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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Ombre rouge, bête infâme, tu y perdras ton âme ☺ Sofiane Rasak ☻ /!\ Askip y'aura du sang à un moment/!\ :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Garnet Davis
Garnet Davis
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Lumos
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Mar 23 Nov - 2:19
Ombre rouge, bête infâme, tu y perdras ton âme
«janvier»


Beaucoup de choses avaient bougé depuis mon hospitalisation. J’étais vivante, c’était l’essentiel. J’étais vivante, mais certaines choses avaient changé en moi. Enfin non, ça n’avait pas changé, c’était toujours là, caché, oublié. On avait tous nos propres motivations pour rejoindre le Cercle. Pour certain c’était reprendre le flambeau de la famille, d’autres se voyaient comme des héros qui débarrassaient le monde de ces horribles sorciers. Je n’avais pas eu l’occasion, ni l’envie de prendre les avis d’autres membres du Cercle pour connaître leurs motivations, mais je n’avais aucun doute sur le fait qu’elles pouvaient être diverses, et variées. Mes motivations ? La colère. Ma colère avait soif de vengeance et de justice. Toutes ces années, emprisonnée, à la disposition de ces sorciers au sang si pur et aux valeurs si nobles… J’avais fait le serment de les punir pour leur méfaits. Je m’étais jurée de ne vivre que pour éliminer jusqu’au dernier de ces salopards d’ordure de mangemorts séquestreurs d’enfants. La haine, la détermination, la force… C’était bien. Mais j’avais besoin des moyens du Blood Circle pour parvenir à mes fins. La Magie était quelque chose de puissant, et ce n’était pas avec ma simple dague que j’aurais pu lutter contre toute une organisation sorcière. Ange, Alexander et moi avions pu nous échapper de nos geôles plus par chance que par la force de nos compétences et de notre détermination. Le Cercle m’apportait des informations, des outils et m’offrait des conditions de vies dont j’avais désespérément besoin dans ma quête… Mais quand on travaillait pour le Cercle, on devait suivre ses directives. Les intérêts du groupe devaient devenir les nôtres, et… peu à peu nos propres motivations personnelles étaient oubliées. Pour ma part, je les avais toujours dans un coin de ma tête, mais elles passaient au second plan. Je devais faire bonne figure auprès du Cercle, pour espérer avoir le privilège de voir mon souhait le plus cher se réaliser. J’étais comme une chienne qui devait obéir à ses maîtres dans l’attente d’avoir sa friandise.

Ma loyauté au sein du Cercle n’était, jusqu’à fin novembre, pas à prouver. Ils savaient de quoi j’étais capable, ils connaissaient mon passé, mes motivations. Mon aversion pour les sorciers n’avait jamais été feinte. Tout comme je n’avais jamais caché que je refusais qu’on s’en prenne à des enfants. Enlèvement, séquestrations et expériences sur eux, c’était sans moi. Mais j’étais désormais dans une situation compliquée. Je connaissais certains de leurs agissements mais... Mais j’avais toujours besoin du Blood Circle et des outils qu’il m’apportait. De plus… On ne quittait pas le Cercle impunément. Même si je n’avais pas eu l’occasion de le constater, il était évident qu’une fois qu’on faisait partie de la “famille” il n'était plus possible de faire machine arrière, sans être vue comme un traître qui aidait les sorciers. Il existait bien une sorte de Conseil pour représenter et débattre de directives à suivre pour la lutte contre les sorciers. Ce type de poste ne m’intéressait pas. Peut-être que je pourrais faire changer certaines choses, mais je laissais la Politique aux Kane. J’étais une arme, pas un porte-voix.

Mais depuis cette intervention dans la maison de Ludivine, je savais que ma Loyauté commençait à être remise en cause. Après tout, j’étais une Cracmol, j’étais issue d’une famille de sorciers. Le fait que je sois la seule survivante d’un raid contre une maison de sorcière, ça  jetait forcément les soupçons sur moi, et en faisant le lien “Enfant de Sorciers - trois Blood Circle retrouvés morts avec moi au milieu”, bah…  Les raccourcis pouvaient se faire rapidement. Mais je n’y pouvais rien. Je n’avais rien fait. Cette… horrible, méchante, vilaine sorcière m’avait jeté un sort. L’Impérium. L’un des plus terribles sortilèges que ces grosses raclures de sorciers pouvaient utiliser. Il permettait de contrôler l’esprit d’une personne pour lui faire faire absolument ce qu’on voulait d’elle. Cette sorcière pas gentille l’avait utilisé contre moi. J’avais été son pantin, sa chose. Je n’avais pas eu d’autre choix que d’agir ainsi. Je ne voulais pas ; mais je n’avais été que la spectatrice de mon propre corps. Ces sorciers me le paieront ! Tous ces sacs à merde. Jusqu’au dernier de ces mangemorts, de ces si valeureux sang-pur. J’avais rejoint le Cercle pour une chose : la Vengeance. Il était hors de question que je passe l’arme à gauche avant d'atteindre mon but. Je devais aller aux États-Unis pour retrouver ma famille, et leur faire la peau. Je serai la dernière de la lignée des Davis et mettre fin à ce culte du Sang. Ma Loyauté ne semblait pas être à tout épreuve ? On risquait de me penser du côté des sorciers et de ma famille ? Il était temps qu’on me laisse rendre une visite à ma famille, que je puisse prouver que je n’avais rien à voir avec eux. Je comptais bien ramener leur tête tout comme j’avais ramené celle de la vieille Gladys.

Les négociations avaient été difficiles. Je ne devais pas y aller seule. Pas d’action en solo. Je ne savais pas si c’était une règle fondamentale du Blood Circle, ou si ça ne s’appliquait qu’à moi parce qu’on ne m'avait jamais fait confiance. En tout cas, le Cercle avait déployé quelques moyens pour qu’on puisse accomplir notre mission d’élimination, notamment en nous mettant en contact avec les Fidèles de la Ligue de Salem, nos alliés en Amériques. Le Blood Circle finançait notre voyage jusqu’à Charlestone, en Virginie Occidentale et les Fidèles prenaient le relai pour nous fournir en matos sur place. J’avais par contre le choix du partenaire. Par défaut, mon choix se serait porté sur Alexander. Après tout, c’était avec lui que j’avais zigouillé ma tante, il aurait été légitime qu’il soit témoin de la déchance du restant de ma famille. Mais le Cercle avait besoin des autres membres du Cracmol Circle au cas où ils avaient besoin d’investir une zone protégée par des sortilèges contre les non-sorciers. Cela réduisait les possibilités. Je ne pouvais pas me permettre d’avoir une mauviette comme Robin avec moi. Okay, bébé Kane avait réussi à coller une balle dans la tête d’un sorcier, une fois, mais je doutais fortement qu’il ait les couilles de m’assister dans ma mission. Quant à Carl, c’était un peu le même problème. Ce pauvre gars était plein de bonnes intentions, mais il était clairement déficient et ne semblait pas avoir la capacité de voir clairement les choses. Trop faibles. Un Rosebury ? C’était des rigolos, même si l’un des jumeaux m’avait aidé, aucun ne serait prêt pour ce qui nous attendrait là bas.

«Ce chemin. Là ! Rasak ! Là ! Prends cette route à droite !»

Avec Rasak, on n’avait pas vraiment commencé du bon pied… Il fallait dire que mon premier contact avec lui, c’était dans une cage du Blood Circle pendant que lui me narguait. Il avait réveillé la haine qui était au fond de moi. La haine, et la douleur. Même moi j’avais mes limites. Même la plus fidèle des armes pouvait être fragile si on n’en prenait pas soin. J’avais peur, et j’étais frustrée. Je ne voulais plus de cage. Ce type m’avait rappelé mes tortionnaires mangemorts et, l’ambiance aidant, nos piques l’un envers l’autre étaient devenues de plus en plus virulentes. J’avais appris que c’était lui qui m’avait sauvé du Loup dans la forêt, en août. Il m’avait probablement sauvé la vie, sans rien attendre en retour. Ce gars n’avait pas froid aux yeux. Il n’était pas comme bébé Kane, à avoir peur de cogner ou de tirer. Il était quelqu’un de fort, et il était fort à parier que c’était quelqu’un qui respectait la force. Lors de cette nuit de septembre, dans la cage aux loups, il n’avait rien fait d’autre que de me parler sur un ton intimidant, mais comme j’étais blessée, il ne m’avait pas touchée. Par contre, quand j’étais entièrement rétablie, il n’avait pas hésité à se montrer physiquement menaçant en me prenant à part dans un couloir. Apparemment, il avait une bonne mémoire quand il s’agissait de lui manquer de respect. Cette légère altercation avait mis les choses au clair entre nous. Il n’avait rien contre moi, personnellement, mais je lui avais clairement manqué de respect quand j’étais en cage et il valait mieux que cela ne se reproduise plus. Il avait remis les pendules à l’heure et les compteurs à zéro. Il n’avait rien à voir avec les mangemorts. Il faisait ce qu’il avait à faire et il n’avait pas peur de le faire. Mais je n’aurais plus de seconde chance avec lui,  et ça, je l’avais compris. J’aimais bien cette idéologie. Si bien que… Quand j’avais dû choisir un partenaire, j’avais pensé à lui. Je savais que lui aurait les tripes de tirer s’il fallait tirer. De cogner s’il fallait cogner. Lui, ne jugerait pas mes actes de violence envers mon ancienne famille. Privée d’Alexander et d’Ange, Sofiane Rasak était pour moi l’homme de la situation.

«Je crois que… Ce coin me dit quelque chose.»

Mais c’était difficile à dire. Nous tournions en rond depuis des heures dans la campagne proche de Charlestone jusqu’à ce que je trouve enfin un coin qui réveillait mes souvenirs. Quand nous étions enfants, que nous vivions encore dans la demeure familiale, avant que l’on ne m’expédie chez Gladys, je n’avais pas trop eu l’occasion de sortir du domaine. Juste une fois, peut-être deux ? Où les parents avaient organisé une sortie en carriole pour Jasper et Lazuli, nos frères. Enfant je pensais qu’elle avançait magiquement, mais maintenant je savais, grâce à Ludivine, que c’était probablement des sombrals qui étaient attelés. Tous ces souvenirs enfouis me revenaient peu à peu en mémoire. Je serrai les poings.

«C’est là. C’est par là. Je crois qu’on peut s’arrêter là.» Ma respiration était saccadée. J’étais excitée. J’attendais ce moment depuis tellement longtemps. Ce moment où j’allais enfin retrouver mon salopard de père. Cette ordure qui nous rabaissaient, Amber et moi, avant de nous exiler en Angleterre où on s’est faite livrer aux mangemorts qui nous ont torturées sans relâche pendants des années. Je pouvais enfin présenter mon père à Sheyla. Je tâchai de me calmer un peu. «Rasak… Je veux dire… Sofiane.» C’était pas facile d’exprimer oralement ce que j’allais dire, mais… J’avais besoin de le faire. «Cette mission, je te l’ai dit. C’est très important pour moi. Et pour le Cercle. Je tenais à…» Légère hésitation. «À te remercier. D’être venu. D’avoir accepté de m’accompagner. De me conduire jusque là, d’avoir tourné en rond pendant des heures sans presque t’énerver.» Je désignai l’orée de la forêt à côté de laquelle nous étions garés. «Si mes souvenirs sont bons. La maison que je cherche est là-bas. Après la forêt. Y’a un genre de plaine. Le domaine est isolé des "non-maj". Au château de l'impossible vit le Diable dans son horrible tanière... Je sais pas si tu pourras la voir, parce que tu n’as pas de sang magique. Peut-être que le simple fait de savoir qu’elle existe suffira. J’sais que tu t’en branles de ce que je raconte, mais j’sais aussi que le respect c’est une chose importante pour toi. Alors. Par respect pour toi, j’accepte que tu en butes un, ou deux. Mais le paternel est pour moi. Et je le veux vivant.»

Oh oui. Je voulais Papa vivant. Je voulais qu’il me supplie. Qu’il me supplie de mettre fin à ses souffrances. Mais non. C’était trop facile d’y mettre fin, ça ne serait pas du jeu. Et moi… Je comptais bien jouer avec lui. Et puis j’avais tellement de choses à lui montrer. Tout ce que j’avais appris auprès des amis de Tante Gladys. Toutes ces choses qui permettaient de briser un corps. Lentement. Rapidement. Bruyamment. Silencieusement. Tout était bon. Je veux pas simplement le briser physiquement. Je voulais en faire ma chose personnelle. Je voulais l’entendre pleurer, gémir, supplier. Supplier d’arrêter. Supplier de pardonner. Robert Terry m’avait appris que Dieu était Amour, que Dieu était Pardon. Dieu pardonnait. Mais je n’étais pas Dieu. Je n’étais qu’une misérable Cracmouille. Et en tant que telle, je n’avais pas le privilège de Pardonner. Ni d’Aimer.

«Je finis de me préparer.» Bracelets anti-magie. Parés. Gilet anti-magie. Correctement ajusté. Seringue anti-magie. À quoi bon ? Je n’étais pas là pour ça. Balises anti-transplanage. Prêtes à être déployées. «On y va quand tu veux. Je suis prête.»

Désolé Papa. Je ne veux pas pardonner. Je ne veux pas aimer. Je veux juste te faire payer. Il est temps de payer ses dettes. Avec les intérêts.


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Ombre rouge, bête infâme, tu y perdras ton âme ☺ Sofiane Rasak ☻ /!\ Askip y'aura du sang à un moment/!\ YXrjmkyG_o

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Sofiane Rasak
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Lumos
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Ombre rouge, bête infâme,
tu y perdras ton âme
Garnet & Sofiane || Janvier 2021 - Charlestone, aux Etats-Unis
Bloquée dans une putain de voiture de location, à arpenter mille ruelles, mille chemins, Sofiane perd patience. Ses doigts s’agrippent au volant à défaut de pouvoir serrer le cou de Davis. Il se contient, il se convainc de ne pas céder aux pulsions animales qui l’animent dans l’espoir que celles-ci puissent exploser quand il le faudra vraiment. Pas maintenant. Pas ici. Pas contre elle. Pourtant, ce n’est pas l’envie qui manque à l’ancien militaire mais il se concentre sur sa respiration, se contentant de continuer de tourner à droite, puis à gauche, d’une conduite qui demeure très souple et qui lui permet de demeurer calme. Il a déjà pesté contre elle à de nombreuses reprises -pour être poli car le véritable mot est plutôt beuglé sur elle-, désespérant qu’elle puisse se souvenir de la route qui mène à un probable massacre. C’est pour cette raison que Sofiane demeure « sympathique » avec Garnet, il sait que s’il attend encore un peu, il pourra assouvir ses bas instincts contre ceux qui pourrissent la terre de leur présence, contre ceux qui méritent qu’on les purge de leurs péchés. Garnet ne correspond à aucune de ces deux options même s’il faut l’avouer, elle demeure qu’une gamine irrespectueuse envers ses aînés et envers les autres. Mais elle reste l’une d’entre eux, un membre du Blood Circle, du Cracmol Circle même, un membre qui peut servir. Et si aujourd’hui, elle peut servir à Sofiane, c’est surtout parce qu’il lui a sauvé la vie et qu’elle lui en doit une. Pour autant, il a bien l’impression que c’est encore lui qui lui rend un service après s’être tapé une dizaine d’heures en avion pour arriver jusque-là, tout cela pour satisfaire sa foutue curiosité. Il avait envie de savoir.

