Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
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Hestia Carrow
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Dim 6 Fév - 19:28
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C’était la première fois que Hestia vivait un été tel que celui-ci. Habituellement, les jours d’été se suivaient et se ressemblaient. Elle se partageait entre ses potions, quelques sorties entre amis et les bien trop nombreuses soirées mondaines et garden parties organisées par ses parents et où sa présence était toujours requise. Jamais elle n’avait vécu d’été particulièrement mouvementé, il n’y avait même pas de vacances en famille d’organisées, pas de voyage, rien de spécial, même quand sa sœur était encore parmi eux les Carrow ne s’étaient jamais donné cette peine. Seul l’année dernière pouvait faire preuve d’exception puisque pendant trois semaines elle avait perdu sa magie à cause des foutus bracelets du Blood Circle. Et encore, même avec cet exemple ça s’arrêtait là car ses parents avaient décrété que nul ne devait être au courant. Hestia avait donc passé une grande partie de son temps enfermée chez elle. Cet été avait été différent. Mais en même temps, il n’aurait pas pu en aller autrement. C’était le premier été que la Serpentarde vivait depuis qu’elle avait tourné le dos à sa famille, automatiquement rien n’était plus pareil. Elle avait dû travailler pour se payer un loyer, à sa grande satisfaction Giulia avait accepté de la garder au Purple Vial. Ce n’était pas n’importe quel loyer qu’elle avait dû s’appliquer à payer. Puisque les étudiants ne pouvaient rester à Poudlard pendant l’été et que Hestia n’avait plus de demeure familiale vers laquelle se tourner, il avait bien fallu trouver une solution. Finalement, Thalia, Adèle et elle avaient loué un petit appartement dans le Londres sorcier, rien de bien extravagant en comparaison avec les maisons dans lesquelles elles avaient grandies, mais ça leur avait suffi. Ca avait été un peu déroutant au début, de se retrouver hors de Poudlard, à travailler et à gérer son existence comme elle le souhaitait. Jamais Hestia n’avait eu autant de liberté et le loisir d’en faire ce qu’elle en voulait, mais rapidement, elle avait appris à en profiter.
Retrouver une forme de vie quotidienne avec sa sœur, ça avait eu quelque chose d’étrange, mais pas de désagréable. Elles avaient dû travailler pour trouver leur rythme et réapprendre tout ce dont leurs années de séparation les avaient privées. Ca n’avait pas toujours été simple, elles avaient grandies loin l’une de l’autre et leur relation avait vécue beaucoup de moments difficiles, mais elles s’en étaient sorties. Les deux sœurs Carrow s’étaient retrouvées et aujourd’hui Hestia avait le sentiment d’être plus proche de sa sœur que jamais. Elle avait le sentiment d’avoir enfin retrouvé sa grande sœur. Après avoir perdu ses parents, c'était quelque chose qui avait encore plus de valeur à ses yeux. Vraiment, cet été avait été différent, mais ça ne s’arrêtait pas à ça. Il y avait eu ces voyages aussi. Pas seulement ce petit tour en France que Hestia avait fait en compagnie d’Adèle et Elise pour fouiner illégalement dans les archives de Beauxbâtons à la recherche d'informations sur le passé de sa meilleure amie. Même si ce détour dans les montagnes françaises avait été particulièrement animé, ce n’était pas ça qui venait tout de suite à l’esprit de la Serpentarde quand elle songeait à ses voyages de ces dernières semaines. C’était plutôt les Etats-Unis qui venaient lui emplir la tête, avec au milieu un certain Gryffondor. Orion. De leur soirée chez les Campbell, elle n’avait rien attendu, et voilà qu’elle en était ressortie avec les souvenirs chamboulés de leurs baisers. Rien n’avait été prévu, elle n’aurait jamais pu deviner que les choses allaient prendre cette tournure, surtout vu la manière dont leur relation avait début. Mais l’instinct et l’envie avaient pris le dessus et pour une fois elle avait choisi de ne pas lutter. Pour une fois, Hestia avait fait taire ses appréhensions. Bonne ou mauvaise chose, elle n’aurait su le dire et en cet instant, avec Orion près d’elle et la faveur de la nuit de leur côté, ça n’avait pas vraiment eu d’importance.
Ils s'étaient revus plusieurs fois depuis ce fameux soir. Orion avait tenu sa promesse de faire visiter à Hestia les endroits emblématiques de sa région et la Serpentarde avait choisi de s'y rendre sans rien attendre. Le résultat avait été pour le moins maladroit, fait d'un mélange d'une hésitation nouvelle et de leurs habituelles provocations. Un mélange un peu explosif, à leur image, jusqu’à ce que finalement ils se retrouvent et que le temps passé ensemble prenne le goût du naturel. Et de leurs lèvres qui finissaient par se trouver. Ce qu’ils faisaient, Hestia l’ignorait toujours, tout comme elle ignorait ce qu’ils étaient exactement. Ou plutôt, elle préférait fermer les yeux pour ne pas se poser de question dont elle savait les réponses trop difficiles à appréhender pour elle. La Serpentarde avait toujours eu du mal à mettre des mots sur ce qu’elle ressentait, elle pouvait remercier l’éducation de ses parents pour ça, et sa relation avec Orion ne faisait pas exception. Ils étaient bien, ils passaient de bons moments ensemble, à se chercher et à se trouver. Pourquoi est-ce que cela ne devrait pas suffire ? Une petite voix insidieuse lui soufflait que c’était ainsi qu’avait commencé sa dernière véritable relation, celle qui avait fini par lui faire bien plus de mal qu’elle n’accepterait de l’admettre. Déjà à l’époque elle avait préféré ne pas mettre de mots sur sa relation et ça avait fini par se retourner contre elle, lui causant une blessure encore présente, bien enfouie mais présente. Cependant, Hestia n’avait jamais été un modèle de sagesse et elle préférait jouer la sourde oreille. C’était différent, il le fallait. Elle n’était pas attachée à Orion, pas comme ça. Ils étaient juste bien ensemble, il la comprenait, il la faisait rire et lui tenait tête, nul besoin d’y voir plus de nécessaire ou de s’embarrasser avec des mots qui finiraient par blesser tout le monde.
Alors ce qu’ils faisaient, Hestia l’ignorait, et elle préférait que les choses soient ainsi. Comprendre ses sentiments et les relations qui en découlaient n’avaient jamais été son fort de toute façon et puisque ça avait également l’air de convenir à Orion, c’était que c’était très bien ainsi. La rentrée à Poudlard n’avait pas changé grand-chose à leur relation. De toute façon, la Serpentarde n’avait jamais été particulièrement démonstrative, encore moins maintenant alors que les sang-purs qui avaient enfin appris qu’elle avait été reniée la regardaient avec mépris. Elle préférait tenter de protéger ce qu’il lui restait, et ça incluait sa relation avec Orion. Peu importe comment elle pouvait se définir. Même si rien de tout cela n’était un secret, Hestia considérait que ça ne regardait personne. Au final, les seules personnes avec qui elle en avait parlé -essentiellement à demi-mot- étaient Thalia et Adèle, elle s’était dit qu’il fallait bien qu’elle explique ses voyages inopinés aux Etats-Unis, mais les deux sorcières s’étaient surtout montrées assez perspicaces pour deviner seules. Tous les autres, la Serpentarde s’en fichait bien, qu’ils comprennent ou pas lui importait peu, elle ne leur devait aucun compte. Encore moins maintenant que la moitié des sorciers avait décidé de lui tourner le dos. Tout ce qui comptait, c’était ce qu’il se passait avec Orion lorsqu’ils se retrouvaient tous les deux. Pour une fois, Hestia n’avait pas à craindre des regards des autres, et encore moins que ses actes ne parviennent jusqu’aux oreilles de ses parents. Elle trouvait ça terriblement ironique d’ailleurs, elle avait claqué la porte de la demeure des Carrow, elle avait désavoué sa famille, craché sur leurs convenances et leurs traditions maritales d’un autre âge. Tout ça pour s’engager dans une relation avec Orion Campbell, au sang aussi pur que tous ceux à qui elle avait tourné le dos. Ca aurait presque pu être plaisant, cette sorte de pied de nez magistral, mais Hestia n’y accordait pas la moindre importance.
La Serpentarde en avait cependant marre, des regards et des murmures qui se dévoilaient sur son chemin. Elle ne pouvait plus traverser un couloir tranquillement maintenant que son statut de sorcière reniée n’était plus un secret pour personne. L’été avait mis fin à son répit. Si ses parents avaient gardé pour eux son départ -quelle humiliation de voir leurs deux filles leur tourner le dos- ils n’avaient pas pu expliquer son absence à toutes les soirées réservées aux sang-purs organisées pendant les mois d’été. Ainsi le secret s’était éventé et dorénavant, Hestia devait vivre avec les conséquences. Puisque tout s’était déroulé en février dernier, elle avait eu le temps de s’habituer à sa nouvelle vie, mais pas encore aux regards méprisants et aux sifflements pleins de jugement qui la suivaient un peu partout. Il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour en avoir marre. Ces sorciers n’avaient-ils donc rien de mieux à faire ? Depuis plusieurs semaines elle avait pris l’habitude de passer le moins de temps possible en compagnie de tous ces idiots qui pensaient pouvoir la juger sans même la connaitre. Heureusement, passer un peu de temps avec Orion s’était révélé être une raison particulièrement plaisante. Pour le reste, Hestia passait de plus en plus de temps dans les cachots, dans une de ces salles dédiées aux potions. C’était l’endroit parfait pour rester seule, elle savait que rares étaient ceux qui oseraient venir lui causer des problèmes ici étant donné qu’elle travaillait la plupart du temps sur des mélanges dangereux, et elle n’oubliait pas que désormais elle devait réussir ses études haut la main. Ca avait toujours été son objectif, mais maintenant elle ne pouvait plus compter que sur elle-même pour assurer son avenir. Tout ce temps passé face à ses chaudrons, que ce soit pour éviter les imbéciles du château, ou pour réviser n’était donc jamais perdu.
Sans grande surprise, c’était là qu’elle avait décidé de se rendre en cette fin de journée. Elle n’avait plus cours, pas d’entrainement de Quidditch et ne devait pas aller travailler au Purple Vial, elle avait donc décidé de se consacrer à ses potions, notamment à celle sur laquelle elle travaillait pour Thalia. La Serpentarde était plongée dans ses notes quand le grincement de la porte l’avertit qu’elle n’était plus seule. Elle releva ses prunelles, prête à se saisir de sa baguette au cas où un de ces fils de bonne famille qui se sentait si offensé par son départ de Carrow avait décidé de venir lui expliquer sa façon de penser. Elle se détendit cependant en voyant que le nouveau venu n’était autre qu’Orion. Hestia esquissa un sourire qui se figea sur ses lèvres en avisant l’air du Gryffondor. Elle fronça les sourcils, quelque chose n’allait pas, elle pouvait le voir. Il n’y avait ni sourire sur ses lèvres, ni éclat dans ses prunelles. Quelque chose n’allait pas, mais elle ne dit rien, préférant laisser le Gryffondor prendre des rênes. « Je.. J'ai vu Athena au parc. » Hestia pinça les lèvres et referma lentement son carnet de notes. Athena. Rien de bon ne venait jamais quand il s’agissait de l’héritière Simmons. Vu l’air sur les traits du lion, cette fois-ci ne ferait pas exception. La Serpentarde se contenta de lever les yeux pour plonger ses prunelles dans celles d’Orion. Une seconde fila avant qu’il ne reprenne. « Elle m'a parlé de toi. De ta famille. Elle m'a dit que tu avais reniée ? Rassure-moi, elle a inventé, hein ? » Hestia prit une brève inspiration. Ainsi, Orion savait maintenant. Elle était étonnée qu’il n’ait pas saisit cette information plus tôt, ce n’étaient pas les bruits de couloir qui manquaient. Elle aurait dû le lui dire elle-même, elle le savait, surtout depuis ce qu’il se passait entre eux depuis cet été. Elle lui devait cette honnêteté. Mais les mots n’étaient pas venus. Elle n’était pas prête à s’ouvrir, pas prête à se confier, encore trop marqué par toutes les déceptions qu’elle avait connues lorsqu’elle avait commis l’erreur de laisser rentrer la mauvaise personne dans sa vie.
