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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages


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Please, have mercy on me ♱ Rachel & Sofiane (TW Torture) :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
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Dim 18 Juil - 3:49
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RACHEL &  @Sofiane Rasak


*Une eau glacée me fit soudainement ouvrir les yeux. Affaiblie par les injections du jour, mes yeux prennent un certain temps à s’adapter à la lumière blanchâtre du néon brillant au dessus de ma tête. Je distingue l’uniforme blanc des « infirmiers » du centre. Voilà quelques semaines, maintenant, que j’étais ici. Comme pour tous les autres, j’avais servi de rat de laboratoire. Difficile de décrire les choses face auxquelles j’avais dû faire face ici.

Ce n’était pourtant rien, face au mois précédent. S’était-il seulement déroulé un mois, ou une semaine ? Cela m’avait parut une éternité. Une éternité, à affronter seule un monstre qui avait l’apparence de personnes en qui j’avais confiance. Un monstre à plusieurs visages familiers, certains inconnus. Un monstre aux outils effrayants.

La dernière trace de ce monstre resterait sur mon corps pour le reste de mes jours. Mais j’ignorais combien de temps cela prendrait. Allais-je mourir ici ? Je ne voulais pas y croire. Je ne voulais pas mourir. Je ne devais pas mourir. Ici, il y avait tant d’âme en peine, d’enfants, dont l’esprit était détruit par ces jours et ces semaines d’expérimentation. Je ne pouvais pas les abandonner. Je ne le pouvais pas, car chaque fois que je voyais leur visage, leur yeux, leur regard, je visualisais les rires et les yeux de mes petits frères et soeurs. Ils étaient les êtres les plus précieux que j’avais eu. Ils étaient la raison pour laquelle je risquais un retour chez David et Ruth. Je n’osais même plus les appeler mes parents. Quel parent livrent ainsi leur fille à un centre douteux ?

Mais après tout, ils avaient regardé les prêtres, de notre paroisse et d’autres, torturer leur fille sous leur yeux. Rien ne pourrait être pire que cela. Rien n’aurait pu plus détruire mon esprit. Mais aujourd’hui, si mon corps avait perdu en force, mon esprit, lui, s’était renforcé. Parce qu’aujourd’hui, je ne luttais plus seulement pour moi-même. Je luttais pour d’autres. Je refusais de mourir là, et de laisser tout ceux que j’avais pu voir ici mourir. Je vivrais. Je vivrais, aussi longtemps qu’il le faudrait. Je survivrais, le temps de trouver un moyen de sortir d’ici ou d’être secouru. Et je continuerais à lutter contre ces expérimentations, à conter des histoires, sourire, caresser les cheveux et essuyer les larmes de ceux qui en auront besoin, dans ce petit dortoir de section où nous étions plusieurs. Je n’étais plus enchaînée, maintenant que j’étais privée de ma magie.

C’était d’ailleurs une sensation étrange. Il y avait, en moi, un vide terrible. Ce sérum m’affaiblissait, mais ce n’était pas cela qui me perturbait autant. Cette magie était une part de moi, celle que j’aimais probablement le plus. Une part de moi que j’avais appris à maîtriser, à contrôler, pour en faire des choses merveilleuses.

Mais face à moi, il n’y avait que des moldus, des humains, terrorisés de ce dont la magie était capable. C’est vrai, elle était capable du meilleur comme du pire. Mais les moldus n’étaient-ils pas, eux aussi, dans ce cas là ? D’une même invention, la poudre noirs, les Hommes avaient créés de merveilleuses fleurs lumineuses qui pouvaient orner le ciel, et les canons qui détruisaient la vie des siens. Sur internet, on pouvait récolter des milliers de dollars pour aider une personne et signer une pétition pour demander le suicide d’une autre. Chaque chose sur cette Terre, entre les mains des Hommes, trouvait son penchant sombre. Et c’était exactement ce à quoi je faisais face aujourd’hui.

Face à moi, aujourd’hui, se tenait un homme que je n’avais jamais vu. Son teint était halé, ses yeux clairs, sa tenue simple. L’infirmier, une fois assurée que j’étais réveillée, pris mon bras pour m’injecter une nouvelle dose de sérum, pendant que je tentais vainement de me débattre. C’était inutile, mes bras étaient solidement attaché à la chaise sur laquelle j’étais assise, tout comme ma taille et mes pieds.*

« Voilà, avec ça, essaies un peu de te défendre ou de te soigner, ma jolie. »

*L’infirmier éclatait d’un rire macabre, un sourire dominant sur son visage. A cet instant, dans son regard, je lisais tant la peur de la magie qui m’habitait que la jouissance qu’il avait à contrôler quelque chose qui le dépassait. Je ne dis rien, gardant ma salive pour la suite. L’infirmier s’en va, et en tournant la tête pour observer l’endroit où je me trouve, je constate qu’une vitre sans teint se trouve vers l’intérieur du bâtiment. Ces lâches n’avaient même pas le courage de rester dans la même pièce. Ou peut être souhaitaient-ils faire la démonstration des effets du sérum ?

Plusieurs jours plus tôt, avant que l’on ne m’injecte le sérum pour la première fois, j’avais laissé ma magie éclater pendant une torture. Elle n’avait pas pu faire grand chose : je ne maîtrisais pas la magie sans baguette. Mais j’avais réussi à projeter la personne qui s’occupait de moi à quelques mètres avec un flash aveuglant. Aujourd’hui, il ne me restait à peine assez de magie dans les veine pour me maintenir en vie. Oui, c’était sûrement cela qu’il voulait voir.

En relevant la tête vers le brun qui me faisait face, je savais que la suite du programme serait douloureux. Mais la douleur était temporaire. Mais la vie, elle, continuerait. L’espoir, lui, restait là. Cet espoir était ma force, celle qui me permettait de tendre la main à ceux qui étaient comme moi, celle qui me permettait d’observer, en silence pour l’instant, celui qui n’avait probablement aucun but, si ce n’est me faire du mal. Dans ce silence pesant et terrifiant, je maintenais un regard droit et fier. Pourtant, bientôt, je le savais bien, mes yeux clairs seraient brillants de larmes.*

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Sofiane Rasak
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Rachel & Sofiane || Septembre 2019 - Salle de torture, QG du BC
« Rasak ! » Sofiane lève les yeux vers son supérieur alors qu’il est en train de démonter son arme pour la nettoyer. Chaque élément est rangé méthodiquement sur la table et le jeune syrien s’arrête quelques instants pour écouter ce qu’il a à lui dire sans ne prononcer un seul mot. « Ryder est HS, les cobayes vous attendent. » Sofiane acquiesce tout en gardant le silence. Il n’est pas du genre avare de mots, il ne l’a jamais été. Un sourire s’installe sur son visage en repensant à la manière dont son supérieur évoque le décès de Ryder en mission. HS. Quel homme sympathique. Tout autant que Sofiane. Celui-ci est plutôt du genre solitaire. Cela fait six mois depuis son intronisation dans le Blood Circle et ne s’est pas vraiment intégré. Il est toujours aussi proche d’Ambrose, c’est lui qui l’a recruté alors qu’ils étaient dans la même cellule en prison. Il a tissé quelques liens avec la famille Rosebury par le biais de Charly mais cela reste très pauvre. Et il s’en fiche car pour le moment, il a ce dont il a besoin avec Ambrose. Le reste lui semble bien dérisoire.

