La face sociale

Élevé dans la bonne tradition puriste mais également Mangemort, Maverick a appris depuis sa plus tendre enfance à ne pas sortir du rang. L’obligation de se conformer aux attentes, ne pas faire de vagues et surtout honorer son nom. Pour cela, le sorcier a depuis toujours fait preuve d’une retenue à toutes épreuves. Certains le jugeront de taciturne tant l’héritier des Nott est un être stoïque, froid et discret. Ce constant besoin de contrôle de ses émotions est devenu avec les années si intense que rares sont les occasions où vous pourrez être témoin d’une once d’émotion traversant ses traits. Il règne autour de lui comme une aura mystérieuse, intensifiant cette dimension très secrète de sa personnalité. Maverick, bien qu’excellent orateur, déteste plus que tout parler pour ne rien dire. Peu étonnant qu’il subissait les nombreuses soirées mondaines auxquelles son père l’obligeait à se rendre. Les futilités l’intéressent peu. Toutefois bien trop enchaîné à ce besoin de préserver une image irréprochable autour de sa personne, l’héritier Nott sait se montrer poli et courtois quand la situation l’exige. D’un naturel sophistiqué et curieux, il pourra converser durant des heures de sujets politiques, sociaux, culturels, débattant avec toujours cette même retenue devenue telle une signature. Quand certains en viennent à s’agacer, les nerfs d’acier de Maverick lui permettent de garder son calme en toute situation sans jamais réellement dévoiler ce qu’il pense. Imperturbable en apparence, il dégage un charisme dont il en subit plus les conséquences qu’il n’en tire de bénéfices. Si cet attrait que certains ressentent en sa présence lui permet d’asseoir son autorité, le sorcier est avant tout un leader né. Son calme légendaire, couplé à une intelligence fine font de lui une figure forte vers laquelle on plaît à se tourner. Tant pour des conseils que par simple attraction magnétique.

A travers les générations, de nombreux Mangemorts ont été connus pour aisément se laisser emporter par les émotions, ces dernières s’exprimant principalement par la baguette. Plutôt que de céder à la violence, Maverick préfère la diplomatie. Il se défendra si vous l’attaquez mais ses tendances pacifistes le pousseront toujours à chercher à instaurer une discussion avant tout. Attention cependant, s’il ne vous agresse pas physiquement, l’héritier Black est un expert en cynisme. D’un naturel méticuleux, Maverick prend toujours le temps de se renseigner sur ceux qui l’entourent. Déformation professionnelle ou extension de sa curiosité débordante jamais rassasiée, il n’hésitera pas à retourner certaines informations contre vous si vous osez le provoquer. Toujours avec ce même stoïcisme si British, si froid qu’on pourrait le penser sans coeur. Gardez-vous bien de l’eau qui dort ! Elle est de celles dont il faut le plus se méfier car elle cache les plus grands dangers…

A l’intérieur

Sous la surface, tout un autre monde. Nott senior a toujours inculqué à son fils l’importance de la retenue, de la bienséance. Ne jamais montrer une quelconque forme d’émotions que ses adversaires pourront utiliser contre lui. Un ordre pris un peu trop au sérieux par Maverick qui, au fil des ans, s’est forgé une épaisse carapace glaciale auréolée de mystères. Rares sont ceux à connaître réellement le jeune homme. Bien trop souvent obnubilé par ce rôle d’homme impassible que rien n’est en mesure d’atteindre, tout est en réalité calculé et stratégiquement pensé. Quoi montrer à qui, comment se comporter en présence de telle personne, quoi dire, comment le dire, quelle attitude adopter… Pas étonnant qu’il apprécie plus la solitude que la présence de ses pairs. Pareille planification de ses moindres faits et gestes est éprouvant tant mentalement que physiquement.

