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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Les faces d'une même pièce [Billie] :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Lyllyah Sody
Lyllyah Sody
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Mar 14 Juin - 22:04

Avril 2021

Après l’intervention du Blood Circle à Azkaban, j’avais laissé s’écouler plusieurs jours avant de reprendre contact avec le monde extérieur. Je ne voulais pas qu’on puisse me rallier à ces événements d’une quelconque manière que ce soit. De plus, j’avais eu à cœur de rester auprès de Jezebel le temps que je sois complètement certaine qu’elle puisse se remettre. Après tout, j’avais promis de la protéger durant notre intervention, alors je voulais rester avec elle jusqu’au bout. J’avais donc laissé passer trois jours. Trois jours où j’étais restée soit au quartier général du Blood Circle soit à la caserne, car la vie continuait (pour les survivants) et j’avais des fonctions à honorer. C’était sans compter que Lullaby avait besoin, elle aussi, d’être défoulée, elle qui avait été une jument de terrain, elle était aussi demandeuse que moi quant aux sorties journalières.
Après ces trois jours, je m’étais enfin permis de contacter la première personne avec qui j’avais envie de passer du temps après cette nuit : Moïra. Fort heureusement pour mon mental et moi, la réponse ne se fit pas attendre, et les instants passés en sa compagnie m’avait permis de m’apaiser tout à fait.
J’y serai parvenue seule, comme je l’avais toujours fait jusque-là, mais ma petite messagère avait un truc en plus. Un je ne sais quoi que je n’arrivais pas à définir. Elle m’apaisait, elle calmait mes tourments alors même que je ne lui en parlais pas.

Cinq jours après les événements à Azkaban, j’étais enfin en permission et je fis alors la seule chose que je savais faire dans mes moments de calmes : faire du sport.
Accompagnée par Radar que je tenais avec une laisse élastique, lui évitant ainsi les chocs à son harnais, j’avais commencé ma journée par un footing qui eut le mérite de me vider la tête. Malgré tout, je ressentais toujours autant cette frustration qui ne me quittait plus depuis que j’avais quitté la prison sorcière. Cette sensation du travail mal fait, que quelque chose clochait.
C’était pourtant rare que je quitte le terrain avec une telle impression, ou alors elle disparaissait dès le lendemain, mais cette fois, c’était étrangement plus tenace et je n’arrivais pas à en définir les raisons. Peut-être était-ce dû au fait que Jezebel avait été blessée. Peut-être était-ce dû au manque flagrant d’organisation du Blood Circle. Peut-être était-ce dû au fait que j’avais fait moins de victimes que ce que je m’en croyais capable.
En prenant part aux conflits magiques, je plongeais dans un Nouveau Monde, une nouvelle guerre pour laquelle je n’avais jamais été préparée. Tout ceci était nouveau pour moi et sans doute me fallait-il un petit temps d’adaptation.

Voilà pourquoi j’essayais de faire fi de ce que je ressentais, et, après mon footing dans le Regen’s Park, je déambulais avec Radar en liberté qui zigzaguait entre les passants sur les trottoirs. Le Bordel Collie blanc et brun que j’avais adopté était vif, et même si nous n’étions pas ensemble depuis bien longtemps, un lien indéniable c’était déjà tissé entre nous. Ainsi, malgré le fait que je ne le tenais présentement plus en laisse, il me surveillait régulièrement en me jetant des coups d’œil. Docilement, il marchait devant moi et lorsqu’un embranchement survenait, je l’appelais pour qu’il me suive. Le chien de berger rectifiait alors sa trajectoire en trottinant joyeusement, la langue dehors.
Après un instant de marche dans les rues de la grande ville que je ne connaissais pas encore bien, je me retrouvais non loin d’un nouveau parc. C’était une belle étendue verte avec quelques fontaines et plusieurs places de jeux pour les enfants avec diverses activités. L’une en particulier attira mon attention et se fut sur un banc que je déposais mon sac et laissais Radar s’abreuver à la gamelle pliable que j’avais emmenée.

Devant moi s’étendaient de petites bosses que les enfants pouvaient s’aventurer à grimper. Il y avait même de petits tunnels leur permettant une immersion d’aventure presque parfaite.
Évidemment, moi, ce n’étaient pas les tunnels qui m’intéressaient, mais bien les bosses. Une fois à proximité, je constatais qu'elles m’arrivaient à hauteur de ventre. Parfait. Vraiment parfait.
Je reculais de quelque pas pour me retrouver derrière le banc sur lequel j’avais posé mes affaires et devant l’une de ces bosses. Immobile, penchée en avant, j’évaluais les distances et imaginais les mouvements que j’allais faire, mes yeux gris démontrant toute ma concentration.
Mon appréciation faite, je m’élançais. Posant mes mains sur le dossier du banc, je sautais par-dessus avec aisance ce qui me donna de l’élan pour franchir la bosse destinée initialement aux enfants. Je le croyais suffisant alors que je plongeais en avant, les mains devant moi pour me réceptionner au point le plus haut. Mais je réalisais là que ma prise ne suffirait pas.

- Chier.

Interrompant mon saut de chat avec agilité, je posais mes deux pieds sur la bosse et restais ainsi accroupie un instant, réévaluant l’obstacle de Parkour que j’étais en train de m’inventer.
Parce que c’était ce qui était magique dans cette discipline, pouvoir inventer des figures avec n’importe quel obstacle et n’importe où. Pour faire passer ma frustration de la prison, je sentais que j’avais besoin d’un peu de défis, de me prouver à moi-même que je valais quelque chose et que j’étais capable d’accomplir ce saut. Non pas que j’avais perdu toute confiance en moi et que j’étais du genre à me dévaloriser. Simplement, j’avais comme un besoin de consolation.
Radar, qui commençait à s’habituer à mes sessions de Parkour se plaça à l’ombre d’un buisson à proximité du banc et resta allongé tranquillement, la langue toujours dehors. Ses oreilles sensibles et attentives (à contrario des miennes) remuaient de temps à autre lorsqu’il entendait un bruit plus distinctement que les autres. Il remarqua donc bien avant moi la présence du blondinet qui se rapprochait indéniablement de ma position.
Moi, j’étais trop occupée sur mes obstacles que j’échouais à passer. Tantôt je plaçais mal mes mains, tantôt je prenais trop de vitesse, puis pas assez. Malgré mes grimaces et mes légers jurons, je ne lâchais rien et recommençais, inlassablement. Preuve de ma grande ténacité.




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Mar 14 Juin - 23:39
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Ton sac à dos correctement sanglé sur tes épaules par-dessus un manteau suffisamment épais pour te protéger de la rudesse de ce mois d’avril londonien, tu te fais un chemin dans les rues de Londres en empruntant ton visage le plus moldu possible. Ici, pas de magie ni de tour de passe-passe : le danger rôde et tu en es bien conscient. Tu fais donc ton possible pour rester calme et ne pas souffrir une transformation physique qui te vaudra une chasse aux sorcières plutôt brutale. Tu n’y es pas préparé, même si ta baguette dort paisiblement dans un endroit dissimulé de ta veste – la poche intérieure gauche, pour être plus précis. Ainsi, tu sais pouvoir t’en emparer si la situation l’exige, bien que tu pries chaque instant pour que ce ne soit pas le cas. Tu aimes pourtant lancer des sortilèges et tu y es plutôt bon, mais les circonstances actuelles font que tu ne te sens pas en sécurité parmi cette foule de badauds qui, d’apparence, n’ont rien de dangereux. Mais c’est tout le contraire. Comme tout un chacun, tu as prix connaissance des derniers événements à Azkaban et ces nouvelles te font froid dans le dos dès que tu les lis. Ce n’est pas une blague ni une supercherie du gouvernement pour vous diviser encore plus, les moldus et les sorciers. Tout ceci est bien réel et le fait de devoir côtoyer des détraqueurs dans l’enceinte de Poudlard te fout des frissons. Tu te demandes combien de temps cela va durer, si tu en auras pour toute ta scolarité et comment tu vas t’en sortir avec ces créatures à portée de vue. Tu n’es certainement pas le premier à les craindre et tu espères ne jamais tomber sur l’un d’eux dans un futur proche. Tout ça a tout de même foutu un grand capharnaüm dans le monde sorcier et tu as bien du mal à t’y retrouver. Tu ne sais pas quelle est ta place dans ce foutoir géant et tu n’es même pas certain d’en avoir une à prendre, tout simplement. Tu n’es qu’un petit sorcier de pacotille, un né-moldu de surcroît. Aux yeux des sorciers, tu ne vaux probablement pas grand-chose et le Blood Circle ne risque pas de les contredire. Tu as parfois cette sensation d’être une erreur de la nature, une abomination qu’on regrette. La créature du Dr. Frankenstein, peut-être est-ce toi ?

Tu secoues la tête pour oublier ces bêtises et avances, tes pas se faisant plus ferme sur la chaussée. Tu quittes les quartiers les plus populaires pour t’enfoncer dans les quartiers moins fréquentés, sans pour autant faire l’erreur de te perdre dans des ruelles solitaires où il n’y fait pas bon vivre. Tu ne pourras pas utiliser la magie pour te défendre et tu n’as pas encore toutes les armes physiques nécessaires pour parvenir à maîtriser des agresseurs, si cette scène venait à se produire. Tu inspires profondément en passant à côté d’un restaurant indien dont la cuisine parfume tout le quartier et après un sourire, reprend ta marche vers le parc que tu dois traverser pour arriver dans la rue où vivent tes parents. C’est à eux que tu viens rendre visite, bien que cette habitude se fasse moins ponctuelle depuis quelques temps. Tu as besoin de ton indépendance de jeune homme et revenir trop fréquemment chez papa-maman annihile cette sensation de liberté que tu tends à obtenir. Ils savent ce que tu es – ils sont bien obligés – mais tu vois bien que cela les met mal à l’aise. Dès qu’ils te voient, leur regard change, leurs gestes se font plus maîtrisés, tout comme leurs propos. Il y a des sujets que vous n’abordez pas ensemble pour des raisons évidentes. En fin de compte, vous cherchez simplement à vous protéger les uns les autres, quitte à devoir supporter un silence pesant digne d’une cathédrale vide.

Tu passes par-dessus une petite barrière et arrives dans ledit parc, que tu longes d’un air pensif car c’est ton dernier cours de Défenses contre les Forces du Mal que tu as en tête à ce moment-là. En passant devant l’un des bancs, tu remarques allongé près de ce dernier un chien au beau pelage blanc et brun qui semble attendre patiemment quelqu’un. Ou du moins, c’est l’histoire que tu t’en fais à sa position et son air peu inquiet. Il n’a pas l’air perturbé par le fait d’être seul et tu finis par comprendre que c’est tout simplement parce qu’il ne l’est pas. Tu suis son regard jusqu’à une silhouette qui fait de drôles de sauts à quelques mètres de distance de là et, intrigué par les allers et venues de cette personne – une femme, tu t’en aperçois vite – tu décides de faire une petite pause dans ton propre parcours. Tes parents ne se feront pas de mouron pour toi si tu as quelques minutes de retard, de toute façon. Tu as compris il y a bien longtemps de ça qu’ils n’attendaient plus rien de ta part. Gardant ton sac à dos sur tes épaules, tu t’installes par terre à côté du chien, auquel tu présentes la paume de ta main à la hauteur de sa tête. Tu attends qu’il t’ait reniflé et accepté pour passer tes doigts dans son doux pelage et un petit sourire fend ton visage en deux. À l’image de l’animal, tu te mets à regarder cette femme qui semble mettre un point d’honneur à franchir des obstacles qu’elle seule semble voir. Bien sûr, ta curiosité s’éveille à cette vision. Tu te mets à analyser le comportement de cette personne, jusqu’à ces jurons qui semblent lointains mais atteignent tout de même ton ouïe de jeune homme. Tu sors un bonbon de ton sac que tu déposes sur ta langue, avant de le sucer consciencieusement. Ton regard ne quitte pas la silhouette à quelques mètres et ta main reste en position sur le chien qui ne semble pas t’en vouloir d’être assis à ses côtés. Tu ne connais pas sa nature et s’il a un caractère difficile avec les étrangers, tu t’en sors plutôt bien. Il faut dire que tu restes attentif à ses mouvements pour ne pas aller trop loin et te faire mordre. Dans le silence le plus complet, tu attends qu’elle te remarque tout en prenant des notes mentales à son sujet.
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Lyllyah Sody
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Mer 15 Juin - 9:48

Avril 2021

Je n’avais pas les yeux dans le dos (ce serait étrange), ainsi donc je ne pris pas garde de la présence du jeune homme qui s’était rapproché de la prunelle de mes yeux, mon chien. Ce fut toutefois ce dernier qui me signala la présence de quelqu’un, car Radar, en bon Bordel Collie qu’il était, tenait difficilement en place. Voilà pourquoi je m’évertuais à le prendre partout avec moi dès que ça m’était possible et de courir avec lui durant mes footings. Peut-être devrais-je lui apprendre quelque pas de Dog Dancing pendant que je pratique le Parkour ? Ça pourrait faire un balai intéressant.
Quoiqu’il en soit, lorsque le jeune inconnu présenta sa main au chien, Radar se redressa et, balayant le vide de sa queue à grande vitesse, vint essayer de lécher le visage de l’inconnu tout en bondissant de droite à gauche. Moi qui étais habituée à ne pas l’entendre pendant mes réflexions de Parkour, je fus étonnée de cette soudaine agitation, alors, tournant la tête, je remarquais enfin un, apparemment, adolescent qui s’était posé à côté de Radar (erreur) et qui devait à présent lutter contre un assaut de léchouilles baveuses et de truffes humides.
Diantre, pourquoi les gens se sentaient toujours obligés de venir se coller aux animaux qu’ils ne connaissaient pas sous prétexte qu’ils étaient mignons ? C’était ainsi que la plupart des morsures avaient lieu, et le con, ce n’était jamais l’humain, mais toujours l’animal. Heureusement que Radar était une véritable peluche, pas comme les chiens d’interventions avec lesquels il m’arrivait de travailler avec mes collègues.
Interrompant alors ma petite session d’entraînement, j’enfonçais mes mains dans mes poches en m’approchant des deux énergumènes. Mon T-shirt vert kaki laissait apercevoir la chaine perlée et argentée que je portais autour du cou, mais dont le pendentif restait camouflé sous le tissu, contre ma peau. Ma veste à capuche à la fibre fine entourait élégamment le haut de mon corps, m’offrant un confort optimal tout en respectant bien la température de mon corps pendant mes pratiques sportives. Ainsi, je ne craignais pas le froid environnant du mois d’avril malgré mes efforts.

- Radar, arrête, viens ici.

Vif, le chien avait du mal à obéir à mon ordre, mais puisque je passais beaucoup de temps sur son éducation, il finit tout de même par se décider à revenir à mes pieds, non pas en marchant ou en trottinant, mais bien en courant et en sautillant joyeusement ce qui m’arracha un sourire. Ce chien est complètement fou.
Passant ma main sur sa tête entre ses deux oreilles dressées, je regardais alors le jeune homme assis. Loin de moi l’idée d’être offusquée par son comportement envers mon chien, je gardais mon attitude joviale et solaire. Après tout, il n’avait pas fait de mal à Radar et même si j’étais globalement contrariée par ce qui était arrivé à Azkaban, une personne venue de nulle part n’avait pas à savoir les détails. Même Moïra l’ignorait, alors un jeune garçon…
C’était sans compter que, habituée à être sous couverture avec mon boulot, je savais simuler le double jeu à la perfection. Enfin, je n’étais pas en service aujourd’hui, et lorsque j’étais dans mes jours de repos, les barrières de mes exigences sautaient. Je devenais la Lyllyah que tout le monde, en dehors de l’armée, connaissait. Mon côté sombre, les gens n’avaient pas besoin de le connaître en dehors de mes heures de service.
Alors, d’un ton jovial, je m’approchais encore de l’inconnu avec un air décontracté.

- Salut. Tu as besoin de quelque chose ?

Je le regardais avec intérêt de mes yeux gris scintillants. Il n’était pas impropre sur lui, avait un bon maintien et ne me paraissait pas plus étrange que ça pour le moment. Sous ses vêtements, il semblait être un garçon assez fin, ce qui m’évoqua quelqu’un. Lorsque son visage aux yeux verts s’immisça dans mon esprit, un sifflement strident me vrilla la tête.
Putain, quand je pensais à elle, mes acouphènes redoublaient d’intensité, mais lorsque j’étais en sa présence, je découvrais à nouveau le silence avec une grande délectation.
Ainsi dérangée, je plissais légèrement les paupières en venant me masser une tempe, bien que j’étais tout à fait conscience que ça n’allait servir à rien. Rien ne pouvait me soulager durant une crise, en dehors de Moïra.
Bref, je disais donc que le jeune homme semblait assez fin, donc s’il voulait être une menace pour moi, il allait d’abord devoir gagner en muscle. Toutefois, je ne me faisais pas d’illusion et ne le sous-estimait pas. Je savais mieux que personne que l’habit ne faisait pas le moine. Si le garçon était un voleur, il se trouverait bien déçu de ne rien trouver dans mon sac à dos puisque je n’avais aucun objet de valeur. Je les portais sur moi, dans les poches de mon jogging que j’avais refermé avec la fermeture éclair avant de me mettre à courir ce matin.
Sans doute faisais-je des plans sur la comète et que mon esprit était encore trop vif et méfiant suite à ma dernière mission avec le Blood Circle. Alors, sans perdre mon sourire, je reprenais la parole. Heureusement, j’avais le contact facile.

