C’était un de ces matins où c’était compliqué en classe. C’est le problème aussi de crapahuter dans les bois avec Kayla, ça fatigue. Après, sincèrement j’aurais préféré être dans un bar à essayer de battre un nouveau record d’alcool ingurgité mais il faut croire que ça n’était pas comme ça que ça marchait, la condition de loup-garou, c’était une petite soirée pas pépouze du tout, tous les mois, même si ça tombe un jour férié et tant pis pour nous. Où elle était ma thermos de café ? Non parce que le thé, il ne ferait plus effet-là. A coup sûr, je l’avais oublié à la boutique... quoi que non j’avais ma tasse à la boutique, aucun intérêt d’emmener une thermos. Ah purée, je le savais, elle était chez Kesabel... mais lui aussi pourquoi il n’avait pas de téléphone, j’aurais pu lui envoyer un texto pour savoir s’il ne pouvait pas lâcher un chouya ses dragons pour me l’apporter... quoi que le problème de Poudlard, c’était qu’il empêchait le réseau de passer. J’allais devoir me passer de caféine ? L’enfer ! Le cours fut donc un calvaire, le professeur, par principe il suffisait que je regarde ailleurs pour qu’il se rappelle à mon bon plaisir en hurlant mon prénom - bon en vrai non il ne hurlait pas, juste c’est l’ouïe qui donne cette impression – en fait pas besoin d’avoir Kesabel en prof pour m’enquiquiner, l’actuel était parfait dans son rôle, en moins attirant physiquement.  

La pause entre deux cours ayant sonné, je partais à la recherche de Jack, puisque je n’avais pas été avec la meute hier soir, je voulais qu’il me donne des informations sur comment ça s’était passé sans moi. Bon, je me doutais que tout avait été comme sur des roulettes, qu’il allait être excité comme une puce. Oui non mais, il faudra qu’on m’explique un jour ce qu’il y avait d’excitant à chasser des gamins après avoir été chassé lorsqu’on était des gamins mais il faut croire que je ne pouvais pas comprendre. Une fois au niveau de son groupe d’ami favori, pas de trace de Jack, comment ça pas de trace de Jack ? Je m’approchais donc d’eux pour savoir où était le jeune homme, pas là ? Ah non mais merci de l’info, je n’aurais pas deviné sans eux. Il était à l’infirmerie ? Attendez comment ça à l’infirmerie ? Ohlala ça ne sentait pas bon ça, pas bon du tout ! Je fonçais jusqu’à l’infirmerie, toute trace de fatigue envolée et je me précipitais jusqu’au lit de Jack m’attendant à le trouver déchiqueté par des crocs de loups-garous, ce qui faisait remonter une angoisse immense et un soupçon de colère envers Kesabel. Bon, il était réveillé, un rythme cardiaque correcte mais une bouille à faire peur. Je m’installais sur le lit, cherchant une phrase d’accroche à lui dire « Je suis tombé dans les escaliers. » Je pense honnêtement que le regard que je lui lançais aurait pu le tuer. « Tu te fous de moi ? T’es tombé dans les escaliers, tu veux que je te fasse tomber du lit plusieurs fois pour qu’on vérifie tous les deux si ça fait le même genre d’impact ? » Il est possible que j’ai manqué d’un petit peu de de discrétion, voire même que j’ai carrément haussé le ton, bon ok c’est bon j’avoue je lui avais crié dessus. « Le but d’une infirmerie c’est de garder les patients en vie pas d’empirer leur état. » Ah merci de l’info, j’étais pas sûre de le savoir « Je te donne du travail, tu peux pas me remercier comme tout le monde ? » Au reniflement dédaigneux, il semblerait qu’avoir plus de travail ne l’intéressait pas, c’est fou ça. « C’est possible de se faire ça en tombant dans les escaliers ? » Je me tournais vers l’infirmier lui faisant signe de la tête négativement pour qu’il aille dans mon sens « Secret médical, fous lui la paix. » « Je me sens un peu fatigué. » Oh mais lui, j’allais me le faire, j’attrapais l’oreiller pour lui enfoncer sur la tête « MAXIME ! » Quoi ?! Je levais l’oreiller avant que l’autre fou furieux me tombe dessus, pas sûr que l’argument chui pote avec ta sœur, ta copine et je travaille pour ta pote soit judicieux à ce moment-là « Je l’aide à s’endormir. » Quoi, pourquoi il me faisait signe du doigt, chelou lui des fois, ah pardon poser l’oreiller, je lâchais ce dernier, l’arme du crime et me concentrais sur Jack qui m’observait de ses grands yeux, inquiet ? Ah bah non mais aussi il me prend pour une truffe avec son humour de merde. « Tu nous laisses cinq minutes ? » « C’est mort, oublie. » Pfff mais pourquoi il tenait à ses patients lui aussi, c’est relou franchement « Deux minutes et j’invite pas ta sœur la prochaine fois que je vais boire un coup dans un bar. » « Vendu. » Si le regard de Jack était déprimé, je voyais pas pourquoi d’ailleurs, le mien était plutôt très satisfait.  Je vous épargnerais le fameux si tu le tues, je te tue de l’infirmier parce qu’il risquerait d’avoir des problèmes et je me contenterais de retranscrire, à ma façon l’échange avec Jack.

Ça avait pourtant bien commencé, la nuit était tranquille, il n’y avait pas un nuage… non mais merci je n’étais pas à l’autre bout du monde. L’entraînement se déroulait très bien, entraînement… chasse à l’homme plutôt mais je n’interrompais pas mon cadet qui se disait fier de sa mission. Les choses avaient dérapé, le loup qui entraînait le petit gars avait dérapé, sans potion comment voulez vous qu’il se contrôle, Jack avait tenté d’intervenir et oui c’était bien de la fierté ultra mal placée dans son regard. Fierté qui disparut face à mon propre regard, il avait été assez con pour s’opposer à un gars sans potion, bien plus expérimenté que lui en plus, un génie ce Jack, ce dernier avait dû croire qu’on voulait lui piquer sa proie « Où était Kesabel ? » « Max, il est intervenu » Oh bah quel talent bon sang, il avait laissé Jack se faire toucher, Jack terminer dans un état tel qu’il était à l’infirmerie. Je n’attendais pas la suite de l’histoire et fonçais vers la porte de l’infirmerie « Max, attends ! Tu sais pas tout ! » Oh mais j’en savais bien assez et j’avais quelques compte à régler avec le chef de la meute. Oui, tant pis pour le reste des cours, je trouverais bien un moyen de les récupérer.

Tandis que je me dépêchais pour sortir de Poudlard, je réfléchissais à où pouvait être Kesabel, à coup sûr, au bar repère de la meute, histoire qu’ils se soient pas tous éclatés à le reconstruire pour rien. Dès que la possibilité de transplaner fut possible – signe que j’avais quitté l’enceinte du château – je transplanais et très vite, l’odeur de Kesabel se fit sentir, reconnaissable entre mille et tellement familière. Je traversais à grande enjambée la salle, ne me focalisant sur aucun détail, concentrée sur une seule chose. « Tu as laissé Jack se faire attaquer ?! A quel moment tu t’es dit que tu allais laisser faire les choses ?! Tu fais chier Kesabel, il est dans un état, on dirait qu’un rouleau compresseur lui est passé dessus et tout ça c’est parce que tu n’as pas levé le petit doigt pour l’aider ! » Oui non parce qu’il était intervenu, c’est ce qu’avait dit Jack mais rien ne garantissait que Kesabel ne lui ait pas mis un gros coup de pression pour qu’il dise ça.

