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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Chasser nos vieux démons [Azrael] :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Ven 25 Nov - 22:35

Fin juin 2021

J’avais encore quelques détails à régler avant notre départ. Je travaillais d’arrache-pied alors que mon premier emploi, enseignante à Poudlard, était terminé pour à peu près deux mois. Je m’estimais chanceuse que Harper ne se formalise pas que je ne cesse mes activités même durant cette période. Pour être tout à fait franche, avoir le nez dans mes affaires me permettait de ne pas songer à la date qui me hantait depuis maintenant trois ans. Trois ans que je vivais avec un spectre dans le dos, celui qui me glaçait l’échine alors que la température extérieure s’intensifiait.
Alors oui, je me réjouissais de partir en lune de miel, mais je le craignais aussi. Jusque-là j’avais toujours réussi à éviter à Harper que je ne hurle dans le lit puisque je me réveillais souvent au beau milieu de la nuit. Ainsi, je retournais soit travailler soit je terminais ma nuit dans le canapé. Depuis plusieurs semaines, les mauvais rêves n’avaient cessé de se répéter et d’être encore plus violents. Ce n’était pas Kyle que je voyais en proie aux flammes, mais Harper. Ce n’était pas le dragon à leurs origines, mais un loup immense aux yeux remplis de haine. Quand j’y repensais, ces rêves étaient absurdes et pourtant, lorsque je les vivais, ils m’épouvantaient. Mon épouse voyait toujours le verre à moitié plein, ce qui était une qualité en tout temps, mais en ce moment, je n’avais guère besoin que la situation soit amoindrie. J’allais mal, je le savais.

Je n’arrivais plus à manger convenablement, n’offrant plus qu’à mon corps de l’eau ou quelques maigres soupes. J’avais repris un peu de formes avec les traitements pour Abraxan auxquels ont m’avait soumise à Sainte-Mangouste, mais maintenant que je n’étais plus surveillée par la première infirmière, mon corps perdait à nouveau en masse. Je me désespérais moi-même au point de ne plus pouvoir supporter jusqu’à mon reflet. C’était sans compter les nombreuses cicatrices dont j’avais écopé durant l’affrontement pour protéger Rory. Un Rory qui ne m’avait plus donné aucune nouvelle. Ça me vexait. Si je ne le connaissais pas aussi bien, je serais même en colère. Par ailleurs, je savais aussi que si je ressentais ce sentiment quelque peu injuste envers lui, c’était parce que j’étais en totale saturation mentale.
Si personne ne disait rien, je savais bien ce que tout le monde pensait. J’étais méconnaissable, et pas uniquement à cause de la malnutrition. Mes cicatrices étaient épouvantables et je n’arrivais à en accepter aucune d’elles. Je faisais un profond rejet en plus d’être hantée par cette nuit de pleine lune. Mon souffle se coupait et un sac de pierre tombait sur ma poitrine lorsque je songeais à la suivante.
Et si j’avais contracté la maladie ?
Je me cachais aux yeux de tous lorsque je sentais les crises d’angoisses arriver. Personne ne devait savoir, et après tout à quoi bon ? Personne ne pouvait m’aider. Je ne me plaignais pas, jamais, et j’avançais, l’air de rien. Je souriais au monde qui m’entourait malgré les maux de tête qui frappaient régulièrement mes tempes à cause de mes douleurs aux cervicales. Je démultipliais les efforts pour ne pas inquiéter ma famille et je venais me cacher dans le bureau de mon père pour sangloter lorsque la situation devenait trop difficile.