Hestia observa le lion en silence quelques instant. Il voulait qu’elle le rassure ? C’était impossible. Rien que le fait qu’il utilise ces mots était perturbant. Comme si l’idée qu’elle ne fasse plus partie d’une grande famille était inacceptable à ses yeux. Comme si ça voulait dire qu’elle n’en valait plus la peine. Cette idée menaça de lui plomber le cœur, alors elle se blinda, prête à recevoir un énième coup en plus. Hestia avait arrêté de les compter depuis longtemps. « Elle a raison. » Déclara-t-elle simplement. Pour une fois Athena ne semait pas mensonges et perfidie sur son passage, même si Hestia ne doutait pas qu’elle avait dû jubiler de sa petite révélation. Après tout, Orion s’était tourné vers la Carrow alors qu’ils étaient encore fiancés aux yeux de leur famille, ce n’était que juste vengeance. Comme elle avait dû en profiter. « Athena dit la vérité. J’ai tourné le dos à ma famille, ils m’ont renié… Ca revient au même. » Reprit-elle sans lâcher les prunelles du lion. Hestia aurait aimé prononcer ces mots avec détachements, prétendre que ça ne la touchait plus, que le temps avait passé et qu’elle avait avancé. Mais la vérité c’était que rien de tout ça n’était aisé à prononcer, que le temps n’apaisait pas toutes les blessures. Elle jaugea Orion du regard, cherchant à deviner ce qu’il pouvait bien se passer dans sa tête. Sûrement était-il en train de faire la même chose, d’estimer le nombre de secret qu’elle s’était bien gardée de partager. Sûrement allait-il en conclure qu’elle ne valait pas tous ses efforts. Sûrement à raison. « Je n’ai plus de Carrow que le nom… Est-ce que ça change quelque chose ? » Demanda-t-elle finalement en camouflant son appréhension sous une pointe de provocation. Il ne serait pas le premier à lui tourner le dos, le propre meilleur ami de la Serpentarde en avait fait autant plusieurs mois auparavant, elle ne pourrait même pas lui en vouloir. Peut-être même pourrait-elle le comprendre.
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C'est étrange comme il suffit d'une brève seconde pour que Hestia ait l'impression d'être projetée dans le passé. Des mois, voire un an en arrière. Lorsqu’Orion et elle étaient encore deux étudiants inconnus plus occupés à se jauger du regard et à se provoquer à coups de phrases acerbes qu’à chercher à se comprendre véritablement. Quand il y avait entre eux bien plus que silence que de mots. Ils en avaient fait du chemin, de la défiance à l’irritation, puis à la compréhension, pour en arriver finalement à une forme de complicité bien à eux. Ca n'avait pas été simple, rien ne l'était avec eux, et encore moins avec Hestia, elle en était consciente, mais ils avaient trouvé un équilibre. Peut-être précaire, mais réel. Du moins, jusqu'à maintenant. Car soudainement, la distance était revenue entre eux, alors que pendant les semaines précédentes ils s’étaient appliqués à l’effacer, pas seulement physique mais aussi dans leurs attitudes. Il y avait quelque chose de différent, la Serpentarde le sentait. Tout comme elle sentait qu’ils avaient atteint un point de non retour. Que quelque chose c’était passé durant son absence et que, peu importe ce que cela pouvait être, à partir de là, plus rien ne serait plus pareil. Soudainement, elle eut le sentiment que les derniers mois passés avec Orion venaient de s’effacer, qu’ils ne comptaient plus. Que peut-être ça n’avait jamais été le cas au final. La soirée chez les Campbell, les visites aux Etats-Unis, les baisers échangés et les instants volés au détour d’un couloir une fois de retour à Poudlard, effacés. Peut-être était-ce mieux qu’ils aient refusé de mettre une étiquette sur ce qu’il se passait entre eux, peut-être que cela rendrait les choses plus aisées. Car dans les yeux du Gryffondor brillait cet éclat qui signifiait que toute chose avait une fin.
Il savait. Il savait et ça allait tout changer. Hestia pouvait le voir dans son regard, le lire dans son attitude. Orion n'avait pas besoin de dire un mot, tout son corps parlait pour lui. Il était figé à l'entrée de la salle, alors que quelques heures plus tôt la distance entre les deux sorciers aurait certainement été rapidement réduite, cette fois il ne semblait pas avoir l'intention de la rejoindre. Il n'y avait pas de sourire sur ses lèvres, ni ses habituelles remarques désinvoltes qui ponctuaient leurs conversations. Alors la Serpentarde resta là, derrière sa table et ses affaires de potions, comme si tout cela pouvait lui apporter la moindre protection, à attendre que la sentence tombe. Ainsi, Orion savait, et s'il savait c'était à cause d'Athena. La Carrow n'avait pas de mal à imaginer combien transmettre la nouvelle au Gryffondor avait dû réjouir l'américaine. Oh, elle avait dû jubiler à l'idée de tenir une telle information entre ses griffes. Elle qui voyait son statut de fiancée bafoué par la simple présence de la Serpentarde avait obtenu le moyen parfait de se venger. Et à en croire l’expression peinte sur les traits du lion, elle avait réussi à la perfection. Orion savait, et plus rien ne serait jamais pareil, Hestia n’avait besoin que de le voir pour comprendre. Instinctivement, la Serpentarde se redressa, prête à recevoir tous les reproches qui n’allaient certainement pas tarder. Orion voulait qu’elle le rassure, mais c’était impossible. Pour une fois dans sa vie, Athena n’avait pas joué les langues de vipère. Elle n’en n’avait pas eu besoin, la vérité était parfois tout aussi destructrice, tout comme celle qu’elle avait délivré au Gryffondor, avec certainement un sourire perfide aux lèvres. Pour une fois, les révélations de l’américaine auraient presque pu passer pour altruiste, si Hestia n’était pas consciente qu’elle avait certainement savouré chaque seconde qui avait accompagné ses mots. Elle aurait presque pu prétendre qu’elle faisait ça pour protéger Orion, si ça ne lui permettait pas de piétiner ce qui le liait à Hestia au passage. Une victoire éclatante pour la Simmons, rongée d’ambition et de manipulation, mais qui s’en soucierait ?
Il était inutile de mentir désormais. Hestia ne l’avait que trop fait et elle voyait bien où ça ne manquerait pas de la mener. Il suffisait de voir l'expression d'Orion pour comprendre que cette situation était loin de lui plaire. Cependant, ce n’était pas pour autant qu’elle avait l’intention de s’excuser. Elle aurait dû en parler à Orion, cette vérité elle aurait dû la lui partager, mais ça avait été trop lui demander. Replonger dans le rejet de sa famille, dans tout ce qu’il s’était passé ce jour là dans le manoir Carrow, était tout simplement trop difficile. Ce n’était pas une question qu’Orion mérite ou non la vérité, Hestia n’avait en réalité pas de doute sur la question, c’était simplement qu’elle n’avait pas eu la force de trouver les mots et qu’aujourd’hui encore c’était toujours le cas. Elle avait beau jouer les dures, les intouchables, elle restait profondément blessée par la perte de sa famille. C’était pour le mieux, elle le savait et elle se savait enfin libre, mais ça ne l’empêchait pas de ressentir un vide qu’elle doutait de voir combler un jour. Sauf que le dire ainsi était impensable. Elle était forte Hestia, même si c’était un mensonge. Alors elle ne mentit pas à Orion, elle se contenta de lui exposer la vérité sans chercher à se justifier, ne pouvant cependant s'empêcher de lui demander si cela changeait quelque chose. Parce que si la verte pouvait vivre avec la perte de son statut, voir ses rares amis lui tourner le dos était une tout autre histoire. Mais est-ce qu'Orion était un ami ? N'était-il pas plus que ça ? Elle refusait de chercher une réponse à cette question, tout comme elle refusait de s'attarder sur ce qui les liait. Sa vie était bien assez compliquée comme ça. Et de toute façon, ce n'était peut-être qu'une histoire de seconde avant que ce qui la liait à Orion ne vole en éclat.
Tout ne dépendait plus que du lion désormais, Hestia en était consciente et cette idée lui était étrangement douloureuse. Allait-il lui tourner le dos comme Dimka ? La regarder avec une étincelle de mépris et de jugement dans le regard comme c'était le cas des autres étudiants de sang pur ? Juger que sans son statut prestigieux elle n'était plus digne de son intérêt ? Il tenait leur relation entre ses mains, peu importe ce que celle-ci était exactement. « Tu penses vraiment que j'en ai quelque chose à faire, du fait que tu n'aies du Carrow que le nom ? T'as oublié que j'attends qu'une chose, c'est de pouvoir faire pareil sans pour autant laisser ma soeur tomber ? Comment… Comment tu peux penser ça bon sang ? » En silence, la Serpentarde pinça les lèvres, relevant le menton pour ne surtout pas se laisser atteindre. Les mots du lion résonnaient dans la salle, se répercutant contre les murs de pierre de telle sorte qu'elle ne pouvait les éviter. Ses questions étaient évidentes et pourtant les réponses ne l'étaient pas tant que ça. Sur le papier ça paraissait simple, elle l'avait bien compris que les noms avaient peu d'importance pour lui, que sa famille était plus une malédiction qu'une bénédiction, que ça ne changerait rien entre eux. Mais n'étaient-ce pas des illusions ? Des mots creux qui se révéleraient bien différents une fois mis au pied du mur ? Orion affirmait tout ça avec force mais sa résolution était-elle toujours la même maintenant qu'il savait ? Hestia avait déjà eu l’occasion de voir que, souvent, ces promesses se retrouvaient vaines. Elle parlait d’expérience, et elle trouvait ces expériences douloureuses. Sa dernière discussion avec Dimka en était la preuve. « Je ne sais pas. » Admit-elle lentement sans baisser les yeux, sans que sa voix ne fléchisse. C’était la seule réponse possible, elle savait que penser connaitre une personne et la connaitre réellement étaient deux choses bien différentes.
