Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
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Dim 27 Nov - 19:21
Entre deux mondes
Kayla ◊ Hestia
Deux mondes, une seule famille laisse ton cœur et le destin guider toutes ces vies
fin mars 2021
Devant Hestia se tenait une maison. Une maison qui n'avait pas grand-chose de spécial, à bien y réfléchir, qui ressemblait à de nombreuses autres. Une demeure simple de la banlieue de Londres, bien loin des bâtisses démesurées que la Serpentarde avait connue pendant toute son existence. Entre ces murs il n’y avait certainement pas de tableaux hors de prix, d’elfes de maisons qui se pliaient en quatre ou de silences si lourds qu’ils en étaient presque menaçants. D’un coup d’œil, la verte pouvait déjà sentir que cette maison était aussi éloignée que possible de celle dans laquelle elle avait grandie. Même d’extérieur, elle avait l’air chaleureuse, le petit jardin qui bordait la clôture était fournis et bien entretenu et la lumière qui filtrait par les fenêtres semblait appeler quiconque la regardait à s'approcher. Hestia pouvait presque imaginer la famille qui vivait là se retrouver autour d’un bon repas et d’une conversation animée, elle entendait presque les plaisanteries et les rires. Une scène à laquelle elle n’avait jamais assisté dans la maison des Carrow. C’était un univers à mille lieux de celui qu’elle avait toujours connu, elle en était sûre. Mais elle ne savait pas trop ce que cette pensée réveillait en elle. Une chose était sûre, alors que les prunelles de Hestia contemplaient la maison qui lui faisait face, une seule question ne cessait de lui tourner en tête. Mais qu’est-ce qu’elle fichait là ? Sérieusement, elle se demandait bien ce qui lui avait pris d’accepter l’invitation de Kayla et de l’honorer. Quand sa cousine était venue lui demander de l’aide avec sa potion pour terminer sa formation d’animagus, Hestia ne s’était pas attendue à ce que ça la mène là. Kayla avait affirmé vouloir qu’elles apprennent à se connaitre et sans trop savoir pourquoi, la verte avait accepté. Aux risques et périls de la Gryffondor avait-elle cependant pris la peine de préciser. Elle était bien consciente que son caractère était presque diamétralement opposé à celui de sa cousine et elle n’avait jamais eu l’intention de le cacher.
En toute honnêteté, Hestia s’était attendue à ce que Kayla jette l’éponge et qu’une fois sa potion prête, elle ne cherche plus à s’approcher d’elle. La Serpentarde s’y serait faite, non seulement elle savait que son caractère revêche pouvait en décourager plus d’un, mais surtout elle était habituée à ce qu’on lui tourne le dos. Elle n’aurait pas été surprise que Kayla déclare simplement que finalement elles n’étaient pas faites pour s’entendre. Après tout, qu’est-ce qu’une Gryffondor aussi solaire qu’elle pourrait bien lui trouver ? Non, vraiment, Hestia ne voyait pas. Elles étaient cousines, certes, mais pendant des années ça n’avait pas voulu dire grand-chose alors la verte ne s’était pas attendue à ce que cela change du jour au lendemain. Elle ne comprenait pas pourquoi ça aurait été le cas. Pourtant Kayla s’était accrochée. Hestia devait bien l’avouer, la Rausale possédait au moins autant de ténacité qu’elle. La lionne était venue au Purple Vial, un samedi comme elle l'avait annoncé pour acheter auprès d'elle les ingrédients nécessaires à sa potion. Puis, une fois que tout avait été rassemblé, elle n'avait pas bronché quand Hestia lui avait imposé une date pour la confection de son mélange. Même pendant ces moments passés ensemble, alors que la Serpentarde savait très bien qu'elle avait davantage donné des consignes que participé à la conversation, Kayla n'avait apparemment rien trouvé à y redire. Quand Hestia lui avait fait peser trois fois de suite le même ingrédient parce que le résultat ne lui convenait pas, elle n'avait rien dit. Quand elle lui avait fait remarquer que si elle continuait de manier son couteau avec autant d’adresse qu’un enfant elle allait finir avec un doigt en moins, elle n’avait rien dit. Si elle n'avait pas fait preuve de mauvaise volonté, Hestia n'avait pas non plus tenté de se rendre plus agréable, elle avait lutté pendant bien trop longtemps pour se rendre à la hauteur des exigences de ses parents, elle ne ferait pas la même erreur une seconde fois. Si Kayla souhaitait réellement la côtoyer, qu'elles se rapprochent, alors c'était la véritable Hestia qu'elle devait apprendre à connaitre.
Et apparemment ça n’avait pas fait peur à sa cousine. Certes, elle avait été répartie chez les courageux Gryffondor, mais tout de même. Hestia ne s’y était pas vraiment attendue. Une fois la potion réalisée, Kayla n’avait pas cherché à ce que leurs chemins se séparent de nouveau, bien au contraire. Apparemment, elle avait dit vrai lorsqu’elle lui avait affirmé vouloir apprendre à la connaitre. Et si Hestia continuait de trouver ça étrange, elle s’y était fait, mieux elle n’avait jamais cherché à repousser Kayla. De simples salutations dans les couloirs à des bavardages dans la grande salle, les cousines avaient finalement réussi à créer ce lien qui leur avait tant fait défaut pendant des années. C’était ténu et sûrement pas grand-chose, mais c’était un début. Hestia se surprenait à apprécier la présence de sa cousine, qui lui faisait l’effet d’un bol d’air frais dans son existence pas toujours très réjouissante. A croire qu’elle était vouée à avoir des cousines qui lui étaient diamétralement opposées, entre Maëlle et Kayla, elle avait de quoi faire. Mais bizarrement, ça ne la dérangeait pas vraiment. Comme quoi tout était possible. Quand Hestia était allée trouver la Gryffondor pour lui demander comment sa tentative de devenir animagus s’était déroulée, elle avait été ravie d’apprendre que tout s’était déroulé à merveille. Les félicitations qu’elle avait adressées à Kayla avaient été sincères. Si Hestia s’était imaginé que cette conversation s’arrêterait là, elle avait eu la surprise d’entendre la lionne l’inviter à un repas de famille. Une manière de la remercier de son aide, lui avait-elle dit. Une invitation qui avait pris la verte au dépourvu. D’abord hésitante, et aussi un peu récalcitrante, Hestia avait fini par accepter, se raccrochant à l’idée que Thalia serait certainement là et qu’ainsi ce moment serait possiblement moins gênant avec sa sœur à ses côtés. Pour déchanter presque aussi vite quand, deux jours plus tard, Thalia lui avait annoncé qu'elle ne pourrait se libérer pour le repas.
Maintenant, Hestia faisait face à la maison des Rausale, et alors que l’heure du rendez-vous venait de sonner, elle continuait d’hésiter. Ce dîner était-il vraiment une bonne idée ? Elle n'en savait rien et détestait être dans le flou de la sorte. Certes, elle s’était rapprochée de Kayla, mais ce n’était pas grand-chose et elle ne connaissait absolument pas sa famille. Et puis bien sûr, il ne fallait pas oublier que la mère de la lionne n’était autre qu’une Carrow qui avait choisi de tourner le dos à sa famille, nul doute qu’elle ne devait pas porter les autres représentants de la famille dans son cœur. Hestia ne voyait pas trop pourquoi elle serait épargnée. Après tout, pendant des années elle avait joué la parfaite sorcière de sang pur et avait sciemment ignoré sa cousine alors sa tante aurait tous les droits de lui être hostile. La verte sentit le pessimisme la gagner, ainsi qu'une pointe de nervosité. Franchement, tout ça était une mauvaise idée, non ? Qu'est-ce qu'elle faisait là au juste ? Si Kayla souhaitait la remercier de son aide, quelques mots suffisaient, Hestia n'en demandait pas plus. Elle avait même refusé que la lionne la paye pour la confection de la potion, la laissant juste couvrir les frais des ingrédients nécessaires. Ce repas était une mauvaise idée, d'ailleurs Hestia ne savait pas bien pourquoi elle avait accepté au juste. Sûrement un moment de faiblesse. Elle allait certainement le regretter, elle ne voyait pas d'autre issue possible. Elle s'apprêtait à entrer dans la demeure d'une famille qui devait certainement mépriser les sangs purs, et plus particulièrement les Carrow. Sûrement à raison. Elle n'avait pas besoin de s'infliger ça. Peut-être n'était-il pas trop tard pour faire demi-tour. Envoyer un hibou de dernière minute à Kayla, trouver une excuse, n'importe laquelle, pour se sortir de là lui semblait soudaine une idée fort intéressante.
Une idée qu'elle ne put jamais mettre en pratique. Trop plongée dans ses pensées, et surtout dans toutes ses hésitations, Hestia n’entendit pas la porte de la maison s’ouvrir. Elle qui était pourtant à moins de quatre mètres, c’était un comble. « Tu peux sonner tu sais, les sonnettes moldues n’ont jamais mangé personne. » Hestia retint un sursaut alors qu’elle s’extirpait brutalement de ses pensées. Elle se figea lorsque ses prunelles se posèrent sur une femme brune qui se tenait dans l’encadrement de la porte d’entrée. Sans un mot, la verte l’observa, il lui fallut une seconde pour réaliser qu’elle rencontrait pour la première fois celle qui était sa tante. Thémis, si ses souvenirs étaient bons. Celle que, dans d’autres circonstances familiales, elle aurait pu avoir côtoyé toute sa vie. Celle qu’elle avait du mal à relier au nom de Carrow tant son sourire chaleureux dénotait avec ce patronyme. « Bonsoir, Hestia n’est-ce pas ? » La Serpentarde prit conscience qu’elle était restée plantée là sans bouger ni prononcer le moindre mot. Elle se sentit aussitôt stupide, ce qui ne fit rien pour arranger sa nervosité. Ils étaient passés où les conseils qu’Elise avait pu lui donner ? C’était une bonne question. Une profonde inspiration plus tard, Hestia se força à avancer vers la Rausale. « Bonsoir. » Malgré ses épaules trop raides, elle afficha un sourire polit, et s’interdit de se demander ce que la sorcière avait bien pu entendre sur son compte. Il y avait des choses qu’il valait mieux ignorer. « Hum... Oui, c'est bien ça. » Acquiesça-t-elle. Arrivée au niveau de celle qui était sa tante, Hestia ne sut quoi faire exactement. Elle avait suivi les conseils d’Elise et dans son sac se trouvait une bouteille de vin blanc tu crois quoi à offrir aux Rausale pour les remercier de leur invitation -même si celle-ci la laissait toujours aussi perplexe- mais le moment lui semblait mal choisi pour la sortir. Un instant son regard se balada nerveusement autour de la brune. Finalement, elle s’abandonna aux habitudes laissées par son éducation de sang pur et tendit la main en direction de sa tante. « Enchantée. » Par Merlin, elle était où Kayla quand on avait besoin d’elle ?
CODAGE PAR AMATIS
'Cause there were pages turned with the bridges burned
Kayla Rausale
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Mar 6 Déc - 17:03
Là-bas entend la voix qui t'appelle Deux mondes, une seule famille Domicile des Rausale, Fin mars 2021
« Mais t’es sérieux ? C’est vraiment une idée pourrie ! » dis-je en riant tandis que Lyam me vantait les mérites d’un nouvelle animation proposée par la ville pour les enfants de moins de dix ans. Un vieux truc moisi avec un clown qui fait des blagues tout aussi pourries et d’autres stands dont aucun ne me semblaient reluisants sur le papier. « Si tu veux que j’amène ta fille à ce truc, il faudra me payer cher ! » Un sourire éclatant s’était installée sur mon visage tandis que la conversation se poursuivait avec de nombreuses taquineries. Il fallait dire qu’aucun de nous n’avait vraiment envie de lâcher l’affaire et que nous étions deux entêtés qui aimaient débattre pour des choses aussi futiles que le programme du samedi après-midi. Pour une fois que Lyam ne travaillait pas, c’était un comble. « Je préférerai autant aller à cette manifestation sportive de l’été à laquelle nous nous étions retrouvés l’an passé. » Cet évènement ravivant en nous de tendres souvenirs, Lyam attrapa mes poignets et me tira vers lui pour m’offrir un doux baiser auquel je ne pus résister longtemps. Vaquant ensuite à nos occupations aherm, je fermai les yeux quelques instants jusqu’à ce que la voix de Lyam ne me réveille : « T’avais pas un repas de prévu toi ? » Ouvrant soudainement les paupières, je m’écriai : « Putain, je vais me faire tuer. » Filant dans la salle de bain, me faufilant dans la douche sous laquelle je ne passai que quelques minutes, je sortis essoufflée de la cabine. Je nouai mes cheveux en deux chignons au-dessus de ma tête avant de me saupoudrer rapidement le teint avec de la poudre et de teinter mes lèvres d’un rouge écarlate. J’enfilai ma tenue à une vitesse incroyable avant de rejoindre Lyam dans le salon pour l’embrasser avant de partir : « Tu veux que je te dépose ? Tu iras plus vite qu’en transport en commun. » Faisant mine de réfléchir -tout en sachant très bien que non, je n’irai pas plus vite en voiture qu’en transplanage-, je lui répondis : « T’en fais pas, ça fait partie de mon charme d’être en retard. À plus tard ! » J’attrapai mon sac sur le porte-manteau avant de faire mine de me diriger vers la bouche de métro la plus proche. Une fois seule dans une ruelle, je me dissimulai dans un coin sombre afin de transplaner sans risque dans le quartier résidentiel de mes parents. Pour plus de facilité, je décidai d’atterrir directement dans ma chambre, ce que je faisais très régulièrement et ce qui ne me mettait pas en danger. Après tout, j’étais chez moi et c’était vraiment idiot de vouloir absolument arriver par la porte.
Je sortis de ma chambre rapidement pour me faufiler dans le salon l’air de rien genre « Ah mais j’étais là depuis le début ! » même s’il y avait peu de chance pour que cela fonctionne étant donné que j’avais dix bonnes minutes de retard et que j’entendais déjà les voix de ma mère et de ma cousine dans la salle à manger. Hestia allait me tuer. Même si j'étais plus ou moins à l’initiative de ce repas, j’avais laissé honteusement mes parents gérer la partie organisationnelle liée au menu et au reste. Lorsque j’avais évoqué avec ma mère le fait qu’Hestia m’avait beaucoup aidé pour ma potion d’Animagus et que j’étais ravie que notre relation prenne un tout autre tournant, elle avait commencé à me tanner pour qu’elle vienne à la maison sous prétexte que ce serait sympa que Thalia et Hestia se voient et patati et patata, comme si les deux sœurs Carrow ne pouvaient pas trouver d’autres endroits que notre domicile pour se rencontrer. J’avais rapidement compris qu’il ne s’agissait là que d’une fausse excuse et qu’elle mourrait envie de connaître la jeune femme surtout après l’affection qu’elle portait à Thalia depuis que l’ancienne Gryffondor vivait une bonne partie de la semaine dans leur maison. Depuis que j’étais avec Lyam, j’étais devenue un véritable courant d’air et ma mère m’avait à plusieurs fois fait remarquer à quel point la présence de Thalia, qui avait tout fait pour demeurer discrète afin de ne pas envahir mes parents, lui était d’un profond réconfort. Il fallait dire que ma mère, comme mon père d’ailleurs, étaient très enthousiastes dès que cela touchait à la famille. Ma maman, née Thémis Carrow cette fois je me goure pas lol n’avait jamais trouvé en ses liens de sang une accroche suffisante ; elle rêvait d’un monde sans préjugés, ni a priori. Dans une famille telle que la sienne, épouser un né-moldu la condamna immédiatement au bannissement de la famille et de l’arbre généalogique. Toutefois, elle n’avait jamais vraiment perdu espoir et avait toujours conservé le secret espoir qu’un jour, elle pourrait renouer avec une autre branche de la famille Carrow, une branche plus évoluée sur les mœurs actuels. Alors lorsque je lui avais parlé de mon affection pour Thalia, elle avait vu là une brèche s’entrouvrir. Et même si mes liens avec Thalia étaient solides et dataient de la première année à Poudlard, les relations avec Hestia avaient toujours été beaucoup plus ténues.
Pour autant, c’était vers elle que je m'étais tournée lorsque j’ai eu besoin d’aide avec ma potion. Il y avait deux raisons à cela : les talents d’Hestia d’une part et ma volonté de renouer avec elle d’autre part. Et dans la confection de la potion, je me suis évertuée à être la meilleure assistante du monde alors même que les exigences d’Hestia avaient mis mes nerfs à rudes épreuves ( « Les racines sont trop longues. » puis « Les racines sont trop courtes »). Un véritable enfer. Mais j’avais tenu bon, si elle estimait que certains ingrédients étaient mal taillés, je recommençais sans m’agacer parce que dans une potion aussi importante que celle-là, il fallait être précis et c’était probablement la raison pour laquelle j’avais toujours été nulle dans cette matière puisque j’estimais souvent qu’une herbe de 6g au lieu de 5g ne changerait pas grand-chose à la potion finale. C’était loin d’être le cas, en réalité. Et en définitive, nous avions réussi. Je n’avais été que les petites mains dans cette confection mais nous étions arrivées au bout de notre mission. Et après cela, j’avais revu Hestia à quelques reprises, la remerciant à nouveau après ma transformation qui fut un véritable succès, discutant de temps à autres au détour d’un couloir ou à la sortie d’un cours, bref, quelque chose se passait entre nous. C’était fragile, c’était presque impalpable. Et pourtant, elle avait accepté l’invitation à souper. J’imaginais sans aucun mal qu’elle avait espéré que Thalia soit présente, ce qui aurait rendu les choses plus simples. Mais Thalia et Jonas étaient occupés ailleurs, ailleurs avec je ne savais qui et je ne savais où probablement dans un lit et que tous les deux si vous voulez mon avis mais ce n’est que le mien ahah. Alors que je dévalai l’escalier à une vitesse incroyable, mes yeux accrochèrent la scène à laquelle j’étais exposée avec une assez grande surprise. Hestia était déjà installée dans le canapé du salon et mes parents avaient déjà commencé à servir l’apéritif. « Ah bah quand même ! » bougonna mon père tout en se levant. « Franchement, t’as pas honte ?! » demanda ma mère en ne me laissant même pas le temps de me justifier mais les sourires qui s’étaient installés sur leur visage n’évoquaient aucune animosité, seulement de l’amusement, comme si c’était habituel. Et cela l’était. « Qui t’a retenu ? Lyam, Maxime ou Eirian ? » Je n’eus même pas le temps d’en placer une que mon père ajouta : « Je ne connais pas bien Eirian mais je suis certaine que ce n’est pas lui, il est bien trop poli pour ça. » Je levai les yeux au ciel en approchant de mon père qui m’embrassa tendrement la cime des cheveux. « Moi je parie sur Maxime, elle est tout le temps en retard, elle aussi. Lyam aime la ponctualité lui. » Je riais, amusée de la tournure que prenait mon arrivée et laissai planer le doute après voir enlacée ma mère : « Ceci restera un mystère. » Mon père regarda ma mère et il lui dit : « Elle a les cheveux mouillés. » Comprenant immédiatement où celui-ci voulait en venir, elle ajouta : « Elle a pris une douche. » En cœur, ils pestèrent contre Lyam et ses mauvaises manières alors que je jetai un regard absolument désolée à ma cousine dont les yeux me fusillaient du regard. Je m’installai auprès d’elle en veillant à respecter son cercle d’intimité et je lui murmurai : « Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolée pour mon retard. Je n’ai pas vu l’heure passer. Tu peux me taper pour te défouler si tu veux, je t’autorise. » Puis, me tournant vers mes parents, constatant que si Hestia avait été ponctuelle, cela leur avait laissé bien dix minutes pour la cuisiner, je demandai : « L’interrogatoire est déjà terminé où bien j’arrive pile au bon moment ? » Thémis leva les yeux au ciel en disant : « Ma chérie, ceci restera un mystère. » Elle laissait ainsi planer le doute sur les quelques minutes passées avant mon arrivée, me punissant tacitement d’être en retard. « Quérida, nous sommes des gens civilisés, l’interrogatoire ne débutera qu’au dessert. » Qu’ils étaient agaçants mes parents. Mais qu’est-ce que je les aimais. Voulant attirer l’attention sur autre chose que moi-même, j’attrapai la bouteille de vin blanc ouverte sur la table et dont le contenu avait déjà rempli trois verres. « Oh chouette, merci maman !» « C’est un cadeau d’Hestia. » Je me tournai vers ma cousine avant de dire : « Tu vois, ça c’est un trait de famille ! » Le goût pour l’alcool ? Bien évidemment. « Tu as trouvé facilement l’adresse Hestia ? » De mémoire, ce n’était pas si souvent qu’elle s’aventurait dans la banlieue londonienne.
Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Lumos Je rp en : #107058 Mon allégeance : ma soeur Thalia et moi-même. C'est déjà pas mal
Dim 22 Jan - 17:18
Entre deux mondes
Kayla ◊ Hestia
Deux mondes, une seule famille laisse ton cœur et le destin guider toutes ces vies
Par Merlin, mais où était Kayla ? Comment est-ce qu’elle pouvait être en retard dans sa propre maison, suite à sa propre invitation ? Hestia ne comprenait pas et plus les secondes filaient, plus elle se sentait sur les nerfs. Se trouver dans la maison des Rausale n’était pas son idée à elle, pas son plan à elle, rien de tout ça n’était pour la mettre à l’aise. Ca avait déjà été une déconvenue d’apprendre que Thalia ne serait pas présente, mais si Kayla se la jouait absente aussi, ça n’allait clairement pas le faire. Les secondes s’égrenaient et la Serpentarde se demandait de plus en plus ce qu’elle faisait là, pourquoi elle avait accepté cette invitation qui maintenant lui paraissait être la pire idée au monde. Elle, Hestia Carrow, dans la maison de sa tante reniée ? Quelle bonne blague. Comme si quoi que ce soit de positif pouvait ressortir de cette soirée. Encore moins si sa cousine se la jouait retardataire. La Serpentarde n’arrivait pas à croire, maintenant elle se retrouvait seule face à une famille qu’elle n’avait jamais connue et qui était certainement pleine de préjugés à son égard. Oh, pas que ce serait à tort, Hestia savait bien qu’elle n’était pas comme Thalia, qu’il était bien plus facile d’ouvrir les bras à sa sœur qu’à elle, mais tout de même. Elle avait accepté cette invitation sans trop savoir quoi en penser, mais pas un seul instant elle n’avait imaginé se retrouver seule. C’était une situation terriblement gênante dont la verte ne savait que faire. Pourtant elle était rôdée à l’exercice social. Les réceptions, les dîners, les invités, tout ça elle maîtrisait sur le bout des doigts. Mais se retrouver seule à un dîner en famille, pire, face à une famille dont elle ignorait tout et dont elle doutait que le nom de Carrow résonne favorablement à leurs oreilles, c’était nouveau. Et particulièrement inconfortable.
Mais ce qui était encore incompréhensible à ses yeux, c’était que si elle s’irritait du retard de Kayla -en même temps quelle idée de l'inviter et de ne pas être là- ça ne semblait pas être le cas des Rausale. Apparemment, que leur fille soit en retard ne leur posait pas réellement de problème. Du temps où elle vivait encore entourée des Carrow, jamais Hestia ne se serait risquée à arriver en retard à un dîner, encore moins s'il était organisé par ses parents, même de quelques minutes seulement, les répercussions auraient été bien trop désagréables. Si l’amour n’avait jamais été la priorité chez les Carrow, loin de là, la politesse et l’image, oui, alors un tel comportement aurait été inacceptable. Ca faisait partie de ces choses si profondément ancrées dans Hestia que même après avoir tourné le dos à ses parents, elle ne parvenait pas totalement à s’en détacher. Alors automatiquement, le spectacle qui se jouait là, sous ses yeux, lui paraissait presque incongru, complètement déplacé. Les Rausale ne s’inquiétaient pas de l’absence de Kayla, ne s’agaçaient pas de son retard, ne semblaient même pas chercher à la contacter pour s’assurer qu’elle les rejoindrait au plus vite. Ce n’était pas comme s’ils s’en fichaient, mais ils prenaient tout ça à la légère, ils l’acceptaient avec une résignation même pleine d’affection, et Hestia ne parvenait pas à s’y faire. Certes, être en retard n’était pas la fin du monde, ça ne faisait pas si longtemps que ça qu’elle était arrivée, mais se trouver dans une atmosphère familiale où tout ne se jouait pas sur les apparences et sur l’opinion des autres n’était vraiment pas dans ses habitudes. Une famille détendue, qui prenait les choses avec philosophie, voire même avec amusement, ce n’était pas ce qu’elle avait connu. Et Hestia devait avouer que ça la désarçonnait totalement.
Un peu par réflexe, la Serpentarde s’était laissée entraînée par les Rausale. Son oncle et sa tante. Il allait falloir qu’elle se le rappelle régulièrement parce que ça ne lui semblait vraiment pas naturel de considérer ces deux personnes inconnues comme des membres à part entière de sa famille. De sa famille proche même. Voilà ce qu’il arrivait quand on se retrouvait renié d’une famille de sang-pur, on perdait des proches mais on en redécouvrait aussi d'autres. Un aspect de son nouveau quotidien auquel Hestia n’avait pas pensé. Si Thalia s’était tournée naturellement vers Kayla et ses parents une fois sortie de Poudlard, Hestia n’y aurait certainement jamais songé. Son lien avec Kayla était inexistant, par sa faute elle ne le niait pas, mais tout de même. Alors pourquoi aurait-elle fait ça ? Elle avait encore assez d’amour propre pour ne pas souhaiter se faire fermer une porte au nez, merci bien. Pourtant, si elle était là ce soir, c’était à l’invitation des Rausale. De cette tante qui s’était vue rejetée par les Carrow parce que son cœur n’avait pas choisi un sang-pur. De cet oncle qui avait été jugé indigne juste parce que son sang n’était pas à la hauteur des exigences de cette famille. Cette famille dont Hestia portait toujours le nom, dont elle avait été membre jusqu’à pas si longtemps que ça. Ils auraient eu tous les droits, toutes les raisons, de refuser d’entendre parler d’elle, de ne plus vouloir avoir à faire aux Carrow. Surtout alors qu'elle n'avait jamais cherché à tendre la main à leur fille. La Serpentarde n’aurait pu que le comprendre et l’accepter. Pourtant, ce n’était pas le cas. Loin d’alimenter la rancœur à laquelle ils avaient le droit, ils lui ouvraient leur porte et leurs bras. Ce qui serait sûrement un geste touchant pour d'autres, était surtout incompréhensible pour Hestia.
Sans avoir le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait, Hestia s'était retrouvée entrainée à la suite de sa tante dans la maison. Celle-ci c'était saisie de sa main pour la serrer, et ne l'avait plus lâché qu'une fois Hestia dans l'entrée de la demeure. Maintenant faire demi-tour était inenvisageable, à moins de chercher à blesser toute la famille, ce qui, malgré son inconfort était bien la dernière chose que voulait la Serpentarde. Toute possibilité de fuite fut définitivement hors de portée de la verte quand le père de famille arriva à son tour, Adrian si les souvenirs de Hestia étaient bons. L'homme lui avait adressé un sourire franc auquel Hestia avait répondu en remerciant les Rausale et en leur tendant la bouteille de vin qu’elle avait acheté sur les conseils d’Elise. En moins de temps qu'il n'en fallait pour dire Poudlard la Serpentarde s'était retrouvée dans le salon familial, assise au bord du canapé comme si ça pouvait lui donner la moindre chance de s'enfuir. Autour d'elle, les Rausale s'étaient affairés un instant, sortant des verres et des petites choses à grignoter auxquelles Hestia savait déjà qu'elle ne toucherait sûrement pas. Pas par impolitesse ou manque de confiance, mais parce que malgré les mois loin de sa famille, les critiques dont sa mère l'avait abreuvé toute son enfance étaient toujours gravées dans un coin de sa tête. Il lui semblait qu'une éternité était passée quand enfin Kayla fit son apparition. Hestia observa les Rausale râler sur leur fille sans pour autant y mettre beaucoup de conviction, montrant qu’ils étaient décidemment bien différents des Carrow. Ils se mirent à parler à toute vitesse entre eux, plaisantant finalement à propos d’un certains Lyam. Au fil de la conversation, Hestia comprit qu’il s’agissait certainement du petit ami de sa cousine. Ca faisait sens, il était toujours préférable de passer du temps avec son copain plutôt qu’avec elle. Assister à une dynamique familiale aussi différente de la sienne était déroutant et surtout, la fit se sentir en total décalage, ça n’aurait jamais été ainsi chez elle.
En bonne spectatrice qu’elle était, Hestia garda le silence, peu désireuse de s’insinuer dans cet instant familial en total opposition avec ce qui avait été autrefois son quotidien. Elle se contentait de suivre Kayla du regard, la fixant avec une irritation qu’elle ne cherchait pas à camoufler. De toute façon, la petite famille était trop occupée à plaisanter ensemble pour le remarquer. « Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolée pour mon retard. Je n’ai pas vu l’heure passer. Tu peux me taper pour te défouler si tu veux, je t’autorise. » Kayla venait de s’assoir à ses côtés. Face à ses murmures empressés, Hestia pinça les lèvres. Si les deux étudiantes n’avaient pas commencé à se lier ces derniers mois, la verte se serait certainement demandé si sa cousine n’avait véritablement pas vu l’heure passer, ou si elle n’avait pas voulu la voir passer afin d’ignorer l’instant de se retrouver. Mais Hestia avait le sentiment qu’elles avaient réussi à dépasser ce stade, certes sûrement de peu, mais tout de même. Alors au lieu de se montrer amère, elle choisit plutôt de rebondir sur les derniers mots de la lionne. Elle se pencha légèrement vers sa cousine, optant pour le murmure à son tour. « Je ne te frapperai pas, tes parents sont là. Peut-être que je réfléchirai à une vengeance plus tard. » Parce que son retard était quand même tombé des plus mal et que si sa raison était qu’elle n’avait juste pas vu l’heure passer parce qu’elle était en compagnie de son petit ami, alors Kayla aurait pu faire un effort. Ces dix minutes de retard n’étaient peut-être pas grand-chose, sûrement qu’un autre invité les aurait balayés d’un geste de la main, mais ça avait été dix minutes où la Serpentarde s’était sentie terriblement mal à l’aise, alors elle ne les oublierait pas.
« L’interrogatoire est déjà terminé où bien j’arrive pile au bon moment ? » Hestia fronça les sourcils. Quoi ? Etait-ce une blague ou une sorte de tradition familiale où chaque nouvel invité devait répondre à des questions tordues. La verte aurait dû interroger Thalia à ce sujet, ça lui aurait éviter de regarder les Rausale avec suspicion. Il fallait dire qu’elle ne les connaissait pas, alors lire leurs expressions était difficile. Est-ce qu’ils plaisantaient ou étaient sérieux, Hestia ne parvenait pas à trancher. « Ma chérie, ceci restera un mystère. » En plus personne ne l’aidait dans cette famille. Les prunelles de la Serpentarde passèrent de sa tante à son oncle, mais celui-ci n’était pas plus rassurant. « Quérida, nous sommes des gens civilisés, l’interrogatoire ne débutera qu’au dessert. » Non, sérieusement, ce n’était vraiment pas plus rassurant dit ainsi. Surtout que Hestia se doutait que des questions allaient finir par lui être posées à un moment où à un autre, et qu’elle ignorait jusqu’où les interrogations des Rausale pourraient aller. S’arrêteraient-ils aux questions banales sur ses études, sa passion des potions, son emploi au Purple Vial ou encore Thalia ? Ou est-ce qu’ils iraient jusqu’à mentionner les Carrow, leurs idéaux néfastes ou le rôle que sa famille avait joué dans l’exclusion de Thémis ? Tout était possible. Mais rien, absolument rien de tout ça, n’était pour tranquilliser Hestia. C’était que la Serpentarde n’était pas du genre optimiste, et si habituellement elle trouvait son pessimisme réconfortant, cette fois elle n’aimait pas l’idée d’en être la cible principale. Elle remua sur le canapé, envisagea un instant de trouver une excuse bidon pour se sortir de là mais finit par adresser un sourire bancal à sa tante lorsqu’elle s’aperçue que celle-ci l’observait.
Heureusement, Kayla attira l’attention de tout le monde en se saisissant de la bouteille de vin qui attendait sur la table. « Oh chouette, merci maman !» Hestia s’efforça d’afficher un sourire un peu plus assuré quand sa tante précisa que la bouteille venait d’elle. C’était que la Serpentarde avait bien retenu les conseils d’Elise. Des fleurs poussaient les hôtes à s’en occuper immédiatement et des chocolats pouvaient cacher des allergies -ah ça c’est pour moi lol- une bouteille était donc le cadeau parfait. La verte avait bien tenté d’expliquer aux Rausale qu’ils n’avaient aucune obligation de l’ouvrir tout de suite et de la partager avec elle, mais ils n'avaient rien voulu entendre. A peine l’avaient-ils mené au salon que trois verres avaient été rempli en attendant Kayla. « Tu vois, ça c’est un trait de famille ! » Hestia haussa un sourcil. Ses prunelles allèrent de sa cousine à la bouteille que le père de famille venait de récupérer pour servir un quatrième verre. Elle n’avait pas imaginé que ce simple cadeau puisse servir de lien, d’une manière ou d’une autre. Surtout qu’elle devait l’avouer, en termes de trait de famille entre Kayla et elle, Hestia n’était pas bien sûr de savoir quoi chercher. « L’alcoolisme ? » Demanda-t-elle avec un fin sourire ironique. « J’espère que ce n’est pas le seul. » Enfin, vu comment étaient les Carrow, ça aurait pu être pire. Hestia ignorait ce qu’il pouvait y avoir d’autre en commun entre les Rausale et elle, elle n’avait jamais songé à se poser la question. « Tu as trouvé facilement l’adresse Hestia ? » La Serpentarde prit le temps de réfléchir à comment présenter les choses. Avouer qu’elle s’était tournée vers Elise pour mieux appréhender ce dîner était hors de question, mais elle ne pouvait pas non plus prétendre que trouver la maison de Kayla avait été une évidence. Il était connu de tous que Hestia ne se rendait jamais dans le monde moldu et que d’ailleurs elle ne prêtait que peu attention à cette part de la société. « Hum oui, je me suis renseignée avant de venir. » Eluda-t-elle. Voilà, c’était bien ça. Pas la peine d’en dire plus, de parler de cartes, de plans ou d’instructions données par Elise. L’important c’était qu’elle avait trouvé sans avoir à tourner quinze fois dans le quartier moldu où résidaient les Rausale. « C’est que tu ne dois pas être beaucoup habituée au monde moldu, n’est-ce pas ? » Hestia se tourna vers Thémis. Une seconde, elle tenta de déterminer si ses mots cachaient une critique. Si c’était là une manière de rappeler qu’elle était une Carrow que par définition elle devait haïr les moldus. Mais non, la sorcière n’avait pas l’air de cacher de mauvaises intentions. La Serpentarde secoua la tête, prête à répondre, mais elle fut coupée par le père de famille. « Kayla, tu ne l’as pas aidé ? Tu connais le monde moldu comme ta poche ! » Etait-ce le moment où Hestia devait préciser qu’elle ne s’était pas tourné vers sa cousine parce que leur relation était encore bien trop récente pour qu’elle accepte de lui montrer la moindre faille ? Peut-être pas. Peut-être était-il plus sage de laisser Kayla gérer son père.
Une distraction de nouveau bienvenue arriva quand Thémis se saisit de son verre de vin. « On ne va pas se contenter de regarder nos verres, et si on trinquait ? » Un grand sourire aux lèvres, la sorcière leva son verre. Aussitôt, tout le monde l’imita. En voyant les regards converger vers elle, Hestia se racla la gorge. Ah, apparemment c’était à elle de faire le toast. « A la réussite animagus de Kayla ? » Proposa-t-elle finalement, faute de trouver mieux. Qu’aurait-elle pu proposer d’autre ? A cette réunion de famille , ça aurait été rappeler qu’elle avait lieux avec à peu près 21 ans de retard et surtout que c’était cette même famille, les Carrow, qui avait rejeté Thémis. Pour plomber l’ambiance, il n’y avait pas mieux. « Oh allons ! Je suis sûr qu’on peut trouver mieux que ça ! Des suggestions ? » Hestia jeta un regard incertain autour d’elle. Faire mieux ? Non franchement elle n’était pas sûre.