C’était ce que j’avais fait ce matin. J’avais encore passé une nuit blanche parce que le résultat des récentes élections faisait naître en moi un profond sentiment d’injustice. Toutes mes peines s’étaient décuplées. Je culpabilisais de ne pas être heureuse à l’aube de mon mariage, je culpabilisais de ne pas pouvoir surmonter les événements avec le brio dont je me savais capable.
N’importe quelle situation qui allait de travers me percutait comme le Poudlard Express lancé à pleine vitesse.
J’avais juste envie que ça cesse. Que tout s’arrête et que la douleur disparaisse, et pourtant, je ne m’en donnais pas le droit. Je continuais à avancer, parce qu’il n’y avait que ça qui me permettait de tenir. Travailler. Les dragons. Ma famille. C’était tout ce qui comptait.
Si je n’autorisais plus Harper à me toucher depuis un mois, je ne m’autorisais pas non plus à être clémente envers moi-même. M’accabler n’allait rien arranger, et j’en avais conscience.
Il me fallait de l’aide, et je ne savais pas à qui m’adresser. Harper serait trop inquiète, Rory avait disparu, Adélaïde m’insulterait, mes parents seraient trop inquiets, Aïko avait mieux à faire avec sa grossesse, Feargus en profiterait peut-être pour son entreprise, Luca me ferait boire, Maverick était bien trop occupé avec la justice et Azrael… Azrael sera là d’une minute à l’autre pour vérifier mon état suite à l’attaque. Si j’avais contracté la maladie alors mon voyage de noces serait épouvantable et mon mariage sûrement voué à l’échec. Quelque chose qui me faisait trembler rien que d’y penser.

Je m’adossais complètement sur la chaise qu’avait tant occupée mon père, posais une main sur ma poitrine et inspirai profondément. Je bloquais ma respiration quelques secondes, puis expirait avant de bloquer à nouveau mon souffle. Je répétais l’opération durant plusieurs minutes.
Il n’y avait que comme ça que je parvenais à calmer un peu mes angoisses. Je prenais déjà bien assez de médicaments, je refusais d’en prendre de nouveaux. Mon corps n’allait pas pouvoir en supporter un de plus. Rouvrant les paupières, je fixais l’horloge. Il n’allait pas tarder à arriver, et j’avais à peine avancé sur les papiers administratifs que je devais signer. Un livre de compte épais comme un dictionnaire fut claqué pour être refermé juste à côté de mon oreille. Je hurlais.

WAAAH !

Agrippée à ma chaise, je fixais, livide, l’elfe de maison au teint violet et aux oreilles d’avion.

— B…B…Bonnie ! Mais ça va pas ? Tu veux me faire mourir de peur ?
— Maîtresse n’a qu’à pas rêvasser pendant ses heures de travail. Voilà cinq fois que Bonnie vous appelle.
— Qu’est-ce que tu veux ?
— Bonnie n’a plus de travail à donner à Maîtresse. Maîtresse a rattrapé tout son retard. Bonnie suggère à Maîtresse de rentrer à la maison et de dormir pendant au moins une semaine.

Savoir que j’avais tout exécuté aurait dû me faire sauter de joie. Ça m’épouvantait.

— J’ai tout terminé ? Non, tu as forcément oublié quelque chose.
— Les derniers papiers sont devant vous. Vous pourrez partie en voyage l’esprit libre.
— Il y avait beaucoup plus hier ! Tu as caché des dossiers !
— Vous avez tout fait durant la nuit.

Je posais mon front contre la table en poussant un grand soupir.

— Han… même pas une petite facture ?
— Monsieur s’en est occupé.

Je poussais un profond soupir. Comment allais-je pouvoir occuper mon esprit malade à partir du moment où j’aurais terminé de travailler sur les dernières feuilles présentes sous ma joue ? Mon cerveau cherchait désespérément une solution quand on sonna à la porte. Je sursautais encore une fois alors que Bonnie se contenta de tourner lentement la tête.

— Dois-je installer l’invité dans le bureau ?
— Certainement pas. Emmène-le au salon.

L’elfe se téléporta jusqu’à la porte pour ouvrir à Azrael. Je grommelais.

— Non, mais je comprends, c’est chiant de marcher. Elfe de malheur…

Avec regret, je jetais un dernier coup d’œil sur mon ultime dossier avant de le refermer et de me relever. Je fermais la porte du bureau donnant sur le salon et attendit que Bonnie entre avec le médicomage. D’un sourire tiré par l’épuisement et le stress latent, j’accueillais mon ami non sans un ton théâtral qui se voulait amusant. Cacher mon état, toujours.

— Azrael, bienvenue dans l’ancestrale demeure des MacFusty. Tu aimerais boire quelque chose ?