Pleine lune de merde. La nuit avait été à chier. A croire que tout avait été aligné pour que cela se passe mal. Tu avais débarqué chez Lex en pleine nuit lui demandant si elle pouvait venir soigner plusieurs de tes gars. T’étais pas en meilleur état. Vous étiez en sous-nombre. Jack entraînait son protégé quand Tom avait fini par mettre la main dessus. Le gamin étant plus proche avait voulu s’interposer. Aucune chance. Il n’avait aucune chance face à Tom qui était un loup depuis des années et plus aguerrie que ce Jack récemment transformé. Tu t’étais interposé, te faisant bouffer l’épaule au passage. L’autre était parvenu à fuir, il ne restait que Jack légèrement blessé et toi. Le but était simple. Contrôler Tom jusqu’à l’aube. Ouais. Simple. Sauf quand une meute de cinq autres loups s’introduisait illégalement sur vos terres. Et leur objectif n’était clairement pas de gambader dans la forêt joyeusement. Surtout quand Tom profita de ton inattention pour se jeter sur eux. Ses instincts de lupin lui criaient qu’ils étaient des intrus. Pour la démarche pacifique, on repassera. Le problème c’est qu’ils étaient au nombre de cinq. Tu étais avec un canidé sans potion intenable et avec louveteau à peine sorti du nid. Autant le dire, tu allais morfler.

C’est ce que ta tête traduisait ce matin alors que tu t’installais dans votre bar habituel. Tu étais courbaturé de partout. Des ecchymoses, des traces de griffures et de crocs marquaient ta chair. Sans parler des cernes qui creusaient le dessous de tes yeux. Tom à côté s’en était mieux sorti finalement. Sa rage non retenue par la potion avait décuplé ses chances face aux autres, mais aussi contre vous. Jack avait été légèrement blessé et m’avait dit qu’il irait à l’infirmerie de Poudlard. Ceux qui vous avaient confronté avaient déguerpi, car leur tue-loup n’était pas aussi performant que le vôtre. Tu portais ta tasse de café à tes lippes et grimaçais alors que la coupure sur ta lèvre inférieure se rappelait à ton bon souvenir. « C’était la meute du Nord. Va falloir aller régler nos comptes. » déclarais-tu à Tom qui secoua vivement la tête. « On peut pas les laisser penser qu’ils vont s’en sortir comme ça ouais. » Tu te raclais la gorge en réfléchissant comment contre-attaquer. C’était une provocation de leur part, mais tu n’avais pas encore saisi ce qui leur avait pris. « Je me demande ce qu’ils cherchent à faire. Agrandir leur territoire ? » Tom haussa les épaules. Visiblement, il se posait les mêmes questions. Son regard bifurqua au-dessus de ton épaule au moment où la porte d’entrée claqua. Tu n’avais même pas besoin de te retourner pour savoir que c’était Elle. Le regard de Tom en disait long. « Moi qui pensais que rien ne pourrait être pire que cette nuit aujourd’hui… » soufflais-tu.

Tu pivotais légèrement pour voir la furie arriver. Si durant un laps de temps tu pensais qu’elle allait t’engueuler pour les dangers que tu avais encourus cette nuit, tu n’avais pas prévu qu’elle te mette la faute sur les épaules. Tu écoutais son monologue chargé de colère se déverser sur toi alors que tu commençais à monter également en pression. Elle se foutait de toi ? Putain. T’avais morflé pour ce petit con. Qu’est-ce qu’il avait été raconter à Maxime pour qu’elle pense qu’il avait géré tout seul ? Il voulait faire son caïd pour justifier ses quelques égratignures. Tu allais te le faire dès que tu le croiserais à nouveau celui-là. Tom ricana dans ton dos. Ce fut sûrement la goutte qui fit déborder le vase. Tu te saisissais de Maxime par le bras sans ménagement pour l’entraîner dans ton sillage, essayant d’aller vers la réserve du bar. « Maxime, je te conseille vraiment de la fermer. Tu dépasses les bornes. » Grondais-tu au milieu du bar la fixant de ton regard sombre alors qu’elle était loin de se laisser embarquer. Comme si tu avais besoin d’une scène de ménage devant toute la meute. Surtout après hier soir où vous aviez failli vous prendre une dérouillée, Maxime qui débarquait pour n’en faire qu’à sa tête cela ne passait pas. Elle avait tendance à oublier ta place dans cette meute et où était la sienne. Même si vous étiez en couple et que tu savais que tu étais attachée à elle bien plus que tu ne pouvais l’admettre, tu ne pouvais pas tolérer qu’elle vienne piétiner ainsi ton autorité. « Je sais pas ce que ce petit con t’a raconté, mais dans tous les cas tu n’as pas à contredire mes ordres. » Ta voix s’imposait, se faisait ferme. Elle te cassait clairement les couilles. Tu finissais par parvenir à aller à l’écart et murmurais sur un ton massacrant. « Et tu prétends avoir confiance en moi ? »

Si j’étais remontée contre Kesabel, contre la meute, contre Jack que j’aurais aimé voir partout excepté dans l’infirmerie, dans la meute en règle générale. Ça ne fut rien à côté de l’envie de meurtre qui me secoua en entendant l’autre niais de Tom rigoler. Est-ce que c’était vraiment le moment de se marrer, c’était quoi son problème à lui ? Il trouvait quoi drôle au juste, d’avoir massacré un gamin qui n’était pas loup-garou depuis un an. J’allais me le faire, c’était décidé, j’allais lui foutre mon poing dans la gueule, il devrait moins rigoler après ça. Ou peut être que je n’allais rien faire du tout, la main de Kesabel se referma sur mon bras, un chouya brutalement. Je grimaçais de mécontentement et de douleur avant de le regarder, essayant clairement de faire en sorte qu’il me lâche le bras, il me faisait mal. Lui il me conseillait de la fermer, je le fusillais du regard. A quel moment dans sa vie, il s’était dit que ça allait fonctionner de me conseiller de me taire alors que je le confrontais. Non moi ce que je voulais savoir c’est ce qui l’avait poussé à ne pas agir. « Je dépasse les bornes ? Tu t’es regardé quand pour la dernière fois dans un miroir ?! » Il avait des responsabilités et il ne les assumait pas. Je regardais froidement Tom, je voyais ses dents blanches, il se retenait de rire et je pense que si j’entendais une nouvelle fois le son de son rire, je lui sautais à la gorge et je lui tranchais la carotide sans autre forme de procès.

