ELM sorciers, services funéraires et d'embaumement. C'est ainsi que commence mon histoire. C'est dans cet endroit que j'ai grandi, en compagnie de ma famille. Quand j'étais enfant je ne me rendais pas bien compte à quel point c'était bizarre, de passer ses mercredi après midi à préparer des couronnes de fleur avec sa grand-mère, pour enterrer quelqu'un. Je ne me rendais pas compte non plus, à quel point c'était bizarre d'assister tous les jours ou presque à des funérailles. Comme tout le monde pleurais, moi aussi je pleurais. Parce que je me disais que c'était ce qu'il fallait faire, pour être comme tout le monde. Pourtant, je ne connaissais pas forcément la personne dans le cercueil. Mais je pleurais, tout de même.

Une autre chose dont je n'avais pas conscience quand j'étais enfant, c'est que c'est un peu étrange de ne pas avoir de papa. Juste une maman, quand même très jeune. Elle m'a eu à seize ans, mon géniteur est un illustre inconnu et nous n'en parlons jamais. Tout ce que je sais c'est qu'il est bien plus tabou que le sujet de la mort chez les Deadman. Maman aussi, est une cracmole. Venue d'une famille de sorciers, elle est tout de même restée ici, plutôt que d'aller chez les moldus. Qu'est-ce qu'elle aurais fait là-bas de toute manière ? Elle ne les connais vraiment pas du tout. Pas comme grand-mère, qui a son père qui est un moldu. Vous l'aurez donc compris, la pureté du sang dan la famille... ça n'est pas à l'ordre du jour. Je dirais même qu'on s'en fiche pas mal. Personne ne m'a jamais vraiment expliqué ce que c'était lors de mon enfance. Personne ne m'a dit ce que ça signifié d'être sang mêlé, sang pur ou né moldu. Tout ce que je savais, c'est qu'il y avait des sorciers et des gens sans magie que l'on appelais les moldus. Mais que les gens sans magie comme maman qui sont quand même chez les sorciers, eux ce sont des cracmols. Je ne comprenais pas vraiment les explications de mon grand-père, si bien que plutôt que de m'en inquiéter, j'ai sans doute du sourire et recommencer à ajouter des fleurs dans une couronne mortuaire.

Mes différences, j'ai commencé à m'en rendre compte à onze ans, quand il a été temps pour moi d'aller à Poudlard. Contrairement à Maman, j'avais des pouvoirs magiques. Qui se sont manifestés assez vite, si j'en crois ma famille. Puis qu’à seulement quatre ans, j'avais réussi à faire pleuvoir dans le salon à cause de la tristesse. Je crois que j'avais perdu mon lapin en peluche, à ce moment-là, pour être aussi déprimé. Les enfants des autres commerçants de l'allée des embrumes sont presque tous allés à Serpentard. Mais moi ?... Le choixpeau n'a même pas évoqué une seule seconde cette maison et s'est décidé presque immédiatement sans trop réfléchir. Quand mes petits camarades de première année avaient des cours de vols, moi je devais rester au sol. Dispense médicale, à cause de la Narcolepsie. Pour des raisons de sécurité évidente, je n'ai évidemment pas le droit de voler seul. Imaginez que j'ai une crise, à plusieurs mètres du sol ?...

Différent. Un petit peu bizarre. C'est comme ça que me décriraient sans doute mes camarades de Poudlard. Mais pas méchant. ça c'est un adjectif que personne n'utiliserait pour moi. Les plu vicieux diraient que je suis stupide, peut-être. Parce que mes résultats scolaires ne sont pas les meilleurs. Parce que parfois, je m'endors en plein milieu d'un cours ou d'un couloir. Parce que parfois, les crises de paralysie du sommeil m'épuisent. Parce que rarement, quand je rigole un peu trop joyeusement, mon corps se raidis et me fait entrer en cataplexie. Il n'y a pas de véritables traitement à la narcolepsie. Les potions aident un peu à calmer les symptômes, mais jamais ils ne disparaissent. C'est pour ça qu'en cinquième année, j'ai complètement raté mes BUSE. Avec le stress des examens, mon corps a lâcher. J'ai même carrément rendu copie blanche à l'examen écrit de Botanique, sur le quel je misais tout. Après avoir eu un entretien avec ma mère, il a donc été décidé que j'allais redoubler ma cinquième année, pour repasser mes BUSE plus sereinement. J'ai vu mes camarades de maison avancer, tandis que moi, je recommençais ma cinquième année. ça m'a un peu déprimé, mais fort heureusement, mes amis m'ont soutenu dans cette épreuve. C'est pas la mort de redoubler Thaddeus. ça peut arriver, et c'est peut-être mieux non ? Comme ça, tu pourras avoir une super note en Botanique cette année. Et continuer cette matière jusqu'aux ASPIC, comme tu le voulais !

Et c'est ce que j'ai fait. J'ai eu de très bons résultats dans cette matière. Mais également dans mon option d'étude des moldus, et en potions. C'est un peu lié à près tout non ? Puis j'ai vu tonton préparer du fluide d'embaumement assez souvent en grandissant, pour avoir une affinité avec les chaudrons. Toujours est-il que plus tard, je ne compte pas devenir croque mort comme le reste de ma famille. Mes grands-parents sont déçus. Ma mère aussi. Un Deadman qui ne s'occupe pas des morts ? Impensable. Mais moi, je veux devenir Botaniste. J'ai envie de parcourir le monde, d'étudier des plantes, d'écrire des livres là-dessus. Je sais que je serais bien plus heureux dans une petite cabane au milieu de la forêt, qu'en plein centre du Londres Sorcier, à préparer des enterrements. C'est d'une tristesse, les funérailles... Mais comment voyager, quand on peut s'endormir à tout moment, sans prévenir ? Comment est-ce que tu comptes faire, Thaddeus ? C'est impossible, et ce n'est pas raisonnable. Tu ferais mieux de rester ici avec nous. Et puis tu aimes toujours faire des jolis bouquets pour les funérailles, n'est-ce pas ? C'est un peu pareil, non ?

Je suis maintenant en septième année. Poudlard est un peu comme une deuxième maison pour moi, je passe plus de temps là-bas que chez moi. Surtout parce que je n'ai pas spécialement envie d'affronter ma famille, qui reste sur ses positions. Et moi ?... Je reste sur les miennes, puisque Heimir m'a donné de l'espoir. Il a vingt ans de plus que moi. Même si c'est un peu compliqué, j'ai envie d'y croire. Et de voyager à ses côtés. Lui étudiera les créatures humanoïdes, et moi je pourrais enfin traîner dans les hautes herbes. Si jamais je venais à m'endormir... Il ne serait pas bien loin. Nous pourrions voyager ensemble. Et vivre d'amour et d'eau fraîche, au contact de la nature.