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Jeu 8 Déc - 14:33


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Abigail & Azrael



Fin juin 2021 -  @Abigail MacFusty

Si pour beaucoup la saison estivale était bien souvent synonyme de vacances, l’esprit d’Azrael ne faisait plus depuis bien longtemps pareil raccourci. Une période de l’année qu’il n’avait jamais particulièrement apprécié, bien souvent synonyme d’isolement dans le manoir familial des Yaxley. Quand son jeune frère était autorisé à participer à tous les événements mondains possibles, sollicité ici et là, lui faisait office de vilain petit canard. Le gamin, jugé pas assez bien par leur père, était trop prompt à une potentielle humiliation publique pour oser l’exposer aux yeux de tous. C’était suffisamment humiliant qu’il ait intégré la maison des jaunes et noirs sans pour autant en rajouter une couche. Les « particularités » tenues aussi secrètes que le nom de l’ancien mage noir ne devaient pas entacher le tableau déjà sinistre des Yaxley. Le patriarche devant déjà répondre aux questions indiscrètes de la disparition soudaine de sa femme. Rajoutez à cela les remarques que soulèveraient les inclinaisons de son aîné… Vous avez là l’assurance d’une humiliation offerte sur un plateau d’argent. A la place, Azrael avait toujours passé ses étés à se plonger dans les nombreux ouvrages de magie. Du moins jusqu’à ce qu’il ne rencontre Ludivine et entame une relation avec la sorcière née-moldue. Ses étés n’avaient plus jamais été les mêmes après cela.

Aujourd’hui, l’époque de l’adolescence insouciante était bien loin. Remplacée par le flot continu de travail dans lequel il baignait, le temps n’était pas franchement à l’allégresse. Entre la menace du Blood Circle encombrant de plus en plus le service dont il était à la tête, son étude pour tenter de trouver une solution aux sérums anti-magie, l’éventualité d’une guerre avec le monde moldu toujours plus présente et plus récemment le « résultat » des élections sorcières… Il y avait tant à faire et pas assez de vingt quatre heures dans une seule journée pour s’occuper de tout. Par chance, Azrael savait pouvoir compter sur ses subordonnés et autres membres de l’Ordre du Phénix pour prendre le relais dans les nombreuses tâches qui lui incombaient. De quoi souffler un peu face à l’agitation ambiante. C’était sans compter sur l’alerte disparition concernant Abigail qui fut donnée au début du mois. Les questions se bousculaient dans son esprit, forcément sur le pied de guerre avec son service. Deux sorciers qui disparaissent en pleine nature par temps de guerre avec les moldus, ça ne peut pas être bon signe. Quand finalement ils furent retrouvés, le soulagement de la savoir en vie fut bien rapidement remplacé par la préoccupation de savoir ce qui avait bien pu lui arriver.

Son suivi assidu du dossier d’Abigail avait fait de lui un des médecins référents de la jeune femme, tenu au courant du moindre traitement et de l’évolution de son état. Le pronostic avait de quoi faire pâlir tant par les potentielles retombées que par l’état dans lequel son corps avait été laissé. Survivre à une attaque de loup-garou était peu commun. Encore moins y réchapper avec de simples cicatrices. Une chance qui resterait à déterminer plus tard. Pour l’heure, Azrael s’était contenté d’apporter son aide au service des blessures magiques dans lequel Abigail avait été admis. Ce fut donc tout naturellement qu’après plusieurs semaines il se rendit à l’adresse communiquée par son amie afin de procéder au fameux test. Dans un craquement sonore il transplana depuis son bureau au dernier étage de l’hôpital londonien pour atterrir dans une nature sauvage à couper le souffle. Complètement ébahi par la beauté des paysages environnants, il fallut un certain temps à Azrael pour sortir de sa béatitude et emprunter le chemin de terre menant à la demeure qu’il devinait non loin de là.

