Art is my therapy

Art is my therapy

[color=#ffffff]**Il s’installe sans se faire prier, et je lui tends mon carnet timidement, avec un petit sourire. Je ne savais pas pourquoi je faisais cela si f facilement. Sûrement parce que je ne voyais pas de raison qui justifierait un refus. C’est pourtant tout une part de moi que je lui révèle en lui tendant ce petit carnet. Chaque page, couverte par les traits gris traduisent bien des choses de moi. Mon amour pour les animaux, ce perfectionnisme que je m’imposais, le sens de l’observation et du détail qui m’habitait… Bien des nombreuses choses que certains même de mes amis ne connaissaient pas forcément.

Il examine mes dessins d’un air attentif. Je me mords la lèvre, en attendant son jugement. Je sais, pourtant, que j’étais plutôt douée en dessin. Si je devais donner une chose où je l’étais, c’était bien celle-là. Pour autant, je restais tout de même pleine de doute. N’était-ce pas ainsi que l’on s’améliorait ? En cherchant sans cesse ce qui n’allait pas, pour toujours faire mieux que la fois d’avant. Pour avancer, il fallait connaître ses faiblesses, et en matière de dessin, j’étais particulièrement dure avec moi-même.

Finalement, il me rend son jugement. Ce n’est pas si mauvais, il a raison. Pour quelqu’un qui ne dessinait pas, ce serait même sûrement excellent. Mais pour quelqu’un qui aimait jouer de la mine de son crayon, il était évidemment que la perspective et même les textures n’étaient pas très bien maîtrisé. Je hoche la tête, quand il me dit que j’ai seulement besoin d’entraînement. Oui, c’était vrai, même si je devais l’admettre, je préférais dessiner un modèle vivant. D’un certain côté, c’était terriblement challengeant, car le modèle garde très rarement la pose, sauf si vous lui demandez bien sûr. Il fallait saisir le mouvement, mémoriser les ombres et les détails en un regard. Et j’adorais ça. Peut être était-ce le fait d’avoir un temps infini qui m’empêchait de chercher les détails dans le paysage, je n’en savais trop rien.

Mais le jeune garçon devant moi se confie à son tour : il préfère dessiner les paysages. Et puis, il me tend son carnet, et je le remercie d’une voix douce, avec un sourire chaleureux et doux. J’attrape délicatement le carnet, et en parcourt les pages avec un regard délicat, admirant ses traits en me montrant particulièrement douce avec sa propriété. Mon carnet était probablement ma propriété la plus précieuse, pas forcément d’un point de vue monétaire, mais d’un point de vue émotionnelle…. Du moins, mon carnet avec ma baguette. Mais bref, cela signifiait que je savais à quel point cet amas de papier pour d’autres pouvait être précieux pour celui qui passait des heures à en noircir les pages.*

C’est magnifique, on voit que tu maîtrises le sujet. Tes perspectives sont particulièrement réussi. Mais j’ai l’impression que tu ne prends pas trop de risque. Je veux dire… Enfin, ne le prends pas mal, et puis, oui, à Poudlard, les possibilités ne sont pas infinies. Tu vois ce que je veux dire ?

*Il ne semblait pas beaucoup sortir de sa zone de confort. Ces paysages étaient très beaux et magnifiquement réalisés, mais ils étaient tous assez… Similaires. Je comprenais ce sentiment, moi-même, j’avais parfois tendance à m’enfermer dans un type de dessin, jusqu’à le maîtriser parfaitement. Mais je me forçais à changer de sujet, histoire de, comme toujours, progresser encore.*

C’est vrai, c’est plutôt rare, mais j’avais envie de changer, aujourd’hui. Je suis Rachel, enchantée.

