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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Il n'y a plus de rêves pour notre génération ♦ Doryan :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Soledad Velasquez
Soledad Velasquez
Admin Sorcier OP
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Lumos
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Mon allégeance : L'Ordre du Phénix, ma famille & Doryan
Mar 7 Mar - 21:30




Il n'y a plus de rêves pour notre génération
Soledad ☽ ☾ Doryan ♥



Fin août 2021

Cela fait des mois que Soledad n’avait pas mis les pieds dans le monde moldu. Ca ne lui ressemblait pas, elle qui avait toujours vécu entre les deux mondes. Elle avait été élevée ainsi, à vivre parmi les sorciers comme les moldus, ça avait paru important à ses parents. Pas seulement pour qu’elle puisse se fondre dans la masse -ce qui aujourd’hui était bien utile- mais aussi et surtout pour qu’elle puisse comprendre le monde qui l’entourait. C’était bien beau d’être sorciers, mais aux yeux des Velasquez, ça ne faisait pas tout. Encore moins après qu’ils avaient passés bien des années au Mexique, où la frontière entre monde sorcier et monde moldu était beaucoup plus poreuse et où peu de personnes s’interrogeaient réellement sur les accès de magie dont ils pouvaient être témoins. Où une cartomancienne d’un autre âge pouvait être surnommée la bruja et sollicitée par tous sans se voir mener au bûcher. Soledad avait grandi ainsi, avec un pied de chaque côté de la frontière et ça lui avait toujours convenu. Mieux, elle en avait toujours été très fière. C’était ce qui lui avait permis de rencontrer Ludivine, quand ses parents avaient fait le choix de l’inscrire à l’école moldue avant qu’elle ne rentre à Poudlard, puis de l’aider quand l’anglaise avait déclaré ses pouvoirs. C’était ça qui l’avait aidé à comprendre ses camarades lors de ses études et à ne pas se sentir complètement paumée lors de ses premiers jours au sein de l’école de magie. Depuis, la mexicaine avait toujours vécu ainsi, le point d’orgue de cette manière de vivre ayant été le Witches Bazaar, évidemment, qui lui avait permis pendant longtemps de travailler dans les deux mondes à la fois. Depuis, si elle passait plus de temps du côté sorcier, c’était uniquement parce que la partie restante de son commerce si trouvait, sinon elle ne disait jamais non à une occasion de se rendre dans le monde moldu.

Sauf depuis quelques mois. Depuis cinq mois, très exactement. Depuis qu’elle tentait difficilement, lentement, de recoller les morceaux de son cœur brisé par Doryan. Jamais elle n’avait tant côtoyé le monde moldu que pendant qu’elle avait fréquenté le pompier, et maintenant, c’était tout l’inverse. Leur rupture, qui n’en avait pas réellement été une, mais le résultat restait le même, avait été parmi les choses les plus douloureuses que Soledad ait eu à vivre. Aujourd’hui encore elle ne parvenait pas à y penser sans se sentir suffoquer. Au fond, elle n’avait pas réellement décidé de cesser de se rendre dans le monde moldu, c’était sa peur qui avait décidé pour elle. Depuis qu’elle avait appris qu’elle avait laissé un membre du Blood Circle entrer dans sa vie et dans son cœur, c’était ça qui la bouffait. Elle avait peur qu’il s’en prenne à elle, qu’il envoie ses collègues la chercher, qu’il utilise contre elle ou ses proches toutes les informations qu’il avait pu glaner au fil des mois… La liste était sans fin, alors bien sûr c’était aussi le cas de la peur. Le plus simple avait été de se tenir le plus éloigné possible du monde moldu, une décision qui avait été grandement facilité par son passage de quelques semaines à Sainte-Mangouste, il n’y avait rien de mieux pour vous pousser à rester chez vous qu’une convalescence compliquée. Mais même après, une fois remise au moins physiquement, la mexicaine ne s’était pas plus aventurée du côté moldu de Londres. Il lui avait fallu des semaines entières avant de le faire, et même à ce moment-là, elle avait choisi ses endroits avec soin, se contentant d’aller rendre visite à Jonas ou d’aller voir les parents de Ludivine. Que des lieux éloignés de la caserne de pompier, des endroits où elle savait que les pompiers de Londres avaient leurs habitudes, ou du domicile de Doryan. Elle se rendait dans des endroits sûrs, où elle serait entourée, des endroits où elle n’avait aucune chance –aucun risque- de tomber sur Doryan. Parce que c’était ça qu’elle craignait, de tomber sur lui et que cette fois il décide que la laisser partir avait été une erreur. Une faute qu’il décide de corriger.

Aujourd’hui était donc la première fois que Soledad se rendait réellement dans le monde moldu, dans un endroit public qu’elle n’avait pas choisi avec soin. Il fallait dire qu’après des semaines de silence et des mois à refuser toutes les invitations, elle avait fini par se sentir coupable. Alors quand une amie moldue avait insisté pour qu’elle vienne boire un verre pour fêter son anniversaire, après avoir lancé plusieurs invitations toutes refusées, Soledad avait d’abord hésité, puis finit par accepter. Ce n’était qu’un verre dans un bar de Londres comme il en existait des dizaines, des centaines même, dans une rue banale. Un lieu où elle n’avait jamais mis les pieds auparavant, elle n’avait donc aucune raison de craindre d’y croiser Doryan. Bien que nerveuse, Soledad s’y rendit. Elle se rendait bien compte qu’avec les mois qui passaient, elle devait reprendre le contrôle de sa vie, même si c’était un exercice bien difficile quand son esprit ne cessait de revenir sur le passé. Sortir était un premier pas. Plus compliqué que prévu mais nécessaire. Et puis ça ne l’engageait à rien, elle allait boire un verre ou deux, se changer les idées, éviter soigneusement le sujet de son célibat, et rentrer chez elle, ce serait aussi simple que ça. Théo la tannait assez comme ça pour qu’elle sorte, il allait être ravi qu’elle ait fini par suivre son conseil, moins que ça ait été dans le monde moldu mais tant pis, elle ne pouvait pas avoir tout bon. Il fallait dire que de son côté, son meilleur ami avait rarement eu bon lorsqu’il avait insisté pour lui organiser des rencards arrangés. Les rares auxquels Soledad avait fini par dire oui -parce qu’il savait insister Théo- avaient été de vrais fiascos et si elle refusait de s’interroger sur les raisons exactes de ces échecs, elle ne voulait pas non plus recommencer. Ce soir serait donc totalement différent, juste une sortie avec quelques amis et ça serait très bien ainsi.

Et ce fut le cas. L’espace de quelques heures bienvenues, Soledad oublia ses soucis et toutes les idées noires qui continuaient de lui miner le moral même après des mois. Elle oublia ses problèmes et son cœur meurtri, les souvenirs douloureux et les craintes qui ne cessaient de la suivre. Pendant quelques heures, elle se trouva loin de tout ça, avec son verre à la main et des amis à ses côtés. Ce n’était pas grand-chose, ça ne durerait sûrement pas, dès l’instant où elle reposerait le pied dans son appartement vide le mal-être reviendrait certainement, elle le savait, mais juste pendant un instant, elle put profiter d’un répit qu’elle n’avait pas ressenti depuis longtemps. Ce fut donc le cœur un peu plus léger qu’elle dit au revoir à ses amis et les quitta pour rentrer chez elle. Le couvre-feu en cours dans la partie moldue de la ville avait coupé court à la soirée mais ce n’était pas bien grave, Soledad s’en accommodait sans trop de souci, surtout qu’il n’avait pas lieux dans la partie sorcière de Londres. Et puis ce n’était pas comme si elle avait la tête à faire la fête jusqu’au bout de la nuit. Elle n’avait jamais été du genre à noyer son chagrin dans le tourbillon des soirées, plutôt à s’enfermer chez elle pour ruminer ses pensées. Elle avait quitté ses amis un peu en avance, histoire de ne pas se faire remarquer et d’avoir le temps de rejoindre un endroit sûr où elle pourrait transplaner jusque chez elle en toute discrétion. En cette fin d’été, les londoniens étaient encore en vacances alors les rues étaient tranquilles, mais elle devait tout de même se montrer prudente, la suspicion était partout et elle avait appris à ses dépens que se montrer méfiant était plus nécessaire que jamais.  

Ce fut pour cette raison que lorsque Soledad entendit un « C'est elle. » empressé à quelques mètres derrière elle, elle se raidit instinctivement. Elle ne pressa pas le pas pour autant, sachant très bien que ce n’était pas le moment d’attirer l’attention. Elle aurait aimé croire que ces quelques mots ne la concernaient pas mais un rapide coup d’œil autour d’elle lui confirma que la rue était déserte. Ce n’était pas forcément un signe de danger, ça n’avait rien d’étonnant vu la période estivale et le couvre-feu qui approchait, mais ce n’était pas rassurant pour autant. D’autant que les chuchotements dans son dos étaient toujours présents. « Mais si, c'est elle, j’te dis ! » Soledad sentit son rythme cardiaque s’accélérer. Plus de doute possible, c’était d’elle dont on parlait et quelque chose lui disait qu’elle n’avait aucune envie d’en savoir plus. Ils étaient deux dont elle pouvait entendre les pas accélérer derrière elle. S’efforçant de maîtriser ses nerfs, elle continua son chemin, croisant les doigts pour croiser des passants ou une bouche de métro dans laquelle elle pourrait s’engouffrer rapidement. Elle n’en eut pas le temps, un homme la dépassa, la bousculant à moitié au passage pour s’arrêter pile devant elle, la forçant à s’arrêter si elle ne voulait pas lui rentrer dedans. « C'est toi la sorcière de la boutique Charing Cross. » Merde. Soledad sentit un sentiment d’urgence la gagner. Il parlait du Witches Bazaar moldu. Il l’avait reconnu, et vu le sort qui avait été réservé à sa boutique, il tirait les mêmes conclusions que ceux qui avaient tout détruits. Tout en s’appliquant à ne pas laisser transparaitre sa panique Soledad leva les yeux vers lui. L’homme était un peu plus âgé qu’elle et plus grand, les cheveux bruns, il la toisait avec un air de dégoût et de colère sur les traits. « Vous vous trompez. » Sa voix était posée et calme, tout l’inverse de ce qu’elle ressentait.

Soledad eut juste le temps de le dépasser. Elle n’eut pas le temps de faire un pas de plus car sans avertissement, une main s’était posée sur son épaule et elle se sentit poussée sur le côté. Elle se retrouva à trébucher dans une ruelle perpendiculaire à faire face à deux moldus. Le second ressemblait pas mal au premier, avec les cheveux plus clairs mais l’air tout aussi revêche. Elle eut brièvement la pensée totalement inutile que c’était peut-être des frères, agresser des femmes était donc une affaire de famille. Ce fut le second qui prit la parole en premier. « Allez, t’as pas ta baguette avec toi ? Fais-nous un tour de magie. » Il crachait ses mots avec un mépris évident, une hargne qui suintait par tous les pores de sa peau et qui cachait une violence qui ne demandait qu’à sortir. Soledad comprit que c’était le signe clair que si elle sortait effectivement sa baguette, elle signait son arrêt de mort. « Vous faîtes erreur. » Mais elle savait bien que ce n’était pas le cas. Et si eux en doutaient, c’était bien la dernière de leur préoccupation. Sans crier gare, le premier moldu se jeta sur elle et d’un coup de poing au ventre, l’envoya contre une grosse poubelle en métal stockée là. Soledad atterrit durement contre le conteneur, une douleur explosa aussitôt dans son dos. « Je savais bien que les sorciers étaient des ordures. » Le deuxième s’esclaffa de cette plaisanterie de mauvais goût. Trop occupée à s’accrocher au conteneur pour ne pas tomber, Soledad s’efforçait de retrouver son souffle et surtout ses esprits. Quand le second moldu sortit son téléphone, elle ne put rien faire, mais le brun lui fit signe de le ranger. « Attends, pas la peine de rameuter le Blood Circle tout de suite. Ils auront tout leur temps pour s’occuper d’elle. Ils nous en voudront pas si elle est un peu amochée, tant qu’elle peut encore parler. » A ces mots, la mexicaine sentit une peur glacée l’envahir. La ruelle était un cul de sac, personne n’était dans les parages et les moldus bloquaient sa seule issue. Elle savait se battre, mais seule contre deux adversaires c’était un pari très risqué. Quant à utiliser la magie, même si c’était sûrement sa seule option, elle savait que c’était un pari encore plus risqué. Les moldus étaient déjà terriblement hargneux et elle ignorait si ce quartier cachait des balises anti-magie. Si c’était le cas, elle n’en sortirait jamais.

« Nous d’abord. » L’air féroce, le moldu ne perdit pas une seconde et l’agrippa aux épaules. Mais cette fois-ci, Soledad était prête et plutôt que de tenter de s’enfuir, elle profita de la force de l’homme pour s’approcher un peu plus. Surprit, il ne vit pas venir le coup de genou qui le faucha pile à l’entrejambe. Plié en deux de douleur, Soledad en profita pour frapper de nouveau, un coup de poing en plein visage cette fois-ci qui acheva d’envoyer le moldu au sol. Théo aurait été fière d’elle. Elle le serait sûrement moins dans quelques minutes quand la douleur dans sa main s’imposerait à elle mais pour l’instant la peur et l’adrénaline prenaient toute la place. Le problème, c’était que le moldu n’était pas seul, et qu’un seul adversaire à terre, ça ne suffisait pas. Surtout que le moldu au sol finirait bien par se relever. Elle n’eut pas le temps de prendre la fuite, même pas de tenter de transplaner en urgence. Le deuxième moldu se jeta sur elle et la frappa en plein visage, lui donnant un aperçu de ce qu’elle venait d’infliger à son compagnon. La douleur explosa sur sa pommette et elle sentit le goût du sang lui envahir la bouche. Trop sonnée pour réagir, l’autre en profita pour lui donner un coup dans les côtes et une nouvelle douleur plus aigüe encore lui arracha un cri et lui fit vaguement comprendre qu’un de ses os encore fragile venait de se briser une nouvelle fois. Poussée par la panique, Soledad se débattit mais ça ne suffisait pas. Elle se retrouva projetée contre un mur en pierre que son crâne frappa durement. Un voile noir couvrit sa vision, l’empêchant de voir le moldu suivre le mouvement pour l’attraper et la précipiter de nouveau contre le mur. Agrippée à son adversaire, elle n’avait plus d’une pensée : il ne fallait pas qu’elle tombe au sol, si elle tombait c’était la fin, elle le savait.


CODAGE PAR AMATIS




— And all the pieces fall right into place
So it goes
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Doryan Rosebury
Doryan Rosebury
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Lumos
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Jeu 9 Mar - 22:40
Il n'y a plus de rêves pour notre génération
ft. mon ex la sorcière
Tout, dans la vie, ne tenait qu'à du hasard, le hasard des rencontres, des choix que l'on fait sans avoir forcément avoir réfléchi. Pour être au bon endroit, au bon moment, il en faut de la chance. Une décision prise sur un coup de tête, c'est exactement ce qui fallait pour redistribuer les cartes d'un avenir qui semblait pourtant bien défini. La première pierre avait été posée la veille, lorsque Doryan avait déposé sa voiture au garage pour un feu qui ne fonctionnait plus. Il avait repoussé cette décision au maximum mais à force d'entendre ton feu arrière droite ne marche pas, t'es au courant, il avait fini par se dire que pour épargner la salive des gens, il devait le faire changer, il avait hésité à mettre une pancarte en carton à l'arrière de la voiture avec noté je suis au courant pour le feu merci. Le problème deviendrait les policiers qui ne manqueraient pas de l'arrêter et difficile de faire l'innocent s'il y a une pancarte. Adieu pancarte, bonjour garage. Étant donné le fait qu'il avait une garde de 24h, la voiture n'était d’aucune utilité, les interventions en voiture de civile c'est pas vraiment prévu.  La garde en elle-même avait été des plus épuisantes. C'est fou comme les gens doivent se mettre d'accord pour ne pas laisser souffler la brigade, entre les alcoolisés qu'il faut venir ramasser sur le fossé mais qui sont ultra agressifs et ne veulent pas qu'on les touche, les personnes âgées qui tombent chez elles mais qui ne veulent pas aller à l'hôpital parce qu'elles ont pas mal, le coude est de travers naturellement bien entendu, il était formidable ce petit papy trouvant que c'était mieux si c'était les pompiers qui veillaient sur lui, non parce que les infirmiers ils sont toujours méchants à pas vouloir qu'il rentre chez lui. Des moments d'intense médiation pour faire céder des têtes de mules. Il y avait aussi eu ce gamin qui avait voulu récupérer son ballon dans l'arbre et qui avait fini coincé avec. Il n'y avait pas à dire la garde avait été mouvementée, impossible de se poser et c'était ce qu'il y avait de plus agréable pour Doryan. Être occupé, l'esprit et les mains sollicités, ça permettait de ne pas songer à lui et c'était tout ce qu'il voulait. Ne pas avoir de temps pour lui, parce que ces moments-là, il ressassait, il s'inquiétait, pas très agréable cette vie.

Lorsque sa garde fut terminée, le début de soirée commençait et il ne songeait qu'à une chose grapiller quelques heures de sommeil avant de récupérer sa voiture et de filer chez ses parents jusqu'à sa prochaine garde. Il s'était débrouillé pour être pompier volontaire dans la caserne de leur ville, comme ça ses voyages pouvaient être fréquent sans qu'il n’ait l’impression de ne rien faire d’utile pour la société. Les soirées de son adolescence se rappelait à son bon plaisir lorsqu’il était là-bas... s'il avait l'impression de connaître énormément de monde à Londres, quelle erreur, chez ses parents il était connu comme le loup blanc. La véritable raison de ces voyages très réguliers, outre qu'il flippait moins là-bas que chez lui, c'est que ça lui permettait de passer du temps avec Belle et de lui rappeler que bientôt, tout bientôt elle pourrait revenir avec lui. Pas sûr que la chienne comprenne quoi que ce soit, si ce n'est qu'elle n'avait pas le droit de monter dans la voiture pour le retour, ce qui ne lui plaisait pas du tout, uniquement parce que ça voulait dire être séparé de Doryan. Comme si lui vivait ses séparations différemment, il respirait la joie de vivre depuis des mois, essayant de se raccrocher aux moments joyeux pour ne pas sombrer. Son envie de dormir rapidement ne fut pas vraiment prise en compte puisqu'il fut invité à venir prendre un verre chez un collègue. Il y a des choses dans la vie qui ne se refusent pas, on ne passe pas à côté de son destin comme ça, ça ne se fait pas. Doryan fit donc un petit tour chez son collègue, petit tour qui s'éternisa puisqu'il y avait un match, forcément qu'il regarda. La seule raison pour laquelle il décolla ses fesses du canapé, c'était que le couvre-feu arrivait, s'il fut tenté de dire oui lorsque son collègue lui proposa de le ramener, il finit par refuser. Ça n'était pas si loin que ça et puis ça lui permettait de prendre un peu l'air, chose qu'il faisait moins qu'avant c'était une certitude.

C'était ce genre de soirée où il était agréable de se promener, il ne faisait pas trop chaud, une brise légère donnait envie de rester dehors, ceci expliquait qu'il marchait lentement, sa seule contrainte étant de rentrer avant l'heure couvre -feu. Les rues étaient désertes signe que la menace sorcière, à moins que ce soit les ennuis si le couvre-feu était violé, ait été enregistré même par les plus réfractaires. Il y a de cela quelques mois, il aurait eu des écouteurs dans les oreilles pour faire passer le temps plus rapidement avec de la musique.  Ses habitudes avaient changé, c'était une évidence, son portable connaissait très bien le fait d'être déchargé et alors le soir, s'il avait 5% de batterie c'était vraiment un coup de chance, clairement écouter de la musique c'était avoir envie de s'agacer parce que la musique s'arrêterait en plein milieu. Il y avait une autre raison au fait qu'il ne mettait plus de musique, l'inquiétude, le besoin de réagir rapidement. Il avait toujours cru qu'être en bonne condition physique suffisait, arrogance de la personne qui n'a jamais eu de problème, que les ennuis, en étant prudent, on les évitait, il s'était trompé, les ennuis peuvent arriver à tout moment et il voulait être en capacité physique d'agir, histoire de ne rien regretter. Ne pas être distrait en écoutant une musique qu’il aimait bien était la meilleure façon d’être concentré sur le monde qui l’entourait. Ce fut certainement le fait de ne rien avoir dans les oreilles qui permit à Doryan d'entendre un bruit étrange. Il s'arrêta pour mieux écouter, il n'y eut aucun bruit pendant quelques secondes. Son rythme cardiaque s'accélérait nettement néanmoins, le silence n'augurait rien de bon, la peur le gagnait comme s'il craignait qu'un sorcier soit tapis dans l'ombre et lui saute dessus. Son instinct de survie le poussait à partir et il l'écouta, faisant un pas, le son recommença, plus fort, dans une ruelle, il hésita une fraction de seconde avant d'aller voir, ça ressemblait à une bagarre et il était de son devoir d'intervenir, uniforme ou non.

Effectivement, c'était une bagarre, mais merde les gens ont que ça à faire de leur soirée ? Ils ne peuvent pas finir avec une bouteille de vodka dans un coin et picoler, ou se trouver des filles avec qui coucher jusqu’à l’épuisement ? C’est bien ça aussi et il en savait quelque chose.  Il observa la scène quelques instants, un type au sol qui prenait appui sur une main tandis qu'il vérifiait de l'autre qu'il ne saignait pas du nez. Son regard lâcha le type, attiré par le mouvement des deux autres, son sang sembla se glacer dans ses veines en reconnaissant une des deux silhouettes. Impossible de se méprendre, cette silhouette il la connaissait trop bien, elle était gravée dans son esprit. Ce fut un réflexe de sa part que de dire « Lâche là. » Le ton n’était clairement pas amical, agressif même pour être honnête, accompagné par le fait qu’il s’avança à son tour dans la ruelle, son regard fixé sur le gars qui semblait-il, voulait fracasser la tête de Soledad contre le mur. L’intervention de Doryan sembla motiver l’autre type, qui vérifiait précédemment l’état de son nez, à se lever rapidement. « Barre-toi. » C’était demandé si gentiment, Doryan ne pouvait qu’accepter. Il fit un nouveau pas, le regard fixé sur la personne qui tenait Soledad, enfin à moins que ça soit Soledad qui le tenait, un mélange des deux certainement, répétant une seconde fois  « Lâche là. » il ne devait pas être très clair, il décida donc de faire une phrase afin d’expliquer un peu mieux les choses « Si sa tête ne touche, ne serait ce qu’une fois de plus le mur, tu vas le bouffer aussi. » Parce qu’il était concentré uniquement sur celui qui tenait Soledad, évidemment l’autre en profita, fonçant dans Doryan comme un buffle et l’impact ne fut pas du tout agréable, le faisant tituber un temps avant de s’écarter, ça n’était pas lui le problème, lui il était à distance, un petit nerveux qui venait de se faire coucher par Soledad de toute évidence, pas de quoi inquiéter Doryan. Il ne voulait pas se battre, se contentant d’avancer en direction du type « T’es un sorcier toi aussi ? » Aussi ? Comment ça aussi, il observa Soledad, sentant sa bouche devenir pâteuse, le souffle lui manquer tandis que les souvenirs l’assaillaient de toute part.

De quel côté était-il ? Est-ce qu’il défendait la bonne personne en cet instant ? Ils n’étaient pas amis, il ne la connaissait pas véritablement cette fille, ils n’étaient pas alliés. S’il laissait faire, s’il reculait, ses ennuis disparaîtraient avec elle. Et pourtant, il n’était même pas tenté de la laisser tomber, s’il faisait ça, il serait exactement comme les sorciers, abandonnant les gens dans le besoin pour leur confort personnel. « Si j’étais un sorcier, ta cervelle recouvrirait déjà le pavé. » Franchement, ça ressemblait bien aux sorciers de faire ça non ? Oui il regarda Soledad pour faire valider cette hypothèse sauf qu’il n’eut pas la moindre confirmation de son talent inné pour la sorcellerie puisque l’autre derrière, il avait un gros problème et il venait de percuter Doryan une nouvelle fois. Son élan projeta Doryan en avant mais comme il s’était rapproché suffisamment du gars il se le prit de plein fouet. Ah bah là au moins, il n’eut d’autres choix que de lâcher Soledad vu  qu’il se prit un Doryan qui, cette fois, s’énerva. Il délaissa Soledad histoire de régler son compte au merdeux qui commençait vraiment à lui courir sur le haricot, le coup dans la tête qu’il se prit, très franchement, Doryan était ravi d’être celui qui le donnait et pas celui qui le prenait. De toute façon, il paraissait évident que s’ils pensaient avoir mis la main sur une sorcière et vu leur agressivité, ils ne réfléchiraient pas plus loin et chercheraient par tous les moyens à lui faire mal, s’il voulait sauver la vie de Soledad, il n’avait d’autres choix que de se battre. Ça faisait longtemps que ça n’était pas arrivé ça et Doryan n’était clairement pas le plus doué, il se prenait des coups, en plus dès qu’il repoussait suffisamment son adversaire, il jetait un coup d’œil à Soledad pour voir ce qu’il se passait par là-bas, se déconcentrait et bim reprenait un coup. Plus par chance et par endurance, que véritablement parce qu’il était doué au combat, Doryan finit par le mettre hors-jeu. Il avait mal partout, vérifiait en tâtant vite fait qu’il n’avait rien de cassé, tout en reprenant son souffle, il entendit un son caractéristique qui le figea « Allo » Il tourna la tête vers le gars, non mais sérieux, elle foutait quoi Soledad ? Il n’avait pas l’air occupé ? Il fallait qu’il gère tout, tout seul ? Et puis l’autre, c’était un lâche sous prétexte qu’il perdait son avantage, il appelait la cavalerie ? « J’ai trouvé des sorciers. » Doryan pâlit, alors pour le coup, lui ça allait, il pouvait être traité de sorciers, il allait s’en remettre, prouver qu’il n’en était pas un et c’était réglé. Non le problème c’était pour la véritable sorcière, si elle finissait entre les pattes du Blood Circle, elle était cuite et il ne pourrait rien faire. Il fallait donc réagir vite, très vite et le mieux pour cela, c’était de profiter que le type essaie de lire le nom de l’impasse dans lequel il était pour se jeter dessus. Si précédemment, Doryan avait été relativement tranquille dans ses coups, cherchant plus à lasser et à faire abandonner qu’à véritablement faire mal, là, l’impact fut très brutal les envoyant tous les deux au sol et vu le son que ça produisit, le gars allait douiller pendant plusieurs jours mais loin de s’arrêter à cet impact il attrapa le téléphone, qui était encore en appel, et le projeta de toutes ses forces contre le mur, le faisant exploser au contact de la pierre.

Pour le moment, aucune douleur ne s’emparait de son corps, seul l’adrénaline était présente. Il se précipita vers Soledad, l’attrapant sous les épaules pour la mettre debout. « Il faut qu’on y aille, viens. » Il fit un pas, puis deux, pressé de s’en aller, s’arrêta,l a regarda, avant de revenir en arrière « Il y a des balises anti-magie. » sous-entendu évident, tu ne peux pas te téléporter. Bon elle devait le savoir, elle avait dû tenter d’utiliser sa magie pour tous les massacrer mais il lui paraissait important de le dire. Elle n’avait vraiment pas l’air en forme et s’ils restaient ici, elle serait encore moins en forme. Aux grands maux, les grands remèdes, il la souleva et cligna des yeux, dérouté, en sentant son odeur, son cœur se serra de douleur, l’adrénaline n’aidait clairement pas à cette douleur. Les souvenirs affluaient de toute part, l’assaillant avec violence, certes il n’avait rien oublié mais là ça revenait en force. Il prit une grande inspiration pour mettre de l’ordre dans ses idées, enfin un maximum « On a dépassé l’heure du couvre feu, on peut aller chez moi ? Je crois que ce n’est pas très loin. » Oui bon il était sûrement la seule personne à dire je crois mais là il était un peu perturbé « Tu peux t’accrocher, tu glisses c’est pas pratique. » il voulait avancer rapidement vers chez lui, il avait besoin d’un peu d’aide, si c’était pas trop demandé, bien sûr.

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Soledad Velasquez
Soledad Velasquez
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Mon allégeance : L'Ordre du Phénix, ma famille & Doryan
Ven 10 Mar - 23:01




Il n'y a plus de rêves pour notre génération
Soledad ☽ ☾ Doryan ♥



C'était censé être une soirée ordinaire. Juste une soirée dans un bar avec quelques amis pour fêter un anniversaire. Quelques verres, pas mal de rires et bien des plaisanteries. Soledad en avait vécu un nombre incalculable de ces soirées-là, tant qu'elle avait même arrêté de les compter, elle savait comment elles se passaient, quoi en attendre. Elle savait que pour se changer les idées, pour oublier un peu ces derniers mois qui avaient été particulièrement difficiles, ce serait parfait. Pile ce qu'il lui fallait. C'était tout ce qu'elle demandait, juste l'occasion de ne plus penser à tout ce qui lui minait le moral, à combien sa vie était devenue un champ de bataille dont elle ignorait complètement comment sortir. Et ça avait été le cas. Les quelques heures que la mexicaine avait passé en compagnie de ses amis avaient été à la hauteur de ses attentes, pour une fois elle avait cessé de broyer du noir et même si une part d'elle avait toujours été consciente que ce n'était que temporaire, elle en avait profité à fond. Parce qu'elle ne pouvait pas prétendre le contraire, cette bouffée d'air frais ne durerait pas. Ce n'était pas assez pour tout effacer, ce ne serait jamais assez pour tout lui faire oublier. Sa rupture avec Doryan était une blessure trop profonde pour pouvoir être effacée si facilement. Rien n'était facile et si le temps soignait tous les maux, son cœur brisé allait réclamer bien plus que quelques mois, surtout quand ceux-ci étaient vécus dans la peur et les regrets. Cette soirée n'avait été qu'un pansement posé sur une plaie béante, un soulagement passager mais nécessaire. Pour une fois Soledad n'avait pas eu l'impression de se noyer entre les souvenirs, les craintes et son mal être., elle avait pu prendre une inspiration salvatrice avant que la vague ne vienne de nouveau l'engloutir. Cette soirée ne changerait rien, n'arrangerait rien, mais elle lui avait permis de respirer, et c'était déjà ça.

Alors, bien sûr, il fallut que tout bascule de nouveau. Il avait suffi de voix dans une rue déserte pour que Soledad se méfie, même si elle faisait attention à ne pas tirer de conclusions hâtives, elle savait que les apparences pouvaient être trompeuses. Que la tranquillité qui l'entourait pouvait prendre fin brutalement. Tout lui avait déjà explosé à la figure une fois. Et c'est exactement ce qu'il arriva de nouveau. Se faire agresser en pleine rue ce n’était déjà pas une expérience agréable à vivre mais alors quand c’était parce que deux moldus l’avaient reconnu et se doutaient qu’elle était une sorcière, c’était encore pire. Soudainement, la tranquillité de la rue arrangeait bien moins la mexicaine. Elle se trouvait seule face à deux adversaires et constata rapidement qu’elle ne faisait pas le poids. Avec la magie à sa disposition, les choses auraient pu être en sa faveur, mais elle ignorait si des balises anti-magie se trouvaient dans le quartier, si c’était le cas, sortir sa baguette ne ferait qu’alimenter la haine des deux moldus. Elle était déjà dans une mauvaise posture, elle n’avait aucune envie de signer son arrêt de mort aussi bêtement. Poussée par la peur et l’adrénaline, elle réussi à mettre un des moldus à terre, mais le face à face restait déséquilibré. Même animée par l’instinct de survie, Soledad n’était pas de taille. Alors quand le second moldu s’en prit à elle, il eut rapidement le dessus. La mexicaine eut beau se débattre, elle ne put rien faire, il était plus fort qu’elle et surtout plus déterminé à lui faire du mal. La frapper ne lui suffit pas, il la précipita contre le mur le plus proche et Soledad sentit son crâne heurter la pierre avec un bruit qui embrasa la peur en elle. La douleur explosa en elle et si elle ne lâcha pas son adversaire c’était uniquement parce qu’elle savait que si elle se retrouvait au sol, s’en serait finit d’elle.

Pourtant n’était-il pas déjà trop tard ? Le moldu semblait animé par une hargne qui n’avait pas de fin et la poussa de nouveau contre le mur. Une fois. Deux fois. Peut-être même trois fois, Soledad avait perdu le compte. La douleur pulsait dans tout son crâne, il n’y avait plus que ça dans son univers. Sa vision s’était obscurcie et si ses doigts étaient toujours accrochés aux vêtements du brun c’était uniquement car la crainte de mourir avait pris le relai. Elle avait beau ruer, tenter de frapper le moldu, c’était un échec et chaque coup qu’elle prenait lui ôtait un peu plus de force. Et puis il y eut un moment de flottement, une voix qui résonna dans la ruelle mais qu’elle ne comprit pas. Au milieu de ses pensées toutes embrouillées par la panique et la douleur elle se demanda si elle avait halluciné. C’était bien possible, vu son état elle n’en aurait pas été étonnée. Mais le moldu marqua un temps d’arrêt et la voix du premier s’éleva, tout aussi hargneuse que précédemment. Sûrement un peu plus maintenant qu’il avait été mis à terre par une femme. « Lâche là. » Non, elle n’avait pas rêvé, il y avait bien quelqu’un. Par contre elle se demanda si son cerveau n’avait pas subi quelques dommages car cette voix elle la reconnaissait. Elle aurait pu la reconnaitre entre mille. Une grimace sur ses traits, Soledad tourna la tête et son cœur s’arrêta. Doryan. Elle devait halluciner, ce n’était pas possible. Il ne pouvait pas en aller autrement. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Comment pouvait-il être là ? Pourtant c’était bien réel. Il était là, juste là et il menaçait ceux qui s’en prenaient à elle. La mexicaine cligna des yeux pour tenter de se raccrocher à la réalité, mais elle avait du mal à y croire. Et surtout elle avait du mal à faire le tri dans tous les sentiments qui l’assaillaient. L’incompréhension. La souffrance. La peur. L’espoir.

Et puis l’angoisse. Une angoisse sourde et glaciale qui l’envahit brutalement lorsque le premier moldu demanda « T’es un sorcier toi aussi ? » Soledad sentit son souffle se bloquer dans sa gorge. Son cœur se serrer douloureusement de crainte. Les souvenirs de son dernier face à face avec Doryan lui revinrent brutalement en mémoire. La peur sur ses traits, son arme pointée sur elle… Il aurait pu tirer mais il ne l’avait pas fait et à nouveau la peur brutale qu’il change d’avis et décide de réparer cette faute l’envahi. Il faisait parti du Blood Circle, il ne ferait que son devoir. De sa vision troublée, elle put presque voir les questions qu’il devait se poser sur ses traits et ça lui fit plus mal que les coups. Son destin était totalement entre les mains de Doryan, en cet instant c’était lui qui avait tout le pouvoir pour faire pencher la balance. « Si j’étais un sorcier, ta cervelle recouvrirait déjà le pavé. » Soledad déglutit difficilement face à cette affirmation qui lui montrait tout ce que Doryan pensait des sorciers. Quand leurs regards se croisèrent, elle s’efforça de le soutenir. Incapable d’articuler le moindre mot, Soledad lui renvoya un regard suppliant. Et de nouveau, tout s’accéléra. Le premier moldu, apparemment remis de ses émotions fonça dans Doryan qui se retrouva à percuter celui qui la tenait. Surprise et déséquilibrée, Soledad tomba au sol alors que des bruits non loin lui apprenaient que Doryan et le moldus se battaient. Elle se releva avec difficulté et dû s’appuyer contre le mur pour ne pas perdre l’équilibre. Un regard autour d’elle lui apprit que Doryan était toujours aux prises avec le moldu et qu’elle ne pouvait rien faire pour l’aider sans devenir une gêne. Elle sentit son cœur se serrer en le voyant se prendre un coup et s’en voulu aussitôt de ne rien pouvoir faire. De l’avoir mis dans une telle situation.

Quand ses prunelles tombèrent sur l’autre moldu, elle sentit son rythme cardiaque s’accélérer brutalement. L’homme venait de sortir son téléphone de sa poche. Ses paroles précédentes revinrent d’un coup à Soledad, il allait appeler le Blood Circle. Sans se laisser le temps de réfléchir, elle se précipita sur lui pour l’en empêcher. Si elle put le faire reculer, le coup qu’elle tenta de lui porter fut un échec. Il le bloqua aisément et lui retourna un coup de poing qui l’envoya de nouveau sol. Un cri de douleur s’échappa de la gorge de la mexicaine quand la lourde chaussure du moldu la faucha au ventre. Elle se tordit aussitôt de douleur et se retrouva complètement impuissante lorsqu’elle entendit un « Allo. » qui la glaça. Elle tenta de se relever une nouvelle fois, mais face à la souffrance qui la parcourait elle parvint à peine à remuer par terre. « J’ai trouvé des sorciers. » Au milieu de la douleur, la panique la gagna. Non. Non, tout mais pas ça. Elle ne pouvait pas finir entre les griffes du Blood Circle, elle savait ce qu’il se passerait, elle savait ce qu’elle subirait et elle préférait mourir dans cette ruelle que de vivre ça. Sauf qu’elle ne pouvait rien faire. C’était le pire sentiment du monde, elle avait échoué sur toute la ligne et elle était la seule à blâmer. Ah elle était bien une fière Gryffondor, Théo aurait été fier de la voir comme ça, tous les efforts et les espoirs qu’il avait placés en elle n’avaient servi à rien. Elle était réduite à se tordre de douleur sur le pavé pendant qu’un moldu plein de haine signait sa fin. Du moins tentait. Car soudainement elle perçut des bruits de pas précipités, puis d’autres bruits d’altercation. Et enfin le bruit d’un objet qui se brisait, ses éclats se répandant sur le sol.

Le silence revint dans la ruelle aussi rapidement qu’il avait été brisé. Lorsque des mains se posèrent sur elle, Soledad tressaillit, les battements de son cœur redoublèrent aussitôt mais se calmèrent lorsqu’elle réalisa qu’il s’agissait de Doryan. « Il faut qu’on y aille, viens. » Elle acquiesça doucement et tandis qu’il la tirait, elle prit appuis sur ses mains pour se relever avec une grimace. Il avait raison, ils ne pouvaient pas rester là, ils devaient partir au plus vite mais se mouvoir rapidement était bien plus difficile que prévu pour la mexicaine. Lorsqu’elle fut enfin debout, Soledad réalisa que le monde ne voulait pas rester droit autour d’elle. Elle avait mal partout, mais surtout aux côtes et à la tête. Quand elle passa une main hésitante à l’arrière de son crâne, ses doigts revinrent tâchés de rouge. Sa pommette aussi était douloureuse à cause du coup de poing qu’elle avait reçu, mais ce n’était rien face au reste. Et encore, elle se doutait qu’à cause de l’adrénaline qui pulsait encore dans ses veines, elle n’expérimentait qu’une once de la douleur qui l’envahirait bientôt. « Il y a des balises anti-magie. » Elle eut un mouvement vague de la tête et sentit l’amertume la gagner. Elle avait eu raison de ne pas chercher à sortir sa baguette mais n’en tirait aucune satisfaction. A cause de ces balises, elle avait été incapable de se mettre en sécurité et même si elle savait se battre, elle ignorait ce qu’il serait advenu d’elle si Doryan n’était pas intervenu. Elle avait risqué le pire, tout ça parce que les moldus à la tête du pays haïssaient la magie. Elle avait été rouée de coup tout ça parce que des moldus la détestaient d’être née différente. Comme si elle avait eu le choix. Repoussant sa frustration, elle cligna des yeux pour se raccrocher au moment présent, elle avait l’impression que tout lui échappait et elle devait faire un effort pour avancer. Rien qu’aller récupérer son sac à main lui donna l’impression de gravir une montagne. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu’elle était sous le choc. En même temps, il y avait de quoi.

Quand Doryan s’approcha d’elle, elle leva une main pour lui faire signe qu’elle avait besoin de quelques secondes pour retrouver ses esprits. Malgré l’urgence de la situation -n’importe qui pouvait passer et les trouver là avec les deux moldus inconscients à leurs pieds- elle n’avait pas le choix. Mais ce choix, Doryan ne le lui laissa pas non plus quand il passa ses bras autour d’elle pour la soulever. Soledad étouffa une expression de surprise qui se changea bien vite en exclamation de douleur quand ses côtes protestèrent. Son souffle se bloqua dans sa gorge, se retrouver dans les bras de Doryan fit remonter à la surface tous les souvenirs qu’elle tentait de noyer depuis des mois. « On a dépassé l’heure du couvre-feu, on peut aller chez moi ? Je crois que ce n’est pas très loin. » Soledad mit quelques secondes à capter ce qu’il était en train de lui dire. Être si proche de Doryan la perturbait totalement, entre tous les mois qu’ils avaient passés ensemble à être heureux et leur dernière discussion emplie de peur, elle ne savait plus quoi penser. Malgré tout, elle fit de son mieux pour se concentrer. Le couvre-feu était désormais passé, elle aurait dû s’en douter, mais que Doryan avance l’idée qu’ils aillent chez lui, elle l’avait encore moins vu venir. « Chez toi ? Non, non… » Commença-t-elle faiblement. Elle ignorait si elle avait parlé assez fort et s’il allait l’entendre mais elle n’arrivait pas à envisager de se retrouver chez lui après tous ces mois. Et surtout avec toute cette peur. Ce n’était pas ce qu’elle voulait, mais pour l’expliquer, les mots lui manquèrent.

« Tu peux t’accrocher, tu glisses c’est pas pratique. » Tout en évitant soigneusement de poser ses yeux sur le visage du moldu, Soledad obéit maladroitement. Elle ne savait pas comment gérer cette proximité soudaine après tant de distance, mais elle craignait encore plus de croiser son regard. Elle avait peur de ce qu’elle pourrait y lire, d’y revoir encore cette horreur qui avait baigné dans ses prunelles lors de leur dernière rencontre. Encore plus, elle avait peur de vois si celle-ci s’était changée en une rage froide et destructrice, en une haine dirigée vers elle. Il l’aidait mais elle n’oubliait pas que quelques mois plus tôt, il l’avait menacé, c’était un souvenir gravé profondément en elle qu’elle n’oublierait jamais. De nouveau, plus rien n’avait de sens. « Repose moi Doryan, je… Je peux marcher. » Demanda-t-elle après un instant de silence. Se trouver dans ses bras était trop dur, Soledad voulait que ça cesse. Elle voulait retrouver la distance et le silence, car si ceux-ci lui faisaient mal, être si proche était pire encore. Elle déglutit, prit une profonde inspiration pour tenter d’ignorer son mal de crâne. « Ca va aller, je vais appeler quelqu’un. Je… Tu n’as pas besoin de faire tout ça. Je ne veux pas t’attirer plus d’ennuis. » Assura-t-elle d’une voix qu’elle voulait plus certaine. Elle mentait, elle le savait et peut-être que lui aussi, mais elle ne voyait pas quoi faire d’autre. Ca allait aller, de toute façon elle n’avait pas le choix. Elle pouvait toujours appeler son frère ou Ludivine, elle savait qu’ils laisseraient tout tomber pour venir la récupérer. Doryan n’avait pas besoin de s’embêter davantage avec elle. Elle n’avait pas besoin de se retrouver chez lui à se demander s’il allait se contenter de l’aider ou si le Blood Circle allait débarquer à tout instant. « Je veux rentrer chez moi… Je veux juste être chez moi. » Et oublier ce qu’elle venait de vivre, si toutefois c’était possible.

CODAGE PAR AMATIS




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So it goes
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Doryan Rosebury
Doryan Rosebury
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Sam 11 Mar - 23:08
Il n'y a plus de rêves pour notre génération
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Quelle poisse quand même c’était incroyable. Enfin non, il était mitigé au sujet de la malchance, il était à la fois mécontent d’être là parce qu’il se prenait des coups et ça n’était jamais très agréable de se faire fracasser. Le pire c’était même que là, il défendait l’indéfendable, genre il venait de prendre ses convictions et les piétiner au sol. C’était là que la chance rentrait en jeu, il était au bon endroit au bon moment pour sauver une vie. Inutile de se faire des films, Soledad était condamnée, ils n’avaient pas l’intention de la laisser s’en tirer, soit elle prenait un coup trop violent qui la tuait nette, soit elle finirait entre les mains du Blood Circle et cette idée le terrifiait. C’était certainement la raison pour laquelle il se donnait autant ce soir, ayant conscience qu’elle n’était plus en mesure de se défendre et que s’il perdait, il la condamnait. Avoir des vies entre ses mains, il connaissait, combien de fois il savait que la moindre erreur de jugement pouvait être fatale mais jamais ça ne l’avait autant angoissé parce qu’il connaissait la personne, parce qu’il ne pouvait compter sur personne d’autres.

S’il s’en sortait plus ou moins bien à se débarrasser de son assaillant, ils étaient deux et il n’eut même pas le temps de reprendre son souffle que le second type, sentant le vent tourner, décida d’appeler le Blood Circle.  Ça n’était pas possible, il n’arrivait pas à s’enlever de la tête tous les moments qu’il avait passé avec Soledad, certes ça n’était que du vent, ridicule à l’échelle d’une vie même, mais ça avait compté pour lui. L’imaginer finir sa vie torturée, parce qu’il n’était pas stupide, c’est ce qui arriverait, il ne le concevait pas. Pour cela, il fallait agir, ignorer le fait qu’il avait besoin de reprendre son souffle, qu’il était fatigué de cette journée, épuisé de cette soirée et se jeter une nouvelle fois dans la bataille. Il avait loupé le coche durant ses années lycées, quand certains n’ont qu’une envie, taper tout ce qui bouge, Doryan avait eu l’ambition de se taper tout ce qui bouge… même verbe, sens totalement différent et à cet instant ça ne lui servait à rien. Non mais comment voulez-vous qu’il fasse copain copain avec des types qui s’en prenaient à Soledad ? Il ne faut pas exagérer, ça ne marche pas comme ça. Le seul résultat qui comptait fut le suivant, il réussit à fracasser le portable. Ça leur laissait du temps pour s’éloigner, il fallait juste qu’ils bougent rapidement. Pour ce faire, il revint vers Soledad et l’aida à se redresser, essayant d’y aller en douceur. Il avait sur estimé son état, il en eut la confirmation quand  il avança et se retourna pour voir où elle en était. Elle n’avançait pas, probablement qu’elle essayait d’utiliser la magie pour s’éloigner rapidement. Il pouvait le comprendre, lui aussi s’il avait pu se téléporter à l’autre bout du monde il l’aurait fait sans sourciller mais là, elle ne pourrait pas. Il assista à une scène déprimante mais logique, elle voulait récupérer son sac, alors oui bien sûr que c’était vitale, personne ne devait mettre la main dessus, elle devait avoir une carde d’identité magique, des papiers prouvant qu’elle était une sorcière, elle devait les récupérer. Son cœur se serra d’ailleurs à cette idée, s’il s’était un tout petit peu méfié, il aurait su qu’il se faisait mener en bateau mais comment douter de la personne avec qui on aime passer du temps, ça n’avait aucun sens.

Parce qu’elle titubait à chaque pas, qu’elle semblait ne pas bien aller et qu’elle n’avait pas l’air de bien comprendre l’urgence de la situation, oui il l’aidait mais il n’était pas un surhomme, il n’avait plus la force de se battre, il revint vers elle et la porta. S’il essaya de le faire délicatement, il vit bien la douleur se dessiner sur ses traits « Désolé. » il allait faire plus attention. Bon pour le moment il fallait surtout qu’il fasse attention à ne pas se laisser envahir par un sentiment qu’il connaissait si bien depuis des mois, le regret, le regret de ne rien avoir vu, le regret d’avoir perdu quelqu’un qui lui était cher et le regret de ne pas avoir réussi à lui montrer que les moldus ça n’était pas des personnes sans intérêt, qu’ils méritaient un peu de considération. Il essayait d’ignorer un maximum sa peine, elle était en vie, c’est tout ce qu’il comptait, il allait veiller à ce qu’il ne lui arrive rien et après… eh bien son destin ne lui appartiendrait plus vraiment. Lorsqu’il lui demanda de s’accrocher, elle le fit sans sourciller et franchement, il crut que c’était tout bon, ils pouvaient avancer jusqu’à chez lui. Ça c’était jusqu’à ce qu’elle ouvre la bouche, il se raidit d’instinct « Tu peux marcher, oh oui en titubant tous les trois pas, pour peu que des gens arrivent, le but c’est de mettre un maximum de distances entre eux et nous. » Il y avait un nous, il n’aurait jamais cru qu’il y aurait de nouveau un nous en parlant de Soledad et lui, très étrange. Elle le prenait pour un débile en plus, il poussa un soupir en l’entendant dire que ça allait aller, qu’elle ne voulait pas lui attirer plus d’ennuis et qu’elle allait appeler quelqu’un. « Non ça ne va pas aller, tu ne vas pas bien, je ne vais pas te laisser toute seule dans une ruelle pour que tu attendes des amis sorciers. Merde ! Tu m’as subi pendant des mois, c’est pas une soirée de plus qui va changer le cours de ta vie ! » Il ne fit pas la moindre remarque sur les ennuis, comme si elle en avait quelque chose à taper des ennuis qu’elle pouvait lui faire vivre. Ça ne l’avait pas fait sourciller avant aujourd’hui.

Elle voulait rentrer chez elle, il déglutit longuement alors déjà est ce qu’il savait où c’était chez elle ? Est-ce qu’elle ne lui avait pas caché où elle habitait durant tout ce temps, prenant grand soin de ne pas le laisser entrer dans sa véritable vie. Et même s’il savait où elle habitait, si elle lui avait montré sa vraie demeure, ce dont il doutait fortement, il y avait un petit problème « C’est pas plus près chez moi ? » Il avait un sens de l’orientation catastrophique, elle le savait, il le savait, il voulait bien faire un effort néanmoins « Si tu peux me guider jusqu’à chez toi, je veux bien te porter jusqu’à là-bas. » Est-ce qu’il y avait de quoi la soigner par contre ? Il n’en était pas sûr, en même temps, aller chez elle, il n’était pas sûr qu’il pourrait ressortir de là-bas en vie donc bon au point où il en était. En attendant qu’elle se décide, il commença à avancer, ne la lâchant pas, essayant au maximum de ne pas faire de secousses pour ne pas la faire souffrir inutilement. Il avait hâte de regarder à la lumière son état parce que dans la pénombre, ça n’était pas pratique et ce n‘est pas comme s’il avait le temps de faire un examen poussé.