En prime, voilà que Kesabel insultait Jack. Non mais à cause de lui, Jack avait fini à l’infirmerie et il osait le traiter de petit con ? Non ça ne fut pas le pire de l’histoire. Kesabel restait fidèle à lui-même, il avait un problème d’ego c’était insupportable. « Déjà, ce n’est pas un petit con, c’est un gars de ta meute, tu te souviens, ta si précieuse meute, ça te dit quelque chose ?! » Quant à ses ordres, ils me passaient au-dessus. Je m’en fichais de ses ordres, de sa poigne beaucoup moins en revanche et forcément je me laissais entraîner, ce serait toujours mieux que d’avoir des bleus plein le bras. J’avais bien du mal à comprendre pourquoi il voulait à tout prix qu’on se mette à l’égard, ils étaient pas doués pour écouter aux portes avec leurs réflexes lupins ses petits copains ? Mais à la rigueur s’il avait envie de se mentir à lui-même, c’était son problème. Le mien c’était cette histoire de confiance dont il doutait « Je te fais confiance pour un tas de truc Kesabel, pour faire passer ta meute avant tout le reste, pour forcer tout le monde ici à agir selon tes désirs, pour faire perdurer une tradition d’un autre temps. Et tu veux que je te dise, je te faisais même confiance pour protéger tes dernières recrues mais j’avais tort sur ce point ! » Je me dégageais de sa poigne persiflant agacée « ça va, ton ego de mâle viril à qui rien ne résiste est satisfait ? Tu as bien réussi à montrer à tout le monde c’était qui le chef ? Tu as tellement peur de ce qu’ils pensent de toi que ça en devient ridicule. Kesabel, on couche ensemble, on se prend la tête ensemble, je passe plusieurs nuits par semaine dans ton lit, ils savent tous qu’on est ensemble, ils savent ce qu’être ensemble signifie non ?! Ils se doutent que je ne vais pas me coucher devant toi pour te faire plaisir, sinon ils sont tous cons ! » Après ils devaient quand même être sacrément con pour accepter de se faire pourchasser des nuits durant par des loups-garous avant d’en devenir un et de faire exactement pareil. Mais là n’était pas le sujet. « Je n’ai pas contredit tes ordres au passage, c’est toi qui m’as chargé de m’occuper de Jack, toi et personne d’autres. Tes emmerdes sont bien souvent devenues mes emmerdes, » c’était le cas de le dire, depuis que je m’étais retrouvée dans cette meute, je trouvais que je m’attirais un peu d’ennuis, sans oublier que je n’avais pas non plus le copain le plus cool pépère de l’univers «  alors quand je ne suis pas là pour veiller sur son cul et que toi tu es présent, oui j’attends de toi que tu veilles sur son cul et ne me dis pas que tu étais occupé, je m’en tape ! » Non parce que je le sentais venir gros comme une maison, il était occupé à faire autre chose, qu’est ce qui pouvait être plus important que de veiller à ce que les membres de sa meute ne s’écharpent pas. Dans le doute, s’il lui prenait l’envie de me contredire, je lui rappelais « Si Tom m’avait attaqué hier, ce serait lui qui aurait fini à Sainte Mangouste parce que tu te serais excité comme jamais. Ne viens pas me faire croire que tu n’as pas le dessus sur le reste de ta meute même avec une potion tue-loup, je te traiterais de menteur. Donc oui c’est ta faute et cela peu importe ce que Jack m’a raconté ! » Je le regardais dans les yeux pas intimidée pour un sou, oh je sentais que ça allait dégénérer, le fameux sixième sens mais je m’en moquais, j’avais des choses à dire et que son ego puisse en prendre un coup, ça m’indifférait.

« Et toi, c’est quand que tu arrêtes de regarder dans ton putain de miroir ? » répliquais-tu à sa remarque. Bordel. Tu venais de passer une pleine lune de merde pendant que madame jouait avec sa copine dans la prairie fuyant les responsabilités de la meute, et elle venait te hurler dessus en plein milieu du bar comme si tout était de ta faute. Bien sûr qu’une part de toi était fautive. Tu étais le responsable de cette meute. Tu devais assurer leur sécurité, leur évolution, la place, leur avenir au sein de cette société où ils étaient tous rejetés de par les clichés véhiculés à cause de tes ancêtres. Mais elle en pouvait te balancer toute la cause de ce merdier à la figure. Si tu n’étais pas intervenu, Jack serait certainement crevé à l’heure qu’il est. Et tu serais sûrement en meilleur état. Mais visiblement, que tu en aies chié, Maxime n’en avait rien à foutre. Cela semblait normal. Tom se marrait dans ton dos et tu étais à deux doigts de lui coller ton poing dans la figure si tu n’étais pas accaparé par une louve furieuse qui semblait avoir perdu la connexion entre ses neurones. Plus elle luttait pour que je lui lâche le bras, plus je resserrais ma prise, la colère animant davantage mon impulsivité que ma raison. « C’est un petit con. Qui serait mort si je n’étais pas intervenu. » Tu insistais brutalement sur petit con. Déjà, il avait tenté de s’interposer entre son protégé et Tom… et ensuite contre la meute adversaire, il n’avait pas servi à grand-chose, si ce n’est te mettre des bâtons entre les pattes à devoir le protéger et assurer que les assauts de Tom restent concentrés sur nos ennemis.

Tu parvenais à l’entraîner à l’écart, pour au moins éviter les regards qui s’étaient évidemment tous tournés dans notre direction. Son monologue, ça par contre… Tu ne pouvais empêcher personne de l’entendre. Surtout qu’elle était bien lancée. Tu l’écoutais sans répondre. Ta mâchoire se contractait à mesure de ses paroles qui allaient te rendre totalement dingue si elle ne prenait pas au moins une seconde pour respirer et te laisser retomber comme soufflet.  Son regard qui se planta dans le tien à sa dernière pique, fit sauter le peu de patience qu’il te restait. Tu t’avançais vers elle et la repoussais brutalement contre un des murs, tes bras encerclant son visage de part et d’autre. Tes iris irradiaient de colère. Tu prenais une inspiration pour tenter de te contrôler, tes dents s’entrechoquant tant elles étaient serrées. « Putain Maxime, si ça avait été toi, ça aurait déjà été plus simple ! C’est une chance qu’on soit en vie déjà. » Si cela avait été Maxime à la place de Jack… Elle au moins savait se défendre. Si tu avais en cet instant le dessus, elle pouvait parfaitement se défendre. Tu étais plus fort, mais jamais la Louve ne te faciliterait la tâche si un jour tu te devais de la combattre. Elle avait ce mérite que tu lui reconnaissais, mais qui te rendait dingue, car elle se mettait bien trop en danger. Si c’était elle qui avait été avec vous hier, cela aurait très certainement changé la donne et tu ne serais pas dans cet état. Tu grimaçais d’ailleurs d’avoir trop forcé, sentant tes côtes douloureuses et une plaie s’étirer insidieusement sous ton t-shirt. Ton regard la foudroyait en reprenant. « Mon égo t’emmerde. Je fais la part des choses entre toi et la meute. Tu devrais peut-être y songer de temps en temps. Je reste l’alpha et le fait qu’on soit ensemble ne te donne pas l'autorisation de me remettre en cause devant les autres. » C’était plus fort que toi. Tu ne pouvais admettre d’être remis en question devant les autres. C’était comme douter de ta légitimité en tant que leader. Maxime avait un caractère farouche qui te plaisait, mais tu avais parfois peur que ces rébellions donnent des idées aux autres. Pour prendre ta place. Et si cela venait à être le cas, cela serait un sacré bordel. Car un défi entre lupins ne se soldait que par une seule issue : la mort. « Et t’étais où toi hein ? Pendant qu’on se faisait défoncer ? » Elle était bien mignonne avec ses airs indignés. En attendant, à force de fuir la meute et les obligations qui y étaient liées, elle était encore ailleurs. Un passe-droit qui lui était un peu trop accordé. « T’occuper de Jack ? C’était jusqu’à sa transformation. Félicitations, c’est fait ! Mais hier soir, je me suis rendu compte à quel point c’était une brêle. Tom l’aurait défoncé et les autres, je n’en parle même pas ! » Tu étais fou de rage qu’elle remette en cause ta capacité à protéger les tiens. Tu restais persuadé qu’elle n’avait pas une confiance en toi aussi absolue qu’elle ne le prétendait vu sa réaction de ce soir. « Si mes décisions ou mes actes au sein de la meute ne conviennent pas, tu sais très bien ce qu’il te reste à faire. » grondais-tu. Tu ne voulais pas en arriver là. Tu tenais trop à elle pour qu’elle se tire. Mais tu étais blessé dans ton amour propre. A quel moment s’imaginait-elle que tu laissais un gamin à peine adulte se faire mutiler si tu pouvais lui venir en aide ? Elle te rendait complètement dingue.

Mais c’est qu’il insistait avec cette histoire de petit con non ? Je rétorquais furieuse « Hé le bon samaritain, c’est un peu à cause de toi qu’il était là hier soir. » S’il n’y avait pas eu D’entraînements de futurs recrues les soirs de pleine lune, Jack ne serait pas abîmé, bon si cette technique ancestrale n’avait pas perduré, il ne serait même pas loup-garou. Il serait bon de le noter aussi. Rien de tout cela n’était la faute de Jack, lui n’avait fait qu’obéir aux ordres. Comme quoi, il existait des personnes qui obéissaient aveuglement quitte à se faire péter la tronche, ouai en fait je pouvais presque retirer ce que j’avais dit, c’était vraiment un petit con mais pas pour ce à quoi songeait Kesabel, il avait été con d’obéir bêtement mais bon ça, c’était un peu un sujet tabou chez Kesabel, la non obéissance, oulalah pire qu’un gros mot.