Lorsque Davis lui a demandé de l’accompagner, il n’a pas pu s’empêcher de lui demander combien elle le paierait et surtout s'il pourrait profiter d'avantages en nature -en référence à leur altercation au QG-. Après tout, leur relation amicale lol n’a pas vraiment débuté sur de bases solides, bien au contraire. Après ce qu’il s’est passé dans la forêt, Sofiane n’a pas attendu de reconnaissance particulière, se contentant simplement de continuer sa vie sans se préoccuper d’elle. Pourtant, alors qu’elle l’a agressé à la pleine lune suivante, alors qu’elle était dans une cage en compagnie de Doryan et Charly, il a laissé échapper son venin. Sofiane n’est pas du genre à sauver qui que ce soit, sauf si ce qui que ce soit est grande, blonde avec des yeux azur. La remettant à sa place, lui rappelant qu’elle n’est rien d’autre qu’un vulgaire déchet, Sofiane en est resté là, sa place dans l’univers n’étant plus à prouver. Leurs chemins se sont pourtant à nouveau croisés dans les locaux du Blood Circle et le regard suffisant de Garnet à son égard a suffi à raviver l’irrespect qu’elle lui avait témoigné. Lui montrant à quel point il pouvait s’avérer dangereux si jamais elle osait se mettre à nouveau au travers de son chemin. Limpide avait été sa réponse. Davis s’était par la suite adressée à lui avec une certaine déférence, l’ego de Sofiane avait apprécié. Dans d’autres circonstances, on aurait presque pu dire qu’ils se témoignent une confiance mutuelle. Dans d’autres circonstances, bien sûr. Puisque Sofiane ne fait confiance à personne, en dehors de lui-même.

« T’as dit ça sur les cinquante autres routes, Davis. » grommèle-t-il, tentant de rester sage. Mais cette-fois-ci, elle semble plus sûre d’elle, moins hésitante, comme si les souvenirs passés lui remontaient petit à petit. Les deux acolytes avaient eu le temps d’échanger durant le transport et Sofiane en avait davantage appris sur elle en quelques heures qu’en plusieurs mois. S’il n’était absolument pas intéressé par son histoire larmoyante, Sofiane avait tout de même pris toutes les informations qui lui avaient semblé nécessaires. Nombre d’occupants à neutraliser, leurs habitudes, leur taille, leur force. Davis n’avait pas été d’un grand secours parce que sa mémoire lui avait fait défaut sur de nombreuses questions mais Sofiane n’est pas très inquiet. Certain de ses compétences et de la médiocrité de leurs adversaires même s’il ne les sous-estimera jamais, il en a vu d’autres. Et Davis peut s’avérer une vraie teigne lorsqu’elle a une idée en tête. Et l’idée en question plaît beaucoup au jeune syrien.

Sofiane stoppe la voiture lorsqu’elle le lui demande et vérifie son équipement. Il se retourne vers la jeune femme et perçoit toute son excitation, toute l’impatience qu’elle ressent à l’idée d’aller buter sa famille. Un sourire narquois s’installe sur le visage du jeune homme, une ombre malsaine lui traverse l’esprit et il souffle doucement, en réponse peut-être à la respiration rapide de Garnet. Il doit garder son calme car il le sait, elle perdra peut-être le sien lorsqu’il s’agira de passer à l’action. Sofiane n’est pas dupe, il parait peut-être simple de tuer, surtout tuer quelqu’un qu’on désire ardemment voir mourir, mais c’en est une autre de mener la menace à exécution. Alors que Sofiane réfléchit au plan qu’il va mettre en place, Garnet l’interpelle par son prénom. « Tu me remercieras quand ça sera fait. » dit-il sans détour. « Qui dit non à une réunion de famille aussi sympathique ? » Le regard de Sofiane s’assombrit. Il sait pourquoi elle l’a choisi comme « coéquipier ». Probablement parce qu’il est un des seuls membres du Blood Circle assez couillu pour aller jusqu’au bout, à aller au fond des choses, à oser faire ce que la plupart de gens déteste faire : le sale boulot. Pour Sofiane, au contraire, ces tâches peu reluisantes lui donnent une profonde satisfaction, le sentiment du travail accompli. Ôter la vie d’un être humain ne le rebute pas, pire, cela l’excite, surtout quand cet être humain n’est qu’une raclure un animal de luxure, une abomination qui n’a nullement le droit de vivre.

Elle désigne l’orée de la forêt comme étant l’endroit où ils doivent se rendre et Sofiane hoche la tête. Ils sortent de la voiture tranquillement et se préparent chacun de leurs côtés. Ils ont affaire à des monstres qui maîtrisent la magie alors toute précaution est bonne à prendre. Sofiane enfile son gilet anti-magie (cela devient sincèrement une habitude de le porter désormais), il dégaine des bracelets anti-magie ainsi que des fléchettes tranquillisantes emplies de sérum anti-magie. Son sac à dos est quant à lui plein à craquer d’autres petits jouets et instruments qui pourraient leur être utiles. Merci la Ligue de Salem. Grenades, couteaux, revolvers, gaz neutralisants, lacrymogènes, ils sont parés à presque toutes les éventualités. Sofiane recharge la mitraillette qu’on lui a donné la sienne ne serait pas passée à l’aéroport snif et vérifie la lunette de précision ; il dirige son regard vers la forêt où il devrait apercevoir une maison selon Garnet mais il ne voit rien. Peut-être sont-ils encore trop loin. « Merci pour ta sollicitude. Encore heureux que j’puisse m’amuser, j’me suis pas tapé toute cette route, j’ai pas tourné en rond pendant deux heures pour te regarder faire sans participer. » dit-il simplement, le ton dédaigneux alors qu'elle l'informe qu'elle lui laisse un ou deux membres de sa famille, tant que ce n'est pas son géniteur. « Je prends note. Je te laisse le vieux. T’es sûre que tu sauras comment faire ? » Sofiane n’a jamais vraiment vu de quoi elle était capable. À part lui faire quelques remarques acerbes coincées dans sa cage et décapsuler une bière avec ses dents, il ignore tout de ses capacités de combat. Il espère secrètement qu’elle se fasse laminer pour pouvoir intervenir et les achever lui-même. En voilà un coéquipier qui prend soin de sa partenaire. « Je suis prêt moi aussi. »

Dans un silence religieux, ils avancent dans la nuit. Sofiane s’arrête à de nombreuses reprises et se dissimule derrière un arbre ou dans des fougères pour regarder dans son capteur thermique s’il repère la présence d’une source chaude mais ils sont encore trop loin pour qu’on puisse repérer quoi que ce soit. Au fur et à mesure qu’ils arrivent dans le périmètre d’extermination, Sofiane ressent une frénésie ardente s’emparer de lui mais il conserve néanmoins toute son attention. « Je la vois. » murmure-t-il alors qu’il aperçoit la maison. Elle n’est finalement pas invisible. Tant mieux, cela aurait été difficile d’y pénétrer le cas échéant. Ils s'en rapprochent doucement, ils ne sont plus qu'à une centaine de mètres, dissimulés par les arbres. « Reste-là. » dit-il d'une voix qui n'appelle aucune négociation. Sans un mot, il se faufile telle une ombre surentraînée au travers des arbres, des buissons. Il court tel un félin sans faire le moindre bruit et se colle au mur de la maison et en fait le tour, se dissimulant sous les fenêtres, cherchant à capter le moindre bruit, le moindre indice. Une fois que c’est fait, il retourne auprès de Garnet. « J’ai perçu trois voix différentes. Une femme, deux hommes. Au minimum. » Cela correspond à la description qu’elle a faite de sa « famille ». Même s'il manque un membre. « La femme est dans la pièce à droite de la maison, elle chantonne avec la radio. Les deux hommes sont dans la pièce du milieu. Cela te rappelle quelque chose ? À quoi ça correspond ? Et l’étage ? » Qu'elle se rende utile la p'tite. « La porte d'entrée mène directement dans la pièce de vie ? J'ai vu la porte du garage, elle permet d'accéder à quelle pièce ? »
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Garnet Davis
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Lumos
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Dim 2 Jan - 18:31
OMBRE ROUGE, BÊTE INFÂME,
TU Y PERDRAS TON ÂME
«Des images me revenaient, comme un souvenir tendre»


Oui, j’avais dit ça pour toutes les autres routes. Mais cette fois, c’était différent. C’était pas seulement un endroit qui ressemblait à quelque chose que je reconnaissais, j’avais comme cette sensation de “déjà-vu”, un "flashback". Lorsque Rasak emprunta le chemin que je lui avais indiqué, j’avais de moins en moins de doutes : c’était ici.

Sofian stoppa la voiture à l’orée de la forêt, comme je le lui avais demandé. On commença à se préparer tout en discutant. Je le remerciais d’avoir accepté de m’accompagner tandis qu’il me rétorquait que je le ferai une fois la mission achevée. Gilet anti-magie, menottes, balises anti-transplannage : j’étais parée. J’avais hésité à prendre du sérum inhibiteur de magie, mais l’expérience du terrain m’avait appris qu’un coup de couteau bien placé serait plus efficace qu’une piquouze hasardeuse. Je fis donc l’impasse sur les seringues tandis que Rasak profitait pleinement des petits joujoux que la Ligue de Salem nous avait confiés. Il avait dans son sac à dos un véritable arsenal de guerre. Aucun Davis n’en réchappera. J’expliquai à mon binôme qu’il y avait une faible chance pour que la maison soit protégée magiquement et qu’il ne puisse pas la voir et j’ajoutai que j’acceptais de le laisser buter ma fratrie tant que je pouvais me faire le vieux. Il rétorqua qu’il ne s’était pas tapé cette route pour rester les bras croisés à me regarder faire.

«On est d’accord, c’est la moindre des choses.» Il me demanda si j’étais sûre de savoir comment m’y prendre. «Tant qu’ils ne se transforment pas en loup, je gère. Mais c’est pas la Pleine Lune, ça devrait le faire. En plus, on a l’effet de surprise. Au final le plus dur ça va être de faire durer l’agonie de ce vieil enfoiré, de ne pas le tuer trop vite. Je veux pas seulement qu’il crève. Je veux que son agonie dure des heures, des jours. Je veux qu’il me supplie de mettre fin à ce supplice. Je veux pas seulement qu'il crève. Je veux qu’il montre la partie la plus pitoyable de lui–même. Et quand j’en aurais assez de jouer, il mourra de la pire manière qui soit.» Je me tournai vers lui. «Si t’en as marre, je comprendrais que tu veuilles partir le temps que je finisse. Ça fait dix ans que j’attends ce moment, je veux faire ça bien et prendre mon temps pour profiter.»

Nous étions fins prêts tous les deux. Nous avancions dans la forêt. Il faisait nuit, nous n’avions pas allumé nos lampes pour ne pas attirer l’attention comme lors de la grande cueillette d’Août 2020. Il fallait apprendre de nos erreurs passées. Rasak finit par me murmurer qu’il voyait la maison. C’était plutôt étrange qu’elle ne soit pas protégée par des sortilèges de camouflage, mais comme je l’avais dit plus tôt, le fait de connaître l'existence de ce lieu aurait pu suffire à atténuer les effets des éventuels sortilèges de défense. Ou alors, peut-être que j’étais liée à ce lieu et que partager mes connaissances sur le sujet affaiblissait la potentielle barrière ? Je ne connaissais pas toutes les subtilités de ce genre d’enchantement. En fait, mes connaissances étaient même plus que limitées sur le sujet. Il m’ordonna de ne pas bouger tandis qu’il partait en éclaireur.

«Quoi ? Attends ! N’y vas pas… seul…»

Mais il était trop tard, il était déjà hors de portée de chuchotement. Parler plus fort pour l'interpeller signifiait prendre le risque de se faire repérer et de perdre l’effet de surprise. Je m’accroupis pour réduire ma taille et limiter les chances de me faire voir entre les broussailles. J’essayai de suivre des yeux les mouvements furtifs de Rasak, mais c’était peine perdue avec l'obscurité. J’arrivais à l’entrapercevoir par moment, mais uniquement parce que je savais qu’il y avait quelque chose à voir et que la Lune éclairait légèrement le terrain. Ce n’est que lorsqu’il se colla à la maison que je pus le voir un peu plus le suivre des yeux. Je retenais mon souffle. S’il se faisait prendre, je risquais de ne pas avoir le temps de lui prêter assistance. Si cette mission se passait mal, si mon partenaire venait à mourir, je serais vraiment dans de beaux draps. Le Blood Circle se retournerait contre moi à coup sûr. Ça ne devait pas arriver, pas après ce qu’il s’est passé dans la maison de Ludivine. Je n’avais plus le droit à l’erreur.

Il revint finalement vers moi pour me faire l’état des lieux. Trois voix différentes. Deux hommes, une femme. Rien de bien surprenant jusque-là. Certes il n’y avait que trois voix sur quatre, mais ça voulait juste dire que la quatrième personne ne voulait pas parler. Ou alors… Un frisson parcourut mon dos. Et si cet enfoiré était déjà mort ? Et si quelqu’un, ou quelque chose m’avait dépossédée du plaisir de me venger ?!

«Il faut qu’on aille voir.»

Il donna plus de précision. La femme était dans la pièce à droite de la maison. Elle chantonnait avec la radio. Des images me revenaient, comme un souvenir tendre, d’une ancienne ritournelle que maman chantait. Maman ? Maman est là ? Je serrai les poings tout en me secouant la tête pour reprendre pleinement mes esprits. Les deux hommes étaient dans la pièce du milieu. Est-ce que cela me rappelait quelque chose ? Je n’en savais rien. Ça pourrait tout aussi bien être mes deux frères que mon père et un de mes frères. Avec si peu d’informations, je ne pouvais rien conclure de plus. J’eu le droit à un véritable interrogatoire. À quoi correspondait la pièce où les hommes parlaient ? Et l’étage ? Est-ce que la porte d’entrée menait directement dans la pièce de vie ? À quoi menait la porte du garage ?