CODAGE PAR AMATIS
'Cause there were pages turned with the bridges burned
Kayla Rausale
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Lun 20 Fév - 20:32
Là-bas entend la voix qui t'appelle Deux mondes, une seule famille Domicile des Rausale, Fin mars 2021
J’allais me faire démolir. Pas par mes parents, eux étaient habitués à mon éternel retard là où Hestia en était moins familière. J’avais toujours fait attention lors de nos séances de préparation de ma potion pour Animagus à arriver à l’heure afin de ne pas énerver ma cousine mais le naturel revenant systématiquement au galop, j’étais désormais la personne qu’Hestia détestait probablement le plus au monde parce qu’elle allait devoir m’attendre. En soit, la connaissant, elle serait sur le perron de la porte à l’heure précise afin de paraître tout à fait convenable aux yeux de mes parents qui eux, ne se formalisaient en réalité très peu de quelques minutes de retard. Le quart de politesse était largement répandu dans la famille Rausale et je bénéficiais quant à moi d’un statut tout à fait particulier puisqu’il m’arrivait aisément d’avoir une demi-heure de retard, voire davantage. Aujourd’hui, j’avais limité la casse. Douze minutes, c’était rien non ? Et pourtant, douze minutes c’était très long lorsqu’on était confortablement installé dans un canapé avec deux autres personnes qu’on ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve. Je n’étais pas inquiète de l’accueil que mes parents avaient fait à Hestia, au contraire. Je me préoccupais néanmoins davantage de la manière dont elle allait m’accueillir et recevoir mon attitude. Après tout, Hestia et moi marchions sur des œufs depuis plusieurs mois et même si j’appréciais de plus en plus de passer du temps avec elle, je savais pertinemment que le lien qui nous reliait demeurait ténu ; j’espérais vraiment ne pas rendre les choses encore plus difficiles avec mon retard. Je courus jusqu’au salon, dévalant les escaliers comme une demeurée, comme si cinq secondes de retard en moins changeaient quelque chose et je me retrouvai face à une scène bien singulière, une scène que je n’aurai jamais imaginé voir un jour mais pourtant, c’était bel et bien la réalité. Hestia était bien là, assise au milieu de mon salon, entourée de mes parents qui lui faisaient la conversation et chacun d’entre eux releva la tête vers moi lorsque je fis mon apparition, une moue légèrement anxieuse sur le visage. Mes traits soucieux n’étaient pas destinés à mes parents qui se fichaient bien de mon retard mais plutôt à ma cousine, j’espérais ne pas l’avoir froissée. Alors que j’allais me diriger directement vers elle pour m’excuser, je fus alpaguée par mes parents qui désiraient à la fois m’embrasser et à la fois m’houspiller pour l’affront que je leur faisais aujourd’hui. Une fois cela réglé, je m'installai à côté de ma cousine. Je pris les devants, lui expliquant qu’elle pouvait à loisir me frapper et que c’était soudainement totalement autorisé ; pour sauver notre relation, je serai prête à l’endurer s’il le fallait. Sans aucune difficulté. « Oh je suis certaine qu’ils te laisseraient faire en disant que je l’ai mérité. Mais je prends bonne note de ta menace. » dis-je en souriant, l’air amusé ayant pris le pas sur mon air contrit. De toute manière, j’étais en retard, c’était un fait auquel je ne pouvais plus rien, alors autant passer à autre chose.
Je m’empressai effectivement de changer de sujet, attirant l’attention sur mes parents au lieu de moi pour qu’on m’oublie un peu. Je questionnai sur la manière dont ils avaient accueillis et reçu Hestia (à mon sens correctement vu qu’elle était confortablement assise et que des amuse-gueules étaient déjà présents sur la table, pour moi c’était un gage de qualité extraordinaire) mais j’essuyai un vulgaire refus de ma propre mère et je fis mine de prendre l’air choquée alors qu’elle utilisait mes propres arguments contre moi. Une véritable petite teigne. « Ah bah d’accord ! » Même papa s’y mettait en expliquant que l’interrogatoire n’aurait lieu qu’en fin de repas. Je secouai la tête, désabusée tant ils m’agaçaient mais je ne pouvais m’empêcher de sourire en même temps, ce qui ne me rendait pas très crédible. « Pauvre Hestia, vous êtes vraiment les pires parents du monde ! » Ma mère continua : « Et tu fais mine de le découvrir que maintenant ? T’es pas très futée, t’es sûre que tu es notre fille ?» Je relevai les yeux vers ma mère avant de me tourner vers mon père en cherchant son soutien : « Ne me regarde pas, j’suis totalement d’accord avec ta mère. » Et voilà qu’ils se liguaient contre moi maintenant, les bougres ! Je me tournai vers Hestia en faisant mine de chuchoter mais en parlant bien assez fort pour qu’ils m’entendent : « Tu parles, ils font les malins mais ça vient chouiner dans les chaumières quand je suis pas là ! » Non mais.
Laissant ces plaisanteries de côté, je me reconcentrai sur le vin présent sur la table, un cadeau d’Hestia selon ma mère. Une véritable bénédiction, moi qui adorait le vin. Je fis remarquer que c’était probablement un de leurs traits de famille et Hestia s’enquit de demander si je faisais belle et bien allusion à l’alcoolisme. Pour ma part, c’était peut-être vrai et je savais que Thalia n’était pas contre les soirées arrosées elle aussi. Mais s’agissant d’Hestia, j’avouais sans problème ne pas connaître la réponse. « Je pensais surtout au goût des bonnes choses. » Nourriture, boisson, tout était bon tant que cela se terminait dans mon bidon. Voilà ma devise bien pourrie LOL. Hestia espérait vivement que ce ne soit pas le seul trait de famille qui nous liait. Je souriais bêtement et avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, je fus devancée par ma mère : « L’intelligence. » Et mon père ajouta : « Et la beauté manifeste. » Je secouai la tête, clairement amusée avant de dire à mon tour : « Au moins ça ! Sans oublier notre charisme, évidemment, cela va sans dire. » De quoi mettre Hestia bien à l’aise. Une fois la liste de toutes nos qualités communes terminée, je demandai à Hestia si elle avait trouvé facilement son chemin. Il n’était pas des plus évidents de trouver son chemin en banlieue londonienne. Alors que la réponse de ma cousine me satisfaisait, je me rendis compte aisément que cela ne fut pas le cas de mes parents qui posèrent alors des questions. Je ne saurai dire si cela était bienvenue de la part de ma mère de rappeler à Hestia qu’elle n’avait que peu l’habitude du monde moldu et je me mordis la lèvre en me demandant si je devais intervenir ou non. Comme Hestia ne répondit que par un simple mouvement de tête, j’espérai que cela s’arrête là avant que mon père me fasse un demi-reproche : pourquoi diable n’avais-je pas montré le chemin à Hestia? Je secouai la tête et tirai la langue à mes parents : « Mais peut-être parce que cette fameuse qualité dont la famille est pourvue, à savoir l’intelligence, fait qu’Hestia n’a nullement besoin de moi pour trouver son chemin seule et qu’elle a su se débrouiller comme la femme forte et indépendante qu’elle est. ET TOC ! Et ouais, ça t’en bouche un coin hein ? » dis-je à mon père. Mon père fit la moue, comprenant sans peine qu’il ne valait mieux pas insister. Non mais. « Et puis si elle avait eu besoin de mon aide, elle m’aurait demandé voyons. » Peut-être pas. Sans doute que non. Je connaissais suffisamment Hestia pour savoir qu’elle aurait préféré faire cinquante fois le tour de Londres plutôt que de me demander assistance. Mais mes parents n’étaient guère obligés de le savoir. Son caractère pugnace, sans nul doute. Parfois je me demandais si Hestia serait venue me voir si la situation avait été inversée et si elle avait eu besoin d’aide pour une quelconque raison. Cela me faisait mal au cœur de me dire que non. Jamais Hestia ne se serait jamais volontairement tournée vers moi ; j’imaginais que cela aurait été vécu comme une déclaration de faiblesse de sa part. Je ne percevais pas toujours la manière dont Hestia ressentait et vivait les choses mais ce que je savais, c’était qu’elle préférait et de loin se débrouiller par elle-même.
Ma mère cette soiffarde attrapa son verre et commença à porter un toast. À quoi trinquait-on d’ailleurs ? Il n’y avait rien de spécial à fêter. Hestia, maline, rappela que j’étais désormais une belle et fière panthère grâce à son aide et je levai mon verre encore plus haut, prête à trinquer à cela quant mon père expliqua qu’ils pouvaient faire mieux. « PARDON?! » Les regards furent attirés vers moi. « C’est super difficile papa de devenir Animagus et je me sens vexée que tu prennes ça à la légère ! » Je fis mine de bouder même si ça ne semblait pas prendre du tout puisque mon père se contenta de rire : « Ma pauvre chérie, t’es bien malheureuse. Allez, pour toi, on trinque à ça ! » Nos verres s’entrechoquèrent et j’avalais rapidement une gorgée de vin pour en distiller tous les goûts. Un pur délice. « D’ailleurs, je pense qu’on doit aussi trinquer pour Hestia parce que sans elle et ses talents de potionniste, je n’en serai absolument pas là. » Je relevai mon verre et proposai : « A Hestia ! » Cela allait la gêner, elle allait me détester mais j’en avais rien à faire. J’étais reconnaissante envers ma cousine, reconnaissante envers ce qu’elle avait fait pour moi et je savais que j’avais « une dette » envers elle même si je n’aimais pas m’exprimer ainsi. « Kayla a raison, nous te remercions Hestia d’avoir accompagnée Kayla dans la préparation de cette potion, grâce à toi, elle ne s’est pas transformée en crapaud, c’est inouï. Je crois bien que même les chaudrons ont peur d’elle désormais. C’était une chance pour elle que tu sois à ses côtés. » Des chaudrons, j’en avais fait exploser des dizaines, elle avait bien raison. Je laissai à Hestia le choix de répondre si elle le souhaitait.
Ensuite, je levai à nouveau mon verre et je déclarai : « Et à toi maman, pour ce délicieux repas que tu nous as probablement concocté ! » Je me tournai vers mon père en ajoutant : « Pas à toi papa, tu sers à rien ! Méchant ! » Je tirai la langue à nouveau tandis que mon paternel faisait mine d’être furieux. Cela ne lui allait pas de faire semblant de bouder, ce n’était pas son style. « Le père qui ne sert à rien sait se lever pour aller chercher la suite des petits fours ! Admets que je suis quand même utile ! » dit-il en se dirigeant vers la cuisine pour aller chercher la suite de l’apéritif. « Bien évidemment, tout ce qui concerne la nourriture retient toute mon attention. » dis-je en souriant. Pendant que mon père s’affairait en cuisine, ma mère baissa d’un ton et avoua d’un ton presque proche de la confidence : « Nous te remercions sincèrement d’être là Hestia, cela représente beaucoup de chose pour moi de te connaître. » Mes yeux allèrent d’Hestia à ma mère sans rien ajouter de plus, ne sachant pas vraiment ce que je pouvais répondre à cela. « Depuis que Thalia vit avec nous, cela me tenait vraiment à cœur. Je me doute que cela ne doit pas être un moment simple et encore moins un moment évident pour toi mais ta présence signifie beaucoup à mes yeux. » La révélation de ma mère me clouait le bec, je ne savais plus quoi répondre. Me voilà bien. Hestia allait vouloir se glisser six pieds sous terre et j’avais presque envie de l’aider à creuser le trou.
Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Ven 28 Avr - 18:27
Entre deux mondes
Kayla ◊ Hestia
Deux mondes, une seule famille laisse ton cœur et le destin guider toutes ces vies
Kayla était arrivée en retard. De tous les scénarios imaginés par Hestia, elle n’avait absolument pas songé à celui-là. Si elle l’avait su, nul doute qu’elle aurait fait en sorte d’accorder son arrivée sur celle de sa cousine. Son oncle et sa tante -par Merlin allait-elle un jour se faire à cette idée ? Elle en doutait un peu- avaient l’air de gens charmants mais ils restaient des inconnus à ses yeux alors se retrouver soudainement à leur faire face seule dans leur propre salon n’était pas exactement pour la mettre à l’aise. On disait quoi à de la famille qu’on avait jamais vu ? A une tante qui avait été rejetée par votre propre famille ? En toute franchise, Hestia l’ignorait et si elle maitrisait à la perfection les conversations mondaines -et surtout hypocrites- là elle se retrouvait complètement prise au dépourvu. Les Rausale avaient beau se montrer accueillants, elle se demandait surtout ce qu’elle faisait là. D’accord, ils l’avaient invité, mais ça ne l’empêchait pas de se poser des questions. Hestia devait voir les choses en face, elle n’avait jamais été très douée quand il s’agissait d’un cadre informel, et clairement ça semblait être le mot d’ordre chez les Rausale. La preuve, Kayla déboula comme un ouragan dans la pièce et malgré son retard, tout ce que cela provoqua chez ses parents furent des plaisanteries. Une manière de faire qui n’aurait jamais eu lieu chez les Carrow. Bon, essentiellement parce que Hestia n’aurait jamais fait l’affront à ses géniteurs d’arriver en retard de la sorte, mais l’idée était là. En plus Kayla lui proposait de la frapper. Comme ça, pour se venger, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. La Serpentarde avouait que c’était tentant, elle n'avait pas apprécié de se retrouver livrée à elle-même dans cet univers dont elle ne savait rien, malgré tout elle préféra décliner la proposition, le contexte ne s’y prêtait pas. « Oh je suis certaine qu’ils te laisseraient faire en disant que je l’ai mérité. Mais je prends bonne note de ta menace. » Hestia hocha la tête, pensive. Décidemment les Rausale n’avaient rien en commun avec sa famille, ce qui était sûrement tant mieux pour Kayla, Hestia ne souhaitait à personne de grandir dans une famille telle que la sienne, mais qui ne l’arrangeait pas vraiment tant cela voulait dire qu’elle mettait les pieds dans un univers totalement inconnu.
Et ça ne fit que se confirmer de seconde en seconde. En entendant les échanges entre Kayla et ses parents, Hestia ne pouvait que remarquer toutes les différences entre cette famille et la sienne. Ils étaient à l’aise les uns avec les autres, ils discutaient et plaisantaient, ils échangeaient même des piques le plus naturellement du monde. Personne ne se vexait, personne n’exigeait le respect, en fait ils savaient se parler, ils étaient bien ensemble. Ca crevait les yeux. C’était donc ainsi que vivaient les autres familles, celles qui n’accordaient pas d’importance à leur sang ou à leur statut. Celles qui ne mettaient pas leur image sur un piédestal, qui ne misaient pas tout sur le prestige de leur nom. Hestia garda le silence pendant tout l’échange, se contentant d’un bref sourire lorsque Kayla vint lui murmurer sans discrétion « Tu parles, ils font les malins mais ça vient chouiner dans les chaumières quand je suis pas là ! » Sans grande conviction, la Serpentarde hocha la tête. Elle croyait sa cousine sans problème, surtout avec la scène qui venait de se dérouler devant ses yeux. Mais c’était tellement en décalage avec tout ce qu’elle avait connu depuis son plus jeune âge, qu’elle ne savait pas quoi en faire. Elle avait rapidement compris que les Carrow n’étaient pas comme toutes les familles, que les sangs-purs ne vivaient pas selon les mêmes principes que les autres, mais s’y retrouver confronté de manière aussi claire n’était pas vraiment pour la mettre à l’aise. En fait, elle se sentait en décalage complet, spectatrice d’une scène dans laquelle elle n’avait aucun rôle. De nouveau, elle se demanda ce qu’elle faisait là, si sa soirée au milieu des Rausale n’allait pas être composée que de moment où elle se poserait cette question.
Ce qui ne tarda pas à arriver de nouveau. Tout ça parce qu’elle avait pris soin de ne pas arriver les mains vide et que son choix s’était porté -merci Elise et ses conseils avisés- sur une bouteille de vin blanc. Kayla avança que ce choix démontrait d'un trait de famille, ce qui fit tiquer Hestia. Si elle parlait de l'alcoolisme, elle s'en passait bien, il y avait déjà bien assez de choses qu'elle espérait ne pas partager avec sa famille. Inutile d'en rajouter. « Je pensais surtout au goût des bonnes choses. » La verte pencha la tête sur le côté, acceptant cette réponse qu'elle jugeait satisfaisante. Elle aimait les bonnes choses, elle ne pouvait prétendre le contraire, par contre en profiter c'était autre chose. Pour ça elle pouvait remercier sa mère qui, à force de la critiquer en la voyant manger, avait laissé pas mal de traces sur son alimentation. Une information qu'elle n'avait aucune intention de donner aux Rausales. C'était inutile de l'éterniser là-dessus, en plus ils étaient de nouveau partie dans un de leurs échanges qui donnaient l'impression à Hestia de se trouver sur le bord de la route. D'autres auraient certainement été touchés par la complicité de la famille, mais Hestia ça lui donnait surtout un sentiment de malaise et d'amertume. Au final, elle ne fut pas mécontente que Kayla se tourne vers elle pour changer de sujet, moins quand sa mère souligna combien elle ne savait rien du monde moldu. Naturellement méfiante, Hestia avait tendance à se demander si elle devait y voir là une critique ou un reproche. Soucieuse de ne pas créer d’esclandre pour rien, elle s’efforça de répondre le plus succinctement possible et au final ce fut sur Kayla que tous les regards se posèrent quand son père lui demanda pourquoi elle n’avait pas aidé sa cousine à se repérer dans le monde moldu. « Mais peut-être parce que cette fameuse qualité dont la famille est pourvue, à savoir l’intelligence, fait qu’Hestia n’a nullement besoin de moi pour trouver son chemin seule et qu’elle a su se débrouiller comme la femme forte et indépendante qu’elle est. ET TOC ! Et ouais, ça t’en bouche un coin hein ? » Il fallait l’admettre, la Serpentarde était quand même impressionnée du répondant de sa cousine. Et aussi toujours surprise qu’elle parle ainsi à ses parents. Son père quant à lui, n’avait pas l’air si impressionné. « Et puis si elle avait eu besoin de mon aide, elle m’aurait demandé voyons. » En silence, Hestia garda son regard braqué sur son verre de vin. Il était préférable de ne pas répondre car la réalité c’était qu’elle ne se serait jamais tournée vers Kayla pour demander de l’aide, ça aurait été un aveux de faiblesse et la verte n’était pas prête à s’y abaisser. Elle ne connaissait pas assez bien sa cousine pour montrer des failles. Elle préférait se prétendre indépendante, même si au fond ce n’était pas si positif que ça. Quelque part, la Gryffondor devait s’en douter.