Pourtant j’étais un modèle d’obéissance en cet instant, je le suivais sans trop résister, oui bon ok parce qu’il me broyait le bras mais c’est un détail, ça compte pas. Au moins j’avais un droit de réponse, ouai en fait je le prenais ce droit de réponse et en échange de toutes mes phrases pleines de bon sens et de reproches c’est vrai, il me repoussa contre le mur. Non mais bonjour la violence du type, il ne servait cependant à rien de dire aïe, c’était l’effet recherché. A la place je le regardais dans les yeux, sa tête un peu trop proche de la mienne à mon goût. Comment ça avec moi ça aurait été plus simple ? Non encore que ça, c’était clair, pour sûr que Tom aurait pas apprécié que je lui rentre dedans et il n’aurait même pas pu être là aujourd’hui, tellement il aurait mal partout. Non la vraie question c’était le coup de la chance qu’ils soient en vie. J’observais Kesabel suspicieuse « T’es en train de sous entendre qu’il avait le dessus sur toi et Jack à la fois ? » Alors ça c’était la meilleure, Kesabel qui voulait me faire croire que des membres de sa meute le démolissait, bon sauf si Jack s’était retourné contre Kesabel et avait fait alliance avec Tom mais ça, j’y croyais moyennement connaissant le loulou.

Son ego m’emmerdait, ah bah ça, c’était le cas de le dire. Je ne fais pas la part des choses ? Il restait l’alpha ? Non mais merci, j’étais au courant. Par contre le reste, ah oui non mais je m’en tapais. « Mais je n’ai besoin d’aucune autorisation de ta part pour te dire les choses. Que ça te plaise ou non tu seras au courant. » et si ça donnait des idées aux autres, je ne doutais pas une seconde que Kesabel se débrouillerait à merveille pour les remettre à leur place. Non franchement, je n’étais pas très inquiète pour lui. Et d’ailleurs ça faisait depuis que j’étais dans sa meute que je lui râlais dessus quand l’envie m’en prenait, je n’avais pas l’impression que ça ait donné beaucoup d’envie aux autres.

Comment ça j’étais où ? Je le regardais en clignant des yeux « Avec Kayla, je te l’ai pas dit ? » j’avais pourtant l’impression que je lui avais donné l’info, pas forcément parce qu’il était le chef de meute, ça c’était entendu le chef de meute je ne lui raconterais pas forcément ma vie. Mais par contre parce qu’il était mon copain, habituellement, je lui donnais pas mal d’infos sur ce que je faisais quand je n’étais pas avec. Se pouvait-il que j’aie oublié de lui donner cette information-là ? Possible mais bon, il pouvait aussi poser la question alors qu’il le savait très bien. Et parce que je n’étais pas du genre à me laisser faire, je rétorquai « Je ne savais pas qu’on était que quatre dans la meute, les autres ont déserté parce que tu étais trop chiant ou eux ils ont le droit de passer des nuits de pleine lune loin de la meute , sans que derrière tu leur demandes leur emploi du temps  parce que tu couches pas avec ? »  Un sourire qui n’atteignit certainement pas mes oreilles répondit à ses félicitations sur le fait que Jack était un loup. Oui bah je ne me félicitais pas vraiment pour cela. Il faut dire que le reste n’était pas un compliment et j’admets, je le prenais comme une attaque personnelle « Je t’emmerde Kesabel, j’ai fait de mon mieux pour l’entraîner. Et puis tu t’attendais à quoi ? Tu crois vraiment qu’un novice peut avoir le dessus sur un membre aguerri de la meute ? » Attendez, pause, temps mort, un truc venait de percuter « Quels autres ? »  C’est vrai ça il avait parlé du fait que c’était une chance qu’ils soient en vie, qu’ils se faisaient défoncer en se comprenant dans le tas et Tom, ainsi que des autres, avaient failli défoncer Jack. Il y avait un détail qui m’échappait.

Et puis lui là, au lieu de fermer sa bouche et de tourner sept fois sa langue dedans, il préférait jouer dans la provocation. Il était bien mal tombé s’il pensait que la menace allait me faire prendre conscience de l’enjeu, je m’en tamponnais. Et le fait qu’il ait l’air passablement énervé ne m’inquiétais pas outre mesure, l’habitude de fréquenter Kesabel ronchon certainement « Oh tes décisions et tes actes ne conviennent pas c’est une certitude. Tu veux te planquer derrière mes choix ? Tu vas assumer derrière ou tu vas dire que c’était ta volonté, ton ordre ? » Il en était parfaitement capable de ça. Le problème c’est qu’autant je voulais bien claquer la porte et me tirer, autant j’avais une pointe de curiosité sur le fait qu’il s’était passé des trucs hier soir et que j’avais besoin d’en savoir plus, que si je disais – ce que j’avais envie – ok je me casse de ta meute de tarés. Déjà mauvais plan tout le monde entendrait, mais en plus j’aurais pas la fin puisque petit un il me rattraperait pas, logique mais surtout même s’il le faisait je ne voudrais pas être rattrapé et j’allais me casser encore plus vite.

Ton loup était crevé. Tu étais crevé. S’il y en avait bien une qui ne l’était pas, c’était Maxime. Elle te prenait la tête. Tu ne comprenais rien à ce qu’elle racontait. Elle te reprochait des trucs sans aucun sens. Si cela avait été quelqu’un d’autre, il aurait sûrement déjà pris cher depuis longtemps. Mais cette Gryffondor excitée qui te faisait face… tu y tenais. Alors tu n’avais pas l’intention de lui en retourner une pour lui dire de dégager même si tout au fond de toi, cela te démangeait clairement de lui faire fermer son clapet. Ta mâchoire se crispa quand elle te traita de bon saint-maritain. Ne pas la tuer. Ne pas la tuer. Ton regard lui par contre était sombre, les pupilles dilatées par la colère qui commençait à monter dangereusement face à son comportement. Tu l’embarquais à l’abri des regards. Sûrement pas des oreilles vu que l’endroit était peuplé de lupins, mais tu avais au moins l’impression d’être un peu plus tranquille. Ce n’était pas la première fois que vous vous preniez la tête, vous donnant en spectacle. Pour autant, ta patience, déjà limitée en temps normal, venait de se faire totalement la malle. Au point que tu la coinçais contre un mur brutalement. Ton regard se bloquait dans le sien. « Mais qu’est-ce que tu racontes ? » Elle ne comprenait rien. Il y avait un gamin qui avait failli se faire bouffer par Tom. Jack qui était bien trop novice pour être réellement efficace. L’autre meute qui avait débarqué à cinq et elle te demandait si tu n’avais pas eu le dessus sur Tom ? Il était où son sens des priorités ? Là, elle n’avait aucune logique à tes yeux. A croire que la vie de son Jack comptait plus que toutes les autres. T’aurais dû le laisser crever cet abruti, putain.