«Wow… Wow wow wow… Doucement doucement…» Je fermais les yeux pour essayer de me rappeler certaines choses. «Je sais plus ce qu’il y a en bas. Amber n’avait pas trop le droit de sortir de sa chambre à l’étage. C’était une Cracmouille, elle devait pas faire honte aux invités. À l’étage il y a des chambres, ça c’est sûr. Peut-être que la quatrième personne est déjà couchée là-haut ?» Il avait parlé d’un garage. J'ouvris les yeux pour le dévisager  «Un garage ? T’as parlé d’un garage ? Les sorciers n’ont pas de garage. À quoi ça leur servirait ? Ils n’ont pas de voiture. Tu dois confondre avec l’atelier de papa. Je sais pas ce qu’il y a dedans. Personne n’a le droit d’entrer dans l’atelier de papa.» Je réfléchi. «Il est peut-être seul en train de travailler dans son atelier. Je crois… Je crois qu’il y passait beaucoup de temps. J’ai jamais su ce qu’il y faisait.» J’haussai les épaules. «Écoute, j’ai pas trop les plans de la maison en tête, ça remonte à loin. J'avais même pas sept piges, et après j'ai passé le reste de ma vie en cage. Pour répondre à ta question. Je crois que l’atelier est relié à l’intérieur de la maison. Mais je suis pas trop sûr de savoir si c'était directement à la cuisine ou si y'avait un couloir de séparation et d'autres pièces.» Je scrutai la maison. «Normalement, y’a pas d’animaux pour nous repérer. Je n'ai pas souvenir qu'il y en ait à l'époque. Pas de chien qui aboie ou je ne sais quoi d'autre qui puisse alerter nos proies. On devrait pouvoir déployer les balises autour de la maison sans trop de soucis. Tu veux poser des pièges autours des sorties, au cas où ? T’as une idée sur la manière de rentrer ? »

Je dégainai Sheila. C’était ma seule arme. Je n’étais pas une adepte d’explosifs et autres armes à feu. Les véritables guerriers se battaient dans le sang et la sueur de leurs ennemis et non en appuyant sur une gâchette à plusieurs dizaines de mètres de leur proie. Je caressai doucement la lame du bout des doigts avant d'empoigner fermement le manche et de fixer la maison d'un œil mauvais.

«Je te suis.»



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Sofiane Rasak
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Garnet & Sofiane || Janvier 2021 - Charlestone, aux Etats-Unis
Pourquoi Sofiane a accepté de partir à l’autre bout du monde pour assassiner des sorciers alors qu’il y en a à la pelle à côté de chez lui ? facilité scénaristique C’est une question qu’il s’est longuement posé alors qu’il était dans le vol qui l’a conduit jusqu’à Charlestone, puis dans cette voiture où ils ont tourné en rond pendant des heures et des heures, attendant que cette gamine incroyablement mal élevée lol daigne enfin se souvenir de quelque chose. Le jeune syrien se demande s’il a bien fait de miser sur elle, s’il a bien fait de lui faire confiance, surtout qu’elle n’était qu’une enfant et ses derniers souvenirs remontent à bien des années. Pourtant, au bout d’un moment, elle reconnait enfin quelque chose et le sentiment de familiarité lui apparaît suffisant pour arrêter la voiture. Enfin. Ils allaient pouvoir passer aux choses sérieuses, ils allaient pouvoir accomplir la mission pour laquelle ils sont là et pour laquelle Sofiane trépigne d’impatience depuis maintenant des heures. Une fois la voiture garée, une fois les équipements préparés, rien ne retenait les deux membres du Blood Circle. Approcher de la maison sera aisé mais s’y introduire sera bien plus difficile, il allait falloir être méticuleux et faire attention mais Sofiane est entraîné. Quant à Davis, il n’a strictement aucune idée de ses compétences en la matière. À vrai dire, lors de la cueillette dans la forêt, elle s’était faite attaquer par un loup. Et dans une cage, la seule aptitude qu’elle lui avait montrée c’est qu’elle savait bien décapsuler une bouteille à l’aide d’un barreau. Et elle savait cracher son venin. Pas certain que cela aide lorsqu’on est en face d’une personne que l’on souhaite achever. Par-dessus le marché, Sofiane n’est pas certain qu’elle saura faire ce qui doit être fait quand il faudra le faire. Après tout, la haine qu’elle semble ressentir envers sa famille n’a pas d’égale mais il est plus facile d’imaginer tuer quelqu’un, que de le faire véritablement. Sofiane est là pour finir le job au cas où elle n’en soit pas capable. Paradoxalement, il aimerait presque que ce soit le cas pour pouvoir déverser sa rage et sa colère sur ces abominations sans avoir à se poser de questions. L’avantage dans tout cela, c’est que Davis n’en a que faire. Du moins, c’est ce qu’elle dit. Sofiane en sera persuadé quand ce sera fait.

« C’est clair qu’ils doivent pas s’attendre à te voir. Ils doivent penser que t’as clamsé. » Sofiane ricane. En vérité, il a hâte de voir dans leur regard l’effet de surprise, la stupéfaction de voir leur fille ainsi. Un monstre. Peut-être qu’elle ne l’était pas vraiment lorsqu’elle était leur enfant, mais elle l’est devenue. Par force des choses, sa haine envers eux a grandi. « Partir si c’est trop long ? Tu te fous de ma gueule ? Moi, je veux regarder. Faut que ce soit long, que je m’amuse un peu. » Cette phrase, dans n’importe quelle bouche, avec n’importe qui d’autres, pouvait paraître déplacée. Ignoble. Immorale. Et Sofiane en a rien à faire. Davis ne l’a pas choisi pour rien. Elle sait. Elle sait ce dont il est capable, elle sait ce qu’il peut faire, elle sait quelles sont les missions qui lui sont confiées au sein du Blood Circle. Le boulot ingrat, le sale boulot comme on l’appelle. Mais pour Sofiane, ce n’est que la routine, une promenade de santé et il a appris à aimer cela ; pire il en redemande. Comme la dose d’héroïne d’un camé. Il en a besoin. Irrémédiablement. Surtout en ce moment alors que la frustration assaille tous ces membres, alors qu’il n’a plus l’impression de rien maîtriser dans sa vie. Un peu de contrôle sur ses victimes, sur ses proies, sur ses cibles. Voilà ce qui lui procure une totale satisfaction malsaine. « Puis si je m’ennuie, je te montrerai deux trois trucs pour qu’il ait encore plus mal. » Après tout, la torture fait partie des hobbies de Sofiane et il s’en délecte. Le pire dans tout cela, c’est qu’il prononce ces mots sans que le moindre vibrato ne vienne changer le ton de sa voix. C’est dénué d’émotions, cela lui paraît tellement normal en réalité.

Dans la pénombre de la forêt, Sofiane se prépare maintenant, il élabore un plan dans sa tête, un plan qui lui sera facile de suivre si la configuration de la maison le lui permet. Telle une ombre qui sait disparaître dans la nuit, Sofiane se faufile et part seul en éclaireur, aimant faire le boulot en solo. Il revient quelques minutes après avoir fait le tour de la maison et après avoir récupéré les informations qu’il nécessite. Il rapporte à Garnet ce qu’il a perçu et Sofiane se retient de lever les yeux au ciel lorsqu’elle exprime l’idée lumineuse d’aller voir. « Ah bon ? Je pensais rester sagement ici, attendant qu’ils meurent de vieillesse. » Remarque sarcastique si c’est possible de faire plus. Mais bref. Sofiane lui rapporte la configuration de la maison comme il l’imagine, lui demandant de puiser dans ses souvenirs afin de savoir à quoi chaque pièce correspond. L’ancien militaire le sait, pour maîtriser une mission, il faut connaitre le plus de détails possibles : les détails peuvent faire la différence entre la vie et la mort. Alors il questionne, il pose mille questions et Garnet semble submergée par celles-ci. Concernant les réponses, c’est un peu comme la voiture, elle ne se rappelle pas de grand-chose. Sofiane soupire, légèrement agacé mais serre les poings pour ne pas s’énerver. Cracmouille. Cela sonne presque gentil en soi. « Tu vaux mieux qu’eux. Ton corps a rejeté leur anomalie. Tu vaux mieux qu’eux. » C’est l’unique phrase qui arrive à sortir de sa bouche. Leur « magie », la marque du démon. Et elle l’avait repoussée. Ensuite, Davis évoque l’atelier Oui Sofiane a dit garage mais Alison qui joue Sofiane avait oublié que les sorciers n’ont pas de garage vu qu’ils n’ont pas de voiture mais chut, faites comme si héhé. « Oui ça doit être ça, il y avait une porte à double battant. » murmure-t-il en lui demandant de continuer d’un geste de la main. Davis dit ne pas tellement se souvenir du reste, qu’elle était petite et que cela remonte à loin. « On va improviser pour le reste. » Alors qu’elle explique qu’il n’y a a priori pas d’animaux qui pourraient les renifler à l’odeur, Sofiane vérifie que ses armes sont chargées, que ses couteaux sont bien positionnés et prêts à être dégainés le cas échéant. « Ouais on va déployer les balises dans un premier temps, elles empêcheront qu’ils s’échappent. Je pense qu’ils essayeront. Ce sont des couilles molles. » Sofiane ne sait rien d’eux, mais ce sont des sorciers, donc forcément, ils sont indignes de confiance. Ils fuiront probablement le combat. Sofiane acquiesce doucement à son plan. « On met les balises aux quatre coins. Tu prends le côté gauche, je prends le côté droit. Au passage, je vais m’arrêter devant la porte d’entrée où je vais placer un explosif sur la poignée. S’ils sortent, ça explosera. On se retrouve devant la porte de l’atelier, je pense qu’on doit commencer par là. » Sofiane reprend : « Si l’atelier donne vers la maison, c’est probablement sur la pièce où il y avait la femme vu la configuration. On entre, on la neutralise et on passe à la pièce suivante. On est que deux, il faut être méthodique. » Sofiane l’observe sortir son couteau. « Évitons au maximum les armes à feu, du moins au début. Ils sont plus nombreux, il ne faut pas qu’ils nous tombent dessus directement, cela nous mettrait en difficulté. » Il sort les balises et lui en donne deux. « A tout de suite. » Comme convenu, Sofiane part du côté droit de la maison, telle une ombre dans la nuit, il se faufile jusqu’à la porte d'entrée où il place un explosif à l'aide d'un ruban adhésif et charge la bombe qui se déclenchera au moindre mouvement. Trente secondes. Cela lui a pris trente secondes. Rapide, méthodique, précis, Sofiane retrouve ses réflexes de militaire. Il trace jusqu'au premier angle de la maison, il coince la balise entre le mur et la gouttière avant de reprendre son chemin et de faire la même chose un peu plus loin. Il s’accroupit pour se dissimuler en attendant que Davis revienne à son tour. Il pensait qu'elle l'attendrait déjà vu qu'il avait les explosifs à mettre sur la porte d'entrée ; elle est un peu plus lente que Sofiane mais il ne s’énerve même pas, tentant de garder toute sa concentration pour la suite. Elle revient vers lui dans un silence religieux et Sofiane lui intime de ne plus dire un mot. Il sort une de ses lames et commence à crocheter la serrure de la porte du garage de l’atelier avec une dextérité qui lui est propre et en quelques secondes, la serrure cède. Oui, Sofiane aurait pu être cambrioleur c’est énervant d’être doué en tout.

Ils pénètrent dans l’atelier et Sofiane sort sa lampe torche. L’endroit est plongé dans le noir, il éclaire les différents recoins de la pièce et y découvre des objets dont il ne sait rien et qu’il ne connait pas mais ne s’en accommode pas. Ils ne sont pas là pour ça. Il pointe le faible faisceau lumineux vers la porte et fait signe à Davis de s’en approcher. Une fois devant celle-ci, il colle son oreille sur celle-ci et perçoit la radio qu'il a entendu dehors. Il écarte Garnet du chemin et se met derrière la porte. Il donne un coup sec mais léger sur celle-ci. Il attend quelques secondes et réitère l’expérience. Il entend des bruits de pas se rapprocher et éteint sa lampe pile à l’instant où la porte s’ouvre. Sofiane se jette sur la femme et place une de ses mains sur sa bouche pour l’empêcher de crier. Faible et peu musclée, il n’a aucun mal à la retenir contre lui, même si elle tente de se débattre et d’un coup, fracasse son crâne contre le mur. Elle tombe sur le sol, évanouie et Sofiane rallume sa lampe. Âgée d’une trentaine d’année, il passe sa lampe sur le visage de Davis avant d'éclairer celui de la femme et en conclue que cela ne peut pas être sa mère. Ou bien les sorciers peuvent enfanter à dix ans ? Avec eux, tout est possible après tout. Il la fouille et trouve sa baguette magique. Elle a entendu du bruit et n’a pas sorti son arme ? Des amateurs… Il garde la baguette et la met dans son sac à dos. Peut-être qu’elle peut être utile au Blood Circle… Il sort son couteau et lui tranche la carotide. Il essuie la lame de son couteau sur ses vêtements pour ne pas tâcher son étui. La porte, entrouverte, laisse échapper le bruit d’une radio, comme Sofiane l’avait déjà identifié en faisant le tour de la maison. La musique a dû étouffer les bruits. Parfait. Avec une infinie précaution, ils entrent dans la maison et l’atelier débouche sur une sorte de couloir donnant sur la cuisine où un plat semble mijoter sur le feu. Sofiane regarde Davis, c’est à elle de jouer.
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Rasak pensait que ma famille ne devrait pas s’attendre à me voir, et qu’ils devaient penser que j’étais cannée. Je restai dubitative.

«J’en doute. Ils ont probablement eu des nouvelles de moi lors de la mort de tante Gladys, bien que je doute que mon père ait reçu le colis que je lui avais envoyé, je n’avais pas l’adresse exacte…»

Je fis comprendre à Rasak que je comptais prendre tout mon temps et profiter le plus possible de notre petite escapade, et que si c’était trop long pour lui, je n’étais pas opposée à ce qu’il parte faire autre chose et qu’il me laisse seule. Mon binôme ne prit pas agréablement la proposition. Il comptait bien rester jusqu’au bout, et il espérait bien que ça dure le plus longtemps possible. Je ne savais pas trop comment réagir, habituellement, les autres membres moldus du Cercle étaient assez horrifiés quand je parlais de prendre mon temps pour faire souffrir mes proies, de m’amuser avec elles. Rasak et moi semblions être sur la même longueur d’onde, et c’était assez troublant. Je me contentai donc de sourire. Il proposa même de me montrer deux trois trucs pour leur faire encore plus mal, si jamais on s’ennuyait.