- Désolée, j’ai pas d’argent sur moi et je ne saurai pas te guider dans la ville, j’ai aucun sens de l’orientation. Tu viens souvent dans ce parc ? Moi c’est la première fois. Je me suis perdue. Tu aimes les chiens ? Il s’appelle Radar. Il est gentil, il ne te fera rien, mais peut-être qu’à l’avenir, tu devrais éviter d’aborder un chien sans l’accord de son maître. On ne sait jamais la réaction qu’ils peuvent avoir.

Je déblatérais ses paroles sans une seule once de méchanceté dans la voix. Bien au contraire, mon ton était enjoué et teinté d’une certaine chaleur, démontrant ainsi que je n’avais aucun apriori. Je disais les choses sans réfléchir à la bienséance sociale, je formulais ce que je pensais, sans filtre et sans prendre de gants. Cela vexait beaucoup de personnes, et j’étais habituée à être confrontée à la colère des autres.
J’en avais cure. Quand les choses devaient être dites, fallait le dire. C’était pour le bien du gamin après tout, ce serait con qu’il se fasse mordre une fois. Pire, ce serait fou qu’un chien soit piqué à cause d’une morsure parce que le gosse n’aurait pas su comprendre le langage canin de l’animal.
Valait mieux prévenir que guérir n’est-ce pas ?




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Mer 15 Juin - 10:32
@Lyllyah Sody & Billie
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Elle s’approche de vous et ton regard soutient le sien. Du moins, quand le chien ne t’y empêche pas. De cette distance, tu n’es pas certain de pouvoir décrire les émotions qui semblent la traverser. Soit tu es un mauvais traducteur, soit c’est une bonne actrice. Dans un cas comme dans l’autre, tu vas devoir faire preuve de patience. Mais la première question qui te vient à l’esprit est : que pense-t-elle à ce moment précis ? La raison de ta présence est sujet à plusieurs interprétations et tu te dis aussitôt qu’elle doit probablement te prendre pour un voleur – de biens ou de chien. Pourquoi, sinon, te serais-tu rapproché ainsi d’une bête qui ne te connaît pas et est susceptible de te faire du mal ? Tu passes ta main dans tes cheveux et dégages une mèche qui gêne tes yeux, avant de te redresser à l’arrivée de la moldue. Car tu imagines que c’est en est une, même si les apparences peuvent être trompeuses. Il suffit de te regarder : tu n’as absolument rien d’un sorcier dans cette tenue banale et rien sur les parties découvertes de ton corps ne permet de soupçonner quoi que ce soit. Et c’est volontaire. Tu ne veux attirer les foudres de personne.

Le chien quitte ta compagnie pour rejoindre sa maîtresse et la première chose que tu retiens de cet ‘échange’, c’est le prénom du canidé. Ton sourire s’accentue mais tu ne dis rien avant qu’elle ne se soit complètement rapprochée de toi. Tu le sens, elle a quelque chose à te dire et il n’est pas difficile de deviner quoi. Tous les propriétaires de chiens finissent par dire la même chose dans ce genre de circonstances et tu ne vois pas pourquoi il en serait autrement pour elle. Cela veut dire qu’elle se soucie du sort des gens et de ce qui peut advenir à son animal, surtout s’il venait à blesser quelqu’un dans un moment de panique défensive. Pourtant, ses propos se font sur un ton tout ce qu’il y a de plus sympathique et tu te demandes si c’est volontaire ou simplement naturel. Si elle cherche à te mettre à l’aise en ne haussant pas le ton avec toi car elle te prend pour plus jeune que ce que tu es. Ce ne serait pas la première à penser que tu es mineur.

« Non » réponds-tu d’une traite, sans l’ombre d’une hésitation dans la voix, sans peur. De la même façon, tu continues de la regarder mais ne distilles pas comme à ton habitude ce petit côté « je me fous de ta gueule sous ton nez ». Car c’est souvent l’impression que tu donnes lorsque tu regardes trop intensément quelqu’un lors d’une conversation. La vivacité de ton regard, de ton esprit et de ton sourire donnent de mauvaises indications sur tes intentions et l’on te prend pour ce que tu n’es pas. Encore une fois. Tu n’es pas certain qu’il existe réellement quelqu’un sur cette planète qui te comprenne réellement mais là n’est pas la question. Tu restes prudent avec cette femme, pour des raisons évidentes… Elle possède un chien et même s’il n’a pas l’air de lui obéir comme un chien de police le ferait, prudence est mère de sûreté. Tu ne réagis pas lorsqu’elle se masse la tempe mais comme avec le reste, tu le notes mentalement dans ta tête en espérant que l’information puisse te servir plus tard. Maintenant debout face à elle, tu te rends compte que vous faites pratiquement la même taille. Tu dois avoir un ou deux centimètres de plus, sans exagérer. Mais c’est souvent le cas avec les membres du sexe féminin. Soit tu les dépasses, soit elles font ta taille mais rarement au-dessus. Pourtant, elle fait beaucoup plus solide que toi et tu en as parfaitement conscience. Elle est en pleine forme et même si tu l’es aussi, il n’est pas certain qu’en cas de conflit physique direct, tu aurais le dessus sur elle. Tu ne tenteras pas le diable aujourd’hui.

Tu manques de rire suite à son petit discours de maman inquiète – du moins, c’est ainsi que tu le perçois. Elle a donc envisagé le fait que tu puisses être un voleur et cela ne te surprend pas. Tu pinces tes lèvres et hoches une ou deux fois de la tête avant de répondre sur le même ton enjoué, qui ne laisse en aucun cas présager que tu pourrais avoir un comportement violent ou destructeur.

« Je ne suis pas là pour vous voler, rassurez-vous. » Tu la vouvoies car elle te paraît plus âgée et c’est ainsi que tes parents t’ont éduqué. Mais si ça ne tenait qu’à toi, tu l’aurais tutoyée tout comme elle l’a fait avec toi. Elle doit vraiment penser que tu es très jeune pour le faire aussi aisément… Ou alors cela tient-il de son caractère ? « Je viens de temps en temps, notamment pour regarder les chiens jouer entre eux. Je les aime bien. Le vôtre est très affectif, ça doit faire du bien au moral de l’avoir à ses côtés. Je sais que mon comportement semble dangereux mais bon. » Tu hausses les épaules en adressant un sourire au Border Collie, toujours plein de joie de vivre. Des morsures, des griffures, tu en as plus que tu peux en compter mais la magie les a – pour la plupart – effacé de ton corps. Il ne reste plus grand-chose des blessures que tu t’es faites par le passé. C’est peut-être pour cela que tu continues d’être si imprudent. Tu sais qu’au bout du compte, la magie t’aidera à aller mieux. « Je trouve ça intéressant de voir leurs réactions. Même si elles ne sont pas toujours amusantes. Et puis, je sais reculer s’il me donne un avertissement ! Le chien, je veux dire. » Tu écoutes bien plus l’avis du canidé que celui du maître à ses côtés. Concernant Radar, l’acceptation a été directe et tu n’as pas eu besoin de te poser plus de questions le concernant.

« Radar, vous dites ? J’ai nommé une chauve-souris de ce nom. Elle vit dans mon grenier. Pourquoi l’avoir choisi pour votre chien ? »
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Mer 15 Juin - 14:56

Avril 2021

La réponse simple du jeune homme m’amusa de premier abord. Les mains obstinément rangées dans mes poches, je le laissais prendre le temps de m’expliquer les raisons de sa venue à mes côtés. Après tout, le parc était grand et il appartenait à tout le monde, chacun pouvait l’arpenter comme bon lui semblait, et je me fichais d’être à proximité d’autres personnes. J’étais une personne joviale au contact facile, être proche des gens ne m’avait jamais dérangé. Au contraire, c’était surtout moi qui dérangeais les autres, ironiquement. Je n’avais donc rien contre le fait que le garçon se trouve dans le parc, encore moins proche de moi, mais je restais curieuse. La curiosité était toujours ce qui m’avait poussé à grandir, à apprendre, car j’avais énormément de lacunes dans ma vie.
Ce que j’ignorais me fascinait.
Quoiqu’il en soit, je remarquais bien que l’inconnu ne semblait guère impressionné par moi, et c’était tant mieux. Je ne cherchais pas à l’être et quand bien même je savais me défendre, je ne souhaitais pas dégager ce genre d’aura. Voilà aussi pourquoi j’avais décidé de ne pas grader au sein de l’armée. Je n’étais pas faite pour ça.

A l’observer plus en détail, je remarquais immédiatement qu’il avait l’œil vif. Il semblait être un garçon plein d’intelligence et de malice. Des qualités indéniables pour vivre à notre époque. En le voyant se redresser, je ne fis qu’élargir mon sourire, ravie que nous puissions discuter d’égal à égal. Je n’appréciais guère parler aux inconnus assis tandis que moi je restais debout. S’il ne s’était pas levé, je me serai assise. J’avais bien assez de relation conflictuelle dans mon travail, je n’avais pas besoin d’apporter ça durant mes jours de repos.
Le vouvoiement qu’il employa me fit arquer un sourcil, et cette fois je souris à pleines dents. Calmement, je sortais mes mains de mes poches pour venir croiser les bras. Non pas que j’étais fermée à la discussion, juste que j’appréciais me tenir de la sorte.

- Je n’ai pas besoin d’être rassurée.

Lui lançais-je avec la plus grande simplicité. La suite des paroles du jeune homme m’intrigua. Regarder les chiens jouer entre eux ? Vraiment ? Voilà une activité plutôt hors du commun, que j’appréciais moi-même faire lorsque le temps m’en donnait l’occasion. Depuis que Radar vivait avec moi, j’appréciais toujours de le voir jouer et se faire des copains canidés. C’était une attitude on ne peut moins courante auprès des chiens de service. Quelque chose que j’avais toujours déploré, car si nous, soldats, pouvions avoir du temps pour nous détendre, pourquoi pas nos animaux soldats ? Qu’ils soient chiens ou chevaux.
Cela dit, je croyais comprendre que le jeune homme était plutôt du genre imprudent, et je pouvais avoir tous les discours du monde, cela ne servirait sans doute à rien. Ça rentrerait par une oreille et ressortirait par l’autre instantanément. En plus, je n’étais qu’une inconnue croisée par hasard dans un parc, je n’avais pas de leçon à lui donner. D’ailleurs, je n’avais de leçon à donner à personne, moi qui avais de tellement de manques dans ma vie.

- T’as raison, on apprend beaucoup en observant. Je penchais légèrement le menton. Il est affectueux oui, mais n’importe quelle présence animale fait du bien au moral. Pas juste le chien. Je haussais les épaules. Enfin, je trouve.

J’étais orpheline, et en tant que fillette rejetée par la société dont aucun adulte n’avait voulu, j’avais su trouver du réconfort auprès des animaux de l’orphelinat militaire où j’avais grandi. Par extension, je m’étais ensuite prise d’une grande affection pour les animaux en service, donc les chiens et les chevaux. C’était d’ailleurs ce qui m’avait poussé à acheter Lullaby, qui, depuis notre venue en Angleterre, ne travaillait plus comme cheval de service. Radar, lui, c’était pour me sentir moins seule dans cette ville, que dis-je, ce pays si nouveau pour moi.
Lorsque mon interlocuteur m’assurait qu’il saurait reculer en cas d’avertissement, je ne pus m’empêcher de sourire à nouveau. Il ne manquait pas d’assurance, et c’était une bonne qualité… en général, on tenait ce genre de discours tant qu’on ne s’en était pas prise une. Heureusement, il ne lui arriverait rien avec Radar ou avec moi. Tout le moins, je ne voyais présentement pas de raison pour que quelque chose tourne mal. Cela dit, s’il était attentif aux signaux de l’animal, c’était déjà d’une importance capitale, car ce n’était pas donné à tout le monde encore une fois. Combien de personnes avais-je vues demander l’avis du maître qui lui-même ignorait tout des signaux de son chien ?
Je laissais échapper un petit rire lorsqu’il me parla de sa chauve-souris.

- Vraiment ? Ça s’adopte ces bestioles ? Je me coucherai moins conne cette nuit tiens. J’imaginais une personne se balader avec sa chauve-souris accrochée la tête en bas à son bras, et je riais une nouvelle fois. N’importe quoi cette image, mais après tout, pourquoi pas ? Reprenant un peu de sérieux, je repris la parole. Son nom d’adoption c’était Bertie. J’aimais pas alors j’ai changé pour Radar. Ça me parle mieux, ça fait plus partie… de mon langage courant.

Décroisant mes bras, je me détournais un peu du jeune homme, reposant mes mains sur le dossier du banc. Je ne tenais pas en place, ça, ça ne changera jamais.

- Au fait...

Sans prendre d’élan d’un geste souple, je sautais par-dessus le dossier, mes jambes passant entre mes bras, pour venir m’y asseoir, posant mes pieds sur la partie du banc où le commun des mortels posait normalement son cul. Je fouillais dans mon sac à dos pour en sortir une gourde.

- Tu peux me tutoyer. J’suis pas la reine d’Angleterre c’est bon. On se détend.

Je le regardais du coin de l’œil avant de boire une gorgée d’eau, camouflant un nouveau sourire. Refermant ensuite la gourde, je revenais sur mon chien qui était parti flairer un tronc d’arbre, puis le jeune homme.

- Donc… si je comprends bien, tu t’es posé là juste parce que t’as envie de la compagnie de mon chien ?

Me laissant glisser à côté du banc après avoir reposé mon eau, je me rapprochais de la bosse qui me posait à ce point une énigme de traceur. Je l’effleurais du bout des doigts comme si j’appréhendais sa matière et sa consistance. Ah, j’allais en venir à bout, foi de Lylly !




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Mer 15 Juin - 22:04
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Tu t’es fourvoyé, semble-t-il. Elle ne te considère pas comme un voleur et ce malgré le fait que tu aies rôdé autour de ses affaires. Ce qui te pousse à croire que son sac ne contient rien qui ait de la valeur. La curiosité, ce monstre aux diverses couleurs, t'enjoins à aller vérifier ta théorie et tu pourrais céder si elle n’était pas là, juste devant toi, et que ton geste ne passerait pas inaperçu. En attendant, tu retiens qu’elle ne te voit pas comme une menace et que tu n’as donc aucune raison de la ranger toi-même dans cette catégorie. Pourtant, tu gardes un peu de méfiance. On ne sait jamais vraiment à qui on a affaire, n’est-ce pas ? Tu en es l’exemple typique. Avec un air détaché, tu lui expliques la raison de ta présence à ce banc, près du chien d’une inconnue. Il n’y a pas vraiment de mensonges dans tes propos, pour une fois. Il t’arrive d’aller te promener dans les parcs environnants quand l’angoisse de retrouver tes parents se fait trop importante. C’est dans ces moments-là que tu prends le temps de souffler, de te remémorer le positif dans votre relation - qu’il soit minime ou non - et tu repars pour un tour, gonflé à bloc. Il n’y a pas de raison que tu craignes tes géniteurs. Ils n’ont jamais levé la main sur toi et tu ne crois pas que l’idée leur ait un jour traversé l’esprit. Tu sais simplement qu’à leurs yeux, tu es bizarre et d’une nature compliquée. Qu’ils ont fait de leur mieux pour te cacher aux yeux du monde et que cela n’a pas suffit. Qu’aujourd’hui, tu ne dépends plus d’eux ni de leur responsabilité et que c’est un soulagement, même si cela leur fait toujours peur. Ce qu’ils craignent le plus - tout comme toi d’ailleurs - c’est que le Blood Circle tombe sur leur nom et vienne les interroger sur l’enfant qu’ils ont eu. Cet enfant caché pendant dix ans, qu’ils ont tenté de façonner comme ils le pouvaient. Un plantage monumental, si on te demande ton avis… mais il y a pire. Certains sorciers né-moldus se sont fait vendre par leurs propres parents au Blood Circle. Les tiens ont au moins eu la décence de fermer leur gueule le moment venu.

