Le village du Père-Noël 2015

D’aussi longtemps que je me souvenais, j’allais au village du Père-Noël avec mes parents. Ainsi, ce décembre 2015 ne faisait pas exception à la règle. Sûrement, père et mère m’y avaient emmené bien avant que ma mémoire puisse s’en rappeler. Apparemment, j’avais près d’un an lorsque je vis le Père-Noël pour la première fois. Ma mère m’avait alors dit que je fus un merveilleux petit ange calme et souriant. Elle avait aussi clamé la fierté de mon père quant à mon comportement. Que j’étais un véritable Kane. On n’avait pas à me le dire deux fois. Je ne cherchais que l’approbation de mon père. Qu’il soit fier de moi, qu’il me voit tel son digne héritier. C’était si dur d’être un Kane. Je passais mon temps entre les bouquins de droit et les entraînements spartiates du Blood Circle. Déjà, j’étais allé chasser du sorcier. Déjà, je fus revenu avec des cicatrices sur tout le corps. Pas que je n’aimais suivre le chemin m’étant destiné, car tuer m’horripilait au plus haut point. Donc, je manipulais mes collègues en récompenses pour qu’eux obtiennent le gros lot.

Aujourd’hui, je préférais donc penser à Sarah que je rencontrais hier soir dans un bar. Délicieuse créature. Dieu soit loué père et mère ne pouvaient actuellement pas lire mes pensées. En effet, père, mère, Calista et moi étions tous les quatre sur une petite scène extérieure aménagée exprès pour nous au village du Père-Noël, moi vêtu sobrement emmitoufler dans un manteau bleu marine qui ne semblait même pas arriver à taire l’humidité du moment. Nous formions, en apparence, une famille soudée. En tant qu’avocat émérite du cabinet le plus notoire à Londres, – celui que j’allais intégrer à la fin de mes études – père avait eu la chance de faire le discours d’introduction devant tous les employés et leurs familles. C’était un rendez-vous annuel de l’entreprise. Les enfants auront, par après, droit à rencontrer le Père-Noël et obtenir un cadeau de lui.

Fébrile et fier de me tenir sur cette scène, j’écoutais. Je mémorisais tout ce que père disait pour pouvoir faire de même à mon tour tout en surveillant, du coin de l’œil, ma jeune sœur Calista. Calista pourrait être le mouton noir de la famille. La jeune fille qui ne semblait pas apprécier s’habiller comme le reste de la famille et au comportement plus difficile. Pour moi, toutefois, ce n’était pas ça. J’adorais ma sœur et je m’en faisais toujours pour elle. Elle était si différente des gens alentours. Elle me faisait peur, mais en même temps, j’avais cette envie inexorable de la protéger, de l’amener contre moi. D’empêcher quiconque pourrait s’en prendre à elle. Comme à son école. Justement, père terminait son discours qu’un regard vers elle, je ne l’a voyait plus près de moi. Oubliant complètement mes parents et tous les autres employés, je descendis de la scène commençant à la chercher partout. Heureusement, le soleil était bien présent ce qui rendait ma tâche plus facile.

- Calista ! Attends …

Lâchais-je aussitôt que je vis le dos de son corps frêle d’adolescente un peu plus loin dans la foule. À gauche, il y avait des jeux gonflables pour enfants et à droite quelques stands pour manger. Plus loin se trouvait la file, déjà longue à 11 h du matin, menant à rencontrer le Père-Noël. Je me mis à courir m’excusant par à coups lorsque j’heurtais une personne ou une autre.

Enfin, j’atteignis Calista l’agrippant légèrement pour la tourner vers moi. Aussitôt, je souris avec malice inspiré par une blague dont, sûrement, elle pensait que j’étais le seul à connaître. Je savais bien que ce serait à mon grand malheur, mais je ne pouvais pas m’empêcher de rigoler.

- Es-tu si hâtive de voir le Père-Noël que tu ne pouvais pas attendre que père ait finit de parler ?

Je savais parfaitement que ce n’était pas ça. Je savais qu’elle s’ennuyait plutôt. Enfin, comme moi. Au fond de moi, j’étais lassé de ces discours emplis d’hypocrisie, mais je ne voulais pas me l’avouer. En tout cas, pas encore parce que quelques années devaient suffire.