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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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You'll never see what's hiding out || Euxi I :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Alexis Fawley
Alexis Fawley
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Jeu 1 Sep - 22:40
You’ll never see what’s hiding out
Hiding out deep down
Service de médicomagie légale, Octobre 2016 || Euron & Lexi
La proie était là, juste en face d’elle. La jeune Dr Alexis Fawley la traquait depuis déjà plusieurs minutes dans l’immensité de la nuit noire où seules quelques étoiles venaient en troubler l’obscurité sous la couche épaisse des nuages. L’automne était arrivée depuis déjà quelques semaines et le froid saisissant n’arrêtait pas la médicomage dont le seul objectif était de parvenir à ses fins. Dans le cadre des recherches qu’elle effectuait pour son propre compte, Lexi nécessitait un cobaye afin d’affiner l’une de ses théories du moment et son dévolu s’était jeté sur l’homme d’une quarantaine d’années qui dévalait la ruelle à toute vitesse afin d’échapper à la pluie qui menaçait le ciel. À moins que cela ne soit pour rentrer plus rapidement à son domicile. Lexi l’ignorait mais se contrefichait de ce type de détails. La seule chose qui l’intéressait, c’était lui ; son corps pour être tout à fait exact et ses gènes de moldu. Son sang, dépourvu de pouvoirs magiques, voilà ce dont elle avait besoin. Rabattant sa capuche sur son épaisse chevelure rousse, Lexi se camoufla dans la noirceur de la nuit et lorsqu’il arriva à la hauteur de la cachette où elle se dissimulait, elle se jeta sur lui sans cérémonie. Le plan était simple en réalité ; elle lui injectait un anesthésiant, transplanait avec lui jusqu’à chez elle et l’attachait dans la pièce de son appartement où elle se livrait à de nombreuses expériences. Elle avait fait ça une dizaine de fois. Ce qu'elle ignorait, c'est que cette nuit, elle avait choisi la mauvaise cible.

Lorsqu'elle bondit, l’homme sentit sa présence et para son geste. La seringue tomba au sol et le coup qu’il lui infligea dans la cage thoracique fut suffisant pour l’envoyer valser contre le bitume. Effarée de l’apparente facilité avec laquelle il l’avait désarçonné, Lexi se releva rapidement et choisit la solution de repli, à savoir l’utilisation de sa baguette magique.  Ses doigts se refermèrent autour de celle-ci mais n’eut guère le temps de s’en servir. L’homme était déjà sur elle, la plaquant contre le mur et serrant ses doigts autour de son cou, la maintenant au-dessus du sol. Lexi sentit une bouffée d’adrénaline monter en elle. Maintenue dans cette position vulnérable, il la lorgnait avec la volonté certaine de la tuer sur place pour l’affront qu’elle venait de lui faire. Elle était devenue la proie. Le manque d’oxygène fit paniquer la jeune femme qui tentait par tous les moyens de se dégager de l’emprise de l’homme qu’elle avait clairement sous-estimé. Son regard sombre était à nul autre pareil et elle le savait, il ne la lâcherait jamais. Sa respiration était haletante et la prise autour de son cou se resserrait au fur et à mesure qu’elle tentait de se dégager. Cherchant une porte de sortie, Lexi enfonça ses doigts dans les yeux de l’homme ; il hurla et son cri perça dans la nuit noire, lâchant la jeune femme qui se retrouva au sol, pantelante, reprenant son souffle. Mais l’homme ne comptait pas la laisser s’en tirer à si bon compte et se jeta à son tour sur elle. Leurs corps se mélangèrent au sol tandis qu’ils s’évertuaient l’un comme l’autre à maîtriser l’adversaire ; mais chacun se battait avec une grande vigueur, une vélocité incroyable. L’homme était lourd sur le corps de la jeune femme et lorsqu’elle tenta de récupérer sa baguette, l’homme l’envoya valser à plusieurs mètres. Empoignant violemment sa chevelure, il réussit grâce à sa force à la faire pivoter sur elle-même. Il fulminait, le diable l’habitait. Lexi avait connu la folie puisqu’elle en était elle-même l’une de ses adeptes mais pourtant, à ce moment précis, elle avait peur. Cette crainte ne la quittait pas, elle ne pouvait se résigner à mourir là. Elle cherchait sa baguette des yeux, désarmée, comprenant que trop tard qu’elle avait laissé ce bout de bois régir sa vie et que sans celui-ci, elle n’était rien, elle parvenait à peine à se défendre ; elle avait placé sa confiance dans ce catalyseur magique en oubliant que les moldus avaient d’autres manières de combattre, d’autres manières de prendre le contrôle et la maîtrise de l’autre.

Impuissante, elle le regarda, effarée, attraper un couteau sanglé à sa ceinture et tenta à mains nues d’empêcher la lame de traverser son épiderme. Un hurlement s’échappa de ses lèvres tandis que le couteau s’enfonçait dans sa paume et que le sang giclait sur son visage. Cherchant désespérément une solution, elle la trouva dans sa volonté de survivre. Lui envoyant un coup de genou dans les bourses, l’homme se crispa durant un court instant et il relâcha momentanément son emprise sur elle. Elle tenta de s’extirper, rampant au sol mais il tira sur ses chevilles, la forçant à revenir près de lui. N’écoutant que son instinct, Lexi frappa. Son pied s’enfonça dans le visage de l’homme. Une fois, deux fois avant qu’il ne contre l’attaque et cogne à son tour dans ses côtes, martelant le corps frêle de la jeune femme. Lexi se recroquevilla sur elle tant la douleur la clouait au sol, laissant à l’homme l’opportunité de se redresser et enfoncer son pied dans son abdomen, lui coupant le souffle une fois de plus. Le couteau de nouveau en main, plantant la lame non loin de son foie sans qu'elle ne puisse l'en empêcher, une plainte poignante s’échappa de la bouche de la médicomage tandis que le sang mouillait son débardeur noir. La douleur irradiait dans tout son être tandis que l’odeur de l’hémoglobine qu’elle appréciait tant d’habitude lui donnait des hauts-de-cœurs, puisque pour une fois, ce sang était le sien. L’homme gardait le silence, satisfait des blessures qu’il lui infligeait tandis que ses yeux pénétraient dans les prunelles havanes de Lexi, cherchant probablement quand son dernier souffle viendrait éteindre la lumière dans son regard. Résolue à ne pas mourir, les mains de Lexi cherchaient de quoi se défendre et ses doigts rencontrèrent sa baguette et sans réfléchir elle lança un sortilège de désarmement pour le forcer à lâcher son couteau. Mais à bout portant, le sortilège eut un autre effet. L’homme, expulsé à un ou deux mètres d’elle, ne comprit probablement pas ce qui lui arrivait. Attrapant la seringue toujours au sol, comprenant que c’était sa seule chance, elle l’enfonça de toutes ses forces dans sa chair. Un râle se mua en une plainte tandis que la fureur s’emparait encore de lui mais qu'il succombait peu à peu à la substance neutralisante.