La jeune femme ne semble pas s’offusquer ni de tes propos, ni de ton comportement. On peut dire que ça te change. Bien souvent, on te catalogue très rapidement comme un p’tit con et ce n’est pas tout à fait faux. Tu t’es retenu donc ceci pourrait expliquer qu’elle ne te déteste pas déjà. Au contraire, elle valide même tes propos, ce qui ajoute encore plus de mystère. C’est presque trop facile de parler avec elle, non ? Est-ce que ce n’est pas le signe que quelque chose déconne ? Tu décides d’approfondir la question.

« Je trouve aussi. Ils sont souvent bien moins compliqués, il faut dire ! » Les animaux ont moins de retort que les humains sur plusieurs niveaux, il l’a rapidement constaté. Ils peuvent être rusés bien sûr, mais pas sadiques. Ils plantent rarement des couteaux dans le dos et n’usent pas de non-dits pour vous induire en erreur. Et s’ils ont un comportement facétieux, ce n’est pas forcément pour vous miner le moral. La nature les guide, les inspire, les nourrit. L’humain, lui, détruit tout et blâme les autres pour ses propres méfaits.

Les chauves-souris ne sont pas des animaux domestiques et tu ne connais que très peu de personnes s’intéressant à cette espèce. Pour beaucoup, elle est liée au vampirisme et aux grottes sombres au fin fond des montagnes d’on-ne-sait-où. Elles n’ont pas bonne presse et on ne les considère pas comme des animaux susceptibles d’apporter de l’affection. Elles sont même souvent qualifiées de moches. Il n’y a vraiment que l’humain pour juger une autre espèce sur le physique… On n’a jamais vu un cochon critiquer l’apparence d’un bourdon…

« Non, pas vraiment. Ce sont des animaux sauvages, les garder en captivité ne doit rien donner d’intéressant j’imagine. Je ne considère pas Radar comme mon animal de compagnie mais plus comme une présence ponctuelle, voire régulière, qui m’accompagne. C’est toujours quand il en a envie, jamais de mon propre chef. Il accepte ma présence et une certaine proximité, et il me rend même des services de temps en temps. Mais je n’attends pas de lui qu’il accepte et je n’ai aucun ordre à lui donner. Que des suggestions. » Et c’est le plus intéressant entre vous. Tu ne te sens pas comme son propriétaire et si on te décrit comme tel, tu te sens mal. Quelque chose ne tourne pas rond si tu portes cette casquette avec Radar. Ce serait bien que tout le monde agisse de la même façon et arrête de parler de propriété sur un autre être vivant. Pourquoi ne pas utiliser le terme de cohabitation, à la place ? Mais tu ne vas pas lancer ce débat ici.

Son langage courant ? Oui, là, tu as de nombreuses questions en tête. Qui, dans sa vie quotidienne, a besoin d’un radar ? Ta première pensée va vers un corps de métier bien spécifique et si quelqu’un d’autre était à ta place, il penserait sûrement la même chose. Un radar pour contrôler la vitesse des voitures, non ? Etait-il possible qu’elle soit gendarme ? L’idée n’est pas exclue, surtout vu ce que tu l’as surpris à faire un peu plus tôt. Elle a l’air d’avoir une bonne forme physique, elle a un chien, sa posture peut même la trahir… et les gendarmes joviaux, ça doit bien exister non ? Tu mets cette information dans un coin de ta tête dans l’idée d’y revenir un peu plus tard, si l’occasion se présente.

Tu t’esclaffes légèrement et remarques qu’elle emprunte une position plus confortable avec toi, signe qu’elle ne te considère définitivement pas comme une menace. Ou alors, qu’elle est une très bonne actrice. Encore une fois, les deux sont plausibles. Malgré cette incertitude, tu t’autorises à rire et à être plutôt naturel. Qu’elle le fasse exprès ou non, son potentiel comique est indéniable. « Quelle surprise ça aurait été sinon ! » Malgré l’importance que l’on donne à cette dame, tu n’es même pas sûr de te comporter différemment avec elle. Tu la vouvoierais, bien évidemment, mais tu ne ferais pas preuve d’une étiquette protocolaire exemplaire. Bien au contraire ! Tu es le roi de la vexation, même quand elle n’est pas cherchée.

« Oui et non. J’étais curieux, en fait. Ce que tu faisais avait l’air passionnant ! C’était quoi au juste ? Un art martial ? Ou t’es juste pas tout à fait toute seule dans ta tête ? » Avec le tutoiement vient la liberté de lui parler comme si c’était une pote et tu ne te prives pas. Elle peut s’en offusquer ou se dire que tu es juste naturel avec elle. Tu crois pouvoir dire sans te tromper qu’elle choisira la deuxième option. Elle n’a pas l’air prise de tête mais en même temps, si elle est flic, tu ne peux pas tout te permettre. Alors que, pourtant, ce ne sont eux-mêmes que des êtres humains et qu’ils font probablement autant de conneries que toi, si ce n’est plus. Tu te demandes ce que cache le sourire de cette femme-là car de toute évidence, tout le monde a des secrets. Même toi.
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Ven 17 Juin - 14:11

Avril 2021

Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis quelqu’un de misanthrope, au contraire, j’appréciais la compagnie humaine, peut-être parce que durant mon enfance j’avais manqué de figure parentale. Mais sans aller jusqu’à vouloir me psychanalyser présentement, oui, j’appréciais mes semblables, mais quelquefois, je devais reconnaître qu’on était quand même sacrément cons. En dehors du fait qu’ils m’apportaient beaucoup de sérénités là où je n’en trouvais pas, les animaux amenaient toujours quelque chose de fantastique auprès de nos vies compliquées d’humains. Compagnie, réconfort, présence, amitié, soutient, protection et j’en passe. La liste était longue.
Sans aller jusqu’à être une bobo EcoVerte qui ne mangeait que de la salade en plantant du soja sur mon balcon, j’agissais à mon échelle pour aider ma petite planète bleue et les animaux. À commencer par vouloir éradiquer cette vermine de sorcier, mais surtout en donnant un peu de mon argent à des associations qui avaient gagné ma confiance, et en adoptant. C’était le cas de Radar qui partageait ma vie depuis maintenant deux mois seulement. Une éternité à mes yeux tant je me sentais en fusion avec lui.
Tout ça fit que les paroles du gamin non loin de moi m’arrachèrent un sourire franc. J’aimais déjà sa répartie.

- Moins compliqué je ne sais pas ! Des fois c’est difficile de se comprendre puisqu’on ne parle pas la même langue, mais ! Je levais mon index et barrais mes lèvres avant de tapoter ma tempe. Faut apprendre à se taire et à écouter.

Oui, oui, c’est bien Lyllyah Sody qui dit ça. La meuf qui a le contact facile et qui parle sans aucun problème. C’est aussi la meuf qui a perdu une partie de son audition et qui maintenant porte des putains d’appareils sous sa crinière rousse désordonnée par ses bonds.
Néanmoins, je ne pouvais que donner raison au jeune, alors après avoir roulé des épaules j’enchaînais.

- Mais ouais t’as raison, ils font moins d’histoire pour des broutilles, ils se vexent pas forcément et ils nous aiment malgré nos erreurs. Je baissais les yeux sur Radar. Hein dit ?

Le Border Collie brun et blanc me fixa, toute langue dehors avant d’aboyer, ce qui me fit éclater de rire. Je lui répondis alors en l’imitant, ce qui fit que l’animal aboya à nouveau de surcroit.
Entre nous apparemment, il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre. Avec des caresses, je calmais le chien qui se mit à sauter d’excitation avant de reporter mon attention sur mon interlocuteur qui en vint à me parler de chauve-souris. J’ignorais qu’on pouvait apprivoiser ces bestioles. Décidément, l’humain fait plein de trucs aussi cons que surprenants !
Sans critique ni jugement dans mon attitude, j’hochais la tête, très intéressée par ses propos. Néanmoins, je plissais les yeux comme si je réfléchissais.

- Je vois ce que tu veux dire, je crois. Qu’est-ce qu’il te rend comme service du coup ? En plus c’est trop chou une chauve-souris, avec leurs grands yeux tout ronds là. C’est fou qu’elles arrivent à se guider avec des ultrasons, c’est ultra badass.

J’étais véritablement curieuse et émerveillée par leurs capacités, moi qui avais mes oreilles foutues à vie.
Quand bien même mon corps relevait parfaitement l’âge que j’avais, mon attitude présente pouvait faire croire que j’étais mentalement plus juvénile que mon interlocuteur. Cela pouvait s’expliquer par le fait que j’avais eu une enfance très courte, mouvementée et quelque peu avortée. J’avais grandi parmi d’autres enfants turbulents où il avait fallu que je me fasse une place. À tel point que, malgré mon apparence peu ordinaire avec mes cheveux de feu, les adultes avaient vite renoncé à mon adoption en voyant à quel point j’étais sauvage. Ce fut donc quand j'étais jeune que le service militaire suisse avait décidé de me former, dans les règles de la loi évidemment. On n’était pas chez les sauvages.
Mais voilà, tout ça pour dire qu’il y avait beaucoup de choses que je ne connaissais pas et lorsque je les découvrais, se dégageait de moi une curiosité presque morbide.

En le voyant s’esclaffer à ma plaisanterie, je souriais de toutes mes dents, l’air goguenard, avant d’imiter une révérence royale… théâtralement moche, évidemment. J’étais bien trop éloignée du monde mondain pour exécuteur parfaitement les gestes de ceux que je devais, en partie, protéger aujourd’hui.
Tandis que je ma rapprochais de mon obstacle en essayant de percer ses mystères, j’écoutais les explications du jeune adulte avant d’éclater de rire à mon tour. D’un geste vif, je me retournais dans sa direction en sautillant comme l’aurait fait une fillette de six ans. Autant dire que de moi, dans mon corps d’adulte, le résultat devait être plus que surprenant.

- À ton avis ? Je posais mes mains sur mes hanches en haussant le menton, l’air victorieux avant de rire à nouveau et de reprendre un peu de sérieux. Aloooors, je te l’accorde, je suis sûrement pas toute seule dans ma tête, mais ça, t’as déjà dû le constater. Je lui fis un clin d’œil avant de me positionner à nouveau derrière le banc. Ce que je fais, c’est du Parkour. C’est un sport qui consiste à courir au maximum en ligne droite par-dessus les obstacles que tu croises en effectuant les figures de ton choix. Du genre…

Je balayais rapidement mon environnement de mes yeux gris. Il me fallut quelques secondes de réflexion avant de m’élancer, d’abord droit sur le banc. Cette fois pour le passer je ne me contentais pas de l’enjamber, mais effectuai un saut périlleux avant avec une facilité déconcertante, comme si mes jambes étaient pourvues de ressorts. Une fois réceptionnée, je continuais ma course pour poser une main sur la bosse initialement prévue pour les enfants, et l’enjambais en m’appuyant sur mon bras. L’élan prodigué me servit ensuite pour continuer à courir jusqu’à un arbre contre lequel je venais poser mes pieds pour me hisser en deux bonds jusqu’à la première branche. De là, je me hissais sur elle à bout de bras. Tel le petit singe que je pouvais être, j’écartais alors les bras en direction de mon interlocuteur, mais me laissai tomber en avant. Théâtralement, je fis semblant d’être surprise et changea ma position au moment le plus opportun, me permettant alors de retomber sur mes pieds avec aisance. Malgré la souplesse que j'affichais, une douleur lancinante dans les côtes et le ventre me rappela à l'ordre. Putain, je n'étais pas encore tout à fait remise des coups que cette salope de sorcière m'avait donné...
Faisant fi des maux qui me tourmentaient, accroupie, je bondissais sur mes jambes pour trottiner jusqu’au garçon avec un grand sourire affiché sur le visage.
Ce sport me rendait libre et j’adorais la sensation que je ressentais lorsque je traçais.

- Voilà ! On peut faire ça un peu n’importe où, mais en ville c’est plus amusant. Jetant un coup d’œil au jeune, je croisais posais à nouveau mes, mais sur mes hanches. Tu voudrais que je t’apprenne quelques trucs ?




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Sam 18 Juin - 0:18
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Cette femme doit être bien plus jeune qu’elle ne le laisse paraître parce que tu as l’impression de parler à quelqu’un de ton âge et tu n’es pas réputé pour être la personne la plus mature qui soit. À moins que, par miracle, l’inverse se soit produit et que tu sois devenu d’une maturité à toute épreuve ? L’idée te semble bizarre mais tu laisses planer le doute dans ton esprit. En attendant, vous partagez un point de vue qui ne te laisse pas indifférent. Plus le temps passe et moins tu penses être en danger en la présence de cette inconnue dont tu ne sais pourtant rien, si ce n’est le nom de son chien et qu’elle fait des mouvements bizarres dans le parc, se pensant sûrement à l’abri des regards. Là-dessus non plus, tu ne peux pas la blâmer, car tu es loin d’être le garçon le plus ordinaire qui soit.

« Je n’aurais pas mieux dit ! Quoique, selon les félins, certains sont plutôt susceptibles quand même… Ils donnent parfois l’impression de bouder ! » Tu penses notamment à ce chat que tu as croisé par le passé et qui, par sa façon de s’éloigner de toi la tête haute, semblait avoir mal pris que tu aies mentionné le bout de graisse qui se trimballait sous la peau de son ventre. Tu ne sais pas si c’était vraiment de la susceptibilité ou juste ton imagination fertile mais c’est ainsi que tu as catalogué ce chat, ce jour-là : comme un être-vivant à la fierté fragile. À tes yeux, il n’est pas impossible que d’autres espèces puissent ressentir la même chose que vous, les humains. Après tout, les quatre émotions de base sont bien présentes chez eux : la joie, la tristesse, la peur et la colère. Ils la ressentent de la même façon que toi et savent probablement bien mieux la gérer que tu ne le fais. Tu sais aussi qu’ils peuvent faire preuve de surprise et de dégoût, mais qu’en est-il du mépris et de la jalousie ? Ces émotions ont-elles autant d’impact sur eux que sur toi ? Sur vous, les humains ? Tu te sens parfois gouverné par elles à un point que ça en devient ridicule. On ne te décrit pas comme caractériel pour rien. Il t’arrive de t’emporter pour un rien, juste pour un mot ou une expression de trop. En ça, tu te sens foncièrement différent des animaux et envies leur ignorance de ces émotions négatives qui empoisonnent l’existence.

« Mais ouai je suis d’accord, je les adore rien que pour ça ! Et quand je parle de service, je fais surtout référence à des petits tours de passe-passe ! Du genre : aller chercher et me ramener quelque chose, me guider dans l’obscurité – enfin ça, c’est ce que j’aime croire parce que rien ne prouve que ce soit le cas – ou faire peur à certaines personnes. Je ne comprends pas cette frayeur envers les chauves-souris. Je les trouve trop cools moi ! » Et tu dis cela avec une innocence qui ne fait aucun doute. Tu l’aimes, ton Radar, et lui aussi – à sa manière. Tu ne sais pas vraiment s’il a un quelconque attachement à toi et le degré d’importance que cela a à ses yeux, mais tu aimes croire que vous possédez une connexion qu’il n’a avec personne d’autre que toi. Et inversement. Tu ne te sens pas spécialement proche d’un autre animal autant qu’avec Radar. Pourtant, tu n’as pas nécessaire de marques d’affections envers l’animal. C’est à peine s’il te laisse le toucher plus de quelques minutes. Non, votre lien est ailleurs. Il est plus… spirituel. Invisible. Mais bien réel à tes yeux.

Sortant de tes pensées - et donc de la vision de Radar déboulant dans la nuit sans crier gare – tu t’esclaffes devant la vision de cette femme au comportement enfantin. Elle te fait penser à… toi. Tout bêtement. Elle a une nonchalance et un j-m’en-foutisme dignes d’une adolescente rebelle et tu trouves ça aussi intriguant que cool. En général, ce n’est pas le terme que tu apposes sur un adulte. Les hommes t’attirent, forcent le respect ou t’intimident. Les femmes te donnent souvent l’impression d’avoir un train de retard et d’être beaucoup plus intelligentes que toi. Mais celle-là combinent plusieurs choses à la fois et en même temps, rien de tout cela. Elle est maligne, drôle et te parle comme si tu étais son égal. Son frangin du même âge. Tu devrais en être perturbé mais au lieu de ça, tu te sens presque… à l’aise. Tu n’as pas peur de dire un mot de travers puisque, même si tu le faisais, tu es presque persuadé qu’elle ne le prendrait pas mal. Ou à la rigolade, en tout cas. C’est pour cela que tu te fais si franc et moqueur. C’est un rire que tu obtiens en réponse et tu n’en attendais pas moins d’elle. Pas d’offense ni de colère. Elle valide aisément la théorie selon laquelle elle n’est pas toute seule dans sa tête et tant mieux, car tu es dans le même cas. Tu t’es déjà fait la réflexion qu’il fallait être sacrément barge pour continuer à chercher les problèmes comme tu le fais, sur une base quotidienne. Certains appellent cela du masochisme et peut-être en est-ce. La jeune femme t’explique le principe du Parkour, dont tu n’as jamais entendu parler. Pas même à Poudlard, donc ce doit être un truc de moldu. Et pour un né-moldu, tu es bien mal informé des loisirs qui occupent leurs journées. Tu as parfois cette sensation d’avoir le cul entre deux chaises et de ne pas parvenir à t’intégrer ni d’un côté, ni de l’autre. Les habitudes des uns et des autres te laissent perplexe, quand tu n’as connu que la solitude de ta chambre pendant des années. Voilà pourquoi le sport, qu’il soit moldu ou sorcier, ne t’a jamais particulièrement intéressé. Le cursus que tu as choisi, pourtant, t’oblige à revoir tes connaissances. Tu la regardes faire avec un certain intérêt et beaucoup d’admiration. L’effort semble aisé lorsqu’il est réalisé par cette inconnue. Tu devines une habitude dans ses gestes et tu peux voir à son regard qu’elle réfléchit aussi vite qu’elle agit. Tu ne manques pas un seul instant de son parcours sportif, t’attendant toujours à une surprise et étant à chaque fois récompensé. Son sourire ne quitte pas son visage lorsqu’elle revient vers toi et tu dois bien admettre qu’elle t’a particulièrement impressionné.