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Soledad Velasquez
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Dim 12 Mar - 23:14




Il n'y a plus de rêves pour notre génération
Soledad ☽ ☾ Doryan ♥



C’était trop d’émotions d’un coup. Trop de bouleversements, d’évènements sur lesquels Soledad n’avait pas le moindre contrôle. Tout lui échappait et elle ne pouvait rien faire, dans sa tête comme dans la réalité tout allait bien trop vite et la percutait de tous les côtés sans qu’elle ait le temps de reprendre son souffle. D’une simple soirée entre amis, elle était passé à devoir se battre pour sa vie. Et à perdre. Alors bien sûr, elle était complètement paumée. Elle se faisait malmener, et pas seulement par les coups que lui avaient porté les deux moldus responsables de son agression, aussi par tout ce que cela faisait surgir en elle. Il y avait d’abord eu la méfiance, l’appréhension qui avait grignoté lentement son cœur quand elle s’était retrouvée face aux deux inconnus. Et puis la peur et la douleur quand la rage des moldus avait pris le dessus. Un instant elle s’était vue mourir ou se faire embarquer par le Blood Circle une fois qu’ils en auraient terminé avec elle, et ça aussi ça avait fait naître bien des émotions en elle. Lorsque Doryan avait débarqué, elle n’avait même pas eu le temps de réellement ressentir de l’espoir, tout était trop embrouillé, le danger bien trop présent. Entendre son agresseur appeler le Blood Circle avait été une véritable douche froide, pire encore que tous les coups qu’elle avait reçu. Parce que l’espace d’une seconde elle s’était vue enfermée dans une cellule, torturée pour des informations qu’elle n’avait pas, abattue juste parce qu’elle était née sorcière. Certains disaient que l’espoir était le plus fort des sentiments, elle n’était pas d’accord, elle trouvait la terreur bien plus efficace à tout balayer sur son passage. Car même maintenant, avec les deux moldus inconscients à terre, elle ne parvenait pas à s’abandonner à l’espoir et au soulagement. Elle était sauvée, mais à quel prix ? N’était-ce pas momentané ? Prématurer de réellement penser ainsi ? Elle refusait d’y croire si c’était pour sombrer plus profondément ensuite. Soledad avait déjà vu ses espoirs mourir de trop nombreuses fois et elle savait combien ça faisait mal. Elle ne voulait plus revivre ça.

Tout ce qu’elle ressentait, c’était de la confusion et de la douleur. Agrémenté d’une peur qui ne la lâchait plus, qui empoisonnait son cœur depuis qu’elle avait découvert que Doryan faisait partie du Blood Circle. De nombreuses fois elle s’était imaginé qu’il reviendrait, pas pour la reconquérir, mais pour terminer ce qu’il avait commencé dans l’ancien Witches Bazaar. De nombreuses fois elle s’était demandé s’il allait la trahir, si c’était lui qui mènerait le Blood Circle jusqu’à sa porte, si c’était lui qui presserait la détente ou planterait une seringue pleine de sérum anti-magie dans sa chaire. Il avait toutes les informations nécessaires, toutes les raisons du monde d’agir ainsi. Il n’aurait fait que son devoir après tout, la livrer au Blood Circle ne représentait sûrement pas grand-chose pour lui, juste obéir aux ordres. S’assurer que Londres était débarrassé d’une sorcière de plus. Ainsi il rendrait les rues plus sûres, les moldus plus sereins. Tout ça contre juste une vie, ce n’était pas cher payé. Mais les mois avaient défilé et rien ne s’était passé. Ce n’était pas pour autant que Soledad avait gagné en sérénité, loin de là, cette situation la rongeait de l’intérieur, l’empêchait de dormir, de se projeter ou de réellement raccommoder son cœur meurtris, mais ce n’était pas comme si elle avait le choix. Et voilà qu’après cinq mois qui avaient plus ressemblés à de la torture qu’à une période de deuil post-rupture, il débarquait de nulle part. Alors qu’elle s’imaginait qu’il serait celui qui la condamnerait, il venait à son secours. Il aurait dû être du côté des moldus, il aurait dû leur confirmer qu’elle était bien une sorcière, les laisser appeler les agents du Blood Circle pour qu’ils s’occupent d’elle. Mais il n’en avait rien fait. A la place, il l’avait aidé. Et c’était encore plus incompréhensible.

Ca aurait pu être simple, mais ce n’était pas le sentiment que Soledad avait. Il l’avait sauvé, ça aurait pu s’arrêter là, ça aurait suffi, mais ce n’était pas le cas. Parce que le soulagement n’était rien face à la douleur et à la peur. Et qu’en cet instant, se trouver dans les bras de Doryan était peut-être bien la pire chose qui pouvait arriver à la mexicaine. Elle ne pouvait pas gérer. Elle venait de faire face à trop de choses et sentir contre lui c’était tout simplement trop. Ca faisait remonter trop de souvenirs, de remords et de regrets. Ca lui rappelait tout ce qu’elle avait perdu, ce qui aurait pu être et que dorénavant elle ne connaitrait jamais. Et surtout, ça réveillait ses peurs, toutes celles qui la rongeaient constamment, qui la boufferaient entièrement si elle n’y prenait pas garde. Soledad vivait ainsi depuis ce soir-là, au Witches Bazaar et retrouver Doryan, encore plus dans ce contexte, n’était pas pour l’aider. Elle aurait pu tenter de faire la part des choses, de prendre un peu de recul pour essayer d’examiner la situation et d’en tirer des conclusions, mais c’était incroyablement difficile. Dans sa tête tout se mélangeait, ses pensées ne voulaient pas rester en place malgré tous les efforts qu’elle faisait, la douleur qui couvait sous son crâne et dans ses côtes n’était pas pour l’aider. Tout ce qu’elle savait c’était qu’elle ne pouvait pas rester dans les bras de Doryan, c’était trop difficile d’être si proches après tout ce qu’il s’était passé. Ca réveillait trop de choses et ça n’était jamais prudent. Elle voulait qu’il la repose, que cette proximité soit brisée, elle pouvait marcher, elle se forcerait à marcher si elle le devait et tant pis pour le reste, elle ne pouvait pas rester ainsi alors que son contact l’empêchait de respirer. Mais à peine avait-elle formulé sa demande qu’elle sentit Doryan se raidit contre elle. « Tu peux marcher, oh oui en titubant tous les trois pas, pour peu que des gens arrivent, le but c’est de mettre un maximum de distances entre eux et nous. » A ces mots, bien plus secs que tous ceux auxquels elle avait été habituée, Soledad se retrouva réduite au silence.

Doryan avait raison, elle était incapable de marcher, encore plus de quitter les lieux rapidement, ce qu’ils devaient pourtant faire avant que quelqu’un ne les surprenne. Mais c’était aussi ça le problème, il n’y avait pas à avoir un ils. Il y avait lui et elle. Doryan n’avait pas besoin de s’encombrer de sa présence, il l’avait aidé et ça suffisait. Il n’avait pas à continuer ainsi, rien ne l’y obligeait, il n’avait plus aucun engagement envers elle et Soledad ne voulait pas qu’il se retrouve encore dans des ennuis par sa faute. Surtout que cette fois-ci, il ne s’agirait pas de prendre quelques coups en se battant. Il pouvait être surpris en train d’aider une sorcière et elle se doutait que membre du Blood Circle ou pas, ça ne passerait pas. Elle pouvait se débrouiller, elle ignorait encore comment mais elle trouverait bien. Sauf qu’encore une fois, Doryan ne partageait pas son avis. « Non ça ne va pas aller, tu ne vas pas bien, je ne vais pas te laisser toute seule dans une ruelle pour que tu attendes des amis sorciers. Merde ! Tu m’as subi pendant des mois, c’est pas une soirée de plus qui va changer le cours de ta vie ! » La mexicaine accusa le coup, pinçant les lèvres pour tenter de ne rien laisser transparaitre. C’était la première fois qu’il lui parlait comme ça et ça lui cause un pincement douloureux au cœur. Encore une fois elle savait qu’il avait raison mais c’était loin de l’aider. Lui rappeler qu’en réalité, elle n’allait pas bien n’était pas ce dont elle avait besoin. Même si elle ne pouvait rien faire pour y échapper. Mais plutôt que d’admettre qu’il avait raison, elle choisit de rebondir sur un autre point. « Je ne t’ai jamais subi. » Marmonna-t-elle à mi-voix. Elle ne savait pas d’où il sortait ça, si c’était l’exaspération qui parlait ou s’il le pensait réellement, mais sur ce point-là, il avait tort. Sur toute la ligne.

Tout ça n’empêchait pas la mexicaine de n’avoir qu’une seule idée en tête : elle voulait rentrer chez elle. Elle voulait se trouver quelque part où elle se sentirait en sécurité, où elle pourrait reprendre son souffle sans avoir à se demander si le danger continuait de la guetter. Chez Doryan se serait impossible et elle le savait. Tant qu’il serait là, ce serait impossible, parce qu’elle ne pouvait s’ôter de la tête tous ces doutes qui la bouffaient. « C’est pas plus près chez moi ? » Soledad fronça les sourcils, elle s’était un peu attendue à ce qu’il la renvoie de nouveau dans les cordes, mais ce ne fut pas le cas. Elle réfléchit un instant, et réalisa surtout qu’elle avait du mal à aligner deux pensées correctes, alors se concentrer sur ça était plus compliqué que prévu. Son mal de crâne n’allait pas en s’arrangeant alors elle braqua ses prunelles sur ses mains jointes dans le cou de Doryan pour essayer d’ignorer le monde qui tournait autour d’elle. « Si. » Admit-elle à contrecœur après un instant de silence. Son appartement était bien plus loin, y aller à pied n’était pas vraiment une option, c’était pour cela qu’avant que les moldus ne lui tombent dessus, elle cherchait un endroit où elle pourrait transplaner discrètement. Cette option n’était plus envisageable désormais. « Si tu peux me guider jusqu’à chez toi, je veux bien te porter jusqu’à là-bas. » De nouveau, il fallut de longues secondes de réflexion à la mexicaine. Elle avait l’impression que quelque chose clochait dans la phrase du moldu mais elle avait du mal à mettre le doigt dessus. Il n’avait pas besoin qu’elle le guide, si son appartement n’était pas loin, alors il devait connaitre le chemin pour l’avoir fait de nombreuses fois. Soudainement ça la frappa, il parlait de son appartement comme s’il ignorait où se trouvait et quand elle comprit ça, elle sentit son cœur se serrer un peu plus. « Je vis toujours au même endroit. » Ce qui voulait dire que c’était loin et que si le transplanage effaçait toute distance, Doryan allait devoir marcher. Si en temps normal ça ne lui aurait certainement pas vraiment poser de problème, là il la portait et clairement, il ne pourrait pas la porter ainsi jusque-là. Peu importe combien de temps il passait à s’entrainer à la caserne, ce n’était juste pas faisable. Il ne voulait pas la laisser marcher, elle ne pouvait pas transplaner et savait que de toute façon vu son état ça aurait été trop dangereux de le faire, les options se réduisaient drastiquement. Et puis, il y avait le couvre-feu qui les pressait.

La mort dans l’âme, Soledad comprit qu’elle n’avait pas vraiment le choix. Ils ne pouvaient pas se permettre de rester dans la rue beaucoup plus longtemps. Si un membre du Blood Circle patrouillait par-là et leur tombait dessus, ce serait encore pire. « Très bien… Tu peux m’amener chez toi. » Concéda-t-elle finalement, consciente qu’elle n’avait pas d’autre option. Elle s’efforça de repousser l’appréhension qui la prit à la gorge au moment où elle prononça ses mots. Elle s’interdit de se demander si elle ne venait pas de signer son arrêt de mort, si elle allait pouvoir ressortir de chez Doryan vivante et surtout libre de ses mouvements. Il l’avait aidé, certes, mais parfois les gens faisaient des choses incompréhensibles et rien n’empêchait Doryan de changer d’avis. C’était lui qui avait les cartes en main. Alors que le moldu avançait, Soledad dû fermer les yeux pour cesser de voir les bâtiments tanguer devant elle, elle grimaçait chaque fois que ses côtes protestaient mais s’efforça de ne pas émettre de bruit. « Mais je ne resterai pas. Dès que ça ira mieux, je partirai. Je trouverai un endroit sans balises et… Je me débrouillerai. » Reprit-elle finalement. Oui, elle tournait en boucle sur cette idée mais c’était à peu près tout ce sur quoi elle parvenait à se concentrer. Elle voulait être en sécurité, elle ne se sentait plus nulle part en sécurité et même si c’était douloureux de l’admettre, ce ne serait pas plus le cas chez Doryan. Elle n’avait pas de plan, mais ça c’était son problème à elle, une fois son mal de crâne calmé elle serait à nouveau en état de réfléchir. Soledad prit une profonde inspiration avant d’ajouter. « Je suis sérieuse, Doryan, tu en as assez fait. Je peux pas… Je peux pas t’en demander plus. » Elle était consciente qu’elle lui avait fait du mal, mais elle voulait que ça s’arrête là. Elle avait pris de mauvaises décisions mais jamais elle n’avait voulu lui faire du mal sciemment, et ça ne commencerait pas aujourd’hui. Lorsque Doryan ralentis, Soledad réalisa qu’ils étaient arrivés. Un instant elle fixa cette porte qu’elle avant franchis un nombre incalculable de fois avec le cœur léger. Cette fois ce serait différent. « Tu peux me poser, je ne vais pas tomber. » Elle n’en était pas aussi sûre qu’elle tentait de le faire croire, mais de toute façon, il fallait bien qu’il ouvre sa porte.

CODAGE PAR AMATIS




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So it goes
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Doryan Rosebury
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Mer 15 Mar - 21:39
Il n'y a plus de rêves pour notre génération
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Pourquoi fallait-il qu’elle complique tout ? Il ne faisait rien de mal, il essayait de la tirer des ennuis et elle le traitait comme un paria. Alors d’accord, il n’était pas un sorcier, il n’avait pas la capacité de lancer des sortilèges pour tuer des moldus qui s’en prenaient à elle et même si ça avait été le cas, il ne passerait pas son temps à buter tout le monde. Il n’empêche qu’il était intervenu et qu’il voulait bien la porter jusqu’à chez lui pour vérifier que tout allait bien mais madame prétendait pouvoir marcher. C’était peut-être pas le moment de la ramener, il n’était pas disposé à faire preuve de patience, non il ne la poserait pas, si c’était pour qu’ils se fassent tirer dessus parce qu’elle était trop fière pour accepter de l’aide d’un type sans magie, ce serait pitoyable. Elle allait prendre sur elle et tout irait bien dans le meilleur des mondes, il fallait être logique, le but c’était de vivre, tout le monde voulait vivre. Il faut croire qu’il avait sous-estimé le mépris qu’avait Soledad pour sa personne. Ça ne passait pas du tout du côté de Doryan. Elle préférait se mettre en danger, qu’il la laisse comme une merde agoniser sur le bas-côté plutôt que d’accepter la main tendue. Il l’envoya bouler, elle avait bien été capable de passer des soirées avec lui, des nuits avec lui, de répondre à ses appels, elle pouvait faire un tout petit effort. Sa réponse l’agaça profondément, elle n’avait jamais subi, bah alors qu’elle la boucle et qu’elle le laisse faire ce qu’il lui semblait juste plutôt que d’être en désaccord avec lui et de préférer risquer sa vie en attendant des sorciers, plutôt que de se dire que le type avec qui elle était sortie, pouvait lui être utile. De toute façon, il n’argumenterait pas, qu’elle prenne sur elle, c’était lui qui décidait et si elle était pas contente, eh bien elle pouvait utiliser sa magie contre lui, ce n’est pas comme si ça lui posait le moindre problème moral de le trahir de toute façon.

En revanche, signe de sa grande crétinerie, il voulait bien la ramener chez elle. Sa notion des distances étant toujours aussi bonne, il avait l’impression qu’il habitait moins loin mais peut être qu’il se plantait totalement… ou alors, et c’était tout à  fait possible, elle ne l’avait jamais ramené chez elle. Cette simple idée le déroutant, mais si c’était pas très loin et qu’elle préférait qu’il l’emmène là-bas, il voulait bien, il faudrait juste lui expliquer qu’il ne resterait pas en bas, qu’il monterait avec elle et tant pis si ça ne lui allait pas. Après tout, il allait là porter pendant des dizaines de mètres, elle pouvait faire preuve d’un peu d’hospitalité, lui était bien près à la laisser rentrer chez lui. Ah, il semblerait qu’il se soit un peu planté, elle vivait toujours au même endroit. Non mais au même endroit, ça voulait dire que c’était à perpette les canards non ? Elle ne songeait pas véritablement à le tuer à la tâche si ? Elle se rendait compte que c’était loin et qu’elle pesait pas cinq kilos ? Il voulait bien faire des efforts mais là elle lui en demandait beaucoup. Alors qu’il cherchait comment lui dire gentiment que si ça n’était pas trop lui demander, il préférerait quand même faire une pause chez lui, surtout qu’il ne pouvait pas lui dire on prend la voiture… déjà parce qu’il l’avait pas mais aussi parce que la discrétion ce serait zéro en plein couvre feu.

Il eut un petit rire, nerveux, en l’entendant dire qu’elle daignait être ramené chez lui. Fiou, quel honneur elle lui faisait. Pour un peu il lui ferait une révérence. Il commença à avancer sans rien dire néanmoins, se contentant de jouer le rôle du porteur, le tout en essayant vraiment de ne pas lui faire mal, ça n’était pas parfait et il avait bien conscience que ça n’était pas l’idéal pour elle. Une fois encore, elle décida de se montrer insultante, elle ne resterait pas, il se crispa parce qu’elle croyait quoi ? Il ne voulait pas passer la nuit avec non plus. Il ne cherchait rien à obtenir de sa part. Il ne répondit rien, jugeant que ça n’était pas nécessaire et que s’il se taisait, elle n’aurait pas à cœur d’avoir le dernier mot. C’était bien mal connaître Soledad, en même temps, il ne la connaissait pas du tout, il ne savait pas qui était cette fille qu’il tenait dans ses bras donc bon, qu’elle le cherche n’avait rien d’étonnant. « Oui bah ça va, j’ai compris, pas besoin de me le dire trente six fois, tu ne veux pas rester, tu ne peux pas rester, tu partiras dès que tu pourras. » Il était tendu comme pas permis et elle n’arrangeait rien « Tu partiras quand je serais sûr que tu es en forme et oublie l’idée de me baratiner en disant tout va bien. J’ai beau avoir été la personne la plus crédule au monde, une fois pas deux. Si t’es pas contente, tu utilises ta baguette et on en parle plus. » Comme ça il arrêterait de vivre dans la crainte sans arrêt.

Lorsqu’ils arrivèrent devant chez lui, il chercha comment récupérer ses clés sans faire souffrir Sol, sans la poser, est ce qu’il devait lui demander de fouiller dans ses poches, ça serait le plus pratique et c’est pas comme s’il avait des choses à lui cacher. Elle vient à son secours en lui disant qu’il pouvait la poser, qu’elle ne tomberait pas, il hocha la tête avant de la déposer, le temps de chercher ses clés, tout en lui tenant l’épaule de son autre main pour éviter qu’elle se fracasse, vraiment pas serein quant au fait qu’elle ne tombe pas. Une fois qu’elle eut ouvert la porte du bas, il lui tendit les clés « Garde les dans ta main, ce sera plus simple. » Il la reprit dans ses bras, ça n’était même pas la peine de rêver, il ne lui ferait jamais monter les escaliers à pieds. D’ailleurs, ce fut une catastrophe, ah c’est bien la peine de s’entraîner tous les jours, là, il devait reconnaître que ses muscles protestaient, la marche, plus les escaliers, sans oublier quelques coups par ci par là, Doryan n’était clairement pas le plus en forme. Une fois sur le palier, il récupéra les clés que Soledad tenait, ouvrit la porte, alluma la lumière et prit le temps de la porter jusqu’au canapé avant de la poser. Une fois ceci fait, il retira ses chaussures et ferma la porte d’entrée avant de souffler un grand coup. Ils avaient réussi, ils avaient réussi à revenir sans encombre jusqu’ici. Il se tourna vers Soledad, n’oubliant pas qu’il devait vérifier son état. Le fait de la voir dans son canapé fit battre son cœur bien plus rapidement. Durant tous ces mois, il s’était efforcé de faire comme si rien n’avait existé, de faire comme si ça n’avait pas compté, comme s’il n’était pas affecté. La vérité le prit à la gorge et ça faisait mal, il avait fait ses devoirs depuis leur dernière rencontre, il avait étudié les potions d’attirances, trouvant d’ailleurs que l’effet durait beaucoup trop, signe de la grande puissance de cette fille et de la méconnaissance des gens sans magie à ce sujet sans qu’il n’ose le faire remarquer, pas tellement envie d’être un cobaye ou même d’avouer qu’il avait été manipulé comme un bleu. Il avait étudié les sorts pour provoquer la folie, la mort ou faire tout oublier. Est-ce que les sorciers pouvaient se lancer des sortilèges à eux même, est ce qu’elle faisait ça régulièrement ? Parce qu’il avait vraiment eu l’impression qu’elle s’amusait à ses côtés, ou alors il était aveugle à tous les signes. Toutes les recherches qu’il avait faites, il ne chercha pas spécialement à les récupérer, elles étaient sur la petite table de salon. En revanche, il y avait autre chose qu’il vint récupérer, c’était les différentes adresses des appartements qu’il avait visité récemment, s’il pouvait éviter de se mettre un peu plus dans la merde, ce serait très bien. Sans adresser un mot à Soledad, il partit en direction de la salle de bain, récupéra différentes compresses, produits désinfectants, cachets pour la douleur et pour les coups, fit un arrêt dans sa chambre pour récupérer deux plaids et revint jusqu’au canapé. Là, les règles de bonnes conduites s’imposèrent à lui et il proposa « Est-ce que tu veux  boire un verre d’eau ? » Bon, il pouvait lui proposer de l’alcool mais alors là, ce serait le risque qu’elle pense qu’il cherchait à abuser d’elle. « Il va falloir que tu te déshabilles Soledad. Je veux vérifier s’il n’y a rien de cassé. » bon et ses habits étaient tout tachés, de la crasse du sol de la ruelle, de son sang, bref il ne pouvait pas la laisser comme ça. Il irait voir après, il devait bien avoir un pyjama à elle qui traînait quelque part… il faudrait juste qu’il remette la main dessus.

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Soledad Velasquez
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Lumos
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Sam 18 Mar - 18:39




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Soledad ☽ ☾ Doryan ♥



C’était quand même particulièrement déroutant, comment une relation pouvait être détruite en une poignée de secondes seulement. Comment on pouvait passer des éclats de rire aux larmes, de la confiance aveugle à la peur la plus totale. Le changement n’était plus seulement vif, il était violent, la séparation n’avait pas été juste nette, elle avait été brutale. Des ruptures, Soledad en avait connu. Elle avait connu la perte, les regrets et le chagrin, mais rien n’avait été aussi violent que ça, et encore plus car pas un seul instant elle ne s’y était attendue. Ce n’était pas sa première rupture, mais elle savait que ce serait celle qui la marquerait le plus. Elle ne s’était pas simplement séparée de Doryan, en fait il n’y avait même pas eu de rupture au sens propre du terme, ça avait été bien pire que ça. Tout avait été pulvérisé en moins d’une seconde. Sans mots, ni éclats, juste un contact qui avait tout changé. Tout fait voler en éclats. En un instant, si bref, tout avait explosé sous ses yeux. Tout ce qu’elle pensait savoir sur Doryan, sur eux, sur l’avenir, tout avait été remis en question. Mais aucune réponse n’avait été apportée, car il n’y en avait pas. Il n’y avait plus que du vide et du silence, seulement emplis par la peur qui la rongeait depuis ce soir-là. Par les doutes concernant le futur, par l’appréhension d’apprendre ce qui pouvait l’attendre dès le lendemain. Mais il n’y avait rien eux, et quelque part ça avait été encore pire. Parce que pendant près de huit mois, Soledad avait été heureuse aux côtés de Doryan, tout simplement, il l’avait fait rire et frissonner, râler et sourire, il lui avait rempli la tête de souvenirs et de bons moments. De tant de choses dont elle refusait aujourd’hui de se rappeler car ça la faisait trop souffrir, alors qui bien sûr ne cessaient de lui envahir la tête dès qu’elle baissait la garde et qui ne manquaient jamais de lui couper le souffle. Tout ça c’était fini, remplacé par un vide qui ne pourrait jamais être comblé, une blessure qui ne pourrait jamais totalement se refermer.

On aurait pu croire que retrouver les bras de Doryan aurait pu aider à combler ce vide, à refermer cette blessure, ne serait-ce qu’un peu, ne serait-ce qu’un instant. Que ça lui aurait au moins laissé un instant pour souffler après tous ces mois passés en apnée. Mais pas du tout. Ce n’était pas l’effet que cela faisait à Soledad, en fait c’était tout l’inverse. Elle se retrouvait dans les bras de Doryan et soudainement, elle ne parvenait plus à respirer. Elle ne savait plus réfléchir correctement. Elle était assaillie par les souvenirs et les sensations qu’elle avait tenté d’oublier pendant des mois, par tout ce qu’elle avait réprimé de son mieux, mais apparemment pas avec assez de force. Et c’était douloureux, peut-être encore plus que les blessures qui lui avaient été causées par les deux moldus. Parce qu’il n’y avait pas de réparation, ce n’était pas un signe que tout irait mieux entre eux, qu’ils se retrouveraient. Bien au contraire. Ca n’effaçait rien, Soledad n’oubliait rien. La peur qu’elle avait ressentie en comprenait qu’il faisait partie du Blood Circle était encore là, la terreur qui l’avait envahi quand il avait pointé son arme sur elle la réveillait encore la nuit. Il l’avait aidé, et il le faisait encore, mais ça ne changeait rien. Tout ce que ça faisait, c’était la faire souffrir un peu plus et lui rappeler que plus rien ne serait pareil. C'était aussi pour ça que l'idée de se rendre chez lui était autant impensable, parce que ce serait trop dur de se trouver dans ce lieu chargé de souvenirs tout en sachant que tout était désormais empoisonné par la crainte. Si elle entrait chez Doryan, Soledad ignorait comment elle en ressortirait, si ce serait vivante et libre ou condamnée et prisonnière du Blood Circle. Ou même si elle en ressortirait tout court.

Mais elle n'avait pas le choix. Ou du moins, le choix Doryan refusait de le lui laisser. Il ne voulait pas la poser ou même la laisser se débrouiller même si elle lui avait affirmé que ça irait -ce qui était certainement un mensonge, mais bon- et chez elle était bien plus loin et il lui serait impossible de s'y rendre s'il s'obstinait à vouloir la porter. Soledad n'eut pas besoin d'un long temps de réflexion pour comprendre qu'elle se trouvait au pied d'un mur, de toute façon elle ne se sentait ni en état de réfléchir d'avantage, ni d'argumenter contre Doryan. Il y avait trop d'élément contre elle, du moldu qui s'opposait à chacune de ses volontés au couvre-feu qui les menaçait, elle n'avait pas la force d'insister plus et savait que de toute façon sa voix ne serait pas entendue. A contre-cœur, la mexicaine se résigna à ce qu'il l'emmène chez elle. Le rire que sa déclaration provoqua chez le pompier ne fut pas pour apaiser son mal-être mais elle garda le silence. Il ne comprenait pas, mais elle non plus, elle ne comprenait pas plus. Il n'avait aucune raison de faire ça, de s'embêter avec elle, de prendre des risques pour elle. Ne la considérait-il pas comme un danger ? Comme l'ennemie à abattre ? Quelques mois plus tôt, il avait pointé une arme sur elle et ce soir il venait de la sauver. Ca n'avait aucun sens. Peut-être qu'il n'avait pas pu se résoudre à la laisser se faire tuer en pleine rue mais rien ne l'obligeait à continuer de s'occuper d'elle, sauf que ça il ne semblait pas non plus vouloir l'entendre. Malgré tout, Soledad continua sur sa lancée, elle était vaguement consciente qu'elle se répétait mais il lui était difficile de se concentrer sur autre chose quand la crainte lui rongeait un peu plus le cœur à chaque pas que faisait le moldu. « Oui bah ça va, j’ai compris, pas besoin de me le dire trente six fois, tu ne veux pas rester, tu ne peux pas rester, tu partiras dès que tu pourras. » La mexicaine retrouva le silence, un poids pesant de nouveau sur sa poitrine. Elle aurait pu se demander comment ils en étaient arrivés là, à avoir un échange qu'ils n'auraient jamais eu avant, à employer des tons qui ne leur seraient jamais venu avant, mais elle le savait parfaitement. « Tu partiras quand je serais sûr que tu es en forme et oublie l’idée de me baratiner en disant tout va bien. J’ai beau avoir été la personne la plus crédule au monde, une fois pas deux. Si t’es pas contente, tu utilises ta baguette et on en parle plus. » Soledad étouffa une expression douloureuse contre ses lèvres pincées. Plus que son ton, ses mots lui faisaient mal. Il n'avait pas besoin de lui dire plus clairement ce qu'il avait en tête pour lui faire du mal, elle voyait bien l'image qu'il avait d'elle. Elle ne pouvait même pas lui en vouloir, car l'inverse était également vrai. « Je ne ferai jamais ça… »  murmura-t-elle tout de même. C'était inutile, comme tout ce qu'elle pouvait dire ce soir, mais elle avait besoin de se défendre.

Le seul moment où Doryan accepta de l'écouter fut quand ils se trouvèrent en bas de son immeuble. De nouveau Soledad demanda à ce qu'il la pose mais cette fois-ci elle ne tenta pas d'argumenter qu'elle pouvait et comptait marcher seule, elle avait retenu la leçon et n'avait aucune envie d'entendre de nouveau le ton mordant du moldu. Elle retint un soupir de soulagement en le voyant hocher la tête. Une fois les pieds au sol, elle réalisa rapidement que s'appuyer contre le mur le plus proche était une bonne idée. Doryan garda une main sur son épaule et elle se demandait vaguement si c'était pour l'empêcher de tomber, ou de se barrer. De toute façon, le monde continuait de tourner autour d'elle, signe que toute tentative de fuite était impossible. « Garde les dans ta main, ce sera plus simple. » Sans un mot, Soledad tendit la main pour récupérer les clés. Alors que Doryan la prenait de nouveau dans ses bras pour la porter, elle fut envahie par toute une foule de sentiments. Aucun particulièrement agréable. La gêne de se trouver si proche, l'humiliation de ne pas pouvoir se déplacer par elle-même et la peur d'être littéralement portée à l'abattoir. Sans oublier la douleur de ses blessures qui ne cessait de se rappeler à elle. Au moment où Doryan lui fit franchir la porte de son appartement, un profond sentiment de panique s'empara de Soledad, elle dû prendre sur elle pour ne pas protester, pour ne pas demander -supplier- de pouvoir juste aller chez elle et tenter de mettre toute cette soirée derrière elle. Elle n'allait peut-être pas bien, mais ce n'était pas sa principale préoccupation. En cet instant, elle craignait plus que tout d'être en train de faire une terrible erreur, d'avoir pris la pire des décisions. De celles qui étaient fatales.

Quand la porte de l’appartement de Doryan se referma derrière eux, Soledad fut loin de ressentir le moindre soulagement. Ils n’avaient pas été pris, ils n’avaient pas été vus, mais en cet instant, ce n’était pas ce que la mexicaine craignait le plus. Soudainement, elle se retrouvait sur ce canapé dans lequel elle s’était installée tant de fois, dans ce lieu où elle avait passé tant de temps. Les prunelles fixées sur la porte, elle tentait de ne pas se laisser submerger par les souvenirs et les regrets, une tâche impossible, alors à la place elle se concentra sur la douleur qui grandissait sous son crâne, sur ses côtes qui protestaient à chaque mouvement, lui arrachant des grimaces. Tout était mieux que de se rappeler ce qu’elle avait perdu. Mais dans cet appartement c’était impossible alors au lieu de se sentir en sécurité, elle avait le sentiment de se tenir au bord d’une falaise et qu’un rien la ferait chuter. Et surtout, qu’il n’y aurait rien pour la rattraper. Dans un silence affreusement lourd, elle vit du coin de l’œil Doryan récupérer des papiers sur sa table basse avant de s’éloigner dans les autres pièces. Soledad gardait son regard figé sur la porte, comme si ça pouvait changer quoi que ce soit. Comme si quelqu’un allait la franchir pour venir la sortir de là. Mais non, elle le savait, si quelqu’un devait franchir cette porte, elle devait s’attendre à ce que ce soient des agents du Blood Circle prévenu par Doryan. Elle eut beau tendre l’oreille, elle n’entendit pas d’éclat de voix dans les autres pièces, signe que le pompier ne passait pas d’appel, mais ce n’était pas nécessaire, un sms pouvait suffire. Ou alors juste lancer une alerte depuis la nouvelle application anti-sorciers lancée par l’organisation. Tout était possible.

Lorsque Doryan revint dans la pièce, Soledad s’arracha à la contemplation de la porte pour porter ses prunelles sur lui. Elle nota qu’il avait dans les mains de quoi la soigner. C’était toujours mieux qu’une arme. « Est-ce que tu veux boire un verre d’eau ? » Soledad vit les plaids mais ne fit pas le moindre geste pour s’en saisir. Non seulement elle ne voulait surtout pas s’installer, elle n’était pas là en visite de courtoisie, elle n’était pas là parce que ça sa relation avec Doryan renaissait de ses cendres, mais aussi parce qu’elle n’avait pas froid. Si ses mains tremblaient, ce n’était pas à cause de ça. « S’il-te-plait. » Acquiesça-t-elle à mi-voix, elle ignorait si elle pourrait avaler quoi que ce soit, mais elle avait la gorge terriblement sèche. C’était bien ce qu’elle avait craint, c’était aussi dur qu’elle l’avait imaginé, de se trouver là avec lui, dans ce contexte qui n’avait plus rien à voir. Avec cette froideur et cette peur. « Il va falloir que tu te déshabilles Soledad. Je veux vérifier s’il n’y a rien de cassé. » La mexicaine cligna des yeux, incrédule. Il avait dit quoi ? Elle devait faire erreur, elle devait avoir pris trop de coups à la tête et mélanger tout ce qu’il disait. Mais non, Doryan avait l’air parfaitement sérieux. Un instant, elle resta sans voix. Pourtant même si ce n’était pas une question, elle connaissait la réponse qu’elle devait lui donner. La seule acceptable. « Quoi ? Non, ce… Ce n’est pas nécessaire. » Certes, il l’avait déjà vu nue un nombre incalculable de fois, mais les choses n’étaient plus les mêmes et Soledad ne pouvait pas accepter cette idée. Elle se sentait déjà bien assez vulnérable comme ça, elle n’avait pas l’intention d’empirer les choses. En plus, ôter ses vêtements serait inutile. Sentant que Doryan allait encore prendre la mouche face à son refus, elle s’efforça de rassembler ses pensées pour enchainer. « J’ai… j’ai une côte cassée. Ou plusieurs, je ne sais pas trop. » Même si elle n’était pas médecin, elle n’avait aucun doute sur ce point, elle avait senti le craquement au moment où le moldu l’avait frappé. Puisqu’elle parvenait à respirer correctement, c’était que ses poumons n’avaient rien, ce qui était une nette amélioration par rapport à la dernière fois où elle avait été blessée. Pour prouver qu’elle acceptait de faire preuve d’un minimum de bonne volonté, Soledad souleva son t-shirt pour montrer ses côtes et son ventre. Sa peau était rougie et il ne faisait aucun doute que les traces allaient bientôt arborer d’autres couleurs plus foncées. « Et j’ai mal à la main, mais c’est peut-être juste le coup… Je crois pas que ça soit cassé. » Elle baissa les yeux sur sa main droite dont elle bougea les doigts pour montrer qu’elle pouvait encore les mouvoir. Quant à sa pommette, le coup qu’elle avait reçu y était visible. Si elle était blessée ailleurs, alors ça ne devait pas être bien grave.

Soledad fit une pause pour rassembler ses pensées. Elle soupira, depuis quand réfléchir était devenu aussi compliqué ? Elle ne savait pas bien si c’était à cause des coups qu’elle avait reçus ou à cause de la présence de Doryan. Et de sa présence à elle dans son appartement. Finalement, elle posa ses coudes sur ses genoux et prit sa tête entre ses mains. « J’ai surtout mal au crâne. C’est… C’est partout. » Et c’était de plus en plus fort, la douleur venait par vague et prenait peu à peu toute la place. Elle avait du mal à se concentrer et son équilibre était instable. Même assise, Soledad avait l’impression que le monde tanguait sous elle. Peut-être parce qu’elle sentait que tout lui échappait une nouvelle fois, ou alors c’était à cause du sang qu’elle avait senti dans ses cheveux un peu plus tôt. Elle prit une inspiration un peu sifflante, dans sa volonté de ne pas poser son regard sur Doryan, elle s’attarda sur les papiers abandonnés sur la table basse. Machinalement, elle en lu les mots visibles depuis là où elle était. Soledad sentit sa gorge se serrer, il était questions de potion d’attirance, d’amortentia, de mélanges capables de faire perdre la tête, de ressentir des émotions qui n’existaient pas. Elle aurait voulu garder un silence buté, comme lui savait si bien le faire, mais elle en était incapable. Elle releva la tête pour contempler Doryan d’un regard incertain. « Tu crois vraiment que tout ça c’était que du faux ? » Demanda-t-elle d’une voix blanche. Il n’était pas difficile de comprendre ce qu’il cherchait à savoir. Il voulait savoir si leur relation avait été réelle. Si eux deux ça avait été vrai ou non. Qu’il remette ça en doute fit mal à la mexicaine. « Que j’aurais pu faire ça ? » Mais après tout puisqu'elle pensait qu'il était réellement capable de lui mettre une balle dans la tête, ce n'était sûrement que justice.

CODAGE PAR AMATIS




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So it goes
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Doryan Rosebury
Doryan Rosebury
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Lumos
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Lun 20 Mar - 21:38
Il n'y a plus de rêves pour notre génération
ft. mon ex la sorcière
Pour la première fois depuis des mois, Doryan faisait rentrer quelqu’un chez lui. Lui qui s’était efforcé d’éloigner tout le monde de cette demeure, de préférer aller chez les autres pour ne pas avoir à rester ici, pour ne mettre en danger personne, c’était finalement la personne qu’il craignait le plus au monde qu’il faisait rentrer chez lui. En même temps, c’était elle qui pouvait le réduire en cendre, elle avait déjà réussi à faire voler sa vie en éclat et à le faire se méfier de chaque personne à qui il parlait. Pourtant, il n’était vraiment pas parano à la base mais quand tout ce en quoi on croit se révèle être un mensonge bien ficelé, comment ne pas douter de tout le monde ? Pour commencer à se sortir de cette spirale infernale et pour pouvoir respirer lorsqu’il rentrerait chez lui, il fallait qu’il parte. Il voulait pouvoir rentrer chez lui et ne pas craindre qu’en fermant la porte, tout explose. Il voulait pouvoir dire de nouveau aux gens, je ne peux pas venir direct en soirée, j’ai un chien à promener. Il voulait sa vie d’avant, lorsque Soledad n’était rien de plus qu’une vendeuse sans importance. Difficile de mettre en place cette envie lorsqu’au lieu de se couper d’elle, il la ramenait chez lui. Pourtant, elle lui avait demandé de le laisser, l’humanité dans son ensemble – pour peu qu’elle soit pourvue de magie bien sûr – valait mieux que Doryan. Bien sûr qu’il le savait avant ce soir, il l’avait compris lorsqu’il était tombé sur ses papiers. Il n’empêche que la confirmation faisait mal, il l’aidait et elle ne semblait même pas en avoir conscience. Il savait que chacune de ses actions ne servait à rien, ils étaient restés ensemble pendant des mois et ça n’avait pas compté dans la balance. Il ne pouvait juste pas s’empêcher d’agir ainsi, même si ça n’avait aucune utilité, il aurait la conscience tranquille.  

Tandis qu’il posait les différents éléments qu’il avait attrapé dans la chambre et la salle de bain, il lui demanda si elle voulait de l’eau et à sa réponse positive, il fila dans la cuisine pour récupérer un verre et une bouteille d’eau. Il remplit le verre et but une gorgée d’eau une fois devant elle pour lui prouver qu’il n’était pas empoisonné, qu’elle pouvait boire en toute quiétude, il n’était pas ce genre de personne. Il fallait qu’elle se déshabille pour qu’il puisse voir les dégâts provoqués par les deux personnes dans la ruelle et qu’elle se change, au passage. Il se crispa en l’entendant refuser, ça n’était pas nécessaire. Elle s’attendait à quoi au juste, à ce qu’il se jette sur elle sous prétexte qu’il la voyait nue ? En plus, elle parlait d’avoir une côte cassée et elle ne voulait pas qu’il regarde ? « C’est quand même fou de préférer souffrir plutôt que de me laisser regarder. » C’était vraiment à se demander comment elle avait fait tous ces mois, il rappela puisqu’elle avait la mémoire très courte « Tu sais, ton corps je l’ai déjà vu nu, il n’y a rien que je connaisse pas sous tes vêtements. Arrête de te croire irrésistible et penser que je vais te sauter dessus. » Il insista pour qu’elle prenne bien conscience de ce qu’avait été leur relation « Je n’ai jamais abusé de toi, à chaque fois tu étais consentante. » Alors que tout d’un coup, elle fasse comme s’il était ce genre de personnes, comme s’il avait des arrières pensées négatives. Il rajouta froidement après l’avoir entendu parler de sa main « J’ignorais que tu avais des compétences en médecine. C’est fou le nombre de choses que j’ignorais sur toi. » Ce n’était même pas du sarcasme, si seulement ça en avait été. Là, il se sentait juste exclu de sa vie et il ne comprenait pas en quoi le fait qu’il ne possède pas la moindre once de magie, était si problématique. Les sorciers avaient vraiment un problème et si encore ils voulaient juste les tuer, d’accord, mais pourquoi agir comme elle le faisait. Il la regardait juste, ne faisait pas le moindre mouvement vers elle, signe qu’il savait très bien se comporter et qu’il était loin, d’être un profiteur. Sa faiblesse ne le rendait pas plus heureux dans la vie, bien au contraire. Il se sentait impuissant face à sa douleur, voulant agir mais ne sachant pas comment le faire.

Elle avait mal au crâne. Ça pouvait vouloir dire tellement de choses et ce n’est pas pour la précision qu’elle donnait que ça aidait Doryan. Il réfléchissait à ce qu’il pouvait ou non lui donner et ce qu’il pouvait ou non faire. Il ne pouvait pas la toucher, c’était certainement la chose la plus difficile, il entendait sa respiration sifflante et il ne pouvait même pas essayer de faire son métier, elle le lui refusait. Il ne la quittait pas du regard, tentant en la regardant, juste en la regardant de déterminer ce qu’elle avait, quelle poisse qu’il ne soit pas médecin. Lorsqu’elle posa le regard sur lui, ce fut pour poser des questions sur leur passé commun. Pas une seule fois, elle ne l’avait regardé, il prit conscience de cela en croisant son regard. Le seul moment où elle le regardait c’était pour lui poser une question qui lui ferait de la peine, forcément. Il devait y avoir quelque chose d’agréable à voir la douleur passer dans le regard de Doryan, un peu comme la dernière fois où plutôt que de lui dire les choses, elle l’avait laissé fouiner et s’était contenter d’assister à ce monde qui s’écroulait pour Doryan de la plus violente des façons. Il mit quelques instants à se ressaisir, abasourdi par son culot. « Bien sûr que tu es capable de ça. Je ne sais même pas qui tu es et c’est pas parce que je me suis pas intéressé à toi, c’est pas parce que je n’ai pas cherché à faire partie de ta vie. C’est parce que tu l’as décidé ainsi. Tu as décidé que sous prétexte que moi quand j’agite un bout de bois il ne se passe rien que tu avais le droit de me prendre pour un con. » Le fait de naturellement serrer le poing fit naître une sacrée douleur dans sa main et il se souvint qu’ils n’étaient pas là pour parler de la façon dont Doryan avait vécu et vivait toujours cette cassure. Il se dirigea donc vers la cuisine pour récupérer les fameux aliments congelés. Dans le congélateur, il y avait qu'un sachet de légumes. Ah, voilà qui compliquait les choses. Il se voyait très mal sonner chez ses voisins avec la tronche qu'il devait avoir, autant parce que physiquement ça n'allait pas qu'avec les yeux remplis d'une peur qui ne voulait pas partir, la peur de mourir. Cette peur qu'il essayait d'oublier ce soir. Il inspira profondément afin de remettre de l'ordre dans ses pensées, de calmer les battements de son cœur. La peur n'évite pas le danger. Il prit le temps de récupérer un torchon qu'il mouilla, c'était moins utile qu'un sachet sortant du congélateur mais il passait trop peu de temps ici depuis quelques mois pour que son congélateur ou même son frigo soit rempli. Une fois le linge mouillé prêt, il s'empara du sachet de chou-fleur pour revenir vers Soledad « J'ai trouvé ça pour ta main. » Il lui tendit le sachet de chou-fleur  « Il y avait que ça. » Il fut tenté de lui dire que comme elle ne le croirait pas, elle pouvait aller vérifier par elle-même mais comme il ne  voulait pas qu'elle bouge, il fit comme si elle ne douterait pas de ses propos et ne dit rien. A la place, il la regarda de longues secondes, essayant de deviner ce qu'elle pouvait bien ressentir en cet instant, avant de lui proposer « Tu devrais peut-être t'allonger et mettre le torchon mouillé sur ton front? » Oui, elle serait certainement plus vulnérable, il en avait conscience, il était tenté de lui dire qu'il n'était pas un monstre mais il parlerait dans le vent, il se contenta donc de s'accroupir pour se mettre non loin d'elle, dégageant au passage son sac un peu plus loin, façon un peu crétine de d’éloigner le danger, il gagnait quelques précieuses secondes.
 
S’il y avait eu une coupure durant laquelle il était allé chercher du froid pour Soledad, il pouvait reprendre là où il en était, ouvrant et refermant ses doigts en même temps qu’il parlait, purée il avait tapé si fort que ça ? « Par tout ça? Tu veux dire notre couple ? Oui je pense que notre couple était bidon et que j'ai fait confiance à la mauvaise personne. » Puisqu'elle avait l'air de vouloir tout savoir, il compléta sa réponse à la question précédente sur est ce qu'elle en était capable « Tu as eu accès à tous mes verres depuis des mois. Tu buvais dedans la plupart du temps. Tu savais que je chercherais à te faire le même coup, facile de m'avoir dans ces cas-là. » De toute façon, il avait été facile de l'avoir sur tous les plans parce qu'il tenait à elle, réellement, assez pour ne pas se précipiter et chercher à concrétiser par tous les moyens avec elle. Plus que son corps - même si ça n'enlevait rien au fait qu'elle avait un corps de folie - , c'était son caractère, sa personnalité, qu'il avait apprécié et savoir que ça n'était que du vent, qu'il regrettait une fille qui n'existait que pour le faire plonger, c'était déstabilisant. La seule chose qu'il ne comprenait pas c'est pourquoi ça avait mis autant de temps. Ses hypothèses bien qu'ayant le mérite d'exister ne pouvaient être réelles, comme leur relation en somme. « Et même là, tu as eu des mois pour agir pour faire exploser cette maison, pour piéger ma voiture, pour empoisonner l'eau ou que sais-je, tu ne manques pas de ressources, j'en suis sûr. Tu préfères jouer avec mes nerfs ! Tu en as pas marre ? C'est trop dur de faire preuve d'un peu d’humanité ? » Oui, il connaissait la réponse, impossible d'attendre de l'humanité de personnes qui préféraient garder leur magie plutôt que de partager leur savoir pour rendre la vie des gens plus simples, de personnes qui quand ils avaient mal préféraient s'en prendre à une foule d'innocents en les faisant brûler, de personnes qui après avoir fait ami-ami décident de passer à l'offensive. Elle ne parvenait même pas à comprendre qu'il veuille l'aider ce soir, pas parce qu'elle était stupide, oh non, elle était très intelligente assez pour ne jamais se trahir, mais parce qu'elle ne parvenait même pas à saisir qu'il existait des gens sur terre qui avaient à cœur d'aider leur prochain. Et même ça, elle lui refusait et ça faisait monter une autre peur en lui, celle que les dégâts soient trop grave et que par manque de soin, elle y passe, raison pour laquelle il tenta une nouvelle fois de la faire céder « Laisse-moi regarder, s’il te plait. »

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Soledad Velasquez
Soledad Velasquez
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Mar 21 Mar - 22:11




Il n'y a plus de rêves pour notre génération
Soledad ☽ ☾ Doryan ♥



Soledad n’aurait jamais pensé que la douleur psychique pouvait être plus forte que la douleur physique, et pourtant, elle était en train de l’expérimenter en cet instant même. Après des mois à tenter d’enterrer les souvenirs et la souffrance, tout ressurgissait plus fort, plus terrible que jamais. Tout ça à cause d’une présence, à cause d’un lieu, qui venaient tout remuer et faire remonter à la surface. Tout ce que Soledad s’efforçait d’oublier, de reléguer dans un coin de son esprit pour ne surtout plus y penser. Tous ces mois d’efforts et de supplices, toutes ces nuits blanches et ces journées passées à s’inquiéter, ces soirées moroses et ces heures qui lui avaient semblé être des journées entières… Tout avait été réduit en poussière en un instant. Il avait suffi de la présence de Doryan et tout avait de nouveau volé en éclat. Les plaies s’étaient rouvertes, plus vives et douloureuses que jamais, signe que jamais Soledad ne parviendrait à les refermer totalement, qu’elle allait devoir apprendre à vivre avec. Même si ça ne la lâchait pas, même si ça faisait mal, même si ça lui donnait envie d’hurler et de pleurer. Tout ce qu’elle avait vécu avec Doryan s’était changé en moyen de la faire souffrir et elle en ressentait l’intensité en cet instant même. Assise sur ce canapé où elle s’était posé un nombre incalculable de fois, elle se reprenait les souvenirs de plein fouet. Et c’était tout sauf agréable. Il n’y avait même pas la présence de Belle pour lui apporter un peu de réconfort. Une absence sur laquelle elle se garda bien d’interroger Doryan. Ce n’était pas un voyage au milieu de ses souvenirs, elle n’avait pas envie de se rappeler de tous ces moments passés avec le moldu. Parce que d’une nostalgie agréable, ils s’étaient changés en instruments de torture. Elle n’aurait jamais cru que la mémoire puisse être si cruelle. Mais c’était le cas, et dans ce salon, avec Doryan à quelques mètres à peine, elle n’avait aucun moyen d’y échapper.

