L’adolescence, défier ses parents, aller contre les règles, s’enmouracher d’un “bad boy”… Voilà ce qui définit le mieux la rencontre des parents et la conception de Malakhai Travers. Fruit d’un amour de jeunesse. Un amour jugé impossible entre une sang-pur et un sang-mêlé. La fille d’une famille de Mangemorts et le dernier né de partisans de l’Ordre du Phénix. Ça allait contre le chemin tout tracé par les parents d’Althea Travers. C’était excitant. C’était surtout secret. Durant de longs mois, les deux jeunes adolescents entretinrent cet amour en secret. Impossible de s’afficher en public, pas quand tout nous oppose de la sorte. Si durant les premiers mois de sa grossesse la relation des deux tourtereaux pouvait aisément être qualifiée d’idyllique, la situation se dégrada bien vite. Cet amour impossible prit un premier coup dans l’aile quand les parents d’Althea remarquèrent le ventre de leur précieuse héritière lors d’une visite de convenance de cette dernière. De nombreux stratagèmes avaient été mis en place par le jeune couple pour dissimuler sa transformation physique auprès de son entourage. Vêtements particulièrement amples pour commencer. Des repas de plus en plus copieux pouvant expliquer une certaine prise de poids, vêtements ensorcelés pour paraître rembourrés de façon uniforme… Elle était même allée jusqu’à les abreuver de discours laissant sous-entendre un début de dépression. Le mal du pays, la solitude, la rudesse de son premier emploi en tant que chercheuse en botanique. La sorcière fraîchement diplômée semblait avoir tout prévu. Tout prévu sauf le fait que sa mère puisse entrer sans prévenir dans la salle de bain. Il était déjà trop tard pour faire quoique ce soit. La grossesse était trop avancée. Afin de ne pas créer un scandale, cet enfant illégitime conçut hors mariage et avec un sang impur qui plus est fut dissimulée. La seule exigence de ses parents ? Que leur fille s’unisse au père de l’enfant. Condition que ce dernier refusa, ne voulant rien entendre. Pourquoi ne pas vouloir épouser sa bien-aimée ? Le jeune homme était persuadé qu’en cédant à cette exigence c’était la porte ouverte pour un contrôle de plus en plus présent dans leur vie. Hors de question de leur donner autant de pouvoir. Elle devait assumer l’éventualité d’être reniée des siens. À partir de cet instant, les disputes s’intensifièrent, les bases qu’ils pensaient solides de leur relation s’étiolèrent menant au départ brutal du sorcier de la vie d’Althea. Laissée seule, à quelques mois de son terme, elle n’eut d’autre choix que de rentrer en Angleterre chez ses parents.

Malakhai naquit au manoir familial dans une ambiance de tensions qui n’allait plus jamais le quitter. Sa simple venue au monde venait de ruiner l’avenir de sa mère et entachait le nom des Travers. Un enfant hors mariage… C’était mal vu. Pour sauver les apparences, Travers senior utilisa ses connexions afin de déclarer l’enfant comme sang-pur. Au moins, cette part de l’honneur était sauve. Si durant les premières semaines de sa venue au monde Althea parvenait à s’occuper de son fils, très vite elle finit par le rejeter, le nourrisson échouant de mains en mains dans la famille. Dépression postpartum sévère, rappel incessant de l’échec de sa relation avec le père de l’enfant, rancoeur envers ce dernier pour l’avoir abandonnée… Si elle ne donna aucune explication à son geste radical, sa progéniture fut finalement confiée à ses parents. Véritable fardeau dont il fallait s’occuper, une nounou fut engagée afin de prendre soin de lui durant les premières années de sa vie. Malakhai passa sa jeune enfance uniquement en présence de ses grands parents, oncles et tante. Sa mère, aux abonnées absents, préférait parcourir le monde en quête de nouvelles découvertes et expériences botaniques. Ce fut à sept ans qu’il la vit en chair et en os pour la première fois, quand cette dernière rentra à Londres avec son nouveau mari sorcier ainsi qu’un demi-frère qu’il découvrait. Un sang-pur, Australien, botaniste comme elle. De quoi réjouir la famille. Laissé pour compte, Khai ne put repartir avec sa mère en Océanie en dépit de ses nombreuses suppliques. Il était de trop, l’époux d’Althea refusant d’adopter un bâtard et préférant amplement se concentrer sur son enfant légitime. Cette erreur de jeunesse resterait à Londres, loin de la nouvelle vie qu’elle allait se construire à l’autre bout de la planète.