« Je vois, mais tu fais ça dans quel but du coup ? Juste en tant que hobby ou ça a un rapport avec ton taf ? » Est-ce que tu as du mal à imaginer quelqu’un faire ça uniquement pour le plaisir ? Un peu. Toi qui rechigne à aller aux cours de combat au corps à corps ne parviens pas à comprendre comment on peut endurer cette torture et développer des sentiments positifs envers elle. Tu te dis bien vite qu’il doit s’agir d’une dépendance comme une autre. Le corps, sous l’effort, sécrète de l’endorphine et elle y est peut-être devenue accro. Tu ne vois pas d’autre explication plausible.

« Mais ouai grave, pourquoi pas ? Mais ne t’attends pas à ce que je fasse le moineau comme toi hein. Mettre un pied devant l’autre sans tomber de tout mon long est déjà une grande réussite pour moi aujourd’hui ! » Tu plaisantes et ne laisses pas à la jeune femme l’opportunité de deviner si, oui ou non, ce que tu dis est vrai. Es-tu aussi maladroit que tu le laisses entendre ou n’est-ce qu’un subterfuge pour cacher ta vraie nature ? Il y a un peu des deux dans ta façon de procéder. Tu ne dois pas lâcher le secret de ta nature et en même temps, tu n’es pas assez méfiant pour complètement mentir à la jolie rousse. Tu regardes le parc autour de toi et le parcours qu’elle vient d’emprunter, mais tu as bien du mal à visualiser ton corps reproduire ses mouvements. Mais pourquoi pas ? Il ne faut jamais dire jamais et les entraînements avec Kayla ne servent à rien si tu n’es même pas capable de courir quelques minutes en faisant semblant de faire des cabrioles.

« Explique-moi ce que je dois faire, au juste ? C’est de la totale impro ou tu as quand même un plan dans la tête avant de te lancer ? » L’un et l’autre te vont mais tu préférerais tout de même avoir la moitié d’une direction avant de te lancer dans l’inconnu.
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Lun 20 Juin - 7:35

Avril 2021

Ce n’était pas souvent que je parlais de cette manière des animaux avec quelqu’un. Certes, ils étaient une part immense de mon âme, mais en général je gardais mon avis sur eux pour moi. Dans le milieu militaire et policier, j’avais appris que, hélas pour la plupart, mes collègues considéraient les animaux comme des outils, voire des choses. Lorsque je leur avais raconté, dans ma jeunesse, pourquoi j’appréciais à ce point les bestioles, on me riait au nez avant de me demander de retourner dans les rangs. Je m’étais fait un devoir de protéger les chiens et les chevaux un peu trop violentés à mes yeux.
Le temps avait fini par me donner raison, heureusement, mais encore aujourd’hui il est aisé de croiser quelqu’un qui utilise ce que j’appelle l’ancienne méthode avec son chien ou son cheval.
Bien que l’adolescent que j’avais devant moi semblait un peu à part pour bien des raisons (la première étant qu’il soit venu me parler), il ne me donnait pas l’impression qu’il allait me juger sur mon point de vue concernant les animaux. Au contraire, il y répondait même. Ses mots me firent éclater de rire. Il y avait souvent des teams chats et des teams chiens. Bien que j’adorais les deux espèces, j’avais, évidemment, une préférence pour les chiens.

- Purée c’est clair ! Ma copine a un chat. Elle est super mignonne hein, mais bordel on dirait qu’elle tire tout le temps de la gueule. Ça me fait délirer. Je croisais les bras. Ma jument a boudé une fois parce que je ne lui ai pas donné son bonbon. Elle tournait la tête ou la levait pour pas que je la touche. Quand on sait les lire, on remarque ce genre de détails, c’est aussi attendrissant qu’étrange. On se dit toujours que ces émotions n’appartiennent qu’aux humains, mais je suis persuadée que non.

C’était sans gêne que je donnais ainsi des éléments de ma vie. Après tout, ce n’était pas une chose extraordinaire que d’être en couple, et une femme avec une femme devait aussi entrer dans les us et coutumes de chacun. Je me fichais d’outrer les autres quand je leur disais que je passais mon temps libre avec une autre femme. Je ne comprenais pas pourquoi ils s’offusquaient puisque ça ne les regardait pas. De quels droits pouvaient-ils juger notre bonheur ?
Aussi, ça m’était égal d’annoncer au jeune homme qu’en plus de mon chien, je possédais un cheval. Et quel cheval ! J’avais passé ces derniers jours avec elle, enfermée à la base pour tenter de fuir la dure réalité des événements qui s’étaient déroulés dans cette putain de prison. Elle et Radar avaient été du meilleur soutien durant mon enfermement social.
Encore une fois, les animaux avaient cette capacité d’apporter une énergie hors du commun à ceux qui savaient s’en rapprocher, et les paroles de mes interlocuteurs ne firent que confirmer ce fait. À mes yeux, c’était une chose évidente, mais ça ne l’était pas pour tout le monde. Il parlait de son vampire de poche avec une candeur qui me touchait sincèrement. Tout sourire, je me l’imaginais dans son grenier à parler à la petite bestiole qui se lissait l’aile de sa petite langue à l’effet anesthésiant, la tête en bas. Une image qui me fit sourire.

- Oh, c’est trop mignon. C’est clair que c’est difficile de savoir si on fait de l’anthropomorphisme ou pas… mais bon, des fois je me dis quand même que les animaux font des trucs pour nous, mais si tu veux mon avis… ils ne le font jamais vraiment de manière désintéressée. Soit ils le font pour avoir nourriture ou confort de vie soit c’est parce qu’on représente un truc pour eux, mais parce qu’un lien s’est déjà tissé tu vois. Et puis, je crois que les gens ont peur des chauves-souris à cause de certaines cultures qui a été rapportée avec les médias, genre, le cinéma. Ce sont des bestioles qui sont apparentées aux vampires parce que ça peut sucer du sang… mais bon c’est pas toutes les races donc c’est débile d’en avoir peur. Mais c’est pareil pour les chiens ou les chats noirs, genre ils portent malheur. Mais qui a inventé ces conneries ? Ma question était rhétorique, bien sûr. Je fronçais les sourcils tout en adoptant un sourire crispé, démontrant mon exaspération. Je continuais. C’est pareil pour le loup, soi-disant ça mange les hommes… Je fis un geste de la main comme si je chassais une mouche. Faut pas chercher, les gens sont cons.

La suite fut un échange d’éclat de rire entre ce jeune inconnu et moi. Fort heureusement pour moi, malgré mes différences, j’étais une personne facile à aborder, solaire et qui ne craignait aucunement l’autodérision. Ce n’était pas pour autant que je n’avais aucune fierté, mais des fois il ne fallait pas trop se prendre au sérieux… et comment dire qu’en dehors de mes périodes de permission, je devais tout prendre au sérieux ? Voilà pourquoi je ne relâchais jamais la pression juste un petit peu, mais bien au maximum. C’était d’autant plus vrai lorsque je sortais d’une mission qui à mes yeux, avait été un fiasco sur bien des points.
En vérité, j’ignorais la raison profonde qui avait amené le jeune homme à venir me voir. Je n’étais pas certaine que la présence de Radar ou mes galipettes publiques en étaient les véritables raisons. Peut-être essayait-il de fuir quelque chose de plus profond, de plus caché. Par ailleurs, n’étions-nous pas en heures scolaires ? Ne devait-il pas être le cul sur une chaise à lire je ne sais quelle connerie théorique du théorème de Pythagore ou que sais-je ?
S’aurait été un gosse à ma charge, j’aurai sûrement fait une remarque, mais lui, je ne connaissais même pas son prénom alors bon, je ne voyais pas pourquoi je me permettrais une remarque. Surtout qu’il semblait avoir atteint sa majorité, ou qu’il était à l’aube de l’obtenir. Avoir de la compagnie ne m’avait jamais vraiment dérangé… enfin, si ma fois ma présence pouvait lui apporter un quelconque réconfort, alors moi, ça me convenait. Je n’allais pas le chasser.
Comme moi, il semblait différent, et ce serait con de ma part de le renvoyer. Je n’étais pas de ce genre de personnes qui étaient aigries tous les jours de la semaine toutes les heures. Pas comme Macha.

Petite démonstration de Parkour faite, je revenais vers le jeune homme, vivifiée par ce sentiment nouveau de liberté dont mon cœur avait tant besoin. Nonobstant la douleur à mes côtes était lancinante, mais je réussissais à l’ignorer sans trop de mal. Parce que j’étais habituée à faire fi de mes maux, mais aussi parce que je n’avais pas à montrer ce genre d’émotion au garçon qui me faisait face. Enfin, je n’allais pas me plaindre : je n’avais aucune côte cassée, mon gilet avait fait son boulot. Il n’empêchait que j’avais de belles contusions, et ça allait restreindre ma souplesse pendant encore quelque temps.
D’un geste machinal, j’ouvrais la fermeture éclair de ma veste à capuche, laissant alors voir totalement le T-shirt couleur kaki que je portais dessous. Je posais ensuite mes mains sur mes hanches, un peu essoufflée par l’effort que je venais de fournir.

- Au départ c’était un hobby, c’est un sport quoi. Ensuite j’ai concilié ça avec mon boulot ouais.

Sa curiosité ne me dérangeait pas, car je n’avais pas la sensation qu’elle était mal placée. Je concédais qu’il était difficile pour la majorité des gens de comprendre que j’appréciais me torturer dans le sport comme je le faisais. Pourtant, c’était bien là mon véritable passe-temps, c’était ce qui m’avait toujours aidé et qui m’aidera toujours. Les médecins prétendaient que j’étais shootée aux endorphines, et je ne pouvais pas leur donner tort. Cela dit, je n’étais pas la seule dans ce cas, et je savais aussi rester en place toute une journée, affalée dans mon canapé, ou dans mon lit (surtout si c’était en bonne compagnie). On me considérait très souvent comme une pile électrique, et ça ne me dérangeait pas. Il était vrai que j’étais très énergique.
Je riais aux indications de mon jeune interlocuteur.

Franchement ? Si tu fais le moineau comme moi dès la première session, je te jalouserai à vie !

Qu’il soit véritablement maladroit ou non m’était égal. Je le verrai par moi-même bien assez vite et ce sera à moi d’adapter les sauts à son niveau, et je ne parlais pas là de grandeur, mais bien d’agilité. On pouvait être petit et filer comme une anguille comme on pouvait être un grand dadais qui confondait sa droite et sa gauche. En vérité, le simple fait qu’il accepte ma proposition me ravissait.
Alors, je le regardais retracer ce que je venais de faire et là, je haussais les sourcils de surprise… d’autant plus lorsqu’il me demanda des conseils. Je pouffais une nouvelle fois.

- Wow, du calme Naruto. Je vais pas te faire faire ce que je viens d’exécuter. J’ai pas envie de t’amener à l’hosto et d’avoir ton représentant légal au cul, même si t’es déjà majeur et vacciné. Je me déplaçais jusqu’au banc, attrapais mon sac à dos et le mettais de côté. Radar nous rejoignit et vint s’asseoir juste à côté de mes affaires, fixant les deux humains avec curiosité. Du plat de mes mains, je tapotais le dossier en bois du banc pour inciter le garçon à me rejoindre. On va commencer tranquille hein, je veux évaluer ton niveau avant de te lâcher dans la nature. Le but du Parkour c’est de franchir les obstacles, mais sans se péter l’entier du squelette. D’acc ? Ok. Tu places tes mains comme les miennes. Tu plies un peu les genoux… et tu sautes. Quand tu es en haut de ton saut, tu pousses avec tes bras et tes mains pour te donner l’élan qu’il faut pour passer.

Je décortiquais consciencieusement chaque mouvement. Je montrais au jeune homme comment maintenir correctement le bois avec ses mains pour être certain que la prise soit bonne, qu’il ne glisse pas en pleine action, mais aussi pour pas qu’il s’y encouble. Je lui montrais comment fléchir les genoux tout en gardant un bon maintien du dos. Je sautais avec aisance par-dessus le banc sans jamais reprendre appui dessus, le franchissant sans autre élan que celui que m’avaient proférés mes jambes et mes bras.
Avec assurance, je me plaçais ensuite à côté de lui, les mains à nouveau sur les hanches. Si j’avais un air décontracté, j’étais prête à le retenir si jamais je voyais qu’il allait terminer les dents sur le banc, ce qui n’était pas le but, rappelons-le. J’avais à cœur de présenter ma passion avec habilité et non pas comme la femme inconsciente que je pouvais être de temps en temps. Cette fois-ci, mes gestes étaient surs et bien moins chaotiques, comme si le clown bondissant que j’avais été jusque-là s’était rangé. Il en allait de la sécurité d’autrui. Ce n’était jamais à négliger.

- Essaie. Quand tu te sens prêt. Il y a zéro pression. C’est pas un concours de vitesse.




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L’information que l’inconnue te donne sur elle-même, sur sa potentielle sexualité et son couple, ne t’interpelle pas plus que ça. Probablement parce qu’aimant toi-même les personnes de ton propre sexe, tu ne fais plus attention à ce type de propos qui sont supposés soulever des questions et forcer une admiration qui sonne faux. “Ah oui tu es gay ? C’est super pour toi !” Et en quoi, donc ? Tu n’as jamais compris pourquoi les gens se sentent obligés d’en faire tout un plat, comme si c’était extraordinaire et que cela doit forcément générer des compliments et des commentaires embarrassés, qu’ils soient positifs ou négatifs. Et comment est-on supposé répondre à cela ? “Merci, je suis fier de moi” ? Non, clairement pas. Les hétérosexuels ne se prennent pas la tête avec tout ça. Ils parlent de leurs conjoints sans se préoccuper des potentielles questions qui peuvent en découler et du manque d’intimité que cela procure, comme une invasion soudaine dans sa vie privée. Tu ne vois pas pourquoi tu ferais une réflexion à cette femme là-dessus. Tout ça est dans la norme, dans le quotidien. C’est un sujet bien plus banal que celui de sa pratique du Parkour ou de son opinion sur les animaux. La passion qui émane de son être lorsqu’elle parle de sa jument a bien plus d’importance à tes yeux et elle te la transmet avec une étonnante facilité. Un sourire aussi large que le Canada vient illuminer ton visage alors que tu l’écoutes et que tu reconnais ton propre enthousiasme dans chacun de ses mots. Tout comme toi, elle semble d’une vivacité à toute épreuve, ce qui doit probablement fatiguer son entourage.

« Je suis on ne peut plus d’accord avec toi ! Vu notre ascendance et ce qui a déjà pu été prouvé, il n’y a pas de raison de croire qu’ils n’ont pas des émotions eux aussi… Au moins les plus primaires ! » Qui n’a jamais vu un cheval avoir peur ou un chat se mettre en colère ? Qui n’a jamais vu la tristesse dans les yeux d’un chien abandonné par son maître ? Et l’espoir qui l’accompagne toujours parce qu’au fond, un animal n’est peut-être pas en mesure de comprendre toute la complexité de la cruauté de l’être humain. Car ça aussi, c’est propre à vous, les Hommes. Faire preuve de sadisme. Les autres prédateurs tuent pour se nourrir, pour survivre. Vous, vous tuez pour le plaisir, par défaillance ou cupidité. Il y a tant de raisons qui vous poussent au crime autre que le simple besoin de survivre et ce, également, avec les animaux. Élever pour tuer, tuer pour élever… c’est un cercle vicieux. Et pourtant, vous vous estimez encore comme une espèce supérieure et ça, tu n’as jamais compris pourquoi. La pureté de l’Homme relève, à ce stade, de la chimère. De l’abstrait. Tu te considères toi-même comme très déviant dans ta façon d’être et d’échanger avec ton entourage. Ta façon d’être piquant et mordant n’a rien à voir avec les réflexes d’un animal. Tu choisis d’être ainsi, la plupart du temps.