Fuis. Voilà ce que lui criait sa voix dans sa tête. Transplaner était exclu étant donné le sang qu’elle perdait presque à la trace, la dangerosité du transplange pourrait la tuer, elle n’en avait pas l’énergie. Elle erra pendant quelques minutes dans les ruelles, tentant de mettre le plus de distance entre le moldu et elle. Elle n’avait plus les idées claires mais elle le savait, elle n’était pas loin de l’hôpital. C’était sa chance. Comprimant la plaie béante avec sa main valide, Lexi eut la force de pénétrer à Sainte-Mangouste par l’entrée réservée au personnel. La nuit était un atout, il n’y avait personne dans les services ambulatoires vu l’heure tardive, seule la lumière émanant des urgences éclairait les couloirs. Longeant les murs, ne souhaitait être vue de personne, Lexi s’enfonça dans l’hôpital jusqu’au service de médicomagie légale dans lequel elle travaillait depuis quelques années maintenant. Pénétrant dans un box normalement prévu pour les auscultations des victimes de violences conjugales, Lexi s’installa, tremblante, sur le lit. Retirant douloureusement sa veste qui termina sa course par terre, Lexi releva son débardeur pour inspecter sa plaie. Aucun organe n’était touché. Elle était médicomage, elle savait qu’elle serait probablement déjà morte si cela était le cas. Les coups reçus se transformaient déjà en de violentes ecchymoses violacées sur chaque parcelle de son corps. Tâtant ses côtes, la douleur irradia à nouveau et elle comprit que l’une d’entre elle était probablement fracturée ou déplacée. Difficile à dire même si la souffrance qu’elle ressentait la plongeait à la limite de l’inconscience. Maintenant que l'adrénaline la quittait, de la sueur commençait à perler sur son front. Tu vas crever là lui chuchota la voix dans sa tête. C’était sans compter sur la ténacité de la jeune femme. Faisant venir à elle ce qu’il fallait pour la soigner, elle para au plus pressé, s’appliquant à recoudre la blessure de son abdomen. Les lacérations dans sa main l’empêchaient de recoudre proprement mais elle n’écoutait pas les signaux que lui envoyaient son corps. Elle était médicomage, elle connaissait les procédures. Concentrée sur ses soins, elle n’entendit pas les pas qui s’approchaient dans le couloir, ni la porte qui s’ouvrit. Elle leva les yeux vers l’intrus. Euron Carrow. Il avait été son professeur autrefois mais ils n’avaient jamais entretenu un lien particulier. Si l’amabilité légendaire de la jeune femme lui intima de lui dire d’aller voir ailleurs si elle y était, le maigre respect qu’elle avait pour son ancien enseignant lui commanda de faire preuve de davantage de diplomatie. Elle ne chercha même pas à dissimuler ses blessures, c’était trop tard de toute manière. Son regard se redirigea vers ses lésions et elle dit d'un ton sec : « Je n’ai pas besoin d’aide. » Elle avait bien trop de fierté pour cela.

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Mar 6 Sep - 14:01





► SERVICE DE MÉDICOMAGIE LÉGALE  || OCTOBRE 2016  
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Lexi et Euron

Salle des archives – Sous sol

Cela fait maintenant trois heures qu'Euron dévore des ouvrages de médecine magique, notamment ceux traitant de parasitologie et de virologie magique. La spécialité qu'il enseigne n'est pas aussi connue que les disciplines traitant des empoisonnements par potion par exemple et recèle encore de grands mystères alors il apprécie passer du temps dans les archives de l'hôpital. C'est ce qu'il aime tout particulièrement et il lui arrive souvent de rédiger des précis sur ses études et découvertes.
Le coude posé sur le bureau à peine éclairé et encombré de livres plus épais les uns que les autres, il semble perdu dans ses songes, sa main soutenant sa tête comme si elle était trop lourde pour se porter seule. Sainte-Mangouste en pleine nuit lui est étrangement agréable, même si certain la qualifient d’inquiétante, entre les légendes, les fantômes farceurs, les râles étranges et les grincements impromptus. Il en faut si peu parfois pour effrayer les frêles esprits. Mais il trouve cette salle particulièrement plaisante. Pleine de livres -presque tous- silencieux, ses plafonds voûtés par de vieilles pierres ivoirines et ses candélabres flottant dans l'obscurité...

Il prend une profonde inspiration et lorsqu'il lève le nez sur l'horloge au mur, la grand aiguille indique sans ambages « Il est beaucoup trop tard, vous devriez déjà être chez vous ! ».
Cette horloge magique a certainement été conçue par une épouse impatiente et même s'il n'en a pas lui-même, il ne peut pas vraiment lui donner tort, son cours magistral commence dans à peine quelques heures.
Dans un mouvement sec, il ferme le dernier ouvrage avant de s'enfoncer dans son fauteuil et de frotter son visage.

Sans crier gare, un petit être grisâtre aux frêles membres, aux longues oreilles tombantes et aux larges yeux vitreux apparaît devant le professeur. Ses doigts racornis tiennent une tasse fumante et son visage elfique est déformé par un large sourire.

« Mus a préparé du café pour Monsieur ! »
N'importe qui aurait sursauté suite à cette apparition mais le Carrow connaissait parfaitement son elfe de maison et ses tendances agaçantes à apparaître sans crier gare aux moment les moins opportuns. Euron fronce ses sourcils en observant Mus puis il se penche en avant pour prendre la tasse et en sentir l'odeur avec circonspection.

« Tu as fait ça avec du café cette fois ? »

L'elfe de maison joint ses mains devant lui et acquiesce vivement en fixant son maître adoré des yeux, attendant qu'il goûte le précieux breuvage préparé avec amour. Peu confiant, le médicomage porte l'objet à ses lèvres...
Est-ce le destin qui l'empêcha de goûter le « café » ? Un bruit de porte grinçante arrêta son geste. Mus, dont les battements de cœur étaient littéralement suspendus aux lèvres de son maître, se voûte de déception le voyant poser la tasse.

« Il y a quelqu'un dans le couloir... voilà qui est bien inhabituel. » Dit-il davantage pour lui-même en se relevant.
Saisissant sa baguette magique, il se dirige vers la sortie de la salle des archives. Il pousse la porte en prenant bien soin de ne pas faire le moindre bruit et arpente en silence les couloirs jouxtant l'entrée du personnel.
Il avait ce côté méfiant, toujours sur le qui-vive, prêt à faire face en toute situation. Sa formation martiale et sadique auprès de Karkaroff n'y était pas pour rien. Combien de fois avait-il été surpris par un sort dans son sommeil, au détour d'un couloir ou même lors de simples études... cela lui avait coûté vraiment très cher et avait presque entamé sa raison alors qu'il n'était pas encore adulte. Il en résulte qu'aujourd'hui, Euron Carrow déteste dormir et lorsqu'il n'en a pas le choix, son sommeil n'est jamais profond, l'oreille toujours attentive. Il déteste ça et les surprises, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, c'est inscrit au fer rouge dans ses gênes.

Observant les couloirs lors des intersections, il ne voit pas ombre qui vive. Aurait-il tant besoin de sommeil que son esprit s'amuse à lui jouer des tours ? L'horloge inscrirait sans doute un « Ca fait une heure que je vous le dit Monsieur Carrow ! ». Il s’apprête à tourner les talons lorsqu'un détail attire son attention. Se mettant accroupi, il pose l'index au sol, ramassant une goutte rouge sirupeuse, la frottant entre ses doigts. Un sourire ténue se glisse sur son visage. Du sang frais. Il n'a donc pas rêvé.

Sa prise sur sa baguette se raffermi tandis qu'il suit le chemin tout tracé devant lui jusque devant les portes du service de médicomagie légale. Ce n'est pas le service qu'il côtoie le plus, mais il en connaît tout de même le personnel.
Poussant les portes prudemment, son regard balaye rapidement la salle, les armoires contenant les potions, les étagères avec les linges blancs, les box... Il y règne un calme olympien jusqu'à ce qu'un autre bruit ne trahisse une évidente présence. Il s'enfonce dans le service, bien déterminé à avoir le fin mot de cet incident.

C'est là qu'il découvre Alexis Fawley, son ancienne élève, assise dans un box, recousant une plaie importante à l'abdomen, visiblement sans anesthésie.
Ses sourcils se froncent et sa tête s'incline.

« Non mais qu'est-ce que vous faites... »

La médicomage lui lance un regard au bas mot revêche, répondant à sa question rhétorique par une sentence tranchante sans équivoque. Si la jeune femme est dans un état vestimentaire déplorable aux vues de son aventure nocturne, l'enseignant revêt quant à lui, une tenue peu formelle. Un t-shirt blanc ceint son corps, soulignant sa carrure athlétique, accompagné d'un simple pantalon noir.