Avec l’impression de flotter au-dessus de son corps, Soledad regarda Doryan s’affairer chez lui. Elle avait dû faire un effort pour arracher ses prunelles de la porte d’entrée et devait maintenant s’interdire fermement de se demander s’il avait profité de se trouver dans une autre pièce, hors de sa vue, pour contacter le Blood Circle. Fixer la porte ne servirait plus à rien si c’était pour qu’elle soit franchie par des agents prêts à l’enfermer dans une cage. Elle nota avec un drôle de détachement que quand Doryan revint, il avait les mains pleines de matériel pour la soigner. Ce ne fut que lorsqu’il lui demanda de se déshabiller qu’elle reprit pied avec la réalité. Pour refuser tout net. Ce n’était pas une question de gêne ou de pudeur, c’était simplement qu’elle se sentait déjà terriblement vulnérable et qu’ôter ses vêtements ne ferait qu’empirer les choses. Soledad tentait désespérément de se raccrocher aux derniers lambeaux de sa dignité, mais bien sûr Doryan ne l’entendit pas de cette oreille. « C’est quand même fou de préférer souffrir plutôt que de me laisser regarder. » La brune pinça les lèvres, refusant de répondre à cette provocation. Il ne comprenait pas, bien sûr que non, ce n’était pas lui qui était blessé et en train de se demander si son ex n’allait pas profiter de sa faiblesse pour le piéger ou le tuer. « Tu sais, ton corps je l’ai déjà vu nu, il n’y a rien que je connaisse pas sous tes vêtements. Arrête de te croire irrésistible et penser que je vais te sauter dessus. » Soledad ouvrit de grands yeux. Mais ça sortait d’où tout ça ? Ce n’était pas une question d’égo, bien au contraire, il prenait tout à l’envers et comme chaque fois qu’elle ouvrait la bouche depuis leur rencontre dans la ruelle, c’était elle qui était en tort. « Je n’ai jamais abusé de toi, à chaque fois tu étais consentante. » Soledad s’empêcha de secouer la tête, consciente qu’elle avait trop mal au crâne pour ce genre de geste. Mais elle ne pouvait pas le laisser dire ça, elle ne pouvait pas le laisser croire ça. Bien sûr qu’elle avait été consentante chaque fois qu’ils avaient couché ensemble, elle ne disait pas le contraire. Jamais elle n’aurait remis ça en cause ou insinué le contraire. « Je n’ai jamais cru que tu pourrais faire ça… » Protesta-t-elle faiblement. Soledad croyait Doryan capable de la livrer au Blood Circle ou de la tuer, mais pas d’abuser d’elle. Ce n’était absolument pas la raison pour laquelle elle ne voulait pas se déshabiller. Pour tenter d’oublier cette idée qu’elle trouvait particulièrement dérangeante, elle s’efforça de lui expliquer où elle avait mal. Une tentative de montrer sa bonne volonté qui tomba à l’eau. « J’ignorais que tu avais des compétences en médecine. C’est fou le nombre de choses que j’ignorais sur toi. » Heurtée par ces paroles dont la froideur était gratuite et inutile, Soledad tressaillit et préféra retrouver le silence.

Si elle reprit la parole, ce fut pour expliquer qu’elle avait surtout mal au crâne et que la douleur était absolument partout. Ce n’était pas juste le point d’impact avec le mur qui la faisait souffrir, même si tout partait de là, la douleur s’était étendue partout sous son crâne et y résonnait au moindre mouvement qu’elle osait faire. Tout devenait compliqué, de bouger jusqu’à réfléchir. Devoir vivre ça devant Doryan relevait de l’épreuve. Elle s'en serait bien passée, elle aurait tout donné pour ne pas se trouver ici à rajouter la peur à sa douleur, mais il ne semblait pas décidé à la laisser partir. Quelles étaient ses raisons exactes, Soledad avait du mal à le déterminer, et elle n'était de toute façon pas vraiment en état d'avoir une réflexion plus poussée. Puisqu'elle ne se sentait pas la force d'affronter le regard du moldu, elle se concentrait sur autre chose, notamment les papiers abandonnés sur la table basse. Sûrement pas la meilleure idée parce que ce qu'elle y lu lui serra le cœur. Il était question de potions et de sorts capables d'altérer les sens, de manipuler ceux qui en étaient victimes. Ainsi il la croyait capable de faire ça, cette idée était incroyablement blessante. « Bien sûr que tu es capable de ça. Je ne sais même pas qui tu es et c’est pas parce que je me suis pas intéressé à toi, c’est pas parce que je n’ai pas cherché à faire partie de ta vie. C’est parce que tu l’as décidé ainsi. Tu as décidé que sous prétexte que moi quand j’agite un bout de bois il ne se passe rien que tu avais le droit de me prendre pour un con. » Soledad ouvrit la bouche et la referma sans avoir dit un mot. Elle était terriblement blessée qu'il puisse penser ça d'elle. N'avait-il donc rien appris, rien retenu d'elle pendant tous ces mois passés ensemble ? Elle l'avait tenu écarté d'une partie de sa vie, c'était vrai, mais juste une partie, pas d'elle. Et certainement pas parce qu'elle ne le considérait pas comme son égal. Elle n'était pas comme ça, elle n'avait jamais pensé ça. « Tu as tort. Ce n’est pas… » Elle n’eut pas le temps de trouver comment s’expliquer ou se défendre que déjà il partait en direction de la cuisine. Les explications de Soledad moururent dans sa gorge, complètement inutiles. C’était dire l’importance qu’il accordait à ses paroles.  

Tandis que Doryan se trouvait dans sa cuisine, la mexicaine passa ses mains tremblantes sur son visage. Elle se sentait complètement dépassée par la situation et ignorait quoi faire ou quoi dire pour s'en sortir. Au-delà de ses blessures physiques, les mots de Doryan lui faisaient mal et elle sentait que ce n'était que la partie immergée de l'iceberg. Elle voyait dans ses prunelles qu'il avait bien d'autres reproches à lui faire et elle ne savait pas si elle serait en mesure de s'en défendre. Ou ne serait-ce que de les encaisser. Elle n'était pas en état d'avoir une telle conversation, mais comme tout depuis que les évènements avaient basculés ce soir, elle sentait qu'elle n'aurait pas d'autre choix que de faire face. Pour s'occuper les mains, Soledad but une gorgée du verre d'eau que lui avait apporté le moldu. Sa gorge serrée n'apprécia pas beaucoup alors elle ne se força pas davantage et reposa le verre sur la table basse. Elle releva la tête quand Doryan revint les mains pleines. « J'ai trouvé ça pour ta main. » Sans rechigner, la mexicaine se saisit de ce qu'il lui tendait. « Il y avait que ça. » Ignorant la remarque, Soledad baissa les yeux et découvrit un paquet de choux-fleurs surgelés. Elle tenta de le poser délicatement sur sa main mais grimaça quand la morsure du froid vint se joindre à celle de la douleur. Elle souffla un « Merci. » qu’elle jugea pitoyable mais qui lui semblait étrangement nécessaire. C'était presque ironique, d'être ici à se demander si elle était condamnée, et de voir Doryan lui apporter de quoi la soulager. « Tu devrais peut-être t'allonger et mettre le torchon mouillé sur ton front ? » Soledad le contempla un instant, hésitante. Elle ne cherchait pas à savoir s'il avait là l'intention de la mettre en position de faiblesse, c'était déjà le cas de toute façon, si elle devait se battre elle le ferait, pousserait son corps dans ses retranchements, mais ça ne changerait pas l’issue. En fait, elle se demandait tout simplement si s'allonger pourrait réellement l'aider. Finalement, elle jugea que ça ne lui coutait pas grand-chose d'essayer mais elle avait à peine commencé à s'allonger qu'elle vit le monde tanguer sous ses yeux. Se coucher tira sur sa côte brisée, lui arrachant un grognement de douleur. La mexicaine se redressa un peu brusquement « Oh non c'est pire... Ca tourne. » marmonna-t-elle piteusement. De nouveau penchée sur ses genoux, Soledad plongea son visage dans sa main libre, espérant un peu naïvement que ça forcerait le monde à se tenir tranquille.

Il fallut ce qui sembla une éternité à Soledad pour retrouver une certaine contenance. Une fois ses esprits retrouvés, elle se redressa précautionneusement et se laissa aller contre le dossier du canapé. Elle avait beau s'efforcer de ne rien laisser filtrer sur son visage c'était peine perdue, la tempête sous son crâne faisait trop mal et la présence de Doryan accroupie près d'elle la perturbait trop. Elle passa le linge mouillé sur son front comme le lui avait conseillé Doryan, consciente que ça n'allait sûrement pas servir à grand-chose. « Par tout ça ? Tu veux dire notre couple ? Oui je pense que notre couple était bidon et que j'ai fait confiance à la mauvaise personne. » Soledad sentit sa bouche s'assécher de nouveau. Ca n'aurait pas dû être le cas, elle s’y attendait, mais c'était dur d'entendre Doryan balayer les huit mois de leur relation de la sorte. Elle ne pouvait pas le blâmer de penser ainsi, il avait découvert sa nature sorcière de la pire des manières, il avait compris qu'elle lui avait menti pendant tout ce temps, il était normal qu'il remette tout en question. Mais c'était quand même difficile à encaisser. Soledad ne pouvait pas le laisser penser ainsi, même si sa parole ne valait certainement plus grand chose à ses yeux, elle ne pouvait pas se taire. « C’est faux. » souffla-t-elle à mi-voix. Elle s'arrêta pour chercher son regard. « Je t’ai menti sur ma nature, mais pas sur le reste. » Elle fit une nouvelle pause forcée pour rassembler ses pensées, maudissant son état de tout rendre si compliqué. « Notre couple, nous deux, tout le temps qu’on a passé ensemble… Tout ce qu’on a fait ou qu’on s’est dit… Tout ça c’était vrai. » Elle déglutit et prit une profonde inspiration avant de continuer. « C’était pas bidon, c’était réel, et ça comptait pour moi… Chaque moment de ces huit mois, c’était vrai. Même si tu ne me crois pas, ce n’est pas non plus un mensonge. Je n’ai jamais fait semblant. » Elle n’arrivait pas à croire qu’il puisse penser le contraire.

Ils avaient passé huit mois ensemble, ce n’était pas rien, ça ne pouvait pas être oublié comme ça. Tout avait véritablement compté pour Soledad et c’était la raison pour laquelle elle ne parvenait pas à faire le deuil de cette relation. Elle comprenait que Doryan puisse douter mais elle espérait que s’il ne croyait pas ses mots, il verrait au moins la sincérité dans son regard. « Tu as eu accès à tous mes verres depuis des mois. Tu buvais dedans la plupart du temps. Tu savais que je chercherais à te faire le même coup, facile de m'avoir dans ces cas-là. » Soledad le regarda sans comprendre. Elle ne voyait pas ce que cette histoire de verres venait faire là-dedans, ça avait juste été un jeu entre eux. Qui l’avait beaucoup amusé à l’époque d’ailleurs, mais qui apparemment revêtait désormais une image différente pour Doryan. Il lui fallut de longues secondes pour comprendre où il voulait en venir exactement. « Tu crois que… Que… » Ses prunelles passèrent de son verre d’eau sur la table, au moldu à ses côtés. Elle fronça les sourcils, frustrée d’avoir tant de mal à aligner deux pensées. Il pensait qu’elle l’avait empoisonné, cette réalisation lui fit l’effet d’une gifle. « Non… Non… » Elle secoua la tête et regretta aussitôt son geste. Une grimace imprimée sur les traits Soledad dû attendre quelques secondes que l’éclat de douleur qui venait de lui vriller le crâne passe. « Je n’ai jamais fait ça. Je ne t’ai jamais manipulé, Doryan… Je n’ai jamais utilisé la magie sur toi. Tout ce que tu as pu ressentir quand on était ensemble, ça venait de toi. Je ne pourrai pas… Je ne pourrais jamais… » Soledad s’arrêta pour prendre une nouvelle inspiration. Les mots se bousculaient dans sa bouche, elle sentait qu’elle avait du mal à s’exprimer. Elle était à la fois incrédule et blessée que Doryan puisse penser ça. Mais le pire, c’était qu’elle ignorait s’il allait la croire. C’était sa parole contre la sienne et elle savait que Doryan pouvait se montrer particulièrement hermétique. Elle aurait beau lui dire la vérité, le jurer, le supplier de la croire, s’il décidait qu’elle était une menteuse, une manipulatrice, elle n’aurait plus aucun recours. L’impuissance lui serra la gorge. Comment avaient-ils pu passer d’une relation de confiance à ça ? « Et même là, tu as eu des mois pour agir pour faire exploser cette maison, pour piéger ma voiture, pour empoisonner l'eau ou que sais-je, tu ne manques pas de ressources, j'en suis sûr. Tu préfères jouer avec mes nerfs ! Tu en as pas marre ? C'est trop dur de faire preuve d'un peu d’humanité ? » Soledad sentit un poids supplémentaire s’ajouter à celui qui pesait déjà sur sa poitrine. Il la prenait vraiment pour un monstre. C’était ça, l’image qu’il avait des sorciers, et d’elle désormais. Même si elle savait que c’était ainsi que pensaient les membres du Blood Circle, et qu’il n’était sûrement pas différent des autres, c’était un constat particulièrement amer. « Jamais je ferai tout ça. Jamais je pourrais te faire du mal. Doryan, tu comptais pour moi. Et là... tout ce que tu crois, ce n’est pas moi. » Elle chercha dans son regard quelque chose auquel se raccrocher, de quoi voir qu’il allait accepter de la croire, tout en ayant peur d’y lire tout le contraire.

Finalement, Soledad retrouva le silence. La douleur à la tête ne voulait pas partir et ça l’épuisait de lutter. Elle avait envie de fermer les yeux et d’oublier tout ça mais la dernière once de son instinct de survie ne cessait de lui souffler qu’elle n’était pas en sécurité. Elle ferma tout de même les paupières, juste un instant, parce que tenir sous le regard de Doryan était trop dur. « Laisse-moi regarder, s’il te plait. » Soledad rouvrit les yeux pour le contempler longuement. Elle ne comprenait pas qu’il insiste autant. Pourquoi est-ce qu’il avait l’air tellement inquiet ? Il devait vouloir sa mort, ça devrait bien l’arranger si elle rendait son dernier souffle. Après ce qui lui parut une éternité, Soledad tira sur son t-shirt pour le remonter jusque sous sa poitrine. Elle n’avait toujours pas l’intention de se déshabiller mais elle pouvait bien montrer qu’elle faisait preuve d’un minimum de bonne volonté. Doryan pouvait bien recommencer à lui râler dessus, cet acte de résistance lui semblait être la dernière chose dont elle était capable. Elle n’avait pas besoin d’ôter ses vêtements pour qu’il constate qu’elle avait bel et bien une ou plusieurs côtes cassées. En plus, la mexicaine savait pertinemment qu’il n’allait pas la forcer à se déshabiller, comme quoi elle ne le voyait pas aussi négativement qu’il le croyait. « Vas-y. » Souffla-t-elle à Doryan, résignée. Elle n’avait aucune envie qu’il la touche, elle savait que ça raviverait trop de souvenirs passés et de douleurs présentes, mais elle n’avait pas non plus la force de continuer à lui tenir tête. « Pourquoi tu fais ça ? » Elle hésita avant de préciser. « M’aider. » Elle ne comprenait pas. Quelques mois plus tôt, il lui avait pointé une arme sur la tête, mais il l’avait laissé partir. Et là, il la traitait comme si elle était assoiffée de sang, mais il l’aidait. Ca n’avait aucun sens et dans son état actuel, c’était plus compliqué encore à comprendre. « Tu aurais pu me laisser là-bas… Faire demi-tour. Tu aurais été tranquille. Tu n’aurais plus à avoir peur que je sois le monstre que tu crois. » Sa voix était rauque et amère alors elle préféra se taire avant qu’elle ne se brise. Doryan était bien assez témoin de sa faiblesse comme ça.

« Tu veux savoir ce que j’ai fait ces derniers mois ? » Soledad avait détourné le regard mais elle se força à le reposer sur Doryan. Elle avait besoin qu’il voie ce qu’elle ressentait. Qu’il voie qu’elle n’était pas le monstre qu’il s’imaginait. Qu’il voie qu’elle aussi, elle souffrait. Même si ça ne changerait rien. « J’ai essayé de t’oublier. J’ai essayé de pas m’imaginer le Blood Circle débarquer chez moi pour m’enlever ou me tuer. J’ai essayé de pas penser à tout ce que tu pouvais leur révéler sur moi ou ma famille. J’ai essayé de ne pas me dire que tu voulais me voir morte. » Une grimace passa sur ses traits, elle fut incapable de la camoufler. Tant pis, que Doryan soit témoin de tout ça. « J’ai essayé de pas avoir peur. » Cette fois sa voix se brisa et elle s’en voulu aussitôt. Alors elle reprit coute que coute. « J’ai échoué. » Oh oui et de loin. Quel échec ça avait été. Elle était loin la fière Gryffondor, nul doute que le choixpeau se montrerait déçu d’elle si jamais on le reposait de nouveau sur sa tête. Soledad laissa filer quelques secondes pour prendre le temps de rassembler ses esprits. Un exercice qui lui semblait plus difficile à chaque instant qui passait, surtout maintenant que les émotions venaient s’y mêler. « Si je ne veux pas rester ici, si je veux rentrer chez moi… C’est pas parce que je ne veux pas que tu m’aides, ou que je ne te considère pas, ou… Ou… » Toutes ces choses négatives qu’il s’imaginait qu’elle pensait de lui. Toutes ces choses fausses. « C’est parce que j’ai peur. » Du Blood Circle, de voir sa vie se terminer, de se voir enfermée, torturée, annihilée… Parce qu’elle avait peur de lui.

CODAGE PAR AMATIS




— And all the pieces fall right into place
So it goes
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Doryan Rosebury
Doryan Rosebury
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Ven 24 Mar - 21:40
Il n'y a plus de rêves pour notre génération
ft. mon ex la sorcière
Trouver une solution pour faire passer les maux de têtes de Soledad, c'était ça la priorité. Il faut dire que le type n'y était pas allé de main morte, sans preuve. C'était ça le pire, il n'avait aucune preuve de ce qu'il avait avancé. Doryan était bien placé pour savoir que Soledad savait se faire passer pour une personne sans magie, il avait passé des mois à ses côtés et jamais elle n'avait sorti sa baguette. Il doutait réellement qu'elle ait été assez bête pour la sortir ce soir. Cela voulait dire que ces types attaquaient sans preuve, le simple fait qu'ils aient des doutes suffisait. Ce soir ils avaient eu raison, un hasard, mais combien de personnes se prenaient des coups sans raison ? Et puis c'est quoi cette manière de faire ? Quelle bande de sauvages, il l'aurait rouée de coups jusqu'à ce qu'elle y passe. Qui fait ça ? Il faudrait quand même que les gens se réveillent, ce n'est pas parce que les manières des sorciers étaient abjectes qu'il fallait jouer à qui peut être le plus cruel. Il en avait la certitude, il n'agissait pas ainsi parce que c'était Soledad, il aurait réagi pour n'importe qui. La seule différence, c'est que là il était en plus impacté émotionnellement, quelle joie. Son ébauche de solution ne fonctionna pas tellement, ah Soledad l'écouta, là n'était pas la question, elle couina - bon ça ressemblait plus à un râle qu'à un petit bruit mais couiner c'est plus mignon - lorsqu'elle s'appuya sur une partie douloureuse de son corps, chose qui fit grimacer Doryan qui se sentait impuissant. Elle resta couchée une seconde avant de se redresser brutalement « Vas-y doucement. » un peu tard pour dire ça. Bon, ils avaient essayé et cela voulait dire que c'était grave, il s'en doutait un peu mais il fallait tenter les choses simples. Est-ce que cela suffisait de mettre sa main dans sa tête, pas sûr. Elle finit d'ailleurs par se redresser et se caler contre le canapé. Il fallait qu'elle bouge le moins possible, de ça il était sûr.

Le moment était mal, très mal, choisi pour avoir une discussion, Doryan en avait bien conscience. Il n'aurait pas d'autres occasions, de cela il était persuadé. II fallait bien qu'elle se rende compte qu'il n'était pas un lave-vaisselle, certes il ne faisait pas de magie, mais ça ne voulait pas dire qu'il ne faisait pas preuve d'empathie, qu'il ne ressentait pas des choses en bien ou en mal. Puisqu'elle avait abordé le sujet, il prit le temps de répondre. Leur couple n'avait été qu'une vaste mascarade et il s'en voulait de ne pas s'être méfié, de ne jamais s'être dit que c'était bizarre. Avec le recul c'était facile de se dire ça mais lorsqu'il avait été dedans, il avait juste vécu pleinement sa vie. Quel naïf, c'était pourtant évident, il avait toujours papillonné à droite, à gauche et tout d'un coup, il restait avec la même personne sans se poser de questions, sans vouloir aller voir ailleurs, ça n'était pas crédible ça n'était pas lui. Il l'écouta se justifier, ses paroles n'avaient pas le moindre impact sur lui, comment voulait elle qu'il la croit, ça n'était que des mots, elle pouvait dire ce qu'elle voulait, il ne pouvait le vérifier. Ce qu'il savait en revanche c'est que oui pour lui ça avait été sincère et que lui faire confiance aveuglément ça lui avait coûté cher moralement. « ça ne peut pas être vrai si tu fais le choix délibéré de me cacher des choses. Tu m'as dit que tu me faisais confiance et moi je t'ai cru, de toute évidence c'était un autre de tes mensonges. » Il ne se laisserait pas manipuler si facilement, mieux valait-il qu'elle ne le croit pas si stupide, elle allait être déçue. D'ailleurs histoire de bien montrer qu'il avait saisi sa manière de fonctionner, il rappela les épisodes des boissons, elle mit quelques secondes à comprendre, preuve évidente qu'elle le sous estimait et posa un regard sur la boisson avant de secouer la tête, il précisa « Je n'ai rien mis ton verre. » Quand même, il ne pouvait pas lui reprocher de le droguer pour parvenir à ses fins et faire pareil de son côté. Pour quelles fins d'ailleurs, coucher avec elle ? Oui alors vu son état de santé proche d'un cadavre, Doryan allait passer son tour. Provoquer sa mort n'était pas non plus la chose la plus intéressante au monde, il n'avait pas besoin d'une boisson pour cela, vu l'état de Sol, un coup ou deux bien placé aurait suffi. En plus le fait qu'elle ait secoué sa tête sembla la plonger dans une souffrance infinie. Il ne put qu'attendre que ça passe, il fallait vraiment faire quelque chose, ça n'allait pas du tout. Lorsque la douleur devint moins forte, il ne se faisait pas d'illusions, elle n'avait pas disparu, elle put reprendre la parole. Elle n'avait jamais rien mis dans son verre, il lui lança un regard blasé, elle avait fait preuve de tellement d’honnêteté envers lui qu'il pouvait bien évidemment la croire sur parole. Elle ne le connaissait pas pour affirmer quelque chose d'aussi invraisemblable, ça venait de lui, impossible. La seule chose qu'il ne comprenait pas c'est pourquoi ça ne s'estompait pas avec le temps, pourquoi ça faisait toujours aussi mal, pourquoi naturellement, lors des soirées dans lesquelles il avait terminé depuis qu'il savait qu'elle était une sorcière, il passait son temps à comparer les autres filles à elle. Si encore il leur trouvait des avantages par rapport à Soledad, mais ça n'était pas le cas, elles étaient moins intéressantes, moins drôle, moins canon, merde tout en moins bien ça n'était pas possible et puis même si c'était le cas, il aurait dû s'en taper, le principe de ces soirées c'était de terminer dans n'importe quel endroit pour se taper une fille dont il connaissait vaguement le prénom... bah même sur ce point, il ne trouvait pas la motivation nécessaire... si ça n'était pas la preuve par excellence que son sang était rempli d'une substance étrange, l'amortentia, qu'il ne parvenait pas à éliminer. S'il ne répondit rien, c'est parce qu'il n'y avait rien à dire, elle ne voulait pas le reconnaître, il ne pouvait pas la forcer à le faire. Elle n'était pas franche avec lui, ça ne le surprenait même plus. En revanche, il pouvait aborder sa mort. Cela faisait des mois qu'il vivait dans la peur, ses nerfs lâchaient, elle avait eu le temps, pour être resté plus d'un an à le fréquenter, la motivation était là aussi. Alors pourquoi elle n'agissait pas ? Ça le rendait fou. Ça n'était pas une vie d'être dans l'angoisse en permanence, qu'elle agisse bordel, dans ce combat où il avait de toute façon perdu depuis la première seconde, il voulait bien le reconnaître, elle était bien meilleure que lui et il voulait que ça s'arrête. On ne peut pas dire que ses propos eurent le moindre effet sur Soledad, il l'écoutait se payer sa tête, encore et toujours « Jamais tu ne pourras me faire du mal ?!Tu te fous de moi ?! Parce que tu crois que tu m'as pas fait du mal ?! Tu crois que j'ai vécu comment ton comportement, tes mensonges ?!  » Il hallucinait, à croire qu'il était trop simplet pour s'être rendu compte que sa vie avait changé du jour au lendemain. Il ne chercha même pas à lui demander si d'après elle il méritait ça, le simple fait d'être un type sans magie répondait à la question.

De toute façon, il ne pouvait pas revenir en arrière, pour ce qu’il en savait, mêmes les sorciers évitaient les voyages dans le temps et même si ça avait été le cas, s’il avait pu remonter le temps, est ce qu’il aurait évité d’aller à la boutique le jour où ils avaient barricadé ensemble l’entrée ou est ce qu’il aurait évité la boutique le soir où il avait tout découvert ? Il ne savait même pas. Loin de ses interrogations, Soledad ferma les yeux, démontrant par ce geste qu’elle n’en pouvait plus physiquement. L’instinct de Doryan prit le dessus, très agaçant cet instant par moment, il voulait voir, il voulait aider. Il fut scruté, est ce qu’elle lisait dans ses pensées ? Il n’y avait rien qu’elle ne sache pas déjà et il semblerait que ce qu’elle venait de lire la convainquit qu’il ne lui ferait pas de mal puisqu’après de longues secondes, qui parurent des minutes à Doryan tellement il était focalisé sur elle, elle finit par remonter son haut avant de lui dire qu’il y avait accès. Eh bien c’était pas trop tôt, tandis qu’il cherchait une position pour ne pas se détruire le dos tout en ayant assez de luminosité pour voir s’il y avait des marques visibles à l’œil nu, Soledad lui posa des questions. Pourquoi il faisait ça ? Les mystères de l’univers et elle pourquoi c’était sur lui qu’elle s’était acharnée alors qu’il y avait sûrement des personnes aux actes bien plus répressibles que lui, avec des casiers judiciaires longs comme le bras, merde son seul crime ça avait été de vouloir aider Soledad plutôt que de passer son chemin comme bon nombre de passants ce jour-là. Elle mentionna le fait qu’il aurait pu la laisser et il hocha la tête, c’est vrai, il aurait pu  « J'y ai pensé et je me suis dit que je donnerai raison aux sorciers, que je ne vaudrais pas mieux que vous. Je suis Pompier Soledad, mon travail c'est de venir en aide aux gens, peu importe qui ils sont et ce qu'ils font dans la vie. Je n'allais pas laisser deux tarés te massacrer et je n'allais pas non plus te laisser toute seule dans une rue, si tu tombais dans les pommes et que le Blood Circle arrivait, c'était te condamner. Je ne suis pas comme ça, peu importe le mépris que les sorciers éprouvent pour les gens qui ne leur ressemblent pas, je ferais ce que je crois juste et ça passe par aider mon prochain. Et si ce choix se retourne contre moi. » Il fit la moue « Tant pis, ça ne sera pas la première fois qu’un sorcier s’en prend à moi. » probablement la dernière. Et puis, ça serait dans la continuité de cette douleur qu’il avait ressenti le jour où il avait compris que tout était faux.

Alors qu’il observait consciencieusement le ventre de Soledad, la façon dont son corps réagissait à chaque inspiration, Soledad trouva que c’était quand même le meilleur moment de lui raconter ses vacances. En plus, il n’est pas socialement acceptable de répondre non à ce genre de questions et pourtant, il s’en tapait royalement de ce qu’elle avait fait, elle pouvait être allée au Mexique, avoir inventé un remède contre le vieillissement, avoir découvert une nouvelle étoile, il s’en moquait éperdument. D’ailleurs, il ne prit même pas la peine de lui répondre, ce qui aurait pu être un message très clair pour faire comprendre qu’elle pouvait épargner sa salive, Soledad fit comme si de rien était. Il cessa de regarder son ventre pour la regarder dans les yeux. De toutes les choses qu’elle avait dites ce soir, c’était bien les seules paroles qu’il ne remettait pas en cause. Il comprenait cette crainte, il était évident qu’elle ne savait pas qu’il était un membre du Blood Circle et que le cercle pouvait se défendre, voire attaquer face aux sorciers, ils n’hésitaient pas. Elle avait bien joué sa partition, il était bien trop proche d’elle pour s’attaquer à sa personne. Oh, il y avait réfléchi, il avait eu des moments de colères où il avait envisagé en parler pour lui rendre la monnaie de sa pièce, pour qu’elle se rende compte qu’elle s’en était prise à la mauvaise personne mais ça lui aurait apporté quoi, si ce n’est des regrets ? Ce n’est pas en la tuant que la douleur s’estomperait, ça ne s’estompe qu’avec le temps et il le savait.  Un cours instant, lorsque la voix de Soledad se brisa, il avança sa main vers son épaule comme pour la réconforter avant de se raviser et de juste répondre « Je ne veux pas ta mort, ni celle de ta famille. » ça ne faisait peut-être pas très membre du Blood Circle mais il n’avait jamais prétendu vouloir la mort de tous les sorciers. Il se battait pour les empêcher de les écraser, il se battait pour que les humains ne soient pas annihilés ou réduits en esclavage, parce que c’est les échos qu’il avait eu aussi. Elle ne voulait pas qu’il la touche parce qu’elle avait peur de lui ? Il cligna des yeux, pas certains d’avoir bien entendu.  « Attends, toi tu as peur ? » Non mais elle était pas nette cette fille « Tu peux faire des feux avec ta baguette, tu peux me projeter contre le mur en une fraction de secondes, tu peux envoyer tous les couteaux du tiroir sur moi juste en fronçant les sourcils, tu peux faire tomber l’armoire, la bibliothèque et le lit sur ma poitrine pour m’écraser sans que je n’ai eu le temps de dire ouf et tu oses me dire que tu as peur de moi ?! Non mais au bout d’un moment, faut être logique. Je n’ai aucune chance contre toi. Pour rivaliser face à votre volonté de nous exterminer, il faut qu’on se renouvelle sans cesse. Ne viens pas me dire à moi que tu risques quelque chose face à moi. Tu n’es pas la première sorcière que je rencontre et je sais très bien comment ça fonctionne. »

Ceci étant dit, il pouvait se concentrer de nouveau sur les soins, il posa délicatement sa main sur la peau de Soledad « Dis moi quand tu as mal Soledad exactement. » palpant petit à petit la peau, à la fin de l’examen clinique, il pouvait dire avec précision combien de côtes étaient endommagées et où le type avait frappé. « Il va te falloir du repos pour que tout se » un éclair de lucidité le frappa, une grimace déforma ses traits tandis que la vérité s’imposait à lui, elle n’avait absolument pas besoin de repos, uniquement d’un sortilège. La seule chose qu’il pouvait faire c’est de lui donner des antalgiques et s’occuper de nettoyer son visage, chose qu’il fit dans un silence des plus religieux, prenant bien garde à ne pas appuyer. S’il fut rapidement nettoyé, le fait qu’il soit tuméfié était plus qu’évident mais ça n’était pas ce qui le préoccupait le plus, sans prévenir, il passa une main derrière sa tête et à peine eut-il posé l’extrémité de ses doigts dans son cuir chevelu, il sentit une substance bien reconnaissable. Ça n’aurait pas dû le surprendre, il se doutait que l’impact de la tête de Soledad contre le mur, ça laissait des traces, il n’empêche qu’il était catastrophé.  « Est-ce que la lumière te fait mal à la tête ? » Il lui tendit un cachet pour la douleur même si ça ne ferait pas de miracles, il en avait conscience « Prends ça, on va essayer de faire diminuer les différentes douleurs. » . Et si la lumière lui faisait effectivement mal au crâne comme il supposait, est ce qu’elle lui dirait ou est-ce que la crainte qu’il agisse dans l’ombre prendrait le dessus et la pousserait à mentir. La solution évidente serait de lui donner sa baguette pour qu’elle se soigne elle-même mais il tremblait à cette idée, craignant que devant l’opportunité qui lui serait offerte, elle en profite. Il inspira profondément afin de ne pas céder à la panique, déjà il fallait attendre sa réponse avant de s’emballer, il aviserait après.


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Soledad Velasquez
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Lun 27 Mar - 21:39




Il n'y a plus de rêves pour notre génération
Soledad ☽ ☾ Doryan ♥



Ce n’était clairement pas le bon moment pour avoir une telle conversation. En fait c'était peut-être même le pire moment possible. Soledad n'était pas en état de réfléchir correctement et encore moins d'encaisser tous les reproches de Doryan. Pourtant, elle n'avait pas le choix, encore moins puisque c'était elle qui avait lancé la conversation. Elle savait que ce n'était pas prudent, que garder le silence aurait certainement été plus sage. Agacer Doryan alors qu'elle n'était pas en état de se défendre physiquement se révélerait peut-être une terrible erreur, mais il était trop tard maintenant. Elle n'avait pas réussi à garder le silence, pas alors qu'elle avait la preuve sous les yeux qu'il remettait en question tout ce qu'ils avaient vécus ensemble. Elle ne pouvait que comprendre sa démarche et ses doutes, sûrement aurait-elle eut les mêmes si les rôles avaient été inversés. Mais ça lui faisait quand même mal de voir ça. Parce que de son côté, tout avait été réel pour Soledad, parce que leur couple avait été vrai, son engagement envers lui sincère. Et que maintenant savoir que tout était terminé, ça lui déchirait le cœur à chaque fois qu'elle y pensait, et ce malgré les mois qui avaient passés. Alors elle avait choisi de prendre la parole, jugeant que de toute façon ça ne changerait pas grand-chose à sa situation. Elle était déjà blessée et si Doryan avait l'intention d'appeler le Blood Circle il n'avait sûrement pas attendu qu'elle lui porte sur les nerfs pour agir. Au final parler avait été la seule chose possible, parce qu'elle ne supportait pas de savoir que Doryan s'imaginait leur relation comme une immense mascarade. C'était injuste et ça faisait mal, ça faisait des mois que Soledad souffrait à cause de cette rupture, de ce vide béant que cela avait laissé dans sa vie, de ce manque qui ne la lâchait pas. Il ne pouvait pas croire que tout avait été faux.

Soledad lui avait menti, elle ne pouvait pas prétendre le contraire, ce n'était plus le moment de prétendre, c'était celui de s'expliquer. De démêler le vrai du faux et surtout de lui faire comprendre que si elle avait choisi de lui mentir -ou plutôt de ne rien dire mais ce n'était pas le moment de jouer sur les mots- ça n'avait jamais été sur eux mais uniquement sur elle. Soledad aurait aimé affirmer que ça ne changeait rien, mais elle savait que ce n'était pas vrai. Même elle ne pouvait aller jusque-là. « Ca ne peut pas être vrai si tu fais le choix délibéré de me cacher des choses. Tu m'as dit que tu me faisais confiance et moi je t'ai cru, de toute évidence c'était un autre de tes mensonges. » La mexicaine sentit son cœur s'alourdir un peu plus dans sa poitrine. Il ne la croyait pas, bien sûr qu'il ne la croyait pas. Est ce qu'il n'en aurait pas été de même pour elle si les rôles avaient été inversés ? Soledad ne pouvait nier qu'elle aussi aurait certainement douté de tout dans ce cas de figure. Leur relation c'était écroulée en une seconde à cause de mensonges, elle ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas la croire. Mais ce n'était pas pour autant que ce n'était pas douloureux. Et qu'elle allait l'accepter sans rien dire. « Non... » Elle ne pouvait pas garder le silence. Même si c'était compliqué, même si c'était douloureux, elle ne pouvait pas laisser Doryan dire ça, et encore moins le croire. Ça n'avait pas été une question de confiance, mais plutôt de peur. « Je voulais te le dire, je te le promets... mais avec tout ce qu'il se passe... chaque fois c'était pire... » souffla-t-elle doucement. Elle savait que ce n'était pas une excuse, mais c'était au moins une explication. Elle n'avait certainement pas pris la bonne décision, Soledad l'avait rapidement compris, mais elle avait été paralysée par la crainte. S'imaginer avouer à Doryan sa nature de sorcière alors que dans les rues le Blood Circle cherchait à tuer les siens et à les faire passer pour les pires des monstres, ça avait été au-dessus de ses forces. A chaque fois qu'elle tentait de s'y résoudre, l'un des deux camps commentait des actes immoraux et elle retournait dans sa crainte. Elle avait été lâche, elle le savait, mais c'était désormais trop tard. « Et j'avais peur que tu me regardes comme tu le fais là. » Comme il l'avait fait ce soir d'avril dans l'annexe de sa boutique. Elle avait craint que tout explose, et elle avait eu raison d'avoir peur.

Des reproches de Doryan, ce n'était pas celui-là le pire. Le pire était que maintenant il croyait qu'elle l'avait drogué pour arriver à ses fins, qu'elle avait utilisé des potions ou sortilèges pour le manipuler. C'était une accusation particulièrement blessante qui laissa Soledad sans voix un instant. « Je n'ai rien mis dans ton verre. » Soledad le considéra un instant. Pas une seconde elle avait songé qu'il puisse avoir mis quelque chose dans son verre et elle réalisait que c'était une énorme erreur qui pourrait lui coûter cher. Mais en même temps, vu l'état dans lequel elle était, Doryan n'aurait sûrement pas grand mal à la maîtriser si besoin, de même pour des membres du Blood Circle qu'il aurait pu appeler. Qu'il lui précise que son eau n'était pas empoisonnée n'avait au final pas beaucoup d'importance. En revanche, ça en avait énormément pour elle qu'il comprenne que jamais elle n'avait utilisé la magie sur lui. Que ce soit pour le manipuler, ou quoi que ce soit d'autre. Cette idée rendait Soledad malade parce que c'était totalement à l'opposé de qui elle était. Mais aussi et surtout parce que leur couple avait toujours été vrai, que les sentiments qu'elle avait développé pour le moldu avaient toujours été réels. Que peu importe ce que lui avait pu ressentir à son égard, ça avait été vrai aussi. Elle ne supportait pas de le voir jeter au feu huit mois de relation comme si ça n'avait pas compté. Parce que pour Soledad ça avait compté. Beaucoup. Peu importe qu’il ne l’écoute pas, que de nouveau il ne la croit pas, c’était la plus stricte vérité et la brune se devait de la lui dire. Elle ne pouvait pas garder le silence, même si réfléchir était difficile et que les mots lui échappaient. Même si elle devait faire des pauses et s’y reprendre à plusieurs fois, elle ne pouvait pas le laisser dire de telles choses.

Tout comme elle ne pouvait pas le laisser s’imaginer qu’elle pourrait s’en prendre à lui. Tout ce qu’il pensait ce n’était pas elle. Elle n’était pas le monstre qu’il s’imaginait. « Jamais tu ne pourras me faire du mal ?! Tu te fous de moi ?! Parce que tu crois que tu m'as pas fait du mal ?! Tu crois que j'ai vécu comment ton comportement, tes mensonges ?! » Soledad eut un sursaut face à cet éclat soudain. Tout d’un coup, elle se sentit plus vulnérable que jamais, elle était incapable de se défendre, sa baguette était hors de portée et elle savait qu’elle ne pouvait pas faire plus de quelques pas sans chuter. Toute possibilité de se défendre ou de s’enfuir lui était hors de portée. Le cœur battant à tout rompre, elle se força à prendre une inspiration pour faire refluer la crainte. « Je... » Elle avait fait du mal à Doryan. Elle ne pouvait pas prétendre être surprise, mais cette idée lui était quand même douloureuse. Son silence lui avait causé de la souffrance. « Ce n’était pas ce que je voulais. » C’était même la dernière chose qu’elle avait voulu. Elle s’était attachée à lui, lui faire mal n’avait pas été dans ses intentions. De nouveau, elle doutait que Doryan la croit, puisqu’il la prenait clairement pour un monstre, mais c’était important d’au moins le dire. Si elle lui avait causé du tort, ça avait été contre sa volonté. Elle ne lui avait pas parlé de sa nature de sorcière par peur, ça n’avait pas été contre lui. « Je ne voulais pas te faire du mal. Je suis désolée… » souffla-t-elle d’une voix étouffée. Ca ne compterait peut-être pas mais c’était sincère. Il devait au moins l’entendre. Qu’il l’écoute était une affaire tout à fait différente, mais Soledad voulait au moins pouvoir dire les choses. Même si elle savait qu’il se contenterait de tout balayer comme il le faisait depuis le début de cette conversation.

Soledad fit une pause pour tenter de remettre ses idées en place. Tout était difficile et savoir qu’elle avait fait souffrir Doryan venait rajouter un poids à tout ce qui lui pesait déjà sur la poitrine. Elle se força néanmoins à réfléchir, parce qu’opposer des explications à ce que croyait le moldu était la seule chance qu’elle avait de lui faire comprendre qu’elle n’était pas telle qu’il le pensait. « Je ne t’ai jamais fait avaler de potion, Doryan. Si ça avait été le cas, tu le saurais. Tu n’aurais rien ressenti, tu n’aurais pas eu mal… » Elle eut un moment d’hésitation, peu désireuse de provoquer un nouvel éclat de sa part, mais aussi consciente qu’elle devait en passer par là si elle voulait lui faire ouvrir les yeux. Ou du moins tenter. Elle lui jeta un coup d'œil peu assuré et s’efforça de reprendre. « Ces potions, quand ça s'arrête, tu ne ressens rien... Tout redevient juste comme avant. Si tu as eu mal... c'est parce qu'il n'y avait pas de potion. » Est-ce qu’elle était claire ? Soledad n’était plus sûre de rien, tout s’embrouillait dans sa tête et les élancements de douleur dans son crâne ne l’aidaient pas. Mais elle savait comment l’amortentia fonctionnait, et ça ne correspondait pas à ce que Doryan avait ressenti. Mais maintenant il fallait qu’il accepte de le voir, de le comprendre. Si tout avait été faux entre eux, si réellement elle était coupable de tout ce qu’il pensait, alors il n’y aurait pas eu de souffrance. « Nous deux… Tout était vrai. » Et ça avait compté.

C’était épuisant d’avoir une telle conversation en cet instant. Même si Soledad la savait nécessaire, elle devait puiser dans ses réserves pour pouvoir y faire face et celles-ci s’amenuisaient rapidement au fur et à mesure que Doryan réfutait tout ce qu’elle pouvait lui dire. Et puis il y avait la douleur physique qui ne l’aidait pas. La mexicaine aurait juste voulu fermer les yeux pour se laisser entrainer dans le sommeil -ou l’inconscience- mais la voix de Doryan la ramena à la réalité. Il demandait encore à pouvoir l’examiner, ce qu’elle ne comprenait pas. De toute façon elle ne comprenait pas grand chose de son comportement ce soir. Il la prenait pour un monstre, mais il voulait la soigner. Il ne voulait plus avoir à faire à elle, mais il semblait inquiet de son état. Quand elle réclamait à rentrer chez elle, qu’elle affirmait qu’il pouvait juste la laisser, il refusait. Ca n’avait aucun sens. Le problème, c’était qu’elle n’était pas en état d’avoir une réflexion plus poussée. Elle accepta finalement qu’il l’ausculte, même si c’était à contrecœur, mais ne put s’empêcher de lui demander pourquoi il voulait l’aider au juste. Il aurait été tellement plus simple pour lui de l’abandonner à son sort. Si elle était réellement aussi malfaisante qu’il le croyait, elle l’aurait mérité. « J'y ai pensé et je me suis dit que je donnerai raison aux sorciers, que je ne vaudrais pas mieux que vous. Je suis Pompier Soledad, mon travail c'est de venir en aide aux gens, peu importe qui ils sont et ce qu'ils font dans la vie. Je n'allais pas laisser deux tarés te massacrer et je n'allais pas non plus te laisser toute seule dans une rue, si tu tombais dans les pommes et que le Blood Circle arrivait, c'était te condamner. Je ne suis pas comme ça, peu importe le mépris que les sorciers éprouvent pour les gens qui ne leur ressemblent pas, je ferais ce que je crois juste et ça passe par aider mon prochain. Et si ce choix se retourne contre moi. » Soledad le contempla en silence. Elle n’était pas étonnée de ses paroles, mais c’était quand même blessant de voir qu’il mettait tous les sorciers dans le même panier. « Tant pis, ça ne sera pas la première fois qu’un sorcier s’en prend à moi. » La mexicaine retint une grimace. Là non plus elle n’était pas surprise. Elle connaissait Doryan, ou du moins elle en avait l’impression, ils avaient quand même passé huit mois ensemble, même s’il continuait d’affirmer que tout avait été faux. Elle savait qu’il n’était pas quelqu’un de haineux, alors elle se doutait que son appartenance au Blood Circle devait venir d’ailleurs, qu’il avait dû être victime d’un mauvais sorcier. Elle pouvait comprendre sa peur et sa méfiance, mais ça le poussait à condamner toute une population beaucoup trop vite. Soledad leva les yeux pour rencontrer son regard. « Personne ne s'en prendra à toi. » Affirma-t-elle. Ni elle, ni d’autres. Du moins pas à sa demande, pas à cause de leur passé en commun ou de ce qu’il s’était déroulé ce soir. Elle le lui avait déjà dit, il n’avait rien à craindre d’elle, il serait temps qu’il le voit.

Tandis que Doryan observait son ventre, Soledad s’efforça de reprendre la parole pour lui expliquer que s’il avait des craintes, il n’était pas le seul. Depuis leur confrontation en avril, elle vivait aussi dans la peur. De ce que tout cela avait provoqué, de ce qu’il pouvait faire, ce n’était pas parce qu’il l’avait laissé partir ce soir-là, qu’il ne changerait pas d’avis. « Je ne veux pas ta mort, ni celle de ta famille. » La brune retint une expression de dédain. Il n’y avait pas que la mort. Quand elle pensait au Blood Circle, ce n’était pas ce qu’elle craignait le plus. « Il y a des choses pires que la mort. » Bien pire. Mourir de la main du Blood Circle serait presque un soulagement. Elle avait bien plus peur de se retrouver enfermée et torturée. De se changer en expérience de laboratoire et de se voir condamnée à une vie de souffrance. Et puis il y avait lui aussi. Si Soledad voulait rentrer chez elle, si elle voulait s’éloigner de Doryan, ce n’était pas parce que c’était un moldu qu’elle considérait comme inférieur, loin de là. Il pouvait penser ce qu’il voulait, c’était totalement faux. Si elle voulait rester loin de lui, c’était à la fois parce que c’était trop difficile, mais aussi parce qu’elle avait peur de lui. Ce qui était à la fois simple et terrible. « Attends, toi tu as peur ? » Soledad vit l’incompréhension se peindre dans son regard. « Tu peux faire des feux avec ta baguette, tu peux me projeter contre le mur en une fraction de secondes, tu peux envoyer tous les couteaux du tiroir sur moi juste en fronçant les sourcils, tu peux faire tomber l’armoire, la bibliothèque et le lit sur ma poitrine pour m’écraser sans que je n’aie eu le temps de dire ouf et tu oses me dire que tu as peur de moi ?! Non mais au bout d’un moment, faut être logique. Je n’ai aucune chance contre toi. Pour rivaliser face à votre volonté de nous exterminer, il faut qu’on se renouvelle sans cesse. Ne viens pas me dire à moi que tu risques quelque chose face à moi. Tu n’es pas la première sorcière que je rencontre et je sais très bien comment ça fonctionne. » Soledad lui adressa un regard, les prunelles remplies de peine. Il ne voyait que le mal, la croyait capable du pire. Ca pouvait se comprendre vu la situation, les sorciers qui attaquaient les moldus n’aidaient pas et le Gouvernement moldu ne faisait que jeter de l’huile sur le feu. Mais c’était tout de même blessant de voir qu’il pouvait la considérer ainsi alors qu’ils avaient passé huit mois ensemble. Tout ce qu’elle lui avait montré d’elle était totalement éloigné de l’image qu’il avait. Elle n’était pas comme ça, il aurait dû le savoir, le temps qu’ils avaient passé ensemble avait été vrai, sincère. Mais ce n’était pas ce qu’il voyait. Soledad passa sa main libre sur son front. « Je pourrais faire tout ça. Avec ma baguette. Tout comme tu pourrais prendre ton arme et me mettre une balle dans la tête… Ou prendre cette lampe et me fracasser le crâne avec. » Elle n’était pas toute puissante, encore moins en cet instant. « Tu vois, j'ai autant de raison d'avoir peur de toi, que toi de moi. » Ca n’était pas normal, ça lui faisait mal au cœur, mais c’était la réalité. Soledad aurait tout donné pour que ça ne soit pas le cas, pour que les choses soient différentes mais il était trop tard. « Sauf que tout ça je ne le ferai jamais. Ni à toi, ni à quelqu'un d'autre. Je ne méprise pas les gens sans pouvoirs Doryan, au contraire. J'ai grandi parmi eux, mes parents m’ont envoyé dans une école primaire classique… » Elle fit une pause pour remettre de l’ordre dans ses idées et reprendre son souffle. Elle ne parvenait pas à croire qu’elle devait se justifier de ça. Soledad avait toujours vécu entre les deux mondes et en tirait une grande fierté, entendre Doryan bafouer ça était blessant. « Pourquoi tu crois que je travaillais de votre côté ? Pourquoi j’aurais commencé à te fréquenter si ça avait été le cas ? » Ca n’avait pas de sens.