Tu grognais presque alors qu’elle te disait qu’elle pouvait te dire les choses. « Tu trouves ça normal de régler tes comptes en public ? De gueuler en plein milieu d’un bar sérieusement ? Tu ne peux pas juste venir chez moi pour régler ça entre adultes ? » Est-ce que tu sous-entendais qu’elle était immature ? Oui. Son impulsivité pouvait avoir du charme dans certaine situation, mais quand elle agissait comme aujourd’hui, t’avais juste envie de l’étriper. Ta respiration s’agaçait ainsi que le rythme de ton myocarde. Tu l’observais alors qu’elle te disait être avec l’autre gamine, tu soufflais. Quant à sa tirade qui suivait… Tes doigts s’éraflèrent sur le mur en se fermant en poing. « Les autres, eux, quand ils ne sont pas là, ils ne viennent pas me faire la morale sur mes agissements durant les nuits de pleine lune. Peut-être parce qu’ils ne couchent pas avec moi et qu’ils savent où est leur place. » Cet échange était mal barré. Tu te disais que tu devrais prendre sur toi, mais c’était plus fort. A chaque fois qu’elle t’accusait de quelque chose, tu avais juste envie de lui montrer qu’elle avait tort. Qu’elle t’accusait de conneries. Que finalement sa confiance en toi était altérée. Qu’à la moindre incartade, elle venait t’accuser d’avoir merdé. Visiblement, à ses yeux, tu étais forcément le fautif.

Quand elle reprit la parole pour dire qu’elle avait ce qu’elle avait pu, tu ricanais avec dédain. Mais à sa phrase, tu compris qu’il lui manquait des informations. Surtout qu’elle finit par te demander plus de précisions. « Les cinq membres d’une meute d’adversaires, Maxime. Cinq putain ! J’étais avec un gamin, Jack qui sait à peine mordre et Tom qui ne faisait aucune différence entre nous et eux. » mordais-tu en t’éloignant. Tu t’écartais d’elle et retirais ton t-shirt pour lui montrer l’état de tes blessures. « C’est mieux comme ça ? Tu préfères te dire que j’ai bien morflé ? Que j’ai bien protégé ton petit merdeux ? Que c’est moi qui ai tout pris ? Parce que oui, je protège ma meute bordel ! Je n’arrive pas à croire que tu aies pensé que j’ai pu agir comme un connard. » Tu lui balançais ton t-shirt à la figure dans un geste d’énervement. Tu restais persuadé qu’après t’avoir ainsi accusé qu’elle n’avait pas toute cette confiance qu’elle te disait avoir.

« Mais casse-toi de la meute Maxime ! De toute façon, tu ne voulais pas être avec nous, non ? Tu voulais juste me buter à la base. » Le cynisme emploie ta voix. Ton regard est mauvais. Tes brides sont prêtes à se briser et tu n’allais pas tarder à imploser. Tu t’approchais d’elle, t’imposant de toute ta carcasse, t’imposant dans son espace. La tête légèrement penchée, tes iris plongeaient dans les siennes, la défiant silencieusement durant de longues secondes. Tu savais qu’elle était capable de partir. Ton cœur battait beaucoup trop vite. Ta respiration était sifflante. Ta colère suintait par tous les pores de ta peau. « Je le redis, mais vu ce dont tu viens de m’accuser sans même chercher à avoir ma version des faits, ça me prouve que tu n’as pas confiance en moi. » Ta main se serrait sur sa nuque, l’obligeant à relever le visage un peu plus. Tes lippes s’écrasèrent férocement contre les siennes comme une marque possessive que tu laissais sur elle. Tu te reculais légèrement et murmurais. « Fais ce que tu veux. Dans tous les cas, tu m’appartiens. » Parce que même si elle quittait la meute, tu allais pourrir son existence. Tu savais que c’était synonyme d’une séparation entre vous. Mais tu n’étais clairement pas prêt à la laisser filer ailleurs.

Lors des rapports de force pur et dur, le monde entier semble oublier de prendre en compte la corpulence des gens. C'est quelque chose que j'oubliais moi-même régulièrement et ça me retomba dessus, encore une fois, aujourd'hui. Franchement, c'était insupportable de ne pouvoir rien faire contre Kesabel. En prime, il avait une passion pour les murs, merveilleux. Je ne cherchais pas à me défaire de son emprise, non pas pour ne pas le froisser davantage, ça je m'en moquais éperdument, plutôt que mon ego ne voulait pas d'une défaite cuisante.  

Franchement, c'est lui qui me parlait de normalité ? Risible, je le jugeais du regard sans pour autant l'interrompre, ce serait dommage d'esquiver une pique sur notre différence d'âge. « Ah mince, si j'avais su qu'en te convoquant chez toi, tu serais venu en courant, j'aurais fait les choses différemment. » Il me prenait pour une conne, je le prenais pour un con. Je faisais quand même des progrès, j'avais envie de l'étrangler à chaque fois qu'il me traitait de gamine, que ce soit en attaque direct ou en sous-entendu comme aujourd'hui, mais je ne fis aucune remarque à ce sujet ne souhaitant pas lui montrer à quel point ça me tendait, à quel point je pouvais le haïr quand il faisait ça. Seul mon attitude devait lui démontrer l'effet que ses mots avaient.

Mentionner Kayla le fit souffler, non mais ça va, je passais mes nuits avec qui je voulais, je ne lui devais rien, si ce n'est le fait d'être un loup-garou. Les autres ne venaient pas lui faire la morale? Sans blague, ils étaient tous flippés devant lui, bien sûr qu'ils ne venaient pas se confronter à lui. Dire cela, ça serait s'arrêter à des détails. Je préférais me concentrer sur autre chose. « Probablement que tu les respectes un peu plus et tu ne fais pas en sorte de sacrifier le loup-garou qu'ils ont formé. Tu oublies ta place aussi, tu sais ton rôle de protéger les autres. » Pour qu'il joue ce rôle à merveille, il fallait être blond aux yeux clairs, clairement pas la description de Jack.

 En parlant de Jack, il ne m'avait pas donné toutes les infos, oui parce que je n'avais pas écouté jusqu'au bout ce qu'il avait à me dire. Je ricanais face à ses explications « Mais dis moi, ne serait ce pas là la preuve que ne pas prendre de potions tue-loup est une connerie? » Il s'était mis dans la merde tout seul, le fait que Jack soit novice, il le savait. C'était sa connerie de A à Z, il pouvait se cacher derrière ce qu'il voulait, c'est lui qui anticipait mal. Néanmoins, il y avait bien un point qui me chiffonnait, j'aimais pas du tout que cinq gars viennent sur notre territoire et je regrettais d'avoir été trop loin, la distance m'ayant empêché d'intervenir même si je doutais très clairement que mon action ait pu potentiellement changer les choses.

Tandis que je réfléchissais à ce qu'il aurait fallu faire, Kesabel s'écartait de moi pour retirer son t-shirt. Non mais après chacun son délire, s'il se croyait irrésistible comme ça et que j'étais une groupie fan de son corps qui allait lui sauter dessus, il allait être déçu. Ah oups, pas du tout ce qu'il attendait comme réaction. Lui il voulait me montrer qu'il avait ramassé aussi, encore heureux j'ai envie de dire. Il attendait quand même pas la médaille de la bravoure, si ? Je fis la moue sans pouvoir m'empêcher de rétorquer « Tout pris, tout pris, il est quand même à l'infirmerie. » Le reste je ne répondais pas. Il faut dire que je n'en eu pas vraiment le temps, je me prenais son t-shirt dans la tête, la seule réflexion fut donc « Je vais te le faire bouffer Kesabel! » Menace en l'air parce que j'y arriverais jamais, parce qu'il était par terre et que je n'allais pas me pencher pour le ramasser mais le dire me faisait du bien.

Mon regard se fit brûlant d'une haine farouche, tandis qu'une déception immense me gagnait. Est ce qu'il y avait seulement quelque chose à répondre à ça, absolument pas. Pour autant, je ne pus m'empêcher de rétorquer froidement « Quelle erreur de ne pas l'avoir fait, Jack n'aurait pas fini à l'infirmerie. » Sur le papier, la seconde partie était forcément vrai, en revanche, est ce que c'était une erreur? Bien sûr que non. Mais vu que j'étais piquée au vif, que son rejet évident me faisait souffrir, autant tenter de lui rendre la pareille.  