Alexis Fawley a écrit:
« Je n’ai pas besoin d’aide. »

Cette sèche répartie lui arracha un frêle sourire et ce bien malgré lui. Comprenant rapidement la situation et la posture délicate dans laquelle il se trouve, Euron pince subrepticement ses lèvres et croise ses bras sur son torse, reposant ses reins contre la table derrière lui, adoptant une attitude se voulant moins... agressive.

« Manifestement... Aux vues de la situation, je trouve que vous vous en sortez plutôt bien. »

Son regard aiguisé ausculte la silhouette mutilée face à lui, des pieds à la tête.

« Dans quel pétrin vous êtes-vous fourrée pour ressortir dans cet état Mlle Fawley... » Dit-il avec distance, comme s'il avait pensé tout haut.

« Quelle intrigante personne faites-vous. »
« Un médicomage qui sort au beau milieu de la nuit dans un but bien obscur et qui revient avec des contusions sur le visage, le cou... avec des lésions dans la main, l'abdomen, blessures infligées sans le moindre doute par... la lame d'un couteau. Plaies qu'il recoud avec grande hâte en toute négligence des  mesures d'hygiène sans même avoir pratiqué d'examens internes pour écarter tout risque de blessures hépatiques ou hémorragiques... Pourquoi un esprit si brillant que le vôtre aurait-il donc si peu d'estime pour lui-même... »
Sa voix est grave et douce, curieusement apaisante et chaude aux vues de son ineffable placidité.

De ses lèvres s'extirpent ces mots alors que son esprit se fond dans celui de la jeune femme.
Il la savait bien trop refermée sur elle-même pour lui offrir la moindre explication et c'était là son droit le plus intime... mais Carrow possède ce don, forgé depuis son plus jeune âge et incrusté dans son âme, dans sa chair et ce qu'il désire, il l'obtient. Et à cet instant précis, l'objet de son appétence se trouve derrière le regard brun et sauvage de la médicomage.
Une kyrielle d'images, de sons, d'émotions assaillent son esprit, le fluide délectable du savoir coulant à travers lui, faisant sien le mystère si bien gardé de son ancienne élève. S'en rendra-elle seulement compte ? Certains esprits le ressentent parfois...

« Aussi forte que vous soyez, je crains que votre jugement ne soit obscurci par la quantité de sang que vous avez perdu pour arriver ici. Et si la plaie se trouve être infectée par des fasciites nécrosantes, la douleur que vous endurée actuellement sera un vrai plaisir comparé à ce qui suivra lorce que les parasites rogneront votre chair. »
CODE BY ÐVÆLING // groover par une licorne




EURON O. CARROW


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Ven 9 Sep - 10:50
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Service de médicomagie légale, Octobre 2016 || Euron & Lexi

Alexis Fawley n’était pas le genre de personne qui se laissait approcher facilement. Son histoire de vie, sa personnalité et son caractère atypiques rebutaient la plupart des gens et elle n’en avait que faire. Elle était le type de femmes qui se contenait de peu et les quelques amis qu’elle s’était trouvée au fils des années lui suffisaient. Sa loyauté indéfectible et la confiance inébranlable qu’elle portait à Kesabel, Tobias, ou encore Phobos, un de ces anciens enseignants, était pour ainsi dire la seule partie d’elle-même qui la rendait plus humaine. En leur présence, elle pouvait se laisser aller aux confidences déguisées tout en sachant qu’elle n’avait rien à craindre d’être jugée. Ils étaient sa famille, des liens qu’elle avait elle-même choisis et rien n’était plus important pour elle que leur amitié. Elle pouvait donner sa vie pour eux, se mouiller pour eux, sans concession, sans condition. Et pourtant, elle n’avait pas sollicité leur aide ce soir, non pas parce qu’elle pensait qu’ils ne pourraient la secourir mais plutôt parce que l’orgeuil lui intimait de s’en sortir seule. Lexi n’était pas femme à demander aisément un soutien, encore moins lorsqu’elle était persuadée qu’elle pouvait gérer la situation elle-même.

C'est pourquoi, lorsque la porte s’ouvrit sur Euron Carrow, son sang se glaça ; levant les yeux vers lui, scrutant de haut en bas sa tenue peu habituelle, elle le regarda ensuite se reposer sur l’une des tables d’auscultation du box alors qu’elle venait de lui intimer -plutôt gentiment- de s’en aller. Non, elle n’avait nul besoin de lui, elle n’avait encore moins besoin d’Euron Carrow ; si autrefois elle avait apprécié son enseignement, trouvant celui-ci plutôt bien construit et pédagogique, leur affection commune pour Kesabel n’avait pas suffi à rendre les deux personnes proches. Ils étaient cordiaux mais n’avaient jamais entretenu un quelconque lien. Il ne semblait pas avoir l’intention de partir et imaginait même que c’était le moment idéal pour faire un brin de conversation. Agacée, énervée, sa langue claqua dans sa bouche, elle aurait tant aimé qu’il se taise, qu’il disparaisse de son champ de vision, elle avait besoin de se concentrer. Lexi était une excellente médicomage, cela va sans dire ; elle avait travaillé dur tout au long de sa scolarité pour le devenir. Ses facilités n’avaient été qu’un plus ; sortant major de la première promotion de médicomagie de l’Université magique, son nom était connu des enseignants, des autres confrères. Ses connaissances théoriques et pratiques constituaient sa force, et lui avaient permis aisément d’accéder à un emploi dans l’hôpital magique le plus prestigieux du Royaume-Uni. Ses faiblesses ? Elle n’en avait aucune, si on oubliait son manque de savoir-être évident. Avec les patients, c’était différemment et elle avait appris au fil des années à utiliser les bons mots, les bonnes tournures de phrases afin de ne pas paraître indélicate même si en médicomagie légale, la plupart du temps, le patient, déjà refroidi, n’avait que faire de la manière dont on s’adressait à lui. Son attitude revêche faisait d’elle une collègue difficile et elle le savait. Pour autant et peut-être étrangement, son caractère ne lui faisait pas défaut dans son service où ses confrères s’étaient habitués à elle et à sa manière d’être, le plus important résidait dans son travail et celui-ci était excellent. Mais en dehors du service de médicomagie légale, Lexi ne fréquentait personne d’autres  ; Euron Carrow ne faisait pas vraiment exception à la règle.


Lorsqu’il lui demanda ce qui lui était arrivé, elle leva les yeux au ciel et répondit : « Je suis tombée dans les escaliers. » Cette excuse était célèbre dans le monde de la médicomagie puisque c’était la justification la plus donnée aux urgences lorsque le patient ne souhaitait pas s’épancher sur les raisons de son état. Elle était en tête de liste juste devant le traditionnel « J’ai glissé » sur ce concombre par inadvertance. Si Lexi avait été à sa place, cette simple phrase lui aurait permis de comprendre que sa présence n’était pas désirée et elle aurait probablement déjà tourné les talons. Mais Carrow demeurait là, sans bouger et pire de tout, il parlait. Elle n’avait pas envie de l’entendre parler, elle voulait qu’il la ferme, elle voulait qu’il la laisse tranquille. La situation était déjà suffisamment pénible et Lexi sentait bien que ses forces l’abandonnaient, et toute sa concentration était allouée aux soins qu’elle se prodiguait elle-même. S’il n’avait fait que parler, peut-être l’aurait-elle ignoré mais les commentaires qu’il faisait à son sujet étaient loin de plaire à la jeune femme, puisqu’il remettait en cause, et sans mâcher ses mots d’ailleurs, ses compétences.  « Ne m’insultez pas Carrow, ne me faites pas l’affront d’imaginer que je ne sais pas exactement ce que je fais. » Elle avait peut-être perdu sa lucidité habituelle mais elle était encore en mesure de se connaître elle-même ; ce n’était pas la première fois que son corps était soumis à la dure épreuve des blessures et elle était médicomage, elle savait voilà tout. Les instruments qu’elle avait utilisés étaient stérilisés et le corps humain n’avait aucun secret pour elle, elle passait ses journées à en distiller le contenu. Elle n’avait pas besoin d’aide, répéta-t-elle dans son esprit tandis que la douleur de la blessure s’intensifiait.

