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Alcyone & Maverick

« The wild still lingered in him and the wolf inside. »

Début juillet 2021 - @Alcyone Greengrass

Une fois de plus, le black-out avait été total. Pas de demi mesure. Rien de moins qu’un abandon total face aux besoins primaires de la bête. Aucuns souvenirs. Aucun flash de lucidité. Juste le trou noir le plus complet. Le loup prenait le relais, lancé sur une quête spécifique mais avec la possibilité qu’il puisse en dévier, conduit par ses propres instincts et pulsions. Maverick le savait depuis le début. Ses recherches avant d’être transformé par Fenrir Greyback avaient été suffisamment conséquentes pour comprendre pleinement l’indépendance de la bête. C’était même cette liberté, ce lâcher prise total qu’il recherchait inconsciemment. Une bouffée d’air frais pour lui qui était à chaque instant pris dans l’étau si étroit d’un protocole imposé par son patronyme et la pureté de son sang. Pourquoi donc vouloir contraindre l’animal avec une potion tue-loup ? Pourquoi ne pas complètement embrasser sa nouvelle nature pour la laisser s’exprimer dans toute sa violence et bestialité ? Si pour Maverick, être devenu lycanthrope n’avait aucun inconvénients, son père n’en restait pas moins convaincu que certaines pulsions du quotidien pouvaient être mieux gérer. Ça n’était pas comme si son fils était déjà absolument maître de lui-même (~~LOL~~). Incapable de dire non, l’héritier des Nott n’avait pas voulu contredire son père en se rendant à l’adresse indiquée sur le chemin de traverse. Chez Miss Greengrass et sa boutique de confection de bijoux magique.

Ses besoins étaient spécifiques : laisser la bête libre mais tempérer les violentes vagues de rage incontrôlées qui pouvaient se coupler à certains événements bien précis. Défis de taille dont il attendait de voir les premiers résultats avant de se prononcer sur la réelle utilité de pareil bijou. Du Maverick Nott tout craché. Attendre patiemment avant d’oser enfin donner un verdict qui, soyez-en assuré, sera très tempéré en bon anglais qu’il est. Non seulement son éducation lui interdisait de clairement exprimer son avis honnête mais en plus il avait une image à protéger. Celle des Nott. Image actuellement vacillante. Du moins si on l’avait trouvé au lendemain de sa transformation, méchamment balafré et blessé. Aucune façon de savoir ce qui s’était passé durant la nuit de pleine lune mais une chose était sûre : il avait fait une mauvaise rencontre. A en juger par les nombreuses traces de griffures et morsures recouvrant son corps et visage, il s’agissait d’autres animaux. Aucun humain n’aurait pu laisser pareilles marques et en si grandes quantité. Maverick l’aurait depuis un moment réduit en pièces. Le contact était canin. Deux larges chiens ? Une mère protégeant son petit ? Allez savoir… Deux traces bien distinctes de morsures se distinguaient sur son cou, visage et flanc. Rien qu’un simple sort de guérison et réparation cutanée ne puisse régler. L’héritier des Nott n’en était pas à son premier coup d’essai après tout.

Toutefois, si les blessures héritées d’une nuit lupin agitées étaient monnaie courante, celles-ci semblaient l’oeuvre d’animaux désespérés. C’était presque trop agressif pour sembler purement dénué d’une conscience humaine. Le doute avait laissé sa marque en lui, grandissant progressivement à mesure que les jours et semaines s’écoulaient. Si le chef de l’unité des rafleurs avait fait appel aux services de son ami de longue date Zadkiel, il continuait de guetter les faits divers moldus Irlandais faisant état de mutilations animales sur des chiens de fermiers. Rien. De quoi épaissir le mystère. La préoccupation, diluée par instants sous les montagnes de travail qui atterrissaient sur son bureau laissait un arrière goût amer. C’est qu’il en avait presque oublié le travail que devait effectuer Miss Greengrass jusqu’à ce que son assistante ne vienne confirmer avec lui le rendez-vous pris avec « une créatrice ». Vague terme fourre-tout pour ne laisser aucun nom, aucune trace formelle de leur entrevue et surtout du travail effectué par la jeune femme. Confirmation fut donnée pour la nuit de pleine lune suivante. Au moins cette fois-ci, Maverick savait qu’il ne finirait pas sévèrement mutilé en rase campagne Irlandaise. L’environnement sécurisé de sa cave était suffisamment familier pour savoir que Miss Greengrass serait en sécurité. Sans parler de cette horrible potion tue-loup qu’il s’était évertué à ingurgiter depuis un mois maintenant. De quoi le rendre moins alerte, plus tatillon et exigeant que jamais tant sa mauvaise humeur dominait. Et je vous vois venir, oui, il y a une différence quand Monsieur Maverick Nott est de mauvais poil.

