S'il y avait une personne pour laquelle Erin tentait d'abandonner sa manie de tout contrôler, c'était bien son petit frère Evan. Tentait était le mot car ça restait un exercice peu évident pour elle qui était habituée à ne jamais rien laissé au hasard. Pourtant, depuis que le jeune Delacour était venu la trouver pour lui donner rendez-vous, sans rien vouloir dévoiler plus de ses plans, elle s'efforçait de se laisser porter et de ne surtout pas se poser trop de questions. Bon, fidèle à elle-même, dans un premier temps, elle avait tout de même failli le noyer sous une foule de questions. Il fallait dire qu'Evan savait parfaitement que sa grande sœur était une maniaque du contrôle alors lui annoncer qu'il leur préparait une journée ensemble, sans rien vouloir lui révéler de plus, ça s'apparentait un peu à de la torture. Un rôle de petit frère quoi. Il en jouait clairement, et Erin l'avait bien vu. Ça l'amusait de la taquiner avec ça, de faire semblant d'accepter de lui donner quelques infos avant de se rétracter aussitôt, tout ça pour la voir râler dans son coin et lui donner envie de lui tirer la langue comme une enfant. Le point positif dans tout ça, c’était qu’il avait bien choisi son moment. La pleine lune était passée depuis une dizaine de jours et si Erin était encore fatiguée de ce moment toujours difficile, au moins elle avait récupérer la maitrise de ses émotions. Et surtout elle avait le sentiment de se retrouver enfin. Quelques jours plus tôt, à cause de l’influence de la lune, elle aurait certainement mal pris ses cachoteries et nul doute que cela se serait terminé en une de ces disputes qui ne leur ressemblait pas mais qui rythmait les jours précédents l’astre plein. Cette fois, même si elle râlait contre Evan qui ne voulait rien lui dire, elle le faisait en toute bienveillance. Comme une grande sœur se devait de le faire.

Cependant elle avait beau râler contre Evan et ses secrets, à aucun moment Erin n’avait eu l’intention de lui faire faux bond. Il fallait dire que malgré tout, elle avait une confiance absolue en son frère. Depuis toujours l’alchimie avait été présente entre les enfants Delacour, même quand Evan était un enfant réservé et Erin une petite fille trop vive. Alors ce qu’il lui préparait, si ça l’interrogeait, ça ne l’inquiétait pas outre mesure. Elle savait que son frère la connaissait, que jamais il ne la mettrait volontairement dans une position inconfortable. Ce matin-là, elle se leva donc avec une certaine fébrilité, elle aurait bien aimé bénéficier d’un peu plus de temps pour dormir, mais elle avait aussi hâte de passer du temps avec Evan. Erin avait l’impression que cela faisait une éternité qu’ils n’avaient pas passé du temps ensemble, ou du moins du temps qui ne serait pas gâché par ses sautes d’humeur et son irascibilité. Elle avait aussi besoin de se changer les idées, cette journée entre frère et sœur serait l’occasion parfaite. Suivant les consignes de son cadet, elle s’habilla confortablement et passa devant la Grande Salle sans s’y arrêter, Evan lui avait précisé qu’il se chargeait du petit déjeuner. Idée qu’elle trouvait un brin inquiétant vu ses talents de cuisiner. Elle trouva le Poufsouffle adossé à une colonne devant les portes du château alors que les cloches sonnaient. Pile à l’heure, au moins une chose qui ne changeait pas chez elle. « Salut miss parfaite ! » Un sourire étira les lèvres de la française. Ca non plus ça ne changeait pas. Evan dans son rôle du petit frère agaçant qui lui allait si bien. C’était une forme de stabilité qui faisait du bien à Erin, un terrain connu qu’elle retrouvait avec plaisir. Même si elle savait que son frère l’appelait ainsi pour se moquer d’elle. « Salut petit frère. » Lança-t-elle à son tour une fois qu’il l’eut rejoint. Grimpant légèrement sur la pointe des pieds, elle lui planta un baiser sur la joue.

« Miss parfaite aurait été plus parfaite encore avec une heure de sommeil en plus, mais qu'est-ce que je ne ferais pas pour toi. » Ajouta-t-elle en prenant soin de conserver son sourire pour bien montrer que ses paroles n’étaient pas un reproche. Il y avait eu tellement de disputes entre eux, toutes causées par sa faute elle le savait, qu’elle avait par moment le sentiment de marcher sur un fil avec lui. Cette crainte que leurs taquineries de frère et sœur soient soudainement mal interprétées était nouvelle et peu agréable à naviguer. La simplicité de leurs échanges manquait à Erin, mais c’était exactement ce pour quoi était faite cette journée, pour qu’ils se retrouvent. « Alors, frangine, es-tu prête pour passer une très, très bonne journée en compagnie de ton petit frère préféré ? » Ah Evan et la modestie c’était quand même toute une histoire. Dire que la française se souvenait d’une époque où son petit frère était timide et réservé. Un temps où c’était elle qu’on voyait et qu’on entendait, où c’était elle qui s’efforçait de le faire sortir de sa coquille. Il avait bien changé au fil des ans son cadet, et Erin en était particulièrement fière. Le petit blond silencieux avait laissé place à un jeune sorcier affirmé et taquin. Ca n’avait pas été un chemin de tout repos, mais il l’avait parcouru. Et même si Erin faisait parfois mine de s’en plaindre lorsqu’il s’amusait trop à l’embêter, elle était heureuse de voir son frère si bien dans sa peau. « Attention, Evan, tu mets la barre très haute. » Le prévint-elle avec une expression amusée. Et pourtant, à aucun moment elle ne doutait des capacités de son frère, il était juste bien plus amusant de l’embêter. Elle lui offrit un sourire tout en se saisissant de la main qu’il lui tendait. « Je suis prête à faire face à tout ce que tu as pu me réserver, même si tu refuses toujours de me dire ce que c'est. » Oh non, elle n’allait pas oublier cet affront de sitôt, même si elle acceptait de suivre le Poufsouffle sans -trop- ronchonner.