« J’crois que c’est l’adjectif le plus approprié les concernant. Cons. Franchement des fois, j’ai beau y mettre toute ma bonne volonté, je n’arrive pas à comprendre comment on peut en venir à de tels raccourcis… J’trouve ça d’une débilité ! » Profonde, c’est le mot. Enfin, tu lèves les yeux au ciel d’un air de dire “on est pas prêt de s’en sortir” et tu accompagnes le tout d’un rictus moqueur à destination des protagonistes de tes propos. Tu ne débats pas souvent de tout ça au quotidien, tu n’as pas grand monde avec qui le faire. Que tu puisses en discuter avec cette femme que tu ne connais ni d’Eve ni d’Adam te surprend autant que cela te fait plaisir. Parfois, ce sont avec les inconnus qu’on a les plus belles conversations et ce moment le prouve. Tu te sens presque naturel en sa présence, comme si tu ne jouais plus à ce jeu qui t’oblige à avoir continuellement un masque sur le visage. Les mots qui sortent de ta bouche viennent aussi de ton cœur et c’est aussi perturbant qu’enrichissant. C’est peut-être pour ça que tu décides de rester un peu plus longtemps. Tu veux tenter de comprendre comment elle parvient à te soutirer des mots aussi vrais, pensés et conscients. Quel est son pouvoir ? N’est-ce vraiment qu’une moldue ? Une psychologue, comme on les appelle ? De ces personnes qui savent vous tirer les vers du nez avec seulement quelques mots bien réfléchis ? Tu en doutes, cependant. Car peut-on être à la fois fort d’esprit et de corps ? Tu regardes sa performance avec un certain intérêt, te demandant si tu serais capable de la reproduire en un seul essai. Et si tu y parviens, ne va-t-elle pas se poser trop de questions ? Ou en tout cas, plus que nécessaire. Tu te sens pourtant confiant, peut-être même un peu trop. Ce qu’elle fait est impressionnant, certes, mais pas sorcier si on a la pleine maîtrise de son corps. Tu n’en es pas encore tout à fait là mais c’est en progression.

« Quel boulot ? » Tu demandes presque innocemment, feignant de poursuivre une conversation normale entre moldus, comme si ce qui coule dans tes veines n’a pas un potentiel destructeur. Aux yeux du Blood Circle, en tout cas. Il est difficile de se reconnaître sans éveiller des soupçons, de nos jours. On ne peut pas se contenter de poser la question, l’air de rien. C’est ce qui peut mener à sa propre perte et t’es moyen emballé à l’idée de finir enfermé dans une pièce sombre pour qu’on fasse des expérimentations sur toi. Oui oui, tu as aussi une imagination fertile… C’est un lot. Tu oscilles encore entre les deux options qui s’offrent à toi : rester réaliste et faire exprès de te planter pour prouver que tu es bien un moldu banal qui ne suit pas de cursus en protection magique (et donc des cours de combat au corps à corps, entre autres) ou montrer ton côté impressionnant en donnant le meilleur de toi-même, quitte à ce que ça éveille les soupçons. Quelqu’un de plus sage te dira sûrement de trouver un entre-deux acceptable, mais tu n’as jamais été du genre à aimer les milieux. Pour toi c’est soit l’un, soit l’autre. Il n’y a ni demi-mesure, ni demi-teinte. Que du blanc ou du noir, gauche ou droite, vrai ou faux. Et tout ça n’est qu’une tare qui handicape la moindre de tes relations au quotidien.

Tu te mets à ses côtés pour l’écouter et observer le moindre de ses faits et gestes. La façon dont elle se tient, les muscles dont elle se sert, l’inclinaison de son buste et la position de ses doigts… Tout est bon à prendre pour que tu puisses reproduire au mieux ce qu’elle t’apprête à te montrer. Tu n’as pas encore pris de décision sur ce que sera ton geste final, tu as encore quelques minutes devant toi pour ça. Tes yeux clairs ne se détachent pas de la jeune femme et son saut est parfaitement maîtrisé. Elle l’a dit elle-même : vous commencez avec quelque chose de simple donc il n’est pas non plus impossible que tu puisses y parvenir du premier coup. Alors qu’elle revient vers toi, sa posture et son comportement tout entier semblent très différents de la boule d’énergie et de bonne humeur que tu as rencontré il y a de cela quelques minutes. Ce changement t’intrigue mais ne te perturbe pas dans ta reproduction de son exercice. Lorsqu’elle te donne le feu vert pour y aller, tu feins une légère hésitation avant de reconstituer son parcours, depuis son intention de saut jusqu’à la réalisation elle-même. Bien sûr, tu as conscience que ceci est probablement un peu trop beau pour être vrai alors, quand vient le moment de poser tes pieds au sol, tu uses du mensonge pour simuler un atterrissage aléatoire. Comme si tu n’avais pas assez bien contrôlé ton corps. Ce qu’elle t’a demandé de faire, un élève en Protection Magique est supposé pouvoir le reproduire un nombre incalculable de fois dans l’heure sans broncher ni faillir. Tu serais un piètre étudiant si tu n’y parvenais pas. Mais lorsqu’il s’agit de déguiser la vérité, tu es encore meilleur.

« Ouf, c’était moins une ! J’ai cru que j’allais me rétamer sur la fin ! » Tu passes volontairement ta main dans ta nuque en affichant sur ton visage une expression de gêne. « Mais c’était pas trop mal sinon, hein ? En fait, ça ressemble vachement aux jeux qu’on fait gamins. » Qu’est-ce que tu en sais, toi ? Tu n’as jamais joué avec les autres lorsque tu étais petit. Tu ne sais rien de ce que font les enfants les uns avec les autres, quels jeux les anime en cours de récréation.
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Avril 2021

Des fois, c’était amusant de voir comme le hasard faisait bien les choses. Moi, qui avais toujours été une personne très à part, parce que très énergique et extravertie, avais été jugée inapte à bien des choses, déjà gamine. Je me mettais en colère parce que je n’arrivais pas à exprimer ce que j’avais sur le cœur, je n’avais jamais appris à exprimer mes sentiments et mes émotions. Même encore aujourd’hui je ne cherchais pas à comprendre ce qui se passait au creux de mon estomac, d’autant plus lorsque je songeais à ma petite messagère. À quoi bon ? C’était une perte de temps à mes yeux et je préférais de loin passer à l’action plutôt que d’essayer à comprendre un truc inexplicable.
Ainsi, je ne pouvais pas assurer que j’en avais souffert une fois dans ma vie, néanmoins, je ne m’étais pas fait beaucoup d’amis durant toute ma vie, et je n’étais pas de ceux qu’on souhaitait aborder de prime abord. Pourtant, j’avais le contact facile, mais le fait que je sois si énergique et extravertie ne plaisait pas à tout le monde. Mais voilà qu’aujourd’hui je m’étais entichée d’une femme qui semblait tout autant que moi apprécier nos moments à deux. Cerise sur le gâteau, je me trouvais présentement dans un parc que j’affectionnais pour pouvoir y effectuer quelques mouvements de Parkour et voilà que je me trouvais en plaisante conversation avec un type qui pouvait avoir la moitié de mon âge.
Comme quoi, l’intérêt que l’on posait sur une personne n’était pas qualitatif de ces années de vie.
Fort heureusement, dans l’armée suisse, on ne m’avait pas beaucoup jugée quant à mes idées sur les animaux. La plupart des soldats qui travaillaient avec les chiens et les chevaux avaient le même point de vue que moi, si ce n’était pas davantage exacerbé puisqu’ils étaient véritablement un partenaire de vie et de terrain. C’était quelque chose que je ne connaissais pas puisque je n’avais jamais fait partie de ces unités, toutefois, avec Lullaby, j’avais appris l’amour inconditionnel. J’avais appris à me remettre en question pour toujours faire mieux envers ma jument, mieux la comprendre, mieux l’écouter, plutôt que de me baser sur des acquis que je pensais avoir depuis des années. Vivre en compagnie d’un animal, c’était se poser sans cesse des questions sur soi, sur les autres, sur notre manière de faire et sur l’ensemble de ce que nous avions encore à apprendre.

- Ben c’est ça. Les scientifiques font des recherches incroyables à ce niveau, j’adore me renseigner sur leurs recherches, on apprend plein de choses… et bon, quand on voit certains peuples, on se dit qu’on a raté une coche quelque part. Par exemple les Indiens, avec les chevaux, ils ont des techniques incroyables ! Je roulais mes prunelles grises dans leurs orbites tout en remuant des épaules avant de continuer. Bah, ce sont les fameux raccourcis de la facilité. Tu sais, je crois que l’être humain aime pas trop ce qui est différent de lui et encore moins ce qu’il ne peut pas expliquer. Du coup quand il y a un truc qui rentre dans ces catégories, et il y en a plein, ben on essaie de le dominer. C’est aussi vrai pour nous entre nous, avec les cultures différentes et tout tu vois. C’est pour ça qu’on a des guerres à la con maintenant. Avant c’était pour conquérir, maintenant c’est pour plier les autres à une volonté abstraite d’un pays. J’enfonçais mes mains dans mes poches avant de regarder le jeune garçon et de lui sourire. Excuse-moi mes propos sont peut-être étranges. Je ne suis pas originaire d’Angleterre, du coup, j’ai peut-être pas un point de vue très… anglais. La neutralité de mon pays d’origine prenait souvent le pas sur mes réflexions. Je reprenais en venant me gratter l’arrière de la tête. C’est con franchement… que les gens ne voient pas plus loin que le bout de leurs nez, qu’ils ne fassent pas l’effort de comprendre, on a tellement de choses à apprendre. Que ce soit avec les animaux ou entre nos cultures. Mais bon, c’est plus facile de dominer et de réduire au silence.

Contraste étonnant s’il en était lorsqu’on me connaissait mieux. Je pouvais tenir des propos aussi censés que ceux-ci, puis le lendemain, enfiler mon bleu de travail et aller ficher une balle dans la tête de quelqu’un parce qu’on m’avait ordonné de le faire. Je vivais dans deux mondes diamétralement différents, par ailleurs, j’étais une personne scindée en deux, ce qui exacerbait la folie latente qu’on pouvait ressentir en moi. Toutefois, cette fissure ne se voyait pas, et elle ne se verrait jamais dans ma vie de tous les jours. Seuls mes collègues et mes supérieurs pouvaient constater de ce changement de comportement.
Cela dit, je n’étais pas une folle sanguinaire, non. J’avais un code d’honneur, et je voulais défendre les opprimés et ceux qui ne pouvaient se défendre seuls. Ça avait été mon devoir en faisant partie du DARD en Suisse, et c’était aujourd’hui mon rôle en ayant intégré le SAS. C’était pour ces raisons que j’avais désiré intégrer le Blood Circle. Je voulais défendre mon peuple, défendre ceux qui se trouvaient sous le joug sorcier.

- Je suis militaire. Disais-je avec simplicité et sans détour à la question du jeune homme. Pourquoi le cacher ? C’était un honnête emploi. Ce que j’omettais de dire c’était à quelle section j’appartenais, car tout cela était de l’ordre du secret défense. Et toi ? Tu as un boulot ou tu es toujours en études ?

Je le questionnais avec curiosité, parce que l’échange était intéressant. Ça ne m’étonnerait pas qu’il soit un genre de vétérinaire puisqu’il semblait à ce point aimer les animaux.
Toutefois, je savais que l’habit ne faisait pas le moine, j’en étais la première concernée du coup, je ne me permettais pas de faire trop de suppositions. Aussi, je n’avais pas la place mentale pour se faire. J’avais besoin de fait, pas de me perdre en élucubrations.

Des faits que le jeune homme ne tarda pas à me donner. Il avait été attentif à ma théorie et voilà qu’il exécutait avec brio son saut. Hélas, plus dure sera la chute, et la réception fut quelque peu hasardeuse.  C’était pour le moins inhabituel d’exécuter les mouvements qu’il avait eus, mais après tout pourquoi pas, je n’allais pas m’attarder là-dessus.
Le regard attentif, j’essayais de sonder les capacités de son corps à se mouvoir dans le milieu qui nous entourait avant de lui sourire.

- C’était moins une ouais. En dehors de ça, c’était « pas trop mal » ouais.

Osais-je le paraphraser, taquine. D'un coup d’œil pétillant supplémentaire dans sa direction tandis qu’il faisait allusion à des jeux d’enfants, je lui indiquais de la main de recommencer. Je ne répondais pas pour la simple et bonne raison que ces fameux jeux, je ne les avais pas vraiment connus.

- Vas-y recommence et cette fois, essaie d’anticiper ton atterrissage. Si tu te sens d’y arriver et de continuer, ensuite tu peux enchaîner avec un saut de chat sur la table là-bas. Je te montre.

Du banc, je sautais comme je venais de lui montrer, puis, courant jusqu’à la table, je m’élançais en avant sans la moindre hésitation. Mes mains allèrent chercher l’extrémité en largeur de la table, et une fois arrivée au milieu du saut, mes jambes revinrent sous mon corps. En une synchronisation parfaite, mes mains poussèrent le reste de mon corps pour m’aider à terminer le saut et à me réceptionner sur mes pieds de l’autre côté de la table.
Exécution simple à première vue, le saut de chat demandait beaucoup de techniques, car en étant débutant, nous étions instinctivement tentés de lever une main faire ce saut. Le rendu donnait alors quelque chose d’étrange et de mal exécuté.
En trottinant, je revenais vers mon jeune élève.

- Si tu te sens pas de le faire une fois arrivé devant la table, force pas. On décortiquera le saut ensemble, d’acc ? Te pètes pas les dents hein.

Je pouvais paraître rébarbative à préciser à nouveau que la sécurité avait son importance, mais je ne connaissais pas fondamentalement le tempérament du jeune homme. C’était aussi pour ça que je me tenais prête à le suivre dans sa course, et à le réceptionner si besoin. J’avais connu des tuteurs qui s’asseyaient et laissaient l’élève se débrouiller. Je n’étais pas de ceux-là, moi, j’accompagnais jusqu’au bout. Que ce soit dans l’apprentissage, ou dans l’exécution fatale de l’une de mes cibles.




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Dim 17 Juil - 14:47
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Cette femme défend son point de vue avec une passion qui t’intrigue autant qu’elle est admirable. Ce n’est certainement pas la première personne que tu rencontres qui défend la cause animale mais tu n’as jamais pris le temps d’en discuter avec qui que ce soit, ou du moins pas avec tant de vivacité. Naturellement, sa fougue alimente la tienne et tu l’écoutes avec intérêt, opinant du chef de façon régulière tout le long de son discours. Et il est plutôt long ! Mais empreint d’une telle vérité qu’il est impossible pour toi de le trouver chiant ou ennuyeux. Tu as envie de l’écouter encore plus et il est bien rare que tu ressentes cela envers une personne inconnue. Elle va même jusqu’à dévier sur la façon dont la race humaine se divise et se traite les uns les autres, ce que tu ne peux que confirmer. Il suffit de voir la guerre entretenue entre les moldus et les sorciers, qui n’a aucun sens. Beaucoup de sorciers ne cherchent pas à avoir le dessus sur les moldus, et vice-versa. Et pourtant, quelques-uns – moins nombreux – pensent l’inverse et cherchent à tout prix à instaurer une domination de l’un sur l’autre, emportant la masse dans une folie sans nom pour laquelle elle n’a pas signé. C’est ainsi que tu te sens face à ce conflit. Ton allégeance – si on peut appeler cela ainsi – est encore floue. Tu ne sais pas à qui tu fais confiance, qui tu as envie de soutenir de toutes tes forces. Tout cela te semble considérablement futile et une perte de temps pour une humanité qui va déjà sur le déclin, emportant une Terre autrefois fertile avec elle. Ne vaudrait-il mieux pas se concentrer sur cela plutôt que sur des questions de sang et de naissance ?