Le jour J arrivé, il avala une dernière fois sa potion avant de quitter le Ministère par les cheminées pour directement atterrir dans celle de son manoir. Tel un balais bien orchestré, Artémis, sa renarde de feu l’attendait sagement et bondit à l’arrivée de son maître, jappant de contentement en venant glisser sa truffe dans le creux de sa paume. Misty, son elfe de maison l’attendait déjà avec un verre de whisky et un étui de cigarette plein. « Bonsoir Misty. » Formula-t-il de sa voix grave, extirpant un des cylindres blanc s’allumant par magie à peine il eut touché ses lippes et s’empara du verre tendu. Bientôt rejoint par Loki et Malcolm, Maverick ôta sa veste de costume pour aller s’installer dans le petit salon où Misty avait déjà commencé à dresser le thé ainsi que quelques sandwichs salés en prévision de la visite attendue par son maître. Entouré de sa propre petite meute de canidés, l’héritier des Nott attendit sagement la venue de Miss Greengrass à l’heure convenue tout en parcourant les rapports des dernières missions rendues le soir même. Quand le son de la sonnette emplit l’air, brisant le silence qui régnait dans les lieux, Mitsy partit ouvrir à la visiteuse puis la guida jusqu’au petit salon faisant office de bibliothèque. Installé sur l’un des fauteuils, Maverick se leva à la vue de la sorcière et désigna d’un geste de la main la place qui lui était réservée. « Miss Greengrass… Installez-vous, je vous en prie. » Après s’être assis, laissant une fois de plus un épais volute de fumée s’extirper d’entre ses lèvres, il vint s’enquérir de son choix de boisson, Mitsy se faisant un véritable plaisir de servir la demoiselle en la complimentant longuement sur son élégance. « Ça sera tout Mitsy, merci. Tu peux prendre ta soirée. » Dit-il à l’attention de l’elfe de maison qui leur adressa un large sourire avant de s’éclipser dans un « pouf » sonore. Les prunelles froides de l’héritier Nott revinrent alors se poser sur la silhouette de sa visiteuse, la détaillant longuement sans vergogne. « Je suis curieux de découvrir ce que vous avez été à même de confectionner en seulement un mois. » Finit-il par dire en brisant le silence qui s’était installé entre eux, plongeant ses lippes dans le liquide ambré de son verre. L’intérêt et la curiosité étaient sincères.