Recoudre la plaie n’était pas aisée avec sa main blessée mais ses points étaient d’une précision chirurgicale. Elle savait ce qu’elle faisait. Alexis Fawley était butée, terriblement entêtée et immodérément méfiante et il était hors de question que quelqu’un la touche pour lui prodiguer des soins qu’elle était capable d’effectuer elle-même. Elle n’appréciait pas le contact avec les inconnus, encore moins un tel contact, sans doute les vestiges et cicatrices de son enfance mouvementée. Les coups, les plaies, les stigmates de la violence, tout était bien trop ancré en elle. L’accident de ce soir lui revint en tête et l’esprit embrumé de la jeune femme y repensa soudainement alors qu’elle s’était évertuée à ne plus y songer tant qu’elle ne sera pas sortie totalement d’affaire. Elle revoyait la brusquerie de l’attaque, elle ressentait le poids de l’homme sur sa frêle silhouette, l’odeur entêtante de l’hémoglobine et son goût ferreux dans sa bouche ; autant de sensations qu’elle avait à cœur de mettre de côté afin de se concentrer sur la tâche en cours. Ses gestes étaient mécaniques, elle les avait reproduit des millions de fois mais sans anesthésie locale, même si elle était ce que l’on pouvait qualifier de coriace, les imperceptibles tremblements de ses doigts et la sueur qui continuait de perler sur son front étaient autant d’indices que son corps lui envoyait mais qu’elle préférait pourtant continuer d’ignorer. Tout comme l’intrusion violente de son ancien enseignant qui fouillait sans vergogne son esprit à la recherche des informations qu’elle ne souhaitait pas lui fournir, mais bien trop en proie avec ses propres sentiments, ses propres émotions mais surtout, sa douleur, l’intrusion passa inaperçue. « Je n’ai pas sollicité votre compagnie Monsieur Carrow donc je ne sollicite pas non plus vos conseils. » C’était poliment dit, n’est-ce pas ? Dr Fawley tout craché.  « Vous n’avez franchement rien de mieux à faire ? » Corriger des copies ou dormir, peu lui importait. Sa présence était une épine dans le pied qu’elle ne parvenait pas à retirer.

Elle écoutait à peine ses réponses, trop absorbée par l’aiguille qu’elle tenait fermement en main. Sa vision se troubla et elle s’aperçut que la suture n’était plus aussi précise qu’elle ne l’aurait voulu mais cela demeurait du bon travail. S’arrêtant quelques instants, elle s’allongea sur la table pour reprendre son souffle avant de se redresser un peu trop rapidement. Étourdie par la douleur et par l’énergie qu’elle consacrait à Carrow, elle souffla, irritée :  « Vous voulez que je vous signe une décharge pour vous éviter d’être poursuivi pour non-assistance à personne en danger ou quoi ? » Lexi avait l’habitude qu’on l’écoute, qu’on abonde dans son sens, mais il restait là, ce qui rendait la chose encore plus insupportable.

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Dim 11 Sep - 20:55





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Lexi et Euron

Sa tête s'incline dans un mouvement lent, comme si ce geste lui permettait de mieux percevoir, de mieux sentir, de mieux entendre. Chacun de ses sens Lui est à présent consacrée. Ses lèvres s'étirent légèrement, assez pour laisser entrevoir ce qu'il ressent mais assez discrètement pour ne pas paraître railleur.
Ses yeux se plissent en se posant sur la plaie recousue car chaque détail est d'une importance vitale, comme le sang sur l'aiguille lorsque la pointe de cette dernière pénètre la peau cinabre... Rien ne doit lui échapper. Pas le moindre soupire, pas la moindre goutte de sueur, pas le moindre tremblement...
Il sait de quoi est faite Alexis Fawley pour l'avoir instruite pendant ses années d'étude, pour avoir dévoilé son caractère exceptionnellement farouche auprès de son ami Kesabel, pour la voir ce soir, dans cet apparat si peu flatteur qu'est sa réalité... une réalité dont la beauté n'a pourtant d'égale que la violence la plus brute.
Et cette nuit serait l'achèvement du mystère qui l'intéresse tant, car de ce coffre que représente l'esprit d'Alexis, il en possède la clé.

Bien entendu, il sait que ses mots, que sa simple présence l'irrite plus qu'une armée de fées mordeuses et la réponse qu'elle lui fit fut... parfaitement éloquente.

Alexis Fawley a écrit:
« Je suis tombée dans les escaliers. »

« Ah oui... les escaliers. Il vaut mieux apprendre à bien les choisir. Un manque de jugement peut vous amener à vous confronter à des escaliers bien plus forts que vous. »

Bien loin de baisser les yeux lorsqu'il croise ceux, assassins, de la jeune femme, Euron laisse un rictus entendu, un brin sarcastique, étirer ses lèvres. La dérision dont elle se farde étale son arrogance patente mais elle était loin d'en avoir l’apanage.

« Mais bien entendu, vous en avez pleinement conscience. »

Les braises de la colère de la médicomage couvent dans sa poitrine, si irradiantes qu'il peut presque en sentir la douce chaleur s'extirper de son corps blessé. Il n'est pas prêt à accéder à ses désirs, la laisser continuer sa vie comme si elle n'avait jamais croisé sa route, car c'est lui qui dispose à présent de la situation et il n'appartient qu'à lui seul de décider quand cette soirée prendrait fin. Tout le monde ne pouvait se venter d'intéresser réellement Euron Carrow... et ce soir, Alexis Fawley aurait ce douloureux honneur.

D'un mouvement de roulement de ses lèvres, il absorbe le goût ferrugineux du sang, ressent cette étrange sensation qu'un poids écrase son corps, le privant de la liberté de ses gestes. Une belle histoire racontée par des images, des sons, des sensations mais c'est bien loin de lui suffire.

Alexis Fawley a écrit:
« Vous n’avez franchement rien de mieux à faire ? »

« Docteur Fawley. Je n'ai, hélas pour vous, rien de mieux à faire. Quoi que... ce ne soit pas tout à fait vrai.  » Mais ce qu'il a en tête n'a rien pour lui plaire. Euron n'a pas le beau rôle. Lui non plus ne supporte pas qu'on le materne, qu'on remette en question son indépendance ou ses capacités et il aurait été guère plus tendre avec sa propre impudence.

Lorsqu'elle s'allongea, il songea qu'il aurait été bien plus simple qu'elle ferme les yeux et se laisse aller au sommeil, mais ce premier vrai contact n'était pas voué à être... délicat.

Alexis Fawley a écrit:
« Vous voulez que je vous signe une décharge pour vous éviter d’être poursuivi pour non-assistance à personne en danger ou quoi ? »

« Voilà qui est très aimable à vous. Vous n'ignorez pas que j'ai un ami qui tolérerait mal que je laisse la sienne dans un état autre que « en parfaite santé » et c'est tout à son honneur. Mais j'ai bien compris que vous n'aviez aucunement l'intention de me faciliter la tâche, ce que je comprends également. »   Tout en parlant il s'est redressé et s'approche de la sorcière sans que le moindre doute ne se dessine dans son allure. Il marque une pause, son regard d'acier se posant sur elle. Toute trace d'humanité a déserté son visage pour que l'on puisse alors y lire... absolument rien.