Le moment de trinquer sauva Hestia de cet instant gênant. Elle songea brièvement que si la soirée commençait comme ça, elle devait se préparer à d’autres moment de gène, ce qui était bien loin de la rassurer. Déjà qu’elle se trouvait dans un environnement qui ne lui était pas habituel, dans une famille dont elle ne savait rien, ça n’allait pas être simple à gérer. Puisqu’il fallait faire un toast, la verte proposa que ce soit en l’honneur de Kayla et de sa nouvelle condition d’animagus. Il fallait le reconnaitre, ce n’était pas rien, réussir à devenir un animagus n’était pas à la portée de tous les sorciers. Etrangement, Adrian n’avait pas l’air convaincu, ce qui fit bondir Kayla. Au final, ils trinquèrent tout de même à la réussite de la Gryffondor. Si Hestia pensait que ça allait s’arrêter là, elle avait tort. « D’ailleurs, je pense qu’on doit aussi trinquer pour Hestia parce que sans elle et ses talents de potionniste, je n’en serai absolument pas là. » La verte ouvrit de grands yeux en direction de sa cousine, elle commença à secouer la tête mais déjà la rouge enchainait. « A Hestia ! » Ah non mais quelle mauvaise idée. D’où elle sortait ça Kayla ? Elle devait se douter que ça ne serait pas à son goût. Hestia la foudroya du regard, elle qui pensait que les moments gênants étaient passés, elle s’était vraiment trompée. « Quoi ? Non… » Tenta-t-elle de protester. Mais encore une fois elle fut coupée, cette fois par Thémis qui avait l’air de trouver cette idée merveilleuse. « Kayla a raison, nous te remercions Hestia d’avoir accompagnée Kayla dans la préparation de cette potion, grâce à toi, elle ne s’est pas transformée en crapaud, c’est inouï. Je crois bien que même les chaudrons ont peur d’elle désormais. C’était une chance pour elle que tu sois à ses côtés. » Hestia porta un regard perdu sur sa tante. Kayla avait de la chance de l’avoir eu à ses côtés ? Alors là elle avait du mal à y croire. Personne n’avait de la chance de l’avoir à ses côtés. Elle ne comprenait pas d’où ça venait tout ça. Pendant des années elle avait ignoré sa cousine, elle avait choisi sciemment -bon poussé par sa famille mais tout de même- de ne pas se lier avec elle, et maintenant sa mère balayait tout ça d’un geste. Hestia ne comprenait pas comment les Rausale pouvaient faire table rase du passé aussi facilement. Juste parce qu’elle l’avait aidé avec une potion. « Ce n’est pas nécessaire, je n’ai pas préparé la potion seule, Kayla m’a aidé. » Elle de son côté, elle avait essentiellement joué les professeurs. Les professeurs autoritaires et exigeants, un point que Kayla ne semblait pas avoir partagé avec sa famille.
Malgré tout, Hestia dû bien se résoudre à trinquer avec les Rausale. Avec sa famille une idée à laquelle elle avait encore du mal à se faire. Elle avait beau ne pas savoir où se mettre, elle souhaitait que cette soirée se passe bien. Ou du moins le mieux possible. Quand Kayla leva de nouveau son verre, elle fut soulagée de l’entendre proposer un toast pour sa mère et le repas qu’elle leur avait préparé. Tentant d’ignorer la perspective de ce repas, Hestia acquiesça. De nouveau Kayla et son père se lancèrent dans une petite joute verbale à laquelle elle assista sans rien dire. C’était donc comme ça que se comportaient les familles normales ? La Serpentarde ne savait quoi en penser. Si Hestia cru que le départ d’Adrian dans la cuisine serait l’occasion de souffler, il n’en fut rien. Alors qu’elle ne s’y attendait pas, Thémis prit la parole d’un ton bien différent. « Nous te remercions sincèrement d’être là Hestia, cela représente beaucoup de chose pour moi de te connaître. » La Serpentarde cligna des yeux, totalement prise au dépourvu. Elle s’était attendue à bien des choses mais pas à ça. « Depuis que Thalia vit avec nous, cela me tenait vraiment à cœur. Je me doute que cela ne doit pas être un moment simple et encore moins un moment évident pour toi mais ta présence signifie beaucoup à mes yeux. » Hestia contempla la sorcière, encore plus perdue que quelques instants plus tôt. Elle s’était attendue à de la méfiance et même des reproches, et elle les aurait même acceptés, les Rausale étaient dans leur bon droit de ressentir ça, mais elle ne s’était pas attendue à ce que la discussion parte sur ce terrain-là. Elle ne voyait pas où Thémis voulait en venir, elle ne comprenait pas. « Vous… Vous n’avez pas besoin de dire ça. C’est vous qui m’avez invité, vous n’avez aucune raison de me remercier. » Prise au dépourvu, elle cherchait ses mots et secoua la tête. « C’était juste une potion, ce n’était pas grand-chose. » Elle adressa un regard incertain à Kayla pour l’encourager à intervenir, pour qu’elle acquiesce. Ou qu’elle change de sujet, ce serait même encore mieux.
Mais non, encore une fois, la Serpentarde voyait ses espoirs s’éteindre alors que Thémis reprenait la parole. « Je ne parle pas juste de la potion, Hestia. On est une famille, on l’a oublié pendant trop longtemps. » Hestia haussa un sourcil désabusé. Ah bon, une famille ? Ce n’était pas l’impression qu’elle avait eue et elle était bien consciente d’être la première à blâmer. Comment est-ce que la sorcière pouvait encore dire ça alors que sa propre famille l’avait rejeté ? Que la Serpentarde qu’elle avait invité à dîner n’avait jamais tendu la main à sa fille ? Elle aurait dû être pleine d’amertume. Elle aurait dû ne plus jamais vouloir entendre parler des Carrow. Clairement ça aurait été le cas de Hestia. Apparemment, tout le monde n’était pas aussi rancunier qu’elle. Mais ça n’empêchait pas que ces paroles, elle ne les comprenait pas, elle ne s’en sentait pas digne. « Ma famille vous a tourné le dos. » Argua-t-elle. Et elle n’avait pas été franchement mieux. Hestia ne se faisait aucune illusion, elle n’était pas plus à sauver que ses parents, son comportement avec Kayla n’avait jamais été exemplaires. Les Rausale avaient bien dû le voir. Et Thémis allait lui faire croire qu’aucun d’eux ne lui en voulait pour ça ? Elle avait du mal à le croire. « Et ils n’ont pas été plus tendres avec toi. » Hestia se figea. Elle se demanda un instant comment Thémis pouvait être au courant de ça avant de se dire que l’information devait venir de Thalia ou Kayla. Elle porta son verre à ses lèvres et prit sur elle pour ne pas le terminer en une gorgée. « Je n’ai pas besoin d’eux. » C’était un mensonge, mais de toute façon ce n’était pas comme si elle avait le choix. Alors autant prétendre que rien ne l’atteignait. Par contre, si cette conversation pouvait dévier, ça l’arrangerait grandement.
CODAGE PAR AMATIS
'Cause there were pages turned with the bridges burned
Kayla Rausale
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Lun 5 Juin - 12:00
Là-bas entend la voix qui t'appelle Deux mondes, une seule famille Domicile des Rausale, Fin mars 2021
À bien des égards, la conversation qui se déroulait actuellement dans le salon des Rausale aurait de quoi décontenancer n’importe quel membre des nobles et ancestrales familles de sang-pur. Il fallait bien l’avouer, mes parents m’avait élevé bien différemment et bien loin des errements liés à la suprématie du sang, malgré l’héritage de ma mère. Pour autant, si celle-ci avait décidé de s’éloigner du joug familial des Carrow, c’était parce qu’elle ne croyait pas qu’il existait différentes « catégories » de sorciers et l’amour qu’elle ressentait pour mon père, un né-moldu, avait suffi pour qu’elle coupe les ponts avec le reste de sa famille -ou plutôt pour que sa famille coupe les ponts avec elle-. Nous n’en parlions jamais. Je savais que c’était une source de grandes peines pour ma mère, très attachée aux valeurs familiales et lorsque j’étais entrée à Poudlard et que je lui avais écrit pour lui signifier que j’avais rencontré ma cousine Thalia et que nous nous entendions bien, j’avais bien compris à quel point cette nouvelle l’avait réjoui. Elle aspirait, à travers moi, renouer avec un pan de sa vie qu’elle imaginait révolue. Alors savoir qu’Hestia et Thalia cherchaient elles aussi à se défaire de l’éducation stricte et désuète inculquée par leurs parents était une sorte de petite victoire. Et pour ma part, étant donné la conjoncture actuelle et les heurs que connaissait la politique magique, je ne pouvais que saluer cela. Depuis que le Blood Circle gouvernait le monde moldu, les Mangemorts regagnaient du terrain et de nombreux sorciers, jusqu’alors indécis quant au sort qu’il fallait réserver aux moldus, avaient alors choisi de rejoindre ce qu’il y avait de plus sombre dans notre communauté. Alors qu’une jeune fille Carrow accepte de venir prendre le thé chez une tante éloignée ayant épousée un né-moldu, pour ma part, cela relevait du miracle.
Au-delà de ces histoires de sang, pouvoir connaître davantage ma cousine m’importait véritablement. Thalia et moi avions tissé un lien particulier dès le premier jour dans notre dortoir mais avec Hestia, nos relations avaient toujours été plus distantes et beaucoup plus ténues. Il y avait cette part de mystère chez elle et cette carapace à laquelle je m’étais heurtée à de nombreuses reprises plus jeune. Aujourd’hui, c’était différent et si nous tentions maladroitement de construire quelque chose entre nous, il fallait en convenir, nous avions besoin de temps pour être totalement à l’aise l’une avec l’autre. Pour ma part, j’essayais en sa présence d’être moins exubérante que je pouvais l’être, prenant garde à ne pas dire ou faire quelque chose qui pourrait la heurter. Nous avions tant à découvrir l’une sur l’autre. Pour autant, ma famille étant ce qu’elle était, je devais aussi faire avec : cela pouvait peut-être paraître fou pour quelqu’un comme Hestia, qui avait probablement grandi dans une famille autoritaire où l’amour et les taquineries familiales n’avaient guère leur place, mais j’avais grandi dans un cocon où j’étais la princesse de mes parents. Je me sentais privilégiée, il fallait bien le dire, d’avoir des parents aussi aimants, aussi soutenants. Et aussi taquins. Que ce soit pour se chamailler, pour énumérer les nombreuses qualités de la famille, pour trinquer. Et aujourd’hui, il y avait bien des raisons pour ça ; grâce à Hestia, j’avais achevé le processus de transformation et j’étais devenue une Animagus. Sans elle, je n’aurais probablement pas réussi cet exploit aussi rapidement, alors je voulais trinquer à sa santé, pour la remercier de son aide et son appui. En faisant cela, je savais que j’allais probablement provoquer une certaine gêne chez elle, mais je pris le risque. Ma mère enchaîna rapidement -tout en me taclant au passage d’ailleurs-, je la fusillai du regard tout en sachant qu’elle n’avait pas tout à fait tort. Mes compétences de potionniste ne devaient pas dépasser le niveau d’un cinquième année, niveau bien en-deça de la confection d’une potion pour devenir Animagus, cela allait sans dire. Lorsqu’Hestia, avec une certaine humilité, expliqua qu’elle n’avait pas fait la potion seule, je souris légèrement. « Tu es trop modeste. Qu’ai-je fait à part couper les ingrédients et te tendre la bonne fiole ou bon moment ? » Tout cela sous le regard inquisiteur et perfectionniste de ma cousine, évidemment. Mais je n’avais jamais bronché, moi qui pourtant détestait les ordres et qu’on me dise quoi faire. La discipline et la rigueur étaient de circonstance et il avait bien fallu qu’Hestia me cadre à de nombreuses reprises sur mes découpes ou sur la manière de choisir les ingrédients.
Après avoir trinqué, la discussion prit soudainement une direction plus sérieuse lorsque ma mère déballa d’entrée de jeu ses états d’âmes. J’avais pourtant imaginé qu’elle attendrait qu’Hestia soit plus à l’aise pour le faire mais elle n’avait probablement pas pu attendre davantage. Ou peut-être qu’elle avait souhaité profité de l’absence momentané de mon père pour murmurer ces quelques confidences. Tout cela, je le savais déjà mais qu’elle le dise de but en blanc, je m’y attendais pas ; ce qui me cloua le bec, me plongeant dans une certaine forme de mutisme, ce qui -il fallait bien le dire- était très inhabituel. J’avais pourtant prévenu ma mère qu’Hestia n’était pas Thalia et qu’elle risquait d’être mal à l’aise devant de tels propos mais pouvais-je vraiment la blâmer ? Quand Hestia tenta d’expliquer que ce n’était pas grand chose, que ce n’était qu’une potion, un sourire s’installa sur mes lèvres. Elle ne se rendait vraiment pas compte à quel point cette rencontre était signifiante aux yeux de ma mère et sa crédulité me toucha. Elle ne devait guère être habituée à de tels propos dès la première rencontre. Lorsqu’Hestia chercha mon regard et probablement mon soutien, je cherchai mes mots. À mes yeux, c’était loin d’être qu’une potion. Finalement, cette histoire de potion n’avait été qu’un prétexte pour me rapprocher de ma cousine et même si nous étions encore en train de nous apprivoiser, j’aimais les moments qu’on passait ensemble, aussi simples puissent-ils être. Alors que j’allais exprimer mon avis, ma mère reprit la parole. Nous étions une famille selon elle. J’haussai les sourcils tout en regardant ma cousine, qui étrangement, avait la même tête que moi. Cela dépendait grandement de ce que nous appelions famille. Après tout, la famille de ma mère l’avait chassé dès lors qu’elle était tombée amoureuse de mon père, donc elle s’était construit un nouveau cercle familial. Elle n’avait jamais été nostalgique de sa vie avec ses frères et sœurs et avec ses parents, bien trop bornés et extrémistes pour ça. Il suffisait de voir mon oncle, désormais Directeur de l’hôpital Sainte-Mangouste et membre du conseil en qualité de Mangemort… Il n’avait décidément rien à voir avec nous. Mais la nouvelle génération de sorciers et de sorcières était différente, Thalia en était la preuve manifeste. Quant à Hestia, je me garderai bien de faire un quelconque pronostic sur ce qu’elle pensait de tout cela. Elle avait accepté de venir chez mes parents, tout en sachant pertinemment que mon père était un né-moldu donc je me doutais bien qu’elle demeurait plus tolérante que ses géniteurs, mais de là à tourner le dos à tous leurs préceptes… C’était bien une discussion dont je m’étais gardée d’avoir avec elle. La conversation continuait et je demeurai muette, ne sachant pas quoi rajouter jusqu’à ce qu’Hestia dise qu’elle n’avait nullement besoin de ses proches. Étonnamment, je ne pus m’empêcher de penser que ce n’était pas vraiment ce qu’elle pensait et qu’elle demeurait ambivalente à ce sujet. Qui pourrait la blâmer ? Ils restaient sa famille et renouer avec la partie reniée de celle-ci ne remplacera jamais celle qu’elle avait perdue, aussi arriérée soit-elle. « T’es d’un sérieux maman. » dis-je au bout d’une éternité, retrouvant mes capacités vocales. « Oui. » C’était étrange ce oui, et je fronçais à nouveau les sourcils en tentant de comprendre ce qui se dissimulait derrière ce oui. Elle n’avait même pas attendu qu’on soit plus avancé dans le repas pour mettre les pieds dans le plat, ce qui signifiait qu’elle n’avait pu s’en empêcher. La présence d’Hestia signifiait beaucoup, elle l’avait dit précédemment, mais j’en prenais réellement conscience uniquement maintenant.
Alors que j’allais demander à évoquer un autre sujet, mon père revint triomphant de la cuisine, avec la suite de l’apéritif et les petits fours fumants nous offrirent un moment de répit et de distraction. « Et voilà Mesdames, vous êtes servies ! » dit-il d’un ton enjoué en remplissant à nouveau nos verres à peine vidés. « Alors Hestia, raconte-nous. Qu’aimes-tu faire en dehors de ton talent de potionniste ? As-tu d’autres activités ? Kayla nous a dit que tu travaillais sur une des boutiques du Chemin de Traverse, c’est super ! » Je me détendis enfin tandis que la discussion prenait une allure plus habituelle.
Le repas se déroula sans encombre et sans accroc particulier. Après l’apéritif, mes parents avaient cessé leurs questions et l’ambiance avait été un peu plus légère. Non pas que leurs questions aient été véritablement intrusives, cela se voyait qu’ils cherchaient simplement à bien faire et à intégrer Hestia dans la conversation mais il demeurait que cela n’avait pas dû être facile pour elle de se retrouver au centre de l’attention donc je m’étais ensuite évertuée à rediriger celle-ci vers moi. Le dessert servi, retournant dans le salon avec le reste des gâteaux et avec un thé à la main, je me réinstallai dans le canapé, songeuse. Mes parents étaient en train de se chamailler dans la cuisine pour savoir qui ferait la vaisselle et j’offris un sourire à Hestia qui s’installait à son tour. « Désolée, ils sont insortables. » Avalant une gorgée de mon thé, je demandais à ma cousine : « Tout va bien, tu survis ? Ce n’était pas si évident que cela d’atterrir au milieu de la famille Rausale, j’en conviens. » J’avais déjà mangé mon dessert mais je me resservis une part de gâteau. « Ils sont contents que tu sois là. En particulier maman, mais je pense que tu l’avais compris. » ajouté-je, faisant référence à la discussion d’avant le repas. « Je suis désolée si elle t’a mise mal à l’aise. » dis-je dans un murmure. La cuisine était loin mais je n’avais pas envie qu’on puisse percevoir notre échange.
Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Ven 25 Aoû - 17:46
Entre deux mondes
Kayla ◊ Hestia
Deux mondes, une seule famille laisse ton cœur et le destin guider toutes ces vies
Il n’était pas rare que Hestia se sente en décalage. Que ce soit par rapport aux autres, ou par rapport à son environnement, elle devait reconnaitre que ça lui arrivait assez régulièrement. Et que la plupart du temps elle n’y prêtait pas la moindre attention. D’accord, elle n’était pas la plus sociable des élèves de Poudlard, et alors ? Elle n’avait pas non plus l’esprit fermé de ses parents, la froideur calculatrice de certains des sorciers de sang-pur qu’elle avait côtoyé ou même la cruauté d’autres. Hestia n’avait pas de mal à le voir, elle avait grandi dans un univers où elle ne se reconnaissait pas, elle avait été élevée dans des idées qu’elle ne partageait pas, poussée à adopter un comportement qui n’était pas le sien. Et même en dehors du monde qui l’avait vu grandir, elle savait qu’elle ne trouvait pas vraiment sa place. Elle n’était pas ouverte comme la plupart des sorciers, ne ressentait pas le besoin d’être entourée de ses pairs, n’avait pas envie de se mêler aux conversations et ragot. Si elle savait rester en retrait et se montrer discrète, se fondre dans la masse et calquer son comportement sur celui de ses camarades n'était pas exactement son fort. Il y avait bien des choses qu'elle n'était pas assez, et des choses qu'elle était trop, pour cela. Peu importe où elle allait, la Serpentarde finissait invariablement par se sentir en décalage. Ce qui ne l'avait jamais dérangé outre mesure, même si cela lui avait attiré bien des fois les foudres de sa famille. Faire des efforts pour ressembler aux autres, pour rentrer dans le moule façonné par ses parents, non merci. De tout ça, Hestia se passait bien. Elle vivait comme elle l'entendait, comme cela lui convenait, encore plus depuis qu'elle avait tourné le dos à sa famille, et si ça n'allait pas aux autres, tant pis pour eux, leur avis comptait peu à ses yeux de toute manière.