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Maverick & Alcyone

Full Moon - Mal 2

Alcyone n’avait pas vu les jours filer depuis la visite de Maverick Nott. Il fallait reconnaître qu’elle avait accepté un sacré défi quand le Loup lui avait présenté sa demande. L’Etoile était persuadée d’y arriver. Ce n’était après tout qu’un dérivé de ce qu’elle avait déjà créé pour Erin. Mais entre la boutique à faire tourner, les créations à réaliser… Le pire étant la comptabilité. Merlin, qu’Alcyone pouvait détester passer des heures là-dessus. Elle ne pensait pas qu’un jour elle devrait jongler avec les chiffres pour tenir sa boutique. Si elle en avait eu conscience, elle n’imaginait pas la lourdeur de ces exercices. Elle envisageait sérieusement de prendre un comptable pour la délester de cette tâche. Elle avait déjà réussi à recruter Aodhan, un Gryffondor dont l’humeur joviale animait un peu plus sa vie. Depuis le début et plus encore à la suite de l’attaque des patriarches Dimitrov sur l’Atelier, elle n’avait cessé de travailler. Les soirées étudiantes n’étaient presque qu’un lointain souvenir. La vie d’adulte était loin d’être reposante… L’arrivée de l’étudiant avait permis de lui changer les idées. Surtout qu’il la traînait dans les bars à la fermeture de la joaillerie. L’Etoile avait perdu le rythme, elle le voyait bien, mais par fierté purement serpentine face à son rival félin, elle se forçait à le suivre. Et cela lui faisait du bien. Elle pouvait cependant nier qu’à la clé de tous ses efforts, la jeune femme pouvait se féliciter du succès de sa boutique. Peut-être même que le pillage des lieux avait renforcé sa clientèle venue la soutenir dans cette épreuve. Un mal pour un bien ? L’ancienne Serpentard ne savait plus quoi en penser. Cela lui avait permis de tourner définitivement la page concernant la famille Slave. Plus aucun regret ou remords ne la rongeait. Au milieu des décombres, elle avait gardé le silence sur l’auteur des faits, s’entraînant sans le vouloir dans une autre histoire, son père cherchant par tous les moyens à la ramener dans ce qu’il considérait être « le droit chemin ». Mais elle avait rebondi. Sans baisser l’échine, sans courber la tête. La bijouterie avait repris fière allure et elle était satisfaite de ce qu’elle était parvenue à accomplir contre l’avis de tous ou presque. Elle n’oubliait ni Theo ni Soledad qui avaient été un véritable soutien depuis le début.

Ce soir pourtant, elle était certaine que ni l’un ni l’autre n’approuverait ce qu’elle s’apprêtait à faire. Rejoindre un loup-garou pour sa transformation ? Une idée franchement raisonnable… Mais la mission qui lui avait été confiée était bien trop tentante pour laisser la raison prendre le dessus. Puis un lupin prenant sa potion était inoffensif, non ? L’heure du rendez-vous approchait. Celle de fermer sa boutique également. Elle se rendit dans son bureau pour prendre ses affaires. Alcyone avait anticipé sa tenue, préférant se parer d’un pantalon élégant assorti une chemise en soie ample. Si elle devait se baisser pour vérifier que son travail tenait correctement, c’était mieux ainsi que de te porter une robe et des talons. Pour autant, elle tenait la boutique et devait rester présentable. La brune se remit quelques gouttes de parfum. Une odeur de propre, légèrement poudré et boisé avec un zeste d’agrume acidulé. Elle attrapa son sac à main, vérifiant à plusieurs reprises qu’elle avait bien pris la commande de son client, avant de fermer les lieux à l’aide de sortilèges. Elle était d’autant plus précautionneuse depuis ce qui était arrivé.

L’air frais de l’été en fin de journée la cueillit dès qu’elle fut dehors. Elle transplana au domicile de Maverick. Elle observa sa montre, elle était un peu en avance. Elle observa la bâtisse. C’était un lieu magnifique. Digne du rand de Maverick Nott. Un rire amer s’échappa d’entre ses lippes alors qu’elle attrapait une cigarette. Sa mère aurait adoré les lieux. Un client digne de ce nom. Enfin… Elle aurait aussi certainement trouvé une raison de dénigrer son travail. Quoique depuis qu’elle avait embauché un vendeur, Lucida avait presque retenu quelques critiques. L’Etoile tira sur sa clope durant quelques minutes avant de se rendre à la porte et d’appuyer sur la sonnette. Le pan de bois s’ouvrit, laissant place à une petite elfe de maison. Oui, Maverick était un vrai sang-pur, il n’y avait pas à dire. Elle salua la créature magique, son regard ne pouvant s’empêcher de courir sur les murs. Des toiles magnifiques étaient accrochées. Elle était presque tentée de s’arrêter pour observer une magnifique sculpture. Elle découvrit une peinture et marqua un léger arrêt. Avait-il réellement en sa possession une œuvre de Caravaggio ? La jeune créatrice n’eut pas davantage le temps de s’interroger, l’elfe lui ouvrait une porte où se trouver le maître des lieux. Le petit être ne cessait de lui faire des compliments. Le thé était déjà prêt et l’Héritier Nott se leva pour l’inviter à s’asseoir. « Monsieur Nott… Ravie de vous revoir. » Alcyone nota qu’il s’était défait de sa veste de costume, gardant une chemise immaculée. La brune prit place dans un siège. A nouveau, la créature vint vers elle, pour lui demander ce qu’elle désirait boire. Ses prunelles glissèrent sur le verre de whisky et elle se permit alors de demander un verre de vin blanc. Qui lui a rapidement apporté. Sous les éloges de Misty qui se faisait congédier. Alcyone se détendit légèrement, les remarques aussi positives soient-elles, l’avait mise mal à l’aise. Encore un peu plus avec ce sourire entendu alors qu’elle disparaît.