« Sachez malgré tout que je souhaite sincèrement que notre prochaine rencontre soit plus... simple. »

Il approche sa main dans le but clair de poser le bout de ses doigts sur son front, et qu'importe qu'elle l'attrape, la rejette, ou l'ignore. Rien ne peut le stopper à présent.

L'esprit peut être comparé à un immense lac à l'onde calme. Lors de sa première intrusion, Euron en avait comme effleuré la surface du plat de la main, créant de légers cercles qui s'évanouissaient vers les rivages lointains. Une platitude parfaite dans un monde ordonné et silencieux.

A présent, l'onde est véritablement déchirée en deux. D'immense vagues s'érigent de part et d'autres de la main perçant la surface pour plonger au plus profond de l'abîme dans un fracas effrayant. La vague déferle en elle, s'imposant devant ses yeux, à ses oreilles, remplissant ses poumons et son cœur d'affolement. Les souvenirs les plus lointains et les plus sombres surgissent du néant, extirpés avec force et détermination des profondeurs insondables où ils auraient dû rester cloîtrés pour toujours. Tous, un par un, sont parfaitement mis à nu, comme si la médicomage les revivait à nouveau dans une intensité intacte.

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EURON O. CARROW


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Alexis Fawley
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Dim 18 Sep - 18:39
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Service de médicomagie légale, Octobre 2016 || Euron & Lexi
Il y avait tant à faire et si peu à dire. Et Euron Carrow dérangeait le Dr Fawley dans l’exercice difficile qu’elle était en train d’effectuer. À ce moment précis, elle se maudissait soudainement d’avoir eu l’immense bêtise de se traîner jusqu’à l’hôpital et non pas jusqu’à son appartement où elle aurait pu se soigner en paix, sans être observée et méprisée par cet homme qu’elle avait un jour qualifiée d’excellent pédagogue. Évidemment, Lexi se souvenait fort bien de ses enseignements mais étrangement beaucoup moins de ce air suffisant qu’il prenait alors qu’il la scrutait s’offrir les soins nécessaires à sa survie. Lexi n’était pas femme à oser quémander de l’aide de qui que ce soit, et encore moins de quelqu’un comme lui, quelqu’un qui possédait un niveau social plus élevé qu’elle. L’orgueil parlait probablement là où Lexi savait qu’il se fichait éperdument des mots acerbes et du ton sarcastique qu’elle s’amusait à employer pour qu’il daigne la laisser tranquille. Il ne semblait pourtant pas prompt à pareille sympathie, probablement que l’attitude austère de Lexi et le caractère insolite de ses blessures aient réussi à suffisamment aiguiser sa curiosité pour qu’il demeure auprès d’elle. Pire que cela, il osait poser des questions sur la manière dont Lexi s’était blessée et la réponse qu’elle lui servit parlait d’elle-même. C’était son secret, un secret qu’elle souhaitait emporter dans sa tombe, honteuse de s’être ainsi laissée maîtriser par son adversaire. Lorsqu’il répondit à son sarcasme par une phrase teintée de dérision, Lexi soupira à nouveau mais ne se laissa pas démonter :  « J’en prends bonne note, Monsieur Carrow, et privilégierai désormais les ascenseurs, ils apparaissent plus sûrs. »

Lexi se pencha à nouveau sur ses plaies, estimant ainsi que la discussion était close mais l’ombre de son ancien enseignant subsistait devant elle. Elle pouvait comprendre qu’il ne puisse pas s’en aller sans s’assurer qu’elle ne trépasse pas dans ce bloc du service de médicomagie légale mais elle ne pouvait pas l’entendre. Agacée qu’il s’y refuse sans vraiment le lui dire, il le faisait néanmoins suffisamment comprendre par ses gestes puisqu’il demeurait installé contre cette table sans en bouger. Autant de choses qui rendaient Lexi encore plus exécrable. Elle détestait qu’on ne fasse pas ce qu’elle ordonne et aimait en faire qu’à sa tête ; c’était d’ailleurs régulièrement un point de discorde entre elle et ses supérieurs. Mais elle ne devait rien à Carrow, elle ne lui devait rien. Et il ne lui devait rien non plus d’ailleurs, alors pourquoi était-il encore là ? Lexi s’enquérant de son emploi du temps, elle lui demanda, à nouveau, de quitter les lieux. Mais l’homme, entêté (ou intéressé) n’avait que faire de ses requêtes et ne semblait répondre qu’à ses propres désirs ;Lexi venait de s'en rendre compte, son dessein nocturne était de comprendre alors il ne lâcherait pas l’affaire. Relevant les yeux lorsqu’il évoqua à mi-mots Kesabel, Lexi le toisa sans qu’aucune émotion ne traverse son visage.  « Kesabel me laisse juger par moi-même de la nécessité ou non de l’appui d’un autre. » grimaça-t-elle. Carrow l’infantilisait et elle détestait cela. Elle détestait ce qu’il lui faisait ressentir à ce moment-là, elle haïssait qu’il lui réponde avec autant d’aplomb et de dédain qu’elle ; elle n’en avait pas l’habitude. D’ordinaire, sa langue et ses mots incisifs suffisaient pour que l’autre rende les armes et reparte la queue entre les jambes mais elle venait de le comprendre à ses dépends, Euron Carrow ne jouait pas dans la même cour que ceux dont elle se moquait d’ordinaire. Alors qu’il s’avançait vers elle, elle demanda :  « Qu’est-ce que vous faites ? N’approchez pas ! » Mais elle aurait aussi bien pu lui dire n’importe quoi d’autres, rien n’aurait pu l’empêcher de réduire les quelques mètres qui les séparaient ; ses yeux parlaient pour lui et ce qu’elle put y lire lui arracha un frisson. Lexi n’étant pourtant pas impressionnable facilement, elle côtoyait à longueur de temps des Mangemorts et était habituée à leurs caractères impétueux et menaçants, mais les iris sombres de Carrow dépassaient et de loin ce dont elle avait habitude. Les derniers mots qu’il prononça plongèrent Lexi dans la perplexité alors qu’elle tentait d’ériger une barrière physique entre elle et lui, il força le passage de son esprit et cette fois-ci, la jeune médicomage vécut l’intrusion de plein fouet.

Le décor de la salle de Sainte-Mangouste dans laquelle elle était installée se brouilla instantanément pour laisser place à de nombreuses images qui se succédaient dans sa tête d’une manière si réaliste qu’elle se serait demandée même si cela n’avait pas lieu en ce moment même si elle n’avait pas reconnu chacun d’entre eux comme étant des pans de sa vie d’adulte mais aussi de sa vie d’enfant. Mais alors qu’Euron fouillait son esprit sans ménagement, il s’arrêta sans grande surprise sur l’épisode qui l’intéressait, celui qui avait eu lieu quelques minutes avant qu’il ne la trouve. Lexi se revit choisir sa proie, la traquer puis l’attaquer ; elle avait l’impression que la scène avait à nouveau lieu, qu’elle était à nouveau dans cette ruelle. Elle sentait la fine pluie mouiller ses cheveux, le goût ferreux du sang dans le fond de sa bouche, la peur de mourir, la fureur qui l’avait animé et la stupeur de la lame tranchante dans sa propre chair. C’était un supplice que de revivre cela à nouveau. Engluée par l’intensité du souvenir cuisant qu’elle cherchait pourtant déjà à oublier, elle n’arrivait pas à se défaire de son emprise, elle ne parvenait pas à bouger. Des cris s’échappaient néanmoins de sa bouche tandis qu’elle cherchait le moyen de le forcer à arrêter.