Contrairement à ses cousins ou cousines, Malakhai grandit dans l’indifférence totale. Enfant turbulent toujours prêt aux pires bêtises juste pour attirer un tant soit peu l’attention sur lui, il restait souriant et dynamique. Après tout, si ça marchait pour les autres, pourquoi pas pour lui ? Hypothèse qui n’avait pourtant de cesse de s’infirmer. L’apparition de ses pouvoirs passa presque inaperçue tant ses grands parents avaient pris l’habitude de le confier ici et là pour ne surtout pas l’avoir dans les pattes. Quand les autres enfants avaient leurs propres précepteurs, Malakhai passait son temps à se mettre dans le pétrin. Il lui arrivait bien sûr de profiter des professeurs de ses amis, intégrant ici et la quelques principes de base qu’il pourrait mettre en application à Poudlard. La fameuse lettre, contrairement à ses pouvoirs, « marqua » les esprits. En effet, premier né de la nouvelle génération des Travers, il entrerait à l’école de magie un an avant son cousin. Toutefois, cela semblait avoir échappé à sa famille jusqu’à ce que le hibou ne vienne un beau matin livrer sa missive en plein milieu du brunch dominical. Quand l’enveloppe à son nom atterrit gracieusement face à lui, un silence de mort pesa dans le jardin du manoir des Travers. Pour la première fois depuis une éternité, tous les regards étaient tournés dans sa direction. Il était le centre de l’attention, on faisait attention à lui. Pourvu de son large sourire radieux, Malakhai brisa le saut de l’école et extirpa la missive qu’il lut à voix haute. Sa petite mise en scène fut accueillie par un long silence avant que le repas ne reprenne son cours sans aucun commentaire. Ça n’était pas suffisant pour entacher l’exaltation du jeune homme.
Le départ pour Poudlard de Malakhai marqua un tournant dans sa vie. Autant pour lui que pour sa famille. Plus besoin de s’occuper de ce gamin insupportable. De nouveaux horizons à explorer et surtout une présence constante de ses amis. Il retrouva une partie d’entre eux à Serpentard, un choix qui ne provoqua pas cet habituel soupir de désapprobation de ses grands-parents. C’était bon signe ! Enfin… Du moins ça n’était pas source de punition. Dans l’ensemble, la scolarité du jeune sorcier en devenir fut convenable. Khai brillait plus par son inventivité pour distraire ses camardes plutôt que dans les matières enseignées à l’exception de la divination. Quand il se rabattit sur cette option en troisième année, il était bien loin d’imaginer l’importance que prendrait la matière dans sa vie. Ni même la potentielle explication cachée derrière pareil talent.

La premier né des Travers semblait naturellement doué dans cette forme de magie bien souvent jugée comme inexacte. De toute sa promotion, Malakhai lisait les tirages de cartes, dans les feuilles de thé et flammes comme personne. Il se passionna également pour les thèmes astraux, délaissant les boules de cristal et la lecture dans les lignes de la main jugées comme purement théâtrales par ce clown de service. Un comble ! Ce qu’ignorait le jeune sorcier c’était que sa prédisposition à la divination lui venait très probablement de son arrière-grand-mère paternelle. Voyante de renom ayant possédé le don du troisième oeil, plusieurs de ses prophéties résidaient encore aujourd’hui au sein du Ministère de la Magie. Un mystère entier pour lui qui ignorait même jusqu’à l’impureté du sang coulant dans ses veines. S’il parvint à finir ses études à Poudlard sans trop d’encombres, prenant le premier emploi qui se présentait à lui, son intérêt pour la divination ne semblait pas s’étouffer. Très rapidement, et notamment après avoir été mis à la rue par ses grands-parents car en âge d’être indépendant, Khai commença à jouer de ses talents pour faire des prédictions bidons aux clients se rendant sur ses différents lieux de travail. Sans grande surprise, ses arnaques ne furent jamais du goût de ses employeurs, l’obligeant à osciller d’un emploi à l’autre jusqu’à monter son propre business de divination. Toutefois, son patronyme teinté de noirceur et ses méthodes n’attiraient pas suffisamment de clients pour qu’il puisse en faire une activité pérenne. Pragmatique, Malakhai vit là l’occasion du siècle. Bien qu’il ne connaissait que peu de choses sur le monde moldu, il ne doutait pas de leur crédulité face à un supposé médium. Le succès qu’il rencontre encore aujourd’hui lui a donné raison. Installé dans le Londres moldu sous le nom d’emprunt de Skylar O’Shea, Khai opère en tant que médium et coach en développement personnel. A présent complètement familiarisé avec les technologies moldues, il manie les réseaux sociaux comme personne pour promouvoir ses talents et engranger des sommes conséquentes en lectures de tirages, vente de formations pour enfin accéder à sa vie de rêve et rassembler les foules durant des conférences dédiées uniquement à vendre toujours plus ses services. Un bel escroc. Quand on lui demande comment il fait pour être pro-Mangemort et travailler directement au contact des moldus, Khai répond avec le cynisme qui le caractérise « qui de mieux placé que le maître à penser d’une vaste communauté pour manipuler les esprits et progressivement les convaincre qu’il leur faut se soumettre au monde sorcier ? ». Il suffit de prendre exemple sur les nombreux leaders de sectes à travers l’histoire. Du moment qu’on fait passer ça comme une prédiction reçue par les cartes ou autre… Ça passe, non ? À défaut y a toujours les potions et autres sortilèges pouvant être habillement glissés dans les nombreux produits liés au bien-être et à l’accomplissement de soi qu’il vend.