Après avoir sonné, ses prunelles sombres revinrent inlassablement admirer les vastes étendues offertes à la contemplation, sursautant quand une voix derrière lui l’interpela. Quelque peu surpris de découvrir un elfe de maison, plus habitué à côtoyer ces créatures dans un milieu très puriste, Azrael se présenta avec un large sourire jovial avant d’être invité à pénétrer dans les lieux. Sa nature curieuse était ravie. Non seulement il découvrait une partie du pays dont il ignorait tout mais en plus il avait la sensation de pouvoir en apprendre un peu plus sur son amie en pénétrant dans ce qu’il devinait être sa maison d’enfance. Quelque part, Azrael ne pouvait s’empêcher d’envier Abigail. Grandir dans pareil environnement sauvage, luxuriant et chaleureux avait dû être formateur. Rien à voir avec le manoir familial des Yaxley en banlieue chic de Londres où le jardin n’était pas assez grand pour défouler les moments de folie d’un chien de taille moyenne. Son sourire s’élargit un peu plus en retrouvant Abigail. « C’est magnifique par chez toi dis donc ! Ça donne pas envie de retrouver la grisaille de Londres… » Lâcha-t-il spontanément avec un léger rire. Voilà une des raisons supplémentaires qui avaient poussé Azrael à s’engager en tant que médecin militaire chez les moldus. Un moyen comme un autre de voir du pays et s’immerger dans une nature drastiquement différente de celle qu’il connaissait depuis son enfance. « Je veux bien un thé, s’il te plaît. » Tout en déposant sa mallette contre les pieds d’un fauteuil du salon, le médicomage remonta les manches de son haut sur ses avants-bras tout en inspectant les lieux sans non plus se montrer trop indiscret. Pas simple quand on est aussi curieux et enthousiaste que lui… « Alors, les vacances scolaires étant arrivées vous allez partir en voyage avec Harper ? » Demanda-t-il innocemment. Avec toutes ces histoires, il en avait oublié la possibilité qu’elles partent en lune de miel, préférant se préoccuper de son programme pour l’été plutôt que de tout de suite aborder le sujet plus terrible de son éventuellement lycanthropie.

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Lun 16 Jan - 7:46

Fin juin 2021

La proximité avec l’océan qui claquait contre les falaises donnait à Uachdar, ce minuscule village des Hébrides Extérieurs, l’impression qu’il allait être avalé tout cru. Comme partout dans cette région ou presque, le paysage était verdoyant ou bleu de l’océan. Il y avait très peu d’arbres en dehors de ceux plantés dans les jardins. Fallait-il encore qu’ils résistent aux régulières tempêtes et bourrasques. Vivre à côté de l’océan était un art que tout le monde ne pouvait pas maitriser. C’était effectivement dans ces contrées sauvages que je m’étais épanouie, que mes petits pieds avaient foulés de long en large et même en travers. En venant ici, il n’était pas difficile de comprendre d’où me venait ma passion pour la nature. Si j’avais été formée à bonne école, que je ne craignais ni de me salir ni de me perdre, il y avait tout de même une ironie piquante dans tout cela. J’étais née malade, et tout ce bon air n’avait jamais pu me guérir. Jamais personne et jamais rien ne le pourrait. Toutefois, cela ne m’avait pas empêché de vivre et de toujours me battre contre la maladie pour avancer. Si Harper faisait l’autruche lorsqu’elle avait le moindre problème, je faisais l’autruche face à ma santé fragile.

Bonnie fit entrer Azrael dans la maison de mon enfance faite de pierres et de bois. L’intérieur était vaste, il n’y avait aucun couloir d’entrée. Sur la gauche se situait un escalier en bois qui menait à l’étage. L’ascension était accompagnée de nombreux tableaux accrochés au mur dont il était facile de reconnaître les portraits des habitants de cette demeure. Sur la droite, une porte close. En face de l’entrée se trouvait une large porte ouverte. C’était là que la petite elfe de maison au teint violet et aux oreilles horizontales menait l’invité. La créature vêtue d’une robe rouge ornée d’un dragon doré ne prit pas la peine de se soucier si Azrael la suivait ou non. Si elle était une elfe de maison, elle n’en restait pas moins libre de faire ce qu’elle voulait. Les MacFusty avaient toujours été dans les traditions… mais pas trop. Le médicomage s’en rendrait bien vite compte. En le voyant tout de même arriver à la suite de ma saleté d’ancienne nounou, je ne pus m’empêcher de sourire à sa remarque.