Aussi vite que cela avait commencé, le souvenir s’estompa pour laisser place à un autre. Une jeune fille, à peine âgée de neuf ans, aux longs cheveux auburns, coiffés en un vulgaire chignon, tremblait devant le miroir de la salle de bain de la maison familiale où les ecchymoses marquaient sa peau laiteuse à divers endroits. Elle tentait, maladroitement, d’enrouler une bande sur la plaie ouverte qu’elle avait au bras gauche. La Lexi du futur savait ce que cette cicatrice resterait marquée à vie et que les différents onguents magiques appliqués par la suite ne parviendront jamais à effacer. Tout son être était traversé par de nombreux soubresauts tandis que les larmes coulaient chaudement sur ses joues. Son corps tout entier n’était que douleur, ses muscles étaient endoloris, ses mains étaient abîmées par les vaines tentatives de défense contre son bourreau. La Lexi du futur savait aussi ce qu’il se passait après. Les battements de son coeur s’intensifièrent et elle le sentait tambouriner au fin fond de sa poitrine lorsqu’une voix grave et masculine s’éleva derrière la porte.  « Sors immédiatement. » demanda l’homme. Et Lexi restait plantée là, frileuse de retirer la seule barrière existant entre elle et lui. Elle ne répondit rien et elle entendit l’homme déverrouiller la serrure à l’aide d’un sortilège. Elle vit l’ombre s’approcher, s’approcher alors qu’elle n’était qu’une enfant tétanisée, prête à recevoir à nouveau la correction de sa vie quand soudainement…  « NON ! » Lexi ressentit brusquement la douleur irradier dans tout son corps ; elle était de nouveau sur ce lit, de nouveau dans cette pièce et elle usa des dernières forces qu’elle possédait pour enfoncer sa jambe dans l’abdomen de Carrow, le forçant à rompre le contact physique et psychique qui les liait.

La respiration pantelante, sans réfléchir, elle se jeta sur lui. Il n’avait pas le droit. Non. Il n’avait aucun droit de faire cela. Et le regard féroce qu’elle lui adressait ne laissait aucun doute à la suite qu’elle allait donner à leur entrevue. Elle allait le tuer, ici, maintenant, et sans scrupule aucun. Il venait de violer son intimité, son libre arbitre et le reste n’avait plus aucun intérêt à ses yeux. Elle voulait sa mort immédiatement. Il allait payer de sa vie l’affront qu’il venait de lui faire et l’amitié qui le liait avec Kesabel ne le sauvera pas. Elle le rejoignit en un bond et le coup de poing qu’elle lui assigna en pleine figure lui rappela à quel point elle était blessée et à quel point la plaie était infectée. La nausée lui monta brusquement à la tête ; l’irruption dans son esprit l’avait ébranlé et se mettre sur pied tout autant. S’agrippant au lit pour ne pas tomber, elle réprima un haut de coeur tant la souffrance était grande. Son corps la lâcha soudainement, en proie à un bien à un effort bien trop intense, elle s’évanouit.
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► SERVICE DE MÉDICOMAGIE LÉGALE  || OCTOBRE 2016  
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Lexi et Euron


Tel le marionnettiste tenant entre ses doigts les ficelles de sa poupée désarticulée, il contrôlait le flux tempétueux des souvenirs de la médicomage, gardant sa main large contre sa tête. Il avait rarement besoin d'un contact physique pour exercer son pouvoir mais cette recherche sur elle allait lui demander beaucoup plus d'efforts et de concentration -et cela lui permettait accessoirement de la maintenir physiquement.
Surtout ne pas se laisser porter par les courants qui souhaitaient l'emmener vers des souvenirs de moindre importance, ou qui le poussaient avec force vers la sortie...

Concentration.
Maîtrise.
Détachement.
Efficacité.

Il revit l’événement le plus récent avec une parfaite précision. Encore ce sang dans une bouche qui n'était pas la sienne, la pluie sur des cheveux qui n'étaient pas les siens... la haine serrant son cœur, la peur et la honte serrant ses tripes. Comment aurait-elle pu ressentir autres chose ? A une vitesse vertigineuse, le monde s'en était comme retourné, sans dessus dessous. La proie était devenue un impitoyable chasseur et le chasseur le gibier. Cela n'avait plus aucun sens et ses repères avaient volés en éclat.

Il se détourna de ce souvenir dont il avait exploité les moindres plis. Il y avait tant de choses à découvrir. Fort heureusement, Euron possédait cette qualité infiniment utile : la patience. Ce qu'il cherchait était bien différent, bien plus profond, bien plus viscéral... L'architecture de sa personnalité était semblable à un réseau où chaque élément était représenté par un domino et ce qu'il ambitionnait de découvrir n'était autre que l'élément majeur qui avait soufflé sur cette suite de pièces.

Un souvenir se manifeste enfin. Beaucoup plus fort que les autres et pourtant bien revêche à se laisser étudier. Fracassant sans la moindre réserve les entraves qui le cercle, le Légilimens s'y engouffre, féroce et impérieux. Il ne tolérait pas qu'on lui résiste.

Le chagrin. La peur. Un corps frêle secoué par des émotions dévastatrices auxquelles il n'aurait jamais dû être confronté. Aurait-il pu admettre qu'il fut saisit par cette déroutante fragilité ? Une âme vulnérable en construction démantelée par la violence et la médiocrité d'un père indigne. Les bleus sur la peau fine de la fillette n'étaient rien comparés à ce qui se passait à l'intérieur : ces sévices déterminant pour toujours l'amertume d'un cœur mutilé et trahis qui ne verrait plus le monde que comme un spectre menaçant dont elle devrait se protéger en permanence, sans jamais plus relâcher la garde.
Le médicomage avait enfin trouvé la pièce maîtresse.
Jamais il ne se laissait émouvoir, et pourtant... une part de lui, humaine, ne pouvait se dérober face à ces excès. Il ne put s'empêcher de penser à Abercius Carrow, son propre père, et aux outrages répétés dont il fut tant de fois la victime. Mais outre ces violences, c'était l'indifférence et le mépris avec lesquels son paternel œuvra qui l'avait le plus blessé. Pervertissant ses repères d'enfant, ce parent qui était sensé être le pilier de son existence l'avait forcé à s'isoler du monde, le plongeant à jamais dans une profonde solitude.
Les pères étaient-ils donc tous ainsi ? Euron Octavius Carrow se félicita intérieurement de ne pas avoir d'enfants car il le savait, sa progéniture, entre ses mains, n'aurait guère été plus chanceuse.

Il s'était laissé emporté par le flux... lui, aussi expérimenté qu'il était en la matière, c'était improbable et pourtant bien réel... erreur qu'il n'eut pas le temps de regretter. Un coup dans son ventre le tira de sa propre illusion, rompant le contact physique et psychique. La colère monta en lui comme un feu brûlant craché par un dragon à la gueule grande ouverte et il mordit sa lèvre inférieure. L'ire n'était pas dirigée contre la jeune femme qui venait de lui asséner un coup pour se défaire de son emprise, mais contre sa propre badauderie. Alors cette douleur irradiante dans ses abdominaux, il l'accueillit comme un juste châtiment et l'orage en lui s'estompa... c'était lui qui était aux commandes et aucunement ses émotions. Hors de question de dévier une nouvelle fois. Sans perdre de temps, il s'ancra à nouveau dans la réalité.

Le regard d'Alexis Fawley ne laissa pas place au doute. C'était une envie de meurtre qui l'animait et c'était son seul et unique but : le tuer. La médicomage était loin d'être en état d'y parvenir mais une tentative désespérée pouvait lui porter préjudice. Il fallait toujours se méfier d'une bête blessée et acculée.