Mais Nott n’avait pas l’intention de se laisser distraire. La créatrice avait presque oublié l’intensité de son regard qui courait un instant sur elle. Il y avait définitivement quelque chose d’intimidant chez cet homme au charisme déroutant. Pourtant la jeune femme prenait sur elle pour rester la plus professionnelle possible. Elle sortit de son sac un écrin bleuté sur lequel se trouvait en argenté les étoiles qui formaient la constellation des Pléiades. Elle le lui tendit, et en attendant qu’il l’ouvre, elle prit une gorgée de vin. Il lui faudrait bien ça pour tenir durant cette soirée. Sur un coussin de velours était accrochée une gourmette. Sobres, les mailles étaient faites d’un acier mat. En son centre, encadré d’un fin liseré du même alliage, se trouvait une pierre sombre. Brute, non brillante, un léger relief pouvait se sentir sous la pulpe de doigts. « Je l’ai rendue la plus discrète possible. Le métal est fait d’acier et la pierre est une obsidienne. » Un rapide descriptif sur le plan matériel. Le plus intéressant restait à venir. « L’obsidienne est connue pour améliorer la cicatrisation, apaiser les douleurs, mais aussi tranquilliser l’esprit. La pierre en elle-même ne fera pas de miracles quand vous serez transformé, mais c’est un plus. » La poudre d’obsidienne était d’ailleurs utilisée pour aider les blessures à se refermer. « Comme elle n’est pas taillée, elle est poreuse et c’est surtout ça qui nous intéresse. Elle va pouvoir absorber la potion tue-loup et grâce à un enchantement, les propriétés de cette dernière vont se répandre sur les mailles et se diffuser jusqu’à vous par l’intermédiaire de votre peau. Il faudra ajuster la dose de la potion selon vos besoins. » Alcyone se pencha vers son sac et sortit un flacon en verre. « J’ai demandé à un confrère de travailler sur une forme de tue-loup plus concentrée. Elle est différente de celle que vous buvez. Beaucoup plus forte. Quelques gouttes peuvent suffire. C’est important, car l’intermédiaire de la pierre diminue son effet et il n’est pas possible d’en verser des litres… » Rory avait réalisé un exploit en créant cet élixir en si peu de temps. Si par la même occasion, il pouvait avoir un client fidèle en plus… « Oh et le bracelet doit s’ajuster au moment de votre transformation. De la taille de votre bras à celle de la patte et inversement. J’ai fait des recherches, mais je n’ai rien trouvé de très précis. Il est possible que je doive reprendre le sortilège pour que cela soit parfaitement ajusté. » Alcyone s’arrêta de parler. Quand elle commençait à plonger dans son travail, elle pouvait certainement discuter des heures. Mais ils n’avaient pas ce temps, car bientôt la pleine lune allait se dresser fièrement dans le ciel. « Avez-vous des questions ou des remarques ? » Elle releva finalement le regard vers lui se rendant compte qu’elle avait davantage observé sa création que son futur propriétaire. Elle se saisit de son verre et but une gorgée l’ambre de ses iris se promenant sur l’homme qui se tenait face à elle. Elle qui n’était jamais stressée quand il s’agissait de son travail, attendait avec une pointe d’impatience une réaction de Maverick…

