Une soirée pour décompresser après une journée de travail, c’était exactement ce qu’il fallait à Doryan. C’était une de ces journées où les appels n’avaient pas arrêté, où il avait fallu courir partout pour des tâches certes variées mais surtout exténuantes. Une fois dans les vestiaires, il avait troqué son uniforme de pompiers contre ses habits de civils, après s’être douché bien entendu. Il serait bien allé en soirée directement après être sorti de la caserne mais bon, il y en a une qui ne serait pas vraiment contente s’il pensait à picoler avant de penser à la sortir. Il avait voulu un chien, il fallait l’assumer qu’il ait un programme chargé ou non et puis ça n’était pas non plus un calvaire de la promener, bien au contraire, c’était un moment de calme où il pouvait bien souvent envoyer des textos aux gens pendant que la chienne sniffait ça et là, trouvant des odeurs toujours plus intéressantes à se mettre sous la truffe. Bon, il devait le reconnaître, les balades, c’était quand même bien plus intéressant avec Sol, parce qu’il appréciait grandement sa compagnie et que c’est toujours plus sympa des balades avec quelqu’un à qui parler mais il faut croire qu’ils n’avaient pas toujours des emplois du temps qui coïncidaient et vu que ce soir, il avait prévu de passer la soirée avec Cassiopée et que petit un abandonner Sol après une balade, ça ne se fait pas vraiment, que petit deux, il y aurait eu de fortes chances qu’en rentrant chez Doryan, il songe plus à coucher avec sa copine que d’aller boire un verre soyons honnête et que petit trois, il y a pas de petit trois.


Après avoir été un maître responsable en promenant le chien, la question qui se posait c’était le moyen de transport. A l’heure qu’il était, marcher jusqu’au bar aucun problème, il ne faisait pas chaud certes mais il était habillé chaudement, en pleine nuit, pas sûr qu’il serait motivé à l’idée de rentrer à pied, les températures auraient grandement chutées et sans être la personne la plus frileuse au monde, ça ne faisait pas non plus rêver Doryan le vent froid qui s’engouffre dans les habits. Sauf que voilà, prendre la voiture, solution de facilité par excellence, ça n’était pas prudent, il se connaissait, l’alcool, il aimait bien et s’arrêter, surtout dans ce genre de soirée, ça n’était pas la chose la plus évidente. Prendre la voiture, c’était quelque part se mettre en danger et mettre son passager en danger s’il ramenait Cassiopée - et on connait Doryan, il va chercher à la ramener - par conséquent il valait mieux faire une croix dessus. Soit il la raccompagnerait en bus, soit ce serait à pied – et après pour rentrer jusqu’à chez lui on va se marrer mais ce n’est pas le thème du rp – ou alors la solution de facilité, le taxi. Il verrait certainement en temps et en heure avec Cassiopée.

La retrouver dans le bar ne fut pas des plus compliqués et non il n’était pas en retard, c’était Cassiopée qui avait une montre en avance et la montre de Doryan reculait, c’était aussi simple que ça, raison pour laquelle la première phrase qu’il lui sortit après lui avoir dit bonjour et lui avoir fait un bisou sur la joue fut « Si tu comptes te plaindre de mon retard, sache que c’est la faute de Belle. » Toujours accuser le chien, surtout quand il ne peut pas se défendre à coup de langues et de regards plein d’amour parce qu’il est absent. Pour se faire pardonner de l’avoir laissée seule pendant quelques minutes, Doryan lui offrit le premier verre. Bon certainement qu’il lui en offrirait d’autres dans la soirée mais le premier c’est forcément le plus important, c’est le seul dont on est parfaitement sûr de se souvenir puisqu’on est sobre pour le boire. Les conversations allaient bon train, Doryan trouvait que son verre se vidait rapidement, certainement un sortilège là-dessous en réalité, ça n’était pas du tout parce qu’il avait une descente rapide ça c’est faux et il est vrai que pour la première fois depuis bien longtemps, pour ne pas dire depuis toujours, il évitait de balayer du regard la pièce pour regarder les filles présentes. S’il se concentrait bien comme il faut sur le positif, ça donnait le fait qu’il était forcément plus concentré sur Cassiopée, s’il basculait sur le côté négatif, heureusement que c’était Cassy et pas Charly avec qui il était ce soir, sa sœur l’aurait percé à jour en deux secondes top chrono, se serait foutu de sa tronche comme pas permis – ce qu’il aurait aussi fait dans le cas inverse d’ailleurs – et il aurait dû dépenser tout son salaire pour la faire boire et qu’elle oublie… ou plutôt qu’elle accepte de faire semblant d’oublier. Cassy était bien plus une alliée sur ce coup-là, c’est donc sans raison autre que ses pensées qu’il leva un verre en direction de son amie.