D'un bond elle quitta son lit de fortune pour se ruer sur lui avec une rage qu'il comprenait dès à présent. Ses ultimes forces bandèrent son bras en direction de la mâchoire aux traits abrupts du Carrow. Ce dernier vit le coup venir mais trop tard pour l'éviter. A la façon d'un boxeur et uniquement par réflexe, il remonta ses coudes et leva ses poings fermés vers son visage, puis riva fermement ses pieds dans le sol, roidissant son corps massif dont les muscles distendirent le tissu du t-shirt blanc qui le couvrait.

Le coup s'abattit sur sa garde dressée au dernier instant. La force qui s'en libéra fut étonnante aux vues du gabarit de la jeune femme et surtout de la précarité de son état de santé. L'élan manqua de la faire choir. Ses mains s’agrippèrent au lit comme la certitude que son lâcher prise signerait son inexorable chute. Ce fut le cas. Son corps céda, incapable d'en supporter davantage. Euron suivit des yeux cette lente abdication, jusqu'à ce que le sol fusse son unique soutien.

Enfin, cette confrontation prenait fin. Il se redressa avant d'expirer bruyamment.

« Imbécile. » Le médicomage et professeur ne supportait pas la négligence, mais alors lorsqu'il s'agissait de la sienne... Mais il n'était pas temps de s'appesantir sur ses propres erreurs. Il retenait vite les leçons et celle-ci lui ferait le plus grand bien.

« Un peu d'humilité ça ne te tuera pas... »

Il se pencha sur le corps blessé d'Alexis. Son regard cérulé se fronça ostensiblement tandis qu'il dégagea le visage apâli d'une mèche de cheveux bouclée emmêlée. Les traits si farouches et irascibles de la sorcière s'étaient évanouis, laissant place à une surprenante douceur mêlée de sérénité.

Le médicomage passa simultanément un bras dans son dos et l'autre sous ses jambes. Une œillade vers le cadran accroché au mur lui indiqua que dans une heure tout au plus, ces lieux seraient autrement animés.
Euron devrait être rapide et efficace. Priorité : la lésion à l'abdomen.
« Lumos ! » Une boule de lumière surgit de la baguette qu'il venait d'extirper de sa poche arrière, illuminant la pièce.
Prestement, il souleva le haut abîmé de sa patiente pour dégager la plaie suturée. La violence des mouvements avaient déchiré les fils et la plaie saignait abondamment. Il s'étonna à nouveau de ce travail. Si elle n'avait pas tenté de le frapper, les fils auraient tenus et la plaie aurait certainement pu cicatriser correctement... si on excluait bien évidemment le risque de surinfection.

« Vous êtes vraiment douée mademoiselle Fawley... » Murmurait-il pour lui-même, tout en retirant du bout de la baguette les fils englués dans le liquide vermeille. Un sort inaudible scruta l'intérieur du corps de l'alitée, confirmant qu'aucune lésion interne n'était à déplorer. Parfait. Il pouvait commencer.

Dans la pièce, les portes des placards volèrent subitement, des dizaines d'objets en surgissant, la magie du sorcier les vidant de leur contenu : potions désinfectantes, compresses, fil, aiguilles, coton, linges propres... chaque chose traversa la pièce à une vitesse folle pour se figer à son côté, attendant patiemment le moindre ordre intimé. Tout s'articula tel un orchestre à la mondiale renommée et dont il était le seul chef. Chaque objet avait un rôle et semblait s'exécuter comme s'il était animé d'une volonté propre. Le coton épongea la plaie, l'aiguille se para du fil qui lui était destiné, s'immobilisa à la verticale comme si le temps avait sur elle perdu son emprise et descendit lentement vers la jeune femme, le métal rutilant sous la boule luminescente, jusqu'à toucher sa peau. Elle y rentra avec une surprenante douceur, enchaîna ses pas telle une danseuse de ballet et passa le fil de part et d'autre de la blessure, chaque point rapprochant la peau avec une stupéfiante précision. Son travail enfin terminé, le fil se noua avec une fluidité flirtant avec la grâce et se rompit. Une potion au liquide doré et à l'odeur de rose -odeur sur laquelle il s'attarda un bref instant- se déversa sur la blessure avant qu'une compresse ne la tamponne avec soin.

Euron se rapprocha, scrutant son propre travail avec l’œil d'un expert intransigeant. Un large pansement couvrit la blessure avant qu'il ne remette le t-shirt en place.

« Blessure suivante : plaie perforante à la main causée par la lame d'un couteau... » Murmura-t-il d'un air absent avant de secouer brièvement sa tête en soupirant d'agacement. « Tsss... A qui crois-tu t'adresser Euron...  » Déformation professionnelle pensa-t-il... il avait tellement l'habitude d'expliquer chacun de ses gestes lors des cours magistraux...

« Moi je trouve ça fascinant maître ! » Retentit alors une voix guillerette derrière lui.

« S'il y a bien une personne à qui ce n'était pas adressé c'est bien à toi vermine ! Range cette pièce et nettoie les traces de sang dans le couloir. Si quelqu'un se rend compte de ce qui s'est passé ici cette nuit, je t'offre un vêtement. »

Le visage de Mus, l'elfe de maison dévoué, perdit de son expression jouasse et enamourée pour se tordre d'effroi à cette menace.

« M... Maître... » Bafouilla-t-il bêtement, incapable d'articuler autre chose que la profonde terreur qui venait de l'étreindre.

« Exécution ! »

Un craquement retentit. Des feuilles volèrent. Les tablettes portées sur roulettes furent repoussées violemment par la force de cette disparition soudaine.

Avec délicatesse, il observa la main blessée, la tournant et la retournant.

« Pas de lésions des tendons... de la capsule ou des cartilages articulaires... Vous avez beaucoup de chance... » Il posa son regard sur la jeune femme, silencieux et pensif... puis d'un coup de baguette magique, le bal médicomagique s'ébroua de nouveau sous son œil attentif et méticuleux.

Tic Tac Tic Tac...

Lorsqu'il eut enfin terminé son ouvrage, la main de la sang-mêlée était bandée avec grand soin et mis à part son état vestimentaire, rien ne laissait plus deviner son précédent duel. Plus aucune trace d’ecchymoses.

Il lui restait bien peu de temps. Mus réapparu avec perte fracas, accourant vers son maître, le regard littéralement écarquillé, le souffle court.

« Maître Euron ! Monsieur ! J'ai terminé ! Tout est meeeeeeerveilleusement propre. J'ai nettoyé le sol, les murs, le plafond, les portes, les plinthes, les joints... »

« Merci Mus ça ira, tais-toi » Sa voix posée contrastait avec la panique évidente du petit être chétif dont les tocs nerveux commençaient sérieusement à se voir. Mais, étant manifestement accoutumé à ce genre de comportement déviant, le Carrow n'y prêta aucunement attention.

« Oui! Oui! Mus se tait! Mus se tait ! » Qu’il crachait en boucle dans un murmure, les doigts sur ses lèvres tremblantes.

« Calme toi je ne vais rien t’offrir d’accord ?…Nous devons partir... mais on ne peut pas la laisser là. » 

« Oui  Oui! Laissons-là ! » Le regard assassin d’Euron le transperça sans pitié.

« NON !! Non Mus voulait dire ne la laissons PAS ! Ah non non non ne la laissons pas. »

Un dernier coup d'oeil aux alentours et plus rien ne laissait deviner de leur tumultueuse présence en ces locaux. Tout avait été briqué et rangé. Saisissant le poignet d'Alexis, il s’apprêta à transplaner lorsque Mus poussa un cri.

« Où allez-vous monsieur ?! »

Mais aucune réponse ne lui parvint. Les deux silhouettes se déformèrent, avalées par la crevasse spiralée de l'espace temps, ne laissant derrière eux que le silence et un étrange parfum de rose*.


