@Moïra MacFusty & Billie

Momma, boys are bad

L’eau s’incruste dans ta peau un peu plus chaque seconde mais face à Caelum et aux autres élèves que tu croises dans les couloirs de Poudlard, tu fais celui qui ne ressent rien, quand bien même tu as l’air complètement ridicule. Le sort pourtant jeté il y a quelques dizaines de minutes n’a, apparemment, pas vraiment fonctionné et tu ne sais pas pourquoi. Tu as pourtant cru qu’il t’avait complètement séché, mais pas du tout. Petit à petit, la sensation de mouillé est revenue et tu ne saurais l’expliquer. Peut-être que quelqu’un d’autre le pourra. Trempé de la sorte, tu parais encore plus faible, voire fragile. Une petite chose qui est prête à se briser en mille morceaux ou à se faire emporter par le vent à la moindre bourrasque. Tu fais pourtant ton possible pour avoir l’air à l’aise dans ta peau et assuré, mais la vérité est bien loin de cela. Tu viens de vivre un sacré traumatisme, l’une de tes plus grosses phobies au monde s’est réalisée et tu as bien du mal à déglutir. Le froid du mois de mars rafraîchit ta peau et abaisse la température de ton corps et bientôt, il te faut te concentrer pour ne pas claquer des dents. Ce n’est d’ailleurs qu’une fois que tu t’es défait de la compagnie du Gryffondor que tu t’es permis de montrer un signe de faiblesse évident. Ton visage est plus pâle que d’ordinaire, tes lèvres n’ont pas encore totalement repris leur couleur rosée et tu laisses traîner sur ton passage des gouttes d’eau qui tombent autant de tes vêtements que de tes cheveux. Ceux-ci, sous l’effet du froid et de la peur, ont gardé de petits reflets bleutés que seul un œil aguerri saura remarquer. La baguette dans la poche, tu envisages tout d’abord de rentrer directement dans ton dortoir, en espérant ne pas y croiser les Serpentard qui t’ont fait cette fête mortelle. Mais le risque est encore trop grand et tu n’es pas en mesure de leur faire face si, d’aventure, tu devais les croiser à nouveau. Il ne t’arrive pas souvent de te sentir aussi faible et dans ces moments-là, tu préfères éviter toute tentation. Autant celle des autres que la tienne. Un mot de trop et cette fois, il est fort possible que tu n’en réchappes pas. Le passage de Caelum ne fut que pure coïncidence et chance exceptionnelle. Cela ne se reproduira pas. Et pourtant, tu n’es pas prêt à changer de comportement, cela ne te vient même pas à l’idée. C’est d’ailleurs ce que risque de te conseiller Moïra une fois qu’elle te verra dans cet état car, allez savoir pourquoi, c’est vers son bureau que tu te diriges. Comme si tu étais masochiste jusqu’au bout des ongles et que cette noyade ne t’avait pas suffi.

Tu n'y vas pas sans raison, pourtant. La conversation avec la sorcière – que tu considères presque comme une mère adoptive – ne sera pas aisée et tu sais qu’elle sera pleine de reproches et de peur. Celles de la jeune femme, surtout. Tu auras probablement envie de te braquer, de justifier ce qui s’est produit et tout comme avec Caelum, tu en viendras à défendre tes camarades Serpentard en tentant de porter la responsabilité de cet incident seul. Elle ne comprendra pas pourquoi tu adoptes cette position et tu ne sauras pas comment lui expliquer que tu t’estimes aussi coupable que tes camarades de Maison. Il n’y a pas vraiment de logique à cela ou s’il y en a une, elle n’est propre qu’à toi. Voilà pourquoi tu patientes donc un long moment devant la porte du bureau de Moïra en essayant de trouver au fin fond de ta tête une façon d’expliquer ce qui s’est produit sans qu’elle n’aille faire un scandale à la direction. Mais peu importe la façon dont tu t’y prends, tu ne parviens jamais à rendre cela « inoffensif ». Tout bonnement parce que ce ne l’est pas. Un long soupir plus tard, tu toques à la porte en bois, avant de t’emparer de la poignée et de la tourner. Le pan se dérobe devant toi avant de se refermer doucement, comme par magie. La sorcière est là et tu t’attends à beaucoup de réactions de sa part. Surtout une : la surprise. Ou peut-être deux, si on y ajoute l’incompréhension mais il n’y aurait rien d’étonnant à cela.

« Hi. Avant que tu ne me poses la moindre question : oui, je suis trempé et j’ai froid. Et je peux expliquer pourquoi. Enfin, je ne suis pas certain que mon explication te satisfera mais au moins… » Tu te mords la lèvre et plus les minutes passent, plus le sort semble s’évaporer alors que les gouttes tombent de plus en plus fréquemment. Vous avez vraiment dû vous louper quelque part, avec Caelum, mais tu ne sais pas comment ni où. Ce n’était pourtant qu’un sort basique pour sécher les vêtements, rien de plus. Et va savoir pourquoi, même ça, tu n’y es pas parvenu ! Tu te demandes même si ce n’est pas ta peur et ton angoisse qui ont déjoué le sort, mais tu ne comprendrais pas comment ce serait possible. Tu n’as jamais vu des émotions contrer un sortilège de cette façon. Non, il a dû être mal lancé, tout bêtement. Vu les événements, le manque de concentration serait l’excuse la plus probable et on ne pourrait pas vous en vouloir de vous être manqués. Tu t’approches du bureau de Moïra et tes chaussures font un étrange bruit de « splash splash » assez dérangeant, mais pas plus que la sensation d’avoir les pieds trempés – chaussettes inclus. Dommage, c’est l’une de tes paires préférées et tu ne l’as pas en deuxième exemplaire. Foutus Serpentard !

« Je ne sais pas pourquoi, le sort lancé pour me sécher n’a pas marché. Enfin si, mais que quelques minutes. Tu pourrais… ? » Tu le lancerais bien toi-même mais tu n’es clairement pas en état de le faire. Pas assez concentré ni sûr de toi…