Au cours de la soirée, à force de boire, il fallut bien passer par la case toilette… Quelle erreur, laisser Cassiopée toute seule dans un bar où il y avait des gars. S’il y avait bien une personne qu’il valait mieux ne pas laisser seule, que ça soit en ayant bu un verre ou en ayant rien bu du tout, c’était bien Cassiopée. A peine revenait-il dans la salle que Doryan eut la désagréable surprise de voir un type assis à sa place. Tant qu’il ne touchait pas son verre, à la rigueur, Doryan était plutôt cool pépère, chacun dans ce bas monde étant libre de faire ce qu’il veut et Cassiopée étant juste une amie, un type pouvait bien la dragouiller, Doryan ne s’emmêlait pas, il était plutôt le genre de type à lever les deux pouces en l’air ce qui signifierait qu’elle avait une touche. Là, il hésitait à rejoindre la table, ayant très envie de récupérer son verre qui n’était pas vide et sa pote hein parce que merde, si le type voulait son numéro, bla bla bla, il faudrait peut-être accélérer un peu la cadence, ça allait pas du tout. Là, où il fut un peu moins d’accord avec l’attitude du type c’est qu’il venait de prendre le verre de Cassiopée, mais qui fait ça, qu’il sirotait dedans comme s’ils étaient les meilleurs potes du monde, mais qui fait ça, et qu’en prime il demandait à la demoiselle de lui payer un verre, mais qui fait ça ?

Non mais c’est bon, Doryan il la connaissait la miss, elle n’allait même pas voir le mal, il y avait 70% de chance qu’elle dise oui et qu’elle le trouve gentil, oui une truffe clairement, Doryan rejoignit sa pote et le type collant qui s’était greffé à sa table pour vérifier quand même un truc, ignorant peut être un peu type collant au passage mais ne vous inquiétez pas il va pas s’en aller tout de suite, ah les pnj c’est la vie « Rassure moi, tu as pas l’intention de lui payer un verre. » Il adressa un sourire au gars, la politesse tout ça « ça c’est pas ton verre, c’est le sien et ça, c’est ma chaise. » Quoi, il n’était pas au courant, il fallait bien que quelqu’un lui dise et il n’avait même pas parlé de son verre, si le type touchait son verre, il était mort clairement, on pique pas les verres des inconnus, l’alcool ça coûte cher bordel. Pourvu que dans un élan de bonté mêlé à de la bêtise, Cassiopée ne lui propose pas de s’asseoir avec eux parce qu’il allait acheter des pommes, en glisser une dans son gosier pour qu’elle ferme sa bouche et qu’elle arrête d’être gentille avec tout le monde y compris les lourdingues !  

En fait, si Doryan avait un chien, ça n’était absolument pas parce qu’il aimait les bêtes, que ses parents étaient des parents indignes qui n’avaient jamais voulu lui offrir un chien – en même temps il aurait dû partager avec Lyam et Charly, il aurait pas aimé – non c’est juste qu’avoir un chien ça permettait d’avoir une excuse de rêve pour être en retard et ne pas se faire enguirlander. En prime Belle avait un physique de rêve, si si faut le dire, une fâcheuse tendance à remuer de la queue dès qu’on la regardait, oui ça fouette c’est ultra désagréable, et elle ne pouvait pas se défendre, jackpot. Personne n’arrivait vraiment à résister à ses yeux bruns et le fait que Cassie ose prétendre l’inverse fit doucement rire Doryan, ah non mais là il cherchait la crédibilité de la demoiselle, il semblerait qu’elle se soit noyée dans le verre de… elle buvait quoi là ? C’était pas de l’alcool ça. C’était pas le sujet, sermonner Belle, bien sûr « Si ça ne te dérange pas, ce jour-là fais-moi penser à te filmer histoire de me mater la vidéo les jours de déprimes, ça devrait me redonner le sourire. » Bon après ce n’est pas comme si Doryan était le genre de personne à déprimer mais par contre se foutre de Cassie, ça oui, carrément que ça lui ressemblait – des gens en réalité. La soirée débutait donc sous les meilleurs auspices et comme Cassie l’avait attendu, ils en étaient au même nombre de verres et Doryan n’avait pas besoin de la rattraper. Le problème c’est qu’à force de boire, il dû s’absenter, chose logique quand on boit et eut la bonne surprise de voir que Cassie s’était fait un pote. Alors Doryan n’avait rien contre les potes des filles qu’il fréquentait, en fait elle pouvait même fréquenter qui elle voulait, il n’avait rien à dire, ne disait rien et ne jugeait même pas. Après tout, il avait une sœur, il la laissait se débrouiller comme une grande – étant même plus du genre à l’encourager qu’autre chose – il n’était donc pas concevable qu’il intervienne dans les relations des autres filles qui l’entouraient. Sur le papier, parfait, en réalité… Cassie c’était quand même une truffe, elle était gentille, alors oui c’est cool d’être gentil mais si personne n’a jamais cité cette qualité lorsqu’un recruteur demande une qualité, c’est quand même pas pour rien. Non mais à la rigueur qu’un type la drague, parfait, mais celui-là il était spécial, pour pas dire lourd. Alors oui, il y a une règle de gentleman – pas du tout gentleman – qui stipule qu’il est interdit d’aller emmerder un mec qui drague une fille… surtout s’il galère, sinon bonjour les problèmes d’ego du monsieur, mais là c’était trop et Cassie était vraiment pas assez douée pour refouler les gens. Non seulement s’il laissait faire elle allait payer son verre, et tous ceux qui suivraient mais en plus elle allait finir chez lui parce qu’elle n’aurait pas osé dire qu’elle n’était pas intéressant. De ce fait, Doryan intervint pour essayer de faire bouger le type, allez qu’il aille emmerder une autre fille.