Un instant, le silence s'installa avant que Hestia ne reprenne la parole. Poussée par ce qu'elle voyait sur les traits d'Orion ou par un besoin de s'expliquer, elle n'aurait su le dire. « Ce genre de nouvelle, ça révèle les gens. On m’a tourné le dos, on m’a trahi… Et souvent, ça venait de personnes en qui j’avais une totale confiance. Des personnes que je connaissais depuis tellement d’années que j’avais arrêté de les compter. » Ajouta-t-elle d'une voix mesurée. Elle ne laissait rien paraitre, ni dans sa voix, ni dans son attitude, au moins l'éducation de ses parents avaient eu ça de bon. Prétendre que rien ne l'atteignait était un jeu d'enfant pour la Carrow, mais intérieurement il en allait autrement. Chacune de ces trahisons avait été plus difficile à vivre que la précédente. D'abord Dimka qui avait décidé que l'avis de sa famille comptait plus qu'elle, mettant fin à plus d'une dizaine d'années d'amitié. Puis Helios qui avait refusé de lui tendre la main malgré ses supplications le jour où les mangemorts l'avaient piégé. Helios qui l'avait regardé se faire torturer. Son meilleur ami et son cousin lui avaient tourné le dos, des décisions auxquelles elle ne s'était pas attendue, elle ne s'était pas préparée. Pour lesquelles elle avait souffert. Elle avait cru les connaitre, elle avait eu tort. Comment avoir confiance en qui que ce soit dans ces conditions ? « Rien ne m’assurait que ce ne serait pas aussi ton cas. » Reprit-elle, toujours avec ce calme qu’elle était pourtant loin de ressentir. Hestia savait que ce n’était pas ce qu’il voulait entendre, mais c’était tout ce dont elle était capable de lui donner en cet instant. Il avait beau affirmer qu'il n'y accordait aucune importance, il n'empêchait que c'était à cause de sa famille qu'il l'avait invité à la soirée de ses parents. Sans son nom, sans son statut, jamais cette soirée ne serait arrivée. Ni tout ce à quoi elle avait mené. Et c'était certainement aussi à cause de tout ça que tout allait s'effondrer.
Les prunelles des deux étudiants ne se lâchait pas. Hestia ignorait si tenter de lire dans le regard d'Orion était une bonne chose. Tout ce qu'elle voyait c'était de la déception et c'était elle qui la causait. Cette pensée lui causa un pincement au cœur qu'elle ignora de son mieux. Ca ne voulait rien dire, si elle se blindait c'était par habitude, parce qu'elle avait déjà trop souffert. Pas parce que c'était Orion qui lui faisait face, ça ne pouvait pas être ça. « Ca fait... Ca fait combien de temps ? » La Serpentarde prit une courte inspiration. Un instant elle hésita à lui demander si ça avait la moindre importance. A ces yeux ce n’était pas le cas, mais elle doutait que le Gryffondor partage son avis. Dans tous les cas, elle savait que la réponse ne lui plairait pas et elle ne pouvait même pas lui en vouloir. Puisqu’elle lui devait la vérité, elle la lui donna. « C'est arrivé en février dernier. » Hestia n'ajouta rien de plus. Elle en avait pourtant des choses à dire. Elle aurait pu lui raconter toute l'histoire, le rôle de Grigori, la réaction de sa famille, leur ordre qu'elle rejoigne les mangemorts, son père qui levait sa baguette sur elle. L'histoire n'était pas aussi simple que ça, elle n'avait pas juste choisi de tourner le dos aux Carrow, et pourtant elle n'en dit rien. Parce que ça ne justifiait pas son silence, parce tout ça, ça n'appartenait qu'à elle et qu'elle n'avait pas envie de le partager tant qu'elle n'était pas sûre qu'Orion soit prêt à l'écouter. « Je n'en ai parlé qu'à deux personnes. Adèle parce que je n'avais pas le choix. » C'était la française qu'elle avait réclamée à son arrivée à Sainte Magouste, la seule qu'elle avait laissé la soigner. Hestia n'avait pas envisagé une seule seconde de ne rien lui dire. « Et Dimka qui a aussitôt décidé que je n'étais plus assez bien pour lui. » Elle pinça les lèvres, refusant de laisser filtrer la moindre émotion. La brûlure de la déception avait été vive, tout autant que la colère qu’elle avait ressenti contre le slave. Peut-être avaient-ils encore ce point en commun avec Orion finalement. Elle ne doutait pas que c’était ce qu’il ressentait la concernant en cet instant. Hestia laissa filer un instant, les yeux plongés dans ceux du lion. Elle prit une seconde pour poser la question qui parvenait à la fois à lui brûler les lèvres et à lui donner envie de se taire à jamais. « Et toi, Orion, que vas-tu décider ? » La question qui allait décider de tout.
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Mar 7 Juin - 0:07
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Cette conversation, Hestia aurait dû s’y attendre. En réalité, elle aurait peut-être même dû la provoquer elle-même. Elle avait quitté sa famille. Elle leur avait tourné le dos, ils l’avaient renié, les termes étaient différents, les versions aussi selon le point de vue, Hestia ne doutait pas que ses parents avaient inventé leur propre histoire à raconter et que celle-ci camouflait certainement leurs agissements. Mais au fond ça n’avait pas grande importance, le résultat restait le même, elle n’avait plus de Carrow que le nom et ça changeait tout. En apparence ça ne se voyait pas, la Serpentarde avait toujours été douée pour maintenir l’illusion. En quittant sa famille, elle avait eu la bonne idée de vider son compte en banque, ce qui signifiait que si elle devait désormais faire attention à ses dépenses, elle n’était pas sans ressources. Encore moins depuis qu’elle savait que son emploi au Purple Vial n’était pas en danger. De l’extérieur, rien n’avait changé, mais ça s’arrêtait là, car à l’intérieur, tout était différent. En un claquement de doigts -ou plutôt un coup de baguette magique- Hestia avait perdu ses parents et une bonne partie de sa famille. Thalia était la seule famille qui lui restait, le seul soutient inébranlable qui portait encore le nom de Carrow. Et puis, peu à peu, tout s’était effondré comme un château de cartes. Cela avait mis du temps, car la dernière chose sur laquelle ses géniteurs et elle semblaient avoir été d’accord c’était leur reluctance à partager cette histoire avec le monde. Au moins Hestia n’avait-elle pas tout perdu d’un coup. Il y avait d’abord eu Dimka, qui avait choisi de lui tourner le dos dès l’instant où il avait compris qu’elle ne trouverait plus jamais grâce aux yeux des Dimitrov. Puis Helios qui avait aidé les mangemorts à la piéger sur son propre lieu de travail. Et puis tout s’était enchainé au fil de l’été. La nouvelle de son nouveau statut d’héritière reniée avait filé de lèvres en lèvres, puis de couloir en couloir une fois la rentrée arrivée. Et à partir de là, la Serpentarde avait compris que plus rien ne serait pareil.
La plupart du temps, Hestia n’hésitait pas à affirmer qu’elle s’en fichait complètement. Sa place parmi les Carrow ne lui avait jamais apporté la moindre once de bonheur. Sa vie n’avait été qu’exigences, critiques et faux-semblants, rien qu’elle ne regretterait. Quitter sa famille était quelque chose qu’elle aurait dû faire bien plus tôt, tout comme sa sœur l'avait fait avant elle. Maintenant que c’était fait, elle savait que malgré les nouveaux défis que cela lui apportait, c’était la meilleure décision qu’elle pouvait prendre. Son seul regret résidait dans le regard des autres. Pas dans leurs avis, ça elle s'en fichait bien, leurs jugements ils pouvaient se les garder pour eux. Non, ce qu'elle ne supportait pas c'était d'être la cible des regards et des murmures, des rumeurs et des avis qu'elle n'avait pas demandé. Ca l'insupportait de voir que, tout d'un coup, tout le monde se donnait le droit de commenter sa vie alors que rares étaient ceux qui la connaissaient. Ceux à qui elle avait parlé volontairement de sa nouvelle situation pouvaient se compter sur les doigts d'une main. Des proches, des amis, des vrais, les rares que la Serpentarde possédait. Peut-être qu'Orion aurait dû en faire partie. Après tout qu'étaient-ils s'ils n'étaient pas proches ? C'était exactement la question que Hestia évitait soigneusement de se poser depuis qu'elle fréquentait le lion. Leur relation n'avait pas de titre et dès le premier instant cela leur avait parfaitement convenu. Pas besoin de s'embarrasser de ce genre de chose pour profiter de la présence de l'autre. Définir leur relation n'aurait fait que compliquer inutilement leur relation et c'était bien la dernière chose qu'ils voulaient. Elle préférait se perdre dans les instants qu'ils passaient ensemble.
A moins qu'en cet instant, elle soit justement en train de le perdre. Avait-elle seulement le droit de penser ça ? Pouvait-elle perdre quelque chose qu'elle n'avait jamais réellement possédé ? Orion et elle... Elle ne savait pas ce qu'ils étaient exactement, et elle ne voulait pas le savoir car c'était le genre de réflexion qui ne pouvait rien amener de bon. Elle n’était pas à lui, tout comme il n’était pas à elle. C'était très bien ainsi, c'était ce qu'elle devait se dire, car de cette manière ce genre d'instant ne viendrait pas lui tordre le cœur. Pourtant, l'expression sur le visage du lion ne la laissait pas insensible, elle le sentait mais elle refusait de le voir. Ses décisions avaient un sens, son silence avait ses raisons et les émotions n'avaient rien à voir là-dedans. Peut-être aurait-elle dû lui dire plus tôt qu'elle avait été reniée, lui dire tout court, mais c'était trop tard désormais et elle devait assumer les conséquences de ses choix. Puisque le silence était probablement en train de ronger sa relation avec Orion, elle choisit la vérité, ne lui cachant ni sa situation, ni les raisons de son silence. Ne rien dire au Gryffondor, ça avait été s'assurer qu'il ne lui tournerait pas le dos, qu'elle ne serait pas déçue une nouvelle fois. Mais si sur l'instant, cette résolution avait semblé la bonne alors pourquoi sentait-elle une pointe de regret s'infiltrer dans son cœur ? L'expression qui se peignait sur les traits du brun n'y était certainement pas pour rien, mais elle ne pouvait se permettre de se laisser attendrir. « Ca n'aurait pas été mon cas. » Hestia secoua doucement la tête. Ce n'était pas qu'elle ne croyait pas Orion, c'était que rien n'était aussi simple que ça. Elle avait cru en Dimka, en Helios, et pourtant tous deux l'avaient déçu. Elle n'avait pas pu prendre le risque de laisser l'opportunité au Gryffondor de la blesser. Elle vivait une période déjà assez compliquée comme ça, voir Orion lui tourner le dos lui aurait été insupportable. Hestia s'en rendait compte maintenant, mais la confidence ne franchit jamais ses lèvres. « Je n’avais aucun moyen de le savoir. » Souffla-t-elle à la place, tout en sachant que ce n'était pas ce que le rouge voulait entendre. Sauf qu'elle ne savait pas quoi dire d'autre, il n'était pas à sa place, il n'avait pas été trahi encore et encore par ceux qui avaient sa confiance, ni jugé par ceux qui ne le connaissaient même pas. Hestia ne pouvait pas s'aventurer à parler d'espoir et de confiance alors que tout ce qui l'animait c'était l'esprit de préservation. Elle avait dû faire un choix, et ça avait été elle d'abord. Si la vie lui avait appris une leçon, c'était bien celle-là.