« Je ne dois pas être très anglais non plus alors, parce que je les partage ! » Tu notes cependant qu’elle n’est pas Anglaise – ce qui peut aisément se deviner à son accent – mais ta curiosité fait que tu es obligé de te demander quelle est sa nationalité. Tu ne connais même pas son prénom, c’est dire votre implication dans cette conversation… Et pourtant, vous défendez vos idéaux avec force comme si vous vous connaissiez depuis dix ans ! Une drôle de contradiction qui ne manque pas de te faire sourire. « Et d’où viens-tu alors ? » Il est tout naturel que tu poses la question vu que c’est elle-même qui a abordé le sujet. Tu ne vois pas pourquoi elle ne te le dirait pas puisqu’elle va même jusqu’à te révéler son métier. Tu restes muet quelques secondes face à cette révélation qui remet toutes tes croyances en perspective. Jusqu’à présent, tu voyais cette femme comme un être un peu fou, libre et pro-life – et au final, tu fais face à une militaire qui sait donc se servir d’une arme afin d’ôter une vie. L’a-t-elle déjà fait ? Et pour quel camp, au juste ? Tu aurais tant de questions à lui poser mais ce serait révéler un peu trop vite ton identité et tu ne sais pas si tu peux lui faire confiance. Elle n’est peut-être pas aussi moldue qu’elle en a l’air. Tu en viens à espérer qu’elle ne le soit pas pour que son métier serve la cause des sorciers et non de l’autre camp. Mais si ce n’est pas le cas… alors forcément, tu te demandes si elle n’est qu’une militaire lambda non rattachée au Blood Circle ou si, au contraire, elle travaille pour eux sous couvert de son grade. Tu as un léger frisson à l’idée d’avoir devant toi une personne susceptible de t’ôter la vie si elle voyait le moindre signe de magie en toi. Et pourtant, tu restes là, tu la regardes droit dans les yeux sans montrer tes craintes. Au pire, tu sais que tu pourras t’enfuir et te servir de ton don pour échapper à sa vigilance au moins quelques heures. L’ambiance étant détendue, tu ne ressens pas le besoin de t’alarmer plus que ça mais une part de toi – la plus responsable – n’oublie pas ce qu’elle vient d’apprendre.

« En études » réponds-tu avec honnêteté car tu ne te vois pas inventer un travail dont tu ne saurais pas discuter un peu plus précisément si jamais elle venait à te poser des questions supplémentaires à ce sujet. Mais comme pour Hunter, tu choisis de faire diversion sur tes vraies études en clamant être dans un cursus qui t’aurait tout à fait convenu si tu avais su écouter tes vraies aspirations de vie. « Je suis des cours de chant et de musique, rien de bien extraordinaire ! Pas comme militaire… Ce n’est pas trop dur comme métier ? Est-ce que ça fait longtemps que tu le fais ? Tu as peut-être des gallons non ? C’est super impressionnant ! » Ta stratégie consiste à passer pour le gamin surexcité de se trouver face à une personne en uniforme pour ne pas attirer l’attention de Lyllyah sur les vraies questions que tu te poses à son sujet. Un simple étudiant moldu n’appartenant ni au Blood Circle, ni à un quelconque camp, réagirait sûrement de cette façon et tu ne penses pas qu’elle puisse douter de toi à partir de cela. D’ailleurs, vous vous lancez tout deux dans cette histoire de Parkour, la preuve qu’elle ne te voit pas comme une menace. Et c’est bien mieux ainsi. Rares sont les personnes qui t’estiment dangereuses – et elles ont tort, bien entendu. Tu peux l’être, à ton niveau. Toujours se méfier de l’eau qui dort, surtout quand elle a l’air aussi douce et innocente que toi. Tu te mets à la tâche et reproduis ce qu’elle t’a montré, tout en y insufflant un défaut afin qu’elle ne puisse pas se demander comment un gars comme toi a réussi à faire ce saut aussi facilement, dès le premier coup. Sa taquinerie te laisse penser qu’elle te considère potentiellement comme la figure d’un petit frère et tu comptes bien en jouer.

« Un saut de chat ? » Tu répètes en prenant un air volontairement ignare, comme si ce jargon t’était étranger. En bon élève et gentil petit lapereau que tu es, tu la regardes faire son saut, les mains attachées devant toi et les yeux pétillants. Tu connais ce saut et tu saurais le reproduire sans trop te tromper, étant donné que c’est l’un des basiques. Il demande un petit peu plus de technique mais à la longue, c’est un mouvement très pratique qui permet de parcourir de plus grandes distances. Lyllyah, elle, le réalise à la perfection ce qui vient donner plus de crédit à sa formation de militaire. Rien de surprenant à ce qu’elle sache exécuter ce mouvement à la perfection. Toi, en revanche, tu dois te souvenir que tu n’es qu’un novice en la matière…

« Ah oui en effet… ça a l’air assez technique quand même. Mais je veux bien essayer ! » Tu fais mine de te donner du courage, d’être hésitant et d’avoir peur. C’est le bon combo pour passer pour le gentil petit moldu que tu es supposé être en sa présence. En réalité, tu as envie de sauter cet obstacle de façon spectaculaire pour prouver que ces mois d’entraînements à l’université servent à quelque chose. Mais tu ne peux pas. Tu fais craquer les articulations de tes mains et t’élances vers l’avant pour reproduire le premier parcours réalisé un peu plus tôt. Cette fois, tu ne manques pas ton atterrissage et atterrit correctement sur tes pieds, avant de poursuivre en direction de la table. Alors que tes longues jambes réduisent les quelques mètres qui te séparent de l’obstacle, tu dois te souvenir de feindre de l’appréhension et de la peur pour justifier le fait qu’une fois devant la table, tes mains posées sur le bois, tu n’accomplisses pas ton saut. Ce qui se produit, éventuellement. Tu baisses la tête quelques secondes et pousses un faux juron à voix basse histoire de donner l’impression d’être déçu de ta performance et de ton incapacité à faire comme elle. Te rabaisser de la sorte n’est pas vraiment agréable mais c’est ainsi que tu sauras le mieux te protéger.

« Désolé » dis-tu en te tournant vers elle. « J’ai paniqué au dernier moment, la table paraît plus haute et plus longue quand on s’en approche en courant ! Le truc des jambes avait l’air facile en te regardant faire mais une fois devant, je n’ai même pas su quoi faire des miennes, ahah ! Tu pourrais me remontrer plus en détails ? » Voilà, le tour est joué. Tu passes de nouveau pour le jeune homme un peu chétif, pas forcément sportif mais bon élève, qui veut bien faire et sait se reposer sur les adultes. Tu sais d’avance que la jeune femme va vouloir t’expliquer le saut de A à Z, sinon elle ne se serait pas efforcée de te suivre pendant tout ton parcours et elle ne te l’aurait pas proposé avant même que tu n’entames ton premier saut. Elle ne veut pas qu’un accident se produise et c’est tout à son honneur. Tu en viens à te dire qu’elle a une personnalité bien trop protectrice et pédagogue pour n’être qu’une tueuse de sorciers et de sorcières, comme tu le redoutais. Ou alors elle est aussi douée que toi pour leurrer son entourage ? C’est une possibilité que tu n’es pas encore disposé à écarter complètement pour une simple raison : vous ne vous connaissez pas.

« Au fait, étant donné qu’on va encore en avoir pour quelques minutes, moi c’est Billie. Autant qu’on s’appelle par nos prénoms non ? »
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Jeu 21 Juil - 7:33

Avril 2021

Je laissais échapper un petit rire cynique à la remarque du jeune garçon qui prétend ne pas faire totalement partie du peuple anglais non plus. Voyez-vous ça, non, mais sur qui je venais de tomber moi ? Ce n’était pas commun que je me retrouve nez à nez avec un inconnu et que j’en vienne à partager ce genre de conversations d’apparence anodines, mais pourtant lourdes de sens. D’autant plus que, la plupart du temps, je me trouvais confrontée à des gens qui pourraient s’offusquer de mes mots. Ce n’était apparemment pas le cas de mon interlocuteur, et peut-être qu’il y avait anguille sous roche suite à cela.
Après tout, les sorciers étaient partout, je revenais d’une mission qui m’avait profondément agacée donc je voyais peut-être le mal partout… mais peut-être que ce jeune au visage angélique, quoique chafouin, essayait de me rouler dans la farine. Peut-être était-il un sorcier en mission pour venger la montagne de cadavres que je trainais dans mon sillage.
Je soupirais discrètement tandis que j’écoutais mon instinct me dicter ces pensées. Des fois, la déformation professionnelle était épuisante, car m’empêchait de me reposer convenablement. Quand bien même je n’avais guère besoin de beaucoup de sommeil, je restais une humaine aux besoins les plus rudimentaires.
Toutefois, à sa nouvelle interrogation, poussée par une curiosité d’apparence juvénile, je souriais avec amusement.

- Ich lasse dich raten. Répondais-je avec désinvolture avant de continuer à nouveau en anglais. Je viens de la Terre du Milieu qui pourtant est en dehors.

Tout en lui adressant un clin d’œil, je le laissais à son énigme tandis que je passais l’une de mes mains tatouées dans mes cheveux. L’annonce de mon métier semblait le laissait un peu pantois. C’était une réaction que je voyais régulièrement quand je le révélais, toutefois, je ne le comprenais pas bien. Personne ne s’étonnait qu’on puisse être comptable ou informaticien. Mais ramoneur, éboueur ou militaire, si, comme si ces professions faisaient partie d’une catégorie taboue. Pourtant, lorsque nous sommes présents pour défendre le pays, personne ne songe à nos entraînements journaliers et au temps passer à apprendre à se déployer rapidement pour protéger la civilisation. C’était comme si le savoir-faire tombait du ciel.
Une supposition bien absurde, à mon humble avis.
Je gardais mes yeux aux reflets métalliques sur lui, croyant observer un léger changement corporel. De ce genre de changement qui nous échappe, qui est humain, mais qui donne des indices bien malgré nous. Je savais en décoder quelques-uns, car j’avais reçu un entraînement tout particulier pour mes missions d’infiltration. Quoiqu’il en soit, j’étais présentement en repos et je comptais bien continuer à l’être.
Alors je souris sincèrement en l’entendant me dire qu’il est encore aux études après la surprise de ma profession passée.

- Oh, super ça la musique et le chant. J’en écoute pas beaucoup, si ce n’est jamais, mais j’adore ça. Puis je ricanais un peu en remuant les épaules. Putain, moi, j’ai détesté les études. Ça bougeait pas assez pour moi.

Pour souligner mes paroles, je croisais les bras sans jamais perdre mon sourire et de cette énergie positive que je semblais garder sous-jacente, comme si elle était prête à exploser à tout instant. Une explosion qui pourrait s’apparenter à un feu d’artifice. Bruyant, rapide, éclatant et aux mille éclats chatoyants. Je vivais dans un monde sans musique, car j'étais enfermée dans le tintement strident et éternel de mes acouphènes.
Nonobstant, la comparaison de mon métier à ses études me fit claquer un peu la langue dans ma bouche d’agacement. Non pas que je le sois réellement, il m’en fallait bien plus, mais déjà, parce que je ne supportais pas le dénigrement. J’en avais trop subi lorsque j’étais enfant et parce que chacun était comme il était, avec ses talents et ses sensibilités. C’était ce qui rendait le monde joli : nos différences.

- Il n’y a rien d’impressionnant dans ce métier, tu sais. On s’entraîne et on offre nos vies pour notre pays. C’est au diapason des heures que tu passes sur ton instrument ou tes cordes vocales… et bon, si moi je peux amener la guerre et toutes les emmerdes qui vont avec en étant obligée de protéger des civils, toi, tu apportes l’apaisement et le bonheur par tes notes.

Avec une temporisation toute relative, j’essayais d’amoindrir cette surexcitation que je devinais chez le jeune homme et qui était loin d’être justifiée à mon avis. J’écartais mes phalanges tatouées de part et d’autre de mon corps. Ainsi positionnée, je pouvais faire penser à une balance qui mesurait le pour et le contre tandis que je levais et baissais aléatoirement mes mains.

- L’un dans l’autre, c’est extraordinaire des deux côtés tu ne trouves pas ?

Je ne prenais ni le temps de lui dire depuis combien de temps je pratiquais ce métier ni si j’étais gradée. La première interrogation était évidente ne serait-ce que par mon comportement tumultueux : j’avais besoin de pratiquer du sport, j’avais besoin de bouger, ça semblait faire partie de moi sans aucune simulation ni aucune exagération. Pour le second point, je ne voyais pas ce que cela pouvait changer de savoir que j’étais gradée ou non. Après tout, j’étais une personne simple et je ne voulais pas me prendre la tête. Je suivais les ordres, et ça me suffisait amplement.
Pour autant, à aucun moment je ne prononçais le moindre mensonge. J’étais une personnalité sincère et pleine de bonne volonté.

C’était de cette simplicité et de cette énergie débordante que je jouissais présentement pour lui montrer quelques sauts à effectuer en Parkour. Ainsi, je lui fis une démonstration du saut de chat qui constituait l’un des mouvements basiques de ce sport, quand bien même il était légèrement technique. Une fois maitrisée, la personne pouvait déjà effectuer de jolis mouvements de Parkour. En revenant vers mon élève improvisé, je hochais la tête en lui laissant le temps nécessaire pour se concentrer et ramener son courage. Je l’observais se faire craquer les articulations des mains comme si cela allait lui donner le pouvoir magique de mieux exécuter ses sauts. Attitude nerveuse s’il en était, ça m’avait toujours relativement intriguée. Quel plaisir pouvions-nous tirer à nos écarteler les doigts ?
Attentive, mais tranquille, je suivais le jeune garçon tandis qu’il franchissait le banc avec bien plus de facilité que le début. Il assimile vite le jeunot.
Ce qui arriva ensuite ne me surprit guère. Les mains posées sur les planches de la table, mais une appréhension qui ne permet pas d’exécuter le mouvement convenablement. Je le laissais à sa frustration et à ses injures sans m’en offusquer avant qu’il ne reporte son attention sur moi.

- C’est pas grave. Faut pas te rabaisser, ça sert à rien de faire ça. On va décortiquer tout ça. Viens là.

Je me déplaçais devant l’un des deux bancs vissés à la table. En nous voyant ainsi, Radar ne put s’empêcher de nous rejoindre et de sauter sur le bois à son tour, nous surplombant à présent. Amusée par son aboiement joyeux, je venais flatter ta tête à présent à hauteur de mon visage. Il ne se priva d’ailleurs pas pour me lécher avec une tendresse canine. Lâchant un petit rire amusé, je l’écartais doucement de ma main avant de revenir sur Billie.

- On va se contenter du banc pour le moment. Tu sautes à pieds joints dessus, les jambes rassemblées. Je m’exécutais pour lui montrer, donnant l’impression que mes genoux étaient montés sur ressort. Tu dois t’aider de tes bras pour te donner un minimum d’élan et rassembler ton corps pour une meilleure explosivité de mouvement. Je redescendais tranquillement du banc. À l’instant où tu te sens au point le plus haut de ton saut, il te faut déjà essayer d’anticiper la suite de tes mouvements. Pour une meilleure appréhension. Essaie de faire ce saut plusieurs fois, et ensuite on passe à la position des mains.

Toujours voir plus loin. C’était un élément rudimentaire de la vie, comme lorsqu’on conduisait. Garder les yeux à quelques centimètres du capot ne servait à rien, il fallait regarder l’horizon. En Parkour, c’était la même chose.
J’écarquillais de grands yeux alors qu’il se présenta, me rappelant que j’avais oublié un autre élément rudimentaire de la vie : la politesse de se présenter.

- Oh, merde, je suis désolée ! Je m’appelle Lyllyah. Je plantais mon regard joyeux et sincère dans le sien. Je suis contente de t’avoir rencontré.

Encore une fois, ce n’était pas un mensonge. Je prenais les événements comme ils venaient, j’appréciais être agréablement surprise et j’appréciais le jeune homme que j’avais en face de moi. Alors oui, j’étais contente, et c’était un plaisir de faire sa connaissance.




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Ton premier réflexe est de faire une grimace car tu n’as aucune idée de ce qu’elle vient de dire et en quelle langue… Peut-être de l’allemand mais tu ne préfères pas sauter aux conclusions rapides au risque de la blesser dans son orgueil patriote. D’ailleurs, sa réponse sonne plus comme une énigme que comme ce qu’elle est supposée être : une réponse. Tout bêtement. La Terre du Milieu, c’est quoi ça, à part une référence moldue ? Un milieu en dehors ? Tu n’es pas assez patient pour apprécier pleinement les devinettes et tu ne cherches même pas à déchiffrer cette énigme-là car l’information n’est pas aussi importante que ça. Qu’elle soit russe, mexicaine, hollandaise ou irlandaise, cela ne change rien si en fin de compte, elle n’est pas dans ton camp. Enfin, faudrait-il encore que tu en aies un toi-même. Ce n’est pas une décision arrêtée même si tu sais qu’il serait peut-être temps que tu te décides. C’est plus fort que toi, tu n’arrives pas à voir où est la vérité et à quelle allégeance il te faut te plier pour satisfaire tes intérêts personnels et professionnels. L’instinct te dirait d’aller vers l’Ordre du Phénix à cause du métier vers lequel tu te destines, mais une petite voix intérieure te siffle de ne pas aller dans cette direction. Alors qui choisir ? Les moldus malgré ce qu’ils infligent aux sorciers ? Les sorciers qui torturent tous ceux n’ayant pas un sang qualifié de « pur » ? Ou les autres sorciers parfois trop pacifistes qui se retrouvent entre-deux ? Ce n’est pas en faisant face à cette femme que tu trouveras la réponse à cette question donc tu mets tes interrogations de côté pour le moment.