Plus jeune, Maverick passait son temps le nez dans les bouquins parcourant l’immense bibliothèque familiale de long en large. Tout passait entre ses mains juvéniles, avide de connaissances et de savoir. A mesure qu’il engrangeait différents concepts et sujets, celui de l’art sous toutes ses formes sembla retenir son attention. La musique avait toujours été une constante, pianotant sur l’imposant Bechstein dont ils disposaient dans le manoir londonien jusqu’à ce que son père ne cède à cette obsession en lui offrant un précepteur. Piano, violon et guitare y passèrent, complétant cette passion avec la peinture, la photographie ou même encore le dessin. Si pour ces expressions artistiques Maverick ne semblait pas posséder un talent remarquable, il pouvait passer des heures devant un tableau, à analyser l’angle de vue d’une photo ou encore les coups de crayon de l’artiste. Des qualités d’observation et une patience qu’il voit comme des forces notamment dans son travail. Car si dans ces instants là, quand les barrières tombent, Maverick peut sembler être un homme doux, il n’en reste pas moins dur et exigeant. Que ça soit envers lui-même ou les autres, la quête constante d’une perfection jamais atteignable témoignent de son ambition démesurée. Comment ne pas tomber dans pareil piège avec un père vous poussant à l’excellence ?! C’est cette même soif de pouvoir, de reconnaissance et de fortune qui ont poussé le choixpeau à l’envoyer chez les serpentards sans parler de cette ruse toujours présente. Observer, analyser, comprendre et trouver la faille. Encore et toujours pour mieux contrôler et manipuler son prochain. Pas étonnant qu’il se soit plus tard passionné pour la psychologie et ait même été jusqu’à suivre un cursus universitaire en médicomagie. En revanche, si Maverick est capable de déceler et appuyer sur les traumas des autres, les siens restent bien enfouis. On peut parfois les voir émerger sous forme de tocs, cette obsession du contrôle qu’il vient très souvent noyer dans son alcoolisme. Autre moyen quotidien et quasi constant pour assurer de garder le masque : le tabac. Petite substance magique dont il est incapable de se passer tant elle l’aide à apaiser le conflit interne. Ça finira par le tuer mais au moins il n’aura pas perdu la face.

La bête

Si Maverick ne s’en cache pas, il n’ira pas non plus le crier sur tous les toits mais une bête sommeille en lui depuis ses 18 ans. Transformation volontaire, Maverick s’est fait mordre par Fenrir Greyback afin d’ajouter une corde de plus à son arc. Si nombreux sont ceux à voir la lycanthropie comme une tare nécessitant d’éloigner ces individus de la société, Maverick n’est pas de cet avis. Être l’héritier Nott offrait certes un avantage de taille pour imposer un certain respect malgré l'alteration de son sang par la transformation, ce fut également son sérieux, le travail acharné fourni mais également la profession visée qui permirent à Maverick de se faire une place au sein du Ministère de la Magie malgré ses détracteurs. De simple rafleur usant de ses sens lupins pour plus facilement retrouver les fugitifs et cibles, il put rapidement gravir les échelons, complétant son cursus universitaire en médiation magique par un en médicomagie. Non seulement était-il formé pour diriger une équipe, venait s’y ajouter la psychologie dans toute sa complexité. Autant d’atouts accompagnés de résultats incontestables qui le propulsèrent à la tête de l’équipe des rafleurs.

Au quotidien, Maverick vit incroyablement bien sa lycanthropie. Cela serait même mentir que de dire qu’il tente de contrôler la bête tant il prend un certain plaisir à la laisser s’exprimer dans toute son animosité. Cette eau qui dort à la surface de laquelle la moindre onde réveille le monstre tapis. Plus une seule once de contrôle ou même de diplomatie ne se distinguent à l’horizon quand il laisse le loup s’exprimer. Impulsif, violent et extrêmement vicieux, ses sens n’en sont que plus exacerbés dès qu’il relâche sa vigilance. Une douce ivresse de laisser parler cet instinct primaire bestial. C’est d’ailleurs sur ce dernier qu’il compte le plus dans ses interactions du quotidien mais également quand il est question d’affaire. Que ça soit pour l’efficacité de la traque ou tout simplement évaluer la personne en face de lui, les sens de Maverick sont constamment aux aguets. Rien d’étonnant à savoir qu’il affectionne une fois de plus passer du temps loin de toute trace de civilisation, au contact direct de la nature et des nombreux animaux la composant. Dans ces instants là, Maverick peut complètement se laisser aller et faire tomber le masque qu’il s’impose à proximité de toute âme dotée de la parole. L’arrivée du loup a été un vent de fraîcheur, une libération pour s’affranchir en partie de ce carcan qui l’étouffe au quotidien. Jamais en société cela dit, jamais quand on pourra formuler un jugement à son encontre.