Sans protester davantage, Erin traversa le parc avec Evan et ensemble ils franchirent les portes de l’école. Même si elle doutait d’y trouver le moindre indice, elle ne pouvait s’empêcher de regarder autour d’eux dans l’espoir de trouver un indice qui l’aiderait à deviner où son frère comptait l’emmener. Néanmoins, il n’y avait rien sur le chemin susceptible de l’aider alors elle se laissa guider. « Il y a quelque chose qui nous attend près de Pré-au-Lard. Ce n’est pas très loin. Je te promets, ça en vaut le coup ! Je ne te fais pas marcher pour rien. » Erin opina du chef. Elle avait beau ne pas être très sportive, marcher ne la dérangeait pas. Encore moins quand ça lui permettait de passer un peu de temps avec son frère. Avec la morsure et toutes les conséquences que cela avait entrainé, elle avait l’impression qu’ils s’étaient un peu perdus et elle espérait bien pouvoir réparer ça. Elle ne cessait de s’en vouloir, à cause d’elle il se trouvait empêtré avec un secret qui n’était pas le sien, mais désormais il était trop tard. Elle devait vivre avec ses choix et espérer qu’ils ne viennent pas tout gâcher entre eux. Déjà, elle était bien décidée à ce que ça ne gâche pas leur journée. « Je me lancerai bien dans des devinettes, mais je te connais toi et tes idées. Je peux déjà deviner que je vais perdre, n’est-ce pas ? » Lança-t-elle d’un ton amusé. Erin savait que son frère ne manquait pas d’imagination, et encore moins de motivation quand il s’agissait de mettre en œuvre ses idées, alors elle savait que jouer aux devinettes serait une entreprise vaine. Elle n’avait plus qu’à prendre son mal en patience, et à subir l’air particulièrement fier de lui qu’Evan affichait sans scrupules. « Et puis, le petit déjeuner nous attend. Quel pied d’avoir son dortoir à côté des cuisines. Par contre, je comprends pas, les elfes de maison n’ont pas voulu me laisser préparer les pancakes. » Cette fois ce fut au tour de la Serdaigle de ne pouvoir retenir un rictus un brin moqueur. Evan et la cuisine, c’était toute une histoire. Une histoire qui remontait à leur enfance et qui ne cessait de la faire rire tant elle était ponctuée de catastrophes. Merci Merlin, les elfes de maison avaient été là. « Tu es vraiment étonné ? » Glissa-t-elle en laissant échapper un léger rire. « Je me souviens encore de la dernière fois que tu as voulu cuisiner, franchement c'est mieux comme ça, je crois que Poudlard ne s'en serait jamais relevé. » Elle sourit au souvenir qui remontait à l’été, quelques jours à peine avant sa morsure. Bien qu’elle l’eût prévenu que c’était une mauvaise idée, Evan avait voulu préparer le dîner pour eux et Balthazar, qui passait beaucoup de son temps avec les Delacour dans leur appartement de Londres, la fumée malodorante qui s’était échappé de ses ustensiles les avait rapidement fait fuir. Ils avaient fini la soirée dans un restaurant du coin. Ce qui leur avait permis de créer de bons souvenirs, mais aussi de confirmer qu’Evan n’était pas fait pour être derrière les fourneaux.

Alors que Pré-au-Lard s’étendait enfin devant eux, Evan se stoppa, aussitôt imité par Erin qui lui lançait un regard plein de curiosité. Elle haussa un sourcil en le voyant sortir un bandeau. « Tu me fais confiance, petite sœur ? » Erin eut l’impression de se revoir quelques mois plus tôt, lorsque Balthazar lui avait demandé s’il pouvait l’embrasser. C’était une de ces questions dont la réponse était une évidence même qu’elle n’avait plus besoin d’être posée. Mais c’était aussi la preuve que les choses avaient été si difficiles depuis sa morsure qu’elles étaient désormais nécessaires. La française sentit son cœur se serrer à cette idée. Elle s’efforça néanmoins de ne rien laisser paraitre. « Grande sœur. » corrigea-t-elle tout en se saisissant du bandeau et d’ajouter « Toujours. » Au moins une chose qui n’avait pas changé entre eux. Rapidement, elle noua le tissu sur ses yeux et resta sans bouger en attendant qu’Evan la guide. Un peu maladroitement, elle songea que c’était une bonne chose que la pleine lune soit passée. Kesabel Greyback avait raison, ses sens s’affinaient réellement sous l’influence de l’astre et elle n’aurait pas aimé que son ouïe ou odorat soient encore plus poussés maintenant qu’elle était privée de sa vue. « C’est pas très loin, promis. Allez, on avance, c’est tout droit et ensuite… là, on tourne à gauche. » Les mains de son cadet sur ses épaules, elle se laissait guider, résistant à l’envie de tendre ses bras devant elle en cas d’obstacle. La Serdaigle voulait montrer au blond que sa confiance n’était pas que des mots. Après quelques secondes, il lui fit signe de s’arrêter et d’attendre un peu. Erin s’exécuta sans rechigner, bien que tiraillée par la curiosité. « C’est bon ! Tu peux retirer le bandeau ! » Inutile de le lui dire deux fois. La française ôta aussitôt le bandeau, plissant un instant des yeux quand le soleil revint frapper ses prunelles bleutées.