Elle n’en avait aucune envie, mais Soledad dû bien se résoudre à laisser Doryan la toucher. Il avait l’air inquiet de son état et elle n’avait pas la force de continuer à batailler avec lui à ce sujet. « Dis-moi quand tu as mal Soledad exactement. » Après avoir montré au moldu qu’elle avait compris, Soledad détourna le regard. Elle s’efforça de ne pas réagir quand elle sentit ses mains se poser sur sa peau et de ne pas se reculer pour chercher à s’en soustraire. Ce contact n’avait rien à voir avec ceux qu’ils avaient pu échanger par le passé mais ce n’était pas pour autant que c’était facile à gérer. Au moins elle avait quelque chose sur lequel se concentrer : la douleur que Doryan réveillait en la touchant. « Là. » Indiqua-t-elle en sentant un pic de douleur lui percer les côtes. Elle contint un cri de douleur dans une grimace, retenant sa respiration le temps que cela passe. D’autres grimaces suivirent, indiquant à Doryan les endroits où elle était blessée. Quand il retira ses mains de son ventre, elle n’était pas beaucoup plus soulagée. « Il va te falloir du repos pour que tout se » Le silence qui suivit fut si lourd que Soledad jugea plus prudent de ne pas le briser. Elle pouvait deviner sans trop de mal pourquoi il s’était tût et pour le coup elle n’allait pas le contredire. A sainte Mangouste ses côtes seraient réparées en un rien de temps. Sans un mot, plus mal à l’aise que jamais, elle accepta les médicaments qu’il lui donna et laissa Doryan nettoyer le sang qui devait se trouver sur son visage. Sans rien lui dire, il vint poser la main derrière son crâne, ce qui lui arracha un glapissement de douleur. Ne pas venir poser la main au même endroit pour tenter de contenir la souffrance lui demanda un réel effort. Elle leva de grands yeux vers Doryan mais s’arrêta sur ses doigts tachés de rouge. « Est-ce que la lumière te fait mal à la tête ? » Soledad bloqua un instant sur la vision de son sang. La réponse était évidente mais il lui fallut tout de même quelques secondes avant d’être en état de réfléchir correctement. Et d’autres encore pour pouvoir parler. « Oui. » Marmonna-t-elle entre ses dents serrées, les yeux fermés. Mais ce n’était pas tout. « Tout me fait mal. » Les bruits, le monde qui tanguait autour d’elle, les élancements douloureux qui venaient sans s’annoncer. Tout provoquait une nouvelle douleur et le temps ne semblait pas estomper quoi que ce soit.

« Prends ça, on va essayer de faire diminuer les différentes douleurs. » Soledad rouvrit les yeux pour voir Doryan lui tendre un nouveau cachet. Elle l’avala sans rechigner ou chercher à l’interroger. Qu’il cherche vraiment à l’aider ou qu’il tente de l’empoisonner, ça n’avait pas grande importance. Elle était déjà dans un sale état de toute façon. Elle verrait bien ce qu’il en sera quand le médicament aura commencé à faire effet. La mexicaine releva un regard trouble vers Doryan. « Alors, je vais passer la nuit ? » Elle tenta un sourire ironique qui se transforma rapidement en grimace. Elle avait mal et elle avait peur, il n’y avait pas de place pour l’humour dans cette équation. De toute façon, rien n’était drôle et si Soledad se sentait écrasée de fatigue, elle n’avait pas non plus envie de mourir. Elle lutta pour garder les yeux ouverts, se concentrant sur Doryan même si elle trouvait que c’était toujours aussi difficile de se retrouver face à lui après tout ce qu’ils avaient vécu. « Ce ne sera pas non plus la première fois que je risque de mourir. » La dernière fois ne remontait pas à si longtemps que ça d’ailleurs et elle en gardait encore un souvenir particulièrement vif et angoissant. Elle ne précisa pas à cause de moldus, c’était inutile. La différence c’était qu’elle n’en avait pas automatiquement conclu que tous les moldus étaient des monstres à éliminer. D’ailleurs Doryan devrait peut-être dire au Blood Circle de se dépêcher s’ils voulaient la récupérer vivante. Sans trop réfléchir, elle enleva le paquet de légumes surgelés de sa main et le tendit à Doryan. « Pour ta main. » Soledad ne savait pas pourquoi elle faisait ça, elle avait du mal à réfléchir et puisque plus rien n’avait de sens, autant continuer sur cette voie.

CODAGE PAR AMATIS




— And all the pieces fall right into place
So it goes
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Doryan Rosebury
Doryan Rosebury
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Mon allégeance : les Rosebury, Belle et Soledad
Sam 1 Avr - 22:04
Il n'y a plus de rêves pour notre génération
ft. mon ex la sorcière

Les premiers jours, Doryan aurait donné n'importe quoi pour comprendre les raisons de Soledad. C'était frais dans son esprit, il était dans l'incompréhension la plus totale, ne parvenant pas, malgré ses efforts, à comprendre ce qu'il s'était passé ce soir-là. Il avait l'impression d'être dans le flou, comme lorsqu'on se réveille après un cauchemar et qu'on cherche ses repères. Ces repères aidant à se remettre dans la réalité et à souffler un bon coup, se rassurer dans un sourire en se disant c'est bon ça n'était qu'un mauvais rêve. Il n'y avait pas eu de repères auxquels se raccrocher, il n'avait pas pu venir empiéter sur le territoire de Soledad dans le lit pour se blottir contre elle. Enfin si, il avait pu le faire mais son corps n'avait rencontré que du vide, ce vide ne faisant que renforcer ce sentiment d'insécurité, couplé à la douleur de la perte. S'il fallait trouver un point positif, Doryan pouvait aisément dire que jamais dans sa vie il n'avait eu autant de facilité à se réveiller ou à sortir du lit. Les jours avaient passé, ils s'étaient transformés en semaine puis en mois, le besoin d'explications n'était plus utile, il avait fait le deuil de sa relation, s'était fait une raison sur le fait qu'il avait été un idiot et que l'on ne l'y reprendrait plus et il était prêt à aller de l'avant. Sauf que voilà entre ce qu'il voulait et ce qu'il se passait, il y avait un monde. Retomber sur Soledad en mauvaise posture, c'était l'aider forcément, mais c'était surtout la ramener chez lui et devoir subir une conversation dont il ne voulait pas, parce que tout se mélangeait sans cesse, il voyait bien la sorcière en face de lui, son cerveau le mettait en garde sans cesse mais il voyait aussi son amie, son amante, sa partenaire. Pas évident de savoir comment gérer, il ne voulait pas s'engager sur ce terrain mais n'eut pas le choix. Elle n'avait jamais eu confiance en lui, elle avait abordé le sujet de la confiance d'elle-même et il lui avait soutenu qu'elle pouvait lui faire confiance mais elle ne l'avait pas écouté. Elle se basait sur l’actualité ? Vraiment ? C'était ça son excuse ? Ça ne passait pas bien « Tes promesses c'est du vent Soledad. Tu n'as eu aucun respect pour moi. Tu ne peux pas me regarder droit dans les yeux et me mentir en me disant que ça a compté quand tu n'as jamais abordé le sujet. » Il sentit l'agacement pointer le bout de son nez face à l'accusation de Soledad sur la façon dont il la regardait. « Tu me rejettes la faute dessus?! »  Non mais il devait être dans un monde parallèle ou alors il y avait de la drogue dans le plat qu'il avait mangé, parce que c'était pas possible qu'elle le prenne autant pour un con « C'est vrai que je t'ai donné tellement de raisons de douter de moi, je suis un impulsif de première, je suis violent, on peut pas discuter avec moi. Ça va ce n’était pas trop dur de me fréquenter ? Tu mourais pas de frayeur à l'idée que je m'emporte et te fasse du mal?! » Et le pire c'est qu'il avait beau savoir que ça n'aurait pas dû avoir son importance, que l'avis de Soledad était biaisé parce qu'elle était une sorcière et lui non, ça l'affectait. Il n'était pas comme ça, il ne l'avait pas  agressé en la voyant là-bas. Elle se cherchait des excuses pour quelle raison ? Elle savait très bien ce qu'elle faisait pour lui attraper le bras elle avait bien su agir, pour lui poser des questions sur le Blood Circle elle était là, par contre pour lui épargner un choc alors qu'il cherchait à se prouver qu'il stressait pour rien, elle n'avait pas été là.

La vérité, il la connaissait, il avait pris des potions, certainement à fréquence régulière. Le fait qu'elle regarde son propre verre fit dire à Doryan qu'il n'avait rien mis dedans. Ses paroles, il n'y croyait plus. Il ne la coupait pas, ce qui était une erreur, il aurait mieux valu lui dire que ce qu'elle disait n'avait plus aucun impact sur lui, même si ça n'était pas si vrai que ça. S'il était bien décidé à se taire, ne pas rebondir sur ses paroles vides de sens, le fait qu'elle dise qu'elle ne pourrait jamais lui faire de mal eut raison de sa patience et il rétorqua, s'énervant tout seul déjà parce qu'il était incapable de se taire mais aussi parce qu'il n'aimait pas vraiment qu'elle le prenne autant pour un idiot. Bien sûr que si elle lui avait fait du mal, nul besoin que ça soit physique pour avoir mal. Sa vie avait changé, en une soirée et comme il avait été un idiot à lui faire confiance, tout le monde savait qui était Soledad et bien sûr qu'on lui avait posé des questions. Il n'avait pas pu dire la vérité, le risque était trop grand, pour les gens ou même pour Soledad, parce qu'il était assez idiot pour s'en soucier. Ce n'était pas ce qu'elle voulait, bien sûr que si, sinon elle lui aurait dit ce soir-là, c'est bien que ça ne lui faisait ni chaud, ni froid. Elle avait un culot de dingue quand même à dire qu'elle était désolée, des mots, ça n'était que des mots et il était certain qu'elle disait cela uniquement parce qu'elle pensait qu'il lui ferait du mal si elle ne disait rien. Dans ce contexte, ses excuses, il n'en voulait pas, elles n'avaient aucune valeur, comme chacune de ses paroles. Ce qui n'empêcha pas Soledad de revenir sur les potions ingurgitées. S'il en avait bu, il le saurait. Il fronça les sourcils sans comprendre. Quel était l'intérêt des potions si les gens savaient qu'ils en prenaient ? Il n'aurait rien ressenti ? Il était sûr des recherches qu'il avait fait, les potions marchaient sur les personnes sans magie, bien sûr que si il aurait ressenti des choses, elle essayait de le duper. Elle le regarda bizarrement, quoi, il n’avait rien fait, rien dit, avant de reprendre la parole et d'expliquer comment les potions fonctionnaient. Des dizaines de questions lui brûlaient les lèvres, l'envie de comprendre, d'en savoir plus, d'apprendre de nouvelles choses, qui de mieux qu'un sorcier pour expliquer les mystères des potions et de la magie ? Sauf que voilà, quand la personne qui pouvait donner les informations était celle qui s'était payée sa tête, qu'il soupçonnait fortement de lui avoir fait boire des potions, est-ce qu'il était judicieux de lui poser des questions ? Ce qu'il comprenait c'est qu'il n'aurait plus mal une fois que les dernières gouttes de la potion seraient éliminées par son organisme. Il releva la tête lorsqu'elle lui répéta une nouvelle fois que tout avait été vrai entre eux. « Arrête. C'est pas parce que tu le répètes que ça devient la vérité. C'est tellement naturel de cacher des choses que ce n'est pas un problème n'est-ce pas? Tu te caches derrière le Blood Circle mais depuis la nuit des temps les sorciers font le choix de ne rien dire, de ne pas partager leurs découvertes, leurs connaissances. Tout pour vous, vous avez des potions pour la douleur, pour réparer des tissus, pour ressouder des os mais c'est que pour les  sorciers. Il a fallu qu'une organisation de non mages révèle la magie sinon ça aurait continué comme depuis la nuit des temps. Ne viens pas me dire que c'est vrai Soledad, j'aurais pu me vider de mon sang devant toi que tu n'aurais pas sorti ta baguette pour m'aider alors que si j'avais été un sorcier, si. » Elle était là la différence suprême, il restait à son chevet, certes il ne pouvait pas faire grand-chose mais il restait à ses côtés et faisait de son mieux, peu importe qu'elle soit une sorcière, c'était une vie. Il avait vu plein de gens décéder dans le cadre de son métier et parfois, il était sûr que si un sorcier avait décrété que ces personnes valaient la peine d’être aidé, ils ne seraient pas morts. Avoir de si grands pouvoirs, être capable de faire tant de choses et choisir de garder cela pour soi, pour sa communauté, c’était un tel manque d’humanité, il n’en revenait pas.

Consciencieux, il l'auscultait, répondant à ses questions sur la raison qui le poussait à le faire, son humanité en définitive. Oui, il aurait pu fermer les yeux mais il n'aurait pas pu se regarder dans un miroir. Comment pourrait-il enfiler son uniforme le lendemain en sachant qu'il avait laissé un meurtre se commettre sous son nez. Et même si les conséquences de cette décision étaient désastreuses, qu'il permettait à un ennemi de reprendre les armes pour tuer des gens comme Doryan, il était désolé mais ça ne changerait pas ses choix. Autant sur le terrain, il pouvait éventuellement blesser, dans le feu de l'action, lorsque c'était lui ou l'autre, de sang-froid, ça n'était pas la même. Son regard dans celui de Soledad, il esquissa un faible sourire, il aurait aimé la croire, se fier à elle comme il le faisait avant mais il savait au fond de lui que ses paroles étaient creuses, même si elle avait eu l'intention de le tuer ou le faire tuer, elle ne lui aurait pas dit. Personne ne savait où elle était, elle n'était pas idiote, elle savait qu'elle n'était pas en forme, qu'elle avait besoin d'aide et qu'il pouvait aider. « Tache de te souvenir de ce que tu affirmes quand tu prendras ta baguette. » Mais, si elle disait vrai, ça lui enlevait un poids. Il était perdu, est ce qu'il pouvait la croire ? Est-ce que ce qu'elle lui disait s'appliquait aussi à ses proches ? Il n'osait pas le demander de peur de donner des billes

Ses craintes sur le fait d’être en danger, que sa famille soit en danger, Soledad les partageait et alors qu’il tentait de la rassurer sur le fait qu’il ne voulait pas leur mort, ni à Soledad ni à ses proches, la réponse de la sorcière le fit lever brusquement les yeux sur elle et rétorquer froidement « Et tu sais de quoi tu parles. Jusqu’à preuve du contraire, ta boutique n’a pas été saccagé, personne n’est venu chez toi. Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose et encore moins à cause de moi. » Raison pour laquelle, il avait gardé son secret si farouchement, parce qu’il ne voulait pas être responsable des problèmes de Soledad, il était plutôt décidé à lui prouver que les moldus pouvaient être digne de confiance, lui y compris. La discussion bascula sur la peur de Soledad et pour l’occasion, Doryan ne la comprenait pas. Elle était surpuissante, il s’en rendait bien compte à chaque altercation contre les sorciers, il risquait sa peau bien plus qu’eux et il ne parlait même pas des fois où il avait essayé de faire ami-ami et que ça avait mal tourné, même s’il devait avouer que l’échec avec Soledad était certainement le plus douloureux et pas que parce qu’il était le plus récent. Son regard se posa sur le sac de Soledad, plus loin, oh oui il le savait que tout ça elle ne pouvait le faire qu’avec sa baguette. C’était la raison pour laquelle il avait éloigné cette dernière… A moins qu’elle soit dans une de ses poches ? Son cœur s’accéléra à cette pensée, si ça se trouvait il avait fait tout ça pour rien. Il arrêta de songer à la baguette de Soledad lorsqu’elle mentionna le fait de lui mettre une balle dans la tête « Mais t’es pas bien comme fille. » Enfin, il n’était pas comme ça et alors si déjà le fait de mettre une balle dans la tête de quelqu’un de sang froid lui semblait particulièrement horrible, la seconde idée était encore pire, il n’avait rien à rétorquer, se contentant de la regarder dépité. Parce que d’après elle, lui il en serait capable ? Comment elle expliquait qu’il ne l’ait pas tué la première fois, qu’il soit intervenu dans la ruelle tout à l’heure et qu’il l’ait ramené ici ?  Pourquoi elle travaillait dans le monde moldu « Pourquoi les loups suivent-ils les rennes lors de leurs migrations d’après toi ? » Proche de l’ennemi, c’était plus facile de l’anéantir. Quant à la deuxième question, c’est certainement celle qui faisait le plus de peine, elle était liée à sa première réponse. « Je pense que ça t’a amusé. » de tomber sur le pignouf qui ne se posait pas de questions, ne posait pas de questions et qui manquait clairement de prudence. Et les autres ? Les gens qu’elle connaissait et qu’il connaissait aussi du coup, Ludivine, Jonas, est ce qu’ils étaient au courant qu’ils fréquentaient une sorcière, est ce qu’ils étaient des sorciers eux aussi et Doryan était en danger à chaque fois qu’il les fréquentait. Est-ce qu’il devait se méfier de tout le monde maintenant ?

Pour le moment, il ne devait pas se prendre la tête, pas se poser de questions, il devait déjà s’occuper de la santé de Soledad, ce qu’il faisait consciencieusement, essayant de ne pas la faire souffrir mais bon pas évident quand tout était douloureux chez elle. Sa tête était certainement le plus gros problème et le fait qu’elle confirme que la lumière lui faisait mal le fit souffler. Bon, en réalité tout lui faisait mal. Il s’approcha de la lampe de chevet, marmonnant « Détends toi, je ne vais pas te la fracasser sur le crâne. » Par contre, il l’alluma pour éteindre la grande lumière et réduire l’éclairage. Le mieux ça aurait été le noir complet il s’en doutait mais premièrement il avait peur qu’elle réussisse à prendre sa baguette et qu’elle le tue. Si elle le faisait, il voulait qu’elle le fasse en face, qu’elle assume ce qu’elle pensait de lui. La deuxième raison c’était pour éviter de la faire paniquer et stresser à l’idée qu’il lui fasse du mal. La troisième raison c’était qu’il était fatigué et dans le noir complet, il risquait de s’endormir. Il resta quelques secondes à regarder la lumière, c’était sûrement un peu trop, il attrapa donc un des deux plaids et recouvrit la lampe « Là, c’est un peu mieux non ? »  Bon c’est sûr que ça n’était pas vraiment un palace quatre étoiles avec lumière tamisée ça, ça sera pour plus tard, pour le moment, il veut pas trop l’inviter à l’hôtel . A sa question avec une pointe d’ironie, il hocha la tête « Je ferais tout pour en tout cas. Je ne suis pas sûr de ce que tu as mais je pense qu’il vaut mieux que tu t’endormes pas. Je vais te tenir compagnie et quand le couvre-feu sera levé, tu pourras partir. » Il lui indiquerait un endroit sans balise pour qu’elle puisse transplaner en toute quiétude.

Ça faisait drôle d’entendre Soledad dire que ça ne serait pas la première fois qu’elle risquerait de mourir, Doryan en eut un pincement au cœur.  C’était des mots qu’il n’aurait jamais voulu entendre, imaginer Soledad risquer sa vie, ça n’était pas plaisant du tout. « En même temps, tu travailles pour le ministère de la magie, tu participes activement à la lutte contre les moldus. Tu as élu comme dirigeante une fille qui à peine élue a fait le choix de tous nous menacer et quand je dis tous, c’est tous, elle n’a pas envoyé de hiboux au QG du Blood Circle, bien que vous sachiez pertinemment où il est, elle l’a envoyé dans un endroit où il y avait des civils. Comment tu peux croire que nous ne nous défendrons pas pour notre vie ? Pourquoi prendre le parti de ces gens si tu as vécu parmi les gens sans magie ? » Si c’était la vérité, alors pourquoi agir comme ça, pourquoi vouloir favoriser le secret magique, pourquoi ne rien lui dire ? Pourquoi plus avoir peur de ce qu’il pourrait dire que d’accepter de croire en lui. Il cligna des yeux lorsqu’elle lui tendit le paquet de légumes, la regarda longuement sans comprendre avant de finir par le poser sur sa main, grimaçant face au froid « Merci » Il ne servait à rien de prétendre qu’il n’avait pas mal, c’était totalement faux. Il ne chercha pas non plus à lui dire qu’il valait mieux qu’elle le garde, si elle lui passait c’est qu’elle jugeait que non et puis l’engourdissement de sa main lui ferait le plus grand bien, il le savait… ça et un bon bain chaud mais bon ça n’était pas à l’ordre de la soirée, pour sûre qu’elle s’endormirait s’il disparaissait et il n’était pas sûr qu’elle se réveille si c’était le cas.

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Soledad Velasquez
Soledad Velasquez
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Dim 2 Avr - 22:05




Il n'y a plus de rêves pour notre génération
Soledad ☽ ☾ Doryan ♥



Doryan ne la croyait pas. Bien sûr qu'il ne la croyait pas, il n'y avait rien d’étonnant à ça. C'était terrible et frustrant mais Soledad ne pouvait même pas lui en vouloir. Parce qu'elle savait qu'à sa place elle en ferait de même. Parce que c'était le cas en cet instant. Alors qu'il l’aidait, elle ne pouvait s'empêcher de continuer d'avoir peur, de craindre que soudainement il ne change d'avis et ne décide qu'elle serait bien mieux morte. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander s’il avait contacté le Blood Circle pour les informer de sa présence chez lui, pour qu'ils viennent la récupérer et enfermer une sorcière de plus. Il faisait partie du Blood Circle, tuer les gens comme elle faisait partie de ses obligations, de ce en quoi il croyait. Pourquoi est-ce que ça aurait été différent avec elle ? Dans ce contexte, le croire les yeux fermés était presque impossible, en fait ça aurait même été du suicide. Soledad s’était retrouvée trop de fois malmenée par des membres du Blood Circle pour ne pas se laisser envahir par la crainte et la méfiance. Peu importe combien elle en avait envie. En avait besoin. Alors puisqu'il en allait ainsi pour elle, il était normal qu'il en aille également ainsi pour lui. Mais ce n'était pas pour autant que c'était facile à vivre, c'était même tout l'inverse. Elle avait déjà mal partout, et maintenant les blessures de son cœur se réveillaient aussi sous les mots acerbes de Doryan. Il n’y avait aucune échappatoire, elle ne pouvait même pas faire trois mètres sans que les vertiges ne la clouent au sol, et maintenant elle ne pouvait même pas se défendre avec ses mots. Doryan balayait tout ce qu’elle disait, toutes ses explications, ses excuses. Peu importe ce qu’elle disait, peu importe ce qu’ils avaient vécus ensemble, peu importe que tout ait été vrai. Plus rien n’avait d’importance aux yeux du moldu et ça lui faisait terriblement mal de réaliser ça.

Cette douleur là était même pire que la douleur physique, sauf qu’encore une fois, elle n’avait aucun moyen de fuir. Cette conversation, c’était elle qui l’avait lancé, et maintenant elle devait aller jusqu’au bout, même si ça lui faisait mal. « Tes promesses c'est du vent Soledad. Tu n'as eu aucun respect pour moi. Tu ne peux pas me regarder droit dans les yeux et me mentir en me disant que ça a compté quand tu n'as jamais abordé le sujet. » La mexicaine accusa le coup en silence. Elle avait tellement mal au crâne et les mots de Doryan étaient des piques qui venaient s’ajouter à cette douleur. Elle aurait aimé être assez forte pour ne pas se laisser atteindre, mais c’était loin d‘être le cas. Il avait tort, sur toute la ligne. Ca avait compté pour elle, il avait compté pour elle, certainement plus qu’il ne le réalisait. Plus qu’elle ne lui avait jamais dit et qu’elle ne pourrait jamais le lui dire maintenant. Soledad avait déjà mal à chaque fois qu’il remettait en cause ses paroles, elle ne pourrait pas supporter qu’il nie les sentiments qu’elle avait eu pour lui. Et qu’elle avait peut-être encore, enfoui tout au fond d’elle. Tout ce pour quoi elle avait eu si peur qu’il la regarde avec cet éclat si cuisant dans les prunelles. « Tu me rejettes la faute dessus ?! » Soledad leva vers lui de grands yeux meurtris. Quoi ? Mais comment avait-il pu conclure ça de ses paroles ? Ce n’était absolument pas ce qu’elle disait, jamais elle n’avait affirmé une telle chose, bien au contraire. « Non. » Elle fronça les sourcils, cherchant les mots qui ne cessaient de lui échapper, éclipsés par la douleur sous son crâne. « C’est ma faute, mes peurs, ma lâcheté. » Jamais elle ne l’avait remis en cause, elle était bien consciente qu’elle était à l’origine de tout. C’était elle qui avait eu trop peur pour parler, c’était la seule chose qu’elle disait. Mais bien sûr, il ne l’entendait pas de cette oreille. « C'est vrai que je t'ai donné tellement de raisons de douter de moi, je suis un impulsif de première, je suis violent, on peut pas discuter avec moi. Ça va ce n’était pas trop dur de me fréquenter ? Tu mourais pas de frayeur à l'idée que je m'emporte et te fasse du mal ?! » Soledad retint difficilement une grimace. Il allait tellement loin dans ses interprétations qu’elle peinait presque à le suivre. Encore une fois ce n’était pas ce qu’elle avait dit, c’était même des choses qu’elle n’avait jamais pensés. Elle n’avait pas eu peur que Doryan ait ces réactions là face à elle, elle avait eu peur que sa nature de sorcière le rebute. Qu’il croie en toutes les inepties dont le Blood Circle nourrissait les moldus, qu’il la prenne pour un monstre, qu’il choisisse de lui tourner le dos. « J’avais peur de te perdre. C’est tout… » Souffla-t-elle d’une voix étouffée. Comme quoi, elle avait eu raison d’avoir peur. C’était exactement ce qu’il s’était passé.

Soledad faisait de son mieux, mais il lui semblait que faire entendre sa voix était impossible. Elle n’était pas en état de se battre, même avec des mots, mais elle tentait quand même parce qu’elle ne voyait pas d’autre alternative. Elle ne pouvait pas juste accepter que Doryan pense tout ça d’elle. Elle ne pouvait pas le laisser s’imaginer qu’elle l’avait manipulé, que leur relation avait été fausse, que tout ce qu’il avait pu ressentir pendant leur temps ensemble n’avait été que la création d’une potion. Ca lui était intolérable qu’il ait cette image d’elle, parce que c’était tellement éloigné de la réalité que même Soledad ne parvenait pas à l’envisager. Et puis c’était douloureux. Si douloureux, de le voir balayer ainsi tous les mois qu’ils avaient passés ensemble. Elle avait été heureuse à ses côtés, réellement, et sûrement même plus que ça, et elle avait eu le sentiment que lui aussi avait été bien avec elle, que ça avait été vrai et sincère. Alors l’entendre se convaincre que tout n’avait été qu’une illusion, que jamais il n’avait pu être vraiment heureux à ses côtés lui faisait plus de mal que tous les coups qu’elle avait pu recevoir ce soir. Il refusait de voir la vérité, de l’écouter, de la croire. Alors elle tenta de lui expliquer coûte que coûte, même si c’était difficile, parce qu’elle ne parvenait pas à se résigner à ce qu’il croit qu’elle l’avait manipulé depuis le début. Il s’imaginait qu’elle avait utilisé des potions sur lui, mais c’était faux, non seulement elle en aurait été incapable mais surtout si ça avait été le cas il s’en serait rendu compte. « Arrête. C'est pas parce que tu le répètes que ça devient la vérité. C'est tellement naturel de cacher des choses que ce n'est pas un problème n'est-ce pas? Tu te caches derrière le Blood Circle mais depuis la nuit des temps les sorciers font le choix de ne rien dire, de ne pas partager leurs découvertes, leurs connaissances. Tout pour vous, vous avez des potions pour la douleur, pour réparer des tissus, pour ressouder des os mais c'est que pour les sorciers. Il a fallu qu'une organisation de non mages révèle la magie sinon ça aurait continué comme depuis la nuit des temps. Ne viens pas me dire que c'est vrai Soledad, j'aurais pu me vider de mon sang devant toi que tu n'aurais pas sorti ta baguette pour m'aider alors que si j'avais été un sorcier, si. » La mexicaine mit quelques secondes à assimiler toutes les paroles que venaient de lui balancer Doryan. Le changement de sujet lui paraissait brusque et sortit de nulle part. Elle lui parlait d’eux deux et lui en profitait pour lui mettre sur le dos tous les choix de la communauté magique. Que croyait-il ? Que c’était elle qui avait choisi ? Qu’elle avait un quelconque pouvoir sur les décisions du Ministère ?

Même en ce moment Soledad se rendait bien compte que ses actions ne comptaient pas, que ce soit lors des élections qui avaient certainement été la plus grande mascarade du monde sorcier, ou là face à Doryan qui refusait d’écouter ce qu’elle avait à dire. « Tout ça c’est peut-être parce que dès que vous apprenez notre existence, votre premier réflexe est de vouloir nous éliminer. Tu y as pensé à ça ? » Souffla-t-elle avec amertume. Si ça ne tenait qu’à elle, elle aurait déjà partagé toutes les connaissances des sorciers avec les moldus. Mais elle savait bien ce qu’il s’était passé chaque fois que ça avait été le cas. Ce n’était que l’Histoire qui se répétait de nouveau. Les sorciers étaient peut-être égoïstes, mais comment les en blâmer quand les moldus cherchaient systématiquement à les détruire. S’ils avaient choisi de se cacher c’était parce que les moldus ne les auraient jamais laissé vivre en paix, ou même les aider. Le discours de Doryan faisait sens, mais il omettait cette partie de l’histoire. Ce qui devait grandement l’arranger, c’était facile de porter des accusations quand on ne voyait qu’une partie des faits. « Tu apprends que je suis une sorcière et tout de suite tu en conclus que je suis un monstre… Tu me prêtes une image qui n’est pas moi et tu ne m’écoutes pas. » Il ne faisait que répéter les erreurs du passé. Il faisait passer l’avis du Blood Circle avant elle, il préférait suivre les idées fausses dont le Blood Circle martelait les moldus plutôt que de lui laisser la moindre chance. C’était injuste, et frustrant, et totalement faux. « Jamais je ne t’aurais laissé te vider de ton sang sans intervenir… Toi ou n’importe qui. » Affirma-t-elle après un nouvel instant de silence. Elle doutait que ses mots aient le moindre poids dans cette conversation à sens unique, mais elle ne parvenait pas à se résigner à se taire. Qu’il l’imagine capable de tant de cruauté lui faisait trop mal.

Au milieu de toutes ces accusations, Soledad peinait à comprendre pourquoi Doryan l’aidait. A moins que ce ne soit un moyen de la garder à l’œil en attendant que le Blood Circle vienne la chercher, elle ne voyait pas pourquoi il s’embarrassait d’elle. D’accord, il n’avait pas pu laisser les deux moldus s’en prendre à elle en pleine rue, être témoin et ne pas agir, elle pouvait l’entendre, mais ça aurait pu s’arrêter là. Son devoir s’arrêtait là, il l’avait aidé, rien ne l’obligeait à l’amener chez lui et à tenter de la soigner, à refuser avec tant de véhémence qu’elle retourne seule chez elle. A toutes ses interrogations, il avança que lui était doté d’humanité, contrairement aux sorciers. Un amalgame qui n’avait pas lieu d’être mais qui n’étonna pas Soledad. Vu ce qu’il pensait des sorciers, elle n’était pas surprise qu’il les juge inhumains, ce qui était quand même loin d’être facile à entendre. Encore moins quand il avança l’idée qu’il pourrait se mordre les doigts de l’avoir aidé. Comme si elle ou un de ses proches pourraient s’en prendre à lui. Une nouvelle fois, voir combien il la voyait malfaisante peina la mexicaine. Personne ne s’en prendrait à lui, elle pouvait le lui affirmer sans ciller. Ses prunelles dans celles du moldu, elle capta le faible sourire qui étira ses lèvres mais ce fut si bref qu’elle en vint à se demander si elle ne l’avait pas imaginé. « Tache de te souvenir de ce que tu affirmes quand tu prendras ta baguette. » Soledad sentit l’amertume lui serrer la gorge. Il ne cessait de lui montrer le peu d’importance qu’il accordait à ses paroles et ça ne cessait de la blesser. Néanmoins elle s’efforça d’affronter le regard de regard de Doryan sans flancher. « Je ne ferai rien du tout. » Argua-t-elle sans le lâcher du regard. Au moins ça leur faisait un point commun, ils avaient tous les deux peur. Pour eux, mais aussi pour leurs proches. Ce sentiment au moins ils le partageaient et pouvaient le comprendre, mais Soledad trouvait surtout ça inquiétant. Voilà où la société les avait mené, à vivre dans la peur. De la mort, mais pas seulement. « Et tu sais de quoi tu parles. Jusqu’à preuve du contraire, ta boutique n’a pas été saccagé, personne n’est venu chez toi. Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose et encore moins à cause de moi. » La mexicaine s’efforça d’ignorer le ton glacial de Doryan, ce qui bien sur fut un cuisant échec tant il la secoua. Elle choisit de garder le silence, elle entendait ce qu’il disait, il était vrai que depuis cinq mois elle vivait dans une peur qui ne s’était jamais réalisée. Mais elle entendait aussi ce qu’il ne disait pas. Que s’il n’avait pas l’intention de lui faire du mal, il croyait dur comme fer que l’inverse n’était pas également vrai.

La preuve, il lui sortit toute une liste de choses qu’elle était capable de faire avec la magie, des choses plus horribles, plus terribles les unes que les autres. En un sens, il avait raison, elle pouvait faire tout ça, mais là où il avait tort, c’était que jamais elle ne le ferait. Une fois encore il avait une image d’elle complètement faussée et Soledad n’arrivait pas à s’en dépêtrer. Comment l’aurait-elle pu alors que de son côté elle pensait la même chose ? Si elle avait les moyens de lui faire du mal, il n’était pas sans défense non plus, il le lui avait bien prouvé ce soir d’avril. Il avait une arme, il était plus fort qu’elle, surtout en cet instant, la tuer serait tellement facile pour lui. « Mais t’es pas bien comme fille. » Soledad le contempla un long instant. Son regard dépité, il pouvait se le garder. Elle aussi elle n’appréciait pas de savoir qu’il la pensait capable de tout ce qu’il lui avait dit. Ce n’était pas vrai et il aurait dû le savoir, il aurait dû le comprendre, le sentir. Mais non, il préférait la prendre pour un monstre parce que c’était plus facile ainsi. Ne pas la voir comme un être humain lui permettait de tout justifier. Mais c’était injuste. « Quoi, t’es le seul à avoir le droit d’avoir peur ? » Ca aussi c’était injuste et elle n’allait certainement pas l’accepter aussi facilement. Elle avait beau avoir la magie de son côté, ça ne la rendait pas aussi invincible que Doryan avait l’air de le penser. Sinon elle ne serait pas là, aussi mal ce soir. Sinon elle n’aurait pas tellement peur, tout le temps. A force de refuser de l’écouter, il faisait de moins en moins sens et Soledad se perdait dans cette conversation qui lui demandait bien trop d’effort pour son état de santé. Elle travaillait avec des moldus et il le savait, elle s’était engagée dans une relation en sachant parfaitement qu’il n’avait pas de magie, qu’elle veuille leur destruction n’avait aucun sens. « Pourquoi les loups suivent-ils les rennes lors de leurs migrations d’après toi ? » Soledad le regarda sans comprendre, elle n’était pas en état de jouer aux devinettes et n’en avait d’ailleurs aucune envie quand ça la concernait aussi profondément. « Je pense que ça t’a amusé. » La brune ouvrit de grands yeux, sincèrement choquée par cette affirmation. Ils avaient été ensemble huit mois, elle s’était attachée à lui, avait développé des sentiments pour lui, et lui il ramenait tout ça à une sorte de jeu pervers. Dans sa poitrine, le cœur de Soledad se brisa un peu plus. Elle sentit ses yeux s’embuer mais pinça les lèvres pour tenter de faire refluer ce mal-être. De tout ce qu’il avait pu lui dire, c’était certainement ce qui lui fit le plus mal. « Et c’est moi qui suis pas bien… » Souffla-t-elle après un instant de silence. Il lui fallut de longues secondes pour se recomposer une expression à peu près maîtrisée et surtout pouvoir parler sans se laisser submerger. « Comment tu peux penser ça de moi ? » Jamais elle ne lui avait donné de raison de penser ça, elle avait toujours été elle-même avec lui. Elle avait toujours été sincère avec lui, pas sur le fait qu’elle était une sorcière, certes, mais sur elle-même. « Je t’ai caché ma nature, mais ça ne change rien à celle que j’ai été avec toi. » Devait-elle lui redire encore une fois que leur relation avait été réelle, qu’elle avait compté pour elle ? Si c’était pour l’entendre une nouvelle fois la contredire, Soledad préférait s’en abstenir.

En attendant, et malgré toute la peine qu’il ne cessait de lui causer, elle accepta qu’il l’ausculte. De toute façon elle n’avait pas la force de continuer à se battre contre lui à ce sujet alors autant qu’il en arrive rapidement aux mêmes conclusions qu’elle, elle avait des côtes cassées et de terribles douleurs au crâne qui ne voulaient pas s’estomper. La lumière lui faisait mal aux yeux et en fait tout lui faisait mal tout le temps. « Détends toi, je ne vais pas te la fracasser sur le crâne. » Soledad ne prêta pas attention à ses paroles. Elle avait juste souligné qu’il pourrait le faire, pas qu’elle pensait qu’il allait le faire. Lui fracasser le crâne maintenant, après s’être échiné à l’aider n’avait aucun sens. Il étai bien plus logique qu’il ait appelé le Blood Circle. « Là, c’est un peu mieux non ? » La mexicaine prit quelques secondes pour que ses yeux s’habituent à la lumière tamisée. Effectivement c’était mieux ainsi, seulement un peu, mais vu comment elle souffrait, elle prenait tout ce qu’il venait. Avec prudence, elle tenta de hocher la tête mais s’arrêta en sentant une vague de douleur l’envahir. Elle grimaça et se demanda franchement à quel point son état était grave. « Je ferais tout pour en tout cas. Je ne suis pas sûr de ce que tu as mais je pense qu’il vaut mieux que tu t’endormes pas. Je vais te tenir compagnie et quand le couvre-feu sera levé, tu pourras partir. » Soledad observa Doryan avec gravité. Ce n’était pas exactement rassurant ce qu’il était en train de lui dire. Si elle s’endormait, il y avait des chances qu’elle ne se réveille pas, pourtant elle se sentait épuisée et garder les yeux ouverts était une lutte de chaque instant. Doryan allait lui tenir compagnie pour s’assurer qu’elle ne s’endorme pas, si elle aurait adoré cette idée quelques mois plus tôt, cette fois elle se demandait si elle devait l’accueillir avec reconnaissance ou appréhension. Si c’était pour qu’il continue de la noyer de ses reproches, elle préférait s’endormir malgré les risques.

Ce n’était pas comme si c’était nouveau pour Soledad de prendre des risques et de se retrouver face à la mort. Certes, cette fois-ci elle n’avait été ni en mission, ni dans une situation dangereuse, les risques lui étaient tombés dessus sans qu’elle ne les cherche, mais la finalité était la même. Ce n’était pas la première fois qu’elle risquait de mourir à cause de moldus. « En même temps, tu travailles pour le ministère de la magie, tu participes activement à la lutte contre les moldus. Tu as élu comme dirigeante une fille qui à peine élue a fait le choix de tous nous menacer et quand je dis tous, c’est tous, elle n’a pas envoyé de hiboux au QG du Blood Circle, bien que vous sachiez pertinemment où il est, elle l’a envoyé dans un endroit où il y avait des civils. Comment tu peux croire que nous ne nous défendrons pas pour notre vie ? Pourquoi prendre le parti de ces gens si tu as vécu parmi les gens sans magie ? » Soledad se força à rouvrir les yeux et le regarda, une moue désabusée peinte sur ses traits. Doryan ne cessait de s’enfoncer dans ses idées sans chercher à démêler le vrai du faux, il lui prêtait des intentions, des actions sans même savoir si c’était la vérité. Le pire c’était que Soledad ne doutait pas qu’il trouverait le moyen de ne pas la croire si elle lui expliquait ce qu’il en allait réellement. Tout ça pour conclure une chose : « Donc j’ai mérité de manquer de mourir. » Au moins ça c’était clair. « T’auras qu’à encourager ton collègue qui m’a envoyé à l’hôpital, c’est vraiment pas passé loin selon les médecins… Dommage. Peut-être que la prochaine fois il réussira son coup. » Peut-être qu’un jour le Blood Circle réussirait à éliminer tous les sorciers, même les plus pacifiques, même ceux qui demandaient juste à vivre tranquillement. Ils pourraient tous les éliminer et se féliciter ensuite d’un travail si bien fait. Sûrement que ça soulagerait Doryan, lui qui avait l’air si déçu qu’elle ait survécu à la dernière fois où l’on avait attenté à sa vie. « Je le méritais ce soir aussi ? » Demanda-t-elle en portant sur lui un regard sombre.

Sans trop savoir pourquoi, Soledad tendit le sac de surgelé à Doryan. Lui aussi avait mal à la main, elle l’avait vu, et puisque cette soirée n’avait aucun sens, autant continuer ainsi. Elle retint un soupir en le voyant hésiter. « Merci. » La mexicaine remua dans le canapé pour se redresser, si elle restait ainsi elle allait finir par s’endormir. Mais bouger lui faisait mal et elle dû pincer les lèvres pour ne pas laisser échapper d’exclamation de douleur quand ses cotes se réveillèrent. Mince, la pièce recommençait à tanguer. Doryan était vraiment sûr qu’elle allait passer la nuit ? Ca lui paraissait compliqué là. Elle reposa ses coudes sur ses genoux et plongea sa tête dans ses mains, le temps que l’élan douloureux s’estompe au moins un peu. « Tu tires des conclusions… Mais t’as aucune idée de ce qu’il se passe vraiment. Tu m’accuses, mais tu ne sais pas… » Marmonna-t-elle en s’efforçant de se rappeler de derniers reproches qu’il lui avait servit et de faire le tri dans ses pensées. Soledad prit une profonde inspiration. « Les dossiers que tu as trouvés… » Elle tourna prudemment la tête pour le regarder, se demandant vaguement comment lui expliquer. « J’accompagne des familles moldus qui découvrent que leurs enfants ont des pouvoirs… » Une nouvelle inspiration, une grimace. « Je réponds à leurs questions, je leur explique tout. » Par Merlin mais pourquoi devait-elle avoir cette conversation en cet instant alors que penser était difficile ? « J’essaye… J’essaye de faire en sorte qu’ils aient pas peur, que tout se passe bien. Qu’ils ne rejettent pas leur enfant juste parce qu’il est différent… Je leur montre qu’on peut vivre ensemble. » Soledad s’efforça de ne pas lâcher Doryan du regard. Elle croyait dur comme fer en ce qu’elle faisait, elle était persuadée qu’elle était utile, que ce qu’elle faisait était bénéfique. Elle en avait déjà vu les résultats, elle avait réussi à rassurer des couples moldus, à guider les plus paumés. Il fallait que Doryan la croit, elle ne pouvait pas inventer tout ça. Elle n’avait aucun intérêt à lui mentir en cet instant.

« Et les élections… » Là c’était plus compliqué et elle en était cruellement consciente car c’était un évènement qu’elle avait encore du mal à digérer. « Je sais pas ce qu’il s’est passé. » Admit-elle lentement. Tout avait été si étrange, si anormal, même chez les sorciers. « Quelque chose… Quelque chose n’allait pas, mais personne n’a pu le prouver. » Elle savait que ça ne jouait pas en la faveur des sorciers, que ce ne serait qu’un argument de plus que Doryan balayerait, mais c’était la plus stricte vérité. Elle ne cherchait pas à se dédouaner, il en avait été ainsi et ça la mettait toujours autant en colère. « Je n’ai pas voté pour l’Augurey, jamais ne la soutiendrai. Je ne porte pas sa marque. » Machinalement, elle déplia les bras, même s’il avait vu de nombreuse fois la peau vierge de ses avant-bras. Oui, elle savait d’avance ce qu’il allait dire. Qu’elle pouvait la cacher, que ceci, que cela, de toute façon il avait réponse à tout. « En fait je fais partie de l’Ordre du Phénix. » Avoua-t-elle sans chercher à s’expliquer plus, Doryan devait savoir de quoi elle parlait. Ce nom n’était plus inconnu chez les moldus. Ce qui ne voulait certainement pas dire grand-chose en ce moment, elle le savait bien. Le phénix avait bien du mal à se relever et à agir, elle était la première à l’admettre. L’important était qu’elle n’avait jamais adhéré aux idées des mangemorts, que tout ce que croyait Doryan était faussé. Finalement elle laissa échapper un long soupir et replongea son visage dans ses mains pour presser ses paumes contre ses paupières. Comme si ça allait lui apporter le moindre soulagement. « Je sais pas pourquoi je te raconte ça. » En réalité si, elle le savait. Parce qu’il avait compté pour elle et qu’elle ne supportait pas qu’il voit un tel monstre en elle. Parce qu’à ses yeux, c’était important qu’il comprenne qu’elle n’était pas l’ennemie, que tout ce qu’elle lui disait était sincère. Elle voulait qu’il la voie telle qu’elle était en réalité et non pas sous le prisme de ce que le Blood Circle lui faisait croire. Mais c’était bien là le problème, ce n’était pas elle qu’il croyait. « De toute façon peu importe ce que je dis, je ne suis qu’une menteuse. » Souffla-t-elle d’une voix pleine d’un mélange d’amertume et de déception. Elle était une menteuse, une manipulatrice, un monstre… C’était sa parole contre ses convictions, et en cet instant elle pourrait s’escrimer autant qu’elle le voudrait, sa parole ne valait pas grand-chose.


CODAGE PAR AMATIS




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Doryan Rosebury
Doryan Rosebury
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Mar 4 Avr - 22:13
Il n'y a plus de rêves pour notre génération
ft. mon ex la sorcière

Lorsque les gens disent que le temps efface toutes les douleurs, il faudrait qu'ils soient un peu plus précis sur la durée que ça prenait. Doryan ne se faisait pas d'illusions avant ce soir, il savait déjà qu'il ne s'était pas remis, qu'il aurait beau l'affirmer, ça ne serait qu'un mensonge envers lui-même. Il n'était pas seulement question du fait que ça faisait mal de perdre quelqu'un auquel on tient, ça c'était une affaire entendue, sauf que dans ce cas précis, il y avait des questions qui ne trouvaient pas de réponses et qui revenaient ponctuellement dans son esprit. Les retrouvailles avec Soledad n'avaient rien de positives, ça ne faisait que remonter les souvenirs à la surface mais pas les souvenirs heureux, pas les éclats de rire, les moments où il la cherchait, attendant les yeux brillants d'un intérêt certain, qu'elle réplique. Non les seuls souvenirs qui remontaient à la surface étaient ceux de leur dernière soirée ensemble, de cette soirée où il avait cru, naïvement qu'il la protégeait. Si c'était sa réalité à ce moment-là, c'était une bien piètre volonté, elle n'avait pas besoin d'être protégé d'elle-même. Alors qu'il voulait la protéger des sorciers, au final c'était des gens sans magie qu'il avait dû la tirer bien des mois après. Son monde était complètement détruit. Il ne savait plus où il en était, qui croire, que croire dans les propos qu'elle lui tenait. Tout se mélangeait dans sa tête entre ce qu'il voulait croire, ses souvenirs, le regard de Soledad ce soir-là avant même qu'il sache la vérité. La peur de le perdre avait bon dos, elle avait eu les cartes en mains, elle avait eu la possibilité de l'entraîner ailleurs, de lui parler, elle n'avait fait que l'accuser d'être là-bas. Et même en essayant de refaire les choses dans sa tête, comment aurait-elle voulu qu'il agisse ? Il regarda ailleurs, ça ne servait à rien de se questionner, ce n'est pas comme si la façon dont il avait vécu les choses avait un quelconque intérêt.    

Il avait eu le temps d'étudier bien des choses sur les sorciers depuis que Soledad avait brutalement quitté sa vie, physiquement tout du moins. Pour le coup, il trouvait que l'amortentia collait parfaitement, ça expliquait parfaitement son attirance, il semblerait que Soledad ne soit pas vraiment raccord avec lui est ce qu'il s'attendait à ce qu'elle lui dise bien joué champion ? Absolument pas, elle avait passé des mois à le mener en bateau, c'est pas ce soir qu'elle allait tout d'un coup se rendre compte qu'il méritait d'être traité en égal. Elle était une sorcière dans toute sa splendeur, reine de la duperie et de la cachotterie et aucune des actions qu'il avait pu faire n'avait trouvé grâce à ses yeux. En réponse au fait que les sorciers étaient des égoïstes en puissance et qu'elle en était leur digne représentante, elle lui retourna la faute, le regard de Doryan flamboya de colère « C'est ça c'est de notre faute. Je suis bête j'avais oublié que les sorciers étaient des victimes quand ils étaient francs, excuse-moi. » C'est marrant, il avait plutôt eu l'impression que toutes ses tentatives pour se rapprocher des sorciers avaient échoué mais rien qui ne l'ait autant affecté que d'apprendre qu'une des personnes dont il était le plus proche se soit foutue de lui tout ce temps. Il secoua la tête et lui ça lui fait pas mal tandis qu'elle lui balançait à la tronche qu'il réagissait mal au fait qu'elle soit sorcière. « Je te rappelle comment ça s'est passé, t'as la mémoire qui flanche, ton comportement a changé. Tu as changé, tu n'as pas essayé de discuter, tu n'as pas essayé de changer les choses. L'image que j'ai de toi c'est quelqu'un qui ne prend même pas la peine de rendre le choc moins violent. Tu n’as même pas idée de ce que ça fait de voir quelqu’un te repousser sans que tu ne lui aies rien fait. » Il poussa un soupir en l'entendant dire qu'elle ne l'aurait pas laissé se vider de son sang « Permets moi d'en douter, tu aurais pas eu à dire la vérité. » ça avait l’air de lui poser problème après tout de dire la vérité.