Lorsqu’il a intégré le Blood Circle, avec la farouche envie d’apporter sa pierre à l’édifice, il a énoncé son expérience, sa formation militaire, le fait qu’il sache faire ce que personne n’aime faire. Les tâches ingrates, les petites mains qui agissent dans l’ombre et dont personne ne veut avoir à faire : ceux qui torturent, ceux qui tuent, ceux qui font disparaître les corps. Sofiane est spécialiste dans ce domaine, il connaît le maniement des armes à feu et des armes blanches, il connaît les techniques d’interrogatoire brutales. Le pire dans tout cela, c’est qu’il ne ressent rien lorsqu’il « s’occupe » de ses cobayes. Il fait ce qu’il faut, sans réfléchir, parce qu’il est persuadé que c’est ce qu’il doit faire. Aujourd’hui est une journée comme les autres, donc un soir de violence. Sofiane se complait dans ce rôle morbide dans lequel il trouve satisfaction et plénitude. Cela le calme, cela l’apaise de voir du sang sur ses mains, de voir sa lame s’enfoncer dans la chair de l’autre. Il a l’impression de servir à quelque chose, d’assouvir ses sombres desseins et de participer à quelque chose de plus grand encore. Il avait besoin de se raccrocher à quelque chose, il avait besoin de se trouver un but après plus de dix ans dans l’armée à servir pour un pays dans lequel il ne croyait plus.

Sofiane termine de nettoyer son arme et la remonte tranquillement avant de le ranger dans l’étui sanglé à sa ceinture. Sofiane n’a pas le droit de posséder une arme mais étrangement, on ne lui a jamais posé de questions, tant qu’il fait ce qu’on lui demande, le Blood Circle ferme les yeux sur le reste. Il passe à son casier et récupère une mallette dont le contenu est précieusement entretenu. Calmement, sereinement, Sofiane s’enfonce dans les couloirs sombres du manoir, déambulant en ses lieux comme s’il en est le maître ; il est à l’aise dans cette ambiance lugubre où se mêlent les religieuses, les hommes d’église, les infirmiers et infirmières du Blood Circle. Les Terry sont des fanatiques adorant un culte dans lequel Sofiane ne croit absolument pas ; mais c’est eux qui ont l’argent, qui ont les financements. L’ancien militaire est quelqu’un de pragmatique ; des expériences comme celles qui sont menées ici nécessitent du personnel, du matériel et des moyens. Ce sont les Terry qui fournissent, voilà tout. Sofiane accepte leurs conditions parce qu’ils lui permettent d’assouvir ses besoins et ses pulsions en toute impunité. Blesser, faire souffrir, tuer quelqu’un qui le mérite, voilà ce qui permet à Sofiane de retrouver un peu d’apaisement. Tout ce qui lui fait du bien, il prend. Sans hésiter. Peu importe les conséquences. Et au-delà de tout cela, le fait de travailler pour le Blood Circle offre une sécurité, il est protégé pour ce qu’il fait et aucune autre organisation ne pourrait lui offrir cela. Même l’armée. Il s’est fait virer pour insubordination à cause de son impertinence et de sa désobéissance.

Sofiane se rend dans l’une des cellules qu’on lui a indiqué. Il consulte rapidement les rapports des précédentes expériences menées sur cette jeune adolescente. Un des infirmiers lui explique qu’il est sur le point d’administrer au sujet 1082 une nouvelle dose du sérum. Sofiane acquiesce. L’homme le regarde du coin de l’œil et détourne le regard lorsque Sofiane se tourne vers lui. Sofiane inspire la peur chez les gens ; une force tranquille, un regard ténébreux, une âme brisée. Cela n’est pas forcément perceptible tout de suite, la personnalité de Sofiane, aussi étrange soit-elle, n’est pas toujours visible au premier abord. Mais les gens se rendent vite compte que quelque chose cloche. Sofiane ne s’en formalise pas, il est comme ça, point barre. Les autres n’ont qu’à crever la bouche ouverte.

Les deux hommes pénètrent dans la pièce, les yeux de Sofiane mettent un certain temps à s’habituer à la lumière désagréable du néon qui sautille avant d’apercevoir une femme brune. Enfin, une jeune fille plutôt. Que ce soit qu’une enfant n’a aucune importance pour Sofiane, peu importe l’âge, du moment qu’elle a du sang sorcier dans les veines, elle devient son ennemi. Quand Sofiane a appris l’existence de la magie par le biais d’Ambrose, il a tout de suite su que c’était son nouveau combat. Pas parce qu’il a peur de la magie, pas parce qu’il a peur des sorciers. Simplement parce qu’il les hait pour ce qu’ils ont fait à Ambrose, c’est la seule raison, c’est l’unique raison. Il regarde l’infirmier lui injecter le sérum et les yeux de la future victime viennent scruter la carcasse de Sofiane. Il ne s’en formalise pas, qu’elle le regarde. Bientôt, elle n’osera plus. Comme les autres.

L’homme lance une remarque acerbe et Sofiane lève les yeux au ciel. D’accord. C’est un bouffon. Qu’il est drôle. Sofiane s’attarde davantage sur l’adolescente qui est devant lui et s’approche d’elle doucement tandis que l’infirmier sort enfin de la pièce. Sofiane n’aime pas être regardé. Non pas que cela le dérange qu’on l’observe torturer quelqu’un, ça non, mais il n’apprécie pas qu’on vienne le déranger ou intervenir dans ce qu’il est en train de faire. Il veut que cela se passe selon ses règles, sa manière de faire. Qu’on le laisse exprimer sa folie. Sans état d’âme. Le silence enveloppe les deux compagnons comme un linceul mais si celui-ci est rassurant pour Sofiane, il est probablement pesant pour la victime. Sofiane attire à lui une vieille table à roulette qui devait auparavant avoir une autre utilité et il y dépose sa mallette qu’il ouvre. À l’intérieur, un assortiment de couteau et de lames de différentes longueurs et d’autres instruments dont elle ne préfère peut-être pas connaître le nom. « On commence par quoi ? On a l’embarras du choix. » C’est la spécialité de Sofiane, banaliser les choses. Car pour lui, tout cela est normal et ne fait que répondre aux besoins urgents de comprendre comment les sorciers fonctionnent dans le but de trouver la meilleure parade. Elle ne le sait pas encore, mais elle ne sortira pas indemne de cette séance de torture. Les précédents semblent l’avoir épargnée, Sofiane ne décèle que peu de traces visibles sur son corps frêle. Il faut que cela change et apposer sa marque sur sa peau lui apportera une satisfaction indescriptible.
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Anagapesis (n.) no longer feeling any affection for someone you loved ; falling out of love