«T’en fais pas pour ça. J’ai eu l’occasion d’expérimenter pas mal de choses. J’ai eu d'excellents professeurs. » Torture physique, mais pas que. Ces sadiques prenaient plaisir à pousser nos limites jusqu’à l’extrême. Ils ne faisaient aucune distinction entre hommes, femmes, enfants ou vieillards. Ces monstres m’avaient créés de toute pièce. Ils m’avaient mise en cage, traitée comme une animal, j’étais désormais devenue leur prédatrice. «Je compte bien mettre en pratique tout ce que les précepteurs de ma famille m’ont enseigné. Ils seront très fiers de voir que j’ai bien tout retenu.» J’haussai les épaules. «Mais j’avoue que je ne suis pas opposée à l’idée de comparer. Ça sera très instructif.»

Rasak partit ensuite en éclaireur et me fit le topo de ce qu’il avait pu observer. Il me bombarda de questions auxquelles je n’avais pas, ou plus, les réponses. Tout ceci datait de tellement loin, nous étions enfants et en tant que Cracmouille on devait éviter le contact avec des éventuels invités. On devait aller voir pour confirmer la présence, ou non, de certains membres de la famille. Je ne réagis pas à son sarcasme. Il avait raison, ma remarque était idiote. Il continua son rapport et il tenta de me consoler, du moins c’était l’impression que ça en donnait, lorsque j’évoquais mon exclusion au sein de la famille. Je ris.

«On croirait entendre Robert Terry. Mais j’en ai rien à foutre de tout ça. La seule chose qui compte c’est qu’on est ici et maintenant, et qu’ils vont crever. Tous. Jusqu’au dernier de ces enfoirés.»

Je repris mes réponses à ses questions et réagis à la motion d’un garage. Il devait parler de l’atelier de papa. Rasak confirme l’hypothèse : il y avait une porte à double battant. Pour le reste, je n’en savais rien, ma mémoire n’était pas infaillible Pas comme celle du joueur Arrow Garnet devrait tout noter sur un GGdoc Arrow . Rasak suggéra d’improviser pour le reste. J’acquiesçai. Je finis par lui demander s’il savait comment on allait s’y prendre et il me dévoila son plan. On déploie les balises, je vais à gauche, oui à droite ; il va piéger la porte d’entrée au cas où ils chercheraient à s’échapper par là tandis que nous nous rejoindrions à l’atelier. On commencerait par l’atelier.

«L’atelier ?» Je n’étais pas très à l’aise. «Non… Non… Personne n’a le droit d’entrer dans l’atelier de papa ! » Je le regardai, horrifié, puis réalisant ce que je venais de dire, je me repris. «Non. Tu as raison. C'est plus discret. Faisons ça.»

Je caressais doucement la lame de Sheila. Cela faisait un bon moment que je luis avais promis de lui présenter ma famille, et elle n’avait eu que seulement l’occasion de croiser tante Gladys. Rasak continua de m’exposer le plan. On entre par l’atelier, on sera proche de maman et de sa radio, on la neutralise silencieusement. On continue d’investir les lieux pièce par pièce. On les neutralise un par un en évitant les armes à feu pour ne pas alerter toute la maison et qu’on ne se retrouve pas en sous-nombre.

«T’en fais pas pour ça, je n’utilise pas d’arme à feu. Je trouve ça lâche comme méthode. Chacun fait ce qu’il veut, mais c’est juste pas pour moi. Sheila me suffit.»

Rasak me tend deux balises, qu’il sortit de son bordel fourni par les Fidèles de la Ligue de Salem, que je pris. Il partit donc comme convenu à droite de la maison, me laissant le côté gauche. Nous devions être discrets, silencieux. Je déployai la première balise, cachée dans ce qui aurait dû être un parterre de fleurs, près de l’angle de la maison. Maman aimait beaucoup ses fleurs, pourquoi il n’y en a plus autant qu’avant ? Je regardai autour de moi, tentant de discerner les buissons fleuris mais impossible de voir dans l’obscurité. Pourtant, mes souvenirs étaient formels, il y avait des fleurs là où je me trouvais, il y avait encore la délimitation du parterre avec des petites pierres. Maintenant il n’y avait plus que des herbes en friches… Pourquoi ? Je me relevai. Je ne devais pas perdre plus de temps, je n’avais pas à me poser ce genre de questions. Ils crèveront. Tous. Qu’importe les fleurs. J’allai poser l’autre balise à l’autre angle de la maison pour finalement rejoindre Rasak qui m'attendait devant l’atelier. Silencieusement, il me fit comprendre que nous ne devions plus parler, ne plus faire de bruits. Je me mordis la lèvre tandis qu’il crocheta la serrure pour entrer. Je chuchotai dans ma tête «Alohomora.». Le crochetage, ça changeait du défonçage de porte à coup de pied, bélier ou explosifs.

L’atelier de papa. Finalement, c’était Rasak qui avait raison, c’était plus un genre de garage, qui servait de débarras. Éclairé par la lampe de poche de mon binôme, je pouvais voir des vieux meubles, des objets en vrac, des sacs de bouffe. J’avais toujours pensé que papa bricolait des choses diverses et variées là dedans, mais finalement, il n’y avait rien d'extraordinaire à faire. Déception. La fin d’un mythe. Rasak colla son oreille contre la porte avant de m’écarter du chemin. Il donna un coup de pied sur la porte, puis un autre. Des bruits de pas se firent entendre, de plus en plus proches. Nous étions dans le noir au moment où la porte s’ouvrit. À peine la femme entra qu’elle se fit neutraliser. Une fois inconsciente sur le sol, Rasak l’éclaira et m’interrogea du regard. J’haussai les épaules. Qui était cette femme ? Je l’ignorais. C’était pourtant la bonne maison, c’était une certitude. La preuve que nous avions affaire à des sorciers, Sofiane trouva une baguette magique sur elle.

«Une cousine que je ne connais pas peut-être ?» Je parlai à voix basse. J’empoignais fermement Sheila, prête à poignarder la femme. Cousine ou non, elle était au mauvais endroit au mauvais moment. Elle devait mourir. Rasak lui trancha la carotide, me coupant l’herbe sous le pied. «Avada Kedavra.» Dans le doute, j’enfonçai tout de même ma lame dans sa poitrine. «La carotide, ça peut ne pas suffire… » J’en étais la preuve puisque j’étais vivante. Même si cette femme avait peu de chance de recevoir des secours rapidement.

Arrivés dans la cuisine, la radio chantait. Can you dance like a hippogriff ? Ma ma ma, ma ma ma, ma ma ma. Je regardai Rasak, et bougea ma tête en rythme avec la musique tout en me trémoussant. Flyin' off from a cliff Ma ma ma, «Ma ma ma, ma ma ma.» Je ris. J’étais heureuse, j’avais le cœur léger. Ce n'était qu’une questions de minutes, d’heures avant que Sheila ne fasse la connaissance de papa. La radio continuait Swooping down, to the ground Ma ma ma «Ma ma ma, ma ma ma.» J’augmentai le volume de la musique, fermai la porte de la cuisine, pris deux assiettes et nous servis deux parts du plat en train de mijoter. «Ma ma ma, ma ma ma.» Rasak n’avait pas l’air convaincu par la tournure des choses. Je commençai à danser en cessant de chuchoter, mais en prenant soin de ne pas non plus parler trop fort. «Allez lâche toi un peu, ils ne vont pas s’attendre à ce que des inconnus mangent et dansent dans leur cuisine, au mieux y’en a un qui va venir parce que la musique le dérange et on aura qu’à le neutraliser comme la greluche, mais ils viendront pas tous en même temps. On sera plus discrets à attendre ici plutôt qu’à déambuler au pif.» Je posai les assiettes sur le plan de travail et sortis des couverts. «Tant qu’on reste alerte… Can you dance like a hippogriff ? Ma ma ma, ma ma ma, ma ma ma.» Flyin' off from a cliff Ma ma ma, ma ma ma, ma ma ma. Je commençais à manger. C'était presque cuit, mais clairement pas assez, ça manquait un peu. De ce fait, ce n’était pas spécialement bon, mais personne ne crachait sur un repas gratis. La porte s’ouvrit doucement, je réagis au quart de tour, prête à frapper. Un quinquagénaire apparut dans le cadre de la porte. «Silencio.» Ma lame s’enfonça immédiatement dans sa gorge. Je l’attirai ensuite à l’intérieur de la pièce et ferma la porte derrière nous. «Endoloris» Sheila pénétra plusieurs fois le corps de l’homme, lui faisant faire plusieurs soubresaut en couinant pitoyablement chaque fois que Sheila s’enfonça dans sa chair animale. Quand il cessa de bouger je me tournai vers Rasak.

«Tu vois, il est venu seul.» Il sembla surpris que j'élimine aussi rapidement mon père, alors que je voulais faire durer son agonie le plus longtemps possible. «C’est pas lui, ça m’a frustrée… Mais faudrait qu’on en garde le prochain en vie pour savoir ce qui se passe ici. Je connais pas ces deux personnes. Le jardin aussi, y’a des trucs qui vont pas.  Putain… J’espère que le vieux n’est pas déjà raide… Je veux me le faire. Moi, et personne d’autre.» J’essuyai la lame de Sheila sur un torchon. «Vu qu’on a toujours l’effet de surprise, je pense qu’il vaut mieux qu’on se sépare pour trouver l’autre homme que t’as entendu. On sera plus discret, je pense.»

La proposition étant acceptée, je pris l’étage tandis que Rasak s'occupait du reste du rez-de-chaussée. J’inspectais les pièces une à une, retrouvant peu à peu mes souvenirs de cette maison. Ma porte de chambre… Je restai figée quelques minutes devant elle, sans l’ouvrir. Des bruits se firent entendre au rez-de-chaussée, couvrant ceux de la radio.

«Mais qu’est ce que vous faites en bas ? C’est quoi ce boucan ? Faites attention»

Une voix de femme se fit entendre à mon étage. je me dirigeais en direction de celle-ci. J’ouvris la porte et une femme me tournais le dos. Elle était face à un chevalet, et tenait sa baguette magique pour peindre. Elle dut percevoir du mouvement derrière elle, car elle se retourna et me vit, les vêtements couverts de sang, et la dague en main.

«Mais… ?!»

Encore une inconnue. Elle ferma les yeux et tourna sur elle-même, avant de tomber sur le sol. Je n’avais encore rien fait. Je supposai qu’elle avait tenté de transplaner hors d’ici, mais que les balises avaient bloqué la téléportation. Je ris en m’approchant doucement d’elle. Elle se mit à gémir.

«Non, laissez-moi tranquille, je me rends.»

Elle jeta sa baguette dans ma direction. Je la bloquai avec mon pied tandis que mon autre pied donna un coup sec dedans. CRAC. Je souris.

«C’est une vieille sorcière… Qui s’appelle Grabouilla… Grabou-bou, Grabou-Bou, Grabou-bou, Grabouilla.» J’approchais lentement d’elle tandis que, elle, reculai. «Elle passe par la chattière, du gros chat Ramina. Rami-mi, Rami-mi, Rami-mi, Ramina.» Je continuais de chanter jusqu’à être à côté d’elle. Une fois à sa hauteur, je me penchai vers son oreille.

«Sorcière, sorcière. Vite, cache-toi. Sorcière, sorcière, retourne chez toi.»

Relève toi Sorcière, je ne laisserais pas une balise voler ma victoire.

«Sorcière, sorcière, vite, cache-toi. Sorcière, sorcière retourne chez toi.»

La femme comprit que je lui laissais une chance. Que je n’allais pas la tuer ici, et maintenant. Elle se leva et courut en dehors de la pièce. Je souris de plus belles. Le jeu allait pouvoir commencer et j’avais très envie de jouer. Je chantais encore plus fort avant de sortir à mon tour de la chambre.

«Mais un jour la sorcière, mangea trop de chocolat. Choco-co, choco-co, choco-co, chocolat. Elle entre chez l’épicière, et vola des p’tits nougats. P’tits nou-nou, p’tits nou-nou, p’tits nou-nou, p’tits nougats ! »

Un bruit d’explosion se fit entendre en bas. Apparemment, la vieille aurait essayé de passer par la porte d’entrée piégée par Rasak.

«Elle dit d’un ton amer, j’ai mal à l’estomac. L’esto-to, l’esto-to, l’esto-to, l’estomac !

La porte et son encadrement avaient été complètement explosés par la bombe. Quelque mètres plus loin, la dame gisait au sol, elle gémissait de douleur. Des bouts de bois explosés avaient entaillé sa chair, et elle avait sûrement dû être brûlée par le souffle de l’explosion. Elle avait accepté de jouer, elle avait perdu.

«Sorcière, sorcière, c’est bien fait pour toi ! Sorcière, sorcière, retourne chez toi !»

Je lui passai les bracelets anti-magie, au cas-où.

«Sorcière, sorcière, c’est bien fait pour toi ! Sorcière sorcière, retourne chez toi ! Sorcière sorcière, c’est bien fait pour toi, sorcière sorcière, retourne chez toi. »

Rasak me rejoint, sûrement attiré par le bruit de l’explosion, et peut-être, possiblement, par mes chants.

«Heyyyy Rasak, j’ai fini de mon côté. On fout ça où ? »

Je pointais la chose blessée. Il me fit signe de le suivre, ce que je fis en chantonnant, tout en traînant la vieille, à moitié consciente, par les cheveux. Arrivé dans le salon, un homme était inconscient et menotté. Les années avaient passée, mais je le reconnu au premier coup d’œil.

«Jasper ?»

Qu’est ce qu’il s’était passé dans cette maison ? Pourquoi Jasper vivait ici avec trois inconnus ?

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Ombre rouge, bête infâme, tu y perdras ton âme ☺ Sofiane Rasak ☻ /!\ Askip y'aura du sang à un moment/!\ YXrjmkyG_o

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Garnet & Sofiane || Janvier 2021 - Charlestone, aux Etats-Unis
Sofiane laisse couler lorsque Davis lui explique ses histoires de famille. Après tout, cela ne le concerne en rien et il n’en a rien à faire en réalité. Qu’ils la croient morte et enterrée ou même au fond d’un fossé en train de dormir après avoir fait la manche toute la journée, il s’en fout. Ce qui est important, c’est qu’ils ne s’attendent pas à la voir, pas ici, pas comme ça, pas maintenant et l’effet de surprise est telle qu’ils seront surpris, c’est certain. Sofiane se demande même s’ils vont la reconnaître. Combien d’années ont passé ? Dix ans ? Il ne sait pas précisément mais est-ce qu’elle avait tant changé en dix ans pour qu’ils ne sachent pas qui elle est ? Sofiane n’en a aucune idée. Et encore une fois, il n’en a rien à foutre. Ce qui l’intéresse, c’est ce qu’ils vont leur faire. Il n’a aucun doute sur le fait que cela va être une mission simple et sans risque. Ils ne sont que deux, mais ils ont l’avantage de l’effet de surprise et Sofiane sait à quel point cet avantage peut être décisif dans une attaque inopinée. De plus, la nuit les dissimule, peut-être que certains d’entre eux dorment déjà, ils seront probablement éparpillés dans la maison et cela sera également un avantage de taille. Ils pourront les tuer un par un. Sofiane l’a bien compris, la cible prioritaire de Garnet, c’est son géniteur et il se doit de lui laisser, par respect. Cela va probablement le démanger mais elle lui a promis qu’il pourrait s’amuser avec d’autres personnes. C’est tout ce qui lui importe. « Tant mieux, je te donnerai mon indice satisfaction client après notre expérience dans ce cas. » dit-il, ne plaisantant qu’à moitié. Oui, il veut un retour sur son investissement. Venir jusqu’ici lui a pris énormément de temps et il espère que le jeu en valait la chandelle, tout simplement.