18 ans. Une nuit de pleine lune pluvieuse et brumeuse. Qu’y a-t-il de mieux pour devenir un loup-garou ?! Contrairement à la plupart des êtres humains atteints de cette malédiction, Maverick Nott avait planifié depuis des mois la soirée qui mènerait vers sa future condition de lycanthrope. Un pari risqué, incapable de déterminer s’il survivrait à la morsure mais dont les bénéfices allaient constituer un avantage non négligeable. Il lui avait fallu pas moins d’un an et demi pour finalement convaincre son père qu’une telle transformation fondamentale de sa nature d’être humain en lycan ne pourrait qu’être salvateur pour les Nott. Son argument principal ? La différence qu’il apporterait en tant que loup-garou pour les Mangemort ainsi que l’avantage non négligeable dans sa future position de rafleur. L’avenir de Maverick était déjà tout tracé. Le jeune sorcier tout juste diplômé de Poudlard allait intégrer le Ministère de la Magie au département de la justice sous la supervision de son père avant de tracer son propre chemin. Pour cela il ne lui manquait plus qu’une pièce au puzzle : devenir un loup-garou.

Durant sa scolarité, Maverick avait fait la connaissance du fils aîné du très célèbre Fenrir Greyback, Kesabel. En sa compagnie, et également suite aux nombreux livres qu’il avait lu sur le sujet, sa fascination déjà présente pour les lycanthropes ne fit que s’accentuer au point de se transformer en obsession. Devenir un des leurs était une évidence. Sans surprise, son père fit appel au patriarche Greyback qu’il connaissait bien pour lui exposer le plan de son fils aîné. Si Maverick devait devenir un loup-garou, autant qu’il soit transformé par le plus célèbre, craint et respecté d’entre tous. Rendez-vous fut donné en rase campagne anglaise, sous une pluie fine au crépuscule. Malgré toutes les histoires qu’on avait pu lui relater au sujet des transformations, le jeune homme savait qu’il pouvait s’attendre à tout mais restait étrangement serein. Sa vie était peut-être en jeu, risquant de mourir sous les crocs de la bête mais la peur n’avait nullement sa place en son sein. Affichant toujours le même flegme impassible, Maverick attendit le craquement sonore de Greyback père, droit comme un « i » aux côtés de son père. Quand finalement le silence fut rompu par l’arrivée de son futur père de lycanthropie, il garda le silence, détaillant longuement l’homme qu’il admirait secrètement.

Face à face, Maverick gardait ce masque de froideur qu’on lui connaissait si bien, n’esquissant pas même l’once d’un sourire face à l’expression bien plus narquoise de Greyback. Un nouveau craquement sonore retentit dans les bois, faisant apparaître un autre homme, trapus et visiblement très agité, les sens en éveils. A l’inverse de son fils unique, Nott père s’agaça, demandant des comptes au chef de meute sur cette intrusion qui ne faisait pas partie de leur accord. Le regard polaire de Maverick rencontra celui de son géniteur qui sembla s’apaiser avant de détailler le nouvel arrivant et demanda avec un calme olympien. « Quelles sont vos conditions ? » Cette simple question étira les lèvres de Greyback en un sourire carnassier, visiblement amusé. Les explications tombèrent. Un rituel initiatique. Le prix à payer pour ne pas vouloir intégrer sa meute. Soit. Il lui laissa cependant un instant de réflexion que Maverick ne prit pas la peine d’opérer, annonçant aussitôt. « Qu’il en soit ainsi. » Face à l’approbation du loup, Maverick resta de marbre et confia simplement sa cape à son père tandis que Greyback expliquait plus en détails le déroulé de la nuit. Survivre à la bête l’espace d’une nuit pour mériter la transformation avant que le soleil ne se lève.

