quasi immédiats auquel cas la mort survient dans une poignée de minutes. » Encore une fois, Hestia n’était pas surprise, mais ça restait des propos difficiles à entendre. Euron les débitait avec un détachement purement médical, ce qui ne faisait que mettre en exergue leur gravité. La verte avait compris que sa blessure avait été grave, mais elle n’avait pas pris conscience d’à quel point ça avait été le cas. Elle avait frôlé la mort. Rien que ça. Cette idée lui arracha un frisson.

« Mon équipe m’a ensuite informé qu’à ton arrivée, un jeune homme avait la main sur ton ventre, qu’il compressait la plaie… et que l’en détacher n’a pas été chose aisée. Ce geste, ainsi que ton arrivée rapide aux urgences a été décisif. » Aodhan… Le Gryffondor avait refusé qu’elle lui apporte son aide, elle se souvenait encore du mélange de frustration, d’inquiétude et de colère qu’elle avait ressenti quand il avait ôté ses mains de sa blessure à l’épaule pour les presser contre son ventre. Tout avait ensuite été noyé dans la souffrance mais elle doutait d’oublier un jour ces instants. Ainsi, il avait vraiment aidé à lui sauver la vie, au moins son geste n’avait pas été inutile. Malgré tout, Hestia ressentit une vague de reconnaissance à l’encontre de l’irlandais. « Je vois. » Souffla-t-elle lentement, après avoir pris une profonde inspiration. Elle ne dit rien de plus, elle avait besoin de temps pour digérer toutes ces informations et cela ne se ferait certainement pas sous l’œil averti de son oncle. De toute façon, Hestia était trop fatiguée pour réfléchir à tout cela maintenant. Elle ne prit pas la peine de demander pourquoi le Blood Circle avait visé la gare, pourquoi ils s’en étaient pris à des jeunes sorciers qui ne représentaient aucune menace pour eux, pourquoi ils ne s’étaient pas attaqués à un adversaire à leur taille. La réponse était évidente aux yeux de la Serpentarde, c’était la guerre et à la guerre tous les coups étaient permis, même les plus vicieux. Hestia ne pouvait même pas leur en vouloir d’agir ainsi, elle avait grandi au milieu de sorciers de sang-pur capables de choses aussi terribles, voire pires encore. S’ils n’avaient pas été ennemis par définition, nul doute que les sang-purs auraient applaudit cette action osée. « Tu es hors de danger. La balle a été retirée, les tissus recousus, la plaie refermée… Si tu restes tranquille, tu devrais te remettre très rapidement et ne pas garder la moindre trace de cette blessure. Je t’ai administré des potions mais la douleur risque d’être présente encore un moment, moins forte certes, mais présente. Le système nerveux entérique a subi un traumatisme et même s’il est soigné, il va lui falloir du temps pour oublier. » Donc elle était hors de danger, mais pas non plus totalement sortie d’affaire. Hestia n’allait pas juste pouvoir tourner la page et tenter d’oublier cet épisode, même son corps allait se liguer contre cette idée. C’était terriblement frustrant, mais au moins elle était prévenue. Elle hésita à demander si elle allait avoir des séquelles ou des difficultés à venir mais préféra s’abstenir pour le moment. Ce serait sûrement inévitable avec une blessure à l’estomac, ce qui n’était pas bon signe pour elle qui avait toujours eu un rapport à la nourriture compliqué. Les médicomages lui en parleraient certainement et elle n’avait pas envie que son oncle ne devine quoi que ce soit. Il ignorait cet aspect de sa vie et c’était très bien ainsi. « Tu pourras sortir d’ici à deux ou trois jours. Je te donnerai de quoi atténuer la douleur et un traitement de fond pour la cicatrisation. » Lentement, Hestia hocha la tête. Deux ou trois jours, ce n’était pas si terrible. Certes, ça ne la réjouissait pas, notamment parce que cela voulait dire qu’elle perdait des jours de travail, et donc de salaire, mais ce n’était pas comme si elle avait le choix. « Je vais pouvoir retourner directement à Poudlard ? » Demanda-t-elle après un instant de réflexion. Elle espérait que la réponse serait positive, dans le cas contraire, elle ignorait ce qu’elle ferait.