Elle aurait pu tout arrêter là. Refuser de répondre davantage, affirmer qu'elle ne devait rien au Gryffondor. Les manières de changer la lueur de déception qu'elle lisait dans ses prunelles en colère ne manquaient pas. Elle avait toujours été douée pour repousser les autres, Hestia. Elle aurait pu en faire de même avec Orion. Quelques mots et tout serait terminé. Elle n'aurait plus à affronter ce qu'elle lisait dans son regard, ce qui voulait dire bien plus de choses qu'elle n'acceptait de l'admettre. Cependant, elle avait le sentiment de lui devoir la vérité, alors ce fut ce qu'elle lui rapporta. De toute façon, il y avait des chances que ce soit ça qui les éloigne. Elle ne lui cacha donc pas que cela faisait des mois qu'elle avait quitté sa famille. Quand le mot février s'échappa de ses lèvres, elle vit l'expression d'Orion changer. « Oh... Je vois. » Hestia prit une profonde inspiration, pinçant les lèvres pour se blinder, pour ne surtout pas se laisser atteindre par les sentiments qu'elle voyait défiler dans les prunelles du lion. Par cette déception qui suintait par tous les pores de sa peau. Déception dont elle était l'unique cause. C'était fou comme elle ne cessait de décevoir les autres, comme elle ne prenait jamais les bonnes décisions. N'était jamais aussi bien. Peut-être que c'était ça le truc, elle n'était pas assez bien pour Orion. Dans le fond ça faisait sens, Hestia n'avait jamais été une sorcière modèle. Jamais celle qui était de bonne compagnie, à qui ça valait le coup de s'attacher. Elle, elle ne faisait que décevoir. C'était sûrement mieux si tout se terminait maintenant, la chute n'en serait que moins rude pour Orion. Quant à la sienne, la Serpentarde refusait d'y penser. Elle refusait de songer qu'elle allait souffrir de cette histoire, souffrir encore une fois. Il était plus aisé de se voiler la face.
Ce fut donc ainsi qu'elle demanda à Orion ce qu'il comptait faire. Le dos droit et le regard d'acier, ses prunelles plongées dans les siennes comme si son cœur ne se serrait pas à l'idée qu'il affirme ne plus jamais vouloir la voir. Comme si le voir hésiter la laissait indifférente. Au moins elle serait fixée. Au moins elle ne se serait pas attachée. Pas de trop. Comme si penser ainsi pouvait changer quoi que ce soit. « J'en ai aucune idée. » La Serpentarde hocha lentement la tête. Ce n'était pas la réponse à laquelle elle s'était attendue mais elle n'en dit rien. Elle n'était pas en position d'avoir des attentes. Elle pouvait comprendre ce que ressentait Orion alors elle savait qu'elle n'avait pas d'autre choix que d'accepter. La verte leva le menton, s'appliquant à n'afficher aucune émotion sur son visage. « Très bien. » Souffla-t-elle finalement. Que pouvait-elle dire d’autres ? Hestia n’avait d’autre choix que d’accepter ce que lui disait le lion. De toute façon, qui était-elle pour dire quoi que ce soit ? Ce n’était pas son rôle. Elle pouvait comprendre la déception d’Orion, ce sentiment de trahison face à ses non-dits alors que lui s’était confié à elle, il avait tous les droits de lui en vouloir. Alors peu importe sa décision, elle ne pourrait que faire avec. Assumer les conséquences de ses choix, c’était ce qu’elle faisait depuis ce fameux jour de février. Mais cette fois-ci lui semblait bien moins aisée que les autres. Peut-être aurait-elle dû s’interroger sur les raisons liées à cela, mais elle n’en avait aucune envie. Pas maintenant.
Les yeux plongés dans ceux d’Orion, Hestia attendait la sentence. Quand elle tomba, elle ne tressaillit pas. « Je ne me vois absolument pas te tourner le dos, surtout pour une histoire de famille. Mais... Je peux difficilement faire comme si de rien n'était. Je sais que je me répète, mais tout ça ne change rien au fait que tu ne m'as pas fait confiance, et ça ne change rien non plus au fait que j'ai dû l'apprendre par Athena. » La verte fronça les sourcils, désarçonnée par cette réponse. Elle ne comprenait pas. Orion ne voulait pas lui tourner le dos, mais en même temps il ne pouvait pas oublier qu’elle avait sciemment choisi de le laisser dans le noir. Et il lui en voulait de l’avoir appris par Athena, ce qui -cette fois- n’était absolument pas de son fait. N’importe qui dans l’école aurait pu porter la nouvelle au Campbell. Ce n’était pas les bruits de couloir qui manquaient. Alors quoi ? Ca voulait dire quoi au juste ? Hestia ne savait pas à quoi elle devait s’attendre, ni ce que ça voulait dire exactement. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, mais le truc, c’était qu’elle ne s’en voulait pas non plus. Le Gryffondor avait l’air perdu, et sûrement était-ce normal, mais la verte avait le sentiment qu’il y avait des choses qu’il n’avait pas compris à son propos. « Je ne sais pas ce que tu attendais de moi, Orion. Que je me confie ? Que je vienne pleurer dans tes bras ? Que je te raconte tous mes malheurs ? » Demanda-t-elle doucement. Au fond, avait-elle réellement besoin de poser de telles questions ? Il avait bien vu celle qu’elle était. « Ce n’est pas moi, ça. » Hestia secoua la tête. Elle était celle qui enterrait ses émotions, celle qui érigeait des murs pour se protéger des autres. Elle croyait dur comme fer que l’attaque était la meilleure des défenses.
Consciente que ces instants étaient déterminants, Hestia repoussa son carnet de notes et releva ses prunelles vers le lion. « Ce n’est pas parce que tu es capable d’accorder ta confiance que c’est la même chose pour moi. » Il avait choisi de lui parler, elle n’avait rien demandé, rien forcé. Il l’avait fait parce qu’il se sentait près. Ca n’avait pas été son cas voilà tout. Ca n’avait rien à voir avec lui, leur relation, ou ce qu’elle pouvait bien ressentir à son égard. C’était uniquement d’elle qu’il s’agissait. « Je ne t’ai jamais caché celle que j’étais, Orion, et je ne vais pas m’excuser de ne pas être celle que tu aimerais. » Reprit-elle sans le lâcher du regard. C’était là que tout se jouait. Sûrement devrait-elle choisir d’être prudente dans ses mots, mais ce n’était pas non plus ce qui caractérisait le mieux la Serpentarde. « Si c’est ce que tu attends de moi, alors tu seras sans cesse déçu. » Il ne serait certainement pas la première personne qu’elle décevait. Encore moins la dernière. A quoi bon s’entêter, si c’était ça qu’Orion voulait, alors elle ne serait jamais à la hauteur. Elle avait l’habitude. Au moins cette fois elle pouvait se convaincre qu’elle n’avait pas eu le temps de s’attacher. « Si tout ça c’est trop compliqué pour toi, si tu préfères qu’on en reste là, très bien. Mais il faudra te décider, parce que je ne suis pas à ta disposition. » Conclut-elle sans quitter le ton calme qui tranchait avec la tempête dans ses prunelles. Autant qu’elle soit celle qui pose les ultimatums. De toute façon, tout était déjà de sa faute.
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Est-ce que cette conversation aurait pu mieux se dérouler ? Hestia n’en était même pas sûre. Dans un monde parallèle, c’était certainement possible. Si elle avait été une sorcière comme les autres, avec un caractère bien moins difficile, et une façon de voir les choses plus simples, ça aurait sûrement été le cas. Si elle n’avait pas été élevée sous la pression et les exigences, elle aurait certainement été capable de mettre des mots sur ce qu’elle ressentait, de pointer du doigt ses émotions et de les comprendre. De les accepter et de composer avec. Peut-être qu’elle aurait pu parler un peu plus, s’ouvrir à Orion et lui avouer le tournant qu’avait pris sa vie depuis des mois. Peut-être même qu’elle aurait eu la force de se confier sur bien plus que ça, sur son enfance sans amour, sa famille intransigeante et sa sœur qui l’avait laissé là pendant des années. Orion aurait pu comprendre, il aurait pu apprendre qui elle était, ce qui l’avait façonné ainsi. Mais cette réalité alternative n’existait pas, la réalité de la Serpentarde ne ressemblait en rien à tout ça. Elle n’était pas cette sorcière ouverte avec qui il était facile de discuter, elle était celle qui enfermait ses failles et ses secrets, qui les enterrait le plus loin possible pour ne surtout pas avoir à les regarder en face. Bien sûr que non, cette conversation n’aurait jamais pu bien se dérouler, s’imaginer le contraire aurait été bien naïf. Et s’il y avait un trait de caractère qui ne correspondait pas du tout à la Carrow, c’était bien la naïveté. Elle l’avait senti dès l’instant où Orion avait franchi le seuil de la salle, ça allait mal tourner et ce serait de sa faute. Ca aussi, elle le savait déjà, ce serait elle la coupable, une fois de plus et elle ne pourrait même pas s’en défendre parce que c’était vrai : elle était la seule à blâmer. Une fois de plus, on la blâmait pour un silence dont elle ne parvenait pas à se défaire, pour une incapacité à parler qui était ancrée en elle depuis tellement longtemps qu’elle doutait de pouvoir y échapper un jour. C’était elle qui était blâmée pour tous les travers que son passé avait gravés en elle, et elle ne pouvait rien dire pour sa défense.
De toute façon il était trop tard maintenant. Hestia voyait bien dans la manière qu’avait Orion de la regarder que rien de ce qu’elle pourrait dire serait suffisant. Elle n’avait pas été capable de se confier et ça lui retombait dessus. Elle avait vu son propre père lever sa baguette sur elle tandis que sa mère observait la scène sans réagir, elle avait vu son meilleur ami lui tourner le dos, son cousin mener des mangemorts avides de vengeance jusqu’à elle, et on parvenait encore à lui reprocher son manque de confiance. Il ne comprenait pas et elle le sentait, mais il n’avait pas vécu tout ce qu’elle avait vécu. « Tu avais un moyen de le savoir. Est-ce que tu ne me connais pas un minimum ? Est-ce que tu ne comprends pas le fait que la seule raison pour laquelle je suis encore un Campbell, c'est parce que je ne veux pas laisser ma sœur dans ce bordel ? Que la seule raison pour laquelle mes parents me laissent être un Campbell, c'est pour leur jolie petite réputation, parce que je pourrais potentiellement dévoiler des choses pas toutes roses sur leurs activités ? Si vraiment c'est le cas, je me suis sacrément trompé à ton sujet Hestia. » La Serpentarde pinça les lèvres. C’était bien beau tout ce qu’il disait, mais à ses yeux ça ne changeait rien. Oui, ils partageaient certaines facettes de leurs existences, ces familles qui ne leurs correspondaient pas, le poids sur leurs épaules, tout ce qu’il devait taire et pesait sur leur âme. Mais encore une fois ça ne changeait rien. Hestia avait vu des camarades avec les mêmes caractéristiques faire volte-face en apprenant qu’elle n’était plus réellement une Carrow. Elle avait vu son monde bousculé, son existence menacer de se briser. Désormais elle avançait en terrain inconnu, avec plus rien auquel se rattraper. Un faux pas et c’était la chute. Rien ne lui garantissait qu’Orion ne serait pas celui à la précipiter vers l’abime. Tout ce qu’il voyait c’était qu’elle n’avait pas eu confiance, à aucun moment il ne prenait en compte son besoin de se préserver. « Tout le monde se trompe à mon sujet. » Rétorqua-t-elle avec amertume. C’était ça la conclusion, au final elle faisait toujours tout de travers. Peu importe ses décisions, ça ne convenait jamais. Ses parents l’avaient mise à la porte parce qu’elle refusait de se plier à un mariage arrangé. Son père s’en était pris à elle parce qu’elle ne voulait pas devenir mangemort. Tourner le dos à sa famille lui avait coûté des amis. Et maintenant qu’elle tentait de se protéger comme elle pouvait, Orion trouvait le moyen de le lui reprocher.