Garnet laisse Sofiane partir en éclaireur et lorsqu’il revient, ils se mettent d’accord Sofiane décide sur la démarche à suivre. Plus habitué qu’elle à ce genre de mission, son passé d’ancien militaire semblant prévaloir sur le reste. Après tout, il est sensé être entraîné à ce genre de manœuvre périlleuse et dangereuse. La différence est qu’il a à ses côtés une gamine et il ignore s’il peut lui faire confiance ou non dans la gestion de ses émotions et il ignore également si elle sera assez forte pour aller jusqu’au bout de sa démarche. Qu’à cela ne tienne, si ce n’est pas le cas, Sofiane finira le travail sans broncher, il n’attend que cela en réalité. « Parfait. » dit-il lorsque Davis dit qu’elle est uniquement là pour qu’ils crèvent tous jusqu’au dernier. À la bonne heure, voilà une belle parole sensée. Lorsqu’elle tente de le contredire sur la manière de faire, il fronce un sourcil et elle se reprend. « Bien sûr que j’ai raison. » La modestie n’a jamais été le fort de notre ami Sofiane. Il préconise les armes blanches, ce à quoi Davis semble enthousiaste. «Les armes à feu ont leur avantage mais effectivement, pour ce soir, la discrétion semble de mise. » Les deux compagnons s’élancent, chacun de son côté ; après avoir piégé la porte d’entrée, Sofiane attend Davis devant « l’atelier » avant  de crocheter la serrure qu’il est doué ce Soso tandis que Davis prononce des formules magiques. Sofiane lève les yeux vers elle tandis qu’elle murmure cela, mécontent qu’elle ose prononcer ce type de sacrilège devant lui. Elle a beau être née dans ce monde, pour le syrien, elle devrait tout réfuter et tout rejeter. C’est Satan, c’est le démon, c’est l’abomination. Tout cela est clair dans sa tête, tout cela est formel. Ils entrent et Sofiane officie un stratagème pour attirer la femme de la cuisine dans le « garage/atelier ». Une fois celle-ci neutralisée mais encore en vie, il demande tacitement à Davis de la reconnaître, mais cette femme ne lui dit rien. Tant pis pour elle. Il la tue froidement et Davis enfonce également sa lame dans sa poitrine. « T’as pas confiance ou quoi ? Elle était en train de crever, maintenant, elle est morte sans souffrir, c’est nul. Et arrête avec tes putains de sorts. » dit-il, déçu.

Ils pénètrent avec précaution dans la cuisine et une musique satanique s’échappe du poste de radio. L’odeur du repas est alléchante mais Sofiane ne touchera à rien de ce qui est proposé ici. Alors que Sofiane s’apprête à continuer l’excursion, Davis augmente le son de la radio. « Tu fous quoi putain !? » dit-il en se plaquant contre un mur, derrière la porte, au-cas-où quelqu’un viendrait à entrer par la porte. Sofiane reste en alerte, près à bondir sur n’importe qui pendant qu’elle… qu’elle quoi ? Qu’elle danse ? Estomaqué par la stupidité de la jeune fille qui chante, danse tout en goûtant le repas préparé par la femme qu’ils viennent froidement d’assassiner, Sofiane dit : « Tu manges de leur nourriture ? Tu me dégoutes. » Sofiane continue de faire le guet tout en regrettant son attitude inqualifiable qu’il ne comprend pas. Lorsque la porte s’ouvre tranquillement, il laisse Davis gérer, restant derrière au cas où un deuxième individu le suivrait mais ce ne fut pas le cas. Elle le tue avec une froideur qui fait sourire l’ancien militaire. Encore une fois, son regard passe de l’homme à Davis mais il comprend rapidement que ce n’est pas son père. Elle l’a tué trop vite, trop froidement, sans prendre le temps du plaisir. C’en était presque frustrant en définitive. Sofiane soupire et à ses interrogations, il demande : « T’es sûre que c’est la bonne maison au moins ? » Sofiane s’imagine tuer des gens qui n’ont au final n’ont rien à voir avec la famille de Garnet et un frisson le parc-, nan je déconne, il en a rien à foutre mdr, me dites pas que vous y avez cru. Lorsqu’elle propose de se séparer, Sofiane n’a rien contre la proposition et elle part s’occuper de l’étage tandis qu’il reste au rez-de-chaussée.

Méticuleux, Sofiane attend, il écoute, il fait attention. Son corps s’accélère quand il entend des bruits de pas s’approcher de lui pour rejoindre la cuisine et l’homme pénètre dans la pièce. Sofiane se jette sur lui mais l’homme réagit vite, contre son coup de couteau et ils s’engagent dans un combat à main nue. Sofiane tient toujours fermement la lame dans sa main et attaque sans crier gare, sans attendre. L’homme ne semble pas posséder sa baguette sur lui et tente de prendre un des couteaux de cuisine présent sur le plan de travail mais le coup de pied de Sofiane dans l’abdomen l’en empêche. L’homme attrape une casserole passant par là et la balance au visage de Sofiane qui esquive et elle s’écrase sur le sol dans un fracas insupportable. Eux qui souhaitaient être discret, c’est fichu… Toujours en proie avec l’homme qui commence à lui lancer tout ce qui est susceptible de le blesser, la bataille est rude, Sofiane n’ose pas tirer son couteau au risque de manquer la cible et de se retrouver sans arme. Alors qu’il réfléchit à ses options, un bruit d’explosion retentit et c’est suffisant pour désarçonner l’homme qui jette un coup d’œil derrière lui, Sofiane lui fracasse le crâne contre le mur et l’homme tombe inconscient. Comprenant rapidement que quelque chose clochait effectivement, Sofiane prend le parti de ne pas le tuer pour l’interroger une fois qu’il se sera assuré que Davis est en sécurité. Il se dirige vers la porte dont l’encadrement est ravagé par la détonation. Une autre femme git au sol, blessée par le souffle de l’explosion, Davis est en train de la neutraliser. « Laisse la ici pour le moment, elle pourra  pas aller bien loin. Elle sait peut-être quelque chose. » Sofiane s’approche d’elle et elle recule de frayeur, il faut dire que le sang sur le visage de Sofiane n’aide pas vraiment à garder confiance. La menottant elle aussi sur la rambarde de l’escalier, il dit : « J’ai choppé un homme, faut l’interroger pour avoir des informations. » Sofiane dirige Davis vers l’endroit. La maison semble bien calme maintenant et seuls les gémissements des uns et des autres se font entendre, tout comme le sifflement du vent qui s’engouffre désormais dans la maison par la porte explosée. Lorsque Davis prononce le prénom de l’homme, Sofiane lève les yeux vers elle. « Tu le connais ? » Il avait que vaguement écouté l’arbre généalogique de Davis mais il se souvient plus ou moins avoir entendu ce nom sur la liste. Sofiane se penche vers lui et le gifle pour évaluer son état d’inconscience. L’homme émerge doucement. Sans ménagement, Sofiane l’attrape et l’installe sur une chaise dans un coin de la pièce. « T’es réveillé ? Tant mieux, j’ai besoin que tu sois bien concentré. » Sans prévenir, son couteau s’enfonce dans l’une de ses cuisses et l’homme hurle de douleur. Sofiane le regarde avec une intensité qui ne présage rien de bon, il sait qu’il ne doit pas laisser sa rage le submerger mais en même temps, Davis lui a promis qu’il pourrait se divertir et le moins qu’on puisse dire c’est que l’homme n’est vraiment pas assez âgé pour être le père de cette dernière. Il était donc à lui et il allait pouvoir s’amuser avec lui le temps qu’il le voudra. Sofiane s’accroupit tandis que l’homme le regarde, le calme avant la tempête, c’est toujours comme ça qu’on installe un réel climat de confiance entre le tortionnaire et le torturé.
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«Où est papa ?»


Fais attention à toi. C’est ce que je me dis toujours. Bas-toi, survis. Parce que ma vie ne m’appartenait pas, et que je n’avais pas le droit d’y attenter. Je n’étais pas seule. Il y avait Amber. La pauvre et fragile Amber. Cette pauvre âme qui ne méritait pas de souffrir autant. Cette “poverino” comme disait de moi un autre prisonnier Cracmol qui était avec nous dans les geôles des mangemorts. Mais c’était le jour où ils allaient payer pour la pitoyable vie que nous avions menée jusqu’à maintenant. Le jour où il allait payer.

Sofiane était déçu que j’achève la sorcière, il estimait que je lui donnais une mort douce qu’elle ne mérite pas.

«Détrompe-toi. C’est pas une question de confiance, je suis juste bien placée pour savoir qu’on a une chance de s’en sortir. Tout ce qui compte, c’est qu’elle crève, on a pas le temps de vérifier l’état de son cadavre. On a d'autres chiens à crever.»

Une fois dans la cuisine, j’augmente le son de la radio et je me déhanche sur la musique. Ça ne plut pas à Rasak. Le fait que je mange de la nourriture qui était sur le feu, ça ne lui plaisait pas non plus. Je le pensais vraiment pas si coincé.

«Sois pas grognon, c’est de la bouffe gratos. Médiocre d’ailleurs, si tu veux mon avis. Dix à quinze minutes de cuisson en plus, ça aurait été parfait. » Je continuai d’encourager Sofiane à se lâcher «Allez, je sais que tu peux danser. Tuer, danser, c’est le même jeu, c’est facile. Tu ne sauras jamais, si tu n’essaies jamais !»

Et il était probable qu’on ne le sache jamais. Quelqu’un arrivait. Un vieux que je maitrisai et éliminai rapidement. Encore quelqu’un que je ne connaissais pas. Deux inconnus dans la maison de mon enfance. Rasak en vint même à me demander si j’étais sûre d’être au bon endroit. Je fouillai le macchabée et récupéra sa baguette.

«Oui… C’est la bonne maison. Ce sont des sorciers qui vivent là. La coïncidence serait bien trop grande. » Je regardai la baguette que j’avais dans les mains, ne sachant pas trop quoi faire de ce truc. J’hésitais à la fourrer au fin fond de son  postérieur, mais étant donné qu’il était mort, il ne ressentirait aucune douleur. Aucun intérêt... Je me contentai donc de briser le morceau de bois et de laisser les deux fragments sur le sol de la cuisine. «Je sais pas qui sont ces gens, mais ils sauront forcément me renseigner. Ils doivent connaître mon père ou… J’en sais rien. T’façon, c’est des sorciers, ils vont crever.»

On se mit d’accord sur le fait de se séparer afin de trouver d’autres personnes. Il finit de fouiller le rez-de-chaussée tandis que je me chargeai de l’étage. je restai un moment à observer notre ancienne porte de chambre, jusqu’à ce qu’un bruit en bas et qu’une voix de femme se fasse entendre à mon étage. J’allai donc à la rencontre de cette sorcière et, après une petite partie de loup entre nous, ma proie se retrouva au sol devant la porte d’entrée, ou plutôt ce qu'il en restait. Rasak me rejoint rapidement et m’annonça qu’il avait choppé un homme qu’on pourrait interroger.

«Parfait, ça laissera le temps à cette greluche d’être un peu réparée pour qu’on la cuisine à son tour.»

J’emboitai le pas de Rasak en essayant de la traîner par le cheveux, mais elle ne vint pas. Je regardai ce qui bloquait et constata qu’il l’avait menottée à la rambarde de l’escalier.  Qu’est ce qu’il avait dit, déjà ? Ah oui, de la laisser là pour le moment. Je suivis donc mon compère jusqu’à son prisonnier. Malgré les années qui ont façonné son visage, je n’eus aucun mal à reconnaître mon frère aîné. Sofiane me demanda si je le connaissais. J’hochai la tête.

«Mon frère aîné. Y’avait personne d’autre ? »

Je restai à observer pendant qu’il s’occupait de Jasper. Une bonne baffe pour le faire émerger, avant de le caser sur une chaise dans le coin de la pièce. Perdue dans mes souvenirs, j’entendais seulement les hurlements de notre prisonnier pendant que Rasak faisait connaissance avec lui. Jasper et Lazuli, les préférés de papa. Jasper était destiné à devenir l’Homme de la famille quand papa n’en serait plus capable et Lazuli serait là pour le seconder au besoin. Amber ? Elle n’était qu’une fille. Nous n’étions que leur Cracmouille sans pouvoir, bonne à rien. Même pas foutue d’être mariable plus tard. J’avais autant d’importance qu’un elfe de maison. Et encore, comme m’avait dit une fois Jasper, un elfe de maison a de la magie, lui. J’étais destinée à être traitée comme une chienne, une chatte de gouttière, un animal qui traîne pieds nus sur les pavés. J’étais un péché mortel à regarder.

Un péché mortel… Je serrai fermement Sheila en fixant Jasper. Je vais leur en montrer du péché mortel… J’avais chaud, malgré les grands courants d’air provoqués par la porte explosée. Je pouvais sentir mon sang bouillir. Les bras, les jambes. Je sentais la colère brûler mon corps. J’écartai Rasak et asséna de violents coup au visage de Jasper, empoignant ma dague aussi fort que je le pouvais pour donner davantage de force à mon poing. Je cognais... Cognais... Cognais... Cognais... Cognais...

«TU… VAS… ME DIRE… OÙ… IL EST !!!»

Je laissai tomber Sheila au sol pour attraper mon frère, sans douceur, aucune, et le balancer, lui et la chaise à laquelle il est menotté; de l’autre côté de la pièce. Ma rage n’allait clairement pas s’arrêter à me donner la force de le balancer d’un bout à l’autre de la pièce. Je m'emparai d’une autre chaise que je comptais bien fracasser sur sa petite gueule d’enfoiré. J’aurais pu le faire, j’allais le faire… Mais Rasak me retint. Qu’est ce qu’il avait, il n’aimait pas mes méthodes ? Oh misère… Tout le monde avait donc décidé d’être mon ennemi ? Mais il avait raison. Si je rossais Jasper jusqu’à la mort, je ne saurais jamais où est mon père. Je me fis violence pour reprendre mon calme et, dans un grand sourire forcé, je reposais sagement la chaise là où je l’avais prise. Je l’alignais doucement pour qu’elle soit bien rangée, avant de ramasser Sheila que j’avais laissée tomber sur le sol. Je la rengainai dans son fourreau avant de jeter un œil à l’état déplorable dans lequel était déjà mon frère. Il était avachi sur le sol, toujours attaché à la chaise qui devait l’empêcher de se relever. Il baignait dans son sang, ce n’était qu’à cet instant que je vis la blessure sur sa cuisse. C’était donc pour ça le hurlement. J’approchai de lui à pas de félin. J’aurais voulu lui épargner ma sympathie, mais il fallait donner à notre proie une illusion d’un peu de douceur, avant de le faire hurler encore plus fort.