*Avais-je répondu poliment, toujours avec ce même sourire gentil et solaire. Il laisse une seconde de silence, quand il le brise avec une question, qui me porte le rose aux joues. Je reste muette un instant, pensive. Je sais bien que ce ne sont pas forcément les personnes belles que l’on souhaite dessiner, après tout, moi même disait à tous qu’il y avait de la beauté sous tous les traits, alors je me voyais mal lui dire que je n’étais pas assez jolie pour être son modèle… Mais en même temps, je savais aussi que cela signifiait qu’il devrait observer le moindre détail de mon visage. D’une certaine façon, c’était plutôt une bonne chose, cela m’aiderait à combattre ma timidité, non ? Être regardé fixement par un beau garçon, qu’est-ce qui pourrait arriver de mal ? Alors je hoche la tête.*

D’accord.

*J’ai les joues un peu rose, mais j’inspire profondément, en relevant mes iris bleutés vers lui, timidement. J’ai envie de lui dire qu’il devrait peut être prendre un modèle plus joli, mais en réalité, je sais que les visages avec des défauts étaient finalement plus simple à dessiner car tous les visages avaient des défauts, mais certains étaient simplement plus évident… Enfin. Il me demande en quelle année je suis, alors que je lui rends son carnet, d’un geste fluide, et toujours avec ce léger sourire, même s’il était désormais parsemé d’une très légère gêne en vue de ce qui arriverait sous peu.*

En sixième année. Et toi ?

Art is my therapy

[color=#ffffff]*C’est sûr, ce n’est pas dans mes habitudes de laisser mon carnet dans les mains d’un inconnu, si facilement. Mais j’avais décidé, récemment, de m’ouvrir aux autres. Et quoi de plus intime pour un artiste que son art ? C’était important, pour beaucoup d’entre nous. Ce qui apparaissait sous nos pinceaux, nos fusains et nos crayons traduisait une part de nous-même, de notre âme, de notre sensibilité aussi. Beaucoup, moi inclue, se sentait parfois vulnérable en se dévoilant ainsi. C’était presque comme montrer mes cicatrices au premier venu. Bon, bien sûr, c’était un peu plus compliqué, parce qu’en prime d’être les traces d’une part compliqué de mon histoire, celle qui restaient étaient bien cachés sous mes vêtements, comme cette croix qui ornait le creux de ma poitrine. Mais c’était un autre problème.

Pourtant, j’avais pris cette décision : celle de m’ouvrir aux autres, de faire des rencontres, de ne plus laisser ma timidité m’enfermer dans mon entourage réconfortant. Je devais apprendre à refaire confiance, même si c’était difficile. Pour l’instant, je me contentais de le faire à Poudlard, où je savais que nous étions tous de jeunes sorciers. Il fallait y aller étape par étape. D’abord, je voulais apprendre à faire confiance à mon prochain, à ceux qui me ressemblaient, même si ce n’était que par l’âge et la magie. Ensuite, je me tournerais vers les adultes, peut être avec l’aide de Ludivine cet été, en rencontrant ses proches ? La dernière étape, qui me paraissait encore impensable, était de reprendre confiance envers le monde moldu. Pour cela, je n’étais pas sûre d’y parvenir un jour. Comment y arriver, quand ceux qui auraient dû veiller sur vous, prendre soin de vous et vous aimer plus que tout vous avez trahi, envoyé à l’abattoir ?

Toutes ces pensées commencent à m’envahir, je les balaie d’un geste en pensée, et me concentre de nouveau sur le jeune homme devant moi. Comme moi, il a l’air d’avoir peu l’habitude de se montrer comme ça aux autres. J’ose lui dire qu’il ne prend pas beaucoup de risque en dessin, et il me réplique qu’il n’en a jamais ressenti le besoin… Mais que nous pourrions nous lancer des défis. Je redresse la tête, avant de la hocher avec un doux sourire.*

Avec plaisir ! Je trouve que je progresse beaucoup quand je sors de ma zone de confort, même si ce n’est pas très agréable au début…

*Passé un certain niveau, comme le sien ou le mien, j’avais fini par me dire qu’il fallait que je change pour aller encore plus loin. Alors récemment, je m’étais mise au portrait et même aux portraits en mouvement, comme avec Nymphéa pendant son entraînement de Quidditch que j’avais croqué un jour. Mais le paysage, c’était encore plus un défi pour moi. C’était difficile, pour moi qui aimait tant le détail, de créer quelque chose d’aussi lointain. J’avais du mal à prendre des points de repère pour mon dessin, et mes perspectives laissaient à désirer.