*Le regard, le coeur et l’esprit se vide. Tout disparait de ces yeux azurs, autrefois pourtant empli de douceur, d’amour et d’espoir. L’Homme n’est pas pleinement bon. C’est à 15 ans que je l’avais découvert. Un mois avant mon seizième anniversaire, tout avait basculé. Un simple coup, voilà ce qui ne laissait rien présager de bon. Ce qui m’avait valu ce coup ? De simples histoires. La présentation de la vie que je menais, des choses que j’avais apprise, du monde dans lequel je vivais à présent. Un monde que David et Ruth White ne supportait pas.

Ils ne supportaient pas l’existence de la magie, la dédaignait, comme on regardait autrefois les progrès de la science. Lorsqu’il ne comprend pas, lorsqu’il observe chez l’autre une capacité qu’il ne possède pas, l’homme prend peur. Cela, je l’avais très rapidement compris lors de mes cours d’histoire de la magie. L’Homme avait inventé les religions pour comprendre ce qu’il ne pouvait pas expliquer, et les religions avaient refusé l’existence des choses qu’elle ne pouvait pas contrôler. Je le savais, bien sûr.

Mais comment aurais-je pu véritablement comprendre cette leçon, celle de ce que la peur était capable de faire faire à l’homme ? C’était pourtant bien à cause d’elle que je me trouvais dans cet immense manoir, assise, sur cette chaise, une seringue dans mon bras couvert de bleu, de par toutes les injections que l’on avait faite sans y prêter attention. Pourquoi faire, après tout ? Nous n’étions que des sorciers. Pour certains, des suppôts de satan. Pour d’autres, de simples erreurs de la nature, qu’ils souhaitaient effacer de la surface de la planète.

Et pourtant, ici, et même si mon corps était toujours aussi faible, mon esprit, lui, s’était renforcé. Là où mon coeur n’avait pas su se construire une carapace en observant les deux êtres qui m’avaient donné là vie pendant que d’autre détruisaient ce corps qu’ils m’avaient donné, il était aujourd’hui ouvert, palpitant, brûlant, débordant d’espoir, d’envie de vivre. Je ne voulais pas mourir, pas ici, pas comme ça. Je ne pouvais pas mourir. Pas depuis que j’avais découvert ces visages, ces regards d’enfants, parqués dans le même dortoir que moi -une petite pièce avec à peine quelques matelas de l’épaisseur d’un livre pour nous séparer du sol la nuit.

C’était cela, ma force. C’était ainsi que j’affrontais chaque nouvelle journée, quand tout autour de nous aurait pu nous faire tomber petit à petit dans la folie. Garder un semblant de normalité, voilà ce que je voulais faire. Créer un cocon où les plus fragiles pouvaient se reposer. Certains n’avaient même pas 11 ans, savaient à peine qu’ils étaient sorciers, et, à fiortiori, ne savait rien de l’univers magique dont ils avaient seulement vaguement entendu parlé, pour les plus chanceux. Alors, moi, je m’attelais à leur raconter ce que je connaissais, comme je le racontais à mes frères et soeurs avant eux, en secret aussi. J’avais appris tant d’histoire en cinq années que je savais que je pourrais leur en raconter de nouvelles à foison, ressortir des informations que j’avais lu il y a 3 ou 4 ans, dans un vieux livre poussiéreux de la bibliothèque de Poudlard. Poudlard qui me manquait tant. Poudlard dont je parlais si souvent, en décrivant toutes les merveilles, racontant toutes les anecdotes. Lorsque je m’étais perdu avec Sarah, à cause des escaliers trop capricieux en première année, le cours de sortilège où Skyler avait fait exploser sa plume au lieu de la faire flotter, celui de botanique où des garçons avaient voulu faire les fiers et s’étaient évanouis à cause du chant des mandragores… Ah des histoires, il y en avait beaucoup.

Chaque mots qui sortaient de ma bouche semblait créer une brèche, comme un monde voisin de celui dans lequel nous étions, une bulle dans laquelle nous quittions notre cellule froide. Les regards s’éveillaient, les esprits se sortaient de leur torpeur. Il y avait parfois quelques crises de larme, mais la tendresse et les mots savaient si ce n’était calmer, au moins apaiser un peu les souffrances de l’esprit. La magie, dans un premier temps, avait même pu aider à soulager les pires douleurs physiques. Mais aujourd’hui, privée de ma magie, je n’en étais plus capable. Je n’avais plus que ma voix et mes souvenirs pour aider les autres. Enfin… Ma voix, et celle de Dean. Dean avait presque un an de plus que moi. Son père était anglais, mais sa mère française. Il était un sang-mêlé, et étudiait à Beaux Baton. Il était venu voir son père, qui avait été matraquée par sa nouvelle femme, et envoyé son fils jusqu’ici. Sa voix était plus grave que la mienne. Il nous répétait souvent qu’il faisait beaucoup de guitare, quand il était petit. Il avait continué à en faire à l’école de magie, et tout le monde l’y regardait bizarrement. Si je racontais les histoires, lui, chantait des chansons, ou parlait de ses propres expériences. Parfois, nous avions des discussions sur les différences de nos écoles, sur nos professeurs, et les autres nous écoutaient, avec attention, se mêlant parfois à la discussion. Dans cette pièce aux murs nus, faite d’une pierre grise et froide, vêtus tous des mêmes vêtements, comme un uniforme de prisonniers, nous pouvions redevenir des enfants, des adolescents, échangeant en tentant d’oublier la douleur, la faim et la soif, mais surtout, d’ignorer la peur, d’être le suivant qui franchira cette porte.

Hier, lorsque j’avais été jeté dans cette pièce, la nuit était déjà tombé. L’hiver était bien là, et plongeait le monde dans la pénombre à des heures précoces. Pour la première fois de ma vie, tout mon corps se trouvait privé de magie. Je me sentais entièrement vide, et ce soir là, Dean s’était occupé des autres, avant de simplement me serrer contre lui, pour tenter de nous réchauffer, et de me transmettre, peut être, un peu de sa magie. Mais rien n’y avait fait. Ce vide en moi était resté désert, et m’avait provoqué une angoisse jamais égalée.