— Ouh, c’est vrai que tu as de la chance, normalement ça décoiffe un peu plus. Mais ne va pas t’imaginer des trucs, il pleut souvent ici aussi.

Je joignais mes mains devant moi en lui proposant quelque chose à boire. Je hochais la tête à sa commande et ne bougea pas. Bonnie non plus, ne bougea pas. Réalisant cela, je quittais mon ami des yeux pour fixer la créature violacée.

— Bonnie ?
— Maîtresse ?
— Tu nous fais nos thés s’il te plait ?
— Pourquoi ?

On croyait rêver. Je me demandais ce qui me retenait de ne pas donner cette elfe de maison à mes dragons.

— Parce que je te le demande aimablement.
— C’est vous qui avez proposé un thé à monsieur invité. Pas moi. Faites votre thé vous-même.
— Bonnie… je serrais les dents.
— Maîtresse ?

Son ton innocent était tout à fait agaçant. Elles faisaient la paire avec Harper.

— Va faire ces thés avant que je ne te botte le cul.
— Je ne vous ai pas élevé comme ça ! osa Bonnie en prenant un air choqué.
— Tu ne m'as pas élevée.

L’elfe de maison entama un combat de regard avec moi. Il était rare de m’entendre parler de la sorte, pourtant, lorsqu’on me connaissait bien, ce n’était pas surprenant de m’entendre utiliser des mots moins soutenus. Je jurais beaucoup, preuve que j’intériorisais énormément et que j’évacuais verbalement. Comprenant que je n’allais pas détourner le regarde, un autre fait peu commun, Bonnie soupira exagérément avant de se rendre à la cuisine par la porte au fond du salon. Je grommelais.

— On croit rêver, puis je m’adressais à Azrael avec un sourire désolé. Pardon pour cette mascarade elle a toujours été un peu revêche avec moi. C’est de bonne guerre.

Si Bonnie avait été adorable avec moi lorsque j’étais un bébé, sans doute parce qu’elle était jeune également, nous étions devenues de véritables chien et chat en grandissant. À première vue, l’on pourrait croire que c’était parce que nous étions remplies de griefs pour l’autre. Il n’en était rien. Ce n’était là que la manifestation de notre respect mutuel.
Laissant Azrael faire le tour du salon, je lui offrais ainsi la possibilité de découvrir les immenses bibliothèques qui décoraient les lieux. Les livres traitaient de beaucoup de sujets, mais principalement de dragonologie évidemment. Il y avait aussi des livres relatant l’histoire de l’Écosse et des îles Hébrides, quelques ouvrages pour enfant aux bordures cornées et quelques livres de cuisine. Rien d’extraordinaire lorsqu’on connait au moins un membre de la famille MacFusty. Les murs du salon étaient décorés de quelques photographies de Noir des Hébrides qui s'envolaient au passage du médicomage ou qu'il lui crachait du feu dessus. À côté de la cheminée, il y avait une vitrine à laquelle j’extrayais deux tasses, du sucre et un bocal de biscuits. Puisque je manquais de sommeil, j’avais grand besoin de petits remontants sucrés du genre. Sur cette vitrine, Azreal put contempler des photos de famille. Des instants heureux de mon passé, sur une plage, où je jouais avec un jeune homme aux cheveux hirsutes. Sur un autre cliché, nous nous tenions l’un à côté de l’autre, emmitouflés dans d’épais manteaux sous une neige dense. Je déposais les tasses sur la table basse entourée du canapé et des fauteuils.

— Oui, dans quelques jours. Ça va nous faire du bien après… tout ça, je fis un geste évasif de la main. Enfin, j’espère.