En plus, il l’appelait l’ami… oh non mais ils étaient pas amis du tout, il était assis à sa place. Il était parfaitement détendu là encore, franchement gros effort sur lui-même de la part de Doryan. Mais quel hypocrisie de la part de monsieur lourdingue, il ne faisait que discuter, Doryan roula des yeux avant de dire sarcastique « Tout en lui piquant son verre. » Comment ça elle était charmante Cassie ? Enfin oui là n’est pas la question, bien sûr qu’elle était charmante mais d’où il connaissait son nom, Doryan lança un regard blasé à son amie mais non, elle n’avait pas répondu à sa question quand même ? Bien sûr que si, comme quoi lui foutre une pomme dans la bouche c’était vraiment une bonne idée. Lâchement abandonnée, non mais ce qu’il fallait pas entendre, tu parles qu’elle avait l’air déprimée. Mieux valait il ne pas répondre à ça. Par contre pour le qui part à la chasse perd sa place, bon déjà c’est possible de dire ça en 2021 quand on a plus de 10 ans, purée première nouvelle, Doryan le regarda avec un immense sourire « Crois moi l’ami, je n’ai absolument pas perdu ma place. » Oh non, autant Cassie était trop gentille – toujours pas un compliment hein – autant il ne doutait pas vraiment du fait qu’elle préfère passer la soirée avec lui plutôt qu’avec ce type qu’elle ne connaissait pas. Non mais le culot du mec, c’était hallucinant, il venait vraiment de prendre le verre de Doryan pour le lui tendre, genre à un moment donné dans sa tête, il s’était vraiment dit que Doryan allait dire ok, j’y vais. Hé mais heureusement pour lui Cassie n’était ni la copine de Doryan, ni une potentielle conquête parce que c’était dangereux de faire ça.