Ce matin, j’étais encore faible lorsqu’ils étaient venus me chercher. Dean avait tenté de protester, demandant même à prendre ma place, mais il avait été balancé à l’intérieur de la pièce, pendant que je m’étais contenté de lui sourire, avec un regard qui veut dire « tout va bien, je reviens ». Je devais revenir. Je ne pouvais pas simplement rester là, mourir ici, sur cette chaise.

Peu importait le regard de l’homme face à moi. Il semblait plein de haine, et d’une sorte… D’excitation malsaine. Il n’était pourtant pas le premier à sortir ainsi des engins de torture. Mais il était le premier à avoir l’air d’y prendre autant de plaisir. Certains faisaient ça par peur, par haine, par désir de « supprimer » la magie de mon corps. Mais dans ce regard sombre, je ne voyais rien de tout cela. Il n’y avait que l’envie de blesser. Alors, si mon regard se fait droit et fier quand l’infirmier quitte la pièce, dès ses premiers mots, et en voyant la silhouette de ce qui se profilait sur cette table, mon esprit, mon coeur, et mon regard se vide.

Je reste muette, et je l’observe, en mettant mon esprit en off. Ne pas penser, ne pas réfléchir. L’espoir, toujours l’espoir. Voilà ce qu’il me fallait. Je n’avais plus que ma voix pour hurler et mes yeux pour pleurer, mais cela me suffirait, amplement. J’espérais seulement ne pas faire trop peur en revenant dans cette cellule. Les soins que l’on nous appliquait ici était plus que limité. Ils préféraient ne pas perdre leur sujet d’expérience, mais dans le pire des cas, ils en avaient assez en réserve pour tolérer quelques pertes. Mais je ne ferais pas partie des pertes. Non, moi, je vivrais. Je leur prouverais que la magie était plus que quelques tours de passe-passe et des potions. La magie n’était pas que ce n’était pas simplement ces phénomènes que la science n’expliquait pas. C’était tout un monde, un espoir, une vie. Et je me raccrocherais à cela, et à tout ce que j’avais, pour passer outre, pour survivre, pour passer les mois.

[Le plus difficile avait été fait, Rachel. Ca ne pourra pas être vraiment pire que de voir David et Ruth ne pas bouger le petit doigt. Dean, Michel, Amanda et tous les autres t’attendent. Tu dois encore leur parler de la clairière, du ruisseau, des phoenix, du vol, des compétitions de Quidditch… Tu es une Gryffondor. Alors, fermes les yeux, et supportes.]

*Alors, je ferme les yeux. Pas pour provoquer l’homme qui me fait face, mais plutôt pour me voiler la face, ne pas affronter la peur et la douleur en face, pour ne pas regarder la peine dans les yeux quand elle me touchera.*

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Sofiane Rasak
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Si Sofiane est apprécié par les dirigeants du Blood Circle, c’est typiquement pour ce qu’il est capable de faire et ce qu’il sait faire. Une organisation telle que celle du cercle, qui a des idéaux et qui souhaite changer le monde ne peut pas le faire uniquement de manière pacifiste. Alors même si les représentants tentent de recouvrir le tableau d’un joli drap de soie, la vérité en est tout autre et sous la belle image qu’ils tentent de se construire, il y a des rafles, des enlèvements, il y a des cellules remplies d’enfants, d’adolescents et d’adultes ayant manifestés une once de magie. Certains sont là parce qu’on les a pris sur le fait et qu’ils ont été imprudents, utilisant leurs pouvoirs abominables de manière intrépide sans réfléchir -preuve si cela n’en est pas une de leurs stupidités et de leur caractère inférieur-. D’autres, comme numéro 1082, ont simplement une famille avec un peu de bon sens. Les dénonciations, c’est bien un tiers des prisonniers. Certains pensent venir visiter un beau manoir et se retrouvent au fin fond d’une cellule insalubre ; voilà la triste vérité, voilà les méthodes du Blood Circle. Méthodes que Sofiane approuve totalement. La phrase qui définit ce qu’il fait est une maxime bien connue : la fin justifie les moyens. Et Sofiane ne rêve que de ça, de l’éradication des sorciers, de cette race inférieure, si en retard dans bien des domaines et qui s’estiment chanceuse d’avoir été doté d’une magie digne de Satan. Sofiane ne croit pas en dieu, encore moins au diable, mais si jamais il devait choisir, il imagine qu’il a été touché par la grâce divine dans le but d’accomplir ses sombres desseins et nettoyer la terre des horreurs qui la peuplent.

Mais ces horreurs sont fortes. Organisées. Malignes. Au Blood Circle de l’être davantage. Sofiane conçoit que pour se battre à armes égales, il faut d’abord être en capacité de les comprendre, comprendre comment ils fonctionnent, comprendre comment on peut les contrer avec la technologie. Bien évidemment, la chance du cercle, c’est sa richesse. La famille Terry est une grande famille, une famille avec des moyens importants et si Sofiane est là aujourd’hui, c’est aussi parce qu’ils ont la capacité de rendre toutes ces expériences possibles. Ils payent, il fait le sale boulot. Lui et d’autres comme Ambrose. Il n’est pas le seul mais étrangement, ces tâches non reluisantes n’enchantent pas grand monde. Il faut probablement être dérangé pour s’y conformer, mais cela ne dérange nullement le jeune syrien. Ce qu’il va faire à 1082, il l’a déjà fait à l’armée ; faire parler les opposants, sous réserve de la légitime défense ou de l’intérêt national alors qu’il ne s’agissait en réalité que de torture pure et gratuite. Au moins, aujourd’hui, celle-ci a un véritable intérêt ; si Sofiane prend plaisir, au moins cela est utile à la cause. Les scientifiques et chercheurs ont développé un sérum qui contre l’effet de leur magie et le but est de savoir combien de temps celui-ci peut faire effet. Il a déjà eu des résultats partiels avec d’autres victimes ; la magie pouvait alors disparaître entre 10 min à 5 heures. Mais ce ne sont que des résultats encore trop aléatoires.