S’il s’occupait de Soledad, en même temps, quel intérêt de la ramener chez lui si c’était pour la laisser mourir sur le canapé. Qu’elle lui demande pourquoi il l’aidait, ça avait quelque chose de dérangeant. S’ils se connaissaient, c’est parce qu’à la base, il cherchait à vendre des bricoles à Soledad pour aider des familles qui avaient tout perdu dans des feux domestiques. Il n’avait rien à retirer de ses actions, il ne le faisait pas dans le cadre de son travail mais bien sûr ses heures de repos, tout ça, elle le savait, elle savait donc parfaitement qu’il avait à cœur de vouloir aider les gens. Aider Soledad c’était donc naturel, peu importe qui elle était, sa façon d’agir avec lui, son envie de vouloir que seul les sorciers puissent fouler le sol anglais, même s’il était évident qu’ils s’attaqueraient ensuite aux autres pays, il était incapable de la laisser. Ça pouvait lui coûter cher, il le savait mais il aurait été au bout de ses convictions et Belle n’étant pas là, elle ne périrait pas à cause de ses choix, ce qui était un soulagement. Sauf que voilà, Soledad affirmait qu’elle ne lui ferait rien, même lorsqu’elle aurait entre ses mains sa baguette. Ils se regardèrent quelques instants, échangèrent sur le fait que chacun avait peur pour soi et pour ses proches. Que Soledad le craigne, il n’en revenait pas, il avait vu les dégâts des sorciers, il savait qu’ils étaient puissants, capable de faire des brasiers, de faire exploser des murs sans dynamite, ils étaient impressionnants et pour sûr que s’ils décidaient de créer des films, ce serait impressionnant de réalisme et moins cher. Elle n’avait pas l’air impressionnante comme ça, bon surtout ce soir mais il ne se faisait pas d’illusions, il avait une chance incroyable qu’elle ne soit pas en forme. Bon elle délirait un peu, comme s’il était du genre à coller une balle dans la tête de son ex ou de lui fracasser le crâne, non mais elle délirait. Néanmoins, sa réponse avait le mérite d’être clair et il ne rétorqua rien, non il n’avait pas le monopole de la peur, c’était juste grotesque de croire qu’il pouvait faire ça. Elle voulait savoir pourquoi, selon lui, elle avait une boutique chez les moldus, il n’en savait rien mais il croyait difficilement au fait que c’est parce qu’elle les adorait. Il valait mieux qu’elle ne les aime pas, ça avait plus de sens que de se dire qu’il était le seul à n’avoir rien le droit de savoir de sa vie. Elle s’était amusée, il ne voyait que ça et à la façon dont elle réagit, il fut évident que la remarque n’était pas bien passée, oui alors pour une fois, il ne parlait pas spécifiquement de lui, il pensait que ça l’amusait de jouer à la parfaite citoyenne Londonienne, comme lui lorsqu’il était enfant adorait jouer l’apprenti sorcier. Bon, il ne lui avait pas non plus fait croire pendant huit mois qu’il était un sorcier. « Ca change forcément des choses Soledad. Je suis sortie avec une fille qui n’existe pas, qui a été créée de toute pièce pour moi, pour mes proches. Tu nous as tous mis en danger Soledad avec ton silence. Imagine deux secondes qu’une personne que nous avions en commun t’accuse d’être une sorcière, je t’aurais défendu parce que j’avais confiance en toi. J’avais vraiment confiance en toi et pas une seule seconde j’aurais remis ton intégrité en cause. A quoi ça m’a servi d’avoir confiance en toi si ce n’est à ce que tu me la fasses à l’envers. » A elle par contre, ça lui avait servi sa loyauté envers elle, il s’était efforcé de faire disparaître les suspicions sur la boutique de Soledad.

Aujourd’hui, il apprenait que Soledad avait déjà risqué sa vie, certainement avec des personnes sans magie. Rien d’étonnant à cela, elle travaillait pour le ministère, elle mettait son petit nez dans le monde sans magie pour faire il ne savait trop quoi mais vu qu’elle l’avait tenu bien éloigné de sa vie, il en concluait que ça n’était pas ultra sympathique pour les gens comme lui. En prime elle et ses petits copains sorciers avaient nommé chef suprême une barge qui voulaient tous les tuer jusqu’au dernier. Il la regarda les yeux ronds lorsqu’elle lui balança qu’elle avait mérité de mourir, mais enfin pas du tout, c’est pas ce qu’il était en train de lui dire. Il déglutit en entendant qu’il devait encourager un collègue à la tuer. Un de ses collègues avait tenté de tuer Soledad ? Mais enfin, ils la connaissaient tous, personne ne lui aurait fait le moindre mal. « T’es sûr que c’était un collègue à moi ? » Elle n’était pas stupide, il le savait mais peut être qu’elle pensait avoir vu un collègue à lui et que c’était quelqu’un d’une autre brigade ? Personne ne lui avait parlé de Soledad, enfin si bien sûr que si mais pas en disant à Doryan que son ex était une sorcière et qu’il l’avait envoyé à l’hôpital, ça n’avait aucun sens cette histoire. « Je ne dis pas que tu le mérites Soledad, tu comprends de travers. Je disais juste que ça ne m’étonnait pas tellement dans le contexte actuel, en étant une sorcière qui aide les sorciers dans une boutique d’une rue passante pas sorcière que tu risques des choses. Bien sûr que non tu ne le méritais pas, ni ce soir, ni face à un collègue. Je ne comprends pas. Je n’ai rien dit à personne, je t’assure. » Il était vraiment surprit que quelqu’un ait découvert cela et qu’il ait préféré ne rien dire à Doryan, enfin ils étaient tous amis normalement. Il faudrait qu’il leur demande mais comment ? Hum voilà qui était embêtant.

Plongé dans ses pensées, il récupéra, après avoir hésité à lui dire qu’il valait mieux qu'elle la garde, la poche de glace version discount et l’écouta parler. Le débit de Soledad ce soir, quelle catastrophe, il était habitué à ce qu’elle parle un peu plus vite. Sa voix lui semblant un peu étouffée, il tourna la tête pour la regarder, sa position ne laissait planer aucun doute sur le fait qu'elle souffrait. Elle disait vrai, il ne savait rien et se retint, difficilement, de rétorquer la faute à qui d'après toi ? Elle aborda le sujet des dossiers. Il se décomposa en écoutant ses paroles, il ne savait pas s'il devait la croire, oui elle avait l'air sincère mais elle avait eu l'air sincère quand elle lui avait dit qu'elle voulait lui faire confiance mais la confiance avait eu ses limites, sa sincérité envers lui aussi du coup « Donc eux ils ont le droit de savoir que tu es une sorcière. » Il ne quittait pas son regard, troublé « Je ne comprends pas cette différence de traitement. » Si elle arrivait à expliquer à des parents qui découvraient tout, en quoi il était différent? Parce qu'il n'avait aucun membre de sa famille sorcier, elle l'excluait de son monde « Il aurait fallu que j'aie un enfant sorcier pour connaître la vérité en clair. » Pas pratique tous les jours, difficile à trouver, et puis faut l'élever le gamin et on ne parle pas du fait qu'il faut être deux pour faire un enfant, ce qui voulait dire que soit c'était un accident, ce qui n'est pas glorieux, soit ... non il ne le penserait pas, c'était pire d'imaginer ça.

Étant donné qu'il n'était pote avec aucun sorcier ou peut être que si mais ils étaient tous comme Soledad, ils se fondaient dans le décor, mentaient à Doryan plutôt que de dire la vérité, c'était la première fois que quelqu'un évoquait les élections sorcières. Il lui lança un regard suffisant, elle ne savait pas ce qui s'était passé ? Ils avaient tous glissé dans leur petite enveloppe magique le nom de l'Augurey et elle avait été élue. Pas difficile à comprendre d'après Doryan. Comprendre que quelque chose ne s'était pas passé comme prévu, c'était plus difficile à croire « La véritapotion n'a rien donné? » Si ça n'avait rien donné ça ne voulait dire qu'une chose « Les élections n'ont peut-être tout simplement pas été truquées. » Les sorciers, planqués derrière leur isoloir avaient tout simplement assumés leur haine des gens sans pouvoirs. Jamais elle ne soutiendrait l'Augurey, il la regarda montrer ses bras, elle n'avait pas besoin de faire cela, il savait déjà qu'ils étaient vierges de tout tatouage. Ce n'est pas comme si le corps de Soledad lui était inconnu. « L'Ordre du Phénix n'est pas allié avec les Mangemorts ? » Première nouvelle, c'est fou parce que lorsqu'ils avaient dû prendre parti, ils avaient choisi de prendre celui de leurs amis sorciers, pas celui des gens comme Doryan.

Pourquoi elle lui disait tout cela, il n’en savait rien, l’habitude certainement ? Ils n’étaient pas de parfaits inconnus. Il fallut qu’elle l’accuse de ne croire aucun de ses mots pour qu’il réagisse « A t’entendre, je n’ai aucune raison de me méfier de toi ou des sorciers en règle générale. Tu crois que dès que j’ai appris l’existence des sorciers je me suis dit tuons les tous ? » Il secoua la tête négativement « Tu veux que je te raconte comment ça s’est passé pour moi ? » Il attendit de voir si ça l’intéressait avant de commencer son histoire. « C’était le 2 février 2019, il y avait une fête foraine dans le centre de Londres et je faisais des repérages avec Belle pour emmener Alice quand je la garderais. Ça a dégénéré d’un coup, il y avait ces gens qui faisaient du mal à un type et c’est à la foule qu’il s’en est pris. J’ai libéré Belle pour qu’elle s’en sorte et j’ai essayé d’aider des gens. » Il s’arrêta, revivant la scène devant ses yeux, son impuissance la plus totale et cette volonté toujours plus forte de sauver des vies. « Je crois que Lyam et Charly se sont débrouillés pour que je finisse au Blood Circle à être soigné par des sorciers. » Il se renfrogna « Je sais qu’ils étaient là contre la volonté, qu’ils agissaient contre leur volonté, j’en ai bien conscience et je sais très bien que sans ça les brûlures étaient trop grave pour que je m’en sorte. » Il la regarda dans les yeux « Aucun sorcier n’est venu de son plein gré nous aider. Nous n’étions pas responsable, je n’étais pas responsable de la capture et de la torture de ce sorcier et pourtant, parce que je n’avais pas de sorciers dans ma famille, la seule façon pour que je m’en sorte ça a été que le Blood Circle utilise des sorciers. » ça n’était pas juste, il était là au mauvais moment et il avait manqué de mourir pour rien.

Il ne s’arrêta pas là, ça n'était que le début de l'histoire « Malgré tout, je trouvais ça immoral de faire ça alors j’ai essayé d’en libérer un. Dans ma tête, je crois que je me voyais ami des sorciers, qu’ils trouveraient ça sympa qu’on les aide et qu’ils se proposent de nous aider en retour. Ça ne s’est pas passé comme ça. Je ne sais pas à quoi je m’attendais mais certainement pas à me faire étrangler. Je voulais juste l’aider. » Il ne servait à rien de préciser qu’il n’était pas agressif, lui le savait et ça n’apportait rien à l’histoire de se justifier des choses aussi futiles. Il ne précisa pas non plus le fait que le sorcier en question avait été exécuté et que c’était certainement ce qui avait sauvé Doryan, ça non plus ça n’était pas ultra utile pour l’histoire et il n’avait pas envie qu’elle se concentre sur le sorcier, oui c’était triste, oui il était désolé et peut-être que s’il n’avait rien fait, il serait toujours en vie, mais il voulait qu'elle comprenne que non, les gens comme lui ne pensaient pas directement à détruire les sorciers quand ils apprenaient l'existence des sorciers. Doryan ne prenait pas toujours les bonnes décisions, suivre son instinct, ça n’avait pas que du bon. « Je me suis dit que je m’y étais pris comme un manche. Je suis donc allé aux tentatives de paix entre les sorciers et les moldus, bien décidé à montrer que ça pouvait fonctionner. Là-bas, ça s’est très bien passé, j’ai rencontré un sorcier charmant » Il eut un petit rire, plus dépité que sincère de rire « jusqu’au moment où sans raison il m’a attaqué. » Il se souvenait encore de son impuissance ce jour-là, de la folie dans le regard de l’homme en face de lui comme si tout d’un coup le masque était tombé et que son envie de massacrer Doryan et tous les autres personnes comme lui prenaient le dessus. « Mais tu vois, si j’en garde un mauvais souvenir, ce n’est pas comparable à ce qui s’est passé cette nuit dans la boutique. Les autres, c’était des inconnus, qu’ils ne m’apprécient pas ou qu’ils veulent ma mort, ça ne m’empêche pas de dormir la nuit. » ça lui avait juste fait comprendre que les sorciers n’étaient pas ses amis, peu importe son attitude envers eux, au moins avec le Blood Circle, il leur donnait une vrai raison de le haïr. « Toi, je t’ai aidé, toi, tu me connais et ça n’a même pas compté ce soir-là. Explique moi ce que j’aurais dû faire de plus. » Rien, excepté avoir une baguette. C'était la seule chose qui lui avait manqué ce soir-là et il le savait très bien.

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Soledad Velasquez
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Jeu 6 Avr - 22:56




Il n'y a plus de rêves pour notre génération
Soledad ☽ ☾ Doryan ♥



« C'est ça c'est de notre faute. Je suis bête j'avais oublié que les sorciers étaient des victimes quand ils étaient francs, excuse-moi. » Ils y étaient, l'éternel débat d'à qui la faute. Celui qui tentait de répondre au besoin de pointer un coupable du doigt, de soulager la conscience de l'autre, de tenter de se dire qu'on faisait partie du bon côté, qu'on n'avait rien à se reprocher. De celui qui n'avait rien cherché, rien provoqué. De celui qui subissait la malfaisance, qui se contentait d'y répondre pour s'en défendre. Un débat stérile et que Soledad savait parfaitement inutile. Un débat dans lequel elle n'avait pas l’intention de s'engager parce que de toute façon elle n'en avait pas la force et n'en voyait pas l'intérêt. Elle ne croyait pas les sorciers tout blancs, comme elle savait que les moldus n'étaient pas tout noirs. Elle avait des explications, des arguments pour contrer cette dualité qui n'avait pas de sens, mais certainement pas de solution miracle. Qui avait commencé, qui avait raison, ces questions n'avaient pas de réponses et elle n'allait pas s'épuiser à en chercher. Elle savait que ce n'était pas aussi simple. Il y avait des fautes des deux côtes, des mauvaises décisions, des actes nocifs... mais certainement pas juste des méchants et des gentils. Elle soupira. « Tu déformes ce que je dis… » Ou plutôt il entendait ce qu'il voulait entendre. Il interprétait, il ne gardait qu'une partie de ses propos pour que ça corresponde à sa réalité. Même si Soledad ne se sentait pas la force de se lancer dans un débat sans fin, elle n'allait pas non plus accepter ces critiques sans rien dire. « Tout n’est pas tout blanc ou tout noir. » Il y avait bien plus de nuances. Mais ça n'avait pas l'air d'arranger Doryan de le voir. Lui tout ce qu'il voyait c'était qu'elle était une sorcière, et que comme dans son esprit tous les sorciers étaient des êtres mauvais, c'était ce qu'elle était.

A aucun moment il ne lui avait laissé la moindre chance et même là, alors qu'elle tentait de lui expliquer, de lui montrer, il refusait de l'écouter. « Je te rappelle comment ça s'est passé, t'as la mémoire qui flanche, ton comportement a changé. Tu as changé, tu n'as pas essayé de discuter, tu n'as pas essayé de changer les choses. L'image que j'ai de toi c'est quelqu'un qui ne prend même pas la peine de rendre le choc moins violent. Tu n’as même pas idée de ce que ça fait de voir quelqu’un te repousser sans que tu ne lui aies rien fait. » La mexicaine fronça les sourcils, voir les choses ainsi était complètement injuste. Encore une fois, il déformait tout, il ne prenait en compte que son point de vue alors qu'ils avaient été deux ce soir-là. Soledad ne niait pas ce qu'il avait ressenti, pas alors que ses propres émotions avaient été si dévastatrices, mais voir qu'il ne faisait pas cet effort la blessait. Ca lui montrait à quel point elle ne comptait pas. « Je n’ai pas idée ..? Tu as pointé une arme sur moi, Doryan. » Souffla-t-elle d'une voix blanche en levant vers lui un regard amer. Il avait l’air de l’oublier un peu trop facilement, alors que Soledad savait que ce souvenir resterait gravé à jamais dans son esprit. « Tu as tiré… » Certes pas sur elle, et certainement plus guidé par la peur que par un désir de faire du mal, mais l’essentiel était tout de même là. Ce soir-là, il lui avait montré qu’il en était capable et cette simple idée avait terrifiée Soledad. « C’est vrai que tu as été un modèle de compréhension, tu as cherché à parler, à me... Nous, rassurer. Quelle belle image tu m’as donné… » Avait-il déjà oublié comment s'était déroulée cette soirée ? Parce que Soledad s'en rappelait chaque seconde avec précision. Elle avait tenté de lui parler, de lui dire qu'elle n'était pas un danger, mais elle s'était heurtée à un mur. Elle voulait bien entendre ses reproches, mais qu'il ne tente pas de lui faire croire que son attitude de ce jour-là avait été meilleure. « Tu n’as pas été le seul à vivre un choc violent ce soir-là. » Il n'était pas le seul à avoir peur, à continuer de souffrir, à vivre dans l'incompréhension.  

Le débat stérile n'était pas seulement celui d'à qui la faute, il était aussi présent dans tous les propos qu'ils échangeaient, chaque fois que Soledad essayait de lui montrer qu'elle n'était pas mauvaise, il refusait de la croire. Même alors qu'elle affirmait que jamais elle ne l'aurait laissé blesser sans l'aider, il doutait d'elle. Pourtant c'était la plus stricte vérité, elle n'était pas comme ça. Sauf qu'il refusait de le voir et que rien de ce qu'elle pouvait dire ne semblait l'atteindre. Au fond, elle ne pouvait même pas lui en vouloir, car la réciproque était vraie. Du moins dans une certaine mesure. Elle avait également peur qu'il lui fasse du mal, que toute cette rencontre se termine de manière funeste pour elle. Ca non plus, il ne voulait pas l'entendre, mais pourtant il allait falloir qu'il fasse un effort, parce que la peur n'allait pas que dans un sens et que depuis avril, elle était même omniprésente. Soledad avait beau avoir la magie de son côté, ça n'empêchait pas que Doryan pourrait lui faire du mal si l'envie lui en prenait. Peut-être que ce ne serait jamais le cas, peut-être que cette idée le hérissait tout comme ça la hérissait qu'il la pense capable de s'en prendre à lui, mais il en allait ainsi. Il y avait des choses qui ne se contrôlaient pas, et la peur en faisait partie. Ce fut plus douloureux encore d'entendre Doryan affirmer que si elle avait été avec lui, tout en sachant qu'il n'avait pas la moindre trace de magie, ça avait été uniquement pour s'amuser. Plus les secondes passaient et plus l'image qu'il avait d'elle se révélait de pire en pire. C'était terriblement blessant à entendre et pendant un instant, Soledad se sentit au bord du gouffre, prête à basculer. Elle ne comprenait pas comment il pouvait penser ça, comment il pouvait balayer leur relation et refuser de voir qu'elle avait toujours été vraie. « Ca change forcément des choses Soledad. Je suis sortie avec une fille qui n’existe pas, qui a été créée de toute pièce pour moi, pour mes proches. Tu nous as tous mis en danger Soledad avec ton silence. Imagine deux secondes qu’une personne que nous avions en commun t’accuse d’être une sorcière, je t’aurais défendu parce que j’avais confiance en toi. J’avais vraiment confiance en toi et pas une seule seconde j’aurais remis ton intégrité en cause. A quoi ça m’a servi d’avoir confiance en toi si ce n’est à ce que tu me la fasses à l’envers. » Soledad s'interdit de secouer la tête, un réflexe qui était terriblement difficile à combattre mais qui la faisait trop souffrir à chaque fois. Ses mots la blessaient, surtout parce qu'elle savait qu'il y avait du vrai dedans. Il lui avait accordé sa confiance, il l'aurait défendu sans hésiter, mais sa peur avait été plus forte. Chaque fois qu'elle avait tenté de rassembler son courage pour lui parler, les sorciers ou le Blood Circle faisaient preuve d'une nouvelle cruauté et la peur venait de nouveau tout balayer. Jamais elle n'avait pensé que son silence pourrait représenter un danger, c'était bien loin de ce qu'elle avait voulu. Soledad savait qu'elle ne pouvait nier ces derniers mots, cette erreur était la sienne et elle l'assumait mais il n'avait pas raison sur toute la ligne et elle ne pouvait rester sans se défendre. « Cette fille existe… Je suis toujours cette fille. Je n'ai rien créé... Pourquoi tu ne veux pas le voir ? » Ce n'était pas comme si leur relation avait été courte et superficielle, elle s'y était impliquée pour de vrai. Elle n'aurait jamais pu faire semblant pendant tout ce temps. L'idée qu'il l'imagine capable de le manipuler de la sorte la rendait malade. « Pourquoi est-ce que ma magie est obligée de me changer ? » En avril il avait avancé que le fait qu'il soit du Blood Circle ne changeait pas celui qu'il était, pourquoi serait-ce différent pour elle avec la magie ? Apparemment, elle était la seule à ne pas avoir le droit au bénéfice du doute.

Là où Doryan semblait certain, c'était combien Soledad méritait ce qu'il lui arrivait. Comme si ces instants n'étaient pas assez compliqués à vivre, il fallait qu'en plus elle entende ça de sa bouche. Bientôt il allait regretter que celui qui s'en était pris à elle à Azkaban, n'ait pas frappé plus fort pour débarrasser le monde d'une sorcière de plus. Il pourrait certainement le lui dire la prochaine fois qu'il le croiserait au quartier général du Blood Circle. Trop occupée à grimacer dans ses mains, Soledad ne vit pas sa réaction. De toute façon, c'était surement mieux comme ça. « T’es sûr que c’était un collègue à moi ? » La brune le regarda, surprise de sa question, avant de réaliser qu'il l'avait mal comprise. Il pensait qu'elle parlait des pompiers, que c'était un de ceux de la caserne qui l'avait envoyé à l'hôpital. En soit c'était possible, il n'y avait pas de raison que Doryan soit le seul Blood Circle dans le lot, mais ça elle l'ignorait et ne voulait pas le savoir. Elle avait passé un peu de temps avec les pompiers, elle avait plaisanté avec eux, elle n'avait aucune envie de savoir si ça avait été des Blood Circle. Surtout ce n'était pas ce qu'elle avait voulu dire. « Un collègue du Blood Circle. Je n’ai pas vu son visage… »  Précisa-t-elle. Elle n’en avait pas eu l’occasion une fois à terre en train de se faire rouer de coups. Pendant un temps elle s'était même demandé si ça n'avait pas été Doryan, mais avec le recul elle s'était rendu compte que ça ne pouvait pas être le cas et ce soir ne faisait que le confirmer. S'il avait tenté de la tuer à Azkaban, alors il n'avait aucune raison de l'aider maintenant. « Je ne dis pas que tu le mérites Soledad, tu comprends de travers. Je disais juste que ça ne m’étonnait pas tellement dans le contexte actuel, en étant une sorcière qui aide les sorciers dans une boutique d’une rue passante pas sorcière que tu risques des choses. Bien sûr que non tu ne le méritais pas, ni ce soir, ni face à un collègue. Je ne comprends pas. Je n’ai rien dit à personne, je t’assure. » Soledad le contempla en silence, pas bien sûr de ce qu'elle devait tirer de tout cela et encore moins de ce que cela lui faisait ressentir.

Puisqu'elle avait interdiction de s'endormir sous peine de risquer de mourir -encore-, Soledad se redressa difficilement sur le canapé pour prendre appui sur ses genoux et resta ainsi un instant à lutter contre la douleur avant de pouvoir reprendre la parole. Ils avaient encore de longues heures devant eux puisque Doryan semblait avoir l'intention de lui tenir compagnie. La mexicaine n'était pas vraiment à l'aise avec cette idée, mais elle n'avait pas le choix, il le lui avait bien fait comprendre et cette fois elle ne commit pas l'erreur de protester. Elle s'était prise bien assez de reproches comme ça. En revanche, elle choisit de s'expliquer sur les points qu'il venait de soulever en commençant par son travail pour le Ministère de la magie. Elle voulait lui montrer qu'elle ne faisait rien de mal, qu'elle était sincère quand elle disait ne rien avoir contre les moldus. A la tête que Doryan tira, elle comprit immédiatement que ses efforts étaient vains. « Donc eux ils ont le droit de savoir que tu es une sorcière. » Son regard dans celui de Doryan, Soledad sentit une déception glacée l'envahir. Elle essayait de lui expliquer ce qu'elle faisait, de lui prouver qu'elle n'avait rien contre les moldus, qu'elle œuvrait pour que leur monde soit meilleur, mais lui continuait de voir uniquement ce qu'elle lui avait caché. Il ne se concentrait pas sur l'essentiel. « Je ne comprends pas cette différence de traitement. » Parce que ce n'était pas comparable, parce qu'il s'agissait d'inconnus auxquels elle ne s'attachait pas. « Il aurait fallu que j'aie un enfant sorcier pour connaître la vérité en clair. » D'accord, peut-être qu'un silence lourd et désagréable aurait été préférable finalement. Soledad soupira, elle avait le sentiment de se battre dans le vent et c'était épuisant. Peu importe ce qu'elle disait, ça ne suffisait jamais à Doryan, même avec toute la bonne foi du monde, il trouverait le moyen de tordre ses paroles pour les retourner contre elle. « Ca n’a rien à voir… » Soupira-t-elle à mi-voix. Il lui fallut quelques instants pour rassembler ses pensées. « Ce sont des inconnus, leur avis ne m’atteint pas. Eux je n'ai pas à avoir peur de les perdre. » Elle lui avait déjà dit et c'était toujours vrai. Qu’il accepte de le croire ou non. « Ils sont moins importants... » Des inconnus ne pouvaient pas lui briser le cœur.
 
En choisissant d'évoquer les élections, Soledad savait qu'elle s'avançait sur un terrain délicat. Même chez les sorciers le sujet était difficile, l'élection de l'Augurey était une nouvelle qui passait difficilement, d'autant plus qu'il était clair que les choses n'avaient pas été faites dans les règles de l'art. Le problème c'était que malgré les contestations, personne n'avait réussi à le prouver. En expliquant cela, la mexicaine s'efforça d'ignorer le regard que Doryan lui adressait, il ne la croyait pas. Quelle surprise. « La véritapotion n'a rien donné ? » Pour un peu, la brune aurait pu en lâcher un rire ironique. Des élections truquées et une enquête au sein d’un Ministère corrompu, ça aurait fait un bon scénario de film, si seulement ce n’était pas la réalité que vivaient les sorciers. Les dés étaient pipés depuis longtemps, et que du veritaserum ait été utilisé ou pas, ça n’avait rien changé. « Non… Le problème vient de l’intérieur du Gouvernement alors… » Elle haussa les épaules sans terminer sa phrase. Elle n’aurait peut-être pas dû dire ça à un membre du Blood Circle, mais puisque les moldus avaient désormais accès à l’information sorcière, ce n’était sûrement pas un secret pour Doryan. La politique du monde sorcier n’était pas très brillante en ce moment. « Les élections n'ont peut-être tout simplement pas été truquées. »  Soledad prit de nouveau le temps de réfléchir, de toute façon ce n’était pas comme si elle était en capacité de faire autrement. C’était un point valide, mais elle avait du mal à y croire. Elle avait été sur place le jour des élections, elle avait vu les mines des sorciers présents et nombres d’entre eux avaient été inquiets. « Je ne pense pas. Tout le monde avait l’air paumé… J’ai perdu des souvenirs de ce jour-là… J'étais pas la seule. Non, il y avait quelque chose de pas normal. » Il était possible que l’Augurey ait réellement remportée de nombreux votes, mais Soledad avait du mal à croire que sa victoire ait été honnête. Rien n’allait ce jour-là, et depuis ça continuait sur cette voie. « L'Ordre du Phénix n'est pas allié avec les Mangemorts ? » La mexicaine soupira de nouveau. Etaient-ils vraiment obligés d’avoir cette conversation maintenant ? Il était tard, elle avait mal, elle peinait à réfléchir, et au lieu de se reposer, ils parlaient politique. C’était peut-être nécessaire, mais c’était vraiment compliqué pour elle en cet instant. Une grimace lui échappa. « C’est pas aussi simple… Techniquement le Conseil rassemble tout le monde mais ce n’est pas pour autant que l’accord est parfait. L’Ordre continue d’exister à côté et essaye de faire barrage aux Mangemorts. » Mais franchement ce n'était pas fameux. Tinkson avait bien semé la discorde et maintenant le Phénix avait du mal à reprendre son envol. Ca au moins, elle voulait bien l’admettre.
 
Soledad plongea de nouveau sa tête dans les mains pour essayer d'endiguer la douleur qui pulsait juste derrière ses yeux. Une tentative qui serait sans doute vaine, mais elle ne parvenait pas à rester souffrir sans rien faire. Tout comme ses tentatives de parler à Doryan, la mexicaine était cruellement consciente qu'elle s'échinait sans doute pour rien, à ses yeux elle était une menteuse et il ne voyait plus que ça. « A t’entendre, je n’ai aucune raison de me méfier de toi ou des sorciers en règle générale. Tu crois que dès que j’ai appris l’existence des sorciers je me suis dit tuons les tous ? » Soledad préféra garder le silence. C’était l’image qu’il donnait, celle qu’elle avait eu ce soir d’avril et qui lui faisait si peur, quand son premier réflexe avait été de sortir son arme pour la braquer sur elle. Mais elle savait que présenter les choses ainsi serait une mauvaise idée. « Tu veux que je te raconte comment ça s’est passé pour moi ? » La mexicaine se doutait que ce qu'il avait à lui dire ne lui plairait certainement pas, mais si elle voulait comprendre elle devait se confronter à cette réalité-là, à ce que Doryan avait vécu de son côté. Elle ignorait si cela aiderait quoi que ce soit, si cela permettrait d'avancer, et dans quelle direction, mais ça lui semblait nécessaire. Elle fit un geste vague pour l'inviter à lui parler. Dans un silence qui lui coupa chaque seconde davantage le souffle, Soledad écouta le récit de Doryan. Le cœur serré, elle apprit qu'il avait été présent à la fête foraine où tout avait basculé et qu'il y avait été grièvement blessé. Elle voulut lui dire qu'il n'avait pas à revivre ça, qu'il n'avait pas à lui en parler si ça lui faisait mal mais les mots lui manquèrent. Apprendre qu'il avait été soigné par des sorciers forcés d'agir contre leur volonté la plongea un peu plus dans le désarroi. Elle était peinée pour lui, horrifiée de voir jusqu'où le Blood était capable d'aller mais aussi en colère contre toute cette situation qui n'avait décidemment aucun sens. Doryan s'était scandalisé que les sorciers ne viennent pas en aide aux moldus, mais comment les en blâmer alors que ceux-ci venaient de leur déclarer la guerre ? Doryan lui apprit que par deux fois il avait tenté de tendre la main et que par deux fois il en avait souffert. Soledad sentit son cœur se serrer à ce récit. Il avait essayé et s'en était mordu les doigts, imaginer Doryan souffrir à cause de sorciers lui faisait mal. Il ne méritait pas ça. La guerre avait cet effet de ne pas faire de distinction entre ses victimes et Soledad s'en attristait chaque fois davantage. « Je suis désolée que ça se soit passé comme ça… » Souffla-t-elle finalement après avoir ôté son visage de ses mains.

Un long moment, Soledad resta là à contempler Doryan, les prunelles brouillées d’un mélange de peine et de fatigue. Pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué ? Il aurait été facile, préférable peut-être même, qu’elle garde le silence mais elle ne parvint pas à s’y tenir. « Je ne dis pas qu’il faut que tu fasses confiance aveuglément à tous les sorciers. Je dis juste que tu peux pas tous nous mettre dans le même panier. Et ça vaut pour tout le monde… Les miens comme les tiens… » Commença-t-elle lentement, en cherchant ses mots. Elle parlait des sorciers comme des moldus, parce qu’elle connaissait les deux mondes et qu’elle savait que tout était bien plus nuancé que ce que cette guerre voulait leur faire croire. « Je dis que… » Une inspiration. « Qu’il y a des monstres des deux côtés de la barrière. Ceux qui naissent comme ça et ceux qui le deviennent… Poussé par les autres, par la peur ou les traumatismes. » Soledad ne niait pas que les sorciers avaient leur lot de personnes malfaisantes. Les mangemorts en étaient l’exemple parfait. Mais croire que ce n’était pas le cas chez les moldus était une erreur, ils étaient loin d’être de simples victimes. Et puis ce n’était pas tout. « Et il y a des gens bien… Des gens qui n’ont rien demandé. Qui veulent juste vivre en paix. » Toutes ces familles, ces victimes collatérales, celles qui se voyaient traquées alors qu’elles n’avaient rien fait de mal… Encore une fois, Soledad ne parlait pas seulement des sorciers. Mais encore et toujours elle ignorait si ses paroles seraient d’une quelconque utilité, si elle n’était pas toujours en train de s’épuiser pour rien.
 
« Mais tu vois, si j’en garde un mauvais souvenir, ce n’est pas comparable à ce qui s’est passé cette nuit dans la boutique. Les autres, c’était des inconnus, qu’ils ne m’apprécient pas ou qu’ils veulent ma mort, ça ne m’empêche pas de dormir la nuit. » Soledad le regarda en silence, attendant la suite tout en craignant de l’entendre. « Toi, je t’ai aidé, toi, tu me connais et ça n’a même pas compté ce soir-là. Explique-moi ce que j’aurais dû faire de plus. » Soledad le regarda, toute la peine du monde dans les prunelles. Il n’y était pas. Si elle avait gardé le secret, ça n’avait rien eu à voir avec lui, le temps qu’ils avaient passé ensemble, ou celui qu’il avait été à ses côtés. Il n’aurait rien pu faire de plus et jamais la mexicaine aurait exigé quoi que ce soit de plus. Son silence avait eu des racines bien plus profondes qu’elle n’avait pas réussi à combattre, des racines soudées par la peur. « Ca a compté… Ca a compté et c’était… C’était encore pire. » Ce soir-là, sa peur avait été totale, omniprésente, elle avait tout détruit sur son passage. Ce qu’il aurait pu faire n’aurait rien changé, car ce dans quoi il était engagé était exactement ce qui terrifiait le plus Soledad. Elle s’était attachée à lui, et lui avait juré la fin des siens. Jamais son cœur n’avait eu à subir telle douleur. « Tu fais partie du Blood Circle, Doryan. » Et soudainement, tout ce qu’elle avait connu de lui avait volé en éclat. Que l’image qu’elle avait eue de lui ce soir là avait pris le pas sur tout le reste, avait éclipsé celle à laquelle elle était habituée. Elle ne l’avait plus reconnu, il n’avait plus été le Doryan avec qui elle avait passé tant de temps. « Ceux qui n’existent que pour nous éliminer, nous tuer, nous enlever, nous torturer, nous… » Il pouvait arguer que tout cela c'était pour protéger les moldus, mais pour en arriver là le Blood Circle tuait les sorciers sans distinction. La mission du Cercle n'avait plus grand chose de noble. « Le Blood Circle m’a passé à tabac, envoyé à l’hôpital… Il m’a pris ma magie et a failli me tuer… Et toi tu en fais partie. » Et à chaque fois qu’elle y pensait, ça continuait de lui briser le cœur. Même des mois plus tard. Parce que de tous les moldus qu’elle côtoyait, jamais elle n’aurait cru que celui qui faisait battre son cœur serait aussi celui qui le paralyserait de peur. « Que tu en fasses partie c’était… C’était la pire chose possible. » Ca avait réveillé tous ses cauchemars et les pires souvenirs de son existence. Ca avait balayé toutes ces certitudes.

Soledad avait cru connaitre Doryan, et elle avait eu tort. A partir du moment où elle avait compris, elle avait été paralysée, et quand il avait sorti son arme plus aucun demi-tour n’avait été possible. Tant qu’il la menaçait, rien n’aurait pu changer la donne de cette rencontre. « Qu’aurais-tu voulu que moi je fasse de plus ? » Demanda-t-elle d’une voix tremblante, presque suppliante. Qu’elle tente de changer les choses, comme il le lui avait reproché un peu plus tôt ? Soledad ne voyait pas comment cela aurait été possible alors que son premier réflexe avait été de pointer une arme sur elle. « Que je te parle ? » Mais pour dire quoi, et comment ? Ce n’était pas comme si elle avait été en capacité de discuter, ou lui de l’écouter. « J’étais terrifiée. » Terrifiée et brisée. Ne s’en était-il pas rendu compte ? N’avait-il donc rien lu dans ses yeux ?

CODAGE PAR AMATIS




— And all the pieces fall right into place
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Doryan Rosebury
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Lun 10 Avr - 21:14
Il n'y a plus de rêves pour notre génération
ft. mon ex la sorcière

Ah, il déformait ce qu’elle disait ? Il posa un regard sans chaleur sur elle avant de rétorquer « Au moins nous sommes raccord, toi tu as bien déformé la vérité depuis que je te connais. » Ce n’était que le juste retour des choses. Tout n’était pas tout blanc ou tout noir selon elle. Facile de s’en sortir avec ce genre de propos, ça devait bien l’aider à se regarder dans un miroir ça. En plus, il ne pourrait jamais lui prouver que sa vision était erronée puisqu’ils ne pouvaient pas revenir en arrière. Elle pouvait se satisfaire de cela et se dire qu’elle avait été la victime de méchants moldus. Et quelle victime attention, elle s’en était sortie sans une égratignure la fois où il avait appris qu’elle était une sorcière et aujourd’hui, il avait pris son parti. C’est fou comme la façon de vouloir éliminer les sorciers était mauvaise chez Doryan, il avait dû louper quelques leçons. En tout cas, il n’avait pas loupé qu’elle avait gâché cette façon qu’il avait de la percevoir. Alors qu’il lui rappelait la façon dont les choses s’étaient passées ce soir-là, elle rétorqua. Non mais elle se payait sa tronche, c’était pas possible, le moldu avait frappé trop fort, trop facile de répondre ça « La faute à qui d'après toi? Qui m'a tenu éloigné de sa vie ? Qui a préféré me laisser tomber sur des feuilles la concernant plutôt que de me tenir informé ? Qui ne m'a jamais dit qu'elle possédait un animal ? Je t'ai donné une mauvaise image de moi, mais quand bien même j'aurais fait un pas vers toi, ce que j'ai fait toute la soirée, tu érigeais déjà des murs entre nous. Tu te fichais totalement de ce que je te disais. Si tu voulais qu'on parle fallait le faire avant. Figure-toi que c'est exactement ce que je faisais, essayer de te rassurer. » Il n’avait pas arrêté de tenter de la rassurer, de la protéger, d’être à ses côtés. Une fois que ses mensonges avaient été révélé à quoi bon discuter ? Discuter de quoi ? C'est glacial qu'il répondit à ses autres paroles « Sauf que tu as eu le choix de fréquenter un type sans magie avec les risques que cela pouvait comporter. Ce choix je ne l'ai pas eu, c'était à moi de choisir si oui ou non je voulais sortir avec une sorcière. » Il ne la plaindrait pas, elle avait juste perdu son jouet, elle en retrouverait un facilement, il n'avait aucun doute là-dessus. Ce n’est pas comme si elle ne savait pas se montrer charmante ou qu’elle ne savait pas s’adapter à son interlocuteur.

Il aurait mieux fait de garder le silence, Soledad était déterminée à le prendre pour un idiot. Qu’est ce qu’elle cherchait au juste ? Il ne comprenait pas, pensait elle pouvoir le manipuler, de nouveau ? Il souffla lorsqu’elle insista en disant qu’elle était toujours cette fille. Alors oui, bien sûr qu’elle était toujours cette fille, ce rôle, elle avait su le jouer à la perfection pendant des mois, il était évident qu’elle saurait le jouer encore, qu’elle n’avait pas perdu la main. Mais ce n’était pas elle, c’était qu’une infime partie, c’était aussi la personne qui participait activement à la lutte contre les gens comme Doryan, alors qu’elle le côtoyait presque tous les jours. Dire qu’il avait véritablement été peiné pour la perte de sa boutique, en fait ça l’avait sûrement bien arrangé, bien plus discret une fois tout barricadé. Elle le connaissait très bien, elle aurait toujours les arguments pour le faire plier, les preuves pour lui prouver qu’il avait tort. Elle avait eu plus d’un an pour préparer ses excuses, il ne doutait pas qu’elle avait fait ses devoirs à la perfection. Il savait ce qu’il en était, la fille qu’il avait connue n’existait pas réellement. Il avait été en couple avec une illusion, son couple avait été une mascarade dont il était acteur autant que victime. Pourquoi la magie devait elle la changer, il eut un sourire sans joie « Elle ne te change pas, tu as toujours été comme ça. C’est juste que j’étais dans l’ignorance, je n’avais pas conscience de tout. » Et même encore maintenant, il était certain qu’il ne savait pas tout sur elle et qu’il n’avait aucun moyen de savoir la vérité, elle distribuerait ce qui l’intéressait, le reste ne serait pas mentionné, bien entendu.

La discussion embraya sur la peur, les coups que Soledad avait pris à cause des collègues de Doryan. Est-ce que c’était de sa faute à lui ? La culpabilité le prit à la gorge, une partie de lui avait beau détester Soledad pour ce qu’elle avait fait, l’idée qu’un collègue lui ait fait du mal sciemment avait quelque chose de dérangeant. De la même façon, l’idée qu’elle pense qu’il se réjouisse de cela était désagréable, c’était aux antipodes de ce qu’il ressentait. Enfin, il n’allait certainement pas féliciter qui que ce soit pour avoir fracassé Soledad. Il eut un soupir de soulagement, même si ça n’enlevait rien au fait qu’elle ait fini à l’hôpital, lorsqu’elle parla de collègues du Blood Circle. Comme s’il allait leur dire qu’il était sorti avec une sorcière, qu’il la laissait en vie et qu’il allait leur dire oh la prochaine fois loupez là pas, n’importe quoi. Etant donné qu’il n’était pas hyper limpide, il revint sur le fait qu’elle ne méritait pas de se faire tabasser par qui que ce soit, c’était cruel de faire cela, peu importait le fait que la personne soit un sorcier ou non, être frappé comme Soledad l’avait été tout à l’heure, ça n’était pas bien. Elle ne pouvait même pas se défendre, les agissements de certains le dépassait, la guerre sorciers- non sorciers avait bon dos, elle permettait les pires comportements sous prétexte qu’il s’agissait d’un ennemi. Le pire c’est que tout à l’heure, ils s’étaient basés sur des suppositions

Il l’écouta parler de son métier, elle faisait ça depuis combien de temps ? Lorsqu’elle lui disait qu’elle allait être en retard et qu’il s’amusait à la retenir, c’était ça qu’il retardait ? Des rencontres pour former les futurs sorciers. Et lui dans tout ça, il n’avait pas le droit de savoir la vérité, lui il devait vivre dans le mensonge, plaisanter avec une fille qui, dans son dos œuvrait contre lui pour la simple raison qu’il n’était pas comme elle. La seule raison pour laquelle elle aurait accepté de lui dire la vérité c’est s’il avait eu un enfant sorcier… ah bah c’était d’un pratique. Elle n’était pas d’accord avec lui, pour changer, leur avis n’avait pas de valeur. Ah parce que celui de Doryan avait été important, il l’apprenait. Elle n’avait pas peur de les perdre, il se renfrogna, elle n’en avait eu rien à faire de le perdre, se crispa en l’entendant sous-entendre qu’il était plus important et pourtant, celui floué, c’était lui, celui à qui elle n’avait pas voulu expliquer quoi que ce soit, c’était lui. « Je pense qu’on a pas la même définition du mot important. »
Puisqu’ils étaient lancés dans le domaine du travail de Soledad, ils évoquèrent les dernières élections, des élections catastrophiques selon Doryan et qui démontrait bien cette volonté de tous les tuer. D’après Soledad, pouvait-il la croire, il semblerait que ces élections aient été bizarre. Doryan se renseigna donc sur la véritapotion et l’usage qu’ils en avaient fait suite à ça, sauf que voilà, il semblerait que le problème vienne de l’intérieur. Doryan se frotta le crâne, embêté, peut-être qu’elle se trompait ? Il valait mieux que les élections aient été remportées à la loyale plutôt que de se dire qu’il y avait de la triche, des complots, des mensonges. Soledad doucha ses espoirs, les sorciers avaient l’air paumé, elle avait oublié des choses, ainsi que d’autres. Ce qu’il ne comprenait pas c’est pourquoi ? Ils étaient tous alliés, œuvraient pour la suprématie des sorciers sur les moldus, quel intérêt de se tirer dans les pattes. Elle répondit d’elle-même à la question, l’Ordre du Phénix faisait barrage, elle faisait barrage « Vos idées diffèrent sur quels points ? » Pour ce qu’il en savait, le but des sorciers c’était de les tuer mais quelle était la différence entre l’Ordre du Phénix et les Mangemorts concrètement, ils attaquaient dans les deux cas et le fait que Soledad ait précisé qu’elle était de l’Ordre du Phénix, cela voulait dire quelque chose mais quoi, ils étaient moins cruels ? Il n’en était pas si sûr quand il voyait la façon dont elle avait agi avec lui, peut être que tuer était plus sympathique, ça faisait moins mal ou plutôt ça faisait mal sur le coup mais après c’était fini.

Il n’était pas la personne qu’elle croyait, il ne faisait que défendre son existence et celle des gens qui comptaient pour lui, il lui raconta comment son existence avait été pulvérisé par les sorciers sans autre raison que le fait qu’il ne possède pas de baguette. Il l’observa lorsqu’elle lui souffla qu’elle était désolée que ça se soit passé ainsi « Je pense que ça n’aurait pas pu se passer autrement. » Il comparait mentalement son expérience avec celles des personnes qu’il connaissait, la découverte des sorciers ne se faisait jamais dans la paix, c’était violent, il frémit. Lyam avait failli perdre sa fille à cause des sorciers et Charly avait perdu ses deux parents. Alors certes, sans ça il n’aurait jamais connu sa sœur mais quel prix elle avait dû payer pour cela. Elle ne disait pas qu’il fallait qu’il fasse confiance aux sorciers, oh bah qu’elle ne s’inquiète pas, vu le fiasco qu’avait été sa relation avec elle, il ne risquait pas de faire confiance à qui que ce soit. Il ne pouvait pas les mettre dans le même panier ? Mais il était où le sorcier sympathique dans sa vision des choses ? Celui qui aidait les gens sans pouvoir, qui les épaulait, qui ne les maintenait pas dans le mensonge pour ne pas avoir à partager ses pouvoirs avec eux ? Elle visait qui au juste lorsqu’elle disait qu’il y a des gens qui devenaient des monstres parce qu’ils étaient poussés par la peur ou les traumatismes, lui ? En comparaison, il existait des gens biens, des gens qui n’avaient rien demandé et qui voulaient vivre en paix. « Parce que tu crois que ça n’était pas mon cas, tu crois que j’ai demandé tout ça ?  Tu crois que ça m’a fait plaisir de venir dans ta boutique ? ça ne m’amuse pas du tout, j’aime mieux passer mes journées dans mon uniforme de pompier et mes soirées à boire des verres que d’aller risquer ma vie. » ça ne servait à rien de dire cela, il s’en rendait bien compte il lâcha donc « Oh et puis merde, pense que je suis un monstre qui passe tout son temps libre à  massacrer des innocents petits sorciers, je m’en moque. » Qu’est-ce qu’il en avait à faire de son avis après tout ?

Lui, ce qu’il voulait lui faire comprendre, c’est que si ses expériences avec les sorciers l’avaient marqué, qu’il avait souffert physiquement à cause d’eux, ça n’était rien à côté de la peine d’avoir été mis de côté par elle. Il ne comprenait pas ce qu’il avait loupé, ils ne s’étaient que très rarement disputés. Il n’aurait su dire si elle prenait sur elle tout ce temps avec le recul. Si ça n’avait pas été le cas, il voulait savoir ce qu’il aurait pu faire, pourquoi le fait qu’elle le connaisse n’avait pas compté aux yeux de Soledad ? Ce qu’il pu lire dans son regard lorsqu’elle le regarda le déstabilisa, elle avait l’air tellement sincère lorsqu’elle le regardait, comment il pouvait faire la part des choses de son côté ? Ses réponses ne lui convenaient pas, ça avait compté mais le fait que ça compte jouait contre lui, comment c’était possible ?  Il faisait parti du Blood Circle, il la regarda sans répondre par l’affirmative, se contentant de la regarder tandis qu’elle faisait une liste de tous les méfaits du Blood Circle. Autant, il ne pouvait nier que ça existait, voire même qu’il ne défendrait pas sa vie en tuant un sorcier mais pour le reste, il n’enlevait personne et il torturait encore moins. La seule séquestration de sa vie avait lieu à l’heure actuelle et ça n’était pas à but malfaisant, c’était pour lui sauver la peau. Il grimaça en entendant que des gens l’avaient passé à tabac, ferma les yeux pour inspirer profondément. Enlever leur magie, pour le coup, c’est précisément ce qu’il voulait faire, histoire de mettre tout le monde sur un pied d’égalité et pour le coup, il ne comprenait pas trop que ça pose problème, qu’elle le cite dans la liste des pires choses. Elle avait passé des journées complètes avec lui, pas une seule fois elle n’avait sorti sa baguette et elle n’avait pas eu l’air malheureuse… visiblement elle l’était. Il rouvrit les yeux pour la regarder tandis qu’elle mentionnait que le fait qu’il fasse parti du Blood Circle était la pire chose possible. « Donc je devrais attendre bien sagement ma mort selon toi ? Parce que tu as conscience que ça empire chaque jour ? Si je ne défends pas ma vie au côté du Blood Circle, qui la défendra ? » Pour un peu elle allait lui dire de faire confiance aux sorciers pour le protéger mais bien sûr.

Si Soledad n’avait pas répondu à sa question à savoir qu’aurait-il dû faire pour avoir le droit à la vérité, pour avoir le droit à être traité en égal, elle lui retourna la question, qu’aurait-elle pu faire de plus. A sa seconde question, il comprit qu’elle jugeait inutile le fait de lui parler, que ça n’était pas grave si elle ne disait rien, démontrant une fois de plus qu’elle ne le jugeait pas assez important pour savoir la vérité sur elle. Qu’elle ait eu peur, il l’entendait, le comprenait, mais là encore, elle s’était mise toute seule dans cette situation et n’avait fait qu’empirer la vision qu’avait Doryan des sorciers. Il ne fit pas comme elle, s’il n’aurait rien pu faire pour changer les choses, elle aurait pu faire quelque chose, quelque chose de très facile, clairement à sa portée « J’aurais voulu que tu ne me donnes pas ton numéro. » Cette relation qui n’avait pas compté pour elle, il aurait voulu qu’elle n’ait jamais existé, que jamais il ne se soit investi pour du vent. Il ne niait pas l’importance que cette relation avait eu pour lui, il savait qu’elle avait compté, que Soledad avait compté et que d’une certaine mesure, qu’il le veuille ou non, elle comptait toujours. « Tu aurais été en danger à cause de ta boutique. » sûrement pour être sincère, ça aurait été quelqu’un d’autres que Doryan qui y serait allé « Mais je suppose que tu aurais pu t’en tirer facilement. » Elle avait été déstabilisée ce soir-là, terrifiée s’il l’écoutait, il se doutait que si ça avait été un autre que lui, elle aurait pu le projeter contre le mur pour protéger sa boutique, son métier, son avenir. « Ma vie était bien avant que tu n’entres dedans. Maintenant, je me pose des questions que je ne me posais pas avant et si c’était un de ses amis ? Est-ce qu’en ne faisant rien ce soir-là, je suis responsable de la mort d’autres personnes ? » Il la regarda, se doutant qu’il se prenait le chou avec des choses dont tout le monde se foutait et encore, il pouvait s’estimer heureux, ils ne s’étaient jamais croisés sur le terrain, il aurait été incapable de lui faire le moindre mal, ah c’est bien beau de pointer une arme sur quelqu’un mais si on fait rien, ça ne sert pas vraiment. « Pourquoi tu as pris le risque de fréquenter quelqu’un sans magie, tu y gagnais quoi ? » C’est vrai ça, si elle disait la vérité, rien que la vérité ce soir, qu’il n’était pas sous l’emprise de potion, qu’elle avait juste eu peur de dire la vérité, pourquoi prendre ce risque ?