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Début juillet 2021 - @Alcyone Greengrass

Qu’est-ce que Maverick Nott ne ferait pas pour contenter son géniteur ? Bien qu’il avait su imposer ses propres idées en devenant lycanthrope puis rafleur, l’héritier n’en restait pas moins le fils de son père. Conditionné par les idéaux puristes distillés depuis son enfance, le sorcier n’avait jamais remis en question cette éducation austère et élitiste. Un monde d’apparence pour lequel son masque impassible s’était forgé rapidement, indéfectible compagnon pour endosser le rôle du parfait héritier. Après tout, la réputation du nom des Nott était en jeu. Fardeau qui n’en était pas vraiment un tant son prisme avait été altéré avec le temps. Impossible donc de dire « non » ou même d’affirmer une opinion tranchée face aux demandes d’un paternel ayant déjà fait de nombreuses concessions. Voilà comment il en était arrivé à se gaver de potion tue-loup pendant un mois entier histoire de ne pas mettre en lambeaux la jeune Greengrass qui devait passer la prochaine pleine lune en sa compagnie. Tout ça pour un bijou magique supposé le rendre moins virulent sous sa forme lupine. Demande formulée par Nott senior, exécutée par son fils sans pour autant en ressentir ni le besoin ni l’envie.

A vrai dire, Maverick était plus intéressé par les procédés magiques utilisés par la créatrice que son travail final. Grand amateur du travail des artisans en tout genre, le sorcier nourrissait une certaine forme de curiosité depuis que la bijoutière lui avait montré certaines de ses réalisations. Il ne restait plus qu’à découvrir ce qu’elle avait imaginé pour son cas. Une expérience inédite, que l’héritier savait ne pas vouloir reproduire. L’héritier préférait amplement passer ses nuits derrière les barreaux plutôt que dompté par un sortilège ou une potion tue-loup. La bête, compagne salvatrice tant elle apportait un vent de fraicheur dans son quotidien étriqué, ne pouvait décemment pas être ainsi muselée. Ceux qui voulaient faire taire l’animal en eux, transformés par accident, n’avaient que sa sympathie. Jamais en revanche il ne pourrait comprendre pareil désir.
Rien de bien étonnant donc qu’il souhaite que la venue de Miss Greengrass à son domicile reste confidentiel. Lui le loup fier accepter d’être diminué par de la magie. Il y avait quelque chose de particulièrement surprenant là dedans. Un tourment interne, une désapprobation profonde qui ne perturbait en rien la surface. Son expression toujours aussi impassible régnait en maîtresse que rien ne semblait être en mesure de détrôner.

Déjà muni d’un verre de whisky et d’une de ses habituelles cigarettes, Maverick accueillit la créatrice avec son habituel flegme. Si Misty s’occupait de servir la demoiselle, proposant quelques sandwichs entre deux compliments, sa petite meute de canidés n’avait pas daigné prêter attention à la nouvelle venue. Artémis, fervente admiratrice de son maître restait assise à ses côtés, ses prunelles dorées fixant avec intensité la visiteuse. Loki et Malcolm quand à eux, préféraient dormir l’un contre l’autre dans un coin du petit bureau, imperturbables. Ce fut quand Misty prit congés que Maverick put enfin aborder la réelle raison de sa venue ce soir. L’héritier était connu pour aller droit au but, s’embarrassant peu de formalités quand le sujet s’avérait si important. Miss Greengrass lui présenta alors un petit écrin qu’il ouvrit pour découvrir la gourmette. S’il appréciait la sobriété du bijou, rien dans son expression ne permettait de le deviner. A mesure qu’il écoutait les propos de la jeune femme, son attention se portait sur les différents aspects de la gourmette, inspectant le bijou avec sérieux. La perspective de devoir porter pareil dispositif au quotidien l’enchantait guère. Surtout si c’était pour en plus y ajouter une potion tue-loup. Maverick voyait plus ça comme un dénigrement de sa nature profonde. Au moins, le fait que Miss Greengrass ait opté pour cette forme lui permettrait de faire croire à son géniteur qu’il la portait sans avoir à réellement le faire.