À la place, tu essayes de démontrer de l’intérêt pour sa profession mais ne sais pas si cette tentative est bien perçue. Ton enthousiasme est peut-être un peu trop forcé et elle l’aura senti, quand bien même tu fais ton possible pour être le plus naturel qui soit. Tu veux bien admettre néanmoins qu’elle a raison lorsqu’elle parle des études et de cette sensation parfois saisissante d’avoir l’impression de faire du sur-place, comme un boxeur qui se préparerait à un combat devant son miroir. Mais l’image est probablement parfaite : toutes ces années ne sont que de la préparation pour le calvaire qui suivra par la suite car la vie n’a rien de facile et n’est semée que d’embûches. Tu ne t’attends pas à ce qu’elle soit « rose » ou d’une toute autre couleur synonyme de gaieté. Tu as compris bien jeune que le bonheur absolu n’existe pas et que pour le vivre, il faut se contenter des petits riens car de toute façon, jamais on ne te laissera tranquille. Il y a aura toujours un accident, un décès, une blessure physique ou psychologique pour venir se mettre entre vous. Tu peux agir comme un gamin immature mais à ce sujet, tu es tout ce qu’il y a de plus sérieux. La fatalité de la vie fait de toi un homme.

La jeune femme semble vouloir insister sur le caractère ordinaire de sa profession et tu la soupçonnes d’être agacée par le type de réflexion que tu as fait toi-même quelques minutes plus tôt. Mais les militaires sont rangés dans cette catégorie de personnes dont on ne sait rien au final – à par ce que l’on nous raconte dans les documentaires et autres livres historiques – et il est facile de se créer un fantasme autour de cette ignorance. Quand, en fin de compte, ce ne sont que des personnes ordinaires étant payées pour leur service, comme le boucher du coin ou la fleuriste du centre-ville. Tu te fais un peu taper sur les doigts mais ne le prends pas mal pour une fois car elle te remet les choses en perspective. Chaque être compte, chaque métier compte et tout le monde – toi y compris – a tendance à oublier ce fait pourtant si simple. Les militaires sauvent la mise en temps de guerre ou de conflits mais lorsqu’il s’agit du quotidien, la tâche revient à de nombreuses autres professions.

« Oui, c’est vrai. Je n’y avais pas pensé comme ça. Je n’ai pas l’occasion d’en parler très souvent donc je n’avais jamais réellement remis en question cette croyance un peu « populaire ». Mais tu as raison bien sûr. Une fois qu’on y réfléchit un peu, ça coule de source. Chacun a son rôle à tenir et c’est comme ça qu’on s’en sort tous. » Il n’y a pas que la guerre, mais aussi la dépression, la maladie, les accidents… face à eux, tant de métiers répondent à l’appel pour venir au secours. Tu sais toi-même quel pouvoir une chanson peut avoir sur ton état de santé mental ou ta psychologie du moment. C’est bien pour ça que la musique est tant appréciée en ce monde. Elle est toujours là pour soutenir, faire s’évader, panser les blessures, exprimer les sentiments… de bien des manières. Tu es content d’avoir pu en parler avec quelqu’un comme elle. Sans t’en rendre compte, ton regard sur la vie vient de changer et tout le monde n’est pas capable de provoquer cela en toi. Tu es plutôt du genre « tête-de-mule incapable de changer d’avis ».

C’est donc avec un esprit plus léger que vous vous mettez au parkour et tu découvres cette facette de la grande et impressionnante rousse. Elle est douée et elle aurait pu aisément être professeure dans le cursus de Profession Magique si seulement elle avait du sang sorcier dans les veines. Tu ne sais pas encore si c’est le cas ou non mais tu te réserves la surprise pour plus tard si tel est le cas. En attendant, tu répètes ses gestes tout en prenant soin d’être le plus maladroit possible pour ne pas griller ta couverture de jeune moldu un peu empoté. Ce n’est pas en faisant un étalage de ta progression ces derniers mois que tu vas tuer les suspicions de Lyllyah dans l’œuf ! C’est, d’ailleurs, avec cette idée dans la tête que tu t’arrêtes volontairement devant ton obstacle et feins des jurons alors que tu aurais très bien pu faire ce saut de chat. Tu ne l’aurais peut-être pas aussi bien réussi qu’elle mais tu y serais tout de même parvenu avec légèreté et audace. Tu prends un air un peu penaud qui a l’effet escompté auprès de la rousse qui, aussitôt, cherche à te rassurer comme si tu avais dix-huit mois et que tu tentais de faire tes premiers pas. Dans ces moments-là, tu te dis souvent qu’il est si facile de berner les autres… Il suffit d’une petite moue placée au bon moment et le tour est joué !

Tout comme Radar, tu la suis jusqu’à l’obstacle et écoutes ses indications qui ressemblent en tout point à celles qu’on te donne en cours, ce qui est assez marrant tout compte fait. Sorcier ou non, tout le monde apprend à faire ce saut de la même manière. N’est-ce pas un peu ironique, donc, que les deux mondes se prennent autant le chou alors qu’ils sont semblables sur plus d’un point ? Mais l’heure n’est pas au débat.

« Sauter à pieds joints, okay ! Je devrais pouvoir le faire, ça. » Tu donnes l’impression de t’octroyer plus de confiance que tu n’en possèdes réellement mais tu sais au fond de toi que c’est du gâteau ce qu’elle te demande de faire et qu’il serait presque suspicieux que tu ne saches pas faire quelque chose d’aussi simple. Vu ta physionomie, il n’est pas difficile pour toi de faire un saut. Mais avant cela, tu entreprends de te présenter à celle qui se nomme Lyllyah et qui, tout comme toi, a momentanément oublié la politesse des premières rencontres. Il faut dire que tout s’est passé si vite entre vous ! Tu as bien du mal à croire que vous vous êtes raconté et avez fait toutes ces choses en à peine quelques minutes.

« Moi aussi. Maintenant, si tu permets, je vais t’en mettre plein les mirettes ! » Toujours garder un peu d’humour pour sauver le reste même si, dans le cas présent, tu n’es pas mauvais dans ce que tu fais. Suivant ses conseils – et donc ceux de ton instructeur sorcier – tu joints tes jambes et tes pieds l’un avec l’autre. Tes bras se replient légèrement et grâce à eux, tu prends un bon élan qui te permet de quitter le sol et de faire un saut plus que correct. Ton regard est déjà concentré sur ton prochain mouvement, qui consistera à poser les pieds en question sur le banc au même moment pour ne pas créer de déséquilibre et finir le cul plein de terre. Une fois le premier saut fait, tu en réalises quelques autres pour montrer à Lyllyah que tu as saisi le truc et que vous pouvez passer à l’étape suivante. N’es-tu pas un élève exemplaire ? Plus tu fais appel à ta force physique et plus tu as tendance à oublier qui tu es supposé être pour cette femme-là. Ton esprit te met une petite claque mais le visage fier que tu tournes vers elle, lui, n’est pas simulé. Tu as tellement souffert de ton physique que chaque exploit, aussi minime soit-il, te comble de gloire.

« Eh, je me débrouille pas mal en fait ! Qui aurait cru que sauter sur un banc était si facile ? Ahah, je plaisante bien sûr. Quelle est la prochaine étape ? Les mains, c’est ça ? » Tu en arrives à te dire qu’il est presque plus appréciable de faire ça en sa compagnie qu’avec une dizaine d’élèves autour de toi.
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Dim 31 Juil - 22:30

Avril 2021

Je gratifiais le jeune homme d’un clin d’œil accompagné d’un sourire franc à sa réponse. Non, je ne venais pas de l’engueuler ni de le remettre à sa place, je ne me permettrais pas de faire ça envers un inconnu, aussi jeune soit-il. Encore une fois, je n’étais pas sa mère et j’avais aucune envie de le devenir. Avec mon histoire, je doutais être munie d’une quelconque fibre maternelle. C’était déjà un véritable miracle que je puisse aimer quelqu’un comme j’aimais ma petite messagère, alors un enfant ou un jeune ? Haha. Laissez-moi rire.
Je savais que, en dehors de temps de guerre ou d’intervention interne, notre métier faisait partie de ceux qu’on oubliait facilement. Parce qu’on ne nous voyait pas, on était soit à la caserne, soit habillé en civil. Il arrivait que nous portions les tenues d’apparat durant des déplacements, mais cela restait occasionnel. Juste un rappel pour la population pour dire que, oui, on est là, et on est prêt à protéger le pays.

Ce point écarté, car il n’était pas si important et parce qu’il m’avait très peu répondu quant à ses propres études en musique, nous revenions sur un sujet que, apparemment, nous maitrisions tous les deux. Car oui, je n’étais pas dupe. Un véritable débutant en Parkour n’avait pas l’aisance que possédait le jeune garçon devant moi. Cependant, je voyais bien qu’il butait sur certains exercices, alors, j’en déduisais tout simplement qu’il était habile en sport, mais qu’il n’avait pas une formation complète en Parkour. De toute façon, comme pour le sujet précédent, qui étais-je pour juger de ses capacités ? Je ne le connaissais ni d’Ève ni d’Adam, et sans doute qu’il n’y aurait jamais de second rendez-vous, alors pourquoi m’en faire ?
Je restais une personne simple et j’appréciais l’être. Je voyais bien à quel point le jeune homme assimilait les informations, et j’en étais impressionnée. Agréablement surprise serait un meilleur terme, et c’était tant mieux, au moins je n’avais jamais la sensation de perdre mon temps avec lui. À dire vrai, il était rare que je ressente ce sentiment, j’appréciais la vie pour en savourer chaque instant, d’autant plus depuis l’explosion.
Quand on reste cloué à un lit pendant des semaines alors qu’on est habitué à courir tous les jours, on apprend à mettre son mal en patience et à savourer chaque petite seconde. Ces moments qui me rappelaient, à chaque respiration, que j’étais vivante et sans graves séquelles.

Alors, après avoir donné mes instructions et m’être présentée, je me reculais de quelques pas afin de pouvoir mieux observer la position corporelle de Billie. Amusée par son commentaire, je ne feignais pas de sourire tandis que je croisais les bras. Radar, lui, resta assit sur la table à observer attentivement le bipède sauter sur le banc. C’était un jeu ? Il y avait une balle à rattraper après ça ?
Attentive, je décortiquais chaque mouvement de ses sauts qui, pour un débutant, étaient plutôt honorables. Il prenait vite le pli, et c’était ce qui me faisait davantage croire qu’il n’était pas tout à fait néophyte en sport et en saut. D’ordinaire, le maintien du corps n’est pas aussi bon, il y a des hésitations, les pieds ne décollent pas du sol tout à fait en même temps, le haut du corps n’est pas à une place aussi précise. Soit il était surdoué, ce qui était possible, soit il était déjà aux faits de ces mouvements. Sans pour autant lui faire une quelconque remarque, je préférais corriger ce que je voyais pour parfaire encore sa position afin de l’aider encore. Après tout, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?

— En effet, tu m’en mets plein les mirettes, mais ce serait encore mieux si tu relevais les yeux. Regarde pas tes pieds, on s’en fout de la pointure de tes chaussures. Regarde loin devant toi pour appréhender ton prochain obstacle.

C’était un conseil qui valait pour diverses situations. J’avais appris à regarder loin avec ma formation, et ça avait été exacerbé lorsque j’étais devenue une cavalière chevronnée. Garder la tête haute en toute circonstance et essayer de prévoir au maximum ce qui pourrait arriver devant nous. Un obstacle, un ennemi, une bombe ou qu’importe. Ici en l’occurrence, c’était un vil et dangereux banc en bois dans un parc quelque peu isolé. Quel adversaire terrible.
La correction de fait, la posture du jeune homme était déjà bien meilleure à mes yeux, et son sourire éclatant me ravit. Je ne pus m’empêcher de lui sourire en retour en hochant la tête.

— Tu te débrouilles même très bien, bravo.

Je n’étais pas avare en compliments, car la critique était aisée, mais c’était avec la gentillesse et les encouragements qu’on arrivait véritablement à avancer. J’étais sincère en le félicitant et ma posture décontractée, accompagnée de ce sourire amusé le prouvait. Pour la suite, je revenais à côté de lui à une petite distance du banc.

— Oui c’est ça, la prochaine étape c’est les mains.

Usant de l’élasticité de mes genoux, je bandais mes muscles pour sauter par-dessus le banc et venir poser mes mains sur la table. Sans terminer totalement le saut de chat final, je reposais mes pieds sur la table, juste derrière mes mains. Ainsi accroupie, je me retournais en direction de Billie pour mes explications.

— Quand tu auras pris ton élan, tu chercheras à placer tes mains au plus loin de la table. Plus tu auras d’élan et plus tu iras loin. Pour commencer, tu vas reposer tes pieds sur la table pour bien appréhender la distance, mais ensuite…

Je descendais de mon perchoir pour me remettre à une petite distance de l’obstacle. Sans hésitation, je pris de l’élan avant de sauter. Penchée en avant, les mains les premières, je les plaçais à l’extrémité opposée de la table, et, poussant avec mes poignets et mes bras, je me donnais la force nécessaire pour passer le bois sans le toucher avec les pieds. Une fois de l’autre côté, j’atterrissais simplement et, profitant de la force de déplacement, je me retournais dans un bond.

— Ensuite bah tu essayes de ne pas poser les pieds. Tu devras pousser avec le haut de ton corps pour prendre la relève de l’élan et faire passer tes jambes entre tes bras et te réceptionner de l’autre côté. Comme avant, c’est une question de timing, mais tu sembles bien gérer ce point donc je vais pas t’assommer avec. Aller, go Naruto.

Je trouvais que ce surnom lui allait bien, alors j’appréciais le lui donner. Il n’avait pas forcément la référence et c’était ce qui m’amusait d’autant plus. Décidément, après une bataille reloue dans une prison reloue, je me retrouvais un peu à faire de l’humour pourri… peut-être étais-je enfin en train de décompresser ? La frustration avait un goût amer dans ma bouche.
Alors que je laissais le jeune homme faire ses exercices, j’appuyais une fesse contre la table, les bras à nouveau croisés.

— Au fait, qu’est-ce que tu étais venu faire dans ce parc à la base ?

Histoire de continuer à faire connaissance. Je n’étais pas douée socialement malgré le fait que mon comportement tendait à prouver le contraire. Mais au moins, j’essayais.




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Mar 16 Aoû - 16:24
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Tu espères ne pas trop te trahir car même si tu fais attention à ce que tu montres de toi et de tes capacités, tu as aussi vite tendance à oublier la réalité de la situation. Ton instinct te dit que c’est une moldue pure souche qui se trouve en face de toi et il vaut mieux que tu restes prudent si tu ne veux pas que quelque chose d’horrible arrive soit à elle, soit à toi. Tu te plais dans ce petit jeu que vous vous êtes inventés. Tu as l’impression d’apprendre quelque chose de nouveau, même si tu es plus doué qu’il ne paraît au premier coup d’œil. Stratégie qui semble porter ses fruits car elle ne semble pas avoir le moindre soupçon à ton sujet ! Ou c’est une très bonne actrice, ce qui n’est pas impossible non plus. En attendant, ton excitation est sincère, tout comme ton amusement.

« Loin de moi, compris cheffe ! » Tu t’abstiens au dernier moment de faire un salut militaire, au cas où elle le prenne mal. Tu es du genre à faire des blagues qui peuvent être mal interprétées et tu ne connais pas assez cette femme-là pour, déjà, faire ce genre de private joke. Suivant ses indications, tu deviens meilleur à ses yeux et peux doucement commencer à montrer l’étendue de tes capacités réelles. En revenant vers elle, tu prends le temps d’apprécier les compliments qu’elle te fait et lui demandes quel sera le prochain apprentissage. Tu devines aisément qu’il s’agira de la position des mains pendant le saut et la façon dont elles aident à l’effectuer mais plutôt que de marcher sur les plates-bandes pédagogiques de Lyllyah, tu l’écoutes patiemment comme un bon élève. Elle confirme ce que tu pensais et tu la regardes effectuer son premier saut, n’existant que pour te montrer comme positionner tes mains sur la table. Les explications vocales suivent les visuelles et lors de son deuxième saut, tu as une vue globale de ce que tu dois effectuer. C’est tout de suite un peu plus compliqué pour quelqu’un qui ne s’y connaît pas du tout en Parkour et tu n’es pas inconscient du fait que le réussir dès la première fois peut paraître suspect.