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Soledad Velasquez
Soledad Velasquez
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Mer 12 Avr - 19:22




Il n'y a plus de rêves pour notre génération
Soledad ☽ ☾ Doryan ♥



Soledad en venait à se demander ce qu’il était le pire : les mots que Doryan lui adressaient ou tout ceux qui venaient d’elle et qu’il refusait de croire. Une question qu’elle ne s’était jamais imaginée se poser avant aujourd’hui, et qu’elle avait encore moins imaginé apposer à Doryan un jour. Parce qu’en cet instant, il était terriblement éloigné de celui qu’il avait été pendant les longs mois de leur relation. La mexicaine ne l’avait jamais vu ainsi, tant et si bien qu’elle peinait à le reconnaitre. Le regard qu’il posait sur elle, le ton de sa voix, toute son attitude… Tout était terriblement différent et s’en était particulièrement déstabilisant. Depuis leur dernière confrontation en avril, elle avait compris qu’il y avait encore bien des facettes qu’elle n’avait jamais vu de lui et surtout qu’elle n’avait aucune envie de s’y confronter. Mais ce soir, Soledad n’avait pas le choix. Elle était incapable de se déplacer seule, le couvre-feu la restreignait dans ses mouvements et elle savait que si elle avançait encore une fois l’idée de partir, Doryan la rabrouerait de nouveau. Un nouvel échange qu’elle préférait s’épargner, dont elle savait qu’elle ressortirait un peu plus abîmée, parce que celui qu’ils avaient en cet instant était déjà assez difficile à vivre comme ça et qu’elle n’avait aucune raison de s’en infliger davantage. Le problème c’était que maintenant elle était coincée. A la fois dans cet appartement qu’elle avait pensé ne plus jamais revoir, auprès de cet ex qui lui faisait tant de mal -et dont elle savait la réciproque vraie- mais aussi dans cette conversation qui, même si elle était en un sens nécessaire, était surtout particulièrement compliquée à encaisser. Ce que Doryan lui disait lui faisait mal, mais le voir remettre ainsi en question tout ce qu’elle pouvait lui dire en retour était douloureux d’une autre manière. Peu importe combien elle se justifiait, combien elle se montrait sincère et tentait de partager son ressentit, ça ne comptait plus. Soledad se battait pour rien, c’était une bataille perdue d’avance et le réaliser ne fit qu’agrandit un peu plus le vide qu’elle ressentait au fond d’elle.

Doryan ne voulait même pas entendre qu’il n’était pas le seul à souffrir dans cette histoire, qu’il n’avait pas été le seul à avoir un choc ce soir d’avril où tout avait basculé. Pourtant c’était la réalité et penser l’inverse était complètement injuste. Soledad avait fait de mauvais choix, elle le savait, elle avait toujours su que laisser la peur prendre le dessus était une mauvaise chose. Mais la crainte avait été plus forte que toutes ses autres résolutions et désormais il était trop tard. Mais Doryan ne pouvait pas prétendre qu’elle était la seule à blâmer, qu’il n’avait rien à se reprocher sur le déroulé de ce soir-là, quand c’était elle qui s’était retrouvée visée par le canon de son arme. « La faute à qui d'après toi ? Qui m'a tenu éloigné de sa vie ? Qui a préféré me laisser tomber sur des feuilles la concernant plutôt que de me tenir informé ? Qui ne m'a jamais dit qu'elle possédait un animal ? Je t'ai donné une mauvaise image de moi, mais quand bien même j'aurais fait un pas vers toi, ce que j'ai fait toute la soirée, tu érigeais déjà des murs entre nous. Tu te fichais totalement de ce que je te disais. Si tu voulais qu'on parle fallait le faire avant. Figure-toi que c'est exactement ce que je faisais, essayer de te rassurer. » La mexicaine pinça les lèvres, récoltant les reproches avec ce qui allait bientôt devenir la force de l’habitude tant c’était le chemin que prenait cette conversation. Il avait déboulé dans son ancienne boutique alors que c’était la dernière chose à laquelle elle aurait pu s’attendre et il attendait d’elle qu’elle parvienne à surmonter sa surprise et son appréhension. Qu’elle fasse preuve de réflexion et de compréhension. Comme si ça avait été possible de se laisser guider par autre chose que la peur dans un tel moment. Tout était à sens unique et c’était terriblement frustrant de se voir bafouer de la sorte. Ainsi Doryan avait le droit de souffrir, mais pas elle. Elle, elle méritait ce qui lui était arrivé, elle méritait d’avoir mal et d’être punie, encore et encore. Parce qu’elle avait eu peur, parce la société remplissait la tête des moldus avec des idées néfastes sur les sorciers, parce que certains sorciers condamnaient tous les autres, elle méritait de souffrir.

« Sauf que tu as eu le choix de fréquenter un type sans magie avec les risques que cela pouvait comporter. Ce choix je ne l'ai pas eu, c'était à moi de choisir si oui ou non je voulais sortir avec une sorcière. » Ca c’était non seulement injuste, mais c’était faux. C’était une manière bien trop restrictive de voir les choses. Doryan pouvait bien croire qu’il avait été le seul à se trouver dans le noir, mais au fond c’était complètement faux. Certes, Soledad avait gardé sa nature secrète, mais il avait tiré tout seul des conclusions sur elle, il ne lui avait posé aucune question. « Notre existence n’était plus un secret, tu as pris autant de risques que moi. » Cela faisait plus d’un an que le secret magique avait pris fin, que les moldus savaient que les sorciers se trouvaient parmi eux. Qu’ils savaient combien ils pouvaient se fondre dans le paysage. Doryan avait choisi de ne pas lui poser de question, il ne pouvait l’ignorer. La mexicaine ne se dédouanait pas de ses décisions et de leurs conséquences, mais elle ne pouvait certainement pas être la seule à recevoir ce reproche alors qu’il était tout autant concerné qu’elle. « Je n’ai pas eu plus de choix que toi, Doryan. » Ajouta-t-elle en luttant contre l’envie de détourner le regard pour ne plus avoir à affronter ses prunelles glaciales. « Comment j’aurais pu deviner que tu représentais un risque ? » Une expression amère tordit ses lèvres. Il aidait les autres, il l’avait aidé elle, il n’avait pas émis le moindre avis négatif sur la magie. Jamais elle n’aurait pu s’imaginer ce qu’il lui cachait. « Si on suit ton raisonnement, tu aurais dû me dire que tu faisais partie du Blood Circle. Tu aurais dû me laisser ce choix… » Qu’elle ait été une sorcière ou non. Les moldus avaient le droit de savoir qu’ils fréquentaient des personnes impliquées auprès du Blood Circle.

Si elle avait su, tout aurait été différent. Et maintenant qu’elle savait que Doryan était un membre du Blood Circle, elle était consciente que l’inverse était également vrai. Elle n’avait même pas besoin de voir le regard qu’il posait sur elle pour deviner ce qu’il pensait d’elle. L’entendre avancer que leur relation avait été fausse du début à la fin était particulièrement douloureux parce que s’il y avait une chose sur laquelle Soledad n’avait jamais menti c’était bien sur ce qui les liait. Ils avaient été ensemble pour de vrai, elle s’était attachée pour de vrai, chaque jour, chaque instant qu’elle avait passé à ses côtés l’avait rempli d’une joie qui n’avait jamais été feinte. Mais il pensait le contraire et elle avait beau le détromper, elle voyait bien qu’il refusait de la croire. Aux yeux de Doryan, elle avait changé, mais c’était complètement faux. « Elle ne te change pas, tu as toujours été comme ça. C’est juste que j’étais dans l’ignorance, je n’avais pas conscience de tout. » Soledad ne s’y trompait pas, ces paroles n’avaient rien d’encourageant. Doryan n’était pas en train d’admettre qu’elle avait toujours été elle-même en sa compagnie, que rien n’avait changé à ce niveau-là, qu’elle avait beau être une sorcière, c’était elle qu’il avait toujours côtoyé. La mexicaine aurait certainement tout donné pour effacer tous les doutes qu’il nourrissait à son égard, mais elle savait que ce ne serait pas aussi simple que ça. Que Doryan voyait tout en noir et qu’il serait terriblement difficile de lui ouvrir les yeux. Néanmoins, s’il était buté, Soledad l’était aussi et ça au moins ils le savaient tous les deux. Elle ne pouvait pas rester sans rien faire, sans rien dire -puisqu’elle n’était clairement pas en état d’agir en cet instant- même si elle savait qu’elle bataillait pour rien. Abandonner et laisser Doryan croire qu’elle avait joué un rôle avec lui, qu’elle l’avait manipulé lui et sa famille, était inconcevable. « Je n’ai jamais été comme tu le crois. J’ai toujours été celle que tu as côtoyé… Pendant tout ce temps, ça a toujours été moi. » Répéta-t-elle de nouveau. Même si elle était consciente que ça ne changerait sûrement rien, elle était prête à le répéter autant de fois qu’il le faudrait.

Il n’y avait plus rien à sauver entre eux, Soledad le savait. Ca lui faisait mal de le penser, mais elle savait qu’il en était ainsi. Tout ce qu’elle voulait désormais, c’était montrer à Doryan qu’elle n’était pas le monstre qu’il pensait, que tous les sorciers n’étaient pas ainsi et que si elle lui avait fait du mal, ça n’avait certainement pas été volontairement. Elle acceptait de répondre à ses reproches non pas parce qu’elle n’avait pas le choix, mais parce qu’elle voulait lui montrer qui elle était. Elle voulait lui prouver qu’elle n’était pas la sorcière malfaisante qu’il avait créé dans son esprit, que non seulement leur relation lui avait tenu à cœur mais qu’elle était réellement une bonne personne. Ou du moins qu’elle faisait de son mieux pour l’être. Soledad n’était pas assez arrogante pour s’imaginer qu’elle faisait tout à la perfection, ou que ses actions allaient changer quoi que ce soit, mais elle faisait des efforts. Elle était prête à tout lui raconter, à lui dévoiler tout ce qu’il ignorait, si seulement ça pouvait lui prouver qu’elle n’était pas mauvaise. Dans ce contexte, lui parler des familles moldues qu’elle tentait d’aider lui parut naturel, là elle faisait quelque chose de bien, elle œuvrait pour la paix. Mais ce ne fut absolument pas le message que Doryan en retint. Tout ce qu’il vit, c’était que ces familles étaient au courant qu’elle était une sorcière, mais pas lui. Même quand elle souligna que ce n’était que des étrangers qui n’avaient pas de réelle importance pour elle, ça ne lui suffit pas. « Je pense qu’on a pas la même définition du mot important. » Soledad sentit son cœur se serrer. A chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, elle fonçait dans le mur et c’était épuisant. Elle en avait marre de tout faire de travers alors qu’elle disait la vérité. C’était justement parce qu’il avait été important pour elle qu’elle avait eu peur de lui parler. C’était la peur de le perdre qui avait retenu ses mots, parce que l’idée de le perdre avait été paralysante, plus forte que tout. Mais lui ne voyait rien de tout ça. « Arrête Doryan… » Soupira-t-elle d’une voix étouffée. Elle chercha ses mots sans les trouver dans le bazar de douleur et de doutes qui régnait sous son crâne. « J’essaye de t’expliquer… J’essaye vraiment. » Ne le voyait-il pas ? Elle aurait pu garder un silence buter. Laisser les heures passer sans rien dire. Tenter de se saisir de sa baguette pour transplaner, mais elle n’en faisait rien. A la place, elle essayait, elle essayait si fort, de lui faire comprendre son point de vue. Tout ce qui avait mené à ses décisions. Pourtant ça ne comptait pas. « Ce n’est pas parce que ça ne te convient pas que c’est faux. » Mais ça, elle ne pouvait rien faire pour qu’il l’accepte.

Toujours dans l’idée de s’expliquer sur ce qu’il pouvait lui reprocher sans avoir tous les tenants et les aboutissants, Soledad en vint à mentionner les dernières élections qui avaient menées à la nomination de l’Augurey à la tête du Conseil. Certainement le plus gros fiasco qu’avait connu le monde sorcier aux yeux de la mexicaine. Un fiasco certainement encouragé par le climat de peur qui régnait depuis le début de la guerre contre le Blood Circle, mais aussi et surtout pas mal de triche de la part des Mangemorts. Doryan n’avait pas tort, de nombreux sorciers avaient certainement voté pour l’Augurey en leur âme et conscience, mais Soledad refusait de croire qu’ils représentaient une si grande majorité. Comme elle le lui expliqua, elle avait été là ce jour-là, elle avait senti que quelque chose n’allait pas, elle en était ressortie avec un goût amer en bouche et des souvenirs en moins, ça ne pouvait pas être pour rien. Les élections avaient été faussées et personne n’avait pu rien faire car le problème venait de l’intérieur, même l’Ordre qui siégeait au Conseil s’était vu pieds et poings liés. L’organisation tentait de tenir tête aux Mangemorts, mais ce n’était pas si facile. « Vos idées diffèrent sur quels points ? » La mexicaine contempla Doryan un instant. Allait-il décider d’apporter un peu de crédit à ses propos cette fois-ci ou allait-elle encore s’épuiser pour rien ? C’était bien beau de l’interroger, mais si c’était pour nier ensuite ses réponses, Soledad n’en voyait pas l’intérêt. Cependant, elle ne pouvait pas non plus se contenter de garder le silence. Elle se frotta les yeux, se demandant vaguement comment elle pourrait expliquer une telle différence en quelques mots. « Les mangemorts prônent la pureté du sang… » Soledad s’arrêta pour réfléchir. Elle leva un regard interrogateur vers Doryan, elle n’était pas sûre que ces termes veuillent dire grand-chose pour lui alors elle chercha un moyen de rendre le tout plus clair pour quelqu’un qui n’y connaissait rien. Mais réfléchir était difficile et il lui fallut quelques secondes avant de reprendre. « Ils pensent que seuls les sorciers issus de grandes familles de sorciers méritent leur place dans la société… Ils pensent que tous les autres sorciers valent moins. Et que les personnes sans magie devraient être éliminées. » C’était une explication très succincte, mais l’essentiel était là. Après tout, elle n’était pas là pour dispenser un cours sur l’Histoire du monde magique à Doryan. Peut-être que dans un autre contexte elle aurait pu se prêter au jeu, mais là, elle n’en avait pas la force. « L’Ordre ne partage pas toutes ces idées. Je ne partage pas ces idées. » Ajouta-t-elle après une nouvelle pause. « L’Ordre veut la paix. Entre tout le monde. » Un idéal qui était bien difficile à atteindre, Soledad en convenait.

Même si Soledad se doutait que Doryan devait avoir vécu des expériences terribles avec des sorciers, entendre son récit lui serra le cœur. Il avait souffert à cause des sorciers et ça la peina sincèrement de l’apprendre. Elle qui voulait lui faire comprendre qu’ils n’étaient pas tous mauvais, qu’ils ne voulaient pas tous la mort des moldus, que vivre ensemble était possible. Avec de tels exemples, il était bien plus difficile de faire valoir ces idées. Soledad était réaliste, de telles expériences laissaient des traces. Elle aurait aimé que Doryan ne vive jamais ça, qu’il soit protégé de tout ça, il n’avait pas mérité de souffrir autant à cause des siens, mais il était trop tard et elle ne pouvait rien faire d’autre que de s’en désoler. Réellement, sincèrement. « Je pense que ça n’aurait pas pu se passer autrement. » Soledad aurait aimé le contredire. D’ailleurs ce fut son réflexe premier, mais elle s’arrêta avant que les mots ne franchissent la barrière de ses lèvres. La vérité c’était qu’elle n’en avait aucune idée. Que les sorciers restaient des êtres humains, animés par des sentiments complexes et dans un contexte encore plus complexe, vouloir croire que tout pouvait bien se passer était terriblement naïf. D’autant plus qu’il était clair que toutes les rencontres que Doryan avait fait avec des sorciers s’étaient soldées dans la douleur. Soledad était cruellement consciente qu’elle en faisait partie. Rien n’était simple, il avait du mauvais des deux côtés et elle le savait bien. La mexicaine ne prétendait pas que les sorciers étaient tous innocents, tout comme elle savait que les moldus ne voulaient pas tous leur mort. Il y avait bien plus de nuances. Et au milieu des gens, des deux côtés, qui tentaient juste de vivre. « Parce que tu crois que ça n’était pas mon cas, tu crois que j’ai demandé tout ça ? Tu crois que ça m’a fait plaisir de venir dans ta boutique ? ça ne m’amuse pas du tout, j’aime mieux passer mes journées dans mon uniforme de pompier et mes soirées à boire des verres que d’aller risquer ma vie. » Soledad ouvrit la bouche mais Doryan fut plus rapide à reprendre. « Oh et puis merde, pense que je suis un monstre qui passe tout son temps libre à massacrer des innocents petits sorciers, je m’en moque. » Le brune retint une grimace. Encore une fois elle aurait aimé le contredire sans hésiter. Affirmer qu’il ne faisait pas partie des monstres, qu’elle savait qu’il ne causerait pas de mal autour de lui, qu’il ne lui ferait pas de mal. Mais en réalité, elle n’en n’avait aucune idée. Parce que si elle voulait bien croire qu’il ne comptait pas la tuer ce soir, il y avait toujours cette petite voix dans un coin de sa tête qui lui murmurait que rien ne l’avait empêché d’avoir appelé le Blood Circle. « J’en sais rien… » Avoua-t-elle à voix basse. Elle déglutit et se força à continuer. « J’en sais rien parce que moi aussi tu m’as maintenue dans le noir. » Il pouvait lui reprocher son silence sur sa nature, mais lui aussi avait choisi le silence. Il avait choisi volontairement de ne pas lui dire qu’il faisait partie du Cercle. Au lieu d’avoir des explications, de pouvoir comprendre, de mesurer à quel point il y était impliqué, jusqu’où il pouvait aller, Soledad était dans le flou le plus total. Et c’était loin de calmer ses angoisses.

A la question de savoir ce qu’il aurait pu faire de plus pour qu’elle lui parle, Soledad n’avait pas de réponse à lui donner. Parce qu’au fond ça n’avait rien à voir avec lui. Elle n’avait pas gardé le silence par manque de confiance ou volonté de tout garder pour elle, mais parce que le contexte extérieur faisait quelle vivait dans la peur constante. Il pensait qu’il n’avait pas assez compté à ses yeux, mais ça avait été tout l’inverse. Il avait compté, il avait énormément compté. Il avait tant compté que la perspective de risquer de le perdre avait été insupportable à Soledad. Et que découvrir qu’il faisait partie du Blood Circle avait été la pire chose possible. Au-delà du monde magique, elle-même avait beaucoup souffert de la main du Blood Circle, savoir que tout ce dont le cercle se rendait coupable, il le cautionnait, il y participait peut-être même, lui était insupportable. Parce que ça voulait dire que tout ça, il pouvait choisir de le lui faire subir. « Donc je devrais attendre bien sagement ma mort selon toi ? Parce que tu as conscience que ça empire chaque jour ? Si je ne défends pas ma vie au côté du Blood Circle, qui la défendra ? » Soledad le contempla en retenant ce qui était certainement l’énième soupir de la soirée. Ce n’était toujours pas ce qu’elle disait. Encore et toujours, il déformait ses propos pour les faire coller à son propre point de vue. Une nouvelle fois, il niait l’opinion de la mexicaine, il ne lui accordait pas le moindre crédit. Ca montrait le peu d’importance qu’il lui accordait désormais et Soledad sentit ses épaules s’affaisser à cette idée. Elle était profondément découragée, non seulement par cette conversation mais aussi par l’attitude de Doryan. « J’ai conscience que ça empire, parce que ça empire pour tout le monde. » Argua-t-elle d’une voix rauque. Les personnes sans pouvoirs n’étaient pas les seules victimes, Doryan ne devait pas l’oublier. Les moldus et les sorciers souffraient de cette guerre. Soledad avait vu sa boutique dévastée, elle avait été envoyée à l’hôpital plusieurs fois… Elle savait de quoi elle parlait. Quant au reste de ses propos, elle comprenait l’idée et n’allait certainement pas avancer qu’il devait rester là sans rien faire, mais elle savait qu’il n’y avait pas de solution miracle. Elle aurait juste aimé que les extrêmes comme le Blood Circle ou les Mangemorts ne paraissent pas être des options viables aux yeux de certaines personnes.

Quant à savoir ce qu’elle, elle aurait pu faire ce fameux soir d’avril, Soledad doutait qu’il y ait également une réponse. Rien n’aurait pu arranger le drame qui s’était déroulé ce soir-là dans l’ancien Witches Bazaar. Elle n’aurait rien pu faire, rien pu dire. D’ailleurs, elle en avait été physiquement incapable, elle avait perdu ses moyens à l’instant où elle avait réalisé qu’il se trouvait là et la peur avait définitivement pris le dessus à partir du moment où elle avait compris qu’il faisait partie du Blood Circle. Quant au moment où il avait sorti son arme, ça avait été pire encore. « J’aurais voulu que tu ne me donnes pas ton numéro. » La phrase était tombée comme un couperet. Claquant dans l’air presque avec violence, faisant tressaillir Soledad. Elle aurait dû s’y attendre, et pourtant ça lui fit tout de même mal. Elle détourna le regard, incapable de soutenir celui de Doryan plus longtemps alors que son cœur déjà brisé se fêlait un peu plus. Il aurait préféré ne pas la rencontrer, ne pas connaitre ces mois avec elle, cette idée fut encore plus douloureuse que les coups des moldus. L’espace d’une seconde, elle aurait aimé être capable de lui rétorquer que le sentiment était partagé, qu’elle aussi aurait préféré ne rien connaitre de tout ça afin de ne pas avoir à en souffrir aujourd’hui. Mais au fond d’elle, tout au fond d’elle, Soledad savait que c’était faux. Que ce serait un mensonge sur toute la ligne. Alors elle encaissa en silence, difficilement, retenant les mots et la douleur. « Tu aurais été en danger à cause de ta boutique. » Soledad le laissa continuer sans rien dire. « Mais je suppose que tu aurais pu t’en tirer facilement. » Une expression amère secoua les épaules de la mexicaine. Ah, il était vrai qu’elle s’en était tirée facilement ce soir-là, face à lui. A le voir tirer sur son hibou. Réduite à supplier pour espérer avoir la vie sauve, qu’elle belle sortie elle avait fait. Nul doute qu’il en aurait été de même face à un inconnu. « C’est vrai… Je m’en suis si bien tirée ce soir… » Argua-t-elle avec une grimace quand un élan douloureux s’imprima sous son crâne. Il était vrai que ça correspondait totalement à l’image de la sorcière surpuissante et sans pitié que Doryan avait d’elle. Elle s’était fait tabassée par deux moldus, elle avait eu beau se défendre, elle n’avait pas eu le dessus. Elle était où sa puissance ? Nulle part. « Je suis déjà en danger juste parce que j’existe. » Il avait l’air d’oublier que les moldus n’étaient pas les seuls à avoir une cible constante dans le dos. Ca l’arrangeait bien de penser ainsi, d’être seulement à moitié aveugle. « Ma vie était bien avant que tu n’entres dedans. Maintenant, je me pose des questions que je ne me posais pas avant et si c’était un de ses amis ? Est-ce qu’en ne faisant rien ce soir-là, je suis responsable de la mort d’autres personnes ? » Soledad se redressa lentement, précautionneusement pour ne pas réveiller ses côtes. Elle s’efforça d’ignorer sa première phrase, elle avait déjà bien compris qu’il regrettait amèrement de l’avoir rencontré, ce n’était pas la peine de retourner le couteau dans la plaie. Si Elle avait du mal à voir où il voulait en venir avec sa première question, à la seconde la réponse était évidente. « Tu ne seras responsable de rien du tout… Je ne causerai la mort de personne. » Affirma-t-elle en plongeant ses prunelles dans les siennes. Ca aussi, il lui semblait qu’elle devait le répéter un nombre incalculable de fois.

« Pourquoi tu as pris le risque de fréquenter quelqu’un sans magie, tu y gagnais quoi ? » Soledad cligna des paupières, déstabilisée par cette question qui semblait sortie de nulle part. Un instant, elle crut avoir mal compris mais même si ses pensées étaient complètement embrouillées, ce n’était pas le cas. Elle regarda Doryan en fronçant les sourcils, cherchant à comprendre où il voulait en venir. « Y gagner ? » C’était ça qu’elle ne comprenait pas. L’idée que son cerveau en souffrance ne parvenait pas à décortiquer. « Pourquoi j’aurais quelque chose à y gagner ? » Non franchement, elle ne voyait pas. Qu’avait-elle à gagner à fréquenter quiconque ? Sorcier comme moldu. Rien, elle n’avait rien à gagner. Bon, peut-être des relations, des amis, des bons moments, mais elle doutait que c’était ce que Doryan cherchait à savoir. Pourtant elle n’avait pas de réponse à lui donner, parce qu’au-delà de ces notions qui n’étaient sûrement pas la réponse attendue, elle n’avait rien à y gagner. Soledad n’agissait pas dans l’espoir de recevoir quelque chose en retour, elle n’avait jamais été ainsi. Rien que lorsqu’il avait avancé qu’elle ait pu chercher à le fréquenter juste pour s’amuser, cette idée l’avait profondément ébranlée. « Je te l’ai dit, mes parents m’ont élevée comme ça, je suis allée à l’école de ce côté, j’ai de la famille, des amis de ce côté… » Elle s’arrêta pour faire le tri dans ses pensées qui s’entrechoquaient. « Je fréquente des gens sans magie parce que je l’ai toujours fait… » Elle s’arrêta de nouveau et prit une profonde inspiration pour tenter de faire refluer son mal de crâne. Soledad avait toujours vécu entre les deux mondes, elle considérait qu’elle était chez elle aussi du côté moldu mais préféra ne pas dire les choses ainsi, de crainte que cela soit mal reçu. « Parce que ce n’est pas censé être un risque. » Devait-elle se méfier de tout le monde ? Voir le mal partout ? Elle n’avait jamais agi comme ça auparavant et elle trouvait cela profondément triste. Elle savait que malheureusement leur monde tendait vers cette idée, la situation dans laquelle elle se trouvait avec Doryan en était la preuve, mais ce n’était pas pour autant qu’elle l’acceptait. « Et que je pense pas que vous soyez inférieurs ou tous mauvais, ou même si différents que ça… » Elle le lui avait déjà dit, elle avait grandi au milieu des moldus, elle n’avait aucune raison de les mépriser. Si elle avait choisi de travailler au Witches Bazaar, ce n’était pas pour rien, c’était parce qu’elle aimait autant ce monde, que celui des sorciers.

Soledad retrouva le silence quelques instants. Autant parce qu’elle avait besoin de faire une pause. Imposer autant de réflexion et de reproches à son cerveau en souffrance n’était pas facile, elle était épuisée et aurait tout donné pour pouvoir simplement fermer les yeux. Mais aussi parce qu’elle cherchait dans le regard de Doryan si ce qu’elle lui disait avait le moindre impact sur lui ou s’il allait encore se contenter de tout balayer en la traitant de menteuse. Elle savait qu’elle devait s’y préparer, de toute manière c’était ainsi que se déroulait la conversation depuis le début, mais elle craignait d’en arriver encore là. Elle tentait de lui montrer qui elle était, c’était important pour elle. Soledad hésita quelques instants de plus avant de reprendre, sachant que ce qu’elle avait à dire était délicat. « Je t’ai fréquenté parce que j’étais bien avec toi… Que tu comptais pour moi… » Il n’avait pas été question de risques ou de gagner quelque chose. Soledad n’était clairement pas assez calculatrice pour faire ce genre de chose. Ca ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Elle avait commencé à fréquenter Doryan parce qu’elle aimait sa compagnie, c’était aussi simple que ça. Qu’il soit moldu n’y avait rien changé. « Que c’était réel, même si tu veux pas me croire. » Ajouta-t-elle avant qu’il ne puisse la couper. Qu’il le veuille ou non, il s’agissait de la plus pure vérité. Elle soupira doucement. « Je pensais que j’étais en sécurité avec toi. J’ai cru que tu ne détestais pas les sorciers ou la magie. » Ils avaient parlé divination, il s’était amusé à lire les lignes de sa main, son père lui avait demandé si elle lui avait jeté un sort… Aucune de ces mentions de magie n’avait provoqué de réaction négative chez lui. Rien qui aurait pu mettre Soledad sur la voie. Elle avait cru que tout allait bien, qu’elle pourrait lui parler une fois qu’elle serait parvenue à dompter sa peur. Elle avait eu sacrément tort.

CODAGE PAR AMATIS




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Doryan Rosebury
Doryan Rosebury
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Dim 16 Avr - 21:55
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ft. mon ex la sorcière

Cette soirée était merveilleuse, dans le top 3 des pires soirées de l’année sans aucun doute. Tiens d’ailleurs, maintenant qu’il y pensait, les trois pires soirées de l’année étaient toutes en lien avec Soledad. Quelque part, ça n’était pas une coïncidence non plus, forcément, outre ses collègues, elle était la personne qu’il avait le plus côtoyé, c’est plus facile de passer des mauvais moments avec une personne que l’on voit tous les jours que quelqu’un qu’on ne voit jamais. Sauf qu’il y a mauvais moment et moment qu’on ne voudrait jamais vivre de sa vie et alors là on était pile dedans. Et le pire dans tout cela, c’est qu’il ne pouvait même pas se dire pourquoi je suis pas rentré une heure avant ou une heure après parce que se dire cela, ça aurait été tuer Soledad, ni plus ni moins. Il était donc à l’endroit où il fallait être au moment où il fallait l’être, un bonheur de se dire cela lorsqu’il détestait cette conversation, et qu’il avait la sensation qu’elle se payait sa tête. Non mais à quel moment, comme réponse au fait qu’elle avait fait le choix de fréquenter des personnes sans la moindre fibre magique, elle lui répondait que comme l’existence des sorciers était connu de tous, il avait pris des risques aussi. Il en resta sans voix, tellement l’argument était nul, le temps que l’agacement revienne prendre sa place dans son esprit et qu’il rétorque « C’est ça ta réponse ? T’es sérieuse ? Ne retourne pas la situation Soledad, tu es dans un monde sans magie, si tu voulais ne pas vivre prendre de risques, il te suffisait de rester dans ton monde de sorcier, avec des sorciers et là, le moindre type sans magie, vous le repérez en deux secondes. L’inverse n’est pas possible et tu le sais. » Sans oublier que pour lui, les sorciers étaient imbus de leur personne, il était évident que jamais un sorcier ne se ferait passer pour un type normal pendant plus de huit mois, à la rigueur jouer un rôle pendant une semaine ok, puis après le naturel revenait au galop, il faisait tout sauter chez sa victime avec sa baguette et hop c’était réglé. Il secoua négativement la tête, pas d’accord avec elle, elle avait eu le choix de rester dans son monde avec des gens comme elle et elle n’avait rien fait.  « Je ne représente un risque que pour ceux qui me trahissent ou ceux qui ont envie de me tuer. » Et encore, il avait plus agit pour lui filer un coup de mains que vraiment pour lui faire risquer sa peau. En revanche, il fit la moue, il est vrai que sur le reste, elle n’avait pas tort, il aurait dû lui dire « Désolé. » Est-ce qu’il s’agissait vraiment d’une volonté de lui cacher ? Il n’en savait trop rien. Il savait que le Blood Circle n’était clairement pas son idéal dans le monde. Il y avait de la violence qu’il jugeait gratuite, des façons de régler les choses brutales, des agissements qu’il ne cautionnait pas. Il savait qu’il n’y avait que trois options, la première laisser les sorciers tuer tout le monde, Doryan n’était pas très chaud pour cette option. La seconde option c’était de se la jouer neutre et d’espérer que les autres adhèrent au Blood Circle et fassent le boulot à sa place, une option viable mais profondément lâche, sans oublier que ça voulait dire laisser son frère et sa sœur risquer sa vie tandis que lui ne faisait rien… pas dans sa nature. La troisième c’était d’accepter le fait qu’il n’était pas d’accord avec chaque idée mais que pour sa survie ou la survie du plus grand nombre, il n’avait pas le choix. Alors oui, il ne pouvait pas dire avec fierté je fais partie du Blood Circle, raison pour laquelle il n’avait rien dit. Et cette décision de ne rien dire lui avait probablement sauvé la vie ou, tout du moins de ne pas la voir réagir comme elle l’avait fait dans sa boutique, sauf que cette fois, elle serait juste partie sans qu’il ne sache qu’elle était sorcière. Savoir n’était-il pas préférable que si elle avait disparu du jour au lendemain, il est fort à parier que si, même si les choses n’étaient pas faciles pour autant.

Il y a des batailles qu’il ne gagnerait pas, s’il était joueur, qu’il détestait perdre un défi ou laisser le dernier mot à quelqu’un, que ça avait sûrement bercé leurs discussions à Soledad et lui, cette fois-ci, il en fut autrement. Il ne chercha pas à discuter avec elle. Elle voulait lui faire croire qu’elle était la même fille, il savait que c’était faux. Elle n’était pas elle-même avec lui, elle devait se retenir de dire des choses, de faire des choses, pour peu que ses amis soient informés, parce que sorciers, elle avait dû tous les mettre en garde que Doryan ne savait rien et ne devait rien savoir. Elle avait dû être dans un stress permanent à l’idée de faire une bourde, que les gens fassent des bourdes ou que Doryan se montre un peu trop curieux. Ça ne lui avait même pas effleuré l’esprit, dans sa volonté de faire confiance aux gens, il n’avait même pas envisagé ce cas de figure et pourtant, comme elle le disait si bien, il savait que les sorciers se fondaient dans le décor, quel imbécile. Il n’empêche qu’il n’argumenterait pas, qu’il ne se laisserait pas entraîner sur ce terrain, elle ne pouvait pas lui reprocher de faire confiance à sa copine pour ne pas lui mentir sur tout. Il savait ce qu’il en était réellement.

Ou peut-être que non, il ne savait pas tout, s’il s’était imaginé Soledad détester les gens comme lui, ce qui était toujours possible, il apprenait aujourd’hui qu’elle aidait les sorciers provenant de familles sans sorcier à comprendre ce qu’ils étaient, leurs parents à ne pas les haïr, comme si des parents pouvaient haïr leurs enfants, ça semblait invraisemblable au Rosebury. Et au milieu de tout ça, il y avait lui, lui qui avait passé un nombre incalculable de nuit avec elle, lui qui était, selon les dires de Soledad, important, plus que tous ces gens mais qui n’avait rien eu le droit de savoir. Ça le mettait en rogne qu’elle puisse le prendre autant pour un idiot alors oui, il attaquait, si elle le jugeait important, ils n’avaient pas la même notion du mot important. Et c’était à lui d’arrêter ? Ce n’était pas une question que ça lui convienne ou non, c’était une question qu’elle ne pouvait pas prétendre qu’il était important quand la terre entière savait qu’elle était une sorcière et que lui il était le pauvre con qui la pensait être comme lui. Puisqu’elle lui avait demandé d’arrêter, il garda le silence, de toute façon, ce n’est pas comme si ça avait de l’intérêt cette conversation. Il était frustré, bien sûr que ça ne lui convenait pas ses réponses bateaux, ses réponses comme s’il ne pigeait rien.

Au milieu de tout ça, il essayait d’apprendre des choses. Ça n’était pas simple parce qu’il savait très bien qu’il ne devait pas lui faire confiance, qu’elle n’était pas son amie et que chaque mot qu’elle prononçait était à prendre avec des pincettes mais il l’écoutait parler du monde sorcier, des élections qui avaient eu lieu et qui avaient mis tous les gens comme Doryan dans la mouise,  tout simplement. Il semblerait que tout ne se soit pas déroulé comme prévu, oui Soledad avait l’air sincère, mais il fallait voir où ça les avait menés la sincérité de Soledad. Pourtant, si elle disait vrai, s’il y avait vraiment deux camps qui s’opposaient chez les sorciers, il voulait savoir en quoi ils étaient différents. Les mangemorts prônaient la pureté du sang, ça voulait dire quoi ça ? Il y avait des gens au sang impurs chez les sorciers ? Ils se basaient sur quels critères pour dire ça ? Soledad l’aida à mieux comprendre les choses, utile cette demoiselle. Il y avait donc des sorciers qui voulaient vivre qu’entre sorciers mais pas que, pour être dans leur groupe, il fallait que les familles soient sorcières sur plusieurs générations. Pour ce qui était de l’élimination des personnes sans magie, Doryan n’était pas surprit, vu l’état d’esprits de ces gens, c’était logique. L’Ordre ne partage pas ses idées, oui donc en gros il y avait les sangs purs d’un côté, les sangs pas purs au milieu, des gens qui avaient certainement de la famille côté sorciers et de la famille côté pas sorciers, et de l’autre côté c’était les gens sans magie. C’était le bazar dans la tête de Doryan, il devait y avoir des choses qu’il ne parvenait à concevoir. « Vous êtes alliés avec des gens qui ne veulent pas vraiment de vous ?  » Alors c’est sûr que le Blood Circle n’était pas non plus un allié mais ils avaient dû faire un choix et ils avaient choisi les Mangemorts, parce qu’ils étaient sorciers ? Comment pouvait-elle affirmer qu’elle voulait la paix entre tout le monde si elle décidait de s’allier avec des gens qui n’en voulaient pas, ça ne risquait pas de fonctionner. « Tu fais partie d’une grande famille de sorciers ? » Qui était Soledad ? Elle l’intriguait. Il y a tant de choses qu’il ignorait sur elle et il avait beau savoir que ça ne lui servirait à rien, il voulait en savoir plus sur cette fille qu’il avait fréquenté.

De la même façon, il essayait d’en révéler un maximum sur lui à Soledad, ça ne lui servirait à rien, il en avait bien conscience mais ça lui paraissait important de dire que s’il ne portait pas dans son cœur les sorciers, ça n’était pas parce qu’il n’était pas ouvert d’esprit, mais bien parce que les sorciers lui avaient bien montré leur volonté d’écraser les gens sans baguettes magiques. Ça n’aurait pas pu se passer différemment, il en était convaincu à présent, peu importe ce qu’il faisait, qu’il passe huit minutes, huit heures ou huit mois avec un sorcier, ça se finissait toujours dans la douleur, que ça soit physique ou morale. S’il fut tenté de se défendre lorsqu’elle parlait de monstre, qu’il commença dans cette optique, non cette situation ne lui convenait pas le moins du monde, il finit par se raviser, il ne la convaincrait pas. Peu importe la volonté qu’il y mettait, elle avait vécu huit mois à ses côtés et ça ne l’avait pas empêché de ne pas avoir confiance en lui, qu’elle reste dans son idée qu’il était un monstre, qu’il passait tout son temps libre à traquer des sorciers, si ça lui faisait plaisir. Elle n’en savait rien, il l’avait maintenu dans le noir. Il lui lança un regard noir « Viens pas sur ce terrain là Soledad, si les sorciers, toi y compris, surtout toi en réalité puisque tu fréquentes les gens sans magie, avaient le respect nécessaire pour dire la vérité dès le départ. Vérité que je n’aurais jamais sue si je n’étais pas du Blood Circle, on n’en serait pas là. Tu es responsable par ton silence, par ton mépris de la vérité de mon entrée au Blood Circle. Savoir ça aurait changé quoi ? Tu te serais tirée sans me parler. » Il en était persuadée, à la seconde où elle l’avait soupçonnée d’être du Blood Circle, chose qu’il ne lui cachait d’ailleurs pas vraiment, elle avait changé du tout au tout et elle n’avait eu qu’un but, s’en sortir vivante, se focalisant uniquement sur cela et sur des questions toujours plus accusatrice. Qu’elle l’accepte ou non, elle était responsable de toute cette merde et il était impensable qu’elle lui reproche son silence. Impensable aussi qu’elle lui reproche de se bouger les fesses et de ne pas attendre que les sorciers les massacrent tous. Elle ne fit aucun commentaire à ce sujet mais rappela que ça empirait aussi pour les sorciers, il n’en doutait pas, les problèmes de la guerre, tout le monde en prenait pour son grade.

La question à se poser était la suivante, qu’est ce qu’il aurait pu faire pour changer les choses. Si le silence de Soledad fut éloquent, rien, il n’aurait rien pu faire, c’était comme ça et pas autrement. Elle de son côté aurait pu ne jamais lui donner son numéro. Ça aurait évité bien des déconvenues et chacun aurait pu vivre sa vie sans se soucier de l’autre. Il ne se faisait pas d’illusions, elle aurait été en danger, ça n’était pas lui qui l’avait mise en danger mais elle demeurait une sorcière, elle aurait pu s’en tirer en un claquement de doigt… ou pas, il semblerait qu’il ait oublié la façon dont ça s’était passé ce soir. Comment c’était possible alors qu’elle était juste à côté de lui, on se le demande « Bon d’accord, peut être que tu ne t’en serais pas tirée hyper facilement. » voire même pas du tout. Elle était en danger juste parce qu’elle existait, il marmonna « Comme nous tous. » Cependant, il est vrai qu’elle avait quand même une sacré poisse, ça faisait deux fois que Soledad se faisait attaquer sans raison ou plutôt que les gens partaient du principe qu’elle était une sorcière  et il avait beau la regarder, il ne voyait pas ce que les gens pouvaient voir en elle. S’il lui révéla ses craintes sur le fait que la sauver elle pouvait avoir été néfaste, elle se répéta, une nouvelle fois, ils se regardèrent dans les yeux. De toute façon, que ça soit vrai ou non, il ne l’aurait pas laissé tomber. Si ça lui retombait dessus, il ne pourrait s’en prendre qu’à lui-même, ce qu’il faisait déjà d’ailleurs.

Ce qu’il voulait comprendre c’est pourquoi elle avait pris ce risque, il ne se faisait pas d’illusions, Soledad avait la côte, y compris chez les sorciers. Pourquoi prendre la décision de traîner de l’autre côté de la ville. Qu’est ce qu’elle y gagnait si ce n’est des sensations fortes et une quasi-certitude d’être en danger. Non parce que si lui avait fait le choix de ne pas attenter à la vie de Soledad, ça aurait pu très mal tourner cette histoire. Il haussa les épaules à ses questions, il espérait pour elle qu’elle avait quelque chose à gagner mais ça ne semblait pas être le cas. Elle avait été élevée entre les deux mondes, très intelligent de faire ça, elle était indétectable, n’agissait jamais de façon bizarre et connaissait tout un tas de choses. Il pencha la tête en l’entendant dire que ça ne devait pas être un risque « Probablement pas, en effet. » Il n’allait pas lui faire croire que le but c’était que tout le monde risque sa peau, c’était totalement faux. Le problème n’était pas là selon Doryan « Ce n’est un risque que parce qu’il y a duperie. » Alors bien sûr, là maintenant, c’était compliqué de dire la vérité, allez, il voulait bien lui accorder qu’elle avait la trouille de se faire sauter la cervelle, ça d’accord. En revanche, si elle faisait ça depuis toujours, elle aurait dû en parler pour habituer la population au fait qu’il y avait des gens qui peuvent faire de la magie. Il y avait bien des gens qui étaient des magnétiseurs, d’autres qui faisaient de la communication animale, d’autres encore qui étaient des hypnotiseurs, les gens ne réagissaient pas mal à cela. Alors bien sûr, c’était moins puissant, Doryan avait vu la puissance des sorciers de ses yeux, il savait que ça n'avait rien à voir. Quant à l’infériorité, il restait convaincu qu’elle l’avait traité différemment uniquement parce qu’il n’était pas sorcier. Quant au fait d’être tous mauvais, le reste de la population ne l’intéressait pas en cet instant, il se moquait des autres, c’était son comportement à elle envers lui qui le dérangeait. Le fait qu’ils aient passé une multitude de moments ensemble, de bons moments et qu’à aucun moment elle n’ait jugé utile, important, de se confier à lui, il était là le problème pour Doryan.

Lorsqu’elle reprit la parole après une pause, naturellement, il tourna la tête pour la regarder. Instinctivement, il se raidit, sentant qu’ils rentraient tous les deux sur un terrain miné. Il eut une première pensée, la satisfaction de savoir qu’elle avait été bien avec lui que quand bien même il ne pouvait produire aucune magie, ça n’était pas grave, il se débrouillait autrement pour être intéressant. Cette pensée fut mise en pièce par les souvenirs de cette soirée, de cette désillusion, de cette crainte qu’il se traînait depuis et de la solitude. A quoi ça avait servi qu’elle soit bien avec lui, certes il n’avait pas fait d’efforts, excepté sur la fidélité, ça d’accord, mais sur le reste c’était plutôt naturel. Il n’empêche que s’il avait été inintéressant au possible, ces derniers mois auraient été bien plus agréables à vivre. Alors bien sûr, ça ne faisait pas tout, il n’oubliait pas les bons moments mais le prix lui semblait bien trop élevé pour quelques mois de mensonges, où il s’était surprit à apprécier cette vie de couple. Comme une réponse à ses pensées, elle se répéta sur le fait que c’était réel, ce n’était pas qu’il ne voulait pas la croire, c’est que si elle pensait que c’était ça la réalité, elle se mentait à elle-même. Il se décomposa en entendant sa phrase d’après, la regarda longuement « Mais tu étais en sécurité avec moi. » Comment expliquer les choses, c’était d’un compliqué « Je veux protéger les gens. » C’était ça sa conception de la vie, permettre aux gens de vivre. Le problème c’est que les sorciers voulaient que ces mêmes gens meurent, ça n’était pas évident d’adorer les sorciers dans ce cas de figure « Moi dans les histoires pour enfant, être sorcier c’était un truc génial, ils se transformaient en écureuil ou en poisson. A l’aide de leur baguette, ils pouvaient réduire des choses, voire même eux. » influence disney coucou Enfin comment ne pas trouver ça génial et comment ne pas adorer les magiciens au cirque, ces gens qui arrivaient à découper des gens, deviner la carte choisie ou même faire disparaître un lapin. « La réalité est bien moins sympathique ou alors, vous gardez pour vous, entre vous, les trucs positifs et nous on a le droit de voir que le négatif. » Enfin, elle se rendait bien compte qu’il ne racontait pas d’histoire, que les seules traces de magies qu’il avait vu c’était pour le tuer. « Pour autant, jamais je n’ai eu l’intention de te faire du mal » Oui bon désolé pour les membres du Blood Circle, Doryan restait humain avec des sentiments d’humain « Je suis désolé d’avoir failli tuer ton oiseau, c’était un réflexe, j’avais peur. » Il hésita quelques secondes avant de se reprendre « J’ai peur de toi. Mais ça n’est pas pour autant que je veux qu’il t’arrive quelque chose et encore moins à cause de moi. » Il fronça les sourcils « Je ne sais pas si c’est les sorciers que je déteste ou si c’est la magie. La magie je suis sûr que ça peut être génial, que les gens pourraient faire des merveilles avec, éradiquer les maladies, pouvoir faciliter la vie de tout le monde, plus d’accidents de la route, plus de pompiers qui décèdent en se faisant écraser sous des décombres, plus de constructions qui s’effondrent. Non la magie peut faire des miracles. Quant aux sorciers, sans magie, ils n’auraient plus ce sentiment d’invincibilité et de supériorité. » Il hésita quelques secondes avant d’admettre « Tu étais une personne fort sympathique sans magie. » De toute façon, ça aurait été mentir que de dire l’inverse. « Il n’y aurait plus de mensonges possibles, tout le monde serait égal. » Pour lui c’était plutôt simple en réalité, soit il y avait un partage de la magie et tout le monde pouvait en profiter qu’il puisse lui-même créer de la magie ou non, soit il fallait faire disparaître la magie pour ne plus avoir de problèmes.


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Soledad Velasquez
Soledad Velasquez
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Jeu 20 Avr - 22:49




Il n'y a plus de rêves pour notre génération
Soledad ☽ ☾ Doryan ♥



Au fond, ce n’était plus une conversation, c’était un discours à sens unique. Mais est-ce que ça avait été le cas à un moment ? Rien de ce que Soledad pouvait dire ne convenait à Doryan. Elle pouvait comprendre qu’il remette sa parole en cause, elle reconnaissait sans mal qu’elle lui avait caché la vérité sur sa nature pendant des mois et que de fait, il avait le droit de douter. Mais son obstination à réfuter absolument tout ce qu’elle disait restait difficile à vivre. Parce que la mexicaine essayait, tout simplement, elle essayait vraiment de lui expliquer, de lui montrer que dans la vision des choses, il n’y avait pas que la sienne qui comptait. Il avait vécu leur relation et son explosion d’une certaine manière, elle n’allait pas dire le contraire, mais il devait reconnaitre qu’elle aussi avait vécu ces mêmes choses et pouvait en tirer un point de vue différent. Doryan n’était pas le seul à en avoir souffert et à en souffrir encore aujourd’hui. Mais non, il n’y avait que son point de vue qui comptait et c’était terriblement frustrant. Pourtant, il ne pouvait pas tout lui mettre sur le dos, Soledad avait peut-être gardé le silence, mais lui il n’avait pas posé la moindre question. Quand ils avaient commencé à se fréquenter, le secret magique n’était déjà plus, les moldus savaient que les sorciers se mêlaient à eux, mais Doryan ne lui avait rien demandé. Certes, ça n’enlevait rien à la responsabilité de Soledad, ce n’était absolument pas ce qu’elle disait, mais il aurait dû être conscient que lui aussi prenait un risque. Une remarque censée, mais qui ne passa pas du tout. « C’est ça ta réponse ? T’es sérieuse ? Ne retourne pas la situation Soledad, tu es dans un monde sans magie, si tu voulais ne pas prendre de risques, il te suffisait de rester dans ton monde de sorcier, avec des sorciers et là, le moindre type sans magie, vous le repérez en deux secondes. L’inverse n’est pas possible et tu le sais. » Soledad pinça les lèvres. Elle ne voyait pas pourquoi les choses devaient à tout prix se passer ainsi, pourquoi est-ce que fréquenter le monde moldu devait comporter des risques. Elle avait toujours vécu dans les deux mondes, elle était autant chez elle dans l'un que dans l'autre, elle avait le droit d'être là, elle aussi y était à sa place et ne voyait pas pourquoi elle s'en privait. Surtout que la manière dont Doryan voyait les choses était fausse. « Détrompe toi, on ne repère rien du tout. » Contra-t-elle d'une voix lasse. Même dans le monde magique, les sorciers ne se baladaient pas avec leur baguette à la main, désormais la mode moldue était presque majoritaire sur celle des sorciers, alors non repérer un moldu ne serait pas si évident que ça. « Je ne représente un risque que pour ceux qui me trahissent ou ceux qui ont envie de me tuer. » L'espace d'un instant, Soledad eut envie de lui demander dans quelle catégorie il la classait. Elle se retint néanmoins, se doutant que la réponse qu'il aurait à lui donner ne serait pas pour lui plaire. Savoir que Doryan la voyait si négativement lui serrait toujours le cœur. Savoir qu'il pouvait représenter un risque, pour elle ou pour d'autres, était pire encore. C'était si éloigné de l'image qu'elle avait eue de lui pendant tous ces mois qu'ils avaient passés ensemble. Le truc, c'était que si maintenant elle le savait, c'était une information qu'il lui avait cachée. Il ne pouvait pas lui reprocher de ne rien lui avoir dit sur elle, alors qu'il en avait fait de même de son côté. « Désolé. » Soledad lui adressa un long regard, un éclat un peu surpris teintant ses prunelles, elle ne s'était pas attendue à ce qu'il s'excuse de ses propres torts. Quel dommage que ça ne fasse pas tout.