«Mon pauvre Jasper. Tu dois avoir tellement bobo… Mon pauvre, pauvre frère chéri, il faut panser cette vilaine blessure. » Je l’aidais à relever sa chaise, et à l’asseoir correctement dessus, tout en faisant un clin d'œil complice à Rasak. «Il ne faudrait pas que ça s’aggrave quand même. Au fait, tu sais où je peux trouver papa ?»

Il me regarda, sans vraiment comprendre, ou sans vouloir comprendre puis… Peu à peu, je pouvais voir ses yeux s’éclaircir de compréhension. Ses lèvres formèrent des syllabes sans sortir le moindre son, avant qu’il ne prononce le prénom d’Amber à voix basse.

«Non chouchou… » Je déposai un baiser sur sa joue, avant de chuchoter près de son oreille. «Moi… C’est Garnet.»

Cette fois, ce n’était pas de la compréhension que je vis dans ses yeux… Mais de la peur.

«Je t’ai manqué ?»

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TW. Violence et torture.

La partie ne fait que commencer mais déjà Sofiane est excité par la tournure que prennent les choses. Cela fait trois minutes qu’ils sont entrés et déjà l’une de ces abominations se vide de son sang dans l’atelier. Alors qu’il lui prédisait une mort lente, douloureuse, à laquelle elle aurait le temps de penser et de voir toute sa vie en accéléré dans son esprit, Davis achève la sorcière, provoquant chez Sofiane un profond sentiment d’insatisfaction et d’injustice. Il aurait aimé qu’elle souffre davantage. « Mais tu te fous de moi, le coup que j’ai donné était trop précis pour ça, elle n’aurait pas pu s’en réchapper. Tu travailles pas avec un amateur là. Celui qui t’a lancé ce sort, s’il avait voulu que tu meures, tu serais morte. Il devait pas être doué cet abruti. » Après tout, elle avait été blessée mais on l’avait rafistolé. Sofiane n’aurait jamais laissé l’autre s’en sortir, c’était peut-être l’expérience du meurtre qui lui bénéficie dans ce cas précis. Enfin, l’heure n’est pas à la parlotte et les deux compagnons d’infortune pénètrent dans la pièce attenante, une cuisine où l’odeur pestilentielle d’un repas cuit tranquillement. Écœuré par l’attitude de Davis qui chante, danse et goutte la nourriture de l’ennemi, il fait le guet, craignant qu’elle n’attire d’autres sorciers. Se tenant prêt à intervenir, il marmonne : « Si c’est médiocre, j’vois pas l’intérêt. » En plus du fait que cela pourrait être empoisonné. Ou fabriqué avec des ingrédients magiques qui les rendraient malades. Sofiane n’a même pas envie de prendre le risque. Il est habitué à subir la faim ; parfois sur les champs de bataille, il fallait tenir la position pendant des heures sans manger et sans être ravitaillé. C’était les risques du métier alors il n’a même pas envie de toucher à quoi que ce soit ici. «  Je danse pas. Aucune chance. » Coucou Chad. Se concentrant sur la porte qui s’ouvre devant eux, il laisse néanmoins Davis s’en charger. Elle se débrouille pas mal la gamine. Se rendant compte qu’il s’agissait une fois de plus d’une personne qu’elle ne connaît pas, Sofiane en vient à imaginer qu’ils se sont trompés de maison. Pourtant, la jeune femme semblait plutôt sur d’elle lorsqu’ils sont arrivés devant la demeure. Elle confirme qu’il s’agit bien de la bonne bâtisse et elle conclue en disant que même si elle ne les connaissait pas, ils étaient des sorciers, donc autant les tuer. Approuvant cette analyse profonde et particulièrement réfléchie, les deux acolytes se dispersent dans la maison ; Davis à l’étage, Rasak au rez-de-chaussée. S’occupant d’un homme avec qui il mène un combat acharné dans la cuisine, Sofiane finit par le maîtriser. Sofiane est précis, rapide, méthodique. S'en prenant à l'homme, puis à la femme. Le menottant à la rambarde de l’escalier, il fait signe à la gamine de le suivre jusqu’à l’homme qui lui est tombé dessus. Son frère aîné. D’accord. C’était donc bien la bonne maison T’as vu Elyakimdourloulou, Soso il a pas tué les gens de la mauvaise maison, trop chouette. « Personne je crois. » L’ancien militaire s’évertue à ce que l’homme revienne à lui avec une technique bien à lui qui lui ressemble, une fois que celui-ci semble être réveillé, Davis le pousse pour se mettre face à son frère. « Reste avec lui, je vais aller vérifier toutes les autres pièces. » dit-il avant de partir. Il la regarde s’approcher de lui avec sa lame entre les doigts. « T’amuse pas trop sans moi hein. » ricane-t-il, un sourire carnassier s’installant sur ses lèvres. Tandis qu’il s’éloigne, il l’entend frapper, il l’entend hurler. Cela présage de belles retrouvailles familiales. Il procède à une vérification sommaire et précipitée du reste des pièces du rez-de-chaussée avant de s’attaquer à l’étage. Mais vu le bruit que fait la jeune femme en bas, il est fort à parier que s’il y avait eu quelqu’un d’autres ici, il serait déjà descendu ou aurait déjà pris la tangente. Il se dépêche, il a hâte d’assister au déchainement de violence.

Revenant auprès de Davis qui malmène son frère tel une vulgaire poupée de chiffons, accoudé auprès de l’embrasure de la porte, Sofiane se délecte du spectacle avec un plaisir non dissimulé. Toute cette brutalité, cette barbarie, cela lui plaît plus que de raison. Il regarde Davis réinstaller confortablement son frère sur la chaise et en réalité, la déception peut presque se lire sur le visage du syrien. Il faut dire que l’homme ne semble pas très réceptif, pas très enclin à parler. S’essayant à une technique plus « douce », peut-être pour obtenir davantage de coopération, Garnet s’adresse à lui avec une voix mielleuse que Rasak déteste immédiatement. Mais c’est une technique comme une autre après tout. Lorsqu’elle prononce le mot papa, les rouages du cerveau de son frère semblent enfin se mettre en marche alors qu’il chuchote le prénom Amber. Sofiane fronce les sourcils, pour lui, c’est Davis. Amber, c’est du passé, il n’aime pas qu’il l’appelle comme ça. Davis ne se laisse pas faire, rectifiant la vérité sur son identité. Elle n’est plus la sœur qu’il a connu, c’est vrai. C’est une guerrière désormais, une membre active du Blood Circle. Une demeurée. Une cinglée. Ils l’avaient rejeté mais elle est devenue plus forte qu’ils ne l’auraient jamais imaginé.

L’homme ne répond pas aux sollicitations de la jeune femme alors Sofiane s’approche et un de ses poings termine dans son estomac, bloquant la respiration de Jasper pendant de nombreuses secondes à cause de la violence du choc. « Elle t’a posé une question. » Jasper relève les yeux vers Garnet et l’incompréhension se lit sur son visage. Il ne semble pas saisir les motivations de leurs venues. « On cherche votre père. Dis-nous où il est ou on tue les autres. » Il y avait la femme qui patientait toujours sagement accroché aux escaliers. Les autres sont déjà morts mais il n’est pas supposé le savoir. Souriant d’un air mauvais, Sofiane se penche vers lui et murmure : « On ne se connait pas mais rassure-toi, on a toute la nuit pour apprendre à se connaître… » Le poignard de Sofiane glisse sur l’avant-bras dénudé du sorcier et sans crier gare, il l’enfonce au creux de l’épaule. Le hurlement de Jasper transperce les tympans du syrien comme une douce mélodie. Cela lui plaît d’entendre tout ça, cela l’excite même. Il se sent puissant, avec le droit de vie ou de mort dans le creux de sa main. Dans un chuchotement à peine audible, il demande : « Vous voulez quoi ? » Un pli soucieux s’installe sur le front de Sofiane et ses doigts viennent trifouiller la plaie à vif de son épaule. Le cri de Jasper ne suffit pas à Sofiane qui continue à appuyer fortement sur sa blessure. « T’es con ou tu le fais exprès ? Je t’ai déjà dit ce qu’on voulait. » Se tournant vers Davis, il demande : « A ton avis, il parlera ? » Est-ce que la torture sera suffisante pour lui faire cracher le morceau ? Ou bien sera-t-il une tombe, emportant avec sa mort ses secrets ? Sofiane l’ignore. Mais après tout, dans les deux cas, ils ont l’occasion de s’amuser avec lui et cela vaut bien toutes les révélations du monde.
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«Bon appétit.»


Rasak n'aimait pas que j'achève cette chose. Cependant, il soulevait des points pertinents et je craignais que si la discussion s'éternisait, il ne comprenne que je m'étais infligée moi-même cette blessure.

«Écoute, ce qui est fait est fait, elle se relèvera pas, c’est tout ce qui compte.»

Une fois dans la cuisine, je me laissai aller à chanter et danser. J’étais dans la maison de mon enfance, et j’allais enfin pouvoir tuer Papa. Papa, Lazuli et Jasper. Et maman aussi ! Mais surtout papa. Rasak ne semblait pas du tout aimer mon comportement. Encore moins lorsque je sortis deux assiettes et que je servis le contenu du truc qui mijotait. Mon binôme n’approuvait pas, je me contentais de répliquer que c’était de la bouffe gratuite, bien que médiocre. Aucun intérêt si c’est médiocre. J’haussai les épaules.

«On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a.» Et ça m’arrivait souvent de ne rien avoir. «La médiocrité vient seulement du manque de cuisson. Y’a rien de magique là dedans. Un simple plat de viande pas assez cuit.»

Rasak était trop sérieux. Il ne voulait pas manger, il ne voulait pas danser. Il était bien plus léger lorsque j’étais dans sa cage. Un homme entra dans la cuisine, agacé par le bruit de la radio. Il fut surpris de me voir et n'eut pas le temps de réagir avant d’être frappé par le trépas. C’était bien la bonne maison. Il était possible que je me trompe de maison, mais improbable que je désigne une autre maison de sorciers. Mais un point important était soulevé… Si c’était la bonne maison, pourquoi des inconnus y vivaient-ils désormais ? Je l’ignorais, mais ces gens devaient forcément connaître mon père. J’espérais juste qu’ils ne lui avaient pas fait de mal. Ce serait quelque chose d’horrible… Il était à moi ; à moi et à moi seule.

On décida donc de se séparer pour trouver les autres habitants. On savait qu’il restait au moins un autre homme. Il fallait les trouver et les interroger. Je pris l’étage tandis que Rasak s’occupait de finir de vider le rez-de-chaussée.

On se retrouva un peu plus tard, un prisonnier chacun. Je fus surprise de retrouver Jasper ; je ne m’attendais plus à retrouver un membre de ma famille dans cette baraque. Rasak me laissa seule avec lui pour célébrer nos retrouvailles. Un frère et une sœur, enfin réunis, ça devait se fêter, on avait tellement de choses à se dire. Jasper n’était clairement pas une lumière, il mit du temps à comprendre. Ce ne fut que lorsque je demandai où trouver Papa que son cerveau se mit à fonctionner. Le con… Il pensait que j’étais cette pleurnicharde de Amber ! Rasak intervint. Il donna un violent coup de poing dans le bide de Jasper qui eut le souffle coupé. L’interrogatoire avait commencé. Jasper me regarda sans comprendre tandis que Rasak continuait l’interrogatoire. Il lui expliqua qu’on cherchait Papa. Il somma Jasper de répondre sans quoi on tuerait les autres. Je gloussai.

«Ahem… Pardon. Oui… Ce serait vraiment dommage qu’il leur arrive quelque chose parce que tu ne veux pas parler… D’ailleurs, qui sont ces gens ?»

Il ne répondit pas. Peut-être qu’il était sous le choc, qu’il n’arrivait pas à assimiler nos questions ; qu’il ne se rendait pas compte de ce qu’on lui demandait. Rasak ce chargea de le réveiller d’un coup de poignard dans l’épaule et jasper finit par demander ce qu’on voulait. Rasak insista en appuyant sur sa blessure pour que le message passe une bonne fois pour toute : on cherchait mon père.

«On n’est pas pressé.»

Je n’ajoutai rien de plus. Le message me semblait assez clair ; aussi bien pour Rasak que pour Jasper. On lui laissera pas le plaisir de mourir tant qu'il n'aura pas parler. On ne comptait pas le forcer à parler, mais j'étais persuadée qu'il finirait pat se lâcher.

«Faudra juste le rafistoler de temps à autre, pour pas qu’il nous clamse trop vite dans les bras. Mais si on le prive d’eau, de bouffe, de chiottes. Y’aura bien un moment où on pourra lui demander ce qu’on veut, juste pour qu’il ait le plaisir de tremper sa langue dans un bol de lait ou pour qu’il puisse se changer. Puis, y’a toujours les autres à crever en guise de motivation.» Je donnai un coup de pied dans le tibias. «HEIN JASPY ?»

«Amber. Je comprends pas. Je sais rien ! »

«Je suis Garnet.»

Il ne comprenait vraiment rien, mais j’étais certaine d’une chose : ça prendrait le temps qu’il faudrait, mais on l’aurait à l’usure. J’avais beaucoup appris auprès des mangemorts, surtout après mon transfert. Ils aimaient nous montrer ce qu’ils infligeaient aux autres. Qu’ils nous torturent pour recevoir des informations, pour nous punir, ou simplement nous humilier. Ils ne reculaient devant rien. Et même les prisonniers les plus loyaux envers leur promesses finissaient par parler pour que ça s’arrête. La douleur… La faim… La soif… Le froid… La vie… Quand on était de l’autre côté de la cage, on voulait que ça s’arrête une bonne fois pour toute. À tout prix. Quelle qu’était la résilience de notre corps, ou de notre esprit. Plus on résistait, et plus ils trouvaient de nouvelle manière de nous briser. Les pires tortures n’étaient parfois pas les plus douloureuses. Juste les plus insupportables. On finissait toujours par craquer, par céder pour un peu de répit. Tous. Même moi. Et c’est pour cette raison que je sais que Jasper cédera.