Doryan attrapa son verre, politesse oblige, le vida d’un trait, non mais valait mieux parce que sinon dans deux secondes il allait lui vider sur la tête et ce serait du gâchis ou alors le type allait vouloir boire dedans et ça n’était pas mieux. Et ça y est il était reparti avec son histoire de Cassie allait lui offrir un verre, oh berk en plus il prenait sa main et Cassie eh bien elle ne savait pas quoi faire. Comment voulez vous que Doryan garde son sérieux quand l’autre elle était au bout de sa vie et qu’elle ne savait même pas dire non. Bon donc il fallait jouer dans la cour de la lourdeur , alors ça tombait bien, Doryan avait des années d’expériences, faire suer les gens c’était un talent, s’il y avait eu une spécialité dans les études sur comment rendre dingue ses interlocuteurs, c’est sûr il aurait été major de promo et dans tous les livres d’histoires on aurait parlé de lui. Première étape poser son verre sur la table en prenant grand soin d’écraser le petit doigt du gars qui forcément réflexe, retira sa main de celle de Cassie pour fusiller Doryan du regard. Doryan se permettant même de feindre le sourire penaud – ça aussi grande maîtrise, major promo aussi – et dire « Oups désolé, j’ai pas fait exprès. » Si on se pose la question, la crédibilité se noyait toujours dans le verre de Cassie hein. « Alors moi je te jure j’adorerais vous laisser tranquille mais j’ai pas d’autres potes dans ce bar, je veux pas être tout seul. » Il fit mine de regarder autour d’eux « Rahlala je crois que je vais pas oser aller demander une autre chaise, je peux m’asseoir sur tes genoux comme c’était ma chaise ? » ça y est le mec le regardait bizarre, logique en même temps « Mais ça va pas ? » Ah mais si, ça allait très très bien, Doryan s’approcha d’un air convaincu, bien décidé à s’asseoir sur ses genoux,  du type qui n’était clairement pas un bon pote LUI « Vas y barre toi. » Hé oh mais quelle impolitesse. Bon tant pis, puisque monsieur voulait pas prêter sa chaise qui était celle de Dory à la base mais qu’importe, ce dernier s’installa sur la table entre les deux, lourd par excellence clairement et, délaissant complètement leur nouveau pote qui ne pouvait plus voir Cassie puisque Doryan n’était pas transparent, Doryan s’adressa à la demoiselle « Et donc toi, un mec boit dans ton verre, est lourd comme pas permis et te demande de lui payer un verre, sans parler du fait qu’il me pique ma chaise, t’es partante ? » Purée l’opposée de Soledad, avec Soledad il galérait à obtenir une gorgée et Cassie, elle filait sa boisson sans discuter… bon sang «  Cassie, faut que tu apprennes à dire non. Par exemple, si là je te dis on va dans les toilettes crado du bar pour coucher ensemble, tu dois me dire quoi ? » Oui bon à coup sûr c’est l’autre gros chieur qui allait répondre à la question, alors que ça ne lui était pas adressé mais il fallait bien l’entraîner la pitchoune, ça allait mal finir pour elle sinon. Bon et si elle disait oui... c'était la merde aussi, elle n'allait pas dire oui hein?

Il fallait qu’il vérifie ses goûts ? Quelle drôle de façon de faire. Non pas qu’il devait se foutre des goûts de Cassie ou d’une autre fille… ouai d’une autre fille parce que s’il pouvait éviter de mettre le grappin sur Cassie ça arrangerait tout le monde, Cassie déjà qui n’avait pas l’air réceptive à cet homme – en même qui le serait, on se demande bien -  mais aussi Doryan qui n’était pas très bon comme chaperon. Le seul chaperon qui avait le droit d’exister c’est le petit chaperon rouge et il se fait toujours becter à la fin de l’histoire, oui c’est pas le sujet. Non, le mieux c’était de ne pas répondre à cette folie, à la place mieux valait il lui broyer les doigts sous son verre. Ah ça fait mal hein ? Le talent d’un homme habitué à éloigner ou ridiculiser la concurrence lorsqu’il y a une fille à draguer. Bon là, il n’avait l’intention de draguer personne mais c’était toujours utile. Surtout que Cassie elle n’était vraiment pas douée pour éloigner les prétendants, il faudrait qu’elle prenne des cours parce que pour que Doryan soit obligé d’intervenir en s’asseyant sur les genoux du type, c’est que vraiment le level était élevé.

La situation amusait grandement Doryan qui poussait le bouchon un petit peu trop loin, ses parents avaient merdé ils auraient dû l’appeler Mauryce. Il fallait qu’il vérifie auprès de Cassie quelque chose, le fait qu’elle soit partante alors qu’un mec était lourd comme bah… en fait du jamais vu. Elle n’était pas partante, Doryan plissa les yeux, pas franchement convaincue « Ah oui c’est d’une clarté toute relative. » En plus elle avait zéro argument, genre elle n’était pas partante, mais ne faisait rien. Ah par contre quand il s’agissait de dire non à Doryan, là elle savait très bien faire. Ça c’est bien, ça voulait dire que Doryan ne l’intimidait pas du tout et qu’elle savait dire non quand elle connaissait les gens. Ça voulait dire aussi qu’il ne la vexerait pas en lui disant qu’il ne pouvait pas coucher avec elle que ça soit dans les toilettes crades du bar ou ailleurs parce que Sol avait été on ne peut plus clair à ce sujet et qu’il respecterait son engagement envers elle. Sans oublier le fait que les deux filles se connaissaient et qu’elle répéterait forcément à sa pote… qui ne serait sûrement plus sa pote parce que piquer le copain de sa pote même pour une nuit, ça ne se fait pas. La seule chose qu’avait noté Balou c’est que Doryan venait de se prendre un non. S’il était blessé dans son ego ? Oulah alors il faut savoir une chose sur Doryan c’est que son ego il s’asseyait dessus, il n’en avait rien à cirer qu’on lui dise non. Enfin il respectait le non mais ça ne lui faisait ni chaud ni froid d’être éconduit. Dans ce cas de figure précis en plus, il ne s’attendait pas à un oui, il ne voulait pas un oui. « Oh je pense que je vais m’en remettre très franchement, mais c’est gentil de t’inquiéter, t’es vraiment un pote toi. »