S'il se rapprocha de moi, je sifflais entre mes dents « Garde tes distances. » Ce qui n'eut pas vraiment d'impact, est ce que je l'avais seulement dit? En attendant, il pouvait bien me faire un cours sur la confiance, il pensait que j'étais forcée d'être là, sa confiance en moi était tout aussi minime que la mienne envers lui. Je voulus me soustraire à son baiser que je vis arriver à des kilomètres à la ronde. Je m'étais tendue directement mais qu'est-ce que vous voulez que je fasse quand sa main venait attraper ma nuque pour me forcer à lever la tête. A part garder les lèvres parfaitement clauses face à la brutalité de son baiser, on ne pouvait pas dire que j'étais très impressionnante en cet instant. Au moins, j'arrivais à garder la tête froide, bien trop énervée pour jouer avec lui à ce petit jeu. Le pire ça n'était clairement pas son vieux baiser de merde, non c'était sa phrase de gros con possessif. Je posais une main sur son torse dans le but très clair de le repousser, oui ça marcha pas du tout, j'y peux rien. Je le regardais dans les yeux « Je ne t'appartiens pas Kesabel. Ce que je fais de mon corps, de ma vie, ça n'appartient qu'à moi. Tu as vécu plus de dix ans sans t'intéresser à mon existence je te laisse faire la même chose du reste de ta vie. Trouve toi quelqu'un d'autre. » Oh il avait l'embarras du choix, il devrait facilement se trouver une tite blondinette à faire chier. Sans oublier le plus important pour lui, quelqu'un qui se coucherait à ses pieds en disant oui mon seigneur dès qu'il hausserait un peu la voix. « Ecarte toi, pousse toi de là! Comment tu veux que je me casse si tu me bloques contre un mur. » Je le poussais un peu plus fort histoire qu'il me foute la paix et qu'il oublie cette idée que je lui appartenais, comme il se mettait le doigt dans l'œil ce gros nigaud.

Elle te rendait dingue quand elle était dans cet état. C’était comme si d’une étincelle partait un brasier prêt à tout détruire sur son passage. Maxime savait exactement comment mettre le feu aux poudres. Et toi, tu ne marchais pas, tu courrais dans son sillon, fou de rage. Tu n’arrivais pas à croire que tu arrivais à te mettre dans un état pareil à cause d’elle. Pourtant elle t’accusait d’avoir laissé à tort Jack se faire démolir le portrait, alors qu’il n’avait rien en comparaison de Tom et de toi. C’était quand même impensable qu’elle vienne te faire une scène, devant tout le monde. Ils devaient encore prendre les paris sur combien de temps ça allait durer et comment cela allait se terminer. Tu fermais les yeux et prenais une inspiration profonde. « Arrête de jouer les idiotes ! » grondais-tu, la retenant entre toi et ce mur. Elle se foutait de ta gueule. Il n’y avait pas d’autres mots. Comme si elle n’était pas à même de comprendre que se prendre la tête en public, ce n’était pas ce qui se faisait normalement. Plus encore quand tu cherchais à maintenir ton autorité.

Vous étiez l’un comme l’autre sur les nerfs. Tu sentais ses battements de cœur qui s’affolaient. Sa respiration avait un rythme troublé. Cela faisait écho à tes propres réactions corporelles qui trahissaient également l’état dans lequel tu te trouvais. Tu prenais réellement sur tout pour ne pas agir plus brutalement que tu ne l’avais déjà fait. Tu éclatais d’un rire sans joie. Froid. « Sacrifier carrément ? » Elle en rajoutait un peu trop. Tu n’avais jamais forcé personne à être transformé. Jack faisait partie d’une ancienne famille de la meute et s’il avait désiré ne pas en être, il aurait très bien pu renoncer à la morsure. « Quant au respect, je te retourne la question. » Elle n’avait jamais pris en compte que tu étais le responsable de ces loups. Du moins c’était quand cela l’arrangeait. S’il fallait protéger son Jack, visiblement, tu devenais le responsable. Quand il s’agissait de faire une esclandre public, ça elle oubliait clairement le rang que tu avais dans la meute. Elle avait de drôle de façon de changer d’opinion quand cela l’arrangeait.

Sa réplique suivante… Tu aurais pu l’encastrer si cela n’avait pas été elle. Tu en avais assez de l’entendre remettre en question toutes les traditions de la meute. C’est ainsi que cela fonctionnait chez vous. Si cela ne lui convenait pas, elle savait très bien ce qu’elle pouvait faire. Personne ne l’avait forcée à rester avec vous. Elle était venue de son plein gré pour des raisons qui étaient loin d’être charitable. Malgré ce lourd passif, elle avait décidé de rester. Mais son attitude de diva commençait sérieusement à te les briser. « Mais dis moi, ce ne serait pas la preuve que de laisser un intrus de la meute s’occuper d’une transformation est une connerie ? » Tu reprenais mot pour mot la tournure de sa phrase pour lui remettre la responsabilité de l’incapacité de Jack à être utile. C’était petit, facile. Toutefois, il y avait combien de chances pour que ces connards de loups débarquent durant votre entraînement alors que vous êtes éloignés de tout ? C’était une provocation de leur part. Une volonté. En plus de devoir gérer une déclaration de guerre des territoires, tu te retrouvais à supporter les jérémiades de ta copine qui n’en faisait décidément qu’à sa tête.

« Essaie pour voir ! » Une provocation alors qu’elle me disait qu’elle allait me faire bouffer mon t-shirt. Tu étais d’une humeur de chien. sans jeu de mot pourri Tu avais volontairement appuyé où ça faisait mal et elle te le rendait. C’était inévitable. Tu restais silencieux devant cette déclaration. Conscient que vos paroles dépassaient vos pensées malgré tout. Elle t’ordonna de garder tes distances, mais tu n’en avais clairement pas envie. Tes lèvres s’écrasaient sans douceur sur les siennes, qu’elle gardait fermées avec force. Elle chercha ensuite à te repousser et tu te reculais légèrement. « Tu sais très bien que c’est plus fort que nous. Tu m’appartiens. Je t’appartiens. Si tu as envie de l’ignorer, ça te reviendra vite en pleine figure. »

Alors qu’elle te poussait de plus en plus fort pour se libérer du piège formé de ton torse et de tes bras, s’énervant de ne pas pouvoir partir, tu résistais davantage. Tu la repoussais lentement vers le mur, usant malgré tout de ta force qui gagnait sur elle. Tes mains filèrent sur ses cuisses, la soulevèrent de terre, te glissant entre ces dernières. Obligée de s’accrocher à toi, tu ne la prévenais pas et transplanais chez toi. Au milieu de ton salon, tes lèvres cherchèrent à nouveau les siennes. Tes mains glissaient sur ses courbes avec envie. Si elle savait allumer des brasiers, tu savais aussi comment t’y prendre. Et tu la voulais. C’était Ta Louve. Elle t’appartenait corps et âme. Comme elle évitait tes lippes, tu glissais dans son cou jouant avec un point que tu savais sensible chez elle. « T’as vraiment envie de me quitter ? » murmure rauque que tu prononces en plantant tes iris dans les siens.

Que j'arrête de jouer les idiotes ? Zut ça se voyait ? Moi qui songeais être une actrice hors pair, quelle déception. Il ne serait donc pas venu en courant pour répondre à ma convocation j'avais donc parfaitement raison de lui prendre la tête ici et puis de lui à moi, il était le seul qui était traumatisé par son autorité donc j'étais loin d'être chiffonné. En fait, Kesabel avait un problème avec tous mes proches et comme le seul qu'il pouvait atteindre - et qui était assez con pour lui obéir aveuglement - c'était Jack, il s'en donnait à cœur joie. Qu'il ne pense pas une seconde que je lui laisserais le champ libre, il me trouverait toujours sur la trajectoire. A sa phrase sur le respect, je levais les yeux au ciel avant de dire « Mais tu crois vraiment que je vais ramper devant toi et m'écraser à chaque fois que tu l'ouvres. Oublie Kesabel, ça n'arrivera ja-mais. » J'avais bien articulé le dernier mot pour qu'il comprenne qu'il se faisait des idées et qu'au bout d'un moment il fallait que ça enregistre parce qu'il était frustré à chaque fois.