Sous les yeux étonnés d’Erin, la silhouette d’Evan se dessina. Mais il n’était pas n’importe où, il se tenait adossé contre une voiture grise. « Alors, bouche-bée hein ? T’en penses quoi, ce carrosse est à la hauteur de tes attentes ? » Une seconde, Erin fut effectivement bouche bée. La française l’admettait sans mal, elle n’y connaissait pas grand-chose en culture moldu, tout ce qu’elle savait lui venait principalement de Balthazar. Celui-ci s’étant appliqué au fil des ans à lui faire découvrir son monde. Mais cette voiture-là, elle s’en souvenait parfaitement parce que son petit ami ne tarissait pas d’éloges dessus. Aussi parce qu’il lui avait montré plusieurs films moldus où elle apparaissait. Et elle l’admettait également, elle comprenait pourquoi les yeux de son petit ami brillaient quand il en parlait. « Oh, elle est magnifique ! » S’exclama-t-elle, un grand sourire aux lèvres. Les yeux brillants d’une excitation renouvelée, elle s’approcha du véhicule, le détaillant sous toutes les coutures. La Serdaigle n’était pas du genre à s’émerveiller devant une voiture, mais elle avouait que ce modèle était vraiment très beau. Automatiquement, ses pensées filèrent vers Balthazar. « J’ai hâte de raconter ça à Taz, il va être si jaloux. » Souffla-t-elle à Evan sans pouvoir réfréner son sourire. Il vacilla néanmoins lorsqu’elle songea que sa relation avec son petit ami était loin d’être au beau fixe en ce moment. Ils étaient toujours ensemble, Erin n’arrivait pas à envisager sa vie sans Balthazar à ses côtés, mais le poids de son secret se faisait sentir chaque jour un peu plus, creusant la distance entre eux. Décidée à ne pas laisser ses problèmes encombrer sa journée avec son frère, elle secoua la tête et posa une main sur le capot de la voiture. Une idée s’imposa à elle. « Attends... Tu as passé le permis ? » Elle tourna des prunelles étonnées vers Evan. Elle était heureuse de cette surprise, mais une part d’elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’auparavant ils se disaient tout et que là ça n’avait pas été le cas. Mais ce n’était qu’un petit secret, fait dans le but de la surprendre, elle ne pouvait tout de même pas en tirer des conclusions hâtives. Songeant que son esprit un peu trop porté sur la réflexion dérivait encore, elle se reprit. « Et maintenant, tu vas m’en dire plus sur ce que tu me réserves ou tu vas encore me laisser mariner ? » Erin adressa un sourire complice à son petit frère. Voilà une question bien plus importante à laquelle répondre.

Les surprises avaient toujours fait naître des sentiments ambivalents chez Erin. Oh, en organiser n’était pas le problème, loin de là. La française adorait se plier en quatre pour ses amis ou sa famille, et voir l’étonnement puis le ravissement se peindre sur leurs visages. Du moment qu’elle faisait plaisir à ses proches, Erin était heureuse, c’était aussi simple que ça. Là où ça se compliquait un peu, c’était quand c’était elle qui devait recevoir la surprise. Parce qu’une surprise, ça voulait dire ne rien savoir, ça voulait dire se laisser aller, ne rien contrôler. Par définition, c’était une forme de lâcher prise. Exactement ce à quoi elle n’était pas habituée, elle qui avait à cœur de tout maîtriser devait soudainement accepter d’avancer dans le noir. C’était presque une épreuve pour elle qui était presque une maniaque du contrôle. D’accord, elle l’était totalement, mais s’acharnerait à le nier. Du coup, les surprises, Erin ne savait jamais trop comment les vivre. Elle savait que ce serait positif que cela lui ferait plaisir, sinon elle espérait bien que ses proches s’en abstiendraient, mais en même temps, ça lui demandait un lâcher-prise qui ne lui venait pas naturellement. Ce n’était même pas une question de confiance, c’était vraiment une habitude à laquelle elle ne parvenait pas totalement à se défaire. Pourtant, aujourd’hui Erin n’avait pas d’autre choix que de capituler et de se laisser faire, son petit frère avait été très clair, c’était lui qui gérait la journée de A à Z et elle n’aurait pas son mot à dire. Une soudaine vague d’autorité à laquelle la Serdaigle avait accepté de se prêter -non sans avoir râler un peu- essentiellement pour lui faire plaisir. Elle savait que les derniers mois n’avaient pas été simples pour Evan, et que c’était essentiellement de sa faute, alors elle pouvait bien lui accorder ça. Se laisser guider, se laisser faire, le temps d’une journée, avant de retomber dans ses habitudes de tout maîtriser sur le bout des doigts, elle pouvait faire. Pour Evan.