Il ne voulait pas non plus qu’on lui donne un coup dans les côtes, eh ho c’était douloureux ça, il faut croire que le pote n’en était pas vraiment un. Pour autant, il ne bougea pas, attitude de tête de mule qui donna des ailes à l’idiot qui le poussa contre la table. Ah bah non, ça c’est bof hein, il venait de faire en sorte que le verre soit renversé. « Si je peux me permettre, ta technique pour avoir des verres gratuits est très mauvaise. » L’autre s’apprêtait à répondre, ça se voyait à son regard plein d’amour – de haine, c’est clairement de la haine – pour Doryan, sauf que Cassie l’en empêcha. Il faut dire qu’elle était à présent debout, qu’elle avait l’air… Bah en fait justement c’était compliqué de définir son air, en tout cas d’après Doryan c’était pas un air agacé, à la rigueur ça ressemblait à quelqu’un qui va être obligé de claquer un billet de vingt pour payer un café… pas fameux fameux donc. Son discours était mémorable, elle avait rien demandé à personne. Bah oui justement, le problème c’est qu’elle ne demandait rien mais que si on lui demandait un truc elle disait oui… ou plutôt elle ne disait pas non. Au moins, les deux gars se turent pendant quelques secondes et Doryan évita d’éclater de rire en la voyant si gênée d’avoir de l’attention… bah c’est ça d’hausser la voix. Il fallait vraiment qu’il la forme ça allait pas du tout. Il hocha la tête tandis qu’elle lui parlait de prendre deux verres et se leva pour laisser à l’éconduit le loisir de se tirer, c’est bien ce qu’il voulait faire, non vu qu’il n’arrêtait pas de le pousser pour qu’il dégage de ses genoux . Comme souvent lorsqu’il s’agissait de Doryan, il ne put résister au plaisir de provoquer l’autre type « Pas trop blessé dans ton ego l’ami ? »  « Boucle là toi. » Ah plus susceptible que Doryan, comme c’était étrange. Doryan suivit Cassie et eut la désagréable, très désagréable surprise de voir que le gars les avait rejoint et que pire que tout, il passait son bras autour des épaules de la brunette « Je m’appelle pas Doryan mais c’est très gentil de me payer un verre, tu peux dire au gars qui nous suit qu’il nous gêne. » Non mais franchement respect, être autant à côté de la plaque, c’était même plus honteux, c’était un art. Doryan restait derrière, suivant quand même ce qui se passait et offrant son aide à sa pote, un brin amusé par la situation il devait le reconnaître « Tu me le dis quand ton amoureux transi dépasse les bornes selon toi je jouerais mon rôle de garde du corps. » « Tu veux pas te casser et nous laisser en paix plutôt ? Cassie tu veux pas lui dire qu’il doit nous laisser ? Il a pas quelqu’un à faire suer plutôt que de nous coller ? » Doryan hésitait, devait il intervenir un peu plus sèchement ou devait il attendre le top départ de miss Cassie pour agir?

Se pourrait-il que quelqu’un ait échangé Cassie contre quelqu’un d’autres, Doryan se posait la question. Alors bien sûr que physiquement c’était Cassie, il la reconnaissait dans ses mimiques aussi, mais alors au niveau du caractère c’était une première. Déjà, il avait été étonné qu’elle s’énerve précédemment, ça ne lui ressemblait pas vraiment, ça pouvait surprendre les gens présents ici pour autre chose mais pour Doryan c’était juste inconcevable que Cassie agisse ainsi. Mais ça n’était que le début de Cassie est étrange ce soir, elle refusa l’aide de Doryan lorsqu’il lui proposa d’intervenir si nécessaire, oui pour n’importe quelle fille ça ne l’aurait pas surprit, les filles aiment bien se débrouiller seule mais pour Cassie c’était un peu plus compliqué et une nouvelle fois, elle fut sidérante. Elle venait de dire non, et pas un petit non timide, c’était un non dit fermement sur un ton bien audible. Doryan resta donc en retrait, purée les leçons avaient elles porté leurs fruits, est ce qu’enfin bébé Cassie avait appris à ne pas se laisser faire. Bon en plus le gars avait beau être lourd, il n’avait pas l’air bien méchant, donc tout allait bien se passer. Preuve en est, il eut besoin d’explication n’ayant pas compris le non, pauvre tâche et Cassie, bien décidée à montrer son caractère nouvellement trouvé se dégagea de son étreinte. Purée, elle se mettait même à l’humour alors ça c’était impressionnant, peut être qu’il pourrait se lancer dans des joutes verbales avec elle ? Doryan devait bien l’admettre, il était impressionné, fier et impressionné par la petite Cassie qui était totalement lancée.