Et si elle se sentait complètement en décalage avec son environnement alors elle s’en fichait complètement. Du moins jusqu’à ce que ce décalage ne lui montre tout ce dont elle avait été privée pendant des années. Hestia s’était doutée que se retrouver face aux Rausale serait tout sauf simple, mais elle ne s’était pas attendue à cet aspect de cette visite. Elle avait songé à l’image qu’ils pouvaient avoir d’elle, aux attentes qu’ils pouvaient nourrir, aux doutes et à la méfiance dont ils pouvaient être emplis. De cette soirée elle s’était inquiété des technologies moldues et des habitudes différentes qu’ils avaient certainement, elle avait songé que leurs différentes manières de vivre pourraient poser un problème ou même révéler un fossé insurmontable. Elle s’était posé bien des questions et avait partagé de nombreuses suppositions à Elise, mais désormais elle réalisait qu’à aucun moment elle n’avait pensé à ce que ça lui ferait de se retrouver face à une famille aimante et complice. Une famille fonctionnelle tout simplement. Qui n’avait certainement pas grand-chose de bien exceptionnel par rapport aux autres familles du Royaume Uni, mais qui justement soulignait tout ce que la Serpentarde n’avait pas connu. C’était une famille complètement opposée à la sienne, tant et si bien qu’elle parvenait à peine à croire que Thémis était née parmi les Carrow. Et que son départ de cette famille ne l’étonnait plus le moins du monde. Tous les échanges auxquels elle assisait depuis quelques minutes la laissaient sans voix. Pas vraiment de surprise, mais surtout parce qu’elle n’y avait aucune place, parce que ce n’était pas ainsi que son quotidien avec ses parents avaient été et qu’en conséquence elle ne pouvait que se contenter de jouer les spectatrices. Elle n’était pas ici chez elle, aucun doute n’était permis.
Tout ça sans parler du malaise qui venait lui grignoter l’estomac, un peu plus à chaque seconde qu’elle passait assise sur le canapé de la famille. Si ça n’avait déjà pas été simple pour Hestia d’accepter l’invitation d’une tante qu’elle n’avait jamais connu et dont elle ignorait les intentions, les Rausale ne faisaient rien pour arranger la situation. Oh, elle se doutait qu’ils ne pensaient pas à mal, bien au contraire puisqu’ils voulaient trinquer en son honneur, mais c’était loin de la mettre à l’aise de les entendre lui lancer des fleurs. Surtout que de son point de vue elle n’avait pas fait grand-chose. Enfin si, elle avait donné des ordres à Kayla et s’était montrée intraitable -pour ne pas dire imbuvable- sur chaque étape que sa cousine avait réalisé et celle-ci n’avait pas bronché une seule fois. Ce qui, selon Hestia, méritait plus d’honneur que ceux qui lui étaient adressés. « Tu es trop modeste. Qu’ai-je fait à part couper les ingrédients et te tendre la bonne fiole ou bon moment ? » Hestia cligna des paupières. Personne n’était de son côté dans cette histoire, elle aurait dû s’en douter mais c’était quand même loin de l’aider. Il était inutile de faire tant d’histoire pour une simple potion alors que, selon elle, c’était certainement l’étape la plus simple dans tout le processus pour devenir animagus. Et puis même en ne prenant en compte que la réalisation de la potion, le rôle que Kayla y avait joué n’était pas à négliger. « Ce sont des étapes importantes pour confectionner une bonne potion. Sans ça tout aurait pu louper. » Ce qu’elle n’aurait jamais laissé arriver, bien évidemment. Chaque fois que Kayla avait mal coupé un ingrédient ou que ses pesées lui avaient paru trop hasardeuses, pas assez précises, Hestia avait exigé qu’elle recommence. Jamais elle ne laisserait un chaudron fondre sous sa direction. Mais il n’était pas nécessaire de préciser tout ça, si Kayla avait choisi de ne pas donner ces détails à ses parents ce n’était certainement pas Hestia qui allait le faire. Pas la peine de leur apprendre qu’elle avait été tyrannique avec leur fille. L’important c’était que cette potion, la Serpentarde ne l’avait pas obtenue seule. Hestia tirait une grande fierté de ses capacités en potion, mais ce n’était pas pour autant qu’elle allait prétendre avoir tout fait seule, elle rendait bien volontiers à Merlin, ce qui était à Merlin.
Ca aurait pu aller si tout c’était arrêté là, c’était gênant d’être la cible des compliments des Rausale de la sorte, mais Hestia avait le sentiment de s’en être plutôt bien sortie. Puisque le sujet était clos, ils pouvaient désormais passer à autre chose et rendre l’air un peu plus respirable pour la Serpentarde. Il y avait de nombreux sujets qu’ils pouvaient aborder, la verte aurait même été prête à parler de la pluie et du beau temps si nécessaire, après tout elle était habituée à tenir des conversations, peu importe le sujet, alors elle se savait capable de s’adapter et de rebondir. Parler de Poudlard, des études, de Quidditch, de ce que ça faisait à Kayla quand elle se changeait en panthère -il faudrait qu’elle lui montre sa forme animale un jour d’ailleurs, Hestia avait aidé avec la potion mais n’en n’avait pas encore vu le résultat- elle n’était pas bien difficile. Alors bien évidemment, il fallut que Thémis Rausale choisisse le sujet parfait pour faire revenir le malaise dans la pièce. Si Hestia se doutait que cette invitation, et toute cette soirée, n’était pas sans raison, elle ne s’attendait pas à ce que sa tante se fasse soudainement si émotive. Plus la sorcière parlait et moins la Serpentarde la comprenait. Sa présence représentait beaucoup, ils étaient une famille, des mots que Thémis prononçaient et qui plongeaient peu à peu la Carrow dans un malaise profond. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi sa tante lui sortait tout ça et elle avait même du mal à y adhérer. Une famille ? Elle ne voyait pas quand est-ce qu’ils avaient déjà été une famille exactement. Les Carrow l’avaient rejeté et elle-même n’avait jamais fait le moindre effort pour se lier à Kayla. Certes, elle n’avait pas non plus été hostile envers sa cousine et elles apprenaient enfin à se connaitre, mais Hestia trouvait que cela représentait bien peu de chose par rapport aux propos de la Rausale.
Si Hestia s’imaginait qu’elles venaient d’atteindre le summum de la conversation gênante, elle réalisa rapidement qu’elle avait tort. Entendre sa tante parler du traitement que sa famille lui avait réservé la déstabilisa complètement. Ce n’était pas un sujet qu’elle abordait, ce n’était pas un sujet auquel elle pensait. En fait, elle ne voulait pas que ce soit un sujet, tout simplement. Qu’on considère qu’elle avait été reniée, mise à la porte de sa famille ou que c’était elle qui avait choisi de leur tourner le dos, elle s’en fichait bien, cette histoire là lui appartenait et elle n’avait pas envie que d’autres en parlent. C’était déjà assez compliqué comme ça pour elle à accepter, elle ne voulait pas de l’avis des autres. Alors quand Thémis mentionna ses parents, Hestia rétorqua sans attendre, le dos droit et le visage fermé. Ses paroles furent certainement le plus gros mensonge qu’elle pouvait proférer mais elle ne cilla pas. Pas plus qu’elle ne tenta de combler le silence lourd qui suivit. « T’es d’un sérieux maman. » Hestia cilla aux propos choisit par sa cousine. Un reproche ou une tentative d’alléger l’atmosphère, elle avait du mal à le définir et ne chercha d’ailleurs pas plus loin. Elle se contenta de siroter son verre tout en espérant que Thémis ne se lance pas dans un discours encore plus enflammé sur l’importance de la famille. « Oui. » La breveté de la réponse de sa tante la fit tiquer davantage, et son ton encore plus, mais elle s’abstint de tout commentaire. Elle avait le sentiment confus qu’il y avait plus à entendre qu’un simple oui mais puisqu’elle ignorait tout de Thémis, elle préférait ne pas faire de supposition. De toute façon vu le sujet, elle trouvait ça préférable. Merci Merlin ce fut ce moment que choisit Adrian Rausale pour revenir dans le salon, le sourire de celui qui ignorait tout du malaise présent dans la pièce collé aux lèvres. « Et voilà Mesdames, vous êtes servies ! » Hestia lui adressa un fin sourire de remerciement. Si elle savait qu’elle ne toucherait pas aux petits fours qu’il avait ramené, elle lui tendit volontiers sa coupe qu’elle avait vidé sans même le réaliser. « Alors Hestia, raconte-nous. Qu’aimes-tu faire en dehors de ton talent de potionniste ? As-tu d’autres activités ? Kayla nous a dit que tu travaillais sur une des boutiques du Chemin de Traverse, c’est super ! » Hestia cilla de nouveau, le changement de sujet et de ton était brutal mais bienvenu. Elle n’allait certainement pas se plaindre de ne pas avoir à s’étaler sur sa relation conflictuelle avec ses parents. Son oncle proposait là des sujets plus classiques, de ceux qu’Elise lui avait conseillé, ce qui était une amélioration notable selon la Serpentarde. Au moins là elle pouvait répondre sans se sentir mal à l’aise, ni jugée. « Oh hum, oui. Je travaille au Purple Vial, une boutique de potions qui possède aussi un laboratoire… » Elle continua sur sa lancée quelques instants, répondant aux interrogations de son oncle et de sa tante, partageant quelques anecdotes de Quidditch avec Kayla. Elle n’était pas la plus sociable des sorcières, ni même la plus bavarde, mais tant qu’il n’était plus question de sa famille, elle voulait bien faire quelques efforts. Au moins l’art de la conversation était une des rares bonnes choses que ses parents lui avaient transmis.
Le repas se passa à peu près de la même manière. Hestia fut soulagée de constater que contrairement aux avertissement d’Elise, les Rausale n’utilisaient pas non-stop les technologies moldus, ils ne possédaient pas d’écran géant sans cesse allumé et encore moins de canapé mouvant. Au moins elle n’eut pas à s’exprimer sur ces sujets dont elle ignorait tout et qui l’intéressaient peu. La conversation suivi son cours sans moment réellement notable et si Hestia fit de son mieux pour participer et se montrer agréable, elle laissa bien volontiers Kayla concentrer toute l’attention tandis qu’elle grignotait plus qu’elle ne mangeait. Une fois le dessert terminé, elle suivit sa cousine dans le salon alors que les Rausale prenaient la direction de sa cuisine. Des gâteaux les avaient suivi jusque-là et Hestia savait qu’elle ne se servirait pas. En revanche elle se saisit de sa tasse de thé avec un étrange sentiment de réconfort. Même si le repas était terminé, elle n’avait pas pour autant l’impression de pouvoir mieux respirer. « Désolée, ils sont insortables. » Voilà que Kayla lui donnait raison. « Tout va bien, tu survis ? Ce n’était pas si évident que cela d’atterrir au milieu de la famille Rausale, j’en conviens. » Songeuse, la verte observa sa cousine se resservir une part de gâteau comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. Il était clair que ses parents ne lui avaient jamais fait la moindre réflexion à ce propos, encore une différence d’éducation notable. « Bien sûr. » Sa tasse à la main, Hestia hocha lentement la tête. Survivre, c’était bien le terme adapté. Elle se força à ne pas s’arrêter à ça, même si ça aurait été bien plus facile. « C’est juste… Différent de ce à quoi j’ai été habituée. » Ce qui était un euphémisme mais n'était pas forcément une mauvaise chose, Hestia avait essentiellement été habituée à la froideur et au caractère hautain de ses parents, pour qui rien n’était jamais assez. Ce soir, elle avait plongé dans un univers diamétralement opposé et elle devait reconnaitre que ça n’avait pas été exactement simple à vivre. « C’est un peu déstabilisant. » Admit-elle en affichant tout de même un léger sourire. Même s’il y avait eu des moments de malaise, elle ne pouvait pas dire qu’elle avait passé une mauvaise soirée.
« Ils sont contents que tu sois là. En particulier maman, mais je pense que tu l’avais compris. » Hestia pinça doucement les lèvres, apparemment elle avait eu tort de croire le sujet clos. « Je suis désolée si elle t’a mise mal à l’aise. » La verte prit le temps de boire une gorgée de son thé avant de répondre quoi que ce soit. Elle aurait pu balayer les propos de sa cousine, et pendant un temps elle fut tentée de le faire, mais force était de constater que son malaise n’était pas passé inaperçu. Prétendre que rien ne l’avait atteint aurait été un mensonge inutile. Quant à clore la conversation et refuser tout dialogue, ça l’aurait arrangé, mais elle devait admettre que ce n’était pas vraiment ce qu’elle voulait avec sa cousine. Après tant d’année de silence et de distance, il était peut-être temps de mettre les choses à plat. Même si ça voulait dire soulever des sujets épineux. « En fait non, je ne comprends pas Kayla. » Admit-elle après un instant de silence. Si sa conversation avec Elise lui avait montré une chose, c’était bien qu’elle ignorait ce qu’elle devait attendre de ce dîner. Ce qu’on attendait d’elle exactement. La Serdaigle avait avancé que les Rausale attendaient uniquement elle mange -ce qui avait déjà été une épreuve en soit- mais elle ne pouvait s’ôter de la tête qu’il devait y avoir autre chose. « Je ne comprends pas ce que je fais là. Je ne comprends pas pourquoi ma présence tient tant à tes parents, non à ta mère. Je… » Ajouta-t-elle, après une hésitation. Ce n’était ni un reproche, ni une accusation, juste l’expression de ses doutes. Elle ne comprenait pas pourquoi ils s’embarrassaient de sa présence alors qu’elle n’avait rien à leur apporter. Hestia avait beau ne pas être comme ses parents, elle n’était pas Thalia non plus. Ce qui faisait renaitre un doute en elle, celui qu’elle s’était appliquée à effacer face à Elise mais qui ressurgissait ce soir. « Est-ce que c’est une sorte de test ? » Alors qu’elle plongeait ses yeux dans ceux de sa cousine, elle ne put s’empêcher de se dire que c’était à son oncle et sa tante qu’elle aurait dû poser cette question.
CODAGE PAR AMATIS
'Cause there were pages turned with the bridges burned
Kayla Rausale
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Dim 22 Oct - 23:17
Là-bas entend la voix qui t'appelle Deux mondes, une seule famille Domicile des Rausale, Fin mars 2021
Si j’avais su qu’inviter Hestia mettrait ma mère dans des états pareils… Je voyais bien qu’elle tentait de se maîtriser et de ne rien laisser paraître mais si elle pouvait tromper la Serpentard, elle ne pouvait pas me tromper moi. J’étais très proche de mes parents et j’entretenais avec eux un lien très fort, vraiment très profond. J’étais leur fille chérie, et je leur rendais bien. Je n’avais pas eu la chance d’avoir une fratrie à cause de difficultés d’ordre médicales, mais cela ne nous avait jamais empêché d’être une famille des plus unies. En réalité, on pouvait même se demander comment ma mère pouvait être une Carrow. Son caractère était à l’exact opposé de celui du reste de sa famille. Du moins de l’ancienne génération. Thalia était différente, elle l’avait toujours été et je l’avais ressenti à partir du moment même où je l’avais rencontré. Quant à Hestia, son émancipation était plus récente. Suffisamment récente pour qu’elle ne se sente pas non plus très à l’aise au sein de la famille Rausale ; j’en étais bien consciente. Si j’étais très douée pour lire et décrypter les émotions de ma mère, celles d’Hestia m’étaient bien moins familières, quand bien même je pouvais aisément imaginer qu’elle n’était pas vraiment dans son élément. Je la comprenais tout-à-fait. Après tout, nous en étions qu’aux balbutiements de notre relation et pourtant elle était déjà là, dans ma salle à manger, à partager un repas avec ma mère qui ne savait pas dissimuler sa joie de recevoir la Serpentard. C’était en réalité plutôt gênant.
Quant à moi, je tentais vainement de soutenir ma cousine du mieux que je pouvais en lui rappelant à quel point son aide m’avait été précieuse. Sans Hestia, j’ignore si j’aurais réussi à devenir Animagus. Seule, cela aurait été impossible. Mes compétences en potion étaient plutôt médiocres, je n’avais ni la patience, ni la minutie pour cet art plutôt rigoureux, préférant la désinvolture du vol sur balai qui me correspondait bien davantage. Quoi que.. Avec Aodhan comme capitaine, il fallait tout de même filer droit. En tout cas, j’aurais très bien pu commander la potion à un professionnel du secteur mais j’avais préféré demander l’aide d’Hestia. Si j’avais prétexté le fait qu’elle soit l’une des meilleures à Poudlard -si ce n’était la meilleure-, le fait que nous ayons un lien de parenté avait également motivé mon choix. À l’époque, Thalia venait d’être accueillie chez mes parents et j’avais cette idée saugrenue de me rapprocher de la Serpentard. Quand j’avais demandé un coup de main à Hestia, je devais l’avouer, je ne savais pas du tout si elle accepterait ou non. Quelques mois plus tard, nous en étions rendues à déjeuner chez mes parents, pour moi, cela signifiait beaucoup. Alors je n’avais pas envie de nier son implication dans ma réussite ; j’étais reconnaissante envers Hestia. J’étais devenue Animagus en partie grâce à elle. Hestia, quant à elle, tentait de minimiser son rôle en exagérant le mien ; je souriais doucement à ses propos. « C’est vrai que ce sont des étapes importantes. » Je nuançai mes propos afin que l’attention se détourne de ma cousine et revienne sur moi. « Mais je peux vous dire que l’étape la plus difficile c’est bien la transformation en elle-même ! Sentir chacun de ses os se craquer un par un… » Je frissonnai, se rappelant avec pénibilité cette nuit hivernale, la veille de Noël où mon monde avait soudainement changé, où une part de moi s’était modifiée à jamais. Il y avait désormais Kayla l’humaine et aussi Kayla la panthère. Ces deux entités étaient tellement différentes mais désormais tellement complémentaires. « D’ailleurs, il faudrait que je te montre le résultat Hestia, on a jamais eu l’occasion de le faire !» J’évitais de me transformer à Poudlard. En réalité, j’évitais de me transformer tout court. Je voulais que le moins de personne sache pour mes compétences d’Animagus parce que cela pouvait s’avérer être très utile lors de futures attaques ou combats : l’effet de surprise était toujours la meilleure des armes. Seuls les membres de l’Ordre du Phénix savaient pour mon nouveau don, ainsi que mes amis les plus proches. Et Hestia. Évidemment. « Après le repas si tu veux bien Kayla, une panthère à table, c’est malpoli ! » Je ris de bon cœur. Maman était pourtant habituée à ce qu’une panthère débarque parfois sur le canapé du salon. Parfois, être sous ma forme animale m’aidait à penser. Parfois, c’était également utile lorsque j’avais besoin de décupler mes sens ; j’avais une bien meilleure vue et une bien meilleure ouïe lorsque j’étais transformée. Cela avait certains avantages.