Sofiane observe l’infirmier injecter la nouvelle version du sérum à la jeune femme et il attend un peu avant de dévoiler son attirail. Il observe la réaction de 1082 et celle-ci le surprend. D’ordinaire, la plupart des cobayes ne peuvent pas s’empêcher de regarder. Voir ce qui va leur arriver. Ils veulent négocier, ils veulent implorer la pitié, ils veulent supplier de ne pas leur faire de mal. Ils veulent savoir ce qui les attendent. 1082, elle, ferme les yeux. Peut-être espère-t-elle que cela va atténuer la douleur, que cela endormira ses sens et lui permettra d’avoir moins mal. Sofiane le refuse. Elle doit avoir mal. Très mal. Il faut voir si sa magie va la sauver. Si sa magie va s’extraire de son corps pour venir la secourir. Ce qui était souvent le cas lors des premières séances avec les précédents sujets d’expérience, lorsque le sérum n’était pas encore au point. La douleur était si grande, si fulgurante, que le mal sortait alors d’eux par le biais d’un ras-de-marrée magique qui venait alors tout détruire sur son passage. Sofiane a déjà reçu cette vague de magie, celle qui a l’effet d’une balle, qui cloue au mur. Normalement, avec 1082, il n’y a pas de risque pour le moment. Elle vient d’avoir le sérum. La question est la suivante : combien de temps cela va-t-il durer ? Sofiane n’en sait rien mais il est prêt à le découvrir alors qu’il attrape le premier scalpel, le plus petit. Autant y aller crescendo, qu’elle sente la souffrance monter peu à peu en elle. Les quelques mots prononcés par Sofiane ne font pas réagir la jeune femme qui se mure dans un silence. Très bien, cela ne dérange pas l’ancien militaire même s’il préférerait qu’elle hurle bientôt. Qu’elle le supplie d’arrêter, qu’il y trouve son intérêt. Il s’accroupit auprès d’elle et relève durement son visage baissé pour mieux la regarder. D’un geste lent, très lent, la lame vient se planter dans son bras, remontant du poignet jusqu’à l’épaule. Le sang coule rapidement mais Sofiane ne fait qu’effleurer la surface de la peau, la douleur n’est pour le moment que superficielle. Très supportable. Sofiane tourne autour de 1082 et sans crier garde, son poing vient s’abattre avec une violence sans nom sur son buste. La chaise sur laquelle elle est assise bascule sur le sol avec elle. Avec brusquerie, Sofiane attrape son bras déjà sali par l’hémoglobine et appuie fortement dessus ; il tire pour la redresser et la revoilà assise. Il s’accroupit à nouveau devant elle et regarde son visage dans l’espoir de voir dans ses yeux ce qu’il y cherche depuis tout à l’heure : la peur, l’angoisse, le désespoir. Il veut qu’elle pleure, qu’elle se pisse dessus, il veut jouir de sa souffrance et de sa détresse.
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RACHEL &  @Sofiane Rasak


When all those shadows almost killed your light
But all that's dead and gone and passed tonight

Just close your eyes
The sun is going down
You'll be alright
No one can hurt you now
Come morning light
You and I'll be safe and sound

*Un numéro. Voilà ce que j’étais devenue. Ce que nous étions tous. Des sujets d’expérience. Des rats de laboratoire, pour qui on se fichait de la douleur eprouvé. Je me souvenais de ces cours, où on nous avait appris que les vilains nazis avaient enfermé, tué et torturé des personnes pour leur naissance, pour ce qu’elles étaient, ceux qu’elles aimaient. J'avais trouvé ça inhumain, alors. Nous avions tous étudié cette période sombre de l’histoire. Tacitement, il y avait un “plus jamais” qui avait grandi de ces horreurs.

Et pourtant, ce soir (ou était-ce le matin ? Ou l’après-midi ? Difficile à dire…), j’étais là, un simple numéro, prête à souffrir pour ce que j’étais, pour cette magie en moi. Je ne comprenais pas comment on pouvait haïr à ce point. Haïr quelque chose d’aussi merveilleux. Était-ce la jalousie de ne pas pouvoir l’utiliser ? Uniquement une peur de ne pas contrôler cette puissance qui saurait détruire toute vie sur Terre ? N’était-il pas stupide d’imaginer cela, alors que la magie avait toujours existé, en secret ? Si les sorciers avaient voulu le contrôle sur la société, réduire les moldus en esclavagisme, voilà bien longtemps que les moldus ne seraient plus que de dociles esclaves, contraint par la magie. Pourquoi les sorciers auraient-ils laissés les moldus développer leur technologie si, réellement, c’était le contrôle qu’ils cherchaient ? C’était stupide, irréfléchi. Une phobie peut être plus qu’une crainte.


Je tente de calmer mon esprit échauffée par la crainte. Les enfants n’avaient pas besoin de lire dans mes yeux, bien au contraire. Je devais être rassurante, leur bouée dans un océan de peur et de désespoir. Je ne pouvais pas me laisser abattre. Alors je me repetais cette phrase, encore et encore.


“Tu es une Gryffondor, les Gryffondor n’ont peur de rien, fais honneur à ta maison.”


Et c’est ainsi que l’homme devant moi me trouvait. Les yeux fermés, dans une espèce de méditation pour rester aussi calme que possible. Je suis, de toute façons, sans défense. Le sérum me privait de toute la magie qui existait en moi, et je n’avais pas besoin de souffrir pour le savoir. Je ressentais cet immense vide en moi, qui ne pouvait être comblé que par cet incroyable sentiment de plénitude que je ressentais avec la magie. Mais pour eux, il fallait que je souffre.

Et cela, je le devine dans le regard sombre de l’homme qui vient d’attraper mon menton pour me forcer à le regarder. Je soutiens difficilement son regard. Il est empli d’une haine intense, et d’un désir malsain que je devinais être celui de ma souffrance. Pourtant, si je déglutis, je tente encore de rester assez neutre. Pourtant, au fond de mes pupilles naît cette peur qui me tord les entrailles. Je sais bien que je ne repartirai pas de cette pièce intacte.

Il me le prouve, en s’emparant d’un scalpel, qu’il fait remonter lentement le long de mon bras. Cette taillade me tire une légère grimace, mais c’est encore supportable. La douleur du fer chaud me hante encore, et mon cœur s’accélère dans ma poitrine en sentant la cicatrice se mettre à pulser. Et puis, il se releve, tourne autour de moi comme un lion autour d’une proie impuissante, attendant le coup fatal.

Mais son prochain coup n’est pas fatal. Le suivant ne le sera pas, ni aucun d’entre eux. Je ne me laisserais pas mourir ainsi. Pourtant, la puissance de son poing me coupe le souffle et me tire cette fois un léger gémissement. Le mouvement fait basculer la chaise sur laquelle je suis attachée, et je me claque violemment la tête sur le sol. Mais je n’ai pas le temps de réfléchir plus que déjà, brusquement, il attrape le bras qu’il a blessé un instant plus tôt pour me tirer vivement et redresser la chaise. Nouveau gémissement de douleur.

Cette fois, dans mes yeux, mon tortionnaire peut lire bien des choses. La peur bien sûr. Mais aussi une determination à toute épreuve. Il pourra briser mon corps, mais pas mon esprit, pas mon espoir. L’espoir d’être secourue. Je n’étais plus seule, et je savais que, non seulement nous pourrions nous épauler les uns les autres, mais aussi et surtout, qu’il y ait plus de chance que l’on nous retrouve dans un tel endroit, avec autant de monde et moyen. Les moldus n’avaient pas la magie pour dissimuler des choses à l’oeil humain, et j’étais certaine qu’on finirait par nous trouver.