Au moins, personne ne pourrait dire d’elle qu’elle n’était pas claire, elle n’était pas intéressée et ne le serait pas dans le futur. Elle se montrait très honnête avec lui et démontrait ce que tout le monde avait remarqué, qu’il était un peu pot de colle et mal élevé. Bon est ce qu’il avait été insultant avec Doryan en revanche, étant donné que le pompier s’en tapait un rein, on pouvait aisément se dire que non. Il prenait bien trop les choses à la rigolade pour être sérieusement impacté par les dires d’un inconnu. En revanche, il était d’accord, boire dans le verre des étrangers ça ne se faisait pas. Ou alors si c’était une technique de drague, Doryan ne la connaissait pas… le seul verre dans lequel il essayait de boire régulièrement c’était celui de Soledad mais il la connaissait très bien et partageait très régulièrement sa salive avec elle donc bon ça passait mieux. Et en plus, ça ne marchait pas souvent, Sol n’étant pas prêteuse lorsqu’il s’agissait de son verre, c’était une lutte sans merci qu’ils se livraient mais ils étaient consentant tous les deux, ce qui n’était pas le cas de Cassie et Relou. Oui alors peut être que Doryan aurait dû expliquer à son amie qu’habituellement, les garçons n’aimaient pas trop qu’on parle de leur mère, c’est un fait dans la tête des mecs, maman était bien souvent sacré et à la seconde où elle commença à parler de la mère du jeune chieur, ses traits se fermèrent. Doryan essaya bien de faire un signe pour lui dire stop, l’autre allait râler ça allait être chiant.

Est-ce que Cassie écouta les conseils éclairés de son ami ? Mais pas du tout, pourquoi écouter un ami quand on peut emmerder quelqu’un, oui c’est vrai, Doryan aurait fait pareil mais Doryan c’était un emmerdeur de première et tout le monde le savait. Voilà, c’était très bien ce qu’elle venait de dire, elle allait retourner avec Doryan et ils allaient se débrouiller pour se mettre loin de lui. Il attrapa le verre que Cassie lui tendait et il faut bien admettre qu’il ne s’attendait pas à cette réaction de la part du gars. Le bruit de la main qui claque contre la peau fut quelque peu déstabilisante. Il y eut un petit temps, très léger en réalité où Doryan leva juste le regard de son verre pour vérifier ce qu’il savait pourtant déjà. Il analysa la scène très rapidement, Cassie affalée contre un inconnu. Il fallait qu’elle arrête de se faire des amis, c’était gênant à la longue, oui c’est pas le moment de faire de l’humour, c’est vrai. Leur pot de colle la main levée et pas du tout en mode check. Doryan essaya de prendre sur lui, de relativiser, tout ne se résolvait pas par la violence. Il avait quand même touché Cassie. Il fallait inspirer profondément. Il avait quand même touché Cassie. Il fallait expirer pour évacuer toute pensée négative. Il avait quand même touché Cassie. Ses doigts se serrèrent un peu plus fort contre le verre. Il avait quand même touché Cassie. Est-ce que vraiment, la violence dans ce cas de figure n’était pas clairement envisageable, surtout qu’il avait touché Cassie. Doryan posa donc son verre et pour que Doryan accepte de poser son verre, c’est que ça ne sentait pas ultra bon en règle générale. Il avait dû s’écouler moins de trente secondes montre en main entre le moment où le type avait touché Cassie et le moment où Doryan toucha le type. Ah, ça faisait longtemps qu’il n’avait pas foutu son poing sur la tronche de quelqu’un et ça ne lui avait pas manqué. Non pas que la sensation qu’il éprouva à l’instant où l’impact eu lieu soit désagréable. Ah ça non, il était plutôt satisfait sur le moment. C’est après que ça allait être chiant, comme il n’y était pas allé de main morte, il allait avoir mal derrière, probablement qu’il allait avoir les jointures des doigts un peu rouge. D’ailleurs il faisait jouer ses doigts, serrant et desserrant le poing pour vérifier que tout allait parfaitement bien. Le gars face à lui semblait sonné, ce qui était une très bonne chose selon Doryan. La raison à cela était toute simple, l’ego du mec allait forcément en prendre un coup et peu importe qu’il pense avoir le dessus sur Doryan – ou même qu’il ait le dessus sur lui – ou non, il allait forcément vouloir répliquer par principe et autant Doryan était ravi de lui avoir mis son poing dans la tronche, autant il n’était pas sûr que se battre avec un idiot maintenant soit une excellente idée. Il résista, très difficilement, à l’envie de lui redonner des coups pour le mettre à terre, préférant se dire qu’il n’était pas là pour ça mais bien pour passer du temps avec Cassie, il devait donc s’écarter.