Désormais, c’était le flou total. Qu’allait-il se passer maintenant qu’Orion était au courant, Hestia n’en avait pas la moindre idée et l’entendre dire que lui non plus ne fut pas pour arranger ses nerfs déjà à vif. Il ne voulait pas lui tourner le dos, mais il lui en voulait. Il lui reprochait son manque de confiance mais il comprenait la difficulté des histoires de famille. Ca n’avait aucun sens et ça ne faisait qu’embrouiller un peu plus la situation. Ce qu’il attendait d’elle, Hestia n’en avait aucune idée, tout ce qu’elle savait c’était que s’il avait certaines attentes, il serait forcément déçu. Elle n’était pas ce qu’il attendait, se confier n’était pas dans ses habitudes, elle ne savait pas faire ça. S’ouvrir aux autres c’était prendre un trop gros risque. Elle n’avait pas été élevée ainsi, elle n’était pas habituée à tout ça, elle avait aucune idée de comment ça fonctionnait. Alors si c’était ce qu’il voulait, tout ce qu’il obtiendrait serait de la déception. « Tu ne penses pas qu'il y a un juste milieu entre pleurer dans les bras de quelqu'un et uniquement dire les choses ? Aurais-tu oublié que je suis le premier à me cacher derrière des murs bien épais dès que ça m'arrange ? Ce n'est pas pour autant que je suis incapable de dire les choses. Toutes les fois où je te parlais de ma famille, toutes les fois où tu faisais référence à la tienne, tu te confiais d'une manière ou d'une autre, c'est juste que tu préférais cacher ce qui t'arrangeait. » Sans se départir de son air fermé, Hestia secoua la tête. Il ne comprenait pas. Bien sûr que non. Il ne comprenait pas qu’il en demandait trop, que ce n’était pas parce que lui avait été capable de s’ouvrir que l’inverse était également vrai. Le Gryffondor était aveuglé par sa comparaison et ça faisait naitre un sentiment d’injustice au creux de la poitrine de la verte. Il ne pouvait tout de même pas lui reprocher d’être elle-même. Pourtant c’était exactement le sentiment qu’avait la sorcière, et ça lui laissait un goût amer en bouche. Il ne comprenait pas, ou il ne voulait pas comprendre. « Je ne vais pas m’excuser de me protéger Orion. Je ne vais pas m’excuser d’être fatiguée de devoir me protéger, d’en avoir marre qu’on me plante des couteaux dans le dos. » Argua-t-elle en relevant le menton dans un geste de défi. « T’as aucune idée de tout ce qui m’est tombé dessus depuis ce jour. » N’avait-il pas compris ce qu’elle lui expliquait tout à l’heure ? Elle avait été trahie, blessée, rejetée, jugée et moquée. Elle avait été torturée par des mangemorts, par Merlin. Elle n’avait pas eu d’autre choix que de s’en remettre à son instinct de survie, la confiance c’était secondaire. « Il ne t’est pas venu à l’idée que peut-être que je n’avais juste pas envie qu’on me trahisse, une fois de plus ? Que j’avais pas envie de savoir si toi aussi tu en étais capable ? » Qu’elle tenait un peu trop à lui pour ça ? Que ça aurait été la blessure de trop ? Hestia pinça de nouveau les lèvres pour s’obliger à se taire. Elle réalisa que ces mots lui avaient échappés, qu’elle aurait certainement dû les taire. De toute façon, elle ne s’attendait pas à ce qu’il comprenne. Ce n’était pas comme si elle-même comprenait réellement.
Il lui en voulait et il était trop tard maintenant. Ce qu’ils avaient réussi à construire ces dernières semaines, les instants volés, les baisers échangés et les moments de complicité, tout avait volé en éclat. Tout ça parce qu’ils étaient différents et qu’Orion refusait de le voir. Pire, qu’il parvenait à l’en blâmer. Ce n’était pourtant pas de la faute de la Serpentarde si elle avait besoin de plus de temps pour s’ouvrir, si la notion de confiance lui était si difficile. Sauf que selon le lion, si, c’était bel et bien de sa faute. « D'accorder ma confiance ? Parce que tu penses que je le fais facilement ? Mais je t'accorderai une chose, c'est que j'ai fait une belle connerie en te la donnant, j'imagine que t'as de la chance que ça ne soit pas réciproque. Tu crois que c'était facile de me confier ? Tu crois que c'était facile d'expliquer tout ce que j'ai pu t'expliquer ? Non, mais je pensais que tu en valais la peine, même si de ce que j'ai cru comprendre, c'était apparemment une erreur de jugement. » Hestia retint un mouvement de recul aux derniers mots du Gryffondor. Elle s’attendait à ce qu’il l’attaque de la sorte, mais ça faisait quand même mal à entendre. Elle pouvait s’estimer heureuse d’avoir eu des années pour parfaire son armure de froideur, elle n’aurait pas supporté qu’Orion voit que ses mots venaient de se ficher dans son cœur. C’était tout ce qu’elle était, une erreur de jugement. Juste une erreur. Elle s’interdit de réagir, s’empêcha de laisser filtrer la moindre émotion, coûte que coûte, il ne devait pas voir qu’il avait réussi à l’atteindre. Son air distant et maîtrisé était tout ce qu’il lui restait. Un mensonge bien solide auquel elle se raccrochait pour ne pas s’effondrer tel un château de cartes mal fichu. Elle était une erreur de jugement, d’accord, ça elle pouvait l’admettre. Hestia n’avait jamais eu une assez bonne estime d’elle-même pour arguer du contraire, Orion serait décidemment bien mieux sans elle. Il y avait cependant un point sur lequel elle ne voulait pas reculer. « Je n’ai jamais dit ça. » Lança-t-elle donc en réponse à sa tirade sur la confiance. C’était entièrement faux, elle savait ce que ça avait dû lui coûter et elle ne minimisait en rien les efforts qu’il avait dû fournir pour ça. Elle les avait même appréciés et elle refusait qu’il balaye tout ça aussi facilement. Si elle était incapable d’en faire autant c’était bien qu’elle savait que ça n’avait rien de facile, ce reproche-là elle ne le méritait pas.
Si c’était ça qu’il voulait, qu’elle se confie à son tour, qu’elle lui accorde instantanément une confiance aveugle, alors ils fonçaient droit dans le mur parce qu’elle en était incapable. En fait, ce n’était même pas une question de confiance, c’était une question de capacité, et pour le moment, Hestia ne pouvait tout simplement pas s’ouvrir de la sorte sur son existence. Pas sur cette partie-là. Elle avait réussi à lui parler de Thalia et de la bague, elle l’avait laissé s’approcher bien plus que la plupart des gens, mais elle n’était pas prête à parler de ses parents et de cette fameuse journée de février qui avait tout changé. C’était trop lui demander alors Orion allait devoir faire un choix. De toute façon, ce n’était pas comme s’ils avaient une vraie relation, non ? Ce qu’ils faisaient, ce qu’ils étaient, ce n’était sûrement pas grand-chose, alors elle n’avait rien à perdre. Peut-être que si elle se le répétait assez longtemps, elle finirait par y croire totalement. C’était tout ce qui lui restait alors qu’elle confrontait le lion, les yeux plongés dans les siens en sachant pertinemment qu’elle était en train de tout faire imploser. « Comment est-ce que tu peux prétendre savoir ce que je recherche ou ne recherche pas ? Comme tu l'as si bien prouvé, on ne se connaît pas. Je ne cherche pas à ce qu'on se confie à moi, j'en ai rien à faire, mais je demande un minimum d'honnêteté, chose que tu n'es apparemment pas capable de donner. Et je ne t'ai jamais demandé d'être à ma disposition, Hestia, je m'en fous royalement de tout ça. Entre nous deux, j'ai la sensation d'être bien plus à ta disposition que toi, dans le simple principe où, comparé à toi, j'ai préféré être honnête, et j'ai essayé d'apprendre à te connaître, là où tu as préféré te cacher derrière une image de moi que tu t'étais créée de toute pièce. Alors rassures-toi, Hestia, ça ne me prendra pas longtemps de me décider, parce que je n'ai absolument pas besoin de ce genre d'idioties. » Hestia prit une profonde inspiration. Voilà, ils y étaient. L’instant où il décidait qu’elle n’en valait pas la peine, qu’elle n’avait été qu’une erreur parmi tant d’autres. Très bien, Hestia l’acceptait, avec un peu de temps elle arriverait à se convaincre que ça ne l’atteignait pas. En attendant elle se réfugiait derrière son masque, sortait les crocs pour ne pas avoir à exposer ses failles. C’était ça ou fuir, et pour le moment il y avait des contradictions dans les propos d’Orion qui la forçaient à ne pas céder. « Si tu ne cherches rien de tout ça, alors qu’est-ce que tu fais ici ? Pourquoi est-ce que mon silence sur ma situation te gène autant ? » L’amertume augmenta d’un cran dans sa voix. Un peu plus et elle déborderait, la Serpentarde avait conscience qu’elle jouait avec la limite de ses capacités mais elle était fatiguée de toujours devoir se justifier alors que tout ce qu’elle voulait c’était survivre. « C’est quoi ton problème exactement ? Que tu aies réussi à te confier et pas moi ? Tu crois pas que ça veut dire que celui de nous deux qui a un souci c’est moi et pas toi ? » Elle se tut brusquement, regrettant instantanément ses mots qui avaient été bien plus loin que prévu. C’était pour ça qu’elle ne se confiait pas, pour éviter d’avoir à regarder la vérité en face. Pour que les autres la ne voient pas.
Une inspiration, une expiration plus tard, Hestia s’efforça de retrouver son calme. C’était un exercice terriblement difficile, les mots d’Orion ne cessaient de tourner dans sa tête et elle les trouvait affreusement injuste. Pourquoi ne voulait-il pas comprendre ? Pourquoi ne voyait-il pas que ça n’avait rien à voir avec lui et tout avec les cicatrices laissées par son éducation ? Elle n’était pas prête et il parvenait à l’en blâmer, cette injustice faisait naître en elle un mélange de colère et de déception. Comme d’habitude, c’était elle qui devait endosser le rôle de la méchante de l’histoire. Eh bien, ça ne lui convenait pas, la verte en avait marre de recevoir reproche après reproche. « Tu dis que je ne te dois rien, mais c’est un mensonge. » Reprit-elle après un instant de silence chargé de tension. Il jouait les compréhensifs, mais il lui apportait la preuve du contraire avec ces mots. Elle avait bien des choses à se reprocher, mais lui non plus n’était pas parfait en cet instant. « Tu dis que tu n’attends rien de moi mais tu me reproches de ne pas t’avoir tout dit. Si tu sais combien c’est difficile d’accorder sa confiance, alors tu devrais me comprendre, mais non à la place tu préfères m’en vouloir. Me faire des reproches c’est tellement plus facile que d’essayer de te mettre à ma place. » Ajouta-t-elle avec aigreur. Elle n’avait jamais prétendu être une sorcière facile à comprendre et encore moins à côtoyer. Mais en cet instant elle avait l’impression que c’était de sa faute si elle n’était pas à l’image d’Orion. Elle lui en voulait pour le sentiment de ne pas être assez bien que ça créait en elle. « Tu es injuste. » De toute façon, c’était ce qu’il lui avait dit, elle n’en valait pas la peine.