Bon, ça aurait été bien plus facile, si son petit frère n’avait pas décidé que leur journée devait commencer aux aurores. Certes, elle exagérait certainement un peu, mais Erin n’aurait pas dit non à quelques minutes de sommeil en plus. Entre ses études, ses devoirs, ses tâches de préfète et les effets de la morsure qui n’étaient pas aisés à supporter, elle était fatiguée et appréciait de pouvoir dormir un peu le samedi matin. Apparemment, elle pouvait faire une croix sur ça aujourd’hui, son frère avait d’autres plans pour eux et elle se devait d’y faire honneur. Ce qui ne l’empêcha absolument pas de souligner qu’une heure de sommeil en plus n’aurait pas été de trop, lorsqu’elle le retrouva. « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, sœurette ! » Erin roula des yeux, tout de même amusée par l’air joyeux de son frère. Ah oui, il pouvait rigoler, ce n’était pas lui qui devait gérer des insomnies toutes les pleines lunes, en plus des rondes des préfets qui duraient jusque tard dans la nuit. Mais plutôt de lui rappeler cette terrible nuit qui les avait laissés tous les deux marqués, elle choisit un autre angle d’attaque. Elle voulait qu’ils passent une bonne journée tous les deux, inutile de plomber l’ambiance dès le début. « Ca c'est vraiment la pire expression au monde. » Rétorqua-t-elle avec un petit sourire en coin. Le pire, c’était qu’elle savait qu’elle aurait dû s’y attendre. A n’en pas douter, Evan avait encore toute une liste d’expressions dans le genre en réserve et il n’attendait que l’occasion parfaite pour choisir pile celle qui correspondrait. Malgré le manque de sommeil et le fait de ne toujours pas savoir ce que son frère lui réservait qui la travaillait, Erin accepta de le suivre avec pour seule information que quelque chose les attendait près de Pré-au-Lard. Une information dont la Serdaigle se demanda si elle devait la trouver inquiétante.  

Première surprise du jour, Evan leur avait préparé un petit déjeuner. Une surprise qui pouvait s’avérer à la fois bonne comme mauvaise étant donné les piètres talents de cuisiner du jeune Delacour. Au moins, cette partie-là fut rapidement éclairée lorsqu’il mentionna être passé par les cuisines de Poudlard et avoir reçu l’interdiction formelle de cuisiner des elfes de maison. Ouf. Erin avait toujours su que ces créatures étaient d’une fine intelligence. Seconde surprise, elle allait devoir avancer les yeux bandés. Vraiment, niveau lâcher prise, Evan était décidé à la tester. Même si elle n’aimait pas trop l’idée de ne plus rien contrôler du tout, Erin accepta. Elle n’était pas si atturée que ça et était bien décidée à suivre le jeu de son frère et à lui montrer que la confiance qu’elle plaçait en lui était aveugle. Littéralement. Plongée dans le noir, la Serdaigle suivit docilement le chemin indiqué par les mains que son petit frère posa sur ses épaules jusqu’à ce que finalement, ils ne s’arrêtent. Quand la française eut de nouveau le droit d’ouvrir les yeux, la surprise -encore une- qui l’attendait n’était pas des moindres. Devant eux se tenait une voiture à la carrosserie rutilante. Si Erin ne trouvait pas beaucoup d’intérêt à ces engins, elle devait admettre que cette voiture était quand même particulièrement belle. « Ah ! Si j’avais su qu’il fallait une voiture pour que le chat mange ta langue, j’aurais commencé par là à six ans ! » D’un geste, la Serdaigle administra une petite tape sur le bras de son frère. Comme il exagérait. Lui, réussir à la faire taire, ce n’était pas possible. C’était elle la grande sœur, c’était tout à fait son droit de l’enquiquiner. Ce dont elle ne se priva pas pour souffler un « Oh oui, je suis sûre que les parents auraient adorés cette idée. » mutin. Oh, si leurs parents savaient toutes les bêtises auxquelles ils s’étaient adonnés ensemble depuis qu’ils ne vivaient plus au quotidien dans leur appartement parisiens, ils auraient sûrement bien plus de cheveux blancs. Erin s’approcha de la voiture pour en admirer les contours, elle n’y connaissait pas grand-chose en automobile, juste que ce Balthazar lui avait appris, mais elle savait que ce modèle était connu. Et surtout que c’était à raison. A chaque explication d’Evan, elle hochait la tête. « Oui ! Elle est incroyable hein, et puis le gars m’a dit qu’elle en avait sacrément sous le capot ! » Ca, Erin voulait bien le croire. C’était vraiment une belle voiture. Les pensées de la blonde filèrent aussitôt vers son petit ami. Il allait être vert de jalousie en apprenant la surprise qu’Evan lui avait préparé, et dégouté de ne pas avoir pu y participer. Erin aurait aimé que ça soit le cas, leur relation en avait bien besoin en ce moment. Mais cette journée était dédiée à Evan, elle ne l’oubliait pas. « Tu sais, je suis sûr que je peux prolonger la location pour que l’on puisse faire un tour avec Balthazar. » La Serdaigle adressa un sourire reconnaissant. Elle adorait le fait qu’Evan et Balthazar s’entendent si bien, ça leur permettait de vivre de bons moments à trois. Doucement, elle hocha la tête. « Ce serait super, Taz n'en reviendrait pas. » Et si Taz était heureux, alors elle le serait aussi.    