« Puis-je ? » Hestia releva ses prunelles sur son oncle. Sortie de ses réflexions, il lui fallut quelques secondes pour comprendre où il voulait en venir. Lorsque son regard se posa sur le verre qui se trouvait sur sa table de chevet, elle hocha la tête sans avoir à y réfléchir. Elle s’étonna un peu de voir son oncle utiliser la magie pour une chose aussi simple que de se servir de l’eau mais se garda bien de faire le moindre commentaire. « Excuse-moi, je ne t’ai même pas demandé si tu voulais boire. Est-ce que je te sers un verre ? Si ça peut t’aider à te décider, boire aide à la cicatrisation. » Hestia observa Euron quelques instants, elle lui trouvait l’air étrange, presque encore plus… Rigide que d’habitude, ce qui n’était pas peu dire pour Euron Carrow. « Hm, peut-être plus tard. » Pour le moment, elle devait admettre que la simple idée de boire quelque chose lui filait mal au cœur. Et il était encore moins question de manger quoi que ce soit. Même si elle savait que son oncle avait raison pour la cicatrisation, elle préférait attendre encore un peu. « Ce sont Ezio Giacometti et Saoirse O’Brian qui t’ont amenés ici. D’où connais-tu ces gens ? » Hestia contempla son oncle, surprise de ses questions. Elle ne s’était pas attendue à ça et avait soudainement l’impression de subir une forme d’interrogatoire. Clairement, elle n’était pas assez en forme pour cherche où il voulait en venir, et encore moins pour réfléchir à ce que ses interrogations pouvaient impliquer. Car elle savait que son oncle ne faisait rien sans raison. Néanmoins pour cette fois, elle choisit de répondre sans chercher plus loin. « Je ne les connais pas. » Répondit-elle sans toute autre forme de procès. De toute façon c’était la plus stricte vérité. « Enfin… J’avais déjà croisé Saoirse à plusieurs soirées, mais c’était la première fois que je la rencontrais. » Ajouta-t-elle. Elle ne prit pas la peine de préciser que les soirées en question étaient celles données par des mangemorts auxquels ses parents l’avaient trainé pendant des années. Ni que les vraies présentations avaient été faites par Aodhan juste quelques minutes avant le début de l’attaque. « Et ce Ezio, je… Je ne sais pas qui il est. » Vu le regard qu’elle avait eu le temps de capter avant qu’il ne transplane avec elle, elle se doutait qu’il l’avait embarqué surtout parce qu’Aodhan refusait de la lâcher. Quant aux liens qui pouvaient exister entre ce sorcier et les O’Brian, elle n’en savait rien.