C’est tout cela qui se lit dans mon regard, alors que, déjà, je sens mes cheveux se couvrir d’un liquide poisseux, épais et chaud. Sur ma tempe, quelques perles d’elixir de vie dessinent des traînées rouges et morbides le long de ma peau. Mais je sais que ce n’est que le début. Et je sais aussi que rien ne pourra arrêter ce moment. Peu importe ce que je pouvais dire ou faire. Il fallait seulement que j’encaisse et que je survive. Je ne veux pas provoquer inutilement mon tortionaire, alors je me contente de finalement baisser le regard, et de simplement attendre la suite, en sachant que le prochain coup était celui qui m’arracherait probablement mon premier cri. Les plaies étaient maintenant ouvertes, mon sang avait déjà tâché mon bras, la chaise, le sol, sa main et mon crâne. Mais ce n’était que le début. Du sang coulerait aujourd’hui. Beaucoup de sang. Et tout ce que j’espérais, au fond de moi, était qu’il me passerait au moins à l’eau pour ne pas que les enfants aient à voir tout ce sang.*

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Depuis l’arrivée de Sofiane au Blood Circle, il en avait vu passer des sujets d’expérience. Étrangement, parmi les membres de l’organisation, peu sont ceux qui apprécient les tâches peu reluisantes qui consistent à tirer les vers du nez (pour le dire joliment) aux sorciers capturés. Il s’agissait parfois uniquement d’attendre un peu, de les laisser sans manger et sans boire pendant quelques jours pour que ceux-ci se mettent à parler. Ces pratiques, bien qu’illégales, étaient déjà passées sous silence lorsqu’il travaillait comme militaire et Sofiane était encore une fois un de ceux à qui l’on confiait ce type de mission. Peut-être parce qu’il se fichait bien du mal qu’il pouvait infliger aux autres tant que cela lui permettait de satisfaire son besoin irrépressible de soins, de souffrance, de douleur infligés à l’autre. Alors lorsque l’un des représentants du Blood Circle avait demandé au jeune syrien s’il souhaitait faire partie de l’équipe spéciale qui s’occuperait des nouveaux enlevés, Sofiane n’a pas hésité un seul instant, trouvant dans cette nouvelle mission un tendre réconfort. Après tout, au sein de l’organisation, il n’avait pas vraiment réussi à se faire sa place, n’étant proche que d’Ambrose et de Charly, n’ayant finalement que peu de contacts avec les autres, malgré l’envie profonde des dirigeants pour que les membres face « corps », Sofiane ne s’est senti à sa place qu’à partir du moment où on lui a donné un « travail ». Et ce travail consiste en ce moment à briser les sorciers capturés, les emmener jusqu’au point de rupture, jusqu’au moment où leur décadence serait enfin visible aux yeux de tous. Sofiane s’avoue fasciner par cette magie qui s’exprime dans ces moments là tout comme il la redoute. Cette explosion magique montrait à quel point ces pourritures ne maîtrisaient rien et ne pouvaient contrôler alors comment pouvaient-ils espérer que les hommes ne leur fassent rien ? Après tout, ils étaient dangereux. Sofiane avait entendu l’histoire d’Ambrose puis celle de Charly des dizaines et des dizaines de fois et cela n’avait fait qu’accentuer sa haine et sa colère envers ces monstres de Satan.

Aujourd’hui, c’était le tour de 1082 de faire la connaissance du jeune Rasak. Sofiane ressent une pointe d’excitation à la découverte de la silhouette féminine assise sur la chaise. Peu importe le sexe, peu importe l’âge, rien n’est plus jouissif pour Sofiane de rencontrer une de ses nouvelles victimes ; 1082 est nouvelle mais Sofiane espère qu’elle craindra bientôt ses venues, millimétrées comme du papier à musique. Toujours la même heure, toujours le même jour. Même si pour eux, au bout d’un moment, les heures et les jours se confondent. Mais étrangement, il y avait toujours une partie de leur cerveau, sûrement celle inconsciente qui en venait à savoir et à redouter son arrivée. Cela faisait partie du processus de torture psychologique et Sofiane s’évertue à ce que ses victimes aient bien toutes les cartes en main pour le craindre plus que de raison. Cette fille ne serait pas bien différente des autres. Pourtant, elle semblait avoir une certaine détermination, peut-être se répète-t-elle dans la tête un mantra qui lui donne l’impression de pouvoir maîtriser la situation et qui lui donne l’impression d’avoir de la force. Mais cela ne durera pas. Il le sait. Encore une fois, ce n’est qu’une question de temps ; même les plus hommes les plus hardis faiblissaient au bout d’un moment.

Le début de séance est toujours tranquille. Du point de vue de Sofiane du moins, quelques égratignures, quelques entailles sur le bras, ce n’est qu’une mise en jambe laissant monter le suspens. Alors qu’elle est au sol, il la remet sur pied en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, lui arrachant quelques gémissements. Ce n’est pas satisfaisant pour Sofiane. Pas encore. Ce n’est pas assez. Le sang qui coule le long de son cou n’est pas assez même si c’est un début. Elle baisse les yeux et les doigts de Sofiane viennent à nouveau rencontrer son menton pour la forcer à le regarder. Il est hors de question qu’elle scrute le sol, ça non. C’est lui qu’elle doit voir, qu’elle doit craindre. Au point qu’à un moment, elle le suppliera de la tuer. Ils sont nombreux à demander à ce qu’on en finisse mais Sofiane ne leur accordera jamais ce plaisir. Les Terry ont besoin d’eux pour les expériences et celles-ci iront jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte. L’expérience se terminera dans la mort uniquement si Sofiane le décide.

Sofiane réitère les coups de tout à l’heure. Deux coups sur sa silhouette frêle, un au niveau de la vessie, l’autre au niveau des poumons. Il tire sur ses cheveux, la forçant à regarder dans ses prunelles sombres, cherchant à y voir le désarroi qui ne vient pas ; réside uniquement le courage dans ses yeux et Sofiane redouble d’efforts. Il se redresse et son pied vient rencontrer son abdomen et elle chute à nouveau. Sofiane fronce les sourcils. Elle n’a vraiment aucune force dans ses appuis celle-là… Enfin soit… Alors qu’elle est tombée sur le côté, l’ancien militaire l’aide à se remettre droite avant de s’asseoir sur elle. Deux cuisses de chaque côté, appuyant fortement sur les endroits déjà blessés, ses mains viennent serrer son cou et il la regarde suffoquer, relâchant la pression juste avant qu’elle s’évanouisse. Son teint devenu grisâtre retrouve peu à peu de la couleur et juste à ce moment-là, il recommence. Encore, encore et encore. À chaque fois que 1086 reprend une brusque respiration alors qu’il la lâche, Sofiane ressent un tel pouvoir, un tel sentiment d’impunité alors qu’il a droit de vie ou de mort juste entre ses mains. Au bout d’un moment, pourtant, il serre de plus en plus fort et elle s’évanouit. Sofiane se lève, satisfait. Il n’avait pas prévu d’en finir si vie mais son attitude courageuse ne lui a pas plu. Cela la fera réfléchir.

▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽ ▽

Quelques jours plus tard, quatrième séance

Sofiane laisse l’infirmier faire ce qu’il a à faire avec 1086 avant de pénétrer sournoisement dans la cellule à son tour. 1086 fait peur à voir et c’est uniquement de sa faute. Elle est têtue. Très têtue. Et Sofiane redouble pourtant d’ingéniosité entre chaque séance mais elle ne lâche rien, se contentant de temps à autre de gémir en silence. Aucun cri, aucune protestation, aucune supplication. Il en est presque impressionné mais il n’a pas dit son dernier mot. « Bonjour. » dit-il doucement. Comme à chaque fois, aucune réponse ne sort de sa bouche. Quelle personne irrespectueuse. Il s’approche d’elle avec une lenteur inégalée et son poing vient se fracasser sur son nez avec une force incroyable. « Ta maman elle t’a pas appris à répondre quand on te dit bonjour ? » Quelle impertinence. Quel dédain. Sofiane va lui faire passer l’envie de recommencer. Il lui parle, elle répond. C’est tout. Il n’est pas d’humeur aujourd’hui de toute manière, il est fatigué et énervé donc c’est elle qui va prendre pour tous les autres. Il attrape l’un de ses couteaux et vient rapidement rouvrir les plaies réalisées à la première séance, les empêchant à chaque fois de se refermer. Cela commence à être vraiment dégueulasse là-dedans, faut dire que Sofiane n’est pas vraiment le pro de la désinfection de matériel.

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*1082. Un numéro. J’étais devenue un numéro. Comme du bétail. Et c’était ainsi que nous étions traités. Parqués comme des bêtes dans des pièces humides et froides, nourris deux fois par jour par une trappe… Si nous n’avions pas pris les choses en main, les choses auraient même pu devenir violentes au sein même de notre cellule, entre nous. Heureusement, Dean et moi, qui étions les plus âgés, veillons à ce que le mot d’ordre soit la solidarité. Nous allions nous en sortir, tous ensemble.

Je ne savais pas pourquoi ils m’avaient choisi, moi. Peut être était parce que, malgré mon apparence, j’étais plus résistante qu’il n’y paraissait. Peut être parce que j’étais celle qui parvenait à soigner un minimum les plaies de mes camarades même sans magie, en revenant à mes sensations premières, que j’avais eu lorsque j’étais enfant, quand bien même ce n’était jamais très puissant. Mais en réalité, je préfère me retrouver face à ce monstre plutôt que de laisser l’un des enfants en sa présence. Je préférais cent fois subir toutes les tortures du monde plutôt que de laisser de jeunes enfants innocents subirent ce que j’allais vivre. Car je le savais, je le voyais dans son regard : l’homme face à moi ne m’épargnera pas parce que je n’avais que 16 ans, et encore moins parce que j’étais une femme.

Dans son regard, qu’il me forçait parfois à confronter, on lisait une haine si forte que je savais que rien n’aurait pu le décourager de me faire du mal. La haine mêlée à la colère qui grimpait, probablement par qu’aucune supplication ne quittait ma gorge, malgré la douleur et la peur qui m’envahissait. Mais il n’y a pas de courage sans peur. Alors je restais là, à le transpercer de mes yeux azurs, attendant les prochains coups, la prochaine douleur. Je me retrouvais ainsi frappé de toute part, coupé, poussé. Des gémissements quittaient ma gorge au rythme du sang qui coulait sur ma peau pâle, mais je ne suppliais pas. Cela n’aurait servi à rien de plus que lui donner encore plus de pouvoir.

Le pouvoir de vie et de mort, un pouvoir qu’il avait déjà, et qui le ravissait. Cela se lisait dans ses yeux alors que ses mains enserraient mon cou, presque jusqu’à l’évanouissement. Une fois. Puis deux. Puis trois. Jusqu’à ce que, finalement, je m’évanouisse bien sous ses mains.

En ouvrant les yeux, je suis de nouveau dans ma cellule. Mes vêtements sont déchirés, et je suis couverte de mon propre sang. Dean l’essuie, avec un peu d’eau et un lambeau de t-shirt. Les autres enfants sont plus loins, Dean leur a dit de ne pas regarder.

Avec un sourire faible, je rassure les enfants. Ça va, je n’ai rien. Ce n’est pas très grave. Dean n’est pas très bon en magie de soin, pas comme moi, surtout sans baguette. Mais ce n’est pas grave. J’attends la nuit pour laisser quelques larmes couler sur mes joues, et me serrer dans les bras de Dean, en silence.

Je sais que tout ne vient que de commencer. Et cela se confirme les jours suivants. Mes plaies ne sont pas soignées entre chaque intervention. Chacune est plus douloureuse. Dean fait de son mieux pour nettoyer les plaies, mais nous n’avons rien d’autre que nos vêtements sales et un peu d’eau. Chaque jour, lorsque l’on vient me chercher, je garde la tête haute. Je me refuse à hurler. Pas plus lorsque l’on m’emmène pour mes piqûres hebdomadaires, de ce sérum me privant de magie. Je dois prétendre que tout va bien, alors même que la peur me tord les entrailles.

J’ai déjà commencé à perdre le compte. Était-ce la troisième, la quatrième, la cinquième fois ? Il était difficile pour moi de me souvenir. Mon cerveau semblait s’entêter à effacer les séances de torture. Tout ce que je savais était que je souffrais, beaucoup, chaque fois un peu plus.

L’infirmier arrive, je reste calme alors qu’il me pique. Il ne sert à rien de m’agiter, il me fera immobiliser, cela serait encore plus douloureux. Alors je me laisse faire, docilement. Je le laisse m’insulter en me regardant de haut, avec un sentiment de puissance incomparable. Et puis, il revient. Je ne sais pas son nom. Il ne sait probablement rien d’autre que mon numéro. Mais je connais son visage. C’est suffisant. Je sais aussi qu’il n’aime pas ne pas réussir à m’arracher plus de cris, et aucune supplication. Mais je ne veux pas risquer que les enfants puissent m’entendre. Alors je contiens ces cris dans ma gorge.