Puisqu'il lui reprochait son silence, Soledad s'efforça ensuite de lui offrir des explications sur tout ce qu'elle avait tût. Jamais elle n'avait eu dans l'idée de tout garder pour elle éternellement, mais il fallait admettre qu'elle s'était imaginé faire tout ça autrement. Chaque fois qu'elle avait tenté de rassembler son courage pour lui parler, elle avait eu en tête une discussion ouverte et sincère, pas polluée par la peur, les doutes ou la douleur comme c'était le cas en ce moment. Elle aurait aimé avoir le temps et l'attention de Doryan, elle aurait voulu que cette conversation soit à double sens, que ce soit un réel partage et que Doryan soit capable de faire preuve de compréhension. Mais ce n'était pas le cas. Rien ne se passait comme elle l'aurait aimé. Tout avait été bousculé, pire que ça, tout avait explosé sans leur laisser la moindre chance de réellement parler. Et maintenant qu'elle pouvait s'expliquer, qu'elle pouvait enfin dire les choses, tenter de lui faire comprendre, de lui montrer, il ne la croyait pas. Il était trop tard désormais pour la conversation à cœur ouvert que Soledad aurait aimé avoir, celle qui lui aurait laissé à elle une chance de s'exprimer et à lui celle de comprendre. Elle savait qu'elle était responsable de la situation, que si elle était parvenue à surmonter ses peurs tout aurait pu se passer autrement, que Doryan n'aurait pas eu à en souffrir, qu'elle non plus. Du moins pas comme ça, pas autant. Mais il était trop tard pour les regrets désormais. Tout ce qu'elle pouvait faire c'était continuer à parler, s'accrocher à l'idée que peut-être Doryan pourrait entendre ce qu'elle avait à dire. Garder l'espoir que ce qu'elle avait à lui dire puisse, si pas améliorer les choses, au moins lui prouver que ses intentions n'avaient jamais été mauvaises. Qu'elle avait plus à lui montrer.

Mais c'était une conversation difficile, bien loin de celle que Soledad aurait aimé avoir. Doryan refusait de la croire. Elle avait peur, lui aussi, elle s'en doutait bien. Elle avait mal et n'était clairement pas en état de mener l'argumentaire qu'il lui imposait. Rien n'allait dans cette configuration et s'il aurait certainement été plus facile de se murer dans le silence en attendant que les heures passent, Soledad s'y refusait. Elle voulait qu'il entende ce qu'elle avait à lui dire, que même s'il refusait de la croire, qu’elle ait au moins essayé. C'est ainsi qu'elle se retrouva à mentionner les élections qui avaient propulsé l'Augurey à la tête du monde sorcier, une catastrophe selon la mexicaine, mais à laquelle personne n'avait pu faire grand-chose tant les mangemorts étaient parvenus à étendre leur pouvoir. Face à ça, l'Ordre du Phénix se révélait impuissant, qu'il soit représenté au sein du Conseil d'Administration ou non. Puisque les différences entre les deux groupes ne semblaient pas claires pour Doryan, elle tenta de lui expliquer au mieux. « Vous êtes alliés avec des gens qui ne veulent pas vraiment de vous ? » Une expression amère tordit les lèvres de Soledad. Il mettait le doigt sur le nœud du problème. Que les sorciers fassent front ensemble, ça faisait sens. Mais que l'Ordre et les Mangemorts en fassent de même, c'était tout de suite moins logique étant donné qu'ils avaient toujours été opposés dans leurs idées. La mexicaine ne doutait pas que chaque groupe tente de remplir ses propres objectifs et qu'à un moment ou à un autre les mangemorts se retournent contre leurs soi-disant alliés. Elle connaissait les méthodes des mangemorts alors elle ne se faisait aucunes illusions quant à ce que cette alliance finirait par donner. « Alliés est un bien grand mot. L’existence du Conseil ne plait pas à grand monde. » Souffla-t-elle avec un haussement d'épaules dépité. La composition du Conseil avait toujours laissé Soledad perplexe. Elle n'avait jamais compris comment l'Ordre pouvait s'allier avec des sorciers qui s'opposaient farouchement à toutes leurs valeurs. Mais puisque l’ennemi de ton ennemi est ton ami… Il y avait une certaine logique à ce choix, même si la mexicaine avait le plus grand mal à y adhérer. Tout ça la laissait amère, mais puisqu'elle ne faisait pas partie des décisionnaires, que sa voix n'avait aucun poids, elle ne pouvait que faire avec. Et faire au mieux.  

« Tu fais partie d’une grande famille de sorciers ? » Soledad tourna vers Doryan un regard étonné. Elle n'avait pas pensé qu'il s'intéresserait à elle de la sorte, encore moins après qu'il ait balayé toutes ses tentatives d'explications. Elle l'observa un instant en silence. Une partie d'elle avait envie de garder en sécurité toutes les informations la concernant personnellement, de crainte qu'il ne cherche ensuite à s'en servir contre elle. Mais une autre part avait envie de lui parler, de lui montrer qui elle était, dans l'espoir certainement vain qu'il voit enfin qu'elle n'était pas un monstre. Qu'elle était juste une sorcière qui faisait de son mieux. « Non. » Commença-t-elle. Elle s'arrêta une seconde, le temps de trouver comment présenter les choses pour que ça soit clair pour lui, mais aussi pour ne pas s'emmêler elle-même dans ses pensées. Elle avait toujours terriblement mal à la tête, elle doutait que la souffrance s'estompe de sitôt, et ça rendait tout discours encore plus compliqué à tenir. « On pourrait sûrement dire ça de la famille de mon père, mais au Mexique on ne voit pas les choses comme ici alors ça n’avait pas autant d’importance. » Il y avait bien des sang-purs qui s'enorgueillaient de leurs origines purement sorcières, mais ça n'avait pas autant d'impact qu'au Royaume Uni. Au Mexique, la frontière entre le monde moldu et celui des sorciers était bien plus floue alors ces notions ne changeaient souvent pas grand-chose. « Il y a des gens sans pouvoirs dans ma famille maternelle… Ma grand-mère, des oncles et tantes… Sur d’autres générations aussi. » Expliqua-t-elle. C'était vague, mais elle n'était pas là pour remonter son arbre biologique, elle répondait à la question de Doryan, lui montrant au passage que c'était une raison de plus pour cesser de croire qu'elle méprisait les moldus. Il savait combien elle aimait sa famille, toute sa famille, qu'ils aient des pouvoirs ou non. Ca n'avait jamais eu la moindre importance pour elle, il allait falloir qu'il accepte de le comprendre.

Ce fut avec le cœur de plus en plus serré que Soledad écouta Doryan lui raconter son passif avec les sorciers. Un passé rempli de choc et de souffrance. Le genre de passé qui laissait des souvenirs indélébiles, qui façonnait des traumatismes. Tout ça, Soledad pouvait le comprendre, jamais elle ne remettrait en question les souffrances que Doryan avait pu connaître de la main des siens. Ça la désolait, ça lui donnait envie de pouvoir effacer tout ce qu'avait subi le moldu, mais c'était ainsi. Elle ne pouvait rien changer à ce passé, tout comme il ne pouvait pas effacer les douleurs qu'elle-même avait connu à cause du Blood Circle. Ils pouvaient juste en reconnaître l'existence, l'accepter pour tenter de comprendre et d'avancer. C'était ça l'important aux yeux de Soledad, comprendre que tout le monde souffrait dans cette histoire, que les monstres ne se trouvaient pas que d'un côté, que le bien était également partout. Mais tout ça, il fallait accepter de le voir et faire la part des choses. Ce que bien sûr Doryan ne fit pas. Selon lui elle pouvait le voir comme un monstre, et en même temps comment pouvait-elle faire autrement ? Il l'avait maintenu dans le noir lui aussi, elle ignorait tout de son implication auprès du cercle, de ce dont il était capable. Un fait qu'il n'aimait pas se voir rappeler vu le regard qu'il lui lança. « Viens pas sur ce terrain-là Soledad, si les sorciers, toi y compris, surtout toi en réalité puisque tu fréquentes les gens sans magie, avaient le respect nécessaire pour dire la vérité dès le départ. Vérité que je n’aurais jamais sue si je n’étais pas du Blood Circle, on n’en serait pas là. Tu es responsable par ton silence, par ton mépris de la vérité de mon entrée au Blood Circle. Savoir ça aurait changé quoi ? Tu te serais tirée sans me parler. » Soledad accusa le coup en silence. Ca ne lui convenait pas et pourtant c'était la vérité, d'autant plus qu'il avait admis un peu plus tôt qu'elle aussi aurait dû savoir dans quoi il était impliqué. Encore une fois ce n'était que sur elle que la faute retombait, Soledad admettait ses torts mais elle n'était pas la seule à avoir gardé des secrets et ils le savaient tous les deux. Ca n'arrangeait pas Doryan, mais c'était la plus stricte des vérités. Soudainement, voilà qu’à ses yeux c’était à cause d’elle qu’il avait rejoint le Blood Circle, bientôt, elle serait la cause de tous les maux du monde. Les accusations de Doryan n’avaient aucun sens aussi ne prit-elle pas la peine d’y répondre. Elle n’allait pas perdre davantage d’énergie à argumenter sur un point de vue qu’ils ne partageaient pas. En revanche, il y avait un point sur lequel il n’avait pas tort, si elle avait su depuis le début qu’il faisait partie du Blood Circle, elle n’aurait certainement jamais cherché à le revoir. Ce qui voulait dire une chose, qu’elle souffla d’une voix éteinte « Tu n’aurais pas eu mal. » N’aurait-ce pas été mieux ? Il n’y aurait pas eu de douleur, pas de peur, pas de questionnements et de nuits blanches. « Et moi non plus. » Peut-être bien. Mais ça voulait aussi dire que les huit mois qu’ils avaient passés n’auraient jamais existés. Qu’il n’y aurait pas eu de rires, de complicité, de taquineries et de bons moments. Et Soledad devait avouer que malgré toute la souffrance et la peur, elle ne regrettait pas ces instants. Juste ce qu’ils étaient devenus. Ce passé inatteignable qui ne cessait de la hanter.

Au final, Doryan aurait préféré ne jamais l’avoir fréquenté. Soledad ne pouvait pas dire que ces mots étaient étonnants, mais ils faisaient quand même mal à entendre. Quand elle-même se posait la question, elle ne parvenait pas à se dire qu’il aurait été préférable de renoncer à tout ce qu’ils avaient vécu ensemble. Même si ça faisait mal. Le pire, c’était que malgré tout, elle aurait tout de même été en danger, et que, très franchement, elle n’était pas autant persuadée que lui qu’elle s’en serait sortie si aisément. La preuve avec ce qu'elle avait vécu ce soir et l'état dans lequel ça l'avait laissé. « Bon d’accord, peut être que tu ne t’en serais pas tirée hyper facilement. » Soledad eut une moue pas vraiment satisfaite. Pour une fois Doryan ne la contredisait pas, mais il n’y avait pas de quoi s’en réjouir. Elle était en danger constant juste parce qu’elle était née avec des pouvoirs, parce que le Gouvernement anglais bourrait le crâne de sa population d’idées horribles à propos des sorciers. Il n’y avait vraiment pas de quoi être satisfait. « Comme nous tous. » Soledad retint un soupir. Oui, comme eux tous, elle le savait bien, elle ne le niait pas. A aucun moment dans cette conversation elle avait avancé que seuls les sorciers étaient à plaindre, qu’ils étaient tous innocents, tous victimes. Elle savait bien que certains sorciers s’en prenaient aux moldus, que le danger était pour tout le monde, que la paix était terminée des deux côtés. Soledad savait que la situation était risquée pour tout le monde, elle prenait les deux sociétés en compte, elle ne regardait pas que ce qui l’arrangeait. « Je sais. » Souligna-t-elle. Bien sûr qu’elle savait, elle avait toujours su. Elle vivait des deux côtés, elle n’était pas aveugle, elle voyait la souffrance partout où elle était. Et elle aurait aimé que Doryan finisse par l’accepter.

Selon lui, si elle avait choisi de fréquenter le monde moldu, de le fréquenter lui en sachant qu’il n’avait pas de magie, c’était parce qu’elle devait avoir quelque chose à y gagner. Une logique que Soledad ne comprenait absolument pas. Elle voulait bien admettre qu’il lui était difficile de réfléchir dans son état, mais là elle ne le suivait pas du tout. Qu’aurait-elle eu à y gagner exactement ? Elle fréquentait les moldus comme elle fréquentait les sorciers, juste parce qu’elle appréciait les personnes avec qui elle se trouvait, c’était aussi simple que ça. Pourquoi aurait-il fallu qu’il y ait un gain derrière tout ça ? Elle n’était vraiment pas assez calculatrice pour songer à ce genre de chose, ça ne lui ressemblait pas. Et d’ailleurs, fréquenter les moldus n’aurait pas dû être un risque, elle espérait que Doryan s’en rendait compte. Soledad avait aussi grandi dans ce monde, elle ne les considérait pas comme si différents des sorciers alors elle n’avait aucune raison de les voir comme un danger potentiel. « Probablement pas, en effet. » Au moins il était d’accord. « Ce n’est un risque que parce qu’il y a duperie. » Ah non, pas totalement, bien évidemment. Soledad préféra ne pas rebondir là-dessus, elle devait choisir ses batailles n’étant clairement pas assez en forme pour toutes les mener. Et toutes les perdre vu comment se déroulait cette conversation. Au moins, elle pouvait expliquer à Doryan ce qu’il en était réellement, lui montrer que c’était toujours ainsi qu’elle avait vécu sa vie, entre les deux mondes, sans se sentir supérieure ou méprisante. Est-ce qu’il l’écoutait réellement, elle l’ignorait, mais elle pouvait s’exprimer et c’était déjà ça. Alors elle continua sur sa lancée, même si elle savait que parler d’eux deux déplairait probablement au pompier. Ca restait un passage qui lui semblait obligatoire parce qu’il était important pour elle qu’il comprenne que si elle avait choisi de le fréquenter, ce n’était pas parce qu’elle avait quelque chose à y gagner, ou qu’elle avait cherché le frisson du risque ou quoi que ce soit de ce genre, mais parce qu’elle avait été bien avec lui. Tout simplement. Que tout avait été vrai, et important pour elle. Avec lui Soledad s’était cru en sécurité, elle avait cru qu’il ne détestait pas la magie, que tout irait bien, elle avait eu tort et ça lui faisait mal de l’admettre. Leurs regards s’accrochèrent et le temps sembla s’étirer. « Mais tu étais en sécurité avec moi. » Il venait de parler au passé, s’en rendait-il compte ? « Je veux protéger les gens. » Et pour se faire c’était sur elle qu’il avait pointé son arme.

« Moi dans les histoires pour enfant, être sorcier c’était un truc génial, ils se transformaient en écureuil ou en poisson. A l’aide de leur baguette, ils pouvaient réduire des choses, voire même eux. » La mexicaine leva vers lui un regard troublé. Comprenant qu'il avait autre chose à ajouter, elle préféra ne rien dire et le laisser continuer. « La réalité est bien moins sympathique ou alors, vous gardez pour vous, entre vous, les trucs positifs et nous on a le droit de voir que le négatif. » Elle prit une profonde inspiration, un peu sifflante et hachée à cause de ses côtes cassées. Voilà comment les moldus qui avaient découvert l'existence des sorciers depuis la fête foraine les voyait, parce que c'était tout ce qui leur était offert. « Ce n'est pas ça... » Les mots lui manquèrent pour lui montrer que tout ça n'était pas vraiment volontaire. Il y avait d'abord eu le secret magique qui avait empêché les sorciers de se révéler, et maintenant la guerre. Alors bien sûr, dans un tel contexte tout ce qu'il voyait, c'était le pire de la magie. Soledad le déplorait, elle aurait aimé pouvoir lui prouver qu'il n'y était pas, mais en même temps, les moldus avaient déclaré la guerre aux sorciers. Dévoiler sa nature pouvait mener à une arrestation, un passage à tabac ou même un meurtre. Dans ce contexte, difficile de leur faire des démonstrations d'une magie plus positive, personne ne voulait s'y essayer et ça pouvait se comprendre. De fait, il ne voyait qu'une face de la magie. « Pour autant, jamais je n’ai eu l’intention de te faire du mal. » Le regard de la mexicaine se teinta de peine et d'amertume. C'était bien trop tard pour ça. Il lui avait fait du mal et aujourd'hui encore elle peinait à surmonter cette douleur. Comme lui, elle aurait pu l'attaquer à ce sujet, se monter acerbe comme il l'avait été avec elle, mais elle n'en fit rien. Entre les doutes, la méfiance, la peur et l'espoir, elle ne savait plus quoi penser. « Je suis désolé d’avoir failli tuer ton oiseau, c’était un réflexe, j’avais peur. » D'un hochement infime de la tête -tout ce qu'elle pouvait se permettre sans déclencher un nouveau pic de douleur sous son crâne- Soledad lui montra qu'elle acceptait ses excuses. « Il va bien… Il s’appelle Samba. » Précisa-t-elle sans trop savoir pourquoi elle le faisait. Le geste de Doryan l'avait choquée, terrifiée même, mais elle avait toujours su que s'il avait tiré, ça avait plus été par crainte que par volonté de faire du mal. Ce soir-là, il avait eu de nombreuses occasions de lui faire du mal avant l'arrivée de Samba et elle le savait. « J’ai peur de toi. Mais ça n’est pas pour autant que je veux qu’il t’arrive quelque chose et encore moins à cause de moi. » Ses premiers mots la peinèrent bien plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Elle en était pourtant consciente, mais c'était différent de les entendre de sa bouche. De voir ce qu'ils étaient devenus. Comment avaient-ils pu passer de ces moments heureux ensemble à cette peur qui prenait toute la place ? Soledad porta sur Doryan un long regard empli de chagrin. « Je veux pas que tu aies peur de moi. » C'était impossible, un peu stupide aussi certainement. Mais savoir l'inverse lui déchirait trop le cœur.

Avec des gestes précautionneux, Soledad posa le bout de ses doigts sur ses tempes pour les masser. Elle doutait que ça la soulage réellement, mais elle n'en pouvait plus de souffrir sans rien faire. Elle aurait voulu se lever pour marcher mais le monde tanguait et sa vision s’obscurcissait par moment alors elle doutait de pouvoir faire plus de trois pas sans tomber. D'autant plus que cette conversation était loin d'être terminée. « Je ne sais pas si c’est les sorciers que je déteste ou si c’est la magie. La magie je suis sûr que ça peut être génial, que les gens pourraient faire des merveilles avec, éradiquer les maladies, pouvoir faciliter la vie de tout le monde, plus d’accidents de la route, plus de pompiers qui décèdent en se faisant écraser sous des décombres, plus de constructions qui s’effondrent. Non la magie peut faire des miracles. Quant aux sorciers, sans magie, ils n’auraient plus ce sentiment d’invincibilité et de supériorité. » La mexicaine sentit son cœur s'arrêter l'espace d'un instant. Comment ça sans magie ? Soledad releva lentement un regard effaré sur Doryan ? Il voulait dire quoi par-là exactement ? Dans sa tête tout s'embrouillait et elle avait peur de comprendre. La morsure glaciale de la peur qui l'envahissait de nouveau était néanmoins un avertissement parfaitement clair. Elle ouvrit la bouche pour interroger le sorcier mais les mots lui échappèrent, ils n'étaient pas assez forts pour traduire l'appréhension qui l'étreignait toute entière. Alors qu'elle se débattait intérieurement, il reprit. « Tu étais une personne fort sympathique sans magie. » Et elle l’était toujours. Pourquoi est-ce que, soudainement, il fallait à tout prix que ça ait changé ? Mais si les mots lui brûlaient les lèvres, Soledad les retint. Parce qu’elle les avait déjà répétés tant et tant de fois que bientôt ils n’allaient plus avoir le moindre sens. Parce qu’elle était fatiguée de se battre sans aucune chance de victoire. Parce que maintenant que sa magie entrait dans l'équation, elle était une menteuse manipulatrice. Un monstre. Et qu’avoir conscience que pour Doryan il y avait une Soledad d’avant et une Soledad d’après, ça lui faisait terriblement mal.

« Il n’y aurait plus de mensonges possibles, tout le monde serait égal. » A ces mots, Soledad se sentit pâlir, si toutefois c'était encore possible. C’était bien ce qu’elle avait cru comprendre, ce qu’elle avait eu peur de comprendre. Il voulait ôter la magie aux sorciers. Cette réalisation lui coupa le souffle, la frappant avec presque autant de force qu’au moment où il avait levé son arme sur elle. Certes, c’était l’objectif du Blood Circle, en plus de la mort de tous les sorciers, mais entendre que Doryan était d’accord avec cette idée était encore différent. Instantanément, elle eut l’impression de sombrer. « Mais ça marche pas comme ça Doryan. » Souffla-t-elle d’une voix blanche, presque inaudible. « La magie touche certaines personnes et pas d’autres. C’est pas à vous de décider, et à nous non plus d’ailleurs. » La magie était un phénomène naturel, personne ne pouvait la contraindre, la forcer, l’éliminer. C’était une idée contre-nature. Elle apparaissait chez certains, mais pas chez d’autres. Il y avait des enfants de sorciers qu’elle boudait et des moldus qu’elle choisissait. Ce n’était pas un phénomène à apprivoiser, encore moins à emprisonner. Doryan trouvait que les sorciers se sentaient tout puissants mais là il voulait faire pire encore. Il voulait s’abroger le pouvoir sur toute une partie de la population, décider de leur sort à leur place. Cette perspective rendait Soledad malade. Elle pouvait comprendre d’où le sentiment du moldu venait, mais il allait trop loin. « Je sais que tu as vu le pire de la magie... Et des sorciers. » Elle n’oubliait pas ce qu’il lui avait raconté, ni les traumatismes que cela avait dû lui causer. « Mais on n’est pas tous comme les monstres que le Gouvernement vous montre. » Soledad ne niait pas qu'il y en avait, c'était pour ça qu'elle s'était engagée dans l'Ordre. Mais ils ne représentaient pas tous les sorciers, ce n'était pas la majorité, il ne pouvait pas croire ça. Vouloir arracher une partie d’eux à des gens qui souhaitaient vivre en paix était une aberration. « La magie peut être comme tu l'imaginais... » Il n’en avait vu que le pire et elle s’en désolait parce que ce n’était pas ce qu’il méritait. Parce que s’il avait eu l’opportunité de voir l’inverse, peut-être qu’il ne nourrirait pas de telles idées aujourd’hui. « Je... J'aurais aimé pouvoir te le montrer... » Souffla-t-elle finalement. C’était trop tard maintenant, Soledad le savait.

Ses prunelles plongées dans celles de Doryan, Soledad ne pouvait ignorer l’angoisse qui avait brutalement enflé en elle à ses paroles. Il voulait enlever leur magie aux sorciers et elle était l’une d’entre eux. Elle ne ferait pas exception, il n’y avait aucune raison à ça. Or cette idée la terrifiait plus encore que celle de mourir. On lui avait déjà ôté ses pouvoirs une fois et ça avait été la pire période de sa vie, se trouver coupée de sa magie et de son don l’avait plongé dans le plus profond des désespoirs. Savoir que Doryan pouvait lui faire ça, après tout ce qu’ils avaient vécus ensemble, l’emplissait d’une terreur encore différente. Ce ne serait pas bien difficile pour lui, il faisait partie du Blood Circle, il devait avoir du sérum à disposition, peut-être même sur lui et là, elle était affaiblie. Réalisant que ses mains tremblaient, Soledad se força à les poser sur ses genoux. Elle prit une inspiration plus difficile que prévu avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres autant qu’elle lui faisait peur. « Est-ce que tu comptes me priver de ma magie Doryan ? » Demanda-t-elle d’une voix lente, presque douce. Il lui avait dit qu’il ne voulait pas lui faire du mal, mais réalisait-il combien ce serait le cas s’il lui faisait ça ?

CODAGE PAR AMATIS




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Doryan Rosebury
Doryan Rosebury
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Mar 25 Avr - 21:35
Il n'y a plus de rêves pour notre génération
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Elle le prenait pour le dernier des imbéciles et cette idée le rendait dingue. Maintenant, elle allait lui faire croire qu’elle était incapable de repérer un type sans magie… oh bah c’est simple, les endroits purement sorciers lui étaient interdits. Et pour quelle raison ? Doryan aimerait bien le savoir. Ça ne servait à rien de répondre à ça, il avait conscience qu’elle se payait sa tronche et qu’elle devait avoir un millier de façon de savoir si elle était face à un sorcier ou face à un gars dénué de magie, surtout en ces temps troublés où il était dangereux de fréquenter l’autre espèce. Etant donné qu’il était accusé d’être un risque, il fit une piqure de rappel, jamais, il n’avait été un risque pour elle avant qu’elle ne le trahisse et qu’il avait été convaincu qu’elle voulait le tuer. Et même encore avec ça, comme risque il y avait pire, il ne l’avait pas balancé, il s’était contenté de faire comme si elle n’avait jamais existé – avec beaucoup de mal – et lorsqu’elle avait eu besoin d’aide, il était intervenu… gros risque en perspective avec Doryan. Au milieu de tout cela, il comprenait aussi qu’il aurait dû lui parler, même si ça l’aurait sans doute tué, il n’avait pas entièrement joué franc jeu avec elle et s’en excusa.

C’était la première fois qu’il discutait avec un sorcier et il était un peu largué, il ne comprenait pas bien pourquoi l’Ordre du Phénix et les Mangemorts combattaient s’ils avaient des buts différents. Comment pouvaient ils croire qu’ils n’allaient pas s’écharper ensuite. D’après Soledad, ils n’étaient pas alliés et le conseil ne plaisait pas à tout le monde. Il avait tout un tas de questions sur l’existence du conseil, sur comment elle pensait que ça allait tourner, est ce qu’elle prendrait les armes contre des sorciers, de la même façon qu’elle le faisait contre les gens comme Doryan mais il n’osait pas les poser, elle ne lui racontait pas sa vie par volonté, elle le faisait parce qu’elle était coincée ici en attendant que le couvre-feu passe. Parfois, la tentation était trop grande, alors qu’il lui demandait si elle faisait partie d’une grande famille de sorciers, elle le regarda comme si elle était la première surprise qu’il s’intéresse à sa vie. Il soutint son regard en silence, elle avait compté, il voulait savoir qui était réellement Soledad Velasquez, elle finit par lui dire que non avant de s’expliquer un peu plus. Selon les pays, être un sorcier pur souche avait plus ou moins d’importance. Il était dans le mauvais pays, peut-être qu’au Mexique, les choses auraient été différentes pour eux, mais ça voulait aussi dire ne jamais avoir Charly comme sœur et ça, c’était impensable, une vie sans Charly aurait été bien moins intéressante à vivre. Pendant que Doryan se posait des questions, Soledad continuait, s’exprimait sur la famille de sa mère, il y avait des gens sans pouvoirs. « Ils savent que vous avez des pouvoirs ? » Bien sûr qu’ils savaient et eux, qu’elle ne lui fasse pas croire qu’ils ne comptaient pas, qu’ils étaient moins importants et qu’elle n’avait pas peur de les perdre, il savait qu’elle aimait sa famille.

La conversation oscillait entre des tentatives d’en apprendre plus à l’autre ou sur l’autre et des moments moins sympathiques.  Chacun ayant bien conscience qu’ils avaient à faire à l’ennemi par excellence, contrairement à ce qu’ils avaient cru en premier lieu. Il l’avait maintenu dans le noir, oui alors il y avait peut être une différence entre ne pas dire qu’il faisait partie du Blood Circle et cacher qu’elle était une sorcière, à plein temps. Et il lui aurait dit, merveilleux, elle serait partie sans lui expliquer pourquoi elle le fuyait, un peu comme le soir où il avait tout découvert, elle n’avait pas cherché à discuter. Il poussa un soupir en l’entendant dire qu’il aurait pas eu mal, tout dépendait du moment auquel il lui aurait dit et pour être sincère, c’est pas le premier truc qu’il disait aux gens. « Parce que tu crois qu’à ton anniversaire c’est le genre de truc que j’aurais pu dire ? Bonjour Soledad, bon anniversaire, ah au fait je fais parti du Blood Circle. » Non, mais un peu de logique  tout de même, peu importe la configuration, il aurait mis plusieurs semaines à lui dire, il aurait forcément souffert du fait qu’elle s’éloigne sans lui dire pourquoi. Lui, il n’aurait pas voulu que ça se passe ainsi, dire les choses à Soledad par franchise et qu’elle se tire, si elle trouvait le plan bien, lui le trouvait nul. Il aurait préféré qu’elle ne lui donne jamais son numéro, qu’elle ne fasse jamais ce premier pas vers lui, là il n’aurait pas eu mal, là il n’aurait pas eu à vivre cette soirée de merde dans sa boutique et l’hypothèse selon laquelle il aurait été assez bête pour dire la vérité et la voir se tirer n’aurait pas eu lieu. Bon, il est vrai qu’elle ne s’en sortait pas spécialement sans lui, elle avait raison, qu’elle était en danger parce qu’elle était une sorcière… en même temps une sorcière qui traîne chez les gens sans magie, quelle idée en carton. Non, il ne dirait pas ça, il préférait se concentrer sur le fait qu’ils étaient tous en danger, ce qu’elle savait, bah forcément puisqu’elle était responsable.

Son regard se remplit d'inquiétude en entendant la respiration sifflante de Soledad, il se sentait terriblement impuissant face à sa douleur. Il avait beau savoir que c'était important qu'elle soit éveillée, ça n'était pas simple de la voir comme ça, même si du coup ça l'éloignait encore plus de la Soledad qu'il avait connu, ça n'était pas elle. Elle finit par reprendre la parole. Ce n'était pas ça, alors c'était quoi ?  Il était où le sorcier qui faisait une démonstration autrement que dans la douleur ? Il n'avait aucun problème avec la magie à la base, aucun besoin irrépressible de faire du mal aux gens. Et même face à elle qui l'avait manipulé comme jamais personne ne l'avait fait avant, il ne lui avait jamais voulu le moindre mal, il avait voulu se protéger d'elle ça oui mais lui faire mal, ça non jamais. Il en profita pour s'excuser pour avoir failli tuer son oiseau, se rendant bien compte que lui avait tout fait pour protéger Belle depuis qu'il savait que Soledad était une sorcière, il s'en voulait d'avoir manqué de faire du mal à Samba, du coup. Un soulagement d'apprendre qu'il allait bien, pauvre oiseau et pauvre Soledad, autant sur bien des choses il ne la plaignait pas, la jugeant responsable, autant elle avait dû être terrifié à l'idée de perdre son oiseau. Le regard qu'elle posa sur lui après qu'il lui ait dit qu'il ne lui voulait pas qu'il lui arrive la moindre chose... ça allait même plus loin, il serait là pour l'aider, il ferait tout ce qu'il pourrait pour l'aider... comme ce soir, était rempli de tristesse. Il ne comprit pourquoi que lorsqu'elle reprit la parole et il répondit doucement « J'aimerais ne pas avoir peur de toi. » Il donnerait beaucoup pour qu'elle ne soit pas une sorcière, pour que jamais ils n'aient connu tout cela et pour pouvoir se réveiller à ses côtés encore et encore. Sauf que même là, alors qu'elle n'était pas en forme, il était effrayé à l'idée de lui tourner le dos, que sa baguette ne soit pas dans son sac mais dans sa poche et qu'elle la sorte pour lui jeter un sortilège. La peur ne se contrôle pas.

Pour répondre à ses propos, il ne savait pas s’il détestait la magie ou les sorciers. La seule chose qu’il savait c’est que ces combats devaient s’arrêter, qu’ils devaient tous pouvoir sortir de chez eux sans craindre de se faire tuer.  Sans magie pour tout fausser, Soledad s’était révélée être une personne fort sympathique avec laquelle il avait eu plaisir à converser. Si la magie n’avait jamais existé, ils seraient toujours ensemble, comment dans ces cas là ne pas détester la magie. Il n’y aurait plus de mensonges pour seule raison l’envie de ne pas tour partager, il serait son égal. Alors bien sûr, leur relation était morte, la confiance avait été brisée et on va nulle part sans confiance mais pour tout les autres, ce serait utile. Ça ne passa pas vraiment du côté de la sorcière, ça ne marchait pas comme ça, alors il était catégorique, ça fonctionnait très bien pour enlever la magie aux sorciers. Ça n’était pas à eux de décider, c’est facile de dire ça quand on est celui qui possède tout, ils ne se souciaient pas de ceux qui n'en avaient pas, seul le petit confort personnel comptait et pour ce qu’il en savait, les sorciers sans pouvoirs étaient très mal vus, voire carrément rejetés… et là c’était plus juste ?
D’après elle, il avait vu le pire de la magie, il aurait enlevé le mot pire, il avait vu ce dont la magie était capable, même chose pour les sorciers, il avait vu les sorciers dans toute leur splendeur, égoïste comme pas permis et même là, alors que c’était la solution idéale, le fait de perdre ce pouvoir lui faisait peur. Elle ne se rendait pas compte de la personne qu’elle était sans magie, certes ça pouvait lui faire un peu peur mais elle s’en sortirait vraiment très bien, elle s’en sortait très bien pour ce qu’il avait pu constater. « Ce n'est pas le gouvernement qui m’a montré ce que j’ai vu. Je me suis fait mon opinion tout seul, en côtoyant plus ou moins longtemps des sorciers. » qu’elle ne pense pas qu’il était un gentil petit mouton qui suivait son troupeau, il réfléchissait avant de prendre des décisions. Il n’était pas sûr que le gouvernement partageait son avis sur la question d’ailleurs, il préférait sans doute tuer tous les sorciers, là où Doryan trouvait cela ignoble. La magie pouvait être comme il l’imaginait, il eut un sourire sans joie, il le savait, il n’était pas fou, il se doutait qu’ils avaient plein de sortilèges sympathiques, qu’ils pouvaient faire tout un tas de trucs qu’il aurait regardé avec les yeux brillants d’admiration, tout en redemandant de refaire une fois, deux fois, dix fois. Sauf que voilà, il n’était pas né dans une famille de sorcier, il n’avait donc pas eu le droit de voir de la magie, autre que celle des gens comme lui, magie qui était très bien d’ailleurs. Lui, la seule magie sans tour de passe passe qu’il avait vu, ça n’avait jamais été pour lui faire briller les yeux ou plutôt si, mais de douleur et de crainte. « Je n’en ai jamais douté. » Autant qu’elle le sache ,  ça n'enlevait cependant rien au fait qu’ils cachaient la magie à leurs contemporains à la base puis ensuite qu’ils s’en servaient pour les anéantir, autant la faire disparaître. Elle aurait aimé pouvoir lui montrer, il hocha la tête « Mais tu n'avais pas confiance. »   Oh elle pouvait le reprendre et dire qu’elle avait peur, il s’en moquait, si elle avait eu confiance en lui, elle se serait dit qu’elle arriverait à discuter avec lui, ça n’était pas ainsi qu’elle avait vu les choses, la peur avait pris le pas sur la confiance et ce schéma s’était ensuite répercuté en Doryan qui avait la trouille et plus du tout confiance en elle.

Pourquoi le regardait elle de la sorte ? Il n’y avait rien de mal à vouloir l’égalité entre tout le monde selon lui. Sans magie, il n’y avait plus de guerre, plus de violences. Et pourtant, elle le prenait mal, il le voyait bien dans ses réactions, dans cet éclat particulier qu’elle avait dans le regard. Il en était déstabilisé. A sa question, il hésita quelques instants, comprenant bien que c’était une question piège, le genre de question à laquelle il ne fallait pas répondre oui. Il faut dire qu’il y a une différence entre le terme retirer la magie et priver la magie. Le voilà le véritable problème, il cherchait des solutions pour la paix et elle rejetait totalement cette paix. Pour elle, il valait mieux faire la guerre, qu’il y ait des centaines de victimes plutôt que d’être comme lui. Il la regardait abattu par le fossé entre eux, elle avait vécu sans magie à ses côtés pendant des mois et pas cinq minutes par ci par là, ils avaient passé des journées complètes ensemble, des week-ends parfois, jamais il n’avait eu la sensation qu’elle était privée de quelque chose, qu’il la privait de quelque chose. Ça faisait mal de se dire que si, que ces moments où ils étaient ensemble, des moments que lui attendait avec impatience, pour elle c’était une privation. Il finit par répondre « Je ne pensais pas que tu verrais les choses ainsi. » Enfin avant aujourd’hui, si, il le savait mais avant aujourd’hui, il était persuadé que le but de Soledad avait été de le tuer lui et toute sa famille. Depuis le début de la soirée, il en était un peu moins persuadé, ayant la volonté de la croire même s’il se disait que se méfier était recommandé pour vivre longtemps. « Sans magie, tu ne serais plus en danger. » Comment avait-il pu être aussi aveugle pour ne pas se rendre compte qu’ils ne vivaient pas la même chose. Et comment pouvait il être aussi naïf pour croire que les sorciers accepteraient d’être leurs égaux ? Malgré tous les beaux discours de Soledad, elle restait une sorcière, si elle cherchait à sauver sa peau en se montrant agréable, sa priorité restait les sorciers, d’où son adhésion à l’Ordre du Phénix, d’où l’alliance entre l’Ordre du Phénix et les Mangemorts alors qu’ils n’avaient pas les mêmes valeurs. « Tu as dit que tu étais bien. » Il ne précisa pas forcément avec lui, préférant volontairement se sortir de cette équation, elle était bien au milieu des gens sans magie, point. « Tu étais pourtant sans magie, tu te sentais privée à chaque fois ? » Il se sentait pris au piège entre sa certitude que c’était la meilleure des solutions pour qu’il n’y ait plus de batailles, pour que tout le monde puisse vivre ensemble et cette affection dont il ne parvenait pas à se défaire qui le faisait douter du bienfondé de cette volonté. La conclusion était surtout celle-là, peu importe ce qu’il faisait, ce qu’il choisissait, il était un traître et cette idée était dérangeante au possible. Avec cette idée fort désagréable en tête, il pouvait bien demander « Qu’aurais tu fait à ma place ? Que ferais-tu là maintenant ? » Au moins, il la faisait réfléchir, il avait beau savoir que c’était douloureux pour elle, ça lui permettait d’être sûr qu’elle ne s’endormirait pas et pour la garder en vie, il n’y avait rien de mieux.
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Soledad Velasquez
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Lumos
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Ven 28 Avr - 18:55




Il n'y a plus de rêves pour notre génération
Soledad ☽ ☾ Doryan ♥



Tout en parlant à Doryan, Soledad ne pouvait s'empêcher de se demander si elle n'était pas en train de commettre une énorme erreur. Il était l'ennemi, elle ne l'oubliait pas, en fait elle en était douloureusement consciente, cette réalité s'était fichée dans son cœur pour ne plus jamais en sortir. Il faisait partie du Blood Circle, il voulait détruire les sorciers, et même si là, il lui était venu en aide, elle ne pouvait pas perdre de vue qu'ils n'étaient pas dans le même camp et qu'elle ignorait jusqu'où son allégeance au Cercle allait. Ni ce qu'il serait capable de faire pour les siens à lui, et contre les siens à elle. Il l'avait aidé, mais peut-être que ça ne voulait pas dire grand-chose, alors la prudence était de mise. Pourtant Soledad lui parlait, et ce faisant elle ne pouvait s'empêcher de se demander si elle n'était pas en train de trahir les sorciers. Si elle n'était pas en train de lui communiquer des informations utiles qu'il pourrait ensuite transmettre au Blood Circle pour les aider dans leur lutte contre le monde magique. Est-ce qu'il n'était pas en train de l'interroger pour l'amener sur le terrain qui l'intéressait, pour pouvoir glaner des informations précises, trouver les failles du monde magique ? Elle doutait de tout et c'était terrible, parce que c'était Doryan en face d'elle et que quelques mois plus tôt, jamais elle n'aurait imaginé devoir se méfier de lui. Alors malgré les doutes qui la rongeaient, elle parlait. Parce que de toute façon elle n'avait aucune information particulièrement sensible à avouer sur le monde magique, que tout ce qu'elle pouvait lui dire, il pourrait certainement l'apprendre autrement via le Cercle. Et puis parce qu'au fond d'elle, cette envie, ce besoin qu'il la comprenne la poussait à prendre la parole et à répondre à ses questions. Ce n'était peut-être pas prudent, il y aurait peut-être des conséquences mais Soledad les assumerait.  

C'était en toute connaissance de cause que Soledad choisissait de parler. Elle prenait peut-être un risque, mais ça lui semblait nécessaire. Parce que même si Doryan refusait de la croire, c'était important pour elle de lui dire les choses, d'au moins tenter de se faire comprendre. De lui montrer que le monde dans lequel ils évoluaient n'était pas tout blanc ou tout noir comme il s'entêtait à le croire. De toute façon, elle n'était pas en train de lui révéler les grands secrets du monde magique, elle n'en avait aucun en sa possession. La situation politique des sorciers n'était un secret pour personne, les doutes sur le Conseil, la montée au pouvoir des Mangemorts, le mécontentement que cela provoquait, toutes ces informations étaient faciles à obtenir, même pour les moldus. Parler n'était donc peut-être pas si risqué que ça, du moins Soledad l'espérait vivement. Elle mentionna aussi sa famille, même si elle était surprise que Doryan l'interroge à ce propos. Elle pensait qu'il ne voulait plus rien avoir à faire avec elle ou tout ce qui pouvait la concerner mais apparemment elle avait tort. Elle lui parla donc de sa famille, lui expliqua que le côté de son père pouvait être considéré comme une grande famille sorcière mais qu'au Mexique ce n'était pas vraiment reconnu ainsi, tandis que du côté de sa mère il y avait des moldus parsemés un peu partout dans l'arbre généalogique. « Ils savent que vous avez des pouvoirs ? » La question n'était pas innocente et Soledad n'eut pas de mal à le comprendre. Elle retint un soupir, elle évoluait en terrain miné et le savait parfaitement. Entre ce qu'elle disait, ce qu'elle voulait dire, et ce que Doryan voulait bien comprendre, il y avait chaque fois tout un monde. Un monde où elle avait toujours tort, où il ne voulait pas comprendre qu'elle avait eu ses raisons d'agir ainsi, qu'elle n'avait pas gardé le silence de gaieté de cœur ou par volonté de lui nuire. Elle avait beau tenter de s'expliquer, il trouvait toujours le moyen de retourner ses propos. Il se drapait dans sa colère et son ressentiment, surement à raison, mais c'était elle qui finissait blessée à chaque fois et c'était épuisant. « Non pas tous, je ne crois pas. » Répondit-elle après un instant de réflexion. Sa grand-mère maternelle savait, bien évidemment, étant donné qu'elle avait épousé un sorcier et eut une fille sorcière. Mais pour la famille plus éloignée, ceux qui n'avaient pas de pouvoirs et avaient épousé des moldus, ce n'était pas le cas. Du moins pas qu'elle le sache, ce n'était pas elle qui décidait de ça. Tout ceci était valable avant la fin du secret magique, désormais les choses étaient peut-être différentes.

Il avait l'air résigné à ce qu'elle le prenne pour un monstre mais Soledad savait que ce n'était qu'une façade. Elle avait côtoyé Doryan pendant assez longtemps pour savoir que son détachement n'était pas si complet que ça, sinon il n'aurait jamais pris la peine de tenter de s'en défendre, et encore moins de préciser qu'il s'en fichait. Soledad avait bien envie de croire que c'était faux, qu'elle n'avait vraiment rien à craindre avec lui, que son implication au sein du Blood Circle n'était pas si importante que ça, mais le fait était qu'elle ne pouvait pas penser ainsi. Parce qu'elle n'en savait rien. Parce que la seule image qu'elle avait eue de lui à partir du moment où elle avait appris qu'il faisait partie du Cercle était le canon de son arme pointé sur elle. Il y avait de meilleure manière de s'imaginer le meilleur chez l'autre. La réalité c'était ça, elle ignorait ce dont il était capable parce que lui aussi avait gardé un secret. Il pouvait lui faire tous les reproches qu'il voulait, c'était la plus stricte vérité. Et oui, si elle l'avait su plus tôt, bien plus tôt, Soledad n'aurait certainement jamais cherché à le revoir. Chaque fois qu'elle avait eu à faire aux membres du Blood Circle ça avait été dans la pire des configurations et elle avait fini blessée et même à l'hôpital. Dans ces conditions elle n'aurait pas pris le moindre risque. S'il lui avait dit dès le début, tout se serait arrêté là, avant qu'ils ne puissent s'attacher l'un à l'autre et il n'y aurait pas eu de douleur. Pas de séparation dans la crainte et la souffrance. Mais pas de temps ensemble non plus, il n'y aurait pas eu ces mois heureux passés aux côtés l'un de l’autre. Pas de douleur mais pas de souvenirs non plus. Un choix bien difficile. « Parce que tu crois qu’à ton anniversaire c’est le genre de truc que j’aurais pu dire ? Bonjour Soledad, bon anniversaire, ah au fait je fais partie du Blood Circle. » Soledad eut une expression désabusée. Ainsi il ne le lui aurait pas dit tout de suite, lui aussi il aurait choisi d'attendre, quitte à se faire rattraper par les évènements comme ça avait été son cas à elle. Il lui reprochait de ne pas lui avoir parlé de sa nature de sorcière, mais lui il avait le droit de garder pour lui son appartenance au Blood Circle ? Quel hypocrite. C'est sûr, c'était plus facile de révéler à un moldu qu'elle était une sorcière. Son argument était le même qu'elle, savoir choisir le bon moment, ne jamais le trouver, se laisser rattraper par le temps, pourtant il avait le droit de l'utiliser mais pas elle. C'était injuste. Il avait admis quelques minutes plus tôt qu'il aurait également dû lui dire pour lui laisser le choix mais là il trouvait le moyen de se dédouaner, ça ne passait pas. Une moue amère s'imprima sur les lèvres de la mexicaine alors qu'elle soufflait « Donc tu comprends qu'il y a des choses plus difficiles à dire que d'autres. » Oh, il allait certainement trouver le moyen de tourner ça à son avantage. Avancer que c'était différent, que ceci, que cela, mais la finalité était là, lui aussi avait gardé un secret qui changeait tout. Ca il ne pouvait le nier.

Tout comme elle ne pouvait nier que jusqu'à présent, tout ce que Doryan avait vu de la magie avait été négatif. Il avait souffert à cause de la magie et des sorciers, aussi bien physiquement que mentalement, Soledad ne remettrait jamais ça en cause. Ainsi que le rôle qu'elle avait elle-même joué, contre son gré, contre tout ce qu'elle aurait voulu faire, mais tout de même. Et ça lui faisait mal de le savoir. De se rendre compte qu'il avait eu si peur d'elle qu'il avait été capable de tirer sans hésiter quand Samba avait débarqué à tire-d'aile dans l'annexe du Witches Bazaar. Même si elle acceptait ses excuses, même si elle comprenait que ça n'avait pas été réellement volontaire et que ça avait été détaché d'une envie de lui faire du mal, elle ne pouvait pas l'oublier. Samba allait bien, c'était le principal, mais le bruit que la détonation avait fait la réveillait encore en pleine nuit, la laissant désorientée et apeurée. Pourtant c'était difficile de l'entendre lui dire qu'il avait peur d'elle. Ce n'était pas une surprise, mais ça ne rendait pas les mots plus faciles à recevoir. C'était tout l'inverse de ce que Soledad aurait voulu et voulait encore aujourd'hui. Ils avaient beau être dans une impasse, se contempler avec méfiance et distance, elle avait beau avoir aussi peur de lui de son côté, ce n'était pas ce qu'elle voulait. Le long regard qu'ils échangèrent voulait tout dire. « J'aimerais ne pas avoir peur de toi. » La mexicaine expira doucement. Ces simples mots lui laissaient un goût amer en bouche. Ils étaient une sentence qui tombait non pas avec brutalité, mais avec la tristesse de ceux qui voyaient bien ce qu'ils avaient perdu. Le cœur de Soledad se serra douloureusement dans sa poitrine mais elle garda le silence. Il n'y avait rien à dire, rien à arguer. Il en allait ainsi et elle savait bien qu'il n'y avait rien qu'elle puisse faire pour montrer à Doryan qu'il n'avait pas de raison d'avoir peur d'elle. Mais elle ne pouvait qu'accepter sa peur, car l'inverse était également vrai. En soit, il n'avait pas tort d'avoir peur, la brune savait bien que les sorciers pouvaient se révéler mauvais, elle ne s'était pas engagée contre les Mangemorts pour rien. Mais ça ne voulait pas dire qu'absolument tous les sorciers étaient ainsi. C'était ce qu'elle se tuait à expliquer à Doryan, sans réussir à faire entendre sa voix. « Ce n'est pas le gouvernement qui m’a montré ce que j’ai vu. Je me suis fait mon opinion tout seul, en côtoyant plus ou moins longtemps des sorciers. » Et pourtant, son opinion était toujours biaisée. Il ne voyait toujours qu'une partie de la réalité et restait aveugle au reste. Soledad ne niait pas ce qu'il avait vécu et les traumatismes qui en avaient résulté, mais il y avait toujours énormément de choses qu'il refusait de voir, tout ce qu'elle tentait de lui dire et qu'il balayait. A côté, le Gouvernement ne cessait de marteler que ce qu'il avait vu était la seule facette des sorciers. Il ne pouvait pas prétendre être objectif dans ces conditions.
 