« Ah ouai, Naruto carrément… j’ai gagné en grade ! » Tu prouves ainsi ton côté moldu en démontrant ta connaissance de ce personnage emblématique de la culture populaire. Il faut dire que tu as grandi avec lui. Les personnages des comics, mangas et autres bandes-dessinées étaient tes seuls amis dans cette chambre d’appartement qui t’avait gardé prisonnier pendant des années. Alors oui, tu les connaissais sur le bout des doigts mais n’en parlais jamais vraiment à ton entourage. Légèrement geek sur les bords, tu n’es pas toujours certain de pouvoir te faire comprendre des autres sorciers qui, pour beaucoup, ont grandi dans un environnement bien différent du tien. Ces personnages fictifs n’ont pas autant d’importance pour eux qu’ils en ont eu pour toi.

Tu te diriges vers la table – quelques pas suffisent – et ce faisant, tu prends peu à peu d’élan. Comme enseigné par Lyllyah, tu places tes deux mains à plat sur l’extrémité de la table, par opposition à ton corps. Ton saut se fait plutôt facilement et tes deux pieds joints viennent se poser en même temps sur le bois, te permettant de te redresser avec un minimum d’équilibre. Tu répètes cet exercice intermédiaire encore quelques fois pour faire état de ta progression et ne pas éveiller les soupçons. Quand tu estimes que tu as assez travaillé sur la position de tes mains, tu fais un signe de tête en direction de la jeune femme pour lui indiquer que tu vas exécuter pour la « première fois » le saut de chat. Mais faut-il que tu le réussisses directement ou dois-tu te forcer à l’échec ? Tu n’as pas vraiment envie de t’imposer une défaite mais tu gardes dans un coin de ta tête le fait que tu dois passer pour quelqu’un d’autre. Pour un jeune garçon pas forcément très doué.

« Rien de spécial ! » commences-tu à répondre en regardant l’obstacle devant toi, te préparant à t’élancer pour la énième fois. « Je ne faisais qu’y passer. Je dois obligatoirement le traverser pour aller chez mes parents, d’ailleurs il y a de fortes chances pour que j’arrive en retard mais bon… ils ont l’habitude. » Tu n’es jamais très rapide pour retourner les voir, même si tu t’imposes cet acte de manière régulière. Que tu aies des reproches à leur faire ou non, ils restent ta famille et tu as du mal à te défaire de cette pensée. Tu ne veux pas non plus que Lyllyah se sente obligée de tout arrêter pour que tu puisses rentrer chez toi parce qu’en fin de compte, tu apprécies beaucoup ce moment. Même si tu fais semblant sur plusieurs niveaux, ton amusement est réel, lui. Elle le voit peut-être ?

« Mais j’avoue que je le vois rarement aussi… vide ! » Où sont passés les promeneurs ? Les autres maîtres et maîtresses de chiens ? Il doit probablement faire encore trop froid pour eux, ce que tu peux comprendre. C’est une bonne chose en fin de compte, cela vous laisse l’opportunité de faire ce que vous voulez sans être jugés ou dérangés. À cette pensée, tu t’élances en direction de la table, fais attention à poser correctement tes mains sur le bois et effectues une grande poussée avec le haut de ton corps alors que tes jambes se replient contre ton torse. Il ne se passe que quelques infimes secondes et te voilà de l’autre côté de la table, bien droit dans tes baskets et tu te retournes vers Lyllyah avec un large sourire.

« Eh, j’ai réussi ! Wooohooo ! J’adore ! Attends, je recommence, je ne suis même pas sûr d’avoir compris comment j’ai fait… » Tu émets un rire, fais le tour de la table et recommences ton saut une première fois, puis une deuxième, une troisième… et y prends du plaisir. Finalement, tu reviens vers elle. « Je crois que j’ai assez sauté par-dessus cette table pour aujourd’hui, elle doit en avoir marre de moi. »
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Sam 27 Aoû - 17:01

Avril 2021

Je ris de bon cœur aux plaisanteries du jeune homme. Bien peu facile à vexer, je suis moi aussi du genre à prendre les choses à la légère quand c’est possible de le faire. Petit effet secondaire de ma vie toujours très strict et exigeante en matière de discipline, lorsque je pouvais faire sauter les barrières, je le faisais sans une once d’hésitation. Au moins, Billie connaissait Naruto, il ne manquerait plus qu’il ignore qui il était pour que je passe pour une véritable idiote. Il fallait dire que j’appréciais beaucoup regarder la télévision lorsque j’étais enfant, cela me permettait de fuir une réalité un peu trop difficile à supporter pour une gosse. Encore aujourd’hui je suis fascinée par les dessins animés.
Le sport avait aussi été une forme de fuite avant que j’en fasse mon métier. Voilà pourquoi je m’étais mise au Parkour très jeune et que j’appréciais aujourd’hui l’enseigner à autrui. J’adorais transmettre mes passions et surtout, si cela pouvait aider quelqu’un à retrouver un quelconque équilibre comme ça avait été le cas pour moi, alors j’en serai pleinement satisfaite.

Voilà pourquoi je donnais de mon temps à un parfait inconnu. Aussi, cela me permettait d’oublier les événements dans la prison d’Azkaban et la frustration qui en découlait. Sans me lasser, je montre encore et encore les mouvements à faire en essayant de fournir des explications claires et concrètes. C’était sans compter mon élève improvisé d’aujourd’hui qui se voyait être particulièrement agile et doué dans cette entreprise. Il prétendait ne jamais avoir fait de Parkour de sa vie, mais lorsque je vis l’exécution de son saut de chat fait presque à la perfection, j’eus le soupçon qu’il me mentait délibérément. Je ne le pris pas mal, après tout, nous étions de parfaits inconnus, il avait sans doute ses raisons de me cacher ce détail de sa vie. Aussi, m’offusquer pour si peu serait d’un enfantillage absurde. Encore une fois, ma vie était si exigeante quand je ne me reposais pas que je n’avais pas de force ni d’envie à consacrer aux choses futiles quand je pouvais me permettre de me détendre.
Pouffant à sa réaction, je levais théâtralement les mains pour me mettre à applaudir en tordant ma bouche en signe d’un respect tout à fait exagéré.

— Bravo, bravo, masterclass !

Amusée, je le laissais faire un premier saut, puis un deuxième, et au troisième, je pris le même élan que lui pour sauter en même temps que lui. Le même rythme. Le même saut. Le même appui. La même réception. J’éclatais de rire une fois immobilisée sur l’herbe de l’autre côté de la table. Faire du Parkour seul, c’était génial, mais à plusieurs c’était grisant.

— Oui, pauvre table.

Disais-je d’un ton légèrement moqueur avant de retourner vers mes affaires pour boire une gorgée d’eau. Revenant sur le jeune homme, je le fixais sans gêne.

— S’ils ont l’habitude, peut-être qu’ils ne vont pas s’inquiéter, mais bon, à ce qu’il parait, les parents s’inquiètent toujours. Tu ne devrais peut-être pas trop tarder à aller les voir. Je levais les yeux pour regarder le sommet des arbres et des immeubles autour de nous. Faut pas négliger les gens pour qui on compte.

Je disais ça en toute bonne foi. Non pas pour lui donner des leçons, mais parce que moi qui avais été en carence affective, je détestais quand on ne me prévenait pas d’un quelconque retard. C’était aussi une forme de respect. Cela dit, j’avais rapidement compris en observant Billie qu’il semblait être du genre à ne pas vouloir respecter les règles et les conventions. J’ignorais quel âge lui donner vraiment, mais peut-être était-il encore en crise identitaire qui apparait lors de l’adolescence et qui peut se prolonger encore des années plus tard. Cela dit, ce n’était pas à moi de lui donner de leçon, je n’étais pas sa mère et je refusais de l’être. Quelle horrible mère indigne je serais !
Amusée par cette pensée, je laissais vagabonder mon regard sur l’étendue du parc. C’était vrai qu’il n’y avait pas grand monde aujourd’hui. À dire vrai, je n’étais globalement pas habituée aux endroits surpeuplés moi qui venais d’un petit pays. Les grandes villes comme Londres me donnaient vite le tournis, alors être un peu tranquille dans un parc ne me dérangeait pas, bien au contraire. M’asseyant sur le banc à l’envers, je m’adossais à la table en y posant mes coudes, ma gourde d’eau entre les doigts.

— Comme tu as dit, c’est vrai qu’il n’y a pas grand monde aujourd’hui, mais bon… c’est peut-être la météo ? Ou alors il y a mieux à voir ailleurs pour une fois ?

Je coulais un regard sur le jeune homme sans me défaire de mon grand sourire.

— Tu devrais peut-être y aller ? On se recroisera peut-être un jour qui sait ? Tu te débrouilles bien, tu ne devrais pas arrêter de travailler ton agilité. C’est toujours utile quand on a des compétences comme les tiennes.

Utile dans toutes sortes de cas de figure. Je faisais exprès de ne pas développer davantage le fond de ma pensée, après tout, ça devait être assez évident. J’étais militaire, j’avais besoin d’un corps explosif et en pleine forme. Je ne pouvais donc que conseiller d’essayer d’être au mieux de sa forme, sans compter tous les bienfaits que cela engendrait.
Enfin, il y avait peu de chances pour que l’on se recroise dans une ville aussi grande que Londres, mais après tout qui sait ? J’y avais bien fait la connaissance d’une amie et d’une femme qui adorait s’immiscer sans subtilité dans mes pensées. Je souris tendrement lorsque son visage m’apparut devant les yeux. Je clignais des paupières pour revenir à moi et me tourner à nouveau vers Billie.

— Si tu connais des coins où pratiquer le Parkour, je suis preneuse. Je n’ai pas encore pu totalement visiter la ville.




I'm insane
I lost myself. My mental health ☽ I turned into a killer. I'll cry you a river. Down the drain. Are you entertained?.

Les faces d'une même pièce [Billie] VLz1kzT
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Anonymous
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Sam 27 Aoû - 17:51
@Lyllyah Sody & Billie
Les faces d'une même pièce

Le fait que vous ayez réussi à faire le même saut ensemble, avec une synchronisation absolument parfaite, te donne un sentiment de fierté mêlé à de la satisfaction personnel d’avoir accompli un tel tour de force. Lyllyah est une bonne professeure et tu te demandes si elle s’en rend compte ou si tout cela ne lui vient que naturellement. C’est une étrange heure – ou en tout cas, un ensemble de minutes - que tu as vécue en sa compagnie et tu ne regrettes pas de t’être arrêté dans ce parc. Les risques existent toujours peu importe où tu vas mais il faut savoir parfois les prendre en main pour les affronter. Tu n’as pas eu à le faire aujourd’hui et cela te convient. À la place, c’est une toute nouvelle personne dont tu as fait la connaissance et qui a su ouvrir tes horizons par ses pensées bien à elles. Voilà l’effet que l’on peut avoir sur un jeune esprit en pleine construction et voilà pourquoi il faut toujours faire attention aux propos qui sortent de nos bouches. Tu ne t’estimes pas facilement influençable. Cependant, force est de constater que même toi, il t’arrive d’avoir les propos de personnes tierces en tête avant de faire ou de dire quelque chose. Comme s’ils possédaient un quelconque pouvoir sur ta personnalité. C’est assez effrayant. La militaire ne t’a apporté que du bon : une bonne discussion, des sourires et une opportunité de te rendre compte que tu n’es pas aussi mauvais que tu le prétends en ce qui concerne les exercices physiques. Tu aimes à te plaindre sur ta condition corporelle alors qu’en fin de compte, tu la surmontes aisément tous les jours. Plus que de t’handicaper, il arrive même qu’elle te donne un avantage considérable ! Ce n’est pas quelque chose que tes parents mettent en valeur chez toi. En réalité, vous ne vous parlez presque plus et lorsque tu vas les voir, les conversations restent banales, futiles et dérisoires. Elles n’ont aucun fond, aucune texture qui vaille la peine de les écouter. Toi-même, tu n’y participes que parce que tu y es forcé. Quand tu y penses, il t’arrive d’être mélancolique à l’idée que, si tu devais mourir demain, tes derniers échanges avec eux seraient aussi ternes et vides de sens. Il t’arrive même de te demander s’ils s’inquiètent vraiment pour toi lorsque tu es à Poudlard ou si tu es définitivement sorti de leurs pensées à l’instant où tu passes la porte de leur appartement. Étant majeur désormais, tu as le choix de mener ta vie comme tu l’entends et ça a l’air de ne leur faire ni chaud ni froid. Donc non, tu n’es pas pressé de reprendre ton chemin mais tu comprends d’où viennent les propos de Lyllyah. Elle n’a probablement pas connu le même schéma familial que toi et ne comprend donc pas le poids que représente chacune de ces visites. Tu te sens pourtant forcé de les faire par peur, plus tard, de regretter ton absence.

« Oui, tu as probablement raison. » Est-ce que tu comptes pour eux ? Est-ce qu’ils comptent pour toi ? Allez savoir. Vous avez le même sang mais est-ce réellement suffisant ? Parfois, tu te poses sincèrement la question et bien souvent, la réponse est non. Le sang fait beaucoup de choses mais dans ce cas présent, il ne suffit pas. Tu n’as plus rien en commun avec eux, que ce soit la façon dont tu mènes ta vie à tes capacités ou tes passions. Comme beaucoup d’enfants avant toi, tu as de la peine à les imaginer jeunes, à faire des bêtises comme toi à cet âge. L’insouciance ne leur sied guère. Et dans les moments de pure déprime, tu te questionnes sur ta légitimité auprès d’eux, sur le fardeau que tu peux représenter et le fait que tu es probablement le parpaing qui les retient à terre, quand ils ne rêvent que de s’envoler. Vivre une nouvelle vie, loin de toi, de ton sang sorcier qui sort de nulle part.

« Possible, je crois qu’il y a un spectacle en ville en ce moment ou quelque chose du genre. Ou alors ils sont au centre commercial ! » Mais tu t’en fous bien de ce que les autres font, tant qu’ils ne te gênent pas et le fait qu’ils ne soient pas présents dans ce parc t’arrange vraiment. Sans ça, tu n’aurais pas pu profiter du savoir de Lyllyah comme tu l’as fait. Cela aurait été une sacrée perte ! Elle fait de nouveau mention de ton départ et tu sais au fond de toi qu’elle a raison. Qu’il faut que tu y ailles… et cela doit se voir à ta façon d’être que tu y es un peu réfractaire. Pourtant, ce n’est pas en restant là que tu vas arranger les choses avec tes parents, s’il y a quoi que ce soit à fixer cela dit. Tu as tout de même un sourire face à tous ces compliments qui te touchent réellement. Il est vrai que tu as menti à la militaire sur tes réelles capacités mais il ressort de tout cela qu’elle a sûrement vu plus de choses en toi que la plupart de tes professeurs… Elle sait ce que tu vaux et n’hésite pas à le dire à voix haute. Alors tu as pour elle un sourire reconnaissant, teinté de fierté. Peut-être s’en rendra-t-elle compte, peut-être pas. Cela ne t’empêche pas d’avoir conscience du bien fou qu’elle t’a fait. Agilité et compétences, n’est-ce pas un bon combo ? Tu as presque l’impression d’entendre Kayla et ça te fait doucement rire. Elle aussi voit chez toi des choses que les autres préfèrent ignorer, voire piétiner.

« Promis. Il y a un genre de skate-park à l’est de la ville, assez gigantesque. Il y a de quoi faire du Parkour à cet endroit. Tu risques moins de gêner les promeneurs et tu pourras probablement rencontrer des personnes qui partagent cette passion ! On s’y croisera peut-être d’ailleurs. » Tu n’y vas pas souvent car lorsque tu es à Londres, tu tentes de passer le plus inaperçu possible mais il n’est jamais exclu que tu fasses un tour dans ce genre de parc pour voir les capacités des autres et ce que tu peux en tirer. Observer, c’est apprendre. Tu te baisses pour récupérer ton sac à dos et le remets sur tes épaules. Avec ça sur le dos, tu perds facilement trois ans !

« Bon allez, j’arrête de traîner et j’y vais moi. Encore merci pour tout ça, j’ai vraiment beaucoup appris et je me suis bien amusé ! À bientôt Lyllyah, toi aussi Radar. Prenez soin de vous ! » Tu leur fais un dernier sourire après avoir flatté la tête du chien. C’est probablement une des rares fois depuis votre rencontre qu’il n’y a aucune espèce de mensonge dans tes propos. Tu t’es amusé. Tu as appris des choses. Tu as découvert, tout simplement. Le monde moldu te fait parfois peur avec toutes ses nouveautés et ses dangers. Tu n’y es pas toujours en sécurité parce qu’au fond, tu ne sais pas si tu y appartiens vraiment. Tu partages ce même sentiment pour le monde sorcier. Mais en t’éloignant d’un air presque guilleret, tu te dis que tout n’est pas perdu.

- END -
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