La peur résiduelle de ce qui pourrait aujourd’hui couler dans mes veines ne me quittait pas. Si Harper m’avait assuré que la lycanthropie ne changerait rien à notre vie de couple, elle changerait toutefois drastiquement nos plans futurs. Ces fameux plans dont je ne lui avais pas encore fait part. Je remis en place la manche longue de mon chemisier dans un geste nerveux. Si nous étions en plein été, j’avais rangé mes vêtements courts dans ma penderie. Confronter un lycan était une chose. Appréhender son corps meurtri en était une autre. Je cachais mes cicatrices. Sauf celle qui barrait, ma joue était visible.

— Et toi ? Tu vas prendre quelques jours pour te reposer ?

En vérité, je serai surprise qu’Azreal prenne quelques jours de vacances, pourtant, j’étais certaine que ça pourrait lui faire le plus grand bien. Comme tout un chacun.
Bonnie revint avec la théière et la déposa sur la table basse. Elle me lança un regard plein de défi.

— Maîtresse souhaiterait-elle encore autre chose ?
— Non, merci, Bonnie, tu peux disposer.

Sans se faire prier, l’elfe de maison repartit dans l’entrée et on put entendre ses petits pieds monter les escaliers. Je prenais place sur le canapé tout en soupirant. Ramenant mes pieds sous mes fesses, je me fis toute petite en prenant le moins d’espace possible et invitait d’un geste de la main Azrael de se mettre aussi à l’aise. J’étais certaine qu’il avait déjà soulevé les cernes qui étaient revenus. Le séjour à l’hôpital m’avait permis de dormir plus que de raison puisque j’avais été assommée par des tonnes de médicaments et qu’on m’avait forcé à me nourrir par sonde. Les vieilles habitudes étaient revenues au galop, et je ne perdis pas de temps pour entrer dans le vif du sujet. Autant en finir. Non pas que je voulais me débarrasser de mon ami. Je voulais avant tout savoir à quoi allait se résumer ma lune de miel.

— Alors, par quoi on commence ?


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Sam 25 Fév - 16:39


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Fin juin 2021 -  @Abigail MacFusty

Depuis combien de temps Azrael n’était pas sorti au grand air ? Pour le sorcier qui aimait plus que tout l’aventure, les créatures magiques ou encore le simple contact de la nature, se retrouver enfermé entre quatre murs avait quelque chose de surprenant. Un peu moins quand on prenait connaissance des enjeux. Soigner son prochain, tenter de comprendre comment le sérum anti-magie fonctionnait et surtout y trouver un remède rapide et efficace prenait du temps. Il s’avérait aisé de se retrouver happé par tant de responsabilités. Quand pour certains le travail s’arrêtait après dix sept heures, Azrael n’avait pas le luxe de mettre sur pause les arrivées dans son service. Les patients, qu’ils soient dans un état grave ou mineur, ne cessaient d’affluer à toute heure de la journée. Se faire rappeler en urgence alors qu’il prenait quelques heures pour dormir après une longue garde ne constituait rien d’exceptionnel. Un quotidien exigeant, mouvementé et accessible à peu mais qui contentait tout juste le besoin continu d’adrénaline de l’héritier Yaxley. Un moyen comme un autre de canaliser les pulsions morbides de son alter ego. L’armée moldue n’étant plus une option, soigner les corps mutilés faisait l’affaire pour l’heure.

Rendre visite, bien que cela soit en grande partie motivé par des préoccupations professionnelles, à Abigail était l’occasion l’opportunité de se changer les idées. Non seulement quittait-il l’hôpital mais en plus Londres. Fait suffisamment exceptionnel pour être noté par le rat de ville qu’il était devenu par la force des choses. Azrael allait donc de découvertes en découvertes avec ces îles écossaises encore jamais explorées puis le domicile des MacFusty. Rien à voir avec le manoir dans lequel il avait lui-même grandi. Entre une bâtisse ancienne, chargée d’histoire, austère bien que logée dans un cadre raffiné et la maison d’apparence rustique mais authentique d’Abi en pleine nature, il n’y avait pas photo. Raison principale pour laquelle le jeune sorcier contenait si mal sa grande curiosité et l’entrain croissant à la découverte progressive des lieux. Seul point commun ? La présence d’un elfe de maison. Toutefois, à en juger par l’attitude désinvolte de la prénommée Bonnie, la créature devait posséder de nombreux avantages dont Zot n’avait pas bénéficié de son temps.