La discussion semblait légère. Elle aurait pu le demeurer, si seulement ma mère avait su garder sa langue. Mais ce n’était pas son genre, elle préféra mettre les pieds dans le plat directement alors que tous mes signaux me montraient qu’Hestia n’était pas dans les meilleures dispositions pour cette conversation. Même moi, j’étais gênée. C’était pour dire… Je tentais même de le faire comprendre à ma mère en lui disant qu’elle était trop sérieuse. Trop sérieuse pour une première approche, trop sérieuse pour évoquer dès leur première rencontre ce type de sujet. Heureusement pour Hestia et moi, mon père débarqua avec la suite des hostilités et cela permit de changer de sujet. Papa était fort pour ça, même si, dans ce cas précis, il ignorait totalement qu’il était en train de venir à la rescousse de ma cousine. Ces questions étaient simples, faciles à répondre et je laissais Hestia s’en dépatouiller, intervenant quand il le fallait pour donner une précision ou ajouter un détail. La suite du repas se déroula de la même manière, d’une façon bien plus légère, si bien que j’étais au final bien plus détendue arrivant au dessert qu’à l’apéro. Une fois le thé servi, j’entraînai Hestia vers le salon tandis que mes parents demeuraient dans la cuisine pour terminer de ranger. En réalité, j’étais ravie de me retrouver seule avec elle, j’espérais que cela lui permettrait de souffler un peu, même si le repas était désormais terminé et qu’elle n’avait plus aucune obligation de demeurer ici. Lui demandant comment elle vivait les choses, Hestia répondit que tout cela était bien différent de ce à quoi elle était habituée. « Oui, je me doute. » dis-je simplement, un faible sourire naissant sur mes lèvres. Thalia vivait chez mes parents depuis plus de six mois et même si elle ne s’était jamais confondue en de larges confidences, l’ancienne Gryffondor avait déjà eu l’occasion de me confier la manière dont elles avaient été élevées, Hestia et elle. Une éducation bien différente de la mienne. Mes parents avaient même été un brin trop laxistes avec moi, le fait que je sois fille unique avait probablement accentué la chose. Je n’en avais jamais véritablement abusé mais je savais que j’avais de la chance : j’avais des parents bienveillants, aimants, inclusifs. Probablement tout le contraire des parents d’Hestia. Ce qui expliquait peut-être pourquoi ma mère avait agi de la sorte, elle voulait signifier à Hestia qu’elle était la bienvenue ici, peu importait qui elle était, elle n’avait pas besoin de se cacher, elle pouvait être elle-même. Mais tout cela avait pu mettre la Serpentard mal à l’aise et je préférai m’assurer qu’elle comprenait pourquoi ma mère s’était comportée ainsi. Évidemment, Hestia me répondit par la négative.
Elle ne comprenait pas. Je lui souris, pensive. Mes doigts se refermèrent sur ma tasse et je bus une longue gorgée, tentant de rassembler mes pensées, mes idées. Toutefois, un pli soucis se forma sur mon front lorsqu’Hestia évoqua le fait que cela soit un test. « Un test ? » répétai-je, perplexe. Je décidai de passer par l’humour : « Et tu penses que tu l’as réussi ? » Je lâchai un petit rire avant de secouer la tête. « Il n’y a pas de tests Hestia. Tu n’auras pas une note à la fin du repas. Ni quoi que ce soit de cet ordre là. On ne va pas débriefer sur la manière dont tu t’es comportée, ni sur ton aisance à table. On s’en fout. Mes parents s’en foutent. » Qu’elle ne se méprenne pas. Le savoir-être était important mais ce n’était pas vraiment ce qui se jouait ici. « Imagine, si on devait noter les gens, ma mère aurait probablement eu la pire note pour inconvenance. » Rejoignant alors les interrogations d’Hestia, j’haussai les épaules en réfléchissant. « Je ne sais pas pourquoi ta présence tient tant à ma mère. J’en ai seulement une vague idée. Elle doit s’imaginer que le monde très fermé des sang-pur peut encore changer, qu’il peut encore évoluer. Sa famille de naissance ne lui a jamais apporté du bonheur. Celle qu’elle s’est construite avec mon père oui. Mais cela ne l’empêche pas d’être nostalgique. Pas de la vie qu’elle aurait eu si elle était restée là-bas, mais plutôt du fait qu’elle n’a absolument aucun lien avec sa famille d’origine. C’est un manque qu’elle cherche sûrement à combler en accueillant Thalia ici, en t’accueillant toi ici. J’imagine qu’elle a le sentiment de pouvoir combler ce manque avec vous. » Tout cela n’était que des suggestions, des hypothèses que je me faisais quant aux motivations de ma mère. « C’est ce que je suppose, évidemment. » Je bus une autre gorgée avant de dire : « Mais je sais pourquoi ta présence m’importe, à moi. » Puisque nous en étions aux confidences... Je souris doucement en ajoutant : « Nous n’avons pas pu nous connaître enfant, mais j’entends bien rattraper le temps perdu désormais. » Peut-être que je lui en demandais beaucoup, peut-être que je lui en demandais trop. Mais puisque nous parlions à cœur ouvert, je laissais mes émotions parler pour moi : « Je suis bien la fille de ma mère. La famille, c’est important pour moi Hestia. Et tu fais partie de ma famille. » C’était la conclusion que j’avais à lui offrir.
Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Ven 15 Déc - 22:16
Entre deux mondes
Kayla ◊ Hestia
Deux mondes, une seule famille laisse ton cœur et le destin guider toutes ces vies
De tous les repas auxquels Hestia avait pu assister, celui-ci était certainement le plus déstabilisant de tous. Pourtant elle avait assisté à un nombre incalculable de repas, elle avait eu des consignes à suivre, une image à donner, des personnes à impressionner. Elle avait dîné avec des hauts dignitaires sorciers, des partenaires d’affaires de sa famille, des grands noms et des grandes fortunes. Elle avait côtoyé des sorciers importants, des personnes avec qui le moindre faux pas avait été purement et simplement interdit. Pendant des années il en avait été ainsi et elle s’était toujours pliée à ce petit jeu sans s’en plaindre. Elle avait joué son rôle sans faillir et elle pouvait même dire qu’elle avait excellé, car s’il y avait une chose que les Carrow avaient réussi à lui transmettre, c’était comment se faire passer pour l’héritière de sang-pur parfaite. Cependant, aujourd’hui tous ces enseignements ne lui servaient strictement à rien. Flatter, mentir, toujours acquiescer, ça ne lui était d’aucune utilité face aux Rausale. Certes, Elise lui avait conseillé de mentir si jamais elle sentait que leurs différences étaient trop importantes, mais pour le moment Hestia n’en n’avait pas ressenti le besoin. Ca aurait été un bien mauvais point de départ que de mentir dès les premières minutes de ce qui restait une première rencontre avec son oncle et sa tante. Malgré tout, la Serpentarde restait profondément déstabilisée par la manière dont se déroulaient les choses. Pas parce qu’elle rencontrait pour la première fois une part de sa famille, pas parce que comme elle, sa tante avait été reniée par les Carrow et que ça leur faisait un point en commun non négligeable, mais parce que les Rausale étaient complètement différent de tout ce à quoi elle avait été habituée. Hestia aurait certainement dû s’y attendre, il n’y avait que les familles de sang-pur pour agir comme le faisaient les Carrow et les Rausale n’avaient rien en commun avec les sang-purs, mais quand elle avait songé à ce dîner, elle avait imaginé la manière dont ils pouvaient agir face à elle, elle n’avait pas pensé à la manière dont ils pouvaient agir entre eux.
Le seul point qui la consolait un minimum, c’était que Kayla était toujours égale à elle-même. C’est-à-dire, complètement à l’opposé de la Serpentarde. La Gryffondor était parfaitement à l’aise dans cette configuration que Hestia ne cessait de trouver étrange, ce qui était sûrement normal car elle était chez elle, un terrain qu’elle connaissait par cœur et où elle était parfaitement en contrôle. En cet instant, Hestia songeait qu’il était certainement difficile de parier qu’un lien de parenté existait entre Kayla et elle tant tout dans leurs attitudes les différenciaient. Aussi bien dans leurs comportements, que dans leurs propos. Car si sa cousine ne cessait de vouloir lui lancer des fleurs à propos de la potion qui lui avait permis de compléter sa formation d’animagus, Hestia était bien décidée à ne pas la laisser faire. C’était affreusement gênant d’être ainsi mise en avant alors elle fut soulagée d’entendre Kayla aller enfin dans son sens. Elle ponctua les paroles de sa cousine d’un léger hochement de tête et se garda bien de faire le moindre commentaire afin d’éviter de relancer le débat à ce sujet. « Mais je peux vous dire que l’étape la plus difficile c’est bien la transformation en elle-même ! Sentir chacun de ses os se craquer un par un… » La verte ouvrit de grands yeux en entendant les propos de sa cousine. Parler d’os qui craquent au beau milieu de l’apéritif, elle ne s’y était pas attendue. Mais apparemment ça avait l’air d’être un sujet de conversation tout à fait classique chez les Rausale puisque personne ne réagit. Sûrement les parents étaient-ils habitué à ce récit de la part de leur fille. « D’ailleurs, il faudrait que je te montre le résultat Hestia, on a jamais eu l’occasion de le faire ! » Ah. Alors ça non plus Hestia ne s’y était pas attendue. Certes, elle avait accepté d’aider Kayla avec sa potion et elle savait parfaitement qu’elle était la finalité de tout ça. Elle avait même été lui demandé si sa tentative de devenir animagus avait été couronnée de succès et l’avait félicitée quand la rouge lui avait confirmé que ça avait été le cas. Mais à aucun moment Hestia avait imaginé lui demander une démonstration. « Pourquoi pas… » Répondit-elle prudemment. Pour le coup, elle préféra laisser les Rausale gérer cette proposition, elle ne savait pas bien si voir leur fille changée en animal sauvage au milieu de leur salon était très à leur goût. « Après le repas si tu veux bien Kayla, une panthère à table, c’est malpoli ! » Ah, apparemment c’était le cas, mais pas à table. D’accord.
Le repas se passa bien. Du moins, bien mieux que ce à quoi Hestia s’était attendue après les paroles de sa tante. Heureusement, Thémis choisit de ne pas s’attarder sur le sujet de la famille. Hestia n’était pas des plus à l’aise au milieu de cette famille qu’elle ne connaissait pas, elle n’avait aucune envie de se sentir poussée à devoir parler de ses parents, et encore moins de devoir exprimer le moindre sentiment à ce sujet. Elle n’avait pas besoin de ses parents, elle avait mis longtemps à le comprendre mais maintenant elle avait retenu sa leçon. C’était tout ce qui importait, qu’elle le sache, les Rausale n’avaient pas besoin d’en savoir autant. Elle fut donc particulièrement soulagée que le repas ne prenne pas cette direction. La discussion fut animée, mais bien plus légère et elle savait bien qu’elle pouvait remercier Kayla pour ça. C’était la Gryffondor qui cristallisait la plupart de l’attention et c’était très bien ainsi. Hestia participait de bonne volonté mais rester en retrait lui convenait parfaitement. Les Rausale étaient bien mieux ensemble de toute manière. Si ce dîner servit à quelque chose, ce fut à lui montrer combien ce qu’elle avait connu chez les Carrow différait. La Serpentarde n’en doutait pas, les Rausale devaient être l’exemple de la famille typique. C’était ainsi que devaient se dérouler les repas chez les autres, pas comme chez les Carrow. Dans les familles normales, on discutait, on débattait, on plaisantait. Les repas devaient être joyeux et chaleureux. C’était ça qui était normal, comme tout ce qui liait les Rausale. Mais cette normalité, Hestia n’y avait jamais eu le droit. Quand Kayla l’interrogea à ce propos, Hestia choisit de ne pas lui mentir, de toute façon elle avait été déstabilisée de bout en bout et ça avait certainement dû se voir. « Oui, je me doute. » La verte contempla sa cousine en silence par-dessus sa tasse de thé. Oh non, elle ne se doutait pas. Même si Hestia ne doutait pas que sa mère avait dû lui faire de récit de la vie dans une famille de Carrow, il fallait véritablement le vivre pour le comprendre. La Serpentarde voulait bien reconnaitre que sa cousine faisait des efforts, mais elle ne pouvait pas vraiment savoir. Ce qui était certainement tant mieux pour Kayla. Hestia ne souhaitait cet ersatz de vie de famille à personne.
Si elle devait être totalement honnête avec sa cousine, Hestia devait admettre qu’il y avait plusieurs choses qu’elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas la raison de sa présence dans cette maison. Elle ne comprenait pas pourquoi sa tante était si contente de l’avoir sous son toit, alors qu’elle venait de cette même famille qui l’avait rejetée. Elle ne comprenait pas pourquoi tout ça était si important pour les Rausale. Mais pour une fois, au lieu de garder ses doutes et ses questionnements enfermés au fond d’elle, au lieu de les laisser les ronger de l’intérieur, Hestia choisit de les exprimer. Elle ne parvenait pas à s’ôter de la tête que tout ça était peut-être simplement un test. Elise avait beau avoir tenté de la contredire à ce sujet, elle ne pouvait s’en empêcher. Ca aurait été logique. Que les Rausale cherchent à savoir si elle était comme ses parents était cohérent. Ca aurait au moins été digne des Carrow et de leurs agissements emplis de manipulation. « Un test ? » Hestia soutint le regard de sa cousine sans ciller. « Et tu penses que tu l’as réussi ? » Face au rire de Kayla, la verte demeura impassible. Elle ne trouvait pas vraiment ça drôle et se hérissait déjà à l’idée que la Gryffondor se foute d’elle. « J’en sais rien, Kayla. » Soupira-t-elle, un peu plus sèchement que prévu. En réalité elle n’avait clairement pas l’impression d’avoir réussi quoi que ce soit. Mais ce n’était pas bien difficile d’échouer quand une Carrow devait faire face à une famille aussi solaire que les Rausale. « Il n’y a pas de tests Hestia. Tu n’auras pas une note à la fin du repas. Ni quoi que ce soit de cet ordre là. On ne va pas débriefer sur la manière dont tu t’es comportée, ni sur ton aisance à table. On s’en fout. Mes parents s’en foutent. » Alors ça, Hestia avait le plus grand mal à le croire. Les Rausale l’avaient invité pour la remercier et apprendre à la connaitre, non ? Alors ça impliquait obligatoirement qu’ils la jaugent, d’une manière ou d’une autre. La Carrow avait grandi dans un univers où tout n’était que jugement, elle savait comment ça se passait. « Il y a toujours une part de jugement. » Argua-t-elle calmement. Ce n’était pas une critique, juste un fait. Kayla ne pourrait pas faire croire à la Serpentarde qu’à aucun moment ils allaient discuter du déroulé de cette soirée ou de leurs impressions sur elle. « Imagine, si on devait noter les gens, ma mère aurait probablement eu la pire note pour inconvenance. » Si Hestia choisit de garder le silence, il était vrai qu’elle se serait bien passée de certains épanchements de sa tante.
« Je ne sais pas pourquoi ta présence tient tant à ma mère. J’en ai seulement une vague idée. Elle doit s’imaginer que le monde très fermé des sang-pur peut encore changer, qu’il peut encore évoluer. Sa famille de naissance ne lui a jamais apporté du bonheur. Celle qu’elle s’est construite avec mon père oui. Mais cela ne l’empêche pas d’être nostalgique. Pas de la vie qu’elle aurait eue si elle était restée là-bas, mais plutôt du fait qu’elle n’a absolument aucun lien avec sa famille d’origine. C’est un manque qu’elle cherche sûrement à combler en accueillant Thalia ici, en t’accueillant toi ici. J’imagine qu’elle a le sentiment de pouvoir combler ce manque avec vous. » Pour se laisser le temps de réfléchir à tout ce que Kayla venait de lui expliquer, Hestia prit une nouvelle gorgée de son thé. Elle hocha brièvement la tête en entendant sa cousine ajouter que ce n’était que des suppositions. Pour avoir des certitudes, il aurait fallu demander directement à Thémis Rausale, mais Hestia n’était pas vraiment séduite par cette idée. Les conversations à cœur ouvert ce n’était clairement pas pour elle, c’était un langage qu’elle ne maitrisait pas, une configuration dans laquelle elle se sentait vulnérable. Or Hestia ne réagissait jamais bien lorsqu’elle se sentait vulnérable. « Thalia est bien plus douée que moi pour ça. » Marmonna-t-elle à mi-voix. Thalia était le bon choix, elle était aimante et joyeuse, elle était solaire, pas comme elle. Hestia ne voyait pas comment Thémis pouvait vouloir combler un manque avec elle. D’ailleurs, elle ne comprenait pas cette quête tout court. Ce manque, elle l’avait déjà comblé, elle avait un époux aimant et une fille tout aussi affectueuse. « Et ta mère a déjà réussi à créer la famille qui lui manquait, elle n’a pas besoin de moi. » Hestia ne voyait pas pourquoi sa tante souhaitait ça, pourquoi elle voulait s'encombrer d'elle. Elle était loin d'être la nièce idéale. Ou même d'être une sorcière particulièrement agréable pour être tout à fait honnête. Au moins Hestia ne se faisait pas d'illusions à ce sujet, elle savait comment elle était. Ce qui faisait qu'elle comprenait encore moins la démarche de sa tante. Se rapprocher de Thalia, d’accord, mais d'elle...
« Mais je sais pourquoi ta présence m’importe, à moi. » La Serpentarde posa ses prunelles sur sa cousine. Elle ne savait pas trop si elle avait envie d’entendre ce qu’elle avait à lui dire, ou si elle préférait rester dans l’ignorance. « Nous n’avons pas pu nous connaître enfant, mais j’entends bien rattraper le temps perdu désormais. » Hestia prit sur elle pour ne pas arguer que si elles ne s’étaient pas connues enfants, ça n’avait pas été à cause des circonstances, mais bien parce qu’elle l’avait choisi. L’ordre premier de ne pas s’approcher de Kayla était venu des parents, mais ça n’avait pas empêché Thalia de l’enfreindre. Hestia avait fait un choix différent mais Kayla avait l’air de l’oublier. « Je suis bien la fille de ma mère. La famille, c’est important pour moi Hestia. Et tu fais partie de ma famille. » Un instant, Hestia garda le silence. Même si elle connaissait encore peu Kayla, elle avait le sentiment qu’elle était parfaitement sincère avec elle. Et elle trouvait ça particulièrement déstabilisant. Elle voulait bien croire en la bonne volonté de sa cousine, mais justement, ça la mettait terriblement mal à l’aise. Tous ces étalages d’émotions, ce n’était pas pour Hestia. Ses sentiments, elle n’avait jamais appris à les gérer, alors ceux des autres, c’était encore pire pour elle. Elle ne comprenait pas d’où ça venait, et encore moins pourquoi ça lui était adressé à elle. Elle n’avait jamais donné la moindre raison à Kayla de la voir ainsi. Elle l’avait aidé à confectionner une potion, juste une potion. « Tu sais que famille ne veut pas dire la même chose pour moi ? » Finit-elle par lancer après quelques instants de silence. C’était ça le truc, si Kayla voyait en la famille une notion d’amour et de chaleur, c’était loin d’être la même chose pour Hestia. Kayla avait toutes les raisons du monde d’aimer sa famille, de vouloir la voir s’agrandir, mais Hestia ne voyait pas les choses de la même manière. Les Carrow ne pouvaient pas être plus éloignés de l’idée qu’on se faisait d’une famille aimante. Dans cet univers froid, Thalia avait fait figure d’exception. Dans cet univers sa propre famille l’avait renié, avait envoyé des mangemorts la punir, alors cette notion n’avait plus beaucoup de sens pour elle. « Les repas comme ça, les conversations à cœur ouvert, ce… Ce que vous avez, tout ça, je ne sais pas faire. » Ca ne serait sûrement jamais le cas. Et très franchement, Hestia n’était pas sûre que ça lui corresponde un jour. Elle secoua la tête, prise dans un mélange d’incompréhension et de malaise. « C’est pas moi, Kayla. » Hestia fronça les sourcils. Elle avait l’impression que Kayla se faisait une image faussée d’elle, l’image d’une jolie petite famille où elle trouverait sa place d’adorable nièce. Une image qui faisait presque peur à la Serpentarde. Une famille, elle en avait longuement désiré une, et elle avait bien vu le résultat. « Peu importe ce que ta mère veut, ou ce que toi tu veux… Vous ne pourrez qu’être déçues. » Parce qu’au fond, elle restait une Carrow et que ce n’était jamais de bon augure.