La solution qu'il voyait pour tout arranger atterra Soledad. Il voulait ôter leur magie aux sorciers. Elle trouvait cette idée profondément choquante, encore plus parce qu'elle était concernée et qu'elle gardait un souvenir vif de la fois où le Blood Circle était parvenu à la priver de sa magie. Ce n'était pas la solution, elle ne parvenait pas à l'imaginer, ça dépassait de loin toutes les peurs qu'elle pouvait avoir. Le pire, c'était que cela venait de Doryan, avec qui elle avait partagé tant de chose, à qui elle s'était attachée. Lui qui affirmait ne pas vouloir lui faire de mal, était prompt à utiliser la solution qui la ferait souffrir plus que tout. Ce n'était pas aux moldus de décider, ni aux sorciers d'ailleurs. Soledad ne voyait pas les choses ainsi, cette solution était contre-nature. La magie n'était pas que mauvaise, elle pouvait être comme il l'avait imaginé, il fallait juste qu'il l'accepte. « Je n’en ai jamais douté. » Alors pourquoi refusait-il encore de le voir ? Pourquoi préférait-il torturer des sorciers qui n'avaient rien demandé à personne au lieu d'ouvrir les yeux ? Pourquoi voyait-il le mal partout chez les sorciers mais pas chez les moldus ? Il y avait des monstres des deux côtés, des actes ignobles des deux côtés, mais ça il refusait de le voir. Soledad aurait aimé pouvoir lui montrer que la magie pouvait être belle et douce. Elle en était capable, en fait elle n'aurait rien demandé de plus, mais il était trop tard, cet espoir ne se réaliserait pas. « Mais tu n'avais pas confiance. » La mexicaine soupira, ce n'était pas ça et il le savait. Elle le lui avait déjà dit et répété, elle avait l'impression d'être coincée dans une boucle sans fin, le tout rendu encore moins évident par le mal de crâne qui ne la lâchait pas. « J’avais peur. » Rétorqua-t-elle aussitôt. Oui, elle savait que ce n’était pas ce qu’il voulait entendre, mais elle aussi elle s’en fichait. Parce qu’en cet instant ce n’était pas de son ressentit à lui qu’ils parlaient, alors il n’avait pas son mot à dire. Il n’y avait qu’elle pour savoir ce qu’elle avait ressenti, ce qui l’avait poussé à garder le silence, il n’y avait qu’elle qui pouvait mettre des mots sur tout ça et à un moment ou à un autre, il allait falloir qu’il l’accepte.    

Et puis la peur était revenue. Elle avait enflé brutalement en elle pour prendre toute la place dans sa poitrine. Doryan voulait ôter leur magie aux sorciers et il n'y avait aucune raison qu'elle ne soit pas concernée. Soudainement, le rythme cardiaque de Soledad avait augmenté et elle s'était sentie pâlir un peu plus. Se trouver une nouvelle fois privée de sa magie, elle ne parvenait pas à l'imaginer, encore moins de la main de Doryan. Pourtant c'était une possibilité qu'elle devait envisager, parce qu'en cet instant, s'il décidait de lui ôter ses pouvoirs, elle savait qu'elle ne ferait pas le poids. Ce serait lui qui aurait le dessus et une nouvelle fois elle se retrouverait coupée de tout ce qui la rendait elle-même. S'imaginer obligée de vivre sans sa magie rendait Soledad malade de terreur. Doryan ne pouvait pas vouloir lui faire ça, ce n'était pas possible. Puisqu'elle était coincée chez lui, elle ne pouvait pas rester à nourrir ses doutes et ses craintes, elle devait savoir ici, lui poser la question même si elle redoutait plus que tout la réponse qu'il pourrait lui apporter. L'hésitation du moldu lui fit craindre le pire, le silence qui s'étira entre eux était semblable à de la torture. « Je ne pensais pas que tu verrais les choses ainsi. » Soledad lui adressa un regard incrédule. Comment pourrait-elle voir les choses autrement ? Qu'imaginait-il ? Elle voulait la paix, mais pas comme ça, pas en amputant les sorciers d'une part d'eux même. Elle pouvait comprendre les peurs et les doutes de Doryan, cette envie farouche de ramener la paix, mais le prix qu'il exigeait était bien trop élevé. Elle était née sorcière, il n'avait aucun droit de lui enlever ça. « Sans magie, tu ne serais plus en danger. » Une expression vaguement amusée s'échappa des lèvres de la mexicaine. Mais c'était plus un rire sans joie qu'autre chose. Elle ne serait peut-être plus en danger -et encore elle était persuadée que cette solution ne suffirait pas à la plupart des membres du Cercle- mais elle ne serait plus que l'ombre d'elle-même. « Sans magie, je ne serai plus moi-même. » Souffla-t-elle, une pointe de désespoir dans la voix. Il ne comprenait pas, et quelque part c'était normal. Il n'était pas celui à qui on menaçait de lui arracher une part de lui. Il ne savait pas ce que ça faisait. Il ignorait encore tout du troisième œil de la mexicaine et de combien elle s'était sentie désemparée quand elle en avait été coupée.

« Tu as dit que tu étais bien. » Soledad le contempla un instant, aussi songeuse que pleine d'appréhension. Est-ce qu'il donnait enfin un peu de crédit à ce qu'elle pouvait lui dire ? Elle n'osait y croire tant cette conversation ne cessait de se retourner contre elle dès qu'elle osait exprimer son opinion. Consciente qu'elle ne devait laisser passer aucune occasion, elle confirma « Et c’était vrai. » Elle l'avait dit et redit et serait encore capable de le répéter de nombreuses fois si ça pouvait aider Doryan à accepter de la croire. « Tu étais pourtant sans magie, tu te sentais privée à chaque fois ? » Soledad cligna des yeux, il lui fallut quelques secondes pour comprendre où il voulait en venir exactement. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il ramène ce sujet à leur relation, encore moins en sachant qu'il croyait dur comme fer tout avait été faux entre eux. Elle fronça les sourcils, elle n'avait pas besoin de réfléchir, la réponse était évidente, mais elle avait besoin de faire le tri dans ses pensées confuses afin de se montrer claire. Ou du moins de tenter. « Non…. Non, tu n'y es pas. » Commença-t-elle avant de s'interrompre. Comment lui expliquer ? Comment lui faire comprendre quelque chose qu'il n'avait jamais connu et dont il était persuadé de la dangerosité ? C'était au-delà de l'envie qu'il comprenne son point de vue, c'était vital. « Je ne me sentais privée de rien. J’étais bien, je te l’ai dis, je ne mens pas… Et je n’étais pas sans magie… Je choisissais de ne pas l’utiliser. » Elle ne prononça pas les mots qui allaient avec cette phrase. Pour lui. C’était pour être avec lui qu’elle avait choisi de ne pas utiliser sa magie. Mais maintenant ces mots n’avaient plus la moindre importance. Et si c’était pour le voir les traiter comme un mensonge de plus, elle préférait s’abstenir. « C’était mon choix. » Elle ne s’était jamais privée de rien puisque ça avait été son choix avant tout et ça c’était le plus important. Soledad pouvait vivre sans utiliser sa magie, mais pas sans elle. Elle reprit après une hésitation, consciente que le sujet était délicat, que Doryan ne pouvait pas la comprendre aussi facilement. Et que la douleur ne venait pas l’aider. « Ma magie c’est… C’est une partie de moi, que je l’utilise ou pas. Elle est ancrée en moi. C’est… C’est celle que je suis. » Sans sa magie elle se sentait incomplète et vide. Quelque chose n’allait pas, quelque chose manquait. Soledad n’était plus elle-même, c’était aussi simple que ça. « Sans ma magie je... Je...  » Elle n'arrivait même pas à trouver les mots tant cette perspective la terrifiait. Rien que l'envisager la paralysait. Sans sa magie, elle n'était plus rien, une coquille vide. Il n'y avait pas de mots assez forts pour décrire l'angoisse que perdre sa magie faisait naître en elle.

Soledad prit quelques instants pour retrouver ses esprits et tenter de faire refluer la peur qui était venue s'accrocher à son estomac. Parler de ça faisait remonter des souvenirs et elle luttait pour ne pas se laisser submerger de nouveau par ce qu'elle avait ressenti à cette époque. Malgré le temps qui avait passé, elle avait l'impression que tout c'était déroulé la veille, les émotions étaient encore particulièrement vives et lui étaient revenus avec force. Elle n'était pas en état de lutter contre et elle le sentait bien. « Ca m’est arrivé une fois. »  Reprit-elle lentement en relevant les yeux vers Doryan. Les souvenirs étaient encore si présents qu'elle n'avait pas besoin de faire d'effort pour les faire remonter à la surface. Rien qu'y repenser la faisait frissonner et la replongeait dans cette sinistre journée. « J’étais au Ministère… Lors de l’attaque. » Il était du Blood Circle, il devait savoir ce quoi elle parlait. Peut-être même qu'il avait été présent. Elle n’avait pas besoin de se fatiguer à en dire plus. « Un homme m’a mis un de vos bracelets anti-magie. » Après s’être assuré qu’elle ferait un petit détour par l’hôpital, mais était-ce vraiment la peine de le préciser ? Soledad jugea que non. Elle prit une profonde inspiration avant de souffler « Ca a été… La pire période de ma vie. » Et Soledad pesait ses mots. Elle avait connu la douleur du deuil, la douleur physique, elle avait dangereusement flirté avec la mort. Elle connaissait la peur et la panique, tous ces sentiments paralysants. Elle savait de quoi elle parlait, elle ne pouvait pas dire que la vie avait toujours été douce avec elle. Alors quand elle disait que se retrouver coupée de sa magie avait été terrible, elle n'exagérait pas. Doryan ne comprendrait peut-être pas, mais ça ne changeait rien. « J'étais... » Elle prit une nouvelle inspiration saccadée, chercha ses mots. Elle avait été plongée dans le noir le plus complet, entourée du vide le plus insondable. Sans fin, sans espoir. « Perdue. » Et encore, elle peinait à trouver ses mots, les trouvait bien trop faibles pour décrire le désespoir qu'il s'était emparé d'elle durant cette période. Elle soutint le regard du pompier quelques instants avant de reprendre. « Si tu fais ça… Si tu me prives de ma magie… Je ne m’en relèverai pas. » Malgré la douleur, la peur et ses pensées embrouillées, elle se rendait bien compte d'une chose : il n'avait pas répondu à sa question.

C'était donc ça, la solution de Doryan, priver les sorciers de leur magie. Au fond, Soledad pouvait comprendre sa logique, il voulait ramener la paix et pour cela les options semblaient limitées, mais il ne voyait les choses que du point de vue d'un moldu. Avec cette solution il n'aurait rien à perdre, lui, il ne serait pas amputé d'une partie de lui-même. D'accord, tout le monde n'était pas égal, car tout le monde n'avait pas accès à la magie, mais croire que l'égalité totale était possible était naïf. L'égalité ça n'existait pas, encore moins quand on voulait priver toute une partie de la population de quelque chose qui était présent depuis leur naissance. Rien qu'en voulant agir ainsi, il se plaçait au-dessus des sorciers, il prenait le pouvoir sur des gens qui n'avaient rien demandé, rien fait de mal avec leur magie. « Qu’aurais tu fais à ma place ? Que ferais-tu là maintenant ? » Soledad releva un regard incertain vers lui. De quoi parlait-il exactement ? De leur situation en cet instant ou de celle des moldus et sorciers qui s'affrontaient ? Vu leur conversation, Soledad préféra songer à la seconde option. Mais ce n'était pas mieux. Comment est-ce qu'il pouvait lui poser une telle question ? Et surtout attendre d'elle une réponse ? Surtout en cet instant, elle n'était pas en état de réfléchir et n'avait aucune solution à proposer. L'espace d'une seconde elle eut envie de lui dire que là maintenant elle aimerait pouvoir fermer les yeux et se laisser emporter par l'épuisement pour tenter d'oublier cette soirée. Qu'elle aimerait -toujours- rentrer chez elle pour enfin pouvoir se sentir en sécurité. Qu'il cesse enfin de remettre en doute tout ce qu'elle pouvait lui dire. Mais de tout ça elle n'en dit rien, ce n'était pas le moment de faire de l'humour ou de répéter ce qu'elle lui avait déjà dit de nombreuses fois. « J'en sais rien... » Soupira-t-elle finalement. C'était ça le pire, elle n'avait pas de solution miracle à proposer. Elle n'allait pas juste claquer des doigts et tout arranger. Elle aurait aimé, elle aurait tout donné pour ça, mais elle n'était rien, ni personne et elle le savait. Luttant pour réfléchir, Soledad s'efforça tout de même de formuler une réponse. « Je voudrais... J'aimerais qu'on soit capables de s'assoir autour d'une table et de parler. De plus laisser la peur prendre le dessus... » C'était presque drôle comme cela pouvait à la fois s'appliquer à leur monde, et à eux deux. Ironique. « J'aimerais qu'on puisse se mettre à la place de l'autre... Et comprendre qu'on peut vivre ensemble. » Soledad était persuadée que c'était possible, mais ce qu'elle ignorait c'était s'il n'était pas trop tard pour ça. Elle craignait de connaître d'avance la réponse à cette interrogation. D'accord, il y avait toujours le problème des mangemorts et des moldus extrémistes, mais elle n'avait pas la force de trouver une solution à tout. Finalement elle laissa échapper un bref rire sans joie. « Ca parait stupide dit comme ça, hein ? » Si seulement les choses pouvaient être aussi simples, le monde ne s'en porterait que mieux. Elle ne s'en porterait que mieux.

CODAGE PAR AMATIS




— And all the pieces fall right into place
So it goes
I'm yours to keep and I'm yours to lose

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Doryan Rosebury
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Mer 3 Mai - 22:27
Il n'y a plus de rêves pour notre génération
ft. mon ex la sorcière

Les choses avaient tellement changé en l'espace de quelques mois. S'il en avait eu conscience bien avant aujourd'hui, la piqûre de rappel était bien présente et c'était douloureux. Il avait eu tellement confiance en elle, il ne s'était jamais posé la moindre question sur la demoiselle à ses côtés, se contentant de vivre sa vie à ses côtés et de profiter de sa présence. Difficile apprentissage que de se dire qu'il fallait se méfier de tout le monde. La leçon était cependant bien enregistrée, oh il n'avait pas l'intention de demander à tout le monde s'il était ou non sorcier. En revanche, il avait bien l'intention de ne laisser personne entrer dans sa vie aussi facilement qu'avait pu le faire Soledad. Il ne lui jetait pas la pierre, il était le seul fautif, c'est lui qui lui avait fait confiance, lui qui ne se posait pas de questions. Il se trouvait puni plus que de nécessaire et se questionnait sur le temps que ça prendrait à ne plus se sentir amer à ce sujet. Pourvu que le fait de déménager puisse aider, il n'aurait plus de souvenirs qui le prenait à la gorge en poussant la porte de chez lui, ce serait déjà un grand pas. Cette soirée en rajoutait en plus. Dans le passé, elle lui avait demandé ce qu'il avait fait pour se prendre le karma de la sorte, il ne trouvait plus la plaisanterie amusante du tout et il se posait sincèrement la question, est ce qu'il avait vraiment si mal agit pour se reprendre un retour si sévère ou est ce qu'il était un poissard monumental. Le mieux pour oublier et que les choses se tassent, ça n'était certainement pas de finir dans le même canapé à discuter politique et de la famille de Soledad. Ainsi, elle faisait partie d'une grande famille de sorciers du côté de son père, de l'autre il y avait un peu de sorciers et de pas sorciers. A la question est ce qu'ils savaient la vérité, la réponse était non. Il la regarda dépassé par cette phrase, ça ne le concernait pas et il en avait bien conscience mais il trouvait impensable que les membres d'une même famille puissent cacher quelque chose de si important à d'autres membres de cette même famille. Et s'il était surpris, que ça se lisait certainement dans son regard, il n'aurait pas dû l'être. Pouvait-il vraiment en être autrement, les sorciers voulaient vivre entre eux et que les gens sans pouvoirs restent dans l'ignorance pour ne rien partager avec eux. Il le savait avant qu'elle ne réponde à cette question, étant le témoin privilégié de cela ayant vécu à ses côtés pendant des mois mais lui il n'était personne pour elle, là on parlait quand même de membres de la même famille. Il en resta muet, ils voyaient décidément le monde bien différemment et quelque part ça l'attristait, peut-être que lorsqu'elle parlait de sa famille, elle ne considérait pas qu'ils en fassent partie parce qu'ils n'étaient pas sorciers.

C'est fou comme elle menait bien sa barque cette fille. Voilà que maintenant, c'était lui qui aurait dû dire les choses tout de suite. Mais quelle merveilleuse idée, elle en avait d'autres des comme ça ? Il n'avait aucune garantie qu'elle n'aurait pas pointé sa baguette sur lui. D'ailleurs, il n'avait aucune garantie qu'elle ne le ferait pas dès qu'elle en aurait l'occasion. La première fois, il savait qu'elle avait été prise au dépourvu et qu'il avait réagi bien plus vite qu'elle, ayant certainement de meilleurs réflexes, ce qui ne voulait absolument pas dire qu'elle n'avait pas l'intention de ne rien faire. Aujourd'hui, elle était dans un état tel que sa seule chance de survie c'était lui, ça ne voulait pas dire qu'à tout moment elle ne pouvait pas se retourner contre lui. Il devait faire preuve de prudence, il ne l'oubliait pas. La seule des deux qui pouvait, éventuellement, se dire qu'elle ne risquait pas grand-chose, c'était elle, des occasions de la tuer, la vendre, la mutiler, la laisser dans les ennuis, il en avait eu et pourtant elle était là, sur son canapé et il essayait de l'aider, à son niveau. Alors sa phrase, il ne l'acceptait pas le moins du monde « Ca n'a aucun rapport. Je suis un type sans magie, dans une ville où la magie est mal vue, proscrite et où les êtres malfaisants ne sont pas les bienvenues, soit j'étais du Blood Circle, soit j'étais passif. Tu me connais Soledad, j'ai été assez con pour te faire confiance, tu sais très bien que je ne suis pas passif et je n'attends pas que les autres fassent les choses à ma place. Toi, tu es une sorcière dans un monde sans magie. Tu t'es fait passer pour une fille normale. A moins que Londres soit composé à 50% de sorciers » ce qu'il n'espérait pas « Je ne pouvais pas deviner que tu étais une sorcière. Alors non, je ne comprends pas, si tu n'avais pas l'intention de le dire, fallait te taper un sorcier. » Histoire de bien remettre les choses dans leur contexte et de montrer la différence entre eux il ajouta « Je pourrais comprendre si je débarquai à Pré au Lard avec une baguette volée et que je me faisais passer pour un sorcier. Je pourrais comprendre si la seule chose que tu n'avais pas dit c'est que tu étais une fille sans magie ayant rejoint l'ordre du Phénix. » Et pour le coup, cette divergence d'opinion n'aurait pas été un gros problème parce qu'il était capable d'accepter que les gens ne pensent pas comme lui. Là c'était autre chose, il avait été trompé. Il avait fait de gros efforts pour ne pas hausser la voix, il n'oubliait pas qu'elle devait avoir un mal de crâne comme pas permis, il allait éviter d'empirer les choses.

La magie n'était pas une mauvaise chose, que Soledad ne se fasse pas d'illusions, il le savait. Elle était mauvaise que parce qu'elle était entre de mauvaises mains, c'était si facile de ne rien dire, de tout garder pour une partie de la population. Que les autres sorciers soient des sales types, égoïstes, il faisait avec, il savait qu'ils étaient en guerre. Lui, ce qui lui posait problème et qu'il serait prêt à répéter une fois, deux fois, dix fois, c'était le manque de confiance de Soledad envers lui. Qu'elle ait peur de dire la vérité à des inconnus, logique, elle ne pouvait anticiper leurs réactions. Face à lui, il refusait qu'elle se cache derrière la peur alors que c'était juste un problème de confiance. Sans surprise elle le reprit et il secoua la tête négativement pour montrer qu'il n'était pas d'accord avec elle « Tu avais peur parce que tu n'avais pas confiance en moi. » Il ne prétendrait pas avoir ultra bien réagi mais il avait été pris au dépourvu, avait dû agir dans l'urgence lorsque tout ce qu'ils avaient construits ensemble s'était avéré être du vent. Ça ne voulait pas dire qu'il réagissait mal à tout et qu'elle ne pouvait pas discuter avec lui, juste que ce soir-là tout ce qu'il pensait savoir sur elle, sur eux, ça lui avait explosé à la tronche et il la jugeait responsable de cela et autant il est vrai, il aurait dû lui dire la vérité, autant il n'avait pas caché délibérément qui il était et ce qu’il était contrairement à elle.

La solution qu'il avançait pour arrêter la violence, les morts, les différences, ne plaisait pas à Soledad. Il ne voyait pas ce qu'il y avait de mal à ne plus vouloir de magie. Sans magie, elle ne serait plus en danger, personne ne viendrait la tabasser dans un coin de rue. La réflexion de Doryan la fit rire mais pas un rire agréable à entendre, plutôt le genre de rire visant à dire que l'autre a un pet au casque. Elle ne serait plus la même sans magie, il la regarda, longuement essayant d'emmurer ses émotions, en vain puisqu'il finit par dire « Sans magie, tu vaux tellement mieux que ce que tu crois. » Il avait été le témoin privilégié de cela. Pas une seconde il ne s'était ennuyé à ses côtés, en fait ça allait même plus loin, lui il avait aimé être à ses côtés, effet potion ou pas potion, il ne savait toujours pas. La magie ça n'était qu'un plus, elle se débrouillait parfaitement sans et si ça pouvait éviter des conflits, des morts, des rancunes tenaces, pourquoi le refuser. Il ne comprenait pas pourquoi elle réagissait ainsi. Si elle ne lui mentait pas depuis le début de la discussion, ce dont il n'était pas sûr, elle avait dit qu'elle était bien. Elle le regarda, longuement, il pouvait sentir son cœur s'emballer face à l'espoir qu'elle comprenne, qu'elle accepte la main tendue. S'il ne parvint pas à sourire, un peu trop stressé et en manque de confiance, le fait qu'elle confirme que c'était vrai le poussa à continuer dans son idée, est ce qu'elle s'était sentie privée de quelque chose ? Il n'y était pas. Si elle ne s'était pas sentie privée, où était le problème, son monde ne changerait pas trop. Elle le reconnaissait elle-même, elle était bien sans magie, parfait alors. Il roula des yeux lorsqu'elle le reprit en disant qu'elle n'était pas privée, que c'était un choix. D'accord, d'accord il fallait tourner les choses autrement et que les sorciers ne le voient pas comme une privation. Il était en pleine réflexion, écoutant néanmoins ce que lui disait Soledad, c'était une partie d'elle, pas la meilleure partie loin de là. C'est celle qu'elle était, il grimaça malgré lui, lui c'était l'illusion qu'il appréciait. Il compléta ses dires « Sans ta magie, tu es quelqu'un que j'ai apprécié fréquenter. » Sans sa magie, ils étaient du même monde, sans sa magie ils avaient été amis puis amants, s'il n'y avait pas eu de manipulation comme elle l’affirmait, lui il appréciait la fille qu'elle était sans sa magie, il savait qu'il n'était pas le seul, et elle était plus que capable de vivre sans magie.

Alors qu'il cherchait comment la convaincre, lui faire comprendre le bien-fondé de son idée mais aussi prendre en compte ce qu'elle lui disait, à savoir le côté privation qui posait problème, elle revint sur ce fait justement. Ça lui était déjà arrivé, il la regarda et fit la moue en l'entendant dire qu'elle avait été au ministère lors de l'attaque. La façon de faire avait été mauvaise, il en convenait avec le recul, ce n'est pas en sautant sur les gens avec des armes à feux et en leur posant des bracelets, très moche en plus, que ça allait passer. Il passa une main dans ses cheveux en l'entendant dire que ça avait été la pire période de sa vie. Ah bah au moins c'était clair. Tout était d'un compliqué, comment pouvait-il faire comprendre aux sorciers que c'était la meilleure solution pour vivre en harmonie. La violence de la phrase de Soledad le fit pâlir, elle ne s'en relèverait pas. Sa volonté première fut de lui dire que si, elle y arriverait mais elle était bien trop effrayée pour qu'elle puisse le croire. Qu'est ce qui comptait le plus en cet instant ? Ca n'était pas sa quête pour l'équité, c'était que Soledad s'en tire, qu’elle se détente « Je ne ferais rien. » Quand bien même elle refusait la main tendue, qu'ils n'étaient rien l'un pour l'autre si ce n'est des ennemis, il était bien incapable d'être insensible à son sort. Il la regardait indécis, est ce qu'il avait le droit de poser des questions sur la magie ou est ce qu'elle le prendrait mal ? Il n'osait pas tellement, ça lui brûlait les lèvres mais il savait que les sorciers ne voulaient pas partager, Soledad y compris. Il aurait bien aimé savoir ce qui était si terrifiant à ne pas pouvoir faire de magie. Est-ce que c'était douloureux comme lorsqu'on se cassait le bras ? Est-ce que c'était le fait d'être moins puissant qui était effrayant ? Il la regardait sans parvenir à savoir et sans oser demander. Il fallait qu’il s’y fasse, ça n’était plus la Soledad qu’il avait fréquenté et à qui il pouvait tout demander, le fossé entre eux était bien trop grand.

A la place, il préférait lui demander ce qu’elle aurait fait, elle, si elle avait découvert un jour que des sorciers existaient, que ses tentatives pour montrer sa bonne composition s’étaient révélées infructueuses ? Comment on se reconstruisait derrière ? Il s’y était certainement mal pris, il en convenait mais il aurait dû faire quoi ? Et même avec Soledad, qu’est ce qu’il aurait pu faire d’autres ? Dire la vérité, elle se serait tirée, il le savait. Discuter sorcellerie, ça n’était pas passionnant, c’était une erreur de se dire cela mais c’était vrai, il ne s’était jamais dit que ça pouvait être intéressant de parler sorcellerie. Autant avec elle, il avait merdé, totalement merdé mais la leçon était rentrée, les histoires d’un soir, ça prend quand même moins la tête et si on couchait avec une sorcière… bah ça ne changeait pas la donne, à la rigueur, ça flattait même son ego de se dire que les sorcières étaient plus intéressées par le fait de coucher avec des gens sans magie qu’avec leurs semblables. Oui ça n’est pas le sujet, mais c’est important quand même. Et s’il était impossible de changer son passé, que ferait-elle maintenant à sa place ? Elle se laisserait lapider par des sorciers à sa place ? C’était faux et il le savait, si elle avait rejoint l’Ordre du Phénix c’était pour agir, ne pas laisser d’autres se battre pour elle, mourir pour elle, pour se sentir utile. Elle n’en savait rien, ce n’était pas étonnant, il n’y avait pas de solutions parfaites. Ne plus laisser la peur parler, il la regarda, eh bien ça n’était pas gagné cette proposition parce que lui si on lui demandait de venir s’installer face à des sorciers, il serait terrifié. Là ça allait parce que Soledad était pas dans un état de forme optimale, que logiquement, elle n’était pas en capacité de l’agresser mais sinon, pas sûr qu’il se tiendrait à côté d’elle sans regarder sans arrêt ses mains. Se mettre à la place de l’autre « C’est pas facile de se mettre à votre place, je ne comprends pas les raisons de ce silence. Quand je sauve quelqu’un, je me demande pas s’il est sorcier ou non, je m’en fiche, j’agis. Vous avez des structures construites spécialement pour les sorciers Soledad. Bien sûr qu’on pourrait vivre ensemble. » Il la regardait dans les yeux « Sauf qu’on ne fait rien sans confiance. » si c’était vrai pour eux, c’était vrai pour les sorciers, les non sorciers. Personne ne se faisait confiance « J’ai un peu de mal à me dire que je peux faire confiance à des gens qui ont eu pendant des décennies une loi pour cacher qu’ils étaient sorciers. »

Avant qu’elle ne dise que c’est parce que les sorciers prenaient tout mal, il se leva pour aller dans sa chambre, fouiner une ou deux minutes dans sa bibliothèque tout en essayant de l’empêcher de dormir « Tu t’endors pas, parle moi d’un truc, même pas passionnant le dernier cocktail que tu as bu ? La dernière fois que tu as mangé de la glace au chocolat c’était quand ? » Il finit par mettre la main sur ce qu’il cherchait et vint poser les différents magasines d’apprenti magicien sur la petite table du salon, devant Soledad « S’il existe ce genre de magasines, ça n’est pas pour apprendre comment massacrer des sorciers. » Oulah pas sûr que ses parents lui auraient acheté sinon « C’est parce que des gens trouvent la magie cool. Ce n’est pas stupide de vouloir vivre ensemble mais vu que les sorciers ne nous font pas confiance, nous attaquent, difficile de se mettre à une table avec eux. Moi je serais pas rassuré. » Il fit une pause avant d’admettre « Et je sais que certains Blood Circle trouveraient le moyen de gâcher les tentatives de paix. » Ah ça des tarés, il y en avait partout « D’où l’idée des seringues anti-magie, je sais tu es contre, je me disais que s’il n’y avait plus de sorciers, les extrémistes n’auraient plus besoin de l’être… Est-ce que tu te sens privée de ta magie avec les balises anti-magie ? Si, non ça peut être une solution ? » ça faisait juste énormément de balises mais bon faut ce qu’il faut. Il essayait de trouver des solutions et de lui montrer qu'il n'était pas non plus un fou furieux de manière un peu détournée.

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Soledad Velasquez
Soledad Velasquez
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Métier : Co-gérante du Witches Bazaar et diseuse de bonne aventure au cirque Neverland sous le pseudonyme de "La Catrina". Intervenante occasionnelle aux cours de divination à Poudlard. Sorcière accréditée auprès du Ministère de la magie.
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Ven 5 Mai - 23:53




Il n'y a plus de rêves pour notre génération
Soledad ☽ ☾ Doryan ♥



Doryan n'était pas d'accord avec elle. Il n'était jamais d'accord, c'était ça le point central de cette discussion. Peu importe ce qu'elle disait, quelle explication elle avait à lui présenter, quel argument elle avait à lui opposer, il s'en fichait bien. Elle avait beau se démener pour lui montrer que, si elle avait ses torts et qu'elle les reconnaissait, elle n'était pas seule dans cette histoire, ça ne lui convenait jamais. Elle n'avait pas été la seule à garder un silence qui avait tout changé, à avoir un secret, mais pourtant elle était la seule à blâmer. Ils avaient agi pareil, avaient chacun leurs raisons -et encore, Soledad n'avait pas entendu la moindre explication quant au silence de Doryan- mais il n'y avait qu'elle qui devait en être puni. C'était non seulement injuste, mais aussi particulièrement hypocrite. Il aurait dû la comprendre, pouvoir se mettre à sa place et admettre que leurs situations respectives n'étaient pas si éloignées que ça. Du point de vue de Soledad, ils avaient tous les deux eu des choses compliquées à dire, ce qui pouvait, si pas excuser, au moins expliquer leur silence. Mais bien sûr, Doryan ne voyait pas les choses ainsi. « Ca n'a aucun rapport. Je suis un type sans magie, dans une ville où la magie est mal vue, proscrite et où les êtres malfaisants ne sont pas les bienvenues, soit j'étais du Blood Circle, soit j'étais passif. Tu me connais Soledad, j'ai été assez con pour te faire confiance, tu sais très bien que je ne suis pas passif et je n'attends pas que les autres fassent les choses à ma place. Toi, tu es une sorcière dans un monde sans magie. Tu t'es fait passer pour une fille normale. A moins que Londres soit composé à 50% de sorciers » Soledad retint une moue, elle n'en savait rien mais ça, franchement, ce n'était pas impossible. « Je ne pouvais pas deviner que tu étais une sorcière. Alors non, je ne comprends pas, si tu n'avais pas l'intention de le dire, fallait te taper un sorcier. » La mexicaine grimaça, elle détestait l'idée qu'il réduise leur relation à seulement du sexe alors que ça avait été bien plus que ça et qu'ils le savaient tous les deux. Enfin non, elle le savait, puisque lui s'était mis en tête qu'elle l'avait manipulé sur ça aussi et que tout ce qui les avait liés pendant des mois avait été faux sur toute la ligne. Comme si elle était capable de ce genre de chose. Elle préféra ne pas s'attarder sur ce point, elle savait que Doryan ne changerait pas d'avis et s'était déjà assez épuisée comme ça à lui parler sans qu'il ne la croie. « J'avais l'intention de te le dire. » Ca aussi elle tenait à ce qu'il le comprenne, même si elle se doutait bien qu'elle se battait encore pour rien. Lui dire qu'elle était une sorcière avait toujours été son intention, mais la peur l'avait paralysée et le temps avait fini par jouer contre elle. « Et je ne pouvais pas plus deviner que tu faisais partie du Blood Circle. » Son argument ne marchait pas, il n'y avait pas que ces deux options. Il aurait pu agir à son échelle pour tenter de comprendre, faire partie de l'Ordre, soutenir les sorciers... Ce n'était pas les options qui manquaient, il n'avait pas eu le choix uniquement entre ne rien faire et le Blood Circle. Avancer le contraire était faux. « Je te connais, et pourtant jamais je n’aurais pu imaginer ça. » Qu'il veuille aider les autres, qu'il souhaite agir, ça oui, elle pouvait le comprendre et ça ne l'étonnait pas de lui. Doryan n'était pas pompier pour rien. Mais jamais elle n'aurait pu penser que pour ne pas rester passif il choisisse de s'en prendre à d'autres personnes. « Je pourrais comprendre si je débarquai à Pré au Lard avec une baguette volée et que je me faisais passer pour un sorcier. Je pourrais comprendre si la seule chose que tu n'avais pas dit c'est que tu étais une fille sans magie ayant rejoint l'ordre du Phénix. » Soledad préféra pincer les lèvres et garder le silence, cette discussion était stérile et elle n’avait vraiment pas assez d’énergie à y consacré. Si c’était pour que Doryan continue de la contredire ou de la prendre pour une menteuse, elle n’en voyait pas l’intérêt. Elle était prête à discuter, à mettre les choses à plat, mais pas ainsi.

Soledad était même prête à lui montrer combien la magie pouvait être belle et bénéfique, combien il avait raison de croire qu’elle pouvait être positive. En fait, c’était ce qu’elle avait prévu de faire avant que tout n’explose entre eux, elle aurait aimé avoir cette opportunité non seulement de lui parler, mais également de lui montrer. Tout ça était impossible désormais, l’idée de sortir sa baguette ne lui effleurait même pas l’esprit, elle savait que Doryan prendrait cela pour une agression, même si elle ne cessait de lui répéter que jamais elle ne lui ferait de mal. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, il avait peur, elle le savait. Et puisque l’inverse était également vrai, elle ne pouvait que le comprendre. En revanche s’il y avait un point sur lequel il ne la comprenait pas, c’était celui des raisons de son silence. Il ne cessait d’affirmer qu’elle n’avait pas eu confiance en lui mais c’était totalement faux. C’était la peur qui l’avait poussé à garder sa nature secrète. La peur et le contexte géopolitique où la guerre ne cessait de montrer le pire des sorciers. Difficile dans ces conditions-là d’avouer qu’elle faisait partie de ces monstres que le Gouvernement dépeignait avec application. « Tu avais peur parce que tu n'avais pas confiance en moi. » Soledad posa sur lui un regard blasé. Voilà qu’il lisait dans les pensées et les émotions maintenant. Elle ne voyait que ça, c’était le seul moyen pour que lui soit parfaitement au courant de ce qu’il avait pu se passer dans sa tête à ce moment-là, de tout ce qui avait pu la mener à ses décisions. « Tu n’es pas dans ma tête, Doryan. » Souffla-t-elle doucement, fatiguée. Elle était épuisée de devoir se répéter sans arrêt, et surtout sans le moindre résultat. Mais elle n’en démordrait pas, il n’était pas dans sa tête et n’avait pas le droit de décider à sa place ce qu’elle avait ressenti. Tout comme il ne pouvait prétendre être prêt à tenter de la comprendre alors qu’il était si braqué depuis le début de la conversation qu’aucun des mots qu’elle pouvait ne lui adresser ne comptait.

Voilà que maintenant il voulait ôter leur magie aux sorciers. Jamais Soledad n’aurait imaginé de tels mots s’échapper de la bouche de Doryan, surtout avec tant de conviction, et ça l’emplit d’effroi. Elle qui s’était imaginé tant de fois la conversation qu’ils auraient pu avoir à propos de sa nature de sorcière, jamais elle n’avait pensé qu’il pourrait lui répondre qu’elle devait vivre sans sa magie. Cette idée l’horrifiait complètement, surtout pour l’avoir déjà vécu une fois. Il pensait que cela lui permettrait de ne plus être en danger, mais non seulement c’était complètement naïf de penser ainsi, mais cela voulait dire qu’elle ne serait plus elle-même. Soledad pouvait choisir de ne pas utiliser sa magie, mais vivre sans était impensable. « Sans magie, tu vaux tellement mieux que ce que tu crois. » En silence, Soledad tenta de déchiffrer le regard que Doryan portait sur elle. Elle ne sut si ces mots la touchaient ou la peinaient. Sûrement les deux, c’était tellement le bazar dans sa tête que tout était possible. Ce n’était pas comme si elle était réellement en état de réfléchir correctement. Tout ce qu’elle savait, c’était que Doryan faisait fausse route. Il ne comprenait pas, alors elle tenta de lui expliquer combien sa magie était importante pour elle. Ce n’était pas une question de pouvoir ou de capacités, c’était que sa magie étant tant ancrée en elle que l’en priver revenait à l’amputer d’une part d’elle-même. C’était un lien tellement fort qu’elle ne parvenait pas à s’imaginer sans. « Sans ta magie, tu es quelqu'un que j'ai apprécié fréquenter. » Soledad prit une inspiration. La conversation avait pris un tournant bien différent mais elle ne la trouvait pas plus évidente pour autant. Loin de là. S’imaginer sans sa magie était terrible mais voir que Doryan l’imaginait avec tant de facilité était un véritable crève-cœur. Il voulait la priver de qui elle était alors même qu’il avançait qu’il l’avait appréciée. « Sauf que je n’ai jamais été sans ma magie. Elle a toujours été là, avec moi. » Souligna-t-elle lentement. Ce n’était pas parce qu’il ne l’avait pas vu, qu’elle n’avait pas existé, qu’elle n’avait pas été là. Parce que c’était tout l’inverse. Celle qu’il avait apprécié, ça avait été elle, tout entière. Avec sa magie.

C’était difficile de faire comprendre à Doryan combien la priver de sa magie lui couterait, que ce serait une épreuve dont elle ne se relèverait pas. Soledad savait qu’il ne pouvait pas se mettre à sa place alors elle accepta de faire un effort et d’aller un peu plus loin. Elle lui raconta donc que ça avait déjà été le cas, que le Blood Circle lui avait déjà passé un bracelet anti-magie et que la période qui avait suivi avait certainement été la plus sombre de son existence. Elle ne lui cacha pas qu’elle ne pouvait pas revivre ça, que s’il la privait de sa magie, elle ne s’en relèverait pas. Soledad vit bien que ses mots touchèrent Doryan, mais elle ne pouvait rien faire pour le rassurer. Elle ne cherchait pas à le choquer, elle ne faisait qu'exposer la réalité. Elle avait déjà été privée de sa magie une fois et ça avait été si terrible à vivre, ça l'avait plongé si profondément dans le désespoir, que parfois elle s'étonnait encore d'avoir pu s'en relever. Si ça lui arrivait une seconde fois, si cette fois sa magie ne pouvait plus lui être rendue, elle savait qu'elle ne s'en remettrait pas. Autant qu’il soit prévenu, il avançait qu’il ne voulait pas lui faire de mal mais vu ce qu’il lui disait, il ne songeait certainement pas combien lui ôter sa magie la blesserait. Au moins maintenant, s’il choisissait de le faire quand même, il mesurerait les conséquences de ses actions. « Je ne ferais rien. » La mexicaine laissa échapper un long soupir. Elle le croyait, malgré tous les doutes, la peur et la douleur, elle le croyait. C’était peut-être terriblement naïf de sa part, peut-être qu’il avançait que lui ne ferait rien parce que d’autres s’en chargeraient à sa place, mais une part d’elle était persuadée que cette parole-là, elle pouvait la croire.

Qu’est-ce qu’elle aurait fait à sa place ? En toute honnêteté, Soledad n’en savait vraiment rien. Elle n’était clairement pas assez en forme pour se creuser la tête à trouver des solutions pour améliorer l’état du monde. Et surtout c’était une question terriblement complexe, elle n’était pas assez présomptueuse pour s’imaginer posséder les réponses. Et encore moins être en capacité de tout arranger avec seulement ses idées. Tout ce qu’elle voyait, tout ce qu’elle aurait aimé, c’était que les moldus et les sorciers se révèlent capables de s’assoir à une même table pour discuter. Qu’il soit possible de mettre les peurs et les différences de côté pour tenter de se comprendre. Elle aurait voulu que chacun voit qu’ils pouvaient cohabiter, et même vivre ensemble, que c’était juste possible. Elle y croyait, elle y croyait réellement. Tout comme elle savait que cette vision des choses était particulièrement stupide. « C’est pas facile de se mettre à votre place, je ne comprends pas les raisons de ce silence. Quand je sauve quelqu’un, je me demande pas s’il est sorcier ou non, je m’en fiche, j’agis. Vous avez des structures construites spécialement pour les sorciers Soledad. Bien sûr qu’on pourrait vivre ensemble. » Elle garda le silence et soutint son regard en attendant une suite qui allait clairement venir. « Sauf qu’on ne fait rien sans confiance. » Elle se retint de rouler des yeux face à cette allusion claire. Elle avait compris le message, inutile de revenir dessus. « J’ai un peu de mal à me dire que je peux faire confiance à des gens qui ont eu pendant des décennies une loi pour cacher qu’ils étaient sorciers. » Il parlait de confiance, mais à aucun moment il ne cherchait à aller plus loin. Blâmer les sorciers pour leurs secrets c’était bien, mais il devrait plutôt se demander pourquoi est-ce que cette loi avait été mise en place. Pourquoi est-ce que la confiance avait été à ce point brisée entre les gens avec magie et ceux sans magie. « Cette loi ne venait pas de nulle part. » Les chasses aux sorcières existaient depuis toujours, Doryan ne pouvait pas l’ignorer. Le Blood Circle collaborait avec la Ligue de Salem qui brûlait des sorciers depuis des siècles, tout ça il devait le savoir. « Je pensais qu’elle n’était plus nécessaire… Qu’elle était obsolète. Maintenant… » Elle soupira, à court de mots et de moyen de faire comprendre son point de vue à Doryan. Maintenant elle ne savait plus trop parce qu'encore une fois, le premier réflexe des moldus en apprenant l'existence des sorciers était de vouloir les éliminer. Encore une fois l'histoire se répétait. Alors dans ces conditions, elle ne pouvait s'empêcher de se demander si la fin du secret magique était une si bonne chose que ça. Quelques années plus tôt, elle aurait répondu que oui, mais désormais elle voyait surtout que cela provoquait une guerre que rien ne semblait permettre d'apaiser.

Lorsque Doryan se leva, Soledad le regarda sans comprendre. Sûrement en avait-il marre de cette conversation, elle le comprenait, elle aussi était fatiguée de tout ça. Mais apparemment ce n’était pas ça. « Tu t’endors pas, parle moi d’un truc, même pas passionnant le dernier cocktail que tu as bu ? La dernière fois que tu as mangé de la glace au chocolat c’était quand ? » La mexicaine grimaça dans ses mains, elle n’avait pas envie de continuer à réfléchir mais elle devait bien admettre qu’il avait raison. S’il partait et que le silence s’installait, elle allait s’endormir, elle le savait. Malgré la douleur dans son crâne, elle avait les paupières lourdes et les yeux qui piquaient. Elle n’avait qu’une envie, se laisser aller au sommeil mais elle avait bien compris que ce serait prendre le risque de ne pas se réveiller. Elle fit donc l’effort de réfléchir à la première question du moldu. Elle ne voulait pas penser à la glace au chocolat, pas quand ça réveillait trop de leurs souvenirs à deux. « J’ai bu un mojito tout à l’heure, il aurait dû être plus chargé en rhum… » C'était dommage, ça l'aurait peut-être aidé à mieux supporter la douleur dans ses cotes et dans son crâne. Quoique, une agression en pleine rue, il n'y avait rien de mieux pour effacer les effets de l'alcool et dans tous les cas, elle serait revenue au même point. Désormais, son mojito bu en discutant avec ses amis lui paraissait bien loin, comme d'une autre époque. Il revint et posa des magazine sur la table. Repoussant sa lassitude, Soledad les observa et découvrit qu’ils étaient consacrés aux apprentis magiciens. Dans un autre contexte, savoir que Doryan possédait ce genre de lecture l’aurait fait sourire, là elle eut envie de lui dire de les cacher, que ça pouvait être dangereux pour lui si quelqu’un tombait dessus. Au final, elle se contenta de l’interroger du regard. « S’il existe ce genre de magazines, ça n’est pas pour apprendre comment massacrer des sorciers. » Elle fronça les sourcils, ces magazines dataient de bien avant le début de la guerre, ce n’était pas comparable. Elle doutait qu’ils soient toujours édités aujourd’hui, voire même acceptés. « C’est parce que des gens trouvent la magie cool. Ce n’est pas stupide de vouloir vivre ensemble mais vu que les sorciers ne nous font pas confiance, nous attaquent, difficile de se mettre à une table avec eux. Moi je serai pas rassuré. » Soledad soupira. Voilà, les sorciers étaient encore une fois les seuls méchants de l’histoire, ceux qui attaquaient en premier, ceux qui gâchaient tout. Les seuls à blâmer. Comme si l’Histoire n’était pas plus complexe que ça. S’il ne se mettait pas à la place des sorciers ce n’était pas juste parce que Doryan avait peur, c’était parce qu’il ne le voulait pas. « Tout ce que tu dis peut aussi être appliqué aux personnes sans magie. » Est-ce qu’il s’en rendait compte ? C’était sûrement plus facile de détourner le regard pour ne pas voir cette réalité. Pourtant, tout était transposable, d'un côté comme de l'autre. « Et je sais que certains Blood Circle trouveraient le moyen de gâcher les tentatives de paix. » Au moins ça il l’admettait.

Mais c’était loin d’être une victoire. « D’où l’idée des seringues anti-magie, je sais tu es contre, je me disais que s’il n’y avait plus de sorciers, les extrémistes n’auraient plus besoin de l’être… Est-ce que tu te sens privée de ta magie avec les balises anti-magie ? Si, non ça peut être une solution ? » La brune sentit son cœur sombrer une nouvelle fois dans sa poitrine. Il n’en démordait pas de son envie de priver les sorciers de la magie et cette idée ne cessait de lui faire mal. Encore une fois, tout ce qu’elle lui disait n’avait aucune importance, sauf que cette fois il ne s’agissait pas de confronter des idéaux et des faits, mais bien de s’en prendre aux sorciers. De s’en prendre à elle. « Une solution ? » Répéta-t-elle d’une voix blanche. Elle leva vers Doryan un regard où se mêlaient incrédulité et horreur. Il parlait d’eux comme s’ils étaient juste un problème à résoudre, un souci à effacer avant de pouvoir reprendre le cours de sa vie. Il parlait d’eux comme s’ils ne les considéraient même pas humains. « Vos balises nous rendent malades. » Souffla-t-elle, son regard planté dans celui du sorcier. Peut-être même qu’elles finiraient par causer la mort de sorciers. Soledad ignorait par quel miracle elle n’en avait pas encore subi les effets néfastes, mais sûrement viendrait un jour où ça serait le cas. Et c’était ça, sa solution miracle ? Doryan disait vouloir aider des autres, mais ce qu’il proposait finissait toujours par blesser les sorciers. « Tu ne comprends pas l’étendue de ce que tu veux nous arracher. » Non, il ne pouvait pas comprendre, et c’était normal, il n’était pas né avec de la magie. Mais Soledad voyait aussi qu’il ne faisait pas l’effort de tenter de comprendre. Elle lui disait que sa magie était une part d’elle et lui continuait de chercher le moyen de les en priver. Il ne comprenait pas et ça lui brisait le cœur. « C’est pas une solution, c’est… C’est une mutilation, Doryan. Nous enlever notre magie c’est nous enlever une part de nous. »

Un profond sentiment d’impuissance enserra le cœur de Soledad. Est-ce qu’il ne pouvait pas comprendre, ne voulait pas comprendre, ou s’en fichait complètement ? Elle avait du mal à savoir et cette incertitude la rendait malade. Savoir que celui avec qui elle avait partagé tant de temps, à qui elle s’était tant attachée, voulait arracher leur magie aux sorciers la rendait malade. Parce que ça voulait dire qu’il voulait lui arracher sa magie à elle aussi, que leurs mois ensemble n’avaient eu aucune importance. « C’est… Je… Je peux même pas y penser. » Souffla-t-elle finalement, le cœur au bord des lèvres. Elle déglutit difficilement, reprit une respiration saccadée. « M’imaginer sans ma magie c’est… C’est au-delà de mes forces. » Ca la rendait malade, ça la rendait chaque seconde encore plus mal. La douleur tapait sous son crâne, mêlée à la fatigue, elle la rendait nauséeuse et toute cette conversation en forme de montagne russe était loin de l’aider. « Est-ce qu’on peut parler d’autre chose ? » Demanda-t-elle en levant des prunelles vacillantes sur Doryan. Craignant qu’il ne refuse et ne préfère continuer à la confronter, elle reprit. « S’il-te-plait. » Elle n’en pouvait plus de cette conversation, d’imaginer ce qu’elle ressentirait si sa magie lui était enlevée. Elle ne voulait plus penser à ça, plus se dire que pour certains ça apparaissait comme une solution. Que c’était ce qu’ils voulaient. Elle voulait la paix, mais pas à ce prix. Soledad était fatiguée, mais pas juste de cette discussion. De tout. De cette guerre, du vide qu’elle ressentait depuis leur séparation, de la douleur et de la tristesse. « J'en peux plus Doryan, je vais pas tenir. » Même elle avait du mal à déterminer de quoi elle parlait exactement. De cette nuit, de la souffrance, de la fatigue, des incertitudes… Sûrement un peu de tout à la fois. Mais elle n’avait d’autre choix que de se confronter à tout ça, elle ne pouvait échapper à rien. Ni aujourd’hui, ni demain.

Alors, la seule solution c’était qu’ils continuent à parler. De tout, de rien, d’eux et des autres. De tout ce qu’ils n’avaient pas pu se dire, des idées qu’ils avaient différentes, des visions sur lesquelles ils pouvaient s’accorder, celles sur lesquelles ils se confrontaient. Tout pour que la nuit passe plus vite et que peut-être, peut-être, ils trouvent une manière de se comprendre un peu plus. Juste un peu. Jusqu’à ce que le lendemain les sépare de nouveau.

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