* je fais allusion à la potion désinfectante et pas un truc mièvre eukay ?  You'll never see what's hiding out || Euxi I 1885401136
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Mar 25 Oct - 17:50
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Service de médicomagie légale, Octobre 2016 || Euron & Lexi
Les hommes comme Euron lui inspiraient d’ordinaire le respect. Il était reconnu et estimé dans sa spécialité et avait su se construire une réputation seul, sans avoir besoin de l’appui d’un patronyme célèbre. Et pourtant, à ce moment précis, il représentait tout ce qu’elle haïssait au plus haut point : un homme qui cherchait à obtenir des informations sur elle par le biais de la force et de la violence ; non pas qu’elle abhorrait cette manière de faire, étant elle-même plutôt attachée à ce type de comportement, mais il était d’une évidence certaine que le point de vue était soudainement différent lorsque la victime n’était plus un inconnu dans une ruelle plongée dans la pénombre mais plutôt une silhouette bien familière, une silhouette qui lui ressemblait. Et Lexi détestait être prise au dépourvu, elle détestait qu’on ait la moindre emprise sur elle, elle qui s’était toujours évertuée à se construire seule, mettant à distance les personnes qui ne méritaient pas d’être attirées vers la noirceur de ses desseins. Si la jeune médicomage ne s’entourait que de peu de monde, c’était bien parce que sa confiance ne se gagnait pas si facilement et il fallait des années pour que celle-ci devienne aussi solide qu’un rocher au milieu d’une tempête déchaînée. Pourtant, Euron Carrow aurait pu bénéficier d’un privilège certain étant un des amis de Kesabel mais ce qu’il était en train de faire dépassait l’entendement. Habituée à fréquenter des personnes peu recommandables, c’était pourtant la première fois qu’elle se sentait humiliée, violée dans son intimité et incapable de se défendre de la menace extérieure. La violence de l’intrusion dans son esprit n’avait pas d’égal et la surprise émanant de la jeune femme l’empêchait de réagir ; elle n’avait pas la force mentale de le repousser, encore moins maintenant, alors qu’elle était affaiblie par l’attaque et par le dégoût qu’elle avait d’elle-même. Elle n’était pas aussi forte qu’elle l’imaginait, au contraire, elle demeurait faible et elle se haïssait d’être née dans ce corps de femme dont la suprématie était aisément reléguée au rang de victime. Alors qu’il fouillait dans son esprit, elle revivait en même temps que lui la honte ressentie quelques instants auparavant, maîtrisée par ce moldu qu’elle aspirait à devenir son cobaye. Si certains diraient qu’il s’agissait là que d’un juste retour des choses, Lexi savait que si Carrow prenait la peine de rechercher dans sa mémoire les fragments de ses souvenirs, c’était avant tout pour l’humilier, pour lui faire payer l’affront qu’elle lui avait fait en refusant les explications qu’il aurait pourtant été en droit de mériter étant donné le désordre occasionné par la jeune femme dans le service de médicomagie légale.


Pour autant, l’expérience était d’une brutalité à nulle autre pareille et certains éléments de son existence défilaient sous ses yeux sans qu’elle n’en ait la moindre prise, sans qu’elle ne puisse s’y refuser. Jusqu’à ce souvenir. C’était il y a des années et pourtant, l’image apparaissait toujours aussi claire dans son esprit, toujours aussi nette et rien ne semblait avoir entravée les sentiments qu’elle avait ressenti en entendant la porte vibrer sous les coups insistants de son père, ni la piqûre sanglante de la lotion asceptique sur sa peau d’enfant, ni la rudesse de la bande qu’elle enroulait autour de sa blessure. Elle n’entendait que son cœur qui tambourinait dans sa poitrine, que sa crainte d’être à nouveau réduite au simple rang d’objet, elle qui n’avait jamais suscité l’admiration de son père. Une femme qui ne pourrait pas faire perdurer la lignée des Fawley, probablement destinée à se marier avec un sorcier de basse-extraction maintenant que le sang de la famille était souillée. Elle voyait la honte dans les yeux de son géniteur à chaque fois qu’il la regardait ; ce n’était pas la honte de sa fille mais bien la sienne qui se reflétait dans ses yeux, lui qui avait cru faire un mariage d’amour mais qui avait été trompé et dont la culpabilité d’être rayé de l’arbre généalogique l’avait poussé à agir comme le dernier des décérébrés. Toute la haine qu’il se portait à lui même, il l’avait reporté sur sa progéniture, pourtant née innocente. Mais Lexi avait grandi dans cette ambiance où elle se sentait responsable et non désirée, pervertissant son rapport aux autres. Elle avait cru, pendant un temps, pendant quelques années à Poudlard, trouver les ressources nécessaires auprès de certains autres élèves afin de sortir une fois pour toutes de l’enfer dans lequel ses parents l’avaient laissé évoluer mais la noirceur de son âme avait déjà été pervertie et le retour en arrière fut impossible. Le souvenir qu’Euron Carrow était en train de scruter avec une attention certaine était sans aucun doute l’un de pires et dans son esprit malmené, elle savait qu’elle ne pourrait trouver la force psychique pour le repousser alors elle décida de se rabattre sur l’ultime option, celle qu’elle maîtrisait davantage : la force physique. D’un coup violent dans l’abdomen, elle le projeta à quelques mètres d'elle. Elle le savait, elle n’aurait que quelques secondes pour agir avant qu’il ne retrouve tous ses facultés alors elle se jeta sur lui telle une forcenée, prête à lui ôter la vie sans la moindre hésitation. Le viol de ses souvenirs était à vif et elle avait encore l’impression de sentir sa présence dans sa tête alors qu’elle cognait son visage avec une rudesse dont elle ne se serait pas cru capable étant donné le peu de force qu’elle possédait encore. Toute son énergie dirigée vers lui, elle sentit néanmoins ses forces l’abandonner au fur et à mesure que le revers de la médaille se rappelait à elle. Ses blessures étaient grandes, trop grandes pour qu’elle puisse le supporter. S’évanouir fut la réponse choisie par son organisme pour se protéger des prochaines représailles que Lexi aurait probablement lancé si elle en avait eu la force.

Se réveillant en sursaut, prête à laisser à nouveau sa colère s’abattre sur Carrow, Lexi se redressa vivement, entraînant une brûlante douleur dans son abdomen à l’endroit de la plaie. Relevant le tee-shirt, elle scruta sa blessure pansée et soignée. Levant les yeux vers l’endroit où elle était couchée, elle reconnut sans difficulté le logement de Kesabel mais l’appartement semblait vide de toute présence humaine. Se relevant sans chercher à se reposer davantage, Lexi sentit les soubresauts au fond de son estomac remonter jusqu’à son œsophage mais elle retint son envie de vomir. Souiller son esprit n’avait pas été suffisant pour lui, il avait aussi fallu qu’il soigne ses plaies… Se retenant d’arracher les pansements réalisés par pur orgueil, elle s’accouda au premier meuble qui se trouvait là pour péniblement pour se diriger vers l’âtre de la cheminée. Elle n’avait pas la force de transplanner mais refusait de demeurer chez son ami ; peut-être n’était-il pas au courant de sa présence et elle refusait qu’il le devienne. Cette nuit devait rester secrète, devait rester un moment qu’elle tairait et qu’elle n’évoquerait plus jamais. Jamais. Attrapant une poignée de poudre verte, prononçant l’adresse de son domicile, Lexi s’effondra au sol sur le tapis de son appartement. La détermination et le dédain qu’elle manifestait depuis toujours l’emporta sur sa raison et elle se releva pour flancher à nouveau sur le sofa. S’allongeant douloureusement, elle savait que le sommeil ne viendrait pas ; son irritation la tiendrait éveillée et elle le savait. Toutes ses pensées étaient tournées vers Euron Carrow, cet homme qu’elle avait pourtant admiré autrefois et qu’elle détestait maintenant pour avoir osé fourrer son nez dans ses affaires.
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