CODAGE PAR AMATIS
'Cause there were pages turned with the bridges burned
Kayla Rausale
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Ven 5 Jan - 23:00
Là-bas entend la voix qui t'appelle Deux mondes, une seule famille Domicile des Rausale, Fin mars 2021
Je me doutais bien que ce dîner apporterait son lot de surprises et d’incertitudes. Quoi de plus normal en réalité ? Hestia et moi étions bien différentes et ma mère avait de telles attentes en invitant la Serpentarde qu’il lui avait été difficile de se comporter normalement. Peut-être aurais-je du insister pour qu’elle garde pour elle ses états d’âme mais il n’était pas dans la nature de ma mère de conserver pour elle ce qu’elle souhaitait partager ; pour être honnête, je tenais aussi ça d’elle. Peut-être aurait-elle dû s’abstenir mais je savais qu’il était vain d’essayer d’aller à l’encontre de ses désirs. Elle était aussi impulsive que je l’étais. Comme disait l’adage, les licornes ne faisaient pas des dragons. Pour ma part, je tentais de faire de mon mieux pour rendre le moment le moins pénible qu’il soit pour Hestia. Probablement qu’elle devait se sentir en décalage avec nous, j’en savais rien ; je connaissais mal ma cousine, même si nous nous étions rapprochés ces derniers mois, je n’avais pas la même relation avec elle qu’avec sa sœur aînée. Pour autant, je n’avais jamais cherché à ce que cela le soit. Hestia était différente de Thalia ; elles avaient chacune leurs caractères et leurs personnalités. Si je restais moi-même, je n’agissais pas de la même manière avec l’une comme avec l’autre. Avec l’ancienne Gryffondor, c’était facile et simple car nous nous fréquentions depuis la première année : on avait appris à se connaître, on s’était apprivoisé. Tout s’était fait naturellement au fil des ans. Avec Hestia, notre relation était plus récente et moins fluide. J’avais souvent l’impression de marcher sur des œufs avec elle parce que je savais à quel point sa vie était à l’opposée exacte de la mienne. Peut-être que nos existences se rapprochaient davantage depuis qu’elle avait tourné le dos à sa famille mais tout cela était encore tout frais et pour être tout à fait honnête, je me demandais parfois si Hestia assumait pleinement ce choix, alors je me contentais d’éviter le sujet, cela me paraissait plus simple ainsi.
Alors, pour que cela soit plus confort pour tous, je préférai aborder des sujets moins sensibles. Ma transformation en faisait partie. Au moins, j’en maîtrisais chaque contour. Il fallait bien l’avouer, Hestia avait joué un rôle considérable et non négligeable dans cette réussite et si elle était trop modeste pour s'en attribuer le mérite, je n’oubliais pas que sans sa contribution, je n’aurai probablement jamais réussi à le faire. J’étais vraiment une bille en potion. Une véritable bille. J’étais à peine capable de touiller un chaudron sans le faire exploser et j’avais eu de la chance de parvenir à entrer dans la filière protection magique. L’Acceptable que j’avais eu aux ASPIC était à mon avis surnoté mais bon, cela m’avait au moins permis de m’inscrire dans ce cursus. Alors demander de l’aide pour réaliser une potion qui dépassait -et de loin- mes compétences, cela m’avait paru tout-à-fait logique. Demander à Hestia n’avait pas coulé de source, non. Pour être honnête, j’avais dans un premier temps craint qu’elle refuse. Elle en aurait eu le droit et si cela avait été le cas, je l’aurai compris ; après tout, nous n’étions pas si proches que cela et je lui avais demandé de réaliser une potion difficile qui demandait du temps, de l’investissement et de la concentration. Et qui étais-je alors pour elle ? Une lointaine cousine au cinquantième degré. Elle aurait pu dire non. Mais elle ne l’avait pas fait. Pour ma part, j’en avais été ravie. Déjà parce qu’Hestia était connue pour être une des meilleures potionnistes de sa promotion, peut-être même de tout Poudlard. Mais aussi parce qu’au-delà de ses compétences, j’avais eu à cœur d’essayer de renouer un lien avec elle. Je ne dirai pas que nous étions devenues proches mais notre lien qui était autrefois si ténu me semblait un peu plus tangible : du moins, il l’était à mes yeux. Alors j’étais prête à laisser Hestia rentrer au cœur de ma vie, y compris dans le cercle plus intime des personnes à qui j’avais montré mon animagus. « C’est noté, je garde le spectacle pour le dessert. » dis-je à mes parents avant de faire un clin d’œil entendu à ma cousine.
Ensuite, les plats furent servis et l’ambiance était plutôt détendue. Je m’efforçai d’attirer l’attention sur moi et les sujets de conversation étaient plutôt légers, toujours dans l’optique de ne pas embarrasser Hestia. Si nous nous étions rapprochées que récemment, je savais fort bien qu’elle n’était pas à l’aise dans ce type d’évènement. Qui le serait ? Hestia était une femme des plus introverties et en plus de cela, elle venait d’atterrir au milieu de la famille Rausale qui était probablement l’exact opposé. Nous parlions forts, nous rions souvent, nous nous taquinions. J’imaginais bien les repas froids qu’elle avait du passer avec les Carrow et je supposais que ce n’était pas dans cette ambiance qu’elle avait grandi. Évidemment pas. Hestia en était déstabilisée et je pouvais bien la comprendre mais si je ne pourrais jamais savoir ce que c’était de naître dans une famille où l’amour n’est pas le moteur des relations. Ma mère n’évoquait que rarement son enfance, je savais que c’était douloureux pour elle, difficile pour elle. La preuve était là sous mes yeux : Hestia imaginait qu’il s’agissait d’un test. Elle me fixait avec une intensité que je ne lui avais jamais connu, sans doute pour lire en moi la réponse que j’allais lui offrir. Selon la Serpentard, peu importait ce que je disais, elle serait jugée. J’essayais d’arrondir les angles car ce n’était vraiment pas le genre de mes parents de faire ça mais cela ne semblait pas suffire à Hestia. J’essayais alors de donner davantage d’informations, d’expliquer le comportement de ma mère. Mais je n’étais pas dans sa tête, je ne pouvais que supposer. Maman était très fermée à tout ça, je savais que cela lui faisait du mal de se remémorer les brides de souvenirs qu’elle possédait encore. De ce que je savais, Poudlard l’avait libéré du joug familial, ce qui expliquait probablement pourquoi ses frères et sœurs n’y étaient pas allés et avaient été envoyés à Durmstrang ; ils n’avaient pas souhaité reproduire l’erreur qu’ils avaient fait avec elle. Poudlard était connu pour être bien plus tolérants et ouverts sur les nés-moldus, les sang-mêlés. Évidemment.
Tandis que j’essayais comme je pouvais d’éclairer ma cousine, les mots qu’elle prononçait me faisaient réfléchir. Se comparait-elle à sa sœur ? Thalia avait eu moins de difficultés à s’intégrer à Poudlard, sans doute par son caractère plus avenant mais aussi sans doute parce qu’elle avait choisi assez rapidement d’outrepasser l’éducation qu’on lui avait fournie plus jeune. Pour Hestia, c’était plus récent. Je ne prétendais pas savoir pourquoi elle avait pris cette décision, je n’avais jamais osé le lui demander. C’était trop intime, trop personnel et je ne me sentais pas suffisamment proche d’elle pour lui poser la question. « Vous êtes différentes. » me contentai-je de dire. C’était vrai. « C’est ni bien, ni mal. » ajoutai-je rapidement, afin que cela ne soit pas mal pris. Elles étaient deux personnes à part entière, avec chacune leurs qualités et leurs défauts. Comme tout un chacun. « Alors ça, laissons-là en décider par elle-même. » Si j’avais été tout-à-fait honnête avec Hestia, je lui aurai dit que l’amour qu’on portait à sa famille se multipliait et que sa mère avait tant d’affection à donner qu’Hestia pourrait totalement avoir sa place auprès d’elle, mais je m’abstins. Ce n’était certainement pas le genre de choses gênantes qu’elle souhaitait entendre.
En tout cas, si je ne pouvais parler au nom de ma mère, je pouvais néanmoins parler en mon nom. Hestia était de mon sang. Peut-être que cela ne voulait rien dire au final. Ce concept n’était-il pas surfait ? Avait-il encore un sens aujourd’hui ? Alors que celui de famille était plus large à mes yeux. Il regroupait simplement les personnes qui nous étaient chères. À mes yeux, Maxime et Eirian faisaient partie de ma famille alors même qu’ils ne partageaient avec moi aucun lien de sang. Alors que je me perdais dans mes pensées, Hestia dégaina sa propre définition de la famille et ce n’était certainement pas la même que la nôtre : c’était ce qu’elle disait. Tout cela n’était pas elle. Le silence s’installa doucement tandis que j’attrapais ma tasse de thé. Je réfléchissais. « Je ne vois pas pourquoi je serai déçue. » dis-je au bout d’un moment. « Tu sais, tout ça… » dis-je en faisant un mouvement du poignet pour nous englober, englober mes parents qui étaient toujours de l’autre côté. « Cela n’engage à rien. C’est... » Une proposition ? Montrer qu’on pouvait vivre différemment ? Montrer qu’elle méritait une place dans notre famille aimante ? Qu’elle y avait le droit ? Qu’elle pouvait y prétendre ? Je n’en savais rien. Tout cela était bien trop compliqué. « On ne te demande rien. Je ne te demande rien. Rien de plus que ce qu’on a déjà. Moi ça me convient. » Évidemment, être plus proche d’Hestia me plairait, mais mes désirs ne devaient certainement pas passer avant les siens. Jamais. Hestia avait raison. Je vivais bien ma vie avant qu’elle n’entre de nouveau dans la mienne ; je survirais si elle en venait à décider que ce n’était pas ce qu’elle voulait. « Si notre relation ne t’apporte rien, tu ne me dois rien, tu sais. Tu peux y mettre un terme immédiatement. » lui dis-je en lui adressant un sourire concis. C’était la stricte vérité. Elle n’était pas obligée d’endurer cela si c’était un supplice, si elle n’en voyait pas l’utilité, si cela ne lui convenait pas. Peut-être n’était-elle pas prête à s’ouvrir davantage, peut-être qu’elle ne le désirait pas non plus. Pourtant, elle avait accepté de venir aujourd’hui. Cela signifiait qu’elle estimait que cela pouvait lui apporter quelque chose non ? Sinon, n’aurait-elle pas décliné l’invitation ? « Tu es libre d’accepter ou non d’être... » Je cherchais mes mots. Ce n’était pas si évident. « Mon amie. À défaut d’être ma cousine au millième degré. Peut-être que tu as raison. Peut-être que le mot famille ne veut rien dire et que ce n’est pas ça qui nous lie finalement. » J’haussai les épaules. Encore une fois, c’était ce que je pensais. « Je ne veux pas que tu sois mal à l’aise. Ça n’a jamais été le but. » J’ajoutai pour terminer. « Tu peux partir maintenant si tu en ressens le besoin. On peut aller ailleurs. Avec ou sans moi d’ailleurs. C’est toi qui décide. » Nous, nous n’étions là que pour elle. La véritable question était la suivante : en avait-elle réellement besoin ? J’en doutais soudainement.
Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Dim 25 Fév - 23:08
Entre deux mondes
Kayla ◊ Hestia
Deux mondes, une seule famille laisse ton cœur et le destin guider toutes ces vies
Maintenant qu’elle se trouvait chez les Rausale, il apparaissait clairement à Hestia que le moment qu’elle aurait dû le plus redouter n’était pas le dîner en lui-même. Malgré tout ce qu’elle avait pu s’imaginer, le repas s’était plutôt bien passé. Certes, il y avait eu des questions auxquelles elle aurait aimé ne pas avoir à réfléchir, des moments de flottement un peu gênants et de la nourriture qu’elle avait plus baladée dans son assiette que réellement mangée, mais Hestia s’était attendue à pire. Pour ça, elle pouvait certainement remercier Kayla. Sa cousine avait attiré l’attention sur elle pendant la plus grande durée du repas, laissant l’opportunité à Hestia de respirer un peu, et cela n’était pas passé inaperçu aux yeux de la Serpentarde. Elle était réellement reconnaissante envers sa cousine d’avoir agi ainsi car Hestia devait reconnaître que si tout le dîner s’était déroulé sur le même modèle que l’apéritif, elle n’aurait certainement pas tenu. Or, elle savait parfaitement que s’enfuir au beau milieu d’un repas de famille, c’était du plus mauvais effet. Encore plus lorsqu’il s’agissait d’une première vraie rencontre avec son oncle et sa tante. Même si elle accordait habituellement que peu d’importance à l’avis que les autres pouvaient avoir sur elle, cette fois était différente pour Hestia et elle n’avait pas très envie que les Rausale se fassent une opinion négative d’elle. Du moins pas plus que ce n’était peut-être déjà le cas. Causer un scandale en plein repas n’aurait certainement pas aidé. Au final, Hestia avait été soulagée en comprenant que le dîner prenait un chemin plus apaisé et que la conversation serait moins gênante que celle qu’ils avaient pu avoir précédemment. Enfin, elle ignorait si cela aurait été possible vu comment elle avait trouvé leur échange troublant. Quel dommage que le moment qu’elle passait désormais en compagnie de Kayla ne suive pas également ce chemin.
Ce qui était plus dommage encore -si c’était possible- c’était que cette fois, c’était elle qui avait provoqué cette discussion. Hestia aurait pu s’en tenir à des banalités, complimenter le repas, la décoration, l’accueil des Rausale, elle aurait été sincère en plus, ce n’était pas son genre de jouer les hypocrite alors qu’elle pouvait tout simplement décréter qu’il était l’heure pour elle de partir. Elle savait le faire pourtant, elle avait été élevée dans cette optique-là. Mais non, il avait fallu qu’elle se questionne, et pire, qu’elle donne une voix à ses doutes. Demander de but en blanc à Kayla si sa famille lui faisait passer une sorte de teste n’était sûrement pas l’idéal, mais Hestia n’avait pas réussi à s’en empêcher. Se retrouver là, invitée dans une famille aussi différente de la sienne, ça lui semblait trop étrange pour qu’elle l’accepte aussi aisément. Les Rausale étaient tant différents des Carrow qu’il était difficile de croire qu’un lien de parenté existait réellement. Alors si toute cette soirée avait eu un but caché, elle n’en aurait pas été vraiment étonnée. Ce n’était pas comme si elle était la nièce idéale, Thalia était bien plus douée dans ce rôle. L’ancienne Gryffondor avait son caractère, mais elle était aussi, et surtout, plus facile à approcher que sa cadette. Un point dont Hestia était parfaitement consciente et qu’elle n’hésita pas à souligner. « Vous êtes différentes. » Oui, alors ça c’était l’euphémisme du siècle. Hestia se retint de faire la moue. Thalia et elle avaient été réparties dans les deux maisons opposées de Poudlard, niveau différence on ne pouvait certainement pas faire mieux. « C’est ni bien, ni mal. » Une seconde, la Serpentarde se demanda si Kayla lui mentait car pour le coup, Hestia n’était pas vraiment de cet avis. Elle connaissait Thalia, elle savait qu’il était facile de l’approcher, qu’il était facile de l’aimer, et surtout que ce n’était pas son cas à elle. Tout ce qu’était Thalia, Hestia ne l’était pas, et si elle se fichait bien de ces différences, elle savait que ce n’était pas le cas de la plupart des gens. « Certains ne seraient pas d’accord avec toi. » Se contenta-t-elle de souffler. Elle savait que les autres se demandaient pourquoi elle ne pouvait pas être un peu plus comme sa sœur. Que c’était bien dommage qu’elle ne soit pas un peu plus comme Thalia.
Peut-être même que Thémis Rausale en viendrait à se dire la même chose un jour ou l’autre. Hestia avait du mal à imaginer une autre alternative. Ce n’était pas comme si la verte comprenait pourquoi elle voulait l’inclure dans sa famille de toute façon. Les Rausale étaient déjà la famille parfaite, ils n’avaient pas besoin d’elle. « Alors ça, laissons-là en décider par elle-même. » Pinçant les lèvres, Hestia préféra garder le silence. Si elle ne disait rien, elle n’en pensait pas moins. Et s’il y avait des moments où elle savait qu’elle ferait mieux de ne rien dire, ce soir n’en faisait pas partie. Tout ce dîner avait été profondément déstabilisant. Des repas similaires, Hestia en avait connu de nombreux, mais pas avec une famille comme ça. Pas avec des gens ouverts et avenants, des personnes à qui il semblait simple de parler. Elle n’était pas habituée à tout ça, et pour être tout à fait honnête avec Kayla, elle doutait que ça soit le cas un jour. Elle n’avait pas été élevée ainsi, peut-être que ça ne lui paraitrait jamais normal, jamais confortable. Ainsi, elle ne voyait pas comment les Rausale ne pourraient pas finir par être déçus. « Je ne vois pas pourquoi je serai déçue. » Hestia se contenta de prendre une inspiration. Kayla voulait-elle une liste ? C’était faisable. Ou alors il lui suffisait d’écouter ce qu’il se disait sur la Serpentarde dans les couloirs de Poudlard, si certaines rumeurs étaient à côté de la plaque, d’autres visaient juste. Et elles n’étaient clairement pas les plus glorieuse. Hestia jugea plus sage de ne rien dire. « Tu sais, tout ça… » Les prunelles de la verte suivirent le mouvement de poignet de sa cousine. « Cela n’engage à rien. C’est... » Son regard revint sur Kayla, l’invitant à aller au bout de sa pensée. « On ne te demande rien. Je ne te demande rien. Rien de plus que ce qu’on a déjà. Moi ça me convient. » Ces quelques mots plongèrent Hestia dans ses réflexions. Elle était bien peu habituée à ce genre de discours et c’était compliqué de savoir comment elle devait le recevoir exactement. Ce qu’elles avaient convenait à Kayla, elle n’aurait pas pensé entendre ça un jour de cette cousine qu’elle avait pourtant rejetée pendant si longtemps. Ces mots, Hestia n’avait pas l’impression de les mériter. « Si notre relation ne t’apporte rien, tu ne me dois rien, tu sais. Tu peux y mettre un terme immédiatement. » La Serpentarde se redressa un peu sur son siège. Elle se tourna vers Kayla sourcils froncés et les mots franchirent ses lèvres avant même qu’elle ait pu y réfléchir. « Je ne suis pas ici parce que je pense que tu peux m’apporter quelque chose. » Du moins pas quelque chose de physique, de palpable. Hestia n’attendait aucune contrepartie de Kayla ou de ses parents. En réalité une part d’elle ignorait toujours pourquoi elle était là. Tandis qu’une autre part lui soufflait qu’elle jouait volontairement les aveugles.