D’un commun accord, deux équipes se formèrent. Enfoncés dans le coeur de la forêt, Maverick et son futur traqueur se toisaient en silence. Le signal serait donné par Greyback resté en lisière avec Nott père, marquant le début d’une longue nuit. « Je vais te mettre en morceaux, Black. » Menace grondante, la bête faisant déjà son chemin chez l’homme dont le regard se voilait à la mesure que l’obscurité gagnait du terrain. L’impatience prenant aux tripes, Maverick s’éloigna à toutes jambes quand une puissante détonation sonore retentit dans l’air. A mesure que ses pas mettaient de la distance entre lui et la bête, tout un plan s’échafauda dans son esprit. Sans jamais ralentir la cadence de sa course, Maverick retira progressivement gants, écharpe, bonnet qu’il prenait la peine de frotter contre son cou et son torse avant de les abandonner et prendre la direction opposée. Il laissait ici et là les marques de son odeur, autant d’éléments de distraction pour brouiller sa piste. Quand le hurlement significatif du loup emplit l’air, sa course s’intensifia, lâchant un dernier vêtement en hauteur et prit la direction opposée vers un petit ruisseau. Les genoux dans la boue, il enduit à la va-vite son crâne, son cou et toutes les parties les plus chargées en phéromones de son corps. L’épaisse couche appliquée, Maverick reprit sa course pour s’enfoncer toujours plus dans les bois. La traque démarra alors, guettant les nombreux bruits de la forêt au calme inquiétant. Dès qu’il entendait la bête se rapprocher, le jeune Nott trouvait couvert comme il pouvait sous les racines apparentes d’un arbre, en hauteur sur certains ou bien s’enduisait de la sève odorante de quelques uns. Sans relâche il fuyait l’animal dont la rage explosait par instants, ne lui faisant jamais perdre pour autant son objectif premier : devenir comme elle. Expérimenter à son tour la possession de la bête colérique et agressive. Les heures s’étirèrent, éprouvantes aussi bien pour le corps que le mental fatigués par cette constante fuite et les ruses à appliquer pour ne pas être repéré. Finalement, quand la seconde détonation retentit, marquant la fin de son épreuve, Maverick rampa hors de sa cachette pour se précipiter à toutes jambes vers l’orée de la forêt. Ayant traversé la rivière, recouvert de boue séchée, enduit de sève ici et là et d’autres substances naturelles, il aperçu du coin de l’oeil la bête de l’autre côté de la rive. Malgré la hauteur qui les séparait, Maverick savait qu’il pourrait aisément le rejoindre dès que le chaos terrestre le lui permettrait. Plutôt que de continuer en ce sens, il préféra bifurquer sur sa droite, s’éloignant du cours d’eau mais également du point de rendez-vous. Les poumons brûlant par l’intensité de sa course, les muscles tétanisés, il ne ralentissait pas pour autant, le moindre instant de faiblesse signant son arrêt de mort. Le loup devait déjà être en train de trouver un endroit de passage pour le rejoindre. Tout n’était qu’une question de minutes ou peut-être même de secondes. Ne pas se retourner, continuer en avant. Arrivé face au pied d’une petite falaise qu’il avait repéré, Maverick dérapa pour repartir de plus belle et suivre cette dernière, la clarté de la plaine déjà en vue. Au loin il pouvait entendre le piétinement des pattes lourdes du loup en traque. En proie à d’intenses douleurs physiques l’assaillant de toute part, il puisa dans ses dernières réserves, profitant du boost d’adrénaline pour parcourir les derniers mètres, la bête le rattrapant dangereusement. Finalement il atteignit la clairière et chuta aux pattes de Greyback transformé. La poitrine en feu, les jambes tétanisées par les crampes, son corps entier était parcouru d’intenses tremblements. Dans un dernier élan de force, Maverick présenta son bras au loup impassible. Ses crocs s’enfoncèrent dans la chair de son épaule droite, lui arrachant un puissant et déchirant cri de douleur sous le regard horrifié d’un père redoutant le pire.