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Orestia
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Pourquoi fallait-il que les cachots soient toujours le lieu dans lequel elle avait des discussions désagréables qui la laissaient le cœur en vrac ? Cet endroit était censé être son havre de paix, un lieu rien qu’à elle où elle pouvait s’adonner à sa passion sans avoir à penser aux autres. C’était le lieu parfait où peu d’étudiants s’aventuraient à cause de l’ambiance lugubre et des températures décourageantes, tout ce qui était loin de la déranger tant elle préférait se trouver seule qu’accompagnée. Or, c’était déjà la deuxième fois qu’on venait le lui empoisonner. D’abord Amaury avec ses indiscrétions mal placées et sa condescendance insupportable, et maintenant Orion avec ses reproches. Les deux évènements avaient beau se dérouler à des années d’écart, elle ne pouvait s’empêcher de faire le rapprochement tant les similitudes étaient présentes. Une nouvelle fois, un sorcier qu’elle avait laissé s’approcher trop près s’imaginait qu’il pouvait questionner sa conduite et réclamer un quelconque dû. Comme quoi, la Serpentarde était bien loin d’avoir retenue sa leçon. Elle aurait dû se montrer plus prudente après l’histoire avec Amaury, mais ça n’avait pas été le cas, elle avait été négligente, elle s’était bercée d’illusions et aujourd’hui elle répétait les erreurs du passé. Orion n’était pas une erreur, ce n’était pas ce qu’elle pensait, l’erreur ça avait été de s’ouvrir à lui, de le laisser l’approcher. De s’attacher. Ne serait-ce qu’un peu. Le peu qu’elle voulait bien admettre et qui était déjà trop. La seule différence c’était que cette fois, c’était elle qui se trouvait sur le banc des accusés, mais elle ne doutait pas que le résultat serait le même, son cœur serré le lui indiquait déjà. Elle allait souffrir et comme à chaque fois elle prétendrait que ce n’était pas le cas. Elle avait toujours été douée pour ça Hestia, au moins son éducation avait un avantage. Elle étoufferait tous ces sentiments qu’elle ne parvenait pas à maitriser, elle les ignorerait jusqu’à ne plus savoir si ce n’était pas elle qui était en train de manquer d’oxygène.
Tout ce qu’elle pouvait faire désormais c’était serrer les dents et encaisser en silence. S’expliquer ne servait à rien, elle avait tenté et il était clair qu’Orion avait cessé de l’écouter depuis longtemps. Du moins si ça avait déjà été le cas. Il avait déjà décidé de l’issue de cette conversation, elle pouvait le voir dans ses prunelles qui s’étaient faites bien plus dures que toutes les fois où ils s’étaient vus ces dernières semaines. Elle aurait tort, peu importe ce qu’elle lui dirait, les arguments qu’elle pourrait avancer. Il s’était déjà fait son avis sur tout, et surtout sur elle. « Il n'est pas question de se tromper ou pas. » Hestia eut une moue amère. Oh si, c’était ce dont il était question et s’il affirmait le contraire c’était juste pour la contredire. C’était simplement parce qu’il se trouvait de l’autre côté de cette table qui les séparait, que ce n’était pas lui qui était accusé. Elle secoua la tête avec dépit, ne cachant pas que pour le coup, la conversation était tout aussi décevante pour elle. Au moins ils seraient deux à en ressortir dépités. « Tu dis ça parce que ça ne te concerne pas toi. » Rétorqua-t-elle. Il se trompait sur elle, comme tous les autres. Il avait une certaine image d’elle et il était déçu de voir que ce n’était pas la réalité. Il était comme tous les autres au final, il voulait qu’elle soit selon l’imagine que lui avait, il n’était pas prêt à l’accepter telle qu’elle était. Peut-être que pour lui cette part de la conversation n’avait pas d’intérêt, mais ce n'était pas le cas de Hestia. Car pour elle ça voulait dire qu’il ne la regardait pas telle qu’elle était, qu’il ne la voyait pas. Il était comme tous les autres et cette réalisation causa un pincement au cœur de la Serpentarde.
Néanmoins, Hestia voulait bien lui accorder une chose, là n’était pas le sujet, du moins pas le principal. Il n’était pas venu pour débattre de la vision qu’avait le lion d’elle, de combien il se trompait à son sujet et de combien ça devait être décevant pour lui. Tout ça, elle n’en doutait pas. Il était venu la questionner sur son silence. Sauf qu’elle avait beau tenter de s’expliquer, il refusait de l’écouter. Il refusait de voir que ce qu’il prenait pour de la défiance, voire un choix arrangeant était surtout une nécessité. Elle lui avouait avoir ressenti le besoin de se protéger, qu’elle avait craint que le coup fatal ne vienne de lui. Elle lui avouait à demi-mots qu’il avait le pouvoir de la faire souffrir plus que de raison, mais ça ne suffisait pas. Il ne savait pas tout ce qu’elle avait enduré ce jour-là, et pendant les semaines, les mois qui avaient suivi. Tout ce qu’elle aurait pu lui dire et que cette confrontation lui montrait maintenant que c’était inutile. « Non, je n'en ai aucune idée, parce que je n'ai pas eu l'occasion d'entendre cette partie-là de ton histoire. Tu vas me dire que personne ne t'a tendu la main en apprenant ce qu'il s'est passé ? Si c'est le cas, je suis désolé. Mais saches que si jamais tu avais décidé de me le dire, je ne t'aurais pas planté un couteau dans le dos, je t'aurais tendu la main. Mais tu as préféré ne pas le faire. Tu as tes raisons, mais ne t'attends pas à ce que j'accepte tout ça avec un grand sourire. » La Serpentarde le considéra un instant en silence. Peut-être qu’il n’aurait pas été parmi ceux -trop nombreux- qui lui avaient planté un couteau dans le dos, peut-être qu’il lui aurait tendu la main, que cette épreuve aurait pu les rapprocher un peu plus, mais c’était un risque que Hestia n’avait pas été prête à prendre. Et pendant un temps ça n’avait pas eu d’importance car alors cette soirée d’aout chez les Campbell n’aurait jamais existé. Désormais elle ignorait ce qu’elle devait en penser, son silence avait mené à la conclusion de cette soirée et aux nombreux moments volés qu’ils avaient passés ensemble depuis, mais aujourd’hui ça menait surtout à cet instant bien plus difficile. Regrets ou remords, la verte ne savait pas trop ce qu’elle était censée ressentir. Comprendre ses émotions n’avait jamais été son fort de toute façon. Ce n’était plus comme si ça avait réellement de l’importance désormais, il lui aurait peut-être tendu la main, mais il était trop tard pour s’interroger sur cette possibilité, alors Hestia qu’à ce sujet, tout avait été dit. Seule une chose restait à éclaircir. « Ce n’est pas ce que j’attendais. » En fait, une part d’elle s’était doutée de l’inverse et sûrement était-ce la raison de son silence. Une part d’elle avait craint de voir leur relation -quel que soit son nom- imploser à cause de ses choix, mais ça il était bien plus facile de refuser de le reconnaitre.
Dans tous les cas, tout les opposait aujourd’hui et s’il y avait des sujets sur lesquels la Serpentarde voulait bien reconnaitre ses torts -oh elle savait qu’elle n’était pas toute blanche dans cette histoire- il y en avait d’autres sur lesquels elle refusait de lâcher prise. Parce qu’Orion pouvait bien lui faire tous les reproches du monde, elle ne le laisserait pas faire sans rien dire. Il y avait des choses qu’elle méritait, des choses qu’elle pouvait comprendre, mais elle ne le laisserait pas lui faire porter le mauvais rôle juste parce que ça l’arrangeait. Parce que s’imaginer que chacun de ses actes était mauvais était plus simple. Sa tirade sur la confiance était l’exemple criant de tout ce qu’il lui reprochait juste parce que ça collait à sa vision des choses. « Tu ne l'as pas dit, mais c'était comme si. » Hestia lui adressa un regard dur. Et voilà, il continuait de ne pas l’écouter, d’interpréter ses actes comme il le souhaitait sans tenir compte de son avis. Elle serra les poings sur sa table, fatiguée de devoir se battre et de se voir constamment reniée la moindre chance. Chacune de ses opinions était écrasée, elle y était habituée avec sa famille mais jamais elle n’aurait pensé qu’Orion agirait ainsi avec elle. « Arrête de me faire dire ce que je n’ai pas dit, ce n’était pas ce que j’insinuais et tu le sais. » Argua-t-elle aussitôt d’une voix glaciale. Il aurait dû comprendre. Il avançait que se confier était difficile, qu’accorder sa confiance était un risque. S’il était honnête avec lui-même, s’il acceptait de regarder en face sa propre opinion alors il aurait compris les choix de la verte, ses difficultés à sortir de son silence. Mais non, bien sûr que non, il était plus facile de lui faire des reproches. Tout plutôt que d’accepter qu’elle n’était pas comme lui, que de faire l’effort de comprendre qu’elle n’était pas aussi forte que lui. Ca, ce n’était sûrement pas assez arrangeant pour lui.
Cette conversation n'avait aucun sens, Hestia en venait même à douter qu'elle en ait déjà eu. Au fond Orion n'était pas venu pour parler, il était juste venu l'accuser. Il ne voulait pas la comprendre où entendre ce qu'elle pourrait avoir à lui dire, il voulait juste vider son sac et c'était là l'occasion parfaite. Ils tournaient en rond, se balançaient des mots qui faisaient mal, rien de plus. Tout ça ne servait à rien d'autre qu'à creuser un fossé entre eux. La Serpentarde était convaincue que continuer était inutile, tout ce qu'ils faisaient c'était jouer avec leurs limites jusqu'à craquer. Ce qui ne manquerait pas d'arriver. Pourtant elle refusait de lâcher prise, parce qu'elle avait peut-être tort, mais Orion ne faisait pas plus sens qu'elle. Il affirmait une chose et agissait à l'inverse, il prétendait qu'il se fichait de son silence mais s'en servait pour la couvrir de reproches. Ces contradictions, Hestia refusait de les laisser passer. Si elle n'en valait pas la peine, alors que faisait-il là ? « Parce que tu fais ce qu'ils ont tous fait. Tu me rappelles ce que j'essaie d'oublier depuis que j'ai quitté cette fichue école américaine. Tu me rappelles que peu importe ce que je ferai, peu importe ce à quoi je croirais, ça ne sera jamais assez, qu'il sera toujours bien plus simple de faire comme si je ne valais rien. » La verte ne put s'empêcher de froncer les sourcils, soudainement désarçonnée par ses mots. Ce n'était pas ce à quoi elle s'était attendue et un instant elle ne sut comment réagir. Elle observa le Gryffondor en silence, surprise de son soudain éclat. Et encore plus surprise de sentir que ça résonnait en elle. Elle s'était attendue à de nouveaux reproches, à des critiques et du jugement, pas à se reconnaître dans les paroles de l'américain. Brusquement, au milieu de l'amertume et de la colère, elle se sentit plus proche de lui que jamais. Et ça, elle ne savait pas quoi en faire. « Tu dis n’importe quoi. » Répondit-elle sans pouvoir se retenir, avec autant de conviction que lorsqu’il s’agissait de se défendre elle. Pourtant c’était les mêmes mots qu’il lui avait lancé au visage un peu plus tôt, mais elle n’avait pu se retenir. Leurs prunelles se rencontrèrent et elle s'accrocha à son regard. Même au milieu d'une dispute, elle n'avait pas envie de laisser Orion penser qu'il n'avait aucune valeur. C'était faux. Il en avait. Il en avait à ses yeux, elle qui ne s'attachait a personne, mais les mots ne sortirent pas. « Mon silence n'avait rien à voir avec toi. » Ajouta-t-elle à la place, à mi-voix. Ca avait tout à voir avec elle, rien avec ce qu'elle pouvait penser de lui, de l'importance qu'elle lui accordait. Pourquoi ne le voyait-il pas ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à le dire ?