Tout ça lui fit prendre conscience d’un point particulièrement important. Cette voiture, cet air si fier sur le visage d’Evan… Il avait passé le permis ! Alors ça pour une surprise, c’était certainement la plus importante de la journée. Erin aurait pu se concentrer sur le pincement au cœur que lui causa la pensée que son frère ne lui ait rien dit, mais elle choisit de se concentrer sur le positif. Quand Evan sortit son portefeuille, elle se pencha pour examiner la carte qu’il lui tendait. « Ouep. J’ai passé le permis, une affaire rondement menée. Ce n’est pas si dur qu’ils le prétendent tous, tu sais. » Erin afficha une moue dubitative. Etrangement, elle n’était pas totalement convaincue par le discours d’Evan. C’était qu’elle connaissait bien son petit frère et que son air tranquille était un brin trop appliqué pour avoir l’air vrai. Ce qui ne l’empêcha pas de se concentrer une fois de plus sur le positif, ils avaient bien besoin de ça. « Mon petit frère qui a le permis… Oh je suis fière de toi ! » S’exclama-t-elle en prenant soin d’insister sur le mot petit parce qu’elle savait que ça ferait râler Evan. « Les parents vont être si fiers de toi aussi. Ou alors ils vont mourir d’inquiétude. Peut-être les deux à la fois. » Plaisanta-t-elle avec un sourire aux lèvres. S’approchant de lui, elle le serra un instant dans ses bras pour lui montrer que ses mots n’étaient pas juste des mots. Erin était vraiment fière de lui. Même s’il resterait toujours son petit frère. Et même s’il s’acharnait à ne pas vouloir lui révéler ce qu’il avait en tête pour cette journée. « Tu sauras tout ce qu’il te faut savoir en temps et en heure. Allez, en voiture princesse ! » Erin roula des yeux, pas vraiment surprise que le Poufsouffle veuille se la jouer mystérieux.

Profitant de l’élan de galanterie de son frère -qui ne durerait certainement pas- Erin s’installa dans la voiture. Un instant, elle observa le profil de son cadet au volant. C’était qu’il avait bien grandi tout d’un coup, certainement un peu à cause d’elle, Erin en était cruellement consciente. Face à ses quinze mille manipulations et vérifications, la Serdaigle ne put retenir un sourire. Clairement, c’était la première fois qu’Evan prenait le volant et ça se voyait. Néanmoins, elle le laissa faire sans commentaire, ce n’était pas le moment de l’embêter, sous ses airs assurés elle pouvait sentir sa nervosité. Elle déploya donc toute sa patience en attendant qu’il se tourne vers elle. « Tu es prête, soeurette ? Oui ? Alors, on décolle ! » Erin hocha la tête au rythme de la musique qui résonne dans l’habitacle. Oui, elle était prête. Surtout pour cette nouvelle aventure avec son frère. Pour s’assurer que rien n’était brisé entre eux, que cette journée éclaircirait celles à venir. Elle était prête… Et Evan cala. Bien sûr, Erin éclata de rire. « Ah oui, pour ça j’étais prête ! » Oui, elle se moquait un peu, ce n’était pas bien gentil. Mais c’étair ce que faisaient les frères et sœurs. Et puis, caler c’était LE truc du débutant, hors de question que son frère y échappe. Là, le moment était quand même particulièrement bien choisi, alors qu’il faisait le fier dans sa belle voiture. « C’est normal, tout va bien. Elle est …très ancienne, des fois, ça marche pas toujours. » Lèvres pincées pour ne pas laisser échapper un nouveau rire, Erin hocha la tête face aux explications bancales de son frère. Il pensait réellement qu’elle allait le croire ? C’était bien mal la connaitre. « Moui, bien sûr. Ca n'a rien à voir avec ton permis tout neuf. » Hasarda-t-elle en posant sur lui des prunelles amusées qui montraient clairement que ses explications ne tenaient pas avec elle. Erin était une Serdaigle, par Merlin. Evan ne l’aurait pas aussi facilement et vu leur échange de regard, il avait l’air de le comprendre. « Je t’assure que j’ai bien le permis. C’est la voiture… Allez, cette fois, c’est la bonne ! » Effectivement, cette fois-ci, pour la sauvegarde de l’égo du Poufsouffle, la voiture accepta d’accélérer. « Voilà, tu vois. Je te l’avais dit. » Erin adressa un sourire à son frère. C’est vrai, il lui avait dit, il ne lui avait juste pas précisé qu’il aurait besoin de plusieurs essais.

« Maintenant… on décolle ! » Sachant parfaitement ce qu'il allait se passer, Erin s'enfonça un peu plus dans son siège. L'accélération de la voiture fit augmenter son rythme cardiaque et elle ne put réprimer un petit rire lorsque les roues de la voiture quittèrent le sol. Cette sensation était toujours aussi grisante et lui procurait un sentiment de légèreté qu'elle n'avait pas ressenti depuis bien longtemps. Rien que pour ça, Erin ne regrettait pas d'avoir laissé sa journée aux mains de son frère. Peu à peu, la voiture prit de l'altitude, jusqu'à ce qu'ils dépassent les nuages. Une fois stabilisés, elle s'installa plus confortablement dans son siège, ignorant si leur trajet allait être long ou pas. « Alors ? Qu’est-ce que tu en dis, frangine ? La classe hein. Et maintenant, nous nous dirigeons vers notre coin de paradis pour prendre un vrai petit déjeuner. Partante ? » Le crâne reposant contre l'appui-tête, la Serdaigle se tourna vers Evan. Son sourire était immense et lui réchauffa le cœur. Elle avait l'impression que cela faisait une éternité qu'elle n'avait pas vu son frère comme ça, et c'était rassurant de le voir redevenir lui-même après toutes les épreuves qu'elle lui avait imposées. Elle voulait toujours le voir comme ça. Il était trop tard pour elle, mais pas pour lui. Pas encore. Repoussant ses idées noires, Erin adressa un sourire à son petit frère. « Bien sûr que je suis partante ! » Même si elle ignorait totalement ce qu'il avait en tête et que ça la perturbait passablement. Elle aimait tout maitriser, tout prévoir, mais elle savait aussi qu'Evan ne voulait que son bien. Alors si aujourd'hui il lui demandait de se laisser porter, ça devait être pour une bonne raison. La surprise serait bonne, Erin n'en doutait pas un seul instant. « Ca faisait longtemps que je n'avais pas fait un tour en voiture volante comme ça, j'avais oublié combien c'est agréable. » Déclara-t-elle en laissant ses prunelles bleutées trainer sur le paysage qui s'ouvrait devant eux. Des nuages à perte de vue et par quelques trouées dans le ciel, elle pouvait parfois apercevoir un bout de verdure plus bas. « Encore plus quand on ne conduit pas. » Ajouta-t-elle avec un sourire mutin pour son frère. Elle aussi elle avait le permis, elle l'avait passé encouragée par Balthazar, mais elle ne l'utilisait que peu, préférant transplaner à sa guise. Autant que celui de son frère serve.