Alors que je l'attaquais sur le fait que sa volonté de ne pas vouloir que les gens prennent de la potion tue-loup avait été un échec cuisant hier soir, prouvant une fois de plus que j'avais raison de remettre en cause sa façon de voir les choses et de vouloir arrêter certaines règles qui n'avaient aucun sens, il décida de m'attaquer au sujet de Jack qui serait soi-disant mal préparé. Mais qu'il était con ce gars c'est pas possible « Tu veux dire que tu regrettes de m'avoir forcé la main et que tu reconnais enfin que tu as des idées de merde? » Mais m'arrêter à ce constat c'était mal me connaître. Je n'appréciais pas spécialement qu'il me rejette la faute dessus je rappelais donc, glaciale « Tu étais là Kesabel, à chaque entraînement, tu as eu tout le loisir d'ouvrir ta bouche, tu n'as rien dit. Tu étais trop occupé à mater mon cul pour te concentrer sur tes devoirs ? Ou alors avant hier tu n'avais rien à redire et tu cherches bêtement quelqu'un à accuser pour expliquer ton fiasco ? C'est un novice, tu connais beaucoup de novices qui font le poids face à des loups aguerris ? Même Tom et toi vous avez été ridiculisé. » Oui c'était peut-être pas ultra intelligent de provoquer mais il me gonflait trop pour que je fasse preuve  de jugeote. Est-ce que j'aurais pu faire mieux avec Jack, aucune idée, c’était nouveau pour moi aussi.

Il n'était pas plus futé que moi, il venait de me balancer son t-shirt dans la gueule.  En plus c'est qu'il me provoquait de faire de lui faire bouffer. Résister à la provocation fut compliqué, j'avais très envie de me baisser pour l'attraper et me jeter sur lui, je me moquais des conséquences. Je me vengerai une prochaine fois. Sauf qu'il n'y aurait pas de prochaine fois, la fracture était trop importante, les mots employés trop grave. Qu'il aille au diable, non je ne voulais pas qu'il me touche, qu'il me foute la paix. Mes mots n'eurent pas véritablement d'incidence puisque ses lèvres se posèrent de force et sans mon consentement sur mes lèvres. Ses propos me hérissèrent le poil, je ne niais pas cette attraction physique, je serais d'ailleurs naïve de le faire. En revanche, me faire dominer par cela, alors là jamais de la vie « Ça c'est moi que ça regarde. » Bon forcément qu'il était tout autant impliqué que moi en réalité mais je m'en tapais de ce qu'il pouvait vivre, ressentir, penser.

Une bataille contre un ours des cavernes débuta alors... si si la comparaison est bonne, c'était une bataille perdue d'avance, il me plaquait un peu plus contre le mur en retour. Non mais j'allais y arriver il suffisait que, je sursautais en sentant ses mains sur mes jambes. Forcément, réflexe, je descendais mes propres mains pour l'empêcher de faire mumuse, est ce que vraiment selon lui le moment était bien choisi. Évidemment ce ptit con trouva que le mieux c'était encore de me soulever et pour éviter que ma tête heurte le mur derrière, je fus bien obligée d'abandonner mon idée première me contentant de m'accrocher à lui pour ne pas tomber, non sans m'agacer au passage. J'allais l'incendier, il croyait trop c'était la fête et que mon corps lui était acquit. Bon je n'eus pas vraiment le loisir de m'exprimer et de l'insulter de tous les noms qu'il nous faisait transplaner chez lui. Le changement de décor ne me rendait clairement pas plus partante, on était en train de s'engueuler deux minutes avant, il pouvait se gratter. Une nouvelle fois, je me dérobais face à son baiser. Le problème c'est qu'il ne se contentait pas de baisers infructueux, ce serait mal connaître Kesabel que de songer qu'il s'arrêterait à un refus. J'aurais dû lui couper ses mains, ça l'aurait empêché de venir réveiller mon corps avec ses caresses à la con. Si je me concentrais de toutes mes forces pour ne pas me laisser aller, me rappeler que je venais de lui dire il y a pas cinq minutes que je ne lui appartenais pas, ses lèvres contre mon cou me firent frémir, traitre de corps, traîtresse d'attirance. Mais même sur ça, il arrivait à être enquiquinant, il le voyait bien qu'il arrivait à me faire céder, est ce que vraiment, il fallait parler. A sa question, je soufflais longuement, plus pour me remettre de cette envie insidieuse que parce que la question était idiote. Je posais ma tête sur son épaule tentant à la fois de faire le vide dans mon esprit que de me soustraire à son regard « Tu es un con Kesabel. Devant tout le monde, je te pose problème, je dois dégager de ta meute. Mais derrière, tu m’empêches de partir et tu m’allumes pour me montrer quoi au juste que le sexe avec toi va me manquer ? » Je reculais ma tête pour le regarder, ne cherchant pas à nier que ce serait le cas. En revanche ça ne faisait pas tout et si c’était pour qu’à chaque fois qu’on s’embrouille, je me fasse dégager de sa meute avant qu’il se souvienne que coucher avec moi c’était pas déplaisant, je n’étais pas d’accord.

Cet échange ne ressemblait plus à rien. Maxime était en train de te rendre dingue. Si ce n’avait pas été elle, tu aurais depuis longtemps démoli la personne osant te parler ainsi. Est-ce qu’elle se rendait compte des passe-droits que tu lui donnais ? Toi même le réalisait brutalement en cet instant. Putain. Tu étais bien trop laxiste. Tu te laissais aller à cause de l’attachement que tu lui portais. La façon dont elle avait parlé devant la meute était tout bonnement innaceptable Elle était trop immature pour le comprendre. Quel couple s’engueulait à la vue de tous ? Pourquoi ne comprenait-elle pas que chef de meute ou pas, cela ne se faisait pas ? Et oui tu devais l’admettre tu refusais d’être humilié devant ta troupe. Même si tu étais attaché à elle. Même si tu sentais que cela allait bien au-delà de ce que vous aviez imaginé au départ. Il y avait des limites et elle les avait franchies. Bien trop souvent d’ailleurs. Tu devais te montrer exemplaire et juste aux yeux des autres. Il n’y avait pas de privilèges. Tout le monde était traité de la même façon. Et cela incluait Maxime. Trop de fois elle avait été trop loin. « Alors je confirme Maxime. Dégage de la meute. Tu as trop profité de ma clémence. » Ta voix était froide, sèche. Intransigeante. Elle serait un exemple s’il le fallait.

Cette conversation si tu pouvais l’appeler ainsi commençait à te prendre la tête. Elle usait de ta patience. Elle reprenait chacun de tes mots. Détournait à sa sauce. Ta mâchoire se crispa et tes poings se serrèrent. « Princesse, réveille toi, je ne t’ai pas forcée. Tu voulais nous rejoindre et c’est comme ça que ça marche. Tu as accepté de le transformer et tu sais pourquoi ? » Tu t’approchais en murmurant. « Ta volonté de me buter était bien plus forte que de sacrifier un innocent comme tu le dis si bien. » Alors que Jack n’avait rien d’une victime. Il était clairement consentant et c’était un but ultime pour lui de devenir un loup garou. Toutes ses remarques, ses cimagrees… rien ne lui plaisait de votre organisation. C’était à se demander pourquoi elle y restait finalement. « Si j’avais été présent à chaque fois tu aurais pas fini dans une cage. » mordais-tu alors que tu t’approchais d’elle. « Mais tu as raison sur une chose, ton cul me distrait trop. Même encore maintenant ! » Ta bouche se plaquait sur la sienne. Tu te rendais compte que vos échanges étaient brutaux. Un pas de trop avait été franchis dans vos paroles. Était-ce vraiment le moment ? Il était certain que vous vous blessiez mutuellement, le but étant d’avoir le dernier mot. Chose difficile entre vous deux qui risquait de ne pas avoir de fin.