Peut-être parce tout comme lui, Hestia avait toujours eu l'impression de ne pas être assez bien. Parce que ça avait été ancré en elle par ses parents et que malgré son armure elle ne parvenait pas à se défaire de ce sentiment. Parce que tout ce que Orion faisait en cet instant c'était de nourrir ce sentiment avec son comportement injuste. Au moins ses paroles parurent l'atteindre, même si elle n'en tira pas la moindre satisfaction. « Tu as raison, je suis injuste. Parce que j'ai appris à l'être, parce qu'on apprend tous à faire ce que l'on a à faire pour s'en sortir. Tu crois que je suis incapable de me mettre à ta place ? Je sais ce que c'est que d'être à ta place. Je n'ai peut-être jamais été laissé seul parce que je n'étais plus un Campbell, mais j'ai déjà été bien assez utilisé parce que j'en étais un pour prendre l'habitude d'être seul et de ne rien attendre de qui que ce soit. Sauf qu'avec toi, j'ai pas réussi à ne rien attendre. J'y peux rien, je doute que tu puisses vraiment me le reprocher. » De nouveau, Hestia se trouva réduite au silence. Décidemment, cette conversation ne cessait de la surprendre et elle n’arrivait pas à déterminer si c’était une bonne ou une mauvaise chose. Le ton d’Orion ne cessait de changer, un peu plus et ça lui allait lui donner le vertige. A moins que ses mots ne le fassent en premier. Il n’avait pas réussi à ne rien attendre d’elle. Qu’est-ce que ça voulait dire au juste ? Il attendait quelque chose d’elle. Mais quoi ? Où voulait-il en venir ? Qu’est-ce que Hestia devait en comprendre ? Cette simple phrase suffit à la plonger dans la confusion. Ce n’était pas ce qu’ils avaient décidé, ce n’était pas ce qui était le plus sage. Ils avaient choisi de ne pas donner de nom à leur relation parce que c’était ce qu’il y avait de plus simple, de plus prudent. Pas d’attaches, pas d’attentes. C’était ce qu’ils avaient voulu. Et pourtant. Pourtant cette affirmation la remuait bien plus qu’elle ne voulait l’avouer.
Hestia fit de son mieux pour faire la part des choses. Ce n’était pas sur ça qu’elle devait se concentrer, c’était trop risqué, trop perturbant. Elle ne devait pas oublier que le sujet principal était les reproches d’Orion et non pas les mots qui lui échappaient et qui semaient le bazar dans ses pensées. « Peut-être que tu es capable de te mettre à ma place, mais as-tu choisi de le faire, Orion ? As-tu choisi de réfléchir ne serait-ce qu’une seconde avant de venir me couvrir de reproches ? » Demanda-t-elle avec plus de calme. Elle connaissait déjà la réponse à cette question, mais souligner cette injustice de plus était nécessaire. La Serpentarde était capable d’accepter les reproches, mais seulement si ceux-ci étaient justifiés. Or, là ce n’était pas le cas. Surtout que plus elle y songeait, plus elle réalisait une chose. « Tu m’en veux parce que je n’ai pas réussi à venir te parler. Mais regarde les choses en face, tu ne te confies pas à moi parce que tu en as envie ou parce que tu me fais confiance. » Elle attendit une seconde, laissant le temps à Orion de recentrer son attention sur elle et à ses propos d’envahir l’espace qui les séparait. « Tu te confies parce que je te pousse trop loin et que ça t’échappe. Tes mots, ce ne sont pas des marques de confiance, ce sont des explosions. » Conclut-elle sans se départir de son calme. Maintenant qu’elle le disait, ça lui paraissait évident. La plupart de ses confessions lui avaient échappées. Certaines avaient été volontaires, mais celles qui avaient tout commencé n’avaient pas été choisies. Peut-être même qu’il les avait regrettés après coup. Ca avait débuté à la bibliothèque et ça continuait cette fois encore. Il avait mis le doigt dans un engrenage, laissant échapper des informations au fur et à mesure. S’en rendait-il seulement compte ? Hestia ne lui en voulait pas, mais ça voulait dire qu’il était terriblement mal placé pour lui faire des reproches. S’il avait eu le choix, si son impulsivité n’était pas venue se mêler à tout ça, peut-être aurait-il choisi de taire de nombreux sujets aussi.
La verte passa une main dans ses cheveux. Cette conversation la dépassait totalement et elle avait le sentiment confus que c’était également le cas du Gryffondor. Il avait fini par l’atteindre, non pas avec ses reproches, mais avec certains de ces mots. Cette confirmation qu’elle n’était qu’une erreur, qu’elle n’en valait pas la peine. Tout ça s’était ancré en elle et refusait de la lâcher. Et puis il y avait cette dernière phrase, échappée des lèvres du lion comme tant de confessions avant. Cette phrase qui ne cessait de lui tourner en tête peu importe combien elle tentait de se persuader que ça ne comptait pas. Que ça ne voulait rien dire. « Je ne comprends pas ce que tu attends de moi. Je ne comprends pas pourquoi tu attends quelque chose de moi. » Lâcha-t-elle finalement, n’y tenant plus. Non, elle ne comprenait vraiment pas. Elle savait ce que sa famille avait attendu d’elle, ce que ses soi-disant amis avaient attendus d’elle, mais Orion, c’était le flou total. Elle ne croyait pas qu’il avait attendu d’elle la même chose que tous les autres, qu’il avait simplement cherché à l’utiliser. Mais alors quoi ? C’était une question à la fois complexe et terrifiante pour la Serpentarde. Elle secoua la tête. « Tout ce que je sais c’est que je vais continuer à te décevoir. Je ne suis pas comme tu l’attends, je ne suis pas… » Elle n’était pas à la hauteur. Elle n’était pas à sa hauteur. Au final, ce qu’il attendait d’elle ça ne comptait pas, parce que jamais Hestia n’y parviendrait. Ce qui les laissait avec une dernière question. « Qu’est-ce qu’on est en train de faire Orion ? » Hestia posa sur lui un regard presque triste. Elle ne parlait pas de leur dispute ou de ses reproches, elle parlait d’eux et de ces attentes qu’elle n’avait pas vu venir. De ces attentes qui mettaient tout en perspectives. Qui chamboulaient tout.
CODAGE PAR AMATIS
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Hestia Carrow
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Orestia
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Ce n’était pas le chaos qui s’était abattu dans les cachots, mais c’était tout comme. Il n’y avait pas de cris, pas de mots plus hauts que l’autres, de paroles insensées, juste balancées pour faire mal. Mais c’était tout comme. En fait, Hestia aurait peut-être préféré que les choses se passent ainsi. La colère elle savait gérer, elle savait y répondre, elle pouvait même se dire qu’elle la méritait. Au moins dans ces cas là, il lui suffisait de sortir les griffes à son tour et de rendre coup pour coup. Blesser avant d’être blessée. Peu importe si elle faisait mal, si ses mots dépassaient sa pensée, si elle allait trop loin, rien de tout ça ne comptait. Quand c’était elle ou les autres, la question ne se posait même pas. La vipère en elle se dressait et frappait autant qu’il le fallait. Quand ça se passait ainsi, elle n’avait pas à réfléchir, l’instinct de survie prenait le pas sur le reste et elle n’avait qu’à suivre la cadence. Peu importe le résultat derrière, le champ de ruines sur lequel elle ne manquerait pas de se tenir. C’était tellement, tellement plus facile ainsi. Face à la colère, elle savait comment réagir, mais face à ce que lui opposait Orion, elle était bien moins sûre d’elle. Car ce n’était pas de la colère qu’elle lisait dans ses prunelles, mais un mélange d’incompréhension et de déception. Un mélange auquel elle ne savait quoi répondre. La preuve, chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, Hestia avait l’impression d’empirer les choses. Elle tentait de s’expliquer, elle avançait des arguments, elle faisait de son mieux pour ne pas simplement se refermer et refuser le dialogue, mais ça ne suffisait pas. Peu importe ce qu’elle faisait, ce qu’elle disait, ce n’était jamais assez. Elle n’était jamais assez. C’était une partition qui ne cessait de se répéter et cette fois c’était Orion qui la jouait. L’éclat dur qui était venu se nicher dans les prunelles du lion prouvait une seule chose : elle avait tort, elle aurait tout le temps tort.
Tout comme il refusait de l’écouter, Orion refusait de lui laisser la moindre marge de manœuvre. Peu importe ce qu’elle disait, il s’y opposait. Tant et si bien que la verte finit par en conclure qu’il en était arrivé à un stade où il se contenterait désormais de réprouver tout ce qu’elle pourrait dire, juste pour le principe de la contredire. Même quand il s’agissait d’elle et de l’image qu’on pouvait lui coller à la peau, elle avait tort. Alors qu’elle était la principale concernée. « Il n'est pas question de ça non plus Hestia. » La Serpentarde laissa échapper un grognement de frustration. Cette conversation ne menait à rien et plus les secondes passaient, plus elle en était persuadée. Orion était braquée, elle le voyait bien, elle pouvait certainement le comprendre car elle devinait qu’elle faisait la même chose. Pour les mêmes raisons. Celles de se protéger, de ne montrer aucune faille. Et lui, au lieu de le voir, au lieu d’accepter de l’écouter, il lui faisait dire des choses qu’elle n’avait jamais dit. Il lui prêtait des paroles, des intentions, qui n’avaient rien à voir avec la réalité. Au-delà de venir la confronter, il se faisait juge et bourreau, avançant les faits mais aussi la sentence de son choix. « Alors tu t'attendais à quoi ? A ce que je te laisse tomber ? A ce que je te tourne le dos ? Parce que si c'était ce que je comptais faire, je ne serai pas là en train d'essayer de comprendre toute cette histoire. » Hestia secoua la tête avec une impatience grandissante. Cette conversation tournait en rond. Quand elle avait le sentiment d’avoir fait un pas en avant, Orion les forçait à en faire deux en arrière. C’était une valse des plus désagréable, une dont elle devait briser le rythme avant de craquer. « Je ne sais pas. » Argua-t-elle, sa voix claquant contre les murs de pierre du cachot. « Je ne savais pas à quoi m’attendre, c’est ce que je me tue à te dire. » Ce n’était pas ce à quoi elle s’était attendue qui était le plus important, c’était ce qu’elle avait craint. Elle n’avait rien attendu de sa part, en revanche les craintes, elles avaient été nombreuses. Son silence sur sa situation n’était pas lié à un manque de confiance ou d’attachement, c’était peut-être même tout l’inverse. C’était parce qu’elle avait eu peur de le voir faire tout ça, parce qu’elle n’aurait pas supporté que lui aussi choisisse de lui tourner le dos. Elle n’aurait pas supporté de voir ce qui les liait -peu importe ce que c’était- se briser en une fraction de seconde. Tout ça, elle le lui avait dit, elle avait essayé de lui dire. Mais ça avait été vain.