«J’reviens. J’vais lui chercher une source de motivation.»

Je laissai Rasak seul avec le frangin pour me rendre dans l’atel… le garage. L’autre poufiasse était toujours raide mort sur le sol. Aucun phénomène magique ne l’avait ramenée à la vie. Je ne m’en préoccupais pas. Je cherchais quelque chose. Quelque chose de… Ah ! Voilà ! Je m’emparai d’une hache et me rendis dans la cuisine. Je posai la hache contre le mur puis arrêtai la cuisson du plat sur le feu. Ça devait être bien cuit maintenant… Peut-être trop. Rasak allait encore se plaindre. Je fouillai dans les placard jusqu’à je trouve un grand plat et un couvercle en métal.

«Parfait.»

Je le pris et le posai sur la table puis je déplaçai le corps du vieux pour le mettre dans un angle qui était plus pratique pour moi. Je m’emparai finalement de la hache.

«Sectumsempra !»

Je revint finalement, un peu plus tard, auprès de Rasak et Jasper dans notre salle de torture improvisée. J’avais un grand plateau qui contenait deux assiettes, recouvertes chacune par une autre assiette pour en garder le contenu tout chaud, et le grand plat en argent avec couvercle.

«J’apporte de quoi bouffer. Alors ? Il a parlé ?» J’arborai un large sourire en anticipant la suite. «J’ai un peu cuisiné le vieux, il n’a rien dit d’intéressant. Jasper, j’espère pour toi que tu vas vite te mettre à table. »

Je poussai la chaise avec mon frère jusqu’au bord de la table où j’avais posé le plateau.

«Bon appétit !»

Je soulevai le couvercle et une forte odeur de sang embauma la pièce.

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Garnet & Sofiane || Janvier 2021 - Charlestone, aux Etats-Unis
Il y avait cette étrangeté chez Davis que Sofiane ne saurait qualifier. En vérité, on l’avait lui aussi régulièrement traité de fou, de cinglé, de personnalité psychopathique parfois. Pour autant, le jeune homme n’avait jamais cherché à se mêler à ses semblables, préférant éviter ceux qu’on traitait différemment parce qu’ils avaient ce quelque chose en plus que les autres ne possédaient parfois. À bien des égards, Davis était singulière ; et pour parler franchement, pour que Sofiane relève son caractère atypique, c’était que sa personnalité lui sautait aux yeux. Pourtant, la première impression qu’elle lui avait laissé lors de leur rencontre ne lui rendait pas justice et il préférait de loin la personne qui l’avait accompagné tout au long du voyage. Pour être honnête, il y avait quelque chose qui lui plaisait chez elle mais également quelque chose qu’il haïssait. C’était à cause de ce curieux entre-deux que Sofiane ne parvenait pas à comprendre si elle ferait une bonne alliée ou non, il n’arrivait pas à la cerner. Elle pouvait à la fois être extrêmement brillante puis d’un autre côté être tout à fait stupide. Cette danse initiée dans la cuisine n’avait rien pour plaire au syrien qui se contentait de continuer de monter la garde tandis qu’elle semblait devenir aussi insignifiante que les autres femmes aux yeux de Sofiane. Lorsqu’elle commença à ingurgiter de leur nourriture, il ne put dissimuler son mécontentement même si son dégoût avait atteint son paroxysme. Elle avait beau donner tous les arguments qu’elle souhaitait jamais il ne touchera à cela. « Je préfère crever que d’en manger. » Sur un ton sarcastique, il déclara : « Mais comme aujourd’hui je me sens généreux, je te donne ma part. » Celui qui a la référence gagne une chocogrenouille. Les deux comparses n’eurent guère le temps d’échanger davantage puisqu’un homme pénétra dans la cuisine et ce fut le début des hostilités.

Rien ne semblait plus arrêter Sofiane et Garnet, prêts à aller au bout de leur mission quel qu’en soit le prix à payer. Ils fouillèrent l’étage et le rez-de-chaussée chacun de leur côté, s’occupant de pulvériser sur leur passage les abominations qui se mettaient en travers de leur route. La technicité de Sofiane en ferait pâlir plus d’un et il le savait, il n’avait rien à craindre de ces monstres. Il était plus fort qu’eux. Plus préparé, plus investi, plus enragé. Rien ne pouvait plus l’arrêter. Ce Jasper allait en prendre pour son grade et ils allaient se faire un malin plaisir de lui faire cracher le morceau ; ils ne partiraient pas d’ici sans obtenir l’information qu’ils étaient venus chercher, ils ne partiraient pas d’ici sans qu’ils soient tous morts. Cela, c’était certain. Mais pour autant, lui ne savait pas encore ce dont il était capable donc Sofiane se permit de remettre quelques pendules à l’heure en lançant les attaques. La torture, c’était son domaine ; il l’avait pratiqué pendant des années lorsqu’il travaillait encore dans l’armée syrienne. Il avait assisté à des dizaines de scènes comme celle-ci et en avait dirigé plus d’une et sur le lot, peu en étaient ressortis vivants, peu leur avaient résisté. Pour autant, Sofiane savait qu’il ne devait pas bouder son plaisir ce soir tout en permettant à Davis d’obtenir les informations qu’elle souhaitait. Et pour tout avouer, son frère semblait plus idiot que la moyenne, ne reconnaissant même pas sa cadette. Et pour couronner le tout, Sofiane avait dû expliquer ce qui lui valait le plaisir de leur visite ; ils cherchaient leur père. Que ne comprenait-il pas dans cette phrase ? Était-il si stupide ? Mais les deux membres du Blood Circle avaient tout leur temps, tout le temps qu’ils voulaient pour le faire parler et Sofiane savait que ce n’était pas dans les premières minutes qu’un prisonnier lâchait les informations souhaitées. C’était un travail de longue haleine, un travail qui nécessitait du temps. « Joue aux infirmière si ça te chante, moi je rafistole pas ce que je défonce. Règle d’or. » A inscrire à côté de « ne pas manger la nourriture de l’ennemi », cela allait sans dire. « Ne t’inquiète pas.. Il parlera… Cela ne fait que commencer. » Comme pour illustrer les propos de Sofiane, le pied de Garnet cogna son tibias. C’était mignonet. Mais il allait falloir monter en puissance. Amber ?. Pourquoi l’appelait-il Amber ? Sofiane fronça les sourcils mais ne posa pas de question. Cela ne le concernait pas, cela ne l’intéressait pas. Probablement leurs histoires de famille et il ne voulait pas y être mêlé. La seule chose qu’il voulait, c’était participer au massacre.

Davis quitta la pièce à la recherche d’une source de motivation et cela ne fut long pour qu’il s’installe confortablement auprès de leur victime. Attrapant une chaise et s’asseyant à l’envers, il regarda le dit-Jasper de ses yeux sombres qui témoignaient de l’envie grandissante qu’il avait de l’empaler sur place. Pour autant, il devait réussir à réfréner ses pulsions afin d’atteindre leur but : ce n’était pas une mince affaire. Davis tardait à revenir et il s’impatientait de plus en plus. Il se redressa rapidement et sans crier gare enfonça la semelle de sa chaussure dans la figure un peu trop immaculée du monstre. La violence du choc l’envoya au tapis et Sofiane le remit droit sur sa chaise en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire. Ses prunelles assoiffées de vengeance pour Garnet ne demandaient qu’à recommencer mais son esprit lui réclamait une indulgence qu’il peinait à obtenir. Que faisait-elle ? Il entendait comme des bruits de casseroles qu’on remuait sans bien comprendre ce qu’elle cherchait faire. Allait-elle lui servir le repas que Sofiane avait refusé d’avaler ? Aucune idée. Il se contenta d’attendre dans le plus grand des calmes alors même qu’à l’intérieur de lui, son esprit bouillonnait, son esprit désirait ardemment s’en prendre à lui, entailler sa peau, ouvrir davantage ses plaies. La souffrance, la douleur ; tout cela n’était qu’illusoire pour Sofiane, seul comptait son propre plaisir et la jouissance qu’il ressentait à s’adonnant à ce type d’actes horrifiants. Alors qu’il s’apprêtait à se lever à nouveau pour lui donner un autre coup bien senti, Davis réapparut dans la pièce, un plateau quasiment plus grand qu’elle dans les mains. Elle lui demanda s’il avait parlé. « Non. On en est encore aux présentations. »

Immédiatement, Sofiane arqua un sourcil se demandant pourquoi elle s’évertuait soudainement à jouer les cuisinières. N’avaient-ils pas autre chose à faire que de se transformer en bons samaritains ? Mais lorsqu’elle ouvrit la bouche et montra le contenu des assiettes, un sourire narquois s’installa sur ses lèvres. « T’es complètement folle. » C’était un fait. Et dans la bouche de Sofiane, cela sonnait presque comme un compliment. Il la regarda pousser la chaise de son frère jusqu’à la table et une idée germa dans son esprit. Il se rendit dans le couloir où la vieille femme, toujours menottée à l’escalier, tentait de faire céder celles-ci. « Voyons. » Le coup de poing fut féroce, sans demi-mesure et du sang commença à s’écouler lentement de ses lèvres. La violence du choc la sonna suffisamment pour que Sofiane puisse la détacher sans prendre un grand risque puis il la traîna par les poignets, tirant violemment sur ceux-ci tandis qu’elle tentait de se débattre. Mais déjà affaiblie par le souffle de l’explosion, elle ne pouvait pas faire grande chose de plus que de s’égosiller. Sofiane n’en était pas à son coup d’essai non plus. Il la fit glisser jusqu’à la pièce et l’installa contre un mur. Il accrocha sa menotte sur une barre de fer qui descendait du plafond jusqu’au plancher sans qu’il ne comprenne bien à quoi cela pouvait-il bien servir. Il se réinstalla sur la table, s’asseyant en tailleur devant Jasper tout en remarquant que Davis avait rapproché les "morceaux" du vieillard de son visage. Sofiane sortit l’un de ses couteaux et expliqua : « Les règles du jeu sont simples. » Il fit tourner sa lame entre ses doigts avant de dire sans faux-semblant : « Tu manges où c’est elle qui déguste. » Et sans prévenir, afin de donner un avertissement et lui prouver qu’il ne plaisantait pas, il lança le couteau dans l’avant-bras de la vieille dame qui hurla sous le coup de la douleur. Ce son, une douce mélodie pour les oreilles du photographe qui regrettait presque de ne pas avoir pris son appareil afin d’immortaliser le moment.

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«Comment maman est morte ?»


Rasak n’était pas d’accord avec le fait de rafistoler Jasper. Il avait pour règle d’or de ne pas réparer ce qu’il brisait, ce que je pouvais comprendre. Il m’assura toutefois que notre prisonnier parlera, que l'interrogatoire ne faisait que commencer. Jasper avait cependant encore du mal à assimiler le fait que je n’étais plus Amber.

«Évidemment qu’il parlera. Mais ça n’a rien d’intéressant s’il est abîmé, ou s'il meurt trop rapidement. S’il se vide trop vite de son sang, ça n’aura plus rien d’amusant.» Je fixai Jasper d’un air mauvais. «Évidemment, c’est plus facile pour eux de nous torturer. Ils peuvent nous soigner d’un simple coup de baguette, et recommencer. Pendant des jours, des semaines, des mois, des années, une décennie. Ils peuvent effacer notre mémoire, pour qu’on oublie les tortures qu’ils nous ont faites subir, pour le simple plaisir de nous voir redécouvrir la manière dont ils nous torturent.» Je souris à Jasper. «Mais t’en fais pas Jaspy. On sera pas en manque d’idées de notre côté. Ça va le faire.»

J’allai donc chercher ce qui allait motiver notre victime à se délier la langue. Je fouillai dans le garatelier pour finalement trouver une hache bien lourde. Je retournai ensuite dans la cuisine et après plusieurs coups je pus sectionner la tête du vieux sorcier que je glissai dans un plateau en argent, j’ajoutai également d’autres morceaux moins identifiables. Je remplis ensuite deux assiettes avec le plat qui avait fini de mijoter et revins dans la salle d’interrogatoire. Bien entendu, mon frère n’avait rien dit d'intéressant pendant mon absence. J’expliquai que j’avais un peu cuisiné le vieux, mais qu’il n’avait rien déclaré d'intéressant et j’espérais donc que Jasper se mette rapidement à table. Plutôt fière des mes jeux de mots, je m’empressai de révéler le plat réservé à Jasper. Une odeur de sang s’échappa du plateau et Jasper hurla à plein poumons. Rasak et lui eurent à peu près les mêmes propos ; me qualifiant l’un et l’autre de “complètement tarée”, la différence étant que le ton de Rasak était plutôt flatteur : il ne le disait pas comme une insulte. Je levais les yeux vers lui et je vis qu’un sourire se dessinait sur son visage.

«Je dirais plutôt que je me donne les moyens d’être persuasive… »

Rasak s’absenta un moment tandis que Jasper baragouinait des phrases incompréhensives ponctuées de “putain”.

«Tiens, puisqu’on parle de Putains, où est maman ? Pourquoi il n’y a que toi ?»

Jasper me regarda avec un air mauvais et cracha.

«Elle est morte à cause de toi, tu lui as volé sa magie.»

Maman est morte. L’annonce me fit l’effet d’un coup de couteau. Je n’étais ni triste, ni contente, ni… Elle était la seule à avoir réellement pris soin de Amber. Elle était la seule dont je n’avais pas réellement défini le sort. C’était en partie pour ça que la présence de Rasak était bienvenue. Papa était à moi, on aurait pu se partager les frères et je n’avais pas à décider du sort de maman. Mais maman était déjà morte, et nous n’y étions pour rien. Et si papa était déjà mort ? Je n’aurais pas le privilège de le tuer moi-même ? Je serrais les dents et m’empara de la tête de l’homme décapité et m'apprêtais à cogner son crâne de toutes mes forces sur le visage de Jasper ; mais Rasak était revenu. Il traînait la vieille qu’il attacha à une barre de fer. Il s’installa ensuite en tailleur sur la table, sortit un couteau et expliqua les règles de son nouveau jeu. Je grommelai.

«Y’a des chaises putain… Et à ce propos de déguster, on a de quoi manger de notre côté.»

Rasak regarda les deux assiettes puis me regarda comme si j’étais la dernière des demeurées. Il jeta son couteau sur l’avant-bras de la vieille qui se mit à hurler. De mon côté, je caressai le manche de Sheila. Je n’appréciais pas le lancer de couteau, si j’utilisais ma dague comme une arme de jet, ce serait un peu comme si je trahissais la confiance qu’on avait l’une envers l’autre. Et pour rien au monde je ne trahirais ma plus fidèle amie.