Tes lèvres s’imposaient sur elle, tes mains courraient sur ses courbes. Tu étais complètement dépendant de Maxime. D’une façon étrange, presque viscérale. C’était sûrement la dernière fois que tu la toucherais ainsi. Cette perspective te rendait dingue. L’idée qu’un autre puisse prendre ta place était encore pire. Tu sentais qu’elle était prête à céder. Elle n’était pas indifférente non plus. Même si une vague tentative de résistance s’interposa, elle relâchait sa tête, son front venant se poser sur ton épaule. Les paroles qui suivirent te firent l’effet d’une douche glacée. Tes assassines se figèrent sur ses hanches, s’y accrochant avec une force veine. A quoi jouais tu ? A coucher avec elle une dernière fois ? Une méthode bien étrange alors que la rupture se dessinait davantage au fil de vos échanges. « On ne peut pas continuer comme ça Maxime. Tu peux pas débarquer et faire une esclandre devant tout le monde. Putain ça te coûtait quoi d’attendre qu’on soit seuls ? » Tu dis un mouvement d’épaule pour lui faire relever le visage et capter son regard. « Soit tu acceptes qui je suis au sein de la meute et tu fais un effort pour contenir tes élans, soit… » Ton palpitant agressa ta cage thoracique alors que tu marquais un silence. Avais-tu réellement besoin de terminer cette phrase ? Soit vous trouviez un compromis, soit tout s’arrêtait. Tu étais certain qu’elle avait compris. Mais tu ne pouvais plus lui accorder de faveurs sous prétexte que vous étiez ensemble. Tu l’avais assez laisser jouer avec tes nerfs devant la meute. Elle devait apprendre que le monde des adultes n’était pas celui de Poudlard. Encore moins dans ta lignée de loup garous. Tu pouvais tolérer qu’elle exprime son point de vue avec calme comme les autres pouvaient le faire. Avec plus de véhémence en privé. Mais pas te prendre en défaut devant tout le monde. « Soit ca ne pourra plus continuer Maxime.  » terminais-tu finalement d’une voix rauque. Tu n’etais même pas certain que c’était ce que tu voulais dans le fond. Mais les ricanements de tes hôtes montraient que tu perdais en crédibilité. Dans ce monde, un renversement était vite arrivé. Tu en étais la preuve vivant après avoir tué ton propre oncle.

Patience mon vieil ennemi, j'allais la quitter ta meute, juste je réglais mes comptes avant mais qu'il ne s'inquiète pas. Son autorité débile ne risquerait rien, il aurait tout le loisir de raconter ce qu'il voulait à qui lui poserait la question. L'essence même du problème résidait dans les pratiques d'un autre temps, il refusait d'évoluer. Oui sa meute régnait, je ne pouvais le nier, ce qui n'empêchait pas le fait que les autres autour pouvaient trouver un moyen de triompher et c'est ce qu'ils venaient de prouver. Leur victoire allait leur donner des ailes, ça ressemblait quand même à un avertissement et à la rigueur l fait que ça ne me concerne plus devrait m'arranger. Depuis que je fréquentais Kesabel j'avais des problèmes à la pelle, mon espérance de vie venait de gagner 10 ans, au moins, avec mon exclusion. Je grognai, n’arrivant pas à m’habituer à ce terme qu’il utilisait « Arrête de m’appeler comme ça. » et comme si de rien était, je continuai mes propos, de toute façon, je le soupçonnai de m’appeler ainsi uniquement parce qu’il savait que ça me faisait réagir « Ne mélange pas tout Kesabel. Je ne voulais pas vous rejoindre, je voulais venger toutes les personnes que tu as tué. » Il y avait eu un petit loupé, scandaleux mais bon, les aléas de la vie, pas facile de haïr, tout en appréciant une personne. J’étais l’arroseur arrosé mais jusqu’à aujourd’hui, je ne m’en plaignais pas tant que ça  « Ne crois pas une seconde que ma volonté de te nuire était plus forte. Sa volonté a été prise en compte. » A contre cœur certes mais, de toute façon, qu'importe les arguments utilisés, si ça n'avait pas été moi, ça aurait été un autre, j'avais donc cédé à ce qui me semblait être les caprices d’un gamin qui ne se rendait même pas compte du monde dans lequel il évoluerait jusqu’à la fin de sa vie. Un frémissement me secoua en me souvenant de cette merveilleuse soirée où j'avais fini dans une cage. Derrière ça avait été pire d'ailleurs, finir dans une espèce d'arène à se faire pourchasser par une bestiole, clairement pas mon programme favori pour un lendemain de pleine lune. Le problème c'est que comment voulez-vous répondre à ce genre d'attaque quand l'instant d'après, ses lèvres venaient s'emparer des miennes. Il battait le chaud et le froid, c’était d’un épuisant et j’étais trop réactive pour mon propre bien.

L'attraction ne faisait pas tout, oh elle était puissante. Ça n'était d'ailleurs pas que de l'attraction, ça allait bien plus loin, j'avais bien conscience des sentiments que j'avais pour sa personne. Mais ça n'était pas assez pour que je me plie à sa volonté, j'en étais bien incapable. Je l'écoutai parler de moi, uniquement de moi. Non parce que le problème ça n'était absolument pas son caractère totalement différent lorsqu'il était avec sa meute. Ce n'était même pas mon caractère qui l'énervait, quoi que probablement un peu aussi, il n'empêche que la chose qui le dérangeait c'était uniquement le fait qu'ils puissent se moquer de lui. Ah mais c'est qu'en plus il bougeait, quel con, pour que je relève la tête. Je lui lançai un regard noir, sa délicatesse me touchait au plus profond de mon âme. Ses paroles, que dire de ses paroles, il n'y avait rien à espérer de lui. Je baissai mon regard pour observer son cœur qui battait à un rythme effréné, oh le mien était un peu dans le même état, en panique, sentant ce qui se profitait à l'horizon. Je relevai le regard vers lui, une nouvelle fois « Tu es un lâche Kesabel. Ce n'est pas les membres de ta meute le problème, c'est toi. Tu as tellement peur de ce que les gens pensent de toi et de ton autorité à la con que tu ne vois même pas qu'ils s'en fichent totalement que je te rentre dedans et que c'est toi, qui les fait rire parce que tu ne sais pas comment gérer tes putains de sentiments. » Je m'écartai de lui « Tu me demandes de changer pour toi? Mais qu'est-ce que tu as fait pour moi depuis que je te connais ? » Je fis volte-face Si on se demande oui, j'adore ce mot et sans le moindre état d'âme je rajoutai « Qu'on soit bien clair s'il arrive la moindre chose à Jack je te tiendrais pour personnellement responsable de son état et ne crois pas une seule seconde que j’aurai la trouille de venir te confronter. » complètement dédaigneuse, je rajoutai « Et si pour asseoir ta redoutable autorité, il te faudra utiliser la force physique, grand bien te fasse, je serais ravie de te servir une fois de plus. » Quel gamin parfois, un gamin pourri gâté qui n’avait pas l’habitude qu’on se dresse face à lui, c’était bien ma veine. Je quittais sa demeure, frustrée de le faire et en même temps plutôt satisfaite de ne pas le laisser régenter ma vie… Drôle de sensation ambiguë