« A qui avez-vous fait appel pour la potion tue-loup ? » Demanda-t-il alors en reposant l’écrin sur la table basse face à eux, suscitant immédiatement l’intérêt de Malcolm qui s’était entre temps réveillé de sa sieste. Le renard incapable de tenir en place plus de cinq minutes avait vu là l’occasion rêvée de découvrir quelque chose de nouveau. L'attention de l’héritier Nott se porta sur la petite fiole dont il pensait reconnaître certaines courbes caractéristiques du potionniste Barjow. Cet électron libre au talent indéniable avait confectionné la potion expérimentale de Kesabel après tout… Principale raison pour laquelle il avait envoyé son employée Nimue le consulter pour se fournir chez lui. Alors que Miss Greengrass s’apprêtait à répondre, Maverick émit un sifflement puissant, rappelant à l’ordre Malcolm dont l’intérêt pour le bijou devenait trop persistant. L’animal sursauta avant d’émettre un léger jappement de soumission, sa tête se déportant vers son maître. Un simple tapotement sur le haut du crâne du renard avant que ce dernier n’aille se poster aux côtés de Miss Greengrass, reniflant distraitement son sac avant de retourner s’allonger sous le regard dur du chef de meute. « Mis à part ça, nous verrons bien ce qu’il en est de l’ajustement une fois la transformation effectuée. Sachant qu’il ne faut qu’aucun jeu soit présent. Mes missions sous forme lycanthrope se font en terrain hostile et sauvage. Rien ne doit pouvoir être en mesure de la détacher. » Des exigences jusque là non formulées mais maintenant qu’il avait un prototype sous les yeux, autant s’assurer qu’il soit à la hauteur. Si Maverick allait le tester ce soir les conditions n’étaient cependant pas réunies pour se faire une idée exacte des résistances du bijou. « Pensez-vous qu’il saura résister une fois en pleine nature aux éléments et aux mouvements que je pourrais faire ? » Non seulement fallait-il qu’il ne se détache pas mais le loup laissait souvent parler son agitation. Course effrénée, marquage de passages en grattant frénétiquement le sol sans oublier les nombreux combats bestiaux dans lequel il était très souvent impliqué. La création de Miss Greengrass devait répondre à tous ses critères.

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Maverick & Alcyone

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Alcyone était passionnée par son travail. Pas une fois elle n’avait regretté le chemin sinueux et hasardeux qu’elle avait pu emprunter alors qu’elle s’était mise en tête d’ouvrir sa boutique. Elle s’était très doucement rapprochée de sa famille depuis qu’elle avait décidé de s’émanciper, mais elle préférait maintenir une certaine distance. Qu’ils n’aillent pas s’imaginer qu’ils pourraient une nouvelle fois se jouer d’elle. Si elle avait pensé qu’être le mouton noir des Greengrass allait lui mettre des battons dans les roues, la commande passer par Nott Junior était une preuve que même les Sang-Purs de la haute société britannique finissaient par se tourner vers elle sans se soucier des histoires familiales. Maverick connaissait d’ailleurs les Greengrass. La brune se souvenait de lui, ami avec Theo, mais surtout de son regard polaire qui l’avait toisé alors qu’enfant et plus jeune, elle passait son temps à courir. A courir et faire des bêtises. Si la jeune femme avait pris en sagesse depuis, les iris glacés de Maverick, eux n’avaient pas changé. Son sérieux non plus. Elle ne parvenait pas à se rappeler s’il avait toujours été aussi peu expressif. Elle avait en mémoire qu’il avait une certaine aura qui avait le don de la faire ralentir quand elle passait près de lui afin de ne pas rentrer en collision avec. Trop craintive de ce qu’il pourrait faire.