Deux jours passèrent. La vieille était morte ; elle n’avait pas fait long feu, Jasper avait refusé de manger ce qu’on lui avait servi. Il avait rapidement compris qu’il était le dernier survivant de la maison et, de notre côté, nous avions fini par apprendre que les autres habitants étaient simplement sa femme et ses beaux-parents. Des informations inutiles, mais il avait commencé à se confier ; légèrement. Entre temps, Rasak et moi nous nous étions disputés à plusieurs reprises à propos de la nourriture ; il refusait de toucher à leur bouffe, considérant que c’était contre-nature. Cet entêté ne voulait pas admettre que la nourriture n’avait rien d’ordinaire et ce fut seulement quand j’avais rétorqué qu’il y avait peu de chance qu’on soit dans la zone de couverture des services de livraisons qu’il se décida à aller faire des course d’aliments qu’il accepterait de manger.

Jasper était allongé et sanglé sur la table. Il empestait sa propre pisse, et bien pire encore. Nous avions improvisé un dispositif qui permettait de faire tomber des gouttes d’eau à intervalle plutôt régulier directement sur ses yeux que nous maintenions ouvert avec du ruban adhésif. Nous ne savions pas vraiment à quel point ce supplice en était un, mais… On a décrété que le priver de sommeil avec des gouttes d’eau alors qu’il commençait à montrer des signes importants de déshydratation et de famine serait plutôt une bonne chose. De notre côté, nous n’avions absolument aucun scrupule à manger et boire devant lui. Jasper était dans un sale état. Il était fort à parier que s’il ne nous révélait pas l’endroit où Jacob habitait, c’était uniquement par entêtement, il savait qu’il était condamné et ce n'étaient pas les maigres pansements que je pouvais lui appliquer qui risquaient de changer grand chose.

Au final, la seule chose sur laquelle il s’était vraiment confiée, c’était la mort de maman. Je voulus en apprendre davantage.

«Tu ne m’as toujours pas dit comment maman était morte. J’pense que j’aurais été au courant si j’avais sa magie. Ça m’aurait évité bien des ennuis avec les amis de Tante Gladys.»

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Garnet & Sofiane || Janvier 2021 - Charlestone, aux Etats-Unis
Sofiane n’était pas homme à apprécier qu’on discute ses ordres ou plutôt ses convictions et ses désirs. Il avait envie de, il faisait. Il refusait de, il attendait qu’on exécute. Il avait des divergences d’opinion avec Davis, divergences qui se ressentaient dans le ton de voix qu’il employait et dans la manière dont il agissait mais la jeune femme était suffisamment intelligente pour comprendre qu’il ne servait parfois à rien de polémiquer. Il était buté, entêté ; il avait sa vision du monde, sa vision des choses et aucun argument ne pouvait le faire changer d’avis ; que ce soit sur la nourriture des sorciers ou même sur la manière de torturer le frère de la jeune femme. Néanmoins, il était bien conscient d’une chose, ils avaient carte blanche. Tout ce qu’ils pouvaient bien faire dans cette maison était approuvée par le Blood Circle et Sofiane n’avait pas fait tout ce chemin, enduré un vol long de huit heures et la balade en voiture à zigzaguer d’un chemin à un autre pour ne pas tailler sa part du cadeau. Il ne devait rien à Davis, absolument rien mais étrangement, sa compagnie lui était sympathique alors que son immaturité était telle que Sofiane haïssait sa manière d’agir. Son côté humain LOL l’expliquait par les sévices et les horreurs qu’elle avait subi étant plus jeune, alors que son côté sombre lui intimait qu’elle avait peut-être toujours été étrange. Le mot étrange était un euphémisme mais également une belle hérésie qu’il alimente les pensées de Sofiane car lui-même, n’était somme toute pas vraiment normal comme garçon. C’était probablement la raison pour laquelle elle l’avait choisi en définitive parce qu’elle savait qu’il ne reculerait devant rien et qu’il serait à même de « finir le travail » si jamais cela s’avérait nécessaire. Lorsqu’elle annonça à son frère que leur duo ne serait pas à court d’idées, un maigre sourire s’installa sur les lèvres du syrien ; c’était bien certain. Sofiane avait l’expérience, Davis l’imagination. Ce n’était peut-être qu’une petite consolation pour lui mais il devait le savoir ; ce qu’ils comptaient lui faire ne cessera que lorsqu’ils auraient les informations qu’ils nécessitaient. Quant à sa mort, il pouvait aisément imaginer qu’elle viendrait à la fin de l’interrogatoire ; il fallait être stupide pour penser que Rasak et Davis le laisseraient s’en tirer à si bon compte. La décision finale reviendrait probablement à la jeune femme ; en tant que parente, Sofiane estimait qu’elle avait son mot à dire sur la manière dont les choses se termineraient. Sera-t-elle celle qui prononce la sentence et lui celui qui exécute ? Ils n’en savaient rien encore. Il avait promis de lui laisser son père mais lui n’était pas son père et cette perspective mettait Sofiane d’excellente humeur.

Et pendant qu’il s’évertuait à mettre Jasper en jambe, Garnet s’éclipsa pendant quelques minutes ; lorsqu’elle revint, les bras chargés de bonnes victuailles, prête à faire déguster son frangin, Sofiane la complimenta pour son ingéniosité sa folie tandis que la victime semblait plutôt inquiète de la personnalité de sa cadette. Peu importait en réalité, de toute manière, il serait bientôt un homme mort donc ce qu’il pouvait dire et faire n’avait en réalité aucun impact sur Sofiane. Mais est-ce qu’il en avait sur Davis ? L’ancien militaire n’en savait rien. Lorsqu’il sortit de la pièce et revint avec la vieille dame, l’ambiance avait changé ; Davis semblait différente. Il ne posa pas de questions. Ce n’était pas son genre de poser des questions. Jamais. Si quelque chose n’allait pas, elle était suffisamment grande pour le lui dire, non ? D’ailleurs elle critiqua le fait qu’il s’installe sur la table.  « Quoi ? Ça te dérange ?» Sofiane avait été élevé dans un pays où sa famille n’avait pas eu la chance d’avoir des chaises alors il faisait fi des convenances. À vrai dire, il en avait même rien à foutre.  « Mange si tu veux mais je préfère crever que de manger ça. » Elle le savait alors pourquoi proposait-il à nouveau de ripailler l’abjecte nourriture de ces abominations ? Il l’ignorait. Cela avait au final peu d’importance. Il expliqua les règles du jeu à la victime et lança immédiatement les hostilités. Les cris de douleur de la vieille dame s’intensifièrent et se multiplièrent. Mais son âge lui fit défaut et elle trépassa bien trop aisément. Il fallut donc s’occuper de Jasper de bien d’autres manières.

Deux nuits s’écoulèrent. Jasper était résistant et Sofiane devait bien lui concéder cela, il avait subi tous leurs assauts répétés au court des dernières quarante-huit heures ; pourtant, toute la créativité de Sofiane y était passée. Ils n’avaient pourtant réussi à glaner que quelques informations secondaires et peu importantes pour la suite de leur mission. Il n’avait toujours pas dit où se trouvait le père de Garnet. Et cela commençait à être long. Pas tellement éprouvant pour eux puisqu’ils s’étaient relayé pour dormir mais avaient pris soin de ne pas laisser Jasper se reposer afin qu’il craque psychologiquement. Sofiane avait néanmoins du concéder à aller jusqu’à la voiture récupérer son sac afin de pouvoir manger les rations de survie qu’il avait apporté, toujours avec le refus extrême d’avaler leurs aliments. Occupé à manger un morceau de bœuf séché, Sofiane releva la tête lorsque Garnet posa une question. Cela faisait plusieurs heures qu’ils n’avaient pas parlé et que Sofiane était bercé par les gémissements plus ou moins récurrents qui s’échappaient de la bouche de Jasper. Inintéressant au possible. Il se replongea dans son repas, écoutant d’une oreille distraite la réponse de son frère. Depuis qu’ils le torturaient, Sofiane avait très peu pris part aux échanges entre Garnet et lui, estimant qu’il n’en avait rien à faire que c’étaient des histoires de famille qui ne le concernaient en rien.

 « C’est toi qui l’a tuée, petite salope. » L’insulte fut de trop pour Sofiane qui jeta sa lame avec précision, celle-ci atterrissant dans l’épaule gauche de leur invité, lui arrachant un cri perçant. D’ailleurs, cela faisait bien trop de temps qu’ils n’avaient pas entendu de hurlements émaner de sa bouche et Sofiane était ravi d’aider à remédier à cet état de fait.  « Surveille donc ton langage. » Sofiane n’en avait que faire de la manière dont parlaient les gens, étant lui-même plutôt grossier, c’était simplement une raison supplémentaire pour assouvir ses besoins. Et puis, il devait bien l’admettre, cela lui faisait un petit quelque chose de l’entendre parler ainsi de Davis. Elle n’était en rien responsable de quoi que ce soit, au contraire ; elle avait réussi à repousser ses pouvoirs, elle avait été suffisamment forte pour repousser la mutation. Davis redemanda comment cela pouvait être de sa faute et il répondit.  « Elle n’a pas eu assez de force pour survivre à l’accouchement, tout ça à cause de toi !» Sofiane releva la tête à nouveau. Et l’homme sursauta, comme désarçonné par l’information qu’il venait de leur livrer. Lui aussi venait de se rendre compte de l’incohérence de ses propros. Davis n’avait pas tué sa mère le jour de sa naissance, c’était certain. Donc qui l’avait fait ? Finalement, peut-être bien que l’échange se promettait d’être plus enivrant qu’il ne le présageait au début. Tuer un autre membre de la famille Davis serait d’un amusement certain.
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«C’est toi qui l’a tuée, petite salope. »

Je ne comprenais pas. Comment est-ce que j’aurais pu la tuer ? J’étais chez la vieille Gladys, de l’autre côté de l’Océan. L’insulte ne plut pas à Rasak qui lança son couteau dans l’épaule de mon frère.

«Rasak !» Je retirai la lame d’un coup sec et la tendit à mon compagnon. «Respecte tes couteaux. Tu pourrais les abîmer en les lançant comme ça.»

Je sortis ma propre dague de son fourreau. Ma belle et fidèle Sheila. Je la caressai doucement. Délicatement. Tendrement. Avant de la planter brutalement dans l’épaule de Jasper ; vers l’endroit où Rasak avait planté son couteau.

«Maintenant tu vas t’expliquer sur cette histoire de magie volée.» Je remuai la lame dans sa chair pour bien l’entendre hurler, puis je la retirai. «C’est quoi ces conneries ?»

Entre deux râles de douleur et prise de respiration, il finit par parler.

« Elle n’a pas eu assez de force pour survivre à l’accouchement, tout ça à cause de toi ! »

Je le regardai, interdite. Puis mon regard glissa sur Rasak, qui ne semblait pas mieux comprendre ses propos que moi.

«De quoi tu parles ? J’avais sept ans quand on m’a envoyée chez la vieille Gladys. Et maman était bien vivante.»

Je regrettais de ne pas être au QG du Cercle. Le matériel pour faire parler et pour se défouler ne manquait pas là-bas. Ceux qui pensaient que la violence ne résolvait rien, ne tapaient tout simplement pas assez fort.

Contre toute attente, Jasper rit.

«J’ai pas parlé de ta naissance. Allons Cracmouille… Tu t’es jamais demandée pourquoi t’avais été exclue de la maison ? Pourquoi t’as été exilée chez Tante Gladys ? »

Silence… Je ne voyais pas où il voulait en venir. Ou je ne voulais pas voir. Je demandai sèchement.

«Pourquoi… ?»

Il rit encore. Du moins, c’est comme ça que j'interprétais les bruits qui sortaient de sa gorge.  

«Elle était enceinte. On t’a virée pour pas que la sale Cracmole immonde que tu es ne vole la magie du bébé. On ne savait juste pas que tu avais déjà pris celle de maman.»

Il cracha par terre. Du moins, il essaya. Il n’avait pas assez de force et se contenta de se baver dessus. Je ne réagis pas. J’encaissais l’information.

«Enceinte… ? Comment… »

Les deux hommes me lancèrent un regard noir. Oui. Je savais comment on faisait des enfants, je n’avais pas besoin de dessin.

«Qu’est ce qui’il s’est passé ? Après mon départ.»

Jasper avait le regard mauvais. Je le voyais réfléchir. Il semblait chercher ses mots, probablement pour pouvoir me blesser. Mais s'il savait à quel point tout ce qu'il pouvait dire, ou faire, me passait au-dessus Finalement, il se contenta de lâcher quelques mots pour résumer.

«Elle a accouché, sa magie lui a fait défaut, elle est morte. Y’a rien d’autre à savoir.»

Je plantai Sheila dans la table juste devant lui.

«Et l’enfant ? Qu’est ce qu’il est devenu ?! Il a survécu ? Est-ce qu’il…» a des pouvoirs ?

Je n’osais pas finir cette phrase. Si l’enfant n’avait pas de pouvoir, après ce qui était arrivé à maman, il était à parier que papa… Un sourire mauvais se dessina sur le visage de mon frère.

«S’il est comme toi ? Non. Personne dans la famille ne peut être aussi médiocre que toi. Pearl étudie la Magie à Poudlard. Si tu savais comme ça fait du bien d’avoir une vraie sœur. Faut dire qu’avec t… aaarg…»

Sheila avait froidement sectionné la gorge de Jasper. Un coup sec. Il ne pouvait plus parler. Je pouvais lire la peur dans ses yeux. De mon autre main, je l’attrapai par la gorge et serrait à la fois pour contenir le sang et l’étrangler.

«Poudlard tu dis… Donc Papa est en Angleterre ?»

Il ne pouvait pas parler, il ne pouvait pas bouger. Seuls ses yeux trahirent le fait qu'il en avait trop dit. Je souris.

«Il est en Angleterre.»

Je retirai ma main, couverte de sang, de sa gorge pour la mettre sur le visage de mon frère. Je poussai avec force pour faire basculer sa tête en arrière, ouvrant pleinement la blessure de sa gorge. Jasper avait mal, ça se voyait plus que ça ne s’entendait. Mais j’appuyais encore plus fort, jusqu’à ce que la chaise bascule en arrière et qu’il ne tombe. Je le laissai là, par terre, à se vider lentement de son sang.

«Poudlard… Il faut que je la retrouve, elle me conduira à Lui.»

Et je pourrais la libérer de son emprise. C’était trop tard pour Lazuli et pour Jasper. Surtout pour Jasper… Mais j’avais encore une chance de la libérer de mon père. De la libérer de la Magie. Elle n’aura pas à subir tout ce que Amber et moi avions subi. Je la libérerai. Je la protègerai.

Pearl... Pearl Davis.

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Ombre rouge, bête infâme, tu y perdras ton âme ☺ Sofiane Rasak ☻ /!\ Askip y'aura du sang à un moment/!\ YXrjmkyG_o

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