Je sais que c’est parfois difficile de trouver un modèle, surtout un qui restera longtemps immobile. Au moins, quand je dessinais, je ne bougeais pas beaucoup, alors je savais que je ferais plutôt un bon modèle… Mais je trouvais mes traits un peu fades, je ne serais sûrement pas la plus simple à croquer…. Mais soit, j’accepte, les joues un peu rosies par cette demande. Je sais que les meilleurs modèles ne sont pas les plus beaux, alors je n’ose pas refuser en pretextant que je ne suis pas assez jolie pour ça, même si, au fond de moi, je le pense tout de même un peu.

Il me fait alors la conversation, et je tourne le regard vers lui en repondant, ecoutant sa réponse en reprenant mon dessin. Cinquième année… Il avait au moins 21 ou 22 ans, alors. Peut être même 23 ? Je n’étais pas très douée pour donner des âges, mais j’aurais cru qu’il était plus proche de moi tout de même. Ce n’est pas très grave, de toute façon. Par contre, je n’ai rien à dire sur la filière du droit. Pour être honnête, je n’y connaissais pas grand chose, j’y avais seulement été confronté quand j’étais sortie du centre des Terry et qu’il avait fallu me trouver une famille d’accueil, au moins jusqu’à ce que je sois majeure… Je cherche comment rebondir, quand il reprend en me posant une nouvelle question. Je suis un peu soulagée, et entreprend alors de réponse.*

Je doute encore, pour être honnête. J’ai toujours rêvé de faire de la magizoologie, les créatures fantastiques me passionnent depuis que je suis toute petite… Mais il est arrivé des choses dans ma vie, et je me suis souvenue que c’était ainsi que ma magie s’était manifesté, et j’hésite avec la medicomagie depuis quelques mois. Je suis un peu perdue, mais j’ai encore un an pour prendre une décision.

*C’est bizarre, de me confier comme ça, à ce garçon que j’avais tout juste rencontrer. Etait-ce parce que j’avais l’impression que le dessin nous liait, et qu’il pouvait entendre ce que je disais, véritablement ? Peut être, je n’en sais rien. Je ne veux pas non plus demander la pitié, alors je n’en dis pas plus ce “sur ce qui est arrivé dans ma vie”, de toute façon, à Poudlard, beaucoup de gens était au courant qu’il y avait “une gamine de l’école qui avait été retrouvé en vie au centre des Terry”. Et au collège, tout le monde savait que c’était moi. Enfin bref, au moins, cela me donne une idée de question à lui poser pour rebondir sur ses propres études : *

Et pour toi, le droit magique, c’était évident ou tu avais hésité ?

*Avais-je demandé, calmement, laissant mon regard passer de ma feuille à mon modèle gigantesque. Je rate un trait alors, soupire, et récupère ma gomme, pour gentiment frotter ma feuille et faire disparaître ce mauvais trait. Je lève la tête vers lui, lui sourit, rougit un peu devant le fait qu’il me regarde si fixement, alors que je sais que c’est juste pour me dessiner, et puis, je me concentre de nouveau sur mon dessin, en écoutant ce qu’il a à me raconter sur lui. C’était agréable, cette façon d’échanger, dessiner ensemble en parlant un peu, à coeur ouvert. Même si, en vérité, j’avais tendance à ne pas trop parler autrement qu’avec sincérité et curiosité.*