Maintenant, il ne restait plus à Erin qu'à se détendre et à profiter du voyage. Mais pour elle, dont le cerveau était constamment en ébullition, c'était un exercice particulièrement difficile. Si pas impossible. On était Serdaigle, ou on ne l'était pas. Au final, elle ne tint qu'une poignée de minutes à observer le paysage tout en remuant la tête au rythme de la musique choisit par son frère. Elle savait qu'Evan ne manquait pas de ressources et d'idée, alors son esprit ne pouvait s'empêcher de se tordre dans tous les sens pour deviner ce que son cadet avait en tête. Ce qui était vraiment loin d'être simple, même si Erin connaissait son frère par cœur, il parvenait toujours à la surprendre. « Mais n'essaye pas de me faire croire que tu as juste un petit déjeuner en tête. Je te connais, Evan, tu as toujours plus en tête. » Finit-elle par reprendre. Un petit déjeuner ensemble était déjà une très bonne perspective, surtout en sachant qu'Evan préférait la nature à la ville, il était facile pour la Serdaigle d'imaginer qu'ils se dirigeaient vers une sorte de parc. Tant qu’ils n’avaient pas besoin d’émoucher leur déjeuner toutes les cinq minutes, ça lui allait. Mais pour le reste, c'était impossible à deviner comme ça. A moins qu'elle n'arrive à obtenir quelques petites informations pour la mettre sur la bonne voie. « Allez, tu ne veux pas donner un petit indice à ta grande sœur préférée ? » De nouveau, la française se tourna vers son frère. Mais au lieu de lui servir un sourire amusé, elle ouvrit grand ses yeux bleus et s'efforça de se donner un air presque suppliant. Le type d'air auquel personne ne pouvait résister. Pas même son petit frère qui aimait par-dessus tout l'embêter. « Steuplaiiiit. » Elle battit des cils quelques secondes avant d'éclater de rire. Elle était ridicule, mais pour une fois ça faisait du bien de ne pas se prendre la tête.

Une voiture. De toutes les surprises qu’Evan aurait pu lui préparer -et Erin savait que son petit frère avait toujours l’esprit en ébullition pour ce genre de chose- la française n’aurait jamais pu deviner cela. Il fallait dire que même si le sang des Delacour était mêlé depuis de nombreuses générations, et qu’il n’était absolument pas dans l’objectif de la famille de changer ce fait, vivre à la moldue ce n’était pas leur truc. Oh, ils n’avaient rien contre les moldus, leurs manières de vivre ou leur société, loin de là, mais simplement ils étaient des sorciers et c’était infiniment plus simple de vivre ainsi. Ils avaient la magie pour leur faciliter les choses alors ils n’avaient aucune raison de s’en priver. Ainsi, si Erin avait toujours vécu en côtoyant ces deux mondes, elle devait avouer qu’elle maitrisait bien mieux les codes de celui des sorciers. Dans son éducation et ses habitudes, la magie avait toujours pris plus de place que la technologie. Ca ne voulait pas dire qu’elle n’était pas curieuse, ou ouverte d’esprit, les Delacour s’étaient toujours assuré que l’éducation de leurs enfants aille dans ce sens, mais elle était bien parmi les sorciers et n’avait pas vraiment de raison de s’en éloigner. C’était en fréquentant Balthazar qu’Erin avait repris réellement contact avec le monde moldu. Le Poufsouffle c’était appliqué à combler toutes ses lacunes et à lui présenter tout ce qu’elle ignorait. Si ses parents ne l’avaient jamais privé du monde sans magie, leur préférence pour la société sorcière avait tout de même laissé de nombreux blancs derrière elle. Erin savait qu’elle n’était pas la seule dans ce cas, son frère Evan avait eu la même éducation qu’elle. Alors voir qu’il s’était procuré une voiture pour la journée, c’était clairement une surprise qu’Erin n’avait pas vu venir. A la limite, elle aurait plus facilement imaginé qu’il l’embarque faire un tour sur un balai volant. La blonde connaissait l’amour de son cadet pour le Quidditch, mais les voitures moldues, même les modèles volants, c’était nouveau.