Après avoir pénétré à sa suite dans le salon, il put enfin retrouver son amie, s’émerveillant des lieux qu’il découvrait enfin. « Pour avoir un environnement aussi resplendissant j’imagine, oui ! » S’exclama-t-il avec un sourire. Après tout, en Angleterre comme en Irlande, ils étaient habitués à ce qu’il vente et pleuve bien souvent, bien plus que dans d’autres pays du continent européen en tout cas. Une façon pour certains d’expliquer leur légendaire teint blafard ou rougeâtre dès qu’un rayon de soleil se décidait enfin à percer l’épaisse couverture nuageuse. Demande faite d’une bonne tasse de thé malgré la saison estivale, on est britannique jusqu’au bout des doigts où on ne l’est pas, Azrael dût réprimer un sourire de progressivement se dessiner sur son visage aux traits angéliques tant l’échange entre Abigail et Bonnie l’amusait profondément. Un spectacle qui ne se serait jamais produit chez les Yaxley, Zot sachant pertinemment le sort qui pouvait lui être réservé s’il osait ne serait-ce que refuser un ordre donné. Aux excuses formulées et après avoir suivi du regard l’elfe rebelle, Azrael laissa enfin sa candeur prendre place sur son minois. « Oh ne t’excuse pas pour ça voyons ! C’est rafraichissant de voir un elfe de maison avec un tel caractère. Ça change… » En tant que sang-pur « officiel », Azrael avait assisté malgré lui à des spectacles bien plus dérangeant qu’un elfe défiant l’autorité de son maître. Son matériel encore rangé dans sa mallette restait à portée de main tandis qu’il découvrait cet environnement si familier pour Abigail, son regard évoluant ici et là sans jamais trop s’attarder de peur de commettre un impair. Comme quoi, l’éducation stricte de son père avait tout de même pris racine d’une certaine façon.

« Tout ça »… Oui, clairement « tout ça » résumait bien la situation de son amie. Entre le résultat des élections qui avait été un choc pour l’ensemble de la communauté magique et principalement des membres de l’Ordre du Phénix et l’attaque d’une violence rare subie par Abigail… Tout ça s’avérait être un doux euphémisme. Encore un moyen d’atténuer la gravité de la situation et les potentielles retombées néfastes qu’elle pouvait amener. C’était bien pour ça qu’il était là. Enquêter à sa façon et, il l’espérait, la rassurer que tout irait bien. Un simple hochement de tête accompagna les propos de son amie. « Très sincèrement je ne sais pas si je vais en avoir l’occasion… Entre la recrudescence d’attaques moldues qu’on doit traiter, mes recherches pour trouver un remède au neutraliseur de magie et la préparation de mes futures interventions à Poudlard en tant que consultant, mon été va être bien chargé. » Lâcha-t-il non sans un large sourire enthousiaste. S’affairait avait du bon. Cela laissait moins de place à cet alter ego toujours insatisfait. « J’aurais tout de même deux trois jours par ci par là mais rien qui ne permette de faire un long voyage comme le tien. » Sans compter qu’il n’avait pas « l’excuse » du voyage de noces accompagnant pareil périple.

L’arrivée de Bonnie les interrompit et une fois qu’elle eut déposé la théière avant de s’éclipser, Azrael prit place dans l’un des fauteuils face à Abigail. Le sorcier connaissait suffisamment bien son amie pour déceler son changement d’attitude quand ils se retrouvèrent à nouveau seuls, les formalités étant passées. Sa façon de soupirer, la posture adoptée comme pour disparaître face à lui le médicomage, son teint pâle mettant un peu plus en avant les cernes sous ses yeux… Il le savait, ses visites n’étaient jamais synonymes de parties de plaisir mais si c’était pour le bien-être général d’Abigail, Azrael acceptait sans rechigner le rôle du médicomage redouté. « Je te sers ? » Demanda-t-il alors en se permettant tout de suite de lier les paroles à l’acte. Tentative pour espérer lui apporter une dose de réconfort avec une tasse de thé bien chaud. La sienne en main, il se rassit convenablement dans le fauteuil et revint plonger ses prunelles sombres dans celles de la jeune femme. « Dans un premier temps j’aimerais savoir comment tu te sens. Avec la pleine lune qui arrive est-ce que tu as remarqué un changement dans ton comportement ? » Un des premiers signes d’une éventuelle contamination pourrait se faire sentir dans un premier temps de cette façon.