Certain dirait que c’était de la lâcheté, d’autre du bon sens, Doryan dirait surtout qu’il n’avait pas prévu de passer sa soirée à se battre, il devait déjà se battre assez régulièrement pour le Blood Circle, ça n’était pas pour gâcher ses soirées avec ses amis. Il attrapa donc son verre de la main qui n’avait pas frappé le type, attrapa délicatement Cassie par le t-shirt, afin qu’elle ne se rebiffe pas et il l’entraîna à sa suite, essayant de mettre de la distance entre lui et le type. C’est un peu tendu par ce qu’il venait de se passer qu’il s’adressa à la brunette « Il faut qu’on aille dans les toilettes pour qu’on ait accès à de l’eau et qu’on soit un peu tranquille et que je regarde ton état. » Ses propos ne suggéraient aucune réponse négative, il entraînait Cassie un point c’est tout, ce qui ne l’empêcha pas de demander, un peu inquiet pour son état autant mental que physique « ça va ? » Devait il s’arrêter pour la regarder ? Un contact visuel la dissuaderait certainement de mentir pour le rassurer. C’est donc ce qu’il fit s’immobilisant pour la regarder, attendant sa réponse et lui tendant son  verre au cas où elle aurait besoin d’un remontant.

Tout aurait pu très bien se passer ce soir. Après tout, il était avec une très bonne amie, il y avait de l’alcool, comment ça pouvait mal se passer ? Pour tout gâcher, il suffisait d’avoir un type qui flash totalement sur Cassiopée et qui n’ait aucune limite. Alors bien sûr, venant de la part de Doryan, certains auraient pu se dire que le message était malvenu et que niveau limite, il n’était pas un exemple, certaines personnes pouvant en témoigner. En revanche, il n’avait peut-être jamais abusé à ce point de la compagnie de quelqu’un qu’il ne connaissait pas et surtout qui n’était pas seule. Encore que ce point n’était pas le pire, au contraire, mieux valait-il dans ce cas de figure que Cassy ne soit pas seule, vu comment le gars se comportait. Il ne comprenait pas qu’il n’était pas le bienvenue et pourtant les efforts de Cassiopée pour refuser les avances de ce type étaient remarquable mais ça ne fonctionnait pas, il ne lâchait rien c’était incroyable et à la fois, Doryan se posait la question suivante, est ce que le gars faisait semblant de ne rien comprendre ou est ce qu’il était réellement à côté de la plaque et il pensait que ça allait marcher à la longue. Si Doryan se trouvait têtu et persévérant quand il voulait quelque chose, à ce point, c’était quand même impressionnant à regarder.

Ce qu’il n’aurait pas pu anticiper, c’était la réaction trop violente du gars suite à un énième refus de la fille avec qui il souhaitait avoir un rendez-vous. Ça arrive à tout le monde après tout et personne, en dehors de lui, ne réagissait en frappant la demoiselle. Purée, sinon Doryan aurait frappé beaucoup de filles. S’il ne comprenait, ni n’envisageait le fait que l’on puisse frapper une fille, enfin tout dépendait en réalité. Sur le principe il était contre, en revanche, si une fille lui en retournait une pour quelque raison que ce soit, dans ces cas-là, il ne voyait pas pourquoi lui ne pouvait faire la même. Tout était une question d’équité selon lui. A cet instant précis, la question ne se posait pas, le problème ne venait pas de la fille mais bien du gars et si Doryan était persuadé que ça ne servirait à rien – excepté se faire mal à la main – il n’en eu que faire et son poings heurta la tête du gars, un avertissement visant à le prévenir que s’il aimait faire suer les filles, leur coller aux fesses, être lourdingue, c’était faisable mais si par contre il devenait agressif, le retour de flamme pouvait faire mal et sonner. En tout cas c’est l’impression que ça donnait en voyant que la réaction du gars n’était pas du tac au tac, bon Cassiopée semblait à l’ouest aussi, Doryan l’entraîna loin du bar, délaissant leurs verres, comme quoi il y a des fois où la priorité n’est pas de boire. Cassiopée n’émit pas la moindre protestation, c’était à la fois bon signe, elle le suivait sans broncher, signe de leur amitié mais ça pouvait aussi vouloir dire qu’elle était un peu à l’ouest et qu’elle ne comprenait pas trop ce qu’il venait de lui arriver… lui non plus en réalité et c’était là tout le problème, il n’avait pas anticipé qu’elle puisse se prendre un coup, il n’avait donc pu la défendre qu’après que le mal soit arrivé, c’était embêtant.