« Tu es libre d’accepter ou non d’être... » De nouveau, Hestia choisit de garder le silence. Si elle s’était accordé le droit d’exprimer ses doutes, elle devait bien laisser la même occasion à Kayla. « Mon amie. À défaut d’être ma cousine au millième degré. Peut-être que tu as raison. Peut-être que le mot famille ne veut rien dire et que ce n’est pas ça qui nous lie finalement. » La verte s’efforça de rester impassible, mais au fond d’elle les paroles de Kayla réveillaient quelque chose en elle. Elle n’était pas habituée à tout ça, parce qu’au fond, la notion de famille restait terriblement nébuleuse pour elle. Thalia était sa famille, mais elle était aussi et surtout sa seule famille. Mieux que ça, elle était sa sœur. Ses propres parents l’avaient rejeté, son cousin l’avait vendue aux mangemorts et elle ne savait quoi penser de son oncle qui lui donnait souvent la sensation de marcher au bord d’un gouffre. Peut-être qu’effectivement, le terme de famille ne voulait plus dire grand-chose pour elle après tous les déboires qui y avaient été liés. « Je ne veux pas que tu sois mal à l’aise. Ça n’a jamais été le but. » Ca, Hestia l’espérait bien, l’inverse aurait tout de même été inquiétant. Si plusieurs moments de cette soirée avaient été particulièrement gênants, la Serpentarde voulait encore croire que cela n’avait pas été prémédité. « Tu peux partir maintenant si tu en ressens le besoin. On peut aller ailleurs. Avec ou sans moi d’ailleurs. C’est toi qui décides. » Hestia se figea. L’espace d’un instant, elle se demanda si elle n’avait pas été trop loin dans ses propos, si ses doutes avaient fini par vexer Kayla. Ce n’était pas ce qu’elle avait voulu, mais elle savait aussi que sa propension à ne pas mâcher ses mots pouvait facilement passer pour de l'indélicatesse. Et si ce n'était pas forcément volontaire, elle n'y prêtait pas attention pour autant. Du moins, habituellement. Mais cette fois, ça semblait différent aux yeux de la Serpentarde. « Je… » Elle prit une profonde inspiration, chercha ses mots un instant. « Je ne voulais pas remettre en cause les intentions de ta famille, Kayla. » Elle releva le visage pour croiser le regard de la Gryffondor, avant de conclure « Ou les tiennes. »
Hestia contempla longuement sa cousine. Elle hésitait quant à la suite à donner à cette histoire. C’était une forme de remise en question et la Serpentarde n’était clairement pas douée pour ça, étant plus habituée à la confrontation directe qu’à faire des concessions. Elle pouvait partir, c’était ce que Kayla venait de lui dire, mais était-ce réellement ce qu’elle souhaitait ? Ou alors se saisir de cette main tendue de la part de sa cousine, de cette amitié ? Hestia ne savait pas bien. Elle avait craint une forme de manipulation, mais était au final déstabilisée de se voir offrir quelque chose de différent. Se lever et partir, comme le lui suggérait Kayla, ne lui semblait pas une si mauvaise idée, c'était une solution de facilité comme une autre. Au moins en agissant ainsi, elle n'aurait plus à se poser de questions, plus de prises de tête qui lui semblaient terriblement inutiles, mais il y avait quelque chose qui l'en empêchait. Un poids étrange sur le cœur qu'elle avait du mal à identifier, et sur lequel elle n'avait en réalité pas vraiment envie de s'attarder. C’étaient des questionnements bien trop épineux pour la Serpentarde. Malgré tout, elle ne fit aucun mouvement pour partir, et quand elle s'adressa à sa cousine, elle ne détourna pas le regard. « Ma famille a toujours attendu quelque chose de moi, Kayla. » Commença-t-elle, imperturbable. Ce n'était pas de l'insensibilité de sa part, c'était juste de l'habitude. Les choses avaient été ainsi, point. Si Hestia n'en ressentait plus vraiment la moindre émotion, elle savait que cette explication était nécessaire pour que Kayla comprenne ses doutes et ses réactions. « Ils ont toujours exigé quelque chose de moi, je leur ai toujours dû quelque chose. » Ils lui en avaient trop demandé sans rien lui offrir en retour, elle en avait trop fait sans rien obtenir ensuite. Juste un peu plus de mépris et d’autres exigences, toujours plus importantes, plus étouffantes. Ce qu’avaient les Rausale, ce n’était pas sa normalité. « Je n’ai jamais eu de choix. » Pas comme ce que lui offrait Kayla et les siens. Ca aussi c’était nouveau pour elle et ça la déstabilisait. Après un instant de silence, elle choisit de traduire cette pensée. « Ca non plus, je n’y suis pas habituée. » Autant dire les choses clairement, Hestia ne connaissait pas d’autre dynamique, ce n’était pas comme si elle avait eu un autre exemple dans sa vie. Les sang-purs ne fréquentaient que des sang-purs alors Hestia avait vu ce modèle se répéter inlassablement. Se trouver confrontée à quelque chose de différent la laissait désemparée.
Ses prunelles de nouveau fixées sur sa tasse de thé, Hestia prit le temps de la réflexion. Quelques secondes de silence qui filèrent sans même qu'elle s'en rende compte. « Je ne sais pas quoi dire. » Admit-elle finalement. Ni même quoi penser, en réalité, mais il ne fallait pas trop demander de confessions à Hestia, ce qu’elle venait de dire à sa cousine était bien assez comme ça. Au moins pour le moment. Après un nouvel instant de silence, la Serpentarde prit une inspiration avant de décider « Mais je… Je suis prête à essayer. » Elle posa lentement sa tasse sur la table basse. Si les Rausale étaient prêts à faire un effort et à l'accueil, alors elle pouvait au moins faire l'effort d'essayer de son côté. Hestia ne savait pas si c'était la bonne décision ou si elle s'apprêtait à foncer une fois de plus dans le mur, seul l'avenir le lui dirait. En attendant, elle ne pouvait se laisser aller à ressentir le manque d'une famille mais refuser quand quiconque souhaitait s'approcher d'elle. Elle n'avait aucune garantis quant à l'avenir, mais Kayla et les Rausale non plus. Hestia ne savait pas bien si cela devait la réconforter ou pas. Comme dans toute cette situation, elle évoluait à l'aveugle. « Mais d'abord, je ne suis pas contre aller prendre l’air. » Hestia voulait bien faire des efforts, mais après les dernières heures, elle n'était pas contre une petite pause. Elle tourna un sourire un brin hésitant vers Kayla « Tu me ferais visiter ton quartier ? » Demanda-t-elle pour lui montrer qu'elle ne rejetait pas sa présence. Hestia avait bien envie de prendre l'air mais aussi de sortir un peu de cette ambiance de famille aimante. A forte dose, elle se sentait mal à l'aise, si elle était prête à faire quelques efforts, elle n'avait pas non plus l'intention de se laisser étouffer. Retrouvant rapidement ses bonnes manières, la verte reprit « Enfin, tu crois que je peux aller remercier tes parents pour le repas avant ? » Si elle était peu habituée aux familles affectueuses, et si elle avait du mal à croire que l'on puisse souhaiter l'accueillir à bras ouverts, Hestia restait bien élevée. Il y avait des choses qui ne changeaient pas.
CODAGE PAR AMATIS
'Cause there were pages turned with the bridges burned
Kayla Rausale
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Sam 6 Avr - 10:16
Là-bas entend la voix qui t'appelle Deux mondes, une seule famille Domicile des Rausale, Fin mars 2021
Je n’étais pas vraiment surprise que la discussion aille sur une pente glissante. Si j’avais espéré que ma mère évite de mettre directement les pieds dans le plat, cela n’avait pas été possible pour elle de réfréner cette envie. Ce besoin de dire à Hestia qu’elle était prête à l’accepter dans sa vie si celle-ci en était disposée. Mais Hestia le voulait-elle ? Ne venait-elle pas de vivre des moments bien difficiles en s’extrayant du joug familial ? J’imaginais que cela devait être un véritable champ de bataille dans sa tête. Je l’imaginais tiraillée entre ce qu’elle avait toujours connu et ce que ma mère lui proposait et qui devait lui paraître bien étrange ; elle n’était pas habituée à tant de prévenance, c’était certain. Je le savais, au fond de moi, ma mère l’aimait déjà. Comme elle avait accueilli Thalia à bras ouverts, elle accueillait Hestia de la même manière, comme si elles étaient ses filles, comme si elles avaient toujours fait parties de nos vies et comme si tout devait être très naturel et évident. Mais rien de cela ne l’était. Bien au contraire. J’avais essayé d’avertir ma mère qu’il faudrait davantage de temps à Hestia pour nous apprivoiser, si jamais elle en avait envie. Après tout, pour ma part, cela faisait quasiment six mois qu’Hestia et moi nous nous fréquentions de manière plus intense qu’auparavant et pourtant, notre relation n’en était encore qu’à ses balbutiements. Si travailler ensemble sur la potion Animagus nous avait rapproché, cela n’était en rien comparable au lien que j’avais avec Thalia. Mais en réalité, je ne cherchais pas en Hestia la même chose que ce que j’avais avec sa sœur, c’était ce que je tentais de lui faire comprendre. Elles étaient différentes et heureusement d’ailleurs. Il n’était pas question qu’elles se conforment l’une à l’autre. Hestia semblait d’un avis différent, comme certaines autres. Je me demandai soudainement qui se dissimulaient derrière ces autres. La famille Carrow ? D’autres Serpentards ? D’autres élèves ? Qui ? Mais cette question n’était clairement pas la plus importante. « L’avis des autres ne m’intéresse pas.» me contentai-je de dire doucement. Je me faisais mes propres opinions, avais mes propres choix. Si seulement Hestia pouvait en faire autant… Mais je le savais pertinemment, cela pouvait être difficile de sans cesse être comparée, d’avoir constamment un poids sur les épaules. Lorsque je réfléchissais un peu, je me disais qu’il avait du être difficile pour Hestia de porter le poids de la famille Carrow ; si Thalia s’était détachée assez vite du rôle dans lequel les Carrow avaient voulu l’enfermer, cela voulait aussi dire que toutes les attentes de la famille s’étaient déplacées sur Hestia. Pas aussi facile de s’y soustraire dans ses conditions.
Alors évidemment, je pouvais aisément comprendre pourquoi il était difficile pour Hestia d’imaginer qu’on puisse lui vouloir du bien, qu’on puisse vouloir l’aider. La soutenir. L’accueillir à bras ouverts. L’aimer. Tout cela était déstabilisant pour Hestia, tout autant que l’attitude de ma mère qui, en voulant bien faire, n’avait fait que renforcer l’idée qu’Hestia ne pouvait que les décevoir. Pour ma part, ce n’était pas ce que j’imaginais et si je ne voulais pas parler au nom de ma mère, je me contentais de dire qu’elle était suffisamment grande pour prendre ses propres décisions. Quant à moi, peu importait les conséquences qu’auraient ce repas, je voulais signifier à la Serpentarde qu’elle était libre elle aussi. Libre de choisir, de rester, de partir. De mettre un terme à la relation qui naissait entre nous. Si elle pensait que tout cela ne lui apportait rien… D’ailleurs, c’était ce qu’Hestia disait ; elle n’était pas ici pour ça. Si cette phrase me troubla, je préférais continuer dans une autre direction, expliquant à Hestia qu’à défaut d’être ma cousine, nous pouvions être amies. N’était-ce pas ce que nous étions en train de construire depuis ces derniers mois ? Une amitié ? Un lien qui dépassait celui du sang qui ne nous avait en définitive jamais rien apporté. Pour autant, je n’avais jamais cherché à obliger Hestia à quoi que ce soit. Elle avait été libre de refuser de m’aider pour la potion, elle avait été libre de refuser ce repas. Elle était tout aussi libre de partir maintenant. Elle n’était tenue à rien, elle n’avait pas de comptes à nous rendre. Je libérai donc Hestia de ce poids, peut-être était-elle trop polie pour oser le dire ? Je prenais donc cette responsabilité pour elle.
Lorsqu’Hestia reprit la parole, expliquant qu’elle n’avait jamais voulu remettre en cause les intentions des Rausale, je relevai la tête vers elle pile au moment où Hestia cherchait mon regard. « Ou les tiennes. » Je lui adressai un faible sourire. Que savait-elle réellement de mes intentions ? D’ailleurs, qu’étaient-elles ? J’en savais rien, j’étais un peu paumée. La seule chose que je savais, c’était que j’appréciais passer du temps avec Hestia, qui l’aurait cru ? Après avoir eu longtemps envie de lui tordre le cou suite à ses exigences lorsque je l’avais secondé pour préparer la potion, j’avais fini par m’accommoder de son tempérament, bien différent du mien. La véritable question à se poser était la suivante : en est-il de même pour Hestia ? Une fois n’était pas coutume, je gardai le silence, bien résolue à laisser Hestia donner suite à la conversation. J’avais laissé une porte ouverte, j’avais tendu la main mais Hestia était libre de ne pas s’en saisir. Je savais que ses prochains mots seraient décisifs et marqueraient peut-être le tournant de notre relation ; alors je n’avais pas envie d’être la première à parler à nouveau. En réalité, j’étais accrochée à ses lèvres. Et lorsqu’elle réouvrit la bouche, ce fut pour parler des Carrow. Ce qu’elle énonçait ne me surprenait pas. Je n’avais jamais parlé d’eux avec elle mais les échos que j’en avais eu par ma mère étaient suffisants pour que je me fasse une idée assez précise de qui ils étaient et de ce qu’ils souhaitaient. Hestia confirmait mes pensées ; elle n’était pour eux qu’un symbole, probablement un moyen de conclure une alliance avec une autre grande famille de Sang-Pur. Elle leur devait quelque chose. Et si je cherchais à deviner quoi, je ne pus m’empêcher d’imaginer qu’ils voulaient une descendance. N’était-ce pas ce que toutes les grandes familles de Sang-Pur voulaient ? Ou bien la gloire ? Les honneurs, le renom. Les ambitions et les désirs d’Hestia passaient au second plan. « Je n’ai jamais eu de choix. » Je retenais ma respiration, tentant d’imaginer à quel point son enfance avait dû être désastreuse. Peut-être avait-elle trouvé un peu de répits dans ses années à Poudlard, là où leur influence s’exerçait moins frontalement. Et pour la première fois depuis le début de la conversation, je ne sus pas quoi dire. Que ce soit moi qui lui offre ce choix me paraissait invraisemblable. J’en savais en définitive si peu sur elle… Mais je comprenais mieux maintenant pourquoi elle était si hermétique aux marques d’affection. Tout cela lui paraissait irréel. Faux peut-être.
« Je ne sais pas quoi dire. » Un léger rire s’échappa de mes lèvres tandis que j’ajoutai : « Moi non plus. » Le vif d’or était dans son camp, moi, je ne savais pas quoi faire d’autres. Je n’allais pas la supplier de rester, je préférais qu’elle prenne d’elle-même la décision. Et puis elle balança : « Mais je… Je suis prête à essayer. » Un sourire naquit sur mes lèvres tandis que je soufflai doucement, me rendant compte que j’avais retenu ma respiration le temps qu’elle fasse son choix. Cela semblait m’affecter davantage que ce que j’aurais pensé… Hestia réclama un peu d’air et j’acquiesçai immédiatement, nécessitant moi aussi de souffler. Elle voulait visiter ? « Avec plaisir. » Il n’avait rien de spécial à voir par ici, mais tout cela n’était-il pas un prétexte pour s’extraire de la maisonnée ? Prendre le temps de nous remettre de nos émotions ? « Pas de problèmes. » Nous levant, nous dirigeant vers la cuisine où mes parents étaient en train de se disputer pour savoir s’il fallait mettre les restes de repas dans un plat une boîte carré ou une boîte ronde, je laissai Hestia les remercier pour le repas. Devançant ma mère, mon père lui répondit : « Je t’en prie Hestia, c’était un plaisir pour nous de te recevoir. » Ma mère semblait faire un effort surhumain pour ne pas laisser déborder ses émotions et ne pas prendre la jeune femme dans ses bras. « Sens-toi libre de revenir quand bon te semble. » Évidemment. Elle n’avait pas pu s’en empêcher.
J’expliquai ensuite à mes parents que nous sortions et j’entraînais Hestia à l’extérieur de la maison. Nous marchâmes sans aucun bruit pendant quelques minutes le temps de sortir du lotissement et ce silence me sembla en réalité plutôt salvateur. Arrivant devant le centre de la petite bourgade dans laquelle j’avais grandi, je pris le temps de montrer à Hestia tous les endroits qui m’avaient vu grandir. Ce que j’avais toujours apprécié dans cette ville, c’était la proximité de la capitale (nous étions qu’à quarante minutes en voiture de Londres) et la tranquillité de la province. Nous avions également la chance d’avoir des espaces arborés et même une petite forêt. Nous passâmes devant les commerces, mon école primaire moldue, le restaurant que mes parents affectionnaient. « Cela doit te sembler étrange tout ça, c’est très différent du chemin de traverse. » J’en convenais. Je poussai la grille du parc et fis signe à Hestia de me suivre. « C’est probablement l’endroit où j’ai passé le plus de temps gamine. Il y a une aire de jeux de ce côté là et par ici, t’as des sentiers pédestres qui partent d’ici. » Continuant à marcher, nous enfonçant dans la petite forêt, j’avais une idée en tête. Il n’y avait pas grand monde autour de nous à cette heure et c’était probablement le lieu parfait pour une démonstration… Un sourire sur les lèvres, je regardai ma cousine, un air amusé sur le visage et avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, je me transformai. Ma silhouette longiligne laissa place à la majestueuse panthère tandis que je montrai à Hestia l’étendue de mes pouvoirs d’Animagi. Et tout ça, c’était grâce à elle.
Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.