C’était une évidence, Orion avait décidé qu’elle serait la méchante de l’histoire alors c’était ce qu’elle serait. Il ne lui laissait aucune chance. Hestia était réaliste, elle savait bien qu’elle n’était pas l’innocence même, dans cette histoire elle avait ses torts. C’était volontairement qu’elle avait gardé le silence, même après le rapprochement qu’ils avaient connus depuis l’été, mais ça n’avait pas été sans raisons. Sauf que ça, Orion ne voulait pas le voir, il préférait interpréter comme lui le souhaitait et se faire des idées. D’une simple confrontation, Hestia se retrouvait soudainement sur le banc des accusés. « Comment est-ce que je pourrais le savoir, Hestia ? Jusqu'à tout à l'heure, je n'aurais jamais imaginé ce qu'il s'était passé avec ta famille. Alors comment est-ce que je pourrais réellement savoir ce que tu penses ou ce que tu comptes dire ? » La verte fronça les sourcils. Le raisonnement du lion se tenait, mais il allait bien trop loin. Certes, il ne pouvait pas deviner ses pensées, mais était-il obligé de tout de suite lui prêter les pires intentions ? D’en conclure que puisqu’elle lui avait caché sa situation, ça ne pouvait-être que mauvais signe ? Elle lui avait avoué qu’elle avait cherché à se protéger, que ça avait été nécessaire -vital- pour elle, mais elle se battait contre du vent. Hestia garda le silence, un silence buté et froid qui valait toutes les réponses du monde. Elle était fatiguée. Fatiguée de se battre, de s’escrimer pour qu’on l’écoute mais qu’on lui refuse ce droit. Orion avait déjà décidé pour elle de toute manière. Plus cette conversation avançait et plus elle filait le vertige à la Serpentarde. Entre les mots blessants qui l’atteignaient même si elle tentait de ne rien laisser paraitre et les confidences subites du lion, Hestia ne savait plus quoi penser. Ce furent ces dernières qui la poussèrent à prononcer quelques mots de plus, à avouer que son silence n’avait rien à voir avec lui. « J'aimerai te croire Hestia, j'aimerai vraiment te croire. Mais… Je sais pas vraiment comment faire, très franchement. » Hestia pinça les lèvres, accusant le coup. Ca avait été un pas dans la direction du Gryffondor, une énième tentative, et voilà comment elle était accueillie. La verte porta sur lui un regard désabusé. Il la couvrait de reproche mais quand elle voulait parler, quand enfin elle parvenait à lui faire des aveux, il la traitait comme une menteuse. « Tu ne peux pas affirmer que tu veux me croire, et continuer de douter de tout ce que je dis. » Rétorqua-t-elle d’une voix tremblante d’irritation. Encore une fois il était injuste. Encore une fois, elle n’avait pas le choix.
Dans cette conversation, Orion n’était que contradiction. Il affirmait qu’il voulait des explications, mais refusait de les entendre, il avançait qu’il s’en fichait, qu’elle ne lui devait rien, mais il la confrontait sans lâcher prise, il disait comprendre combien il était difficile de se confier, mais quand ça la concernait elle alors ça ne comptait plus. Et maintenant il venait de lui avouer qu’il n’avait pas réussi à ne rien attendre d’elle. Des paroles qui perturbèrent grandement la Serpentarde, ce n’était pas ce qui était prévu, ce n’était pas ce qui était prudent. Ils ne pouvaient pas s’aventurer sur ce terrain-là, elle le savait, elle le sentait au fond d’elle, alors pourquoi est-ce que ses mots la heurtaient autant ? Elle ne pouvait pas l’accepter, de toute manière elle n’était pas en état de réfléchir à ce genre de chose alors elle jugea plus préférable de l’occulter dans un premier temps. Déjà trop de mots révélateurs avaient franchis la barrière de ses lèvres sans qu’elle ne puisse s’en empêcher, c’était un terrain bien trop dangereux. Même si c’était plus douloureux, revenir sur le comportement injuste d’Orion était plus prudent. « En effet, je n'ai pas nécessairement fait l'effort, mais tu t'attends à ce que je réagisse comment ? A ce que je fasse comme si de rien n'était juste parce que je suis capable de me mettre à ta place ? C'est un peu trop facile, ça. Et crois-moi, si je me confie, même si c'est par "explosions", comme tu dis, c'est parce que je te fais confiance. Plein de personnes m'ont bien plus poussé dans mes retranchements que toi, et pourtant je ne laissais rien échapper, parce que j'ai toujours été quelqu'un de très secret, de très renfermé. Alors ouais, c'est peut-être des explosions, mais ne penses pas que ça arrive avec n'importe qui, parce que ce n'est pas le cas. Je choisis les personnes à qui je fais confiance même si parfois, en effet, je fais les mauvais choix. » Hestia contint un mouvement de recul face aux derniers mots du lion. Ca faisait mal. Bien plus qu’elle ne l’avait imaginé, bien plus qu’elle ne l’aurait cru possible. Le mauvais choix, c’était elle. Elle avait beau savoir qu’elle n’était pas à la hauteur, ça lui faisait tout de même l’effet d’une gifle. Ca la ramenait en arrière, à tous les reproches que pouvaient lui faire ses parents, à ce sentiment qu’elle ne serait jamais assez bien qui ne la lâchait pas depuis l’enfance. Ca faisait remonter toutes ses insécurités, ses doutes et ses travers. Tout ça vint la frapper avec la force d’un ouragan. Elle déglutit, une moue désabusée imprimée sur ses lèvres. Orion avait choisi volontairement de ne pas faire l’effort de se mettre à sa place. Il avait choisi de ne pas faire d’effort pour elle. « Je m’attendais à ce que tu acceptes de m’écouter avant de tirer des conclusions. Mais je vois bien que j’avais tort. » Rétorqua-t-elle d’une voix pleine de dépit. Elle lui en voulait de la faire se sentir ainsi et elle s’en voulait à elle de se sentir ainsi. Décidément aujourd’hui, Orion savait où frapper pour faire mal. Hestia fit de son mieux pour ne rien laisser paraitre, mais c’était de plus en plus difficile. Elle sentait son masque de froideur se fendiller, son cœur se faire de plus en plus lourd dans sa poitrine. Mais elle ne pouvait rien laisser transparaitre.
Elle fit tout de même une concession en s’exprimant sur ce qui la torturait le plus. Les attentes que Orion semblait avoir à son sujet, celles auxquelles elle ne pourrait certainement jamais répondre. Elle ne comprenait pas d’où ça sortait, ni même ce que ça pouvait bien vouloir dire. Qu’attendait-il d’elle au juste ? Et pourquoi attendait-il quelque chose ? N’avait-il donc pas compris que jamais elle ne serait à la hauteur ? De ça, Hestia en était persuadée, elle ne cesserait de le décevoir. Parce qu’il en avait toujours été ainsi avec elle, parce qu’on lui avait toujours bien fait comprendre qu’elle ne serait jamais assez bien. Elle ne voyait pas en quoi ce serait différent avec le Gryffondor. « Je pense que tu te trompes, que tu dénigres bien trop. Que tu veuilles l'entendre ou pas, ce qui n'est pas un reproche, je précise, je te fais confiance. Je ne pense pas m'être trompé sur toute la ligne vis-à-vis de toi, je ne pense pas que tu sois réellement capable de me décevoir, surtout à répétition. » La verte secoua lentement la tête. Ses mots elle les entendait, mais elle ne parvenait pas à s’y accrocher. Orion avait dit trop de choses. Il y avait eu trop de reproches, trop de contradictions. Il disait lui faire confiance mais il remettait en cause la moindre de ses paroles. Il disait qu’elle ne pouvait pas le décevoir, et pourtant il avait affirmé qu’elle était le mauvais choix. Qu’elle n’en valait pas la peine. Tout ça elle ne pouvait pas l’oublier. Dans la tête de la Serpentarde, toutes ces paroles tournaient en boucle, si vite qu’elle ne savait plus quoi en faire. Quoi croire. « Pourtant c’est ce que je ne cesse de faire depuis que tu es entré dans cette pièce, n’est-ce pas ? » Elle plongea son regard dans le sien, le soutenant un instant en silence. Elle avait prononcé ces mots avec détachement, comme si ce n’était pas elle que ça concernait. C’était une vérité que ni l’un, ni l’autre, ne pouvait nier.
Au final, tout ça les laissait avec une question à la fois simple et terriblement complexe. Qu’est-ce qu’ils faisaient exactement ? Pas là dans cette pièce à se couvrir de reproches, mais eux deux. Cette relation qui les liait et à laquelle ils n’avaient pas voulu donner de nom voulait dire quoi au final ? Les attentes, ils n’en avaient pas voulu, et pourtant elles étaient bien là. L’attachement n’avait jamais été envisageable, et pourtant il fallait bien admettre que tout cet affrontement avait lieu parce qu’ils n’étaient pas simplement détachés l’un de l’autre. Alors quoi ? Ils faisaient quoi ? Hestia avait presque peur de la réponse qu’Orion pourrait lui apporter. Le voir baisser les yeux ne fut pas pour la rassurer. « Je n'en ai aucune idée Hestia. » La verte prit une profonde inspiration. Si elle était soulagée ou déçue de cette réponse, elle ne le savait pas trop. Elle ne savait même pas ce qu’elle ressentait au juste. Tout était embrouillé dans sa tête. Il y avait les reproches, les questions et les attentes… Tout ce à quoi elle ne s’était pas attendue et qui la mettait face à une réalité à laquelle était n’était pas prête à se confronter. Elle hocha lentement la tête. « Je vois. » Déclara-t-elle d’une voix posée. Puisqu’il y avait trop de sentiments qui se battaient en elle, le plus simple était de tous les faire taire. Considérer cette situation d’un point de vue détaché serait bien plus simple. Bien plus sage. Ce fut donc ce qu’elle s’appliqua à faire. « Je vais te dire ce que je sais, Orion. Je sais que je ne suis pas celle qui pourra répondre à tes attentes. Je ne suis pas celle qui pourra s’ouvrir et se confier. Je ne suis pas celle capable de lâcher prise. Je ne suis pas celle que tu attendais. Je ne suis pas à la hauteur. » Reprit-elle de cette même voix calme, dénuée de toute émotion. En parlant, elle rassembla ses affaires étalées sur la table devant elle, les rangeant dans son sac avec des gestes lents et méthodiques. Puisque la confrontation était vaine, il ne lui restait plus que la fuite. « Je ne me dénigre pas, je sais comment je suis. » Précisa-t-elle en relevant brièvement ses prunelles vers Orion. Hestia ne se voilait pas la face quand ça la concernait, elle savait parfaitement comment était son caractère et les traces que son éducation avait laissé en elle. Elle ne faisait que dire la vérité sans chercher à enjoliver la réalité. Quant à la manière dont ça l’affectait, Hestia s’interdisait d’y penser. D’un geste, elle passa son sac à son épaule et contourna sa table pour se diriger vers la sortie. Arrivée à la hauteur d’Orion, elle s’attarda quelques secondes à ses côtés pour lui adresser un dernier regard empreint d’un mélange de résignation et de regrets. Et de quelque chose d’autre sur lequel elle préféra ne pas s’interroger. « Je suis le mauvais choix. Au moins tu as ouvert les yeux avant qu’il ne soit trop tard. » Mais était-ce réellement le cas ?
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