Surtout que ça voulait dire autre chose. Erin avait du mal à imaginer Evan lui préparer une telle surprise et puis lui laisser ensuite le volant pour que ce soit elle qui les conduise à destination. Ce qui voulait dire qu’Evan avait passé son permis. Une autre surprise qu’Erin n’aurait jamais pu deviner. L’espace d’une seconde ça la peina de savoir que son petit frère avait gardé ça secret, qu’elle n’avait pas pu être là pour l’aider à réviser ou l’encourager, mais sa peine fut rapidement remplacée par la fierté. C’était un bel accomplissement et elle était sincèrement contente pour le Poufsouffle. La Serdaigle s’efforça s’effacer rapidement la moindre pensée négative qui était apparue dans son esprit, ce n’était pas pour ça qu’elle était là aujourd’hui. Erin ne voulait pas se morfondre sur ses choix et les épreuves qu’elle était en train de vivre. Aujourd’hui elle était avec son frère et elle voulait juste profiter de sa présence, retrouver un temps un peu plus serein et joyeux. Ce qui commençait plutôt bien étant donné qu’à force de fanfaronner avec son permis tout neuf, Evan fit la même chose que tout jeune conducteur, il cala. Au moins, ça eut le mérite de faire rire Erin, même si elle s’appliqua à étouffer son hilarité pour assurer à son frère qu’elle était prête pour la suite. « Génial ! Parce que je te préviens, soeurette, je ne te ramène pas au château tant que cette chariotte a encore le feu sous le capot ! » La française eut un sourire. La joie de son frère était contagieuse et même si elle se posait de nombreuses questions quant à ce qu’il avait de prévu pour eux, elle était contente d’avoir accepté de passer cette journée en sa compagnie. Oh, elle aurait aimé avoir un peu plus d’information sur le programme, elle n’allait pas mentir, mais elle saurait faire avec. « Oh mais j’y compte bien ! » S’exclama-t-elle, comme pour souligner ce propos.

Ce n’était clairement pas dans les habitudes de la blonde de se laisser guider ainsi à l’aveugle mais c’était d’Evan dont il s’agissait. Son petit frère. Son compagnon de toujours. Il avait toujours été à ses côtés, il était celui qui lui avait sauvé la vie, qui portait son secret avec elle. Elle ne pouvait qu’avoir une confiance totale en lui. « Il est vrai qu'en tant que princesse héritière Delacour, miss Erin, vous devriez vous installer à vos aises et me laisser, moi, humble serviteur, accéder à toutes vos demandes même les plus capricieuses. » Un nouveau rire s’échappa des lèvres d’Erin en entendant le ton parfaitement faux de son frère. Princesse héritière, ce qu’il ne fallait pas entendre. Bon, il y avait sûrement un petit fond de vérité là-dedans étant donné que les finances des Delacour étaient plus que prospères, mais tout de même. Si elle était princesse héritière, alors lui était prince héritier, qu’il ne l’oublie pas. Quant à Evan, il n’avait jamais eu grand-chose d’un humble serviteur, plutôt d’un petit frère qui savait parfaitement se montrer enquiquinant avec sa grande sœur. Ce qui voulait dire qu’il replissait son rôle de cadet à la perfection. « Fais attention, frérot, je pourrais avoir envie d’en profiter. » Lui glissa-t-elle avec un sourire en coin. Distraitement, elle vint tapoter le tableau de bord de la voiture de ses ongles. « Dommage que cette voiture ne fasse pas le café ou des massages. » D’accord, elle exagérait, mais c’était trop tentant. Après tout, Evan venait de dire qu’elle pouvait faire des caprices. Bon, leur véhicule restait une voiture volante, niveau magie, Erin ne voyait pas ce qu’elle pouvait demander de plus. Elle trouvait que c’était déjà une assez grande prouesse comme ça. Elle n’allait pas pousser le bouchon plus loin Maurice en réclamant une machine à café intégrée. Même si ça aurait été grandement apprécié.

« Oulaaah ! » Au milieu de leurs rires, la voiture fit une embardée, rapidement maîtrisée par Evan. Heureusement, au milieu du ciel il n’y avait pas beaucoup d’obstacles alors même s’ils déviaient totalement de leur chemin, ce ne serait pas bien grave. Bien qu’un peu secouée, Erin adressa un sourire en coin à son cadet. « Rappelle-moi, ça fait combien de temps que tu l’as le permis ? » Lui demanda-t-elle, tout de même amusée. Elle l’embêtait, cela faisait un moment qu’ils n’avaient pas passé un moment si détendu rien que tous les deux alors elle en profitait complètement. S’il savait jouer les petits frères enquiquinant, elle savait aussi jouer les grandes sœurs agaçantes. Et curieuse aussi. Parce qu’Erin avait beau avoir accepter de laisser la direction de la journée à Evan, elle restait curieuse de savoir ce qu’il avait de prévu. Le Poufsouffle avait quelque chose en tête, pas juste un petit déjeuner, elle en était persuadée. Il n’avait pas besoin de faire sa tête d’innocent. « Je ne vois absolument pas ce à quoi tu veux faire allusion, petite sœur. Nous allons prendre le petit déjeuner dans un superbe endroit secret et merveilleux. » Erin roula des yeux. Son frère jouait avec elle, ça aurait dû être interdit ça. En plus, il en rajoutait des tonnes et il savait parfaitement que ça n’allait que la rendre plus curieuse. Evan connaissait bien sa sœur, il était habitué à son côté maniaque du contrôle, et il en profitait amplement. « Tu sais, c’est mal de piquer ma curiosité comme ça ! » Rétorqua la blonde en plissant le nez en direction de son petit frère. « Je te ferai la même chose à Noël quand tu me supplieras de t’en dire plus sur ton cadeau ! » Voilà, elle trouverait le moyen de se venger et se serait à son tour de chercher vainement des informations. Elle n’allait certainement pas oublier les offenses du jour de son frère, même s’il s’appliquait à jouer les innocents. « Et puis, pourtant toi plus que quiconque tu devrais le savoir : je ne pense jamais moi. Nope, pas le genre de la maison. C'est toi la Serdaigle, ne l'oublie pas. » Malgré sa fausse irritation, un rire s’échappa des lèvres d’Erin. Ah, il n’y avait bien qu’Evan pour lui sortir ce genre de chose. « Vu comme ça, je ne sais pas si c’est très rassurant. » Souligna-t-elle. Malgré tout, elle savait que son frère exagérait, et qu’il avait sûrement tout prévu de A à Z.