Une fois dans les toilettes, elle restait silencieuse, la tête basse, impossible de savoir ce à quoi elle pensait. Forcément, il était inquiet et lui demanda comment elle allait. Le regard de la demoiselle semblait brumeux, signe de son incompréhension. Elle avait mal à la joue, forcément, il n’y était pas allé de main morte l’imbécile. Doryan aurait bien voulu consoler Cassy en lui retournant qu’il devait avoir la joue plus endolorie qu’elle mais est ce que la comparaison valait la peine. En revanche, il était d’accord avec elle, il avait été surprit par sa réaction « Je ne m’y attendais pas non plus, sinon j’aurais agi différemment. » Son agressivité avait été soudaine, impossible à anticiper selon Doryan. Il baissa les yeux sur sa main et sur l’infirmière du jour et il lui adressa un sourire, visant à la rassurer mais elle était plus intéressée par sa main qu’autre chose, elle ne risquait pas de voir grand-chose. Il hocha la tête, oui, il valait mieux passer un peu d’eau froide, ça picotait un petit peu, il aurait peut-être dû doser un peu mieux. « ça n’a pas d’importance, j’ai fait ce qu’il fallait faire, ce n’est que passager. » Ce n’est pas comme s’il avait cassé quoi que ce soit et puis d’ailleurs même si ça avait été le cas, c’était pour une cause qu’il trouvait juste. Il jugea préférable d’obtempérer lorsque Cassy laissa couler l’eau et glissa sa main dessous tout en regardant son amie, plus inquiet pour elle que pour lui en réalité. Lui, il était responsable de ses actes, s’il avait mal ça n’était pas un hasard, c’est qu’il avait agit tout en sachant que ça serait douloureux, enfin toujours moins que de se faire bouffer par un loup-garou à la pleine lune mais c’est une autre histoire. Cassy n’avait pas choisi ce qui lui était arrivé.

A ses remerciements, sa poitrine se souleva tandis qu’il inspirait profondément. Il retira sa main de sous le robinet, la secouant pour la sécher partiellement, envoyant quelques gouttelettes de ça, de là. Son objectif n’étant pas de sécher la main mais plutôt d’être le moins mouillé possible. Ceci étant fait, il passa ses bras autour de la taille de Cassy, essayant de ne pas se sécher sur elle, ça n’aurait pas été des plus sympathique « Tu n’as pas à remercier de quoi que ce soit et tu n’as pas à t’en vouloir pour quoi que ce soit. Le problème ça n’était pas toi, c’était lui. » Il hésita quelques secondes avant de lui faire un grand sourire « J’espère qu’il aura mal au crâne demain et pas à cause de l’alcool. » ça ne serait qu’un juste retour des choses après tout. Est-ce qu’il était malsain de dire qu’il ne s’en voulait absolument pas de l’avoir frappé et que quitte à avoir les jointures des doigts un peu esquintés il aurait dû taper plus fort ou taper un peu plus. Oui ça il n’allait pas forcément le dire, au risque de se prendre, non pas une remarque mais au moins un regard réprobateur. « Je pense qu’il vaudrait mieux qu’on se tire d’ici, je ne suis pas sûr que le gérant apprécie beaucoup qu’on règle nos problèmes à coups de poings et l’argument c’est lui qui a commencé, ça ne marchait déjà pas lorsque j’étais enfant et que je me battais avec mon frère, ça ne marche pas mieux une fois adulte. » C’était même pire. Il sortit des toilettes avant de se tourner vers Cassiopée « Cass, tu as payé les verres tout à l’heure ? » Bon, il n’était pas recommandé de boire dans un verre qui avait été abandonné mais l’alcool c’est sacré « Ah et si un jour tu as ce même genre de problème avec un mec en chien. » Non mais autant le dire avec les termes, le gars était en chien et ça risquait d’arriver de nouveau. « Dis que t’es avec ton mec hein, ça le freinera un peu. » En tout cas lui, ça le freinait, un peu, sauf quand il y avait un défi ou un pari à la clé – et qu’il n’était pas encore avec Soledad bien entendu. Peut être qu’il aurait dû lui dire d’éviter le gars et d’essayer de l’esquiver plutôt mais ça n'était pas le genre de Doryan non plus qui était plus du genre à casser les pieds qu’à vouloir éviter les conflits.