Pour le moment ce n’était vraiment pas une question sur laquelle elle voulait s’attarder. Ce sorcier l’avait emmené avec lui, qu’elle le connaisse ou non n’y changeait rien. Ce qu’elle voulait savoir c’était où se trouvait Aodhan et surtout comment il allait. Il avait été embarqué par sa sœur et devait en toute logique être dans le bâtiment, mais dans quel état. Tandis qu’elle s’efforçait de formuler ses pensées, elle fit de son mieux pour occulter le regard que son oncle portait sur elle. « Tu veux parler de monsieur O’Brian ? » Elle acquiesça en silence. « Il est un étage au-dessus. » La Serpentarde retint sa respiration en attendant la fin de la sentence. « La balle qu’il a reçue à frôlé le cœur. Quelques millimètres plus à droite et il était mort sur le coup. Le docteur Fawley s’est occupé de lui. Il va devoir se tenir tranquille pendant un moment mais il sera rapidement sur pied. » Hestia ferma les paupière une seconde, tiraillée entre le soulagement et l’inquiétude. Aodhan allait bien, c’était le plus important, mais entendre les détails de sa blessures rendait le tout absolument terrifiant. Ils étaient passé si près de la mort qu’elle en ressentit un vertige. Dire qu’il avait refusé qu’elle l’aide. Lentement, elle hocha de nouveau la tête, montrant à Euron qu’elle comprenait bien ce qu’il venait de lui dire et qu’elle le remerciait de lui donner ces informations. « Il a l’air de tenir à toi… littéralement. » Hestia cilla, totalement prise au dépourvu par ces propos. Encore plus en le voyant lever les yeux. Euron lui avait dit que quand elle était arrivée, Aodhan était encore agrippé à elle, mais là ce n’était pas ce qu’il semblait dire. Même si la verte était percluse de douleur, elle n’avait pas de mal à comprendre que son oncle ne parlait pas uniquement de la manière dont ils avaient débarqué à Sainte Mangouste. « ... Désolé, ce n'est pas ce que je voulais dire. » Hestia cligna de nouveau des paupières. Euron qui regrettait ses paroles et qui le disait ouvertement, voilà qui était vraiment inhabituel. Le sorcier était certainement la personne la plus droite et la plus assurée que Hestia connaisse. Euron lui avait toujours paru être en contrôle total, l’entendre reconnaitre ce genre de chose, ça n’arrivait jamais. « Que voulais-tu dire ? » Ses prunelles ambrée l’observèrent un instant. Qu’il lui explique, dans ce cas, au lieu de garder le silence après un geste de désapprobation aussi flagrant. « Est-ce une mauvaise chose ? » Demanda-t-elle, sur la défensive. Aux yeux d’Euron c’était certainement le cas. Après tout, Aodhan était bien loin des sorciers que sa famille aurait aimé qu’elle fréquente. Son oncle ne pensait sûrement pas autrement. Sauf qu’elle ne voyait pas en quoi c’était une mauvaise chose qu’Aodhan tienne à elle, même si Hestia savait que ça ne voulait certainement pas dire grande chose, c’était déjà plus que ce que sa famille avait tenu à elle.

Retrouvant le silence, Hestia observa son oncle. Debout à ses côtés, il paraissait presque lutter contre lui-même. Il se tenait plus droit que jamais mais cela sonnait faux et surtout ses expressions le trahissaient alors que ça n’était jamais le cas. Même ses mots paraissaient lui échapper. Elle doutait que ce ne soit uniquement dû à sa relation avec Aodhan qui devait sûrement lui déplaire. Elle fronça les sourcils. « Mon oncle, tu as… Une sale tête. » Lâcha-t-elle. Elle avait cherché ses mots un instant, à la recherche d’une manière un peu plus diplomate de dire ce qu’elle avait à dire mais avait finalement abandonné. Elle n’était pas en état de faire attention à la moindre de ses paroles et de toute façon la sincérité brute serait tout aussi efficace dans ce cas de figure. Il n’y avait pas des centaines de façon de dire les choses, Euron avait vraiment une sale tronche et un comportement qu’elle commençait à trouver inquiétant. Pas besoin de faire des ronds de jambe pour lui faire remarquer. Enfin surtout lui faire remarquer qu’elle n’était pas dupe. « Tu vas bien ? » Demanda-t-elle. Elle chercha à se redresser pour pouvoir mieux le contempler mais une vague de douleur aigue la rappela à l’ordre, la forçant à ne plus bouger. Il s’était trouvé sur le quai également, il était possible qu’il en soit sorti blessé. Dans sa tête, elle s’efforça de se rejouer le timing des évènements et réalisa qu’il ne devait pas d’être passé tant de temps depuis qu’elle avait été amenée à Sainte Mangouste. Et surtout que pendant tout se temps, Euron semblait avoir été à ses côtés. « Attends… Tu es blessé ? »

CODAGE PAR AMATIS


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