Bon, il n’avait certainement pas prévu de les balloter dans tous les sens à bord de sa voiture volante mais bon, Erin voulait bien laisser passer. Il fallait dire que la française avait plus important en tête : elle voulait découvrir où son frère l’emmenait et ce qu’il avait prévu pour eux. Bref, elle voulait tout savoir. Ou ne serait-ce qu’avoir quelques indices. Pour faire bonne mesure, et essayer de motiver un peu son frère, Erin alla jusqu’à battre des cils. « C’est donc cette tête là que tu sers à tes professeurs pour obtenir à chaque fois les meilleures notes de ta promo ? Et bah bravo ! Promis sœurette, je ne balancerai pas ton secret à nos parents. » Qu’il se moquait ! Oh et en plus il osait lui tirer la langue. Si Erin fut un instant perturbée quand Evan mentionna qu’il ne balancerait pas son secret à leurs parents, elle s’efforça de ne rien en montrer. Elle savait bien qu’il ne trahirait pas ses secrets, depuis juillet il gardait le plus dévastateur d’entre tous et elle était bien consciente du poids que cela lui ajoutait sur les épaules. Mais ils n’étaient pas là pour songer à ça aujourd’hui alors elle s’appliqua à éloigner ces pensées parasites et plaqua un sourire sur ses lèvres. « Eh oh, ne parle pas comme ça de ma tête, c’est ce qu’il y a à l’intérieur qui me permet d’avoir les meilleures notes de ma promo. » Argua-t-elle en filant une tape sur le bras de son petit frère. Quand même, elle ne passait pas des heures et des heures à la bibliothèque pour qu’il affirme qu’elle avait des bonnes notes que grâce à son joli minois. « Rien que pour ça, je devrais te faire ingurgiter les tonnes de parchemin de cours que j’apprends. » En voilà une bonne idée. Bon, les faire avaler à son frère ça paraissait compliqué, Erin n’était pas vraiment connue pour sa force physique. Mais peut-être qu’elle pourrait les ensorceler pour qu’ils suivent Evan partout, ça lui ferait les pieds. A la pensée d’Evan se faisant harceler par des centaines de parchemins, Erin eut un léger rire. Peut-être une fois les examens passés.

Le cerveau en ébullition, Erin cherchait comment pousser son frère à parler. D’accord, elle aurait pu tout simplement attendre d’être arrivée à destination, mais c’était plus fort qu’elle. Elle avait envie de savoir, et avoir Evan qui piquait à curiosité et s’en amusait juste à côté n’était pas pour l’aider à accepter son sort sans rien dire. « Bon, puisque tu ne veux même pas donner d’indice à ta grande sœur adorée » elle insista bien sur ce dernier mot « je vais essayer de deviner ! » Comme ça au moins elle ne resterait pas sans rien faire. Se déplacer dans une voiture volante aidait bien, l’horizon s’étalait devant eux et Erin pouvait au moins voir où ils se dirigeaient. Elle se redressa sur son siège pour examiner le paysage autour d’eux. Son regard accrocha un bâtiment à l’air abandonné. « On va visiter un immeuble hanté ? » Demanda-t-elle avec un sourire en coin en direction de son frère. C’était bien l’impression que donnait l’endroit, de là où ils étaient il avait l’air recouvert de végétation. Et un peu digne d’un lieu de film d’horreur, pas l’idéal pour un pique-nique. Erin continua donc son exploration du paysage. Un peu plus loin, elle avisa les poteaux d’un terrain bien connu des sorciers. « On va faire du Quidditch ? » Evan était terriblement doué sur un balai, par contre elle, c’était une autre histoire… « Tu sais que je suis toujours aussi nulle en Quidditch, hein ? » Elle volait un peu, essentiellement pour aider Evan ou Balthazar à s’entrainer, mais ça s’arrêtait là. Le joueur de Quidditch de la famille, c’était clairement Evan. Elle continua ainsi quelques minutes, pointant du doigts différents endroits du paysage, faisant des hypothèses complètement tirées par les cheveux. Elle montra finalement un endroit où les arbres étaient particulièrement nombreux « On peut faire une randonnée aussi, non ? » Un peu plus classique comme supposition, mais ça valait le coup d’essayer. A force de raconter des bêtises, Erin allait manquer d’inspiration, elle se tourna finalement vers Evan. « C’est une de ces options ? Tu me le dirais si j’approchais, hein ? » Elle battit à nouveau des cils, sait-on jamais, que ça fonctionne mieux la seconde fois.