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Mar 28 Fév - 20:05

Fin juin 2021

Je n’étais pas certaine que le terme « rafraichissant » convienne bien pour décrire mon elfe de maison, néanmoins, je devais bien reconnaître que la manière que nous avions de la considérer différait d’une grande majeure partie des familles de sorciers. Nous aimions les bêtes et les créatures, il n’y avait aucune raison que notre elfe de maison soit une esclave. Elle était avant tout notre femme de ménage, entre autres choses, et son revenu était à la hauteur de son travail. Nous avions grandi ensemble et nos chamailleries étaient monnaie courante entre nous. J’aimais ça dans le fond, même si je râlais un peu.
Mon ami me fit part de son emploi du temps, m’arrachant une petite grimace. Je le plaignais, mais était-il vraiment à plaindre ? Je savais bien à quel point se perdre dans son travail pouvait permettre d’oublier les événements houleux de la vie, et c’était une excuse parfaite que peu nous reprocheraient. Nonobstant, ça restait un moyen de fuite, et puisque j’étais dans ce même processus, je craignais qu’Azrael ne prenne pas assez soin de lui. Ma réaction fut purement rhétorique, mais non pas moins sincère.

— C’est bien que tu aies quand même quelques jours, prends soin de toi. Ça ne sert à rien que de travailler d’arrache-pied si tu es épuisé, c’est contre-productif.

Loin de moi l’idée de vouloir lui donner des leçons, je n’étais personne pour avoir cette prétention. Pour autant, j’avais à cœur qu’il fasse attention à lui et à sa santé. Après tout, c’était le cordonnier qui était le plus mal chaussé. J’eus un petit sourire amical et lui fit signe du menton lorsqu’il me proposa du thé.
Recroquevillée sur le canapé, j’essayais tant bien que mal de me protéger de la discussion difficile qui allait suivre. Bien que je m’y étais préparée psychologiquement, je ressentais un frisson me parcourir désagréablement l’échine. Une question terrible auquel je n’avais aucune réponse ne cessait de me tourner dans la tête : et si ?
Et si j’étais contaminée ? Et si mes cicatrices ne pouvaient être soignées ? Et si mes maux de tête étaient signe avant-coureur ? Et si j’étais condamnée aux migraines ? etc, etc.
D’abord silencieuse, je prenais le temps de réfléchir à la demande du médicomage avant de répondre.

— Mmh, c’est difficile à dire je t’avoue… Je me sens tout le temps barbouillée. J’ai des maux de tête journaliers qui m’épuisent et qui s’ajoutent à la fatigue habituelle du moment. Je transpire beaucoup, surtout la nuit, mais je me dis que c’est à cause de mes cauchemars qui sont devenus encore plus horribles… et j’ai terriblement mal à mes cicatrices, elles me tirent ou me brûlent malgré les traitements de Sainte-Mangouste. J’essaie de prendre mon mal en patience, mais j’avoue que mon calme est mis à rude épreuve… du coup je m’énerve un peu plus que d’habitude.

Je grimaçais un peu et, d’un geste nerveux, massais ma nuque malmenée. Les sillons sous mes doigts me dégoûtaient franchement et me firent froncer les sourcils. Spécialiste des bêtes, je connaissais les signes avant-coureurs qui indiquaient un sang contaminé par la lycanthropie. Je savais que tous les symptômes que je venais d’énumérer n’étaient pas de bon augure.
J’avais peur, très peur. Je me ramassais davantage sur mon canapé après avoir attrapé ma tasse de thé. Je grattais l'anse du bout de l’ongle en me mordant la lèvre.
La gorge serrée, je peinais à lever les yeux vers mon ami et lui poser cette question, d’apparence bête, mais qui me brûlait la bouche.

— C’est mauvais signe, non ?



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