Cette stature, il la dégageait toujours. Alcyone avait une certaine verve et de l’assurance. Plus encore lorsqu’il s’agissait de son domaine. Pourtant l’absence de réaction du Sang-Pur était troublante. Elle n’arrivait pas à savoir si ce qu’elle avait créé lui plaisait réellement et cela la déroutait. Les clients avaient souvent une certaine emphase à la vue de son travail. Elle pouvait facilement discerner lorsqu’une pièce était appréciée ou non. Mais en cet instant, il ne laissait aucun indice. Elle observait ses traits, son regard l’espace de quelques secondes. Presque en attente d’une quelconque réaction. La question qui vint fut loin de satisfaire sa curiosité. Bien au contraire, il s’attardait uniquement sur la potion. Merveilleux, pensa-t-elle, se retenant de pousser un soupir de frustration devant ce flegme si impénétrable. Elle allait néanmoins répondre, mais le sifflement émis par les lippes du Nott la fit légèrement sursauter. Elle prit une gorgée de vin pour dissimuler son mouvement incontrôlé et reposa son verre. Le petit renard fautif fit mine de s’intéresser à son sac. Alcyone se pencha doucement, son bras tendu vers lui. Il vint lui sentir le bout des doigts du bout de son petit museau et fila près de son maître. Sa réaction fit sourire la jeune femme. Depuis son enfance, elle avait toujours été fascinée par les animaux. Grandir au milieu d’occamys devait l’avoir forgée à les aimer. Même si l’élevage de son père n’avait rien de familial ni de tendre. Les créatures ne représentaient qu’un rendement, de l’argent… Etrange petite troupe qui se tenait autour du Nott. Ce dernier prit la parole, parlant finalement de la gourmette et transmettant ces dernières exigences. « J’ai fait en sorte qu’il soit résistant. Un alliage entre potions et sortilèges. »

L’ancienne Serpentard se leva et s’approcha de lui, sous le regard curieux de ses compagnons. « Je peux ? » demanda-t-elle en tendant la main afin qu’il offre son poignet. Elle délia le bouton de manchette et le posa sur la table. Elle replia la manche, la faisant remonter proprement le long de son bras, ses doigts frôlant parfois sa chair. Son regard se posa sur la marque de l’Augurey qui se dévoila. Un fait qui ne la perturba pas réellement. Elle baignait dans ce monde depuis sa plus tendre enfance. Elle se pencha pour attraper la gourmette, la faisant glisser entre ses doigts, avant de la glisser à Maverick. Le bijou enchanté se lia tout seul et se reposa délicatement sur sa chair. Son regard se concentra sur sa création tandis qu’elle le faisait monter et descendre. Elle était habituée à la proximité de ses clients. Attacher un collier, un bracelet. Ajuster les mesures. Le contact avec Maverick, lui, était plus déroutant. Si elle fit mine de rien, son palpitant s’était légèrement accéléré. « La mesure est parfaite. Mais… » Elle marqua une pause dans ses propos. Mais… une idée lui traversait l’esprit. Elle lui fit doucement lever le bras, observant juste en dessous de son épaule. « Je me demande s’il ne serait pas plus pratique lorsque vous serez transformé qu’il remonte ici. » Elle toucha le bas de son épaule. « Il serait moins susceptible de s’accrocher aux embûches que vous allez rencontrer. » Elle relâcha son bras, restant néanmoins debout. « Quelque chose me vient également à l’esprit. Je devrais ajouter un sort de désillusion lorsque vous serez transformé. » L’objet pourrait ainsi se fondre dans sa masse de poils. Lui qui voulait de la discrétion pourrait être reconnu à cause du bijou si quelqu’un d’observateur y prêtait attention. « Qu’en pensez-vous ? » Ses prunelles filèrent et s’ancrèrent dans les siennes. « Et est-ce que l’objet vous convient ? En apparence ainsi que dans son fonctionnement ? » La jeune femme resta debout, se doutant qu’ils n’allaient pas tarder à se déplacer. A moins qu’il ne compte se muer en lupin ici dans son salon… Chose qui étonnerait grandement Alcyone. Si le tue-loup était une potion efficace, elle aurait préféré avoir plus d’espace. A défaut, s’il n’avait ingurgité son traitement, elle pourrait toujours tenter de grimper sur les meubles pour éviter de finir en encas.

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