Je ne le regarde pas rentrer, ça ne sert à rien. Je sais ce qui m’attend. J’ai déjà mal, sans qu’il me touche, mais je sais que ce sera bientôt bien pire. Il me salue, et me frappe au visage lorsque je ne réponds pas. Le visage tourné, je serre le poing en repensant à cette mère qui m’avait livré à cet établissement. Je redresse mon visage, le tourne vers lui et le regarde.*

La tienne semble ne pas t’avoir appris à ne pas frapper une personne sans défense. Laquelle a le plus échoué son éducation, dis moi ?

*C’était la première fois que j’osais vraiment répondre. De toute façon, que je réponde ou non, cela ne changera rien. Cela ne pourrait pas être pire après tout. Alors je le regarde, me demandant s’il va me répondre ou s’il va se contenter de me frapper. Probablement la seconde option. Mais au moins, j’avais eu le courage de parler, et je savais que cela serait tout ce dont j’avais besoin pour garder espoir, pour me sentir fière de moi-même. Je n’avais pas besoin de plus.

J’étais une Gryffondor. Et même si j’avais peur, je ne le laisserais pas m’entraîner au fond du gouffre. Je m’accrocherais. De ma vie, de mon moral, de ma santé mentale ne dépendait pas que ma propre survie. Je m’étais fait une promesse. Celle de soutenir tous ceux que je pourrais soutenir. Et je le ferai. Même si cela signifiait garder au fond de ma gorge mes cris et mes souffrances.*


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Sofiane s’est laissé endormir par le jeune âge de 1082. Son apparence juvénile lui a été fatale puisque le jeune syrien ne s’est pas méfié, pensant pouvoir aisément la briser. Mais elle semble têtue, avec la volonté farouche de ne pas céder sous la pression. Il faut le dire, Sofiane n’a pas l’habitude qu’on lui résiste ainsi et il n’a pas l’habitude qu’on le regarde de la manière dont elle le regarde. Avec attention. La peur, bien sûr qu’elle est bien présente, comme chez chacune de ses victimes mais Sofiane décèle autre chose chez 1082, quelque chose de plus fort peut-être, de plus ancrée. La volonté. Voilà ce qu’elle a en plus que les autres : la volonté de ne pas lui donner ce qu’il veut, la volonté de ne surtout pas se laisser aller dans les lamentations et la supplication. Les complaintes et les gémissements de douleurs sont bien là parce qu’elle ne peut empêcher son corps de répondre de la plus ordinaire des manières aux coups, aux taillades qu’il s’amuse à lui faire, à la torture agressive qu’il exerçe sur elle. Mais aucun cri. aucune remarque. Elle subit en silence. Il n'a pourtant pas encore réussi à la briser, il n'a pourtant pas encore réussi à lui arracher les doléances qu’il attend. Il allait peut-être falloir passer à la vitesse supérieure. Sa magie, il l'attend. Mais elle ne vient pas. Sofiane n’est pas un chercheur et il n’y connait rien à ce qu’ils font et pratiquent sur eux. Sa tâche à lui est simple : tout faire pour qu’elle utilise sa magie. Ou du moins qu’elle tente d’utiliser sa magie. Tester l’efficacité du sérum semblant être plus important que tout le reste, Sofiane s’évertue à donner le meilleur de lui-même dans cette tâche ardue qui lui procure une satisfaction ultime, une satisfaction jouissive et malsaine. De ce qu’il a compris, les infirmiers lui administrent chaque jour une dose du sérum. Une dose parfois puissante, parfois une demi-dose, parfois rien du tout. Ils testent également l’effet placébo apparemment. Il serait important selon eux que le sujet ne sache pas si on lui a bel et bien injecté le sérum anti-magie afin que les résultats soient davantage représentatifs. Sofiane ne le sait pas non plus, de manière à ce que cela n’interfère pas dans sa manière de lui appliquer ses soins quotidiens.

Une routine s’est peu à peu installée entre Sofiane et 1086. Il en vient même à apprécier son attitude rebelle autant que cela l’agace parce que c’est grâce à cette attitude qu’il en vient à innover et proposer toujours pire. Les séances allaient en crescendo et seul Sofiane en retire un plaisir non dissimulé ; sa haine envers les abominations que sont les sorciers demeure intacte et est exacerbée par cette jeune fille, progéniture de deux monstres ayant eu les mauvais gènes, de deux déchets de la nature qui n’auraient pas dû avoir le droit de se reproduire. 1086 est dédaigneuse, comme d’ordinaire. Pas un bonjour, pas un regard. Non pas que Sofiane soit du genre poli. Mais il aime qu’on le respecte, il tire sa délectation de cela, du fait qu’il inspire la peur chez l’autre. Voir à quel point il a l’ascendant sur l’autre, voir à quel point il peut briser l’autre, voir à quel point il peut exercer son emprise sur l’autre lui procure tellement de satisfaction que c’en est devenu maladif. Sofiane n’en a jamais assez, il en redemande toujours. Il commence le combat acharné, osera-t-elle lui répondre cette fois ? Oui. Première fois qu’un mot sort véritablement de sa bouche, Sofiane en est presque surpris mais un sourire s’arrache sur son visage tandis qu’il replace une mèche de ses cheveux.

« Sûrement la mienne et j’y conçois bien. Et pourtant, je peux t’assurer qu’elle a fait de son mieux. » dit-elle sèchement, refusant qu’elle évoque ainsi sa mère. Sofiane la hait. Non pas parce qu’elle a été une mauvaise mère et qu’elle ne l’a pas suffisamment aimé. Il ne ment pas lorsqu’il lui dit qu’elle a fait comme elle a pu mais Sofiane est né dans l’enfer hostile de la guerre, sous une pluie de bombardements de la ville de Damas. Ses parents l’ont élevé lui et ses frères et sœurs dans la crainte qu’ils ne meurent chaque jour et lorsque le grand frère de Sofiane est décédé dans une rixe initiée par quelques dévoyés dans une épicerie, tout a changé. Des parents peu sécurisants, effrayés par les conflits territoriaux, eux-mêmes incapables de se relever de leur douleur, ils ont enfermé leurs enfants dans une atmosphère qui n’a pas aidé Sofiane à se sortir de l’ambiance insécurisante de Damas. Où est-elle aujourd’hui ? Ses frères et sœurs sont-ils morts ? Le pensent-ils encore en prison ou déjà refroidi entre deux planches ? Sofiane ne le sait pas, il s’en fiche. Ils ne lui apportent rien. Ils n’ont pas su lui donner ce dont il avait vraiment besoin. Jamais.

Il se rapproche d’elle et lui tire les cheveux en arrière pour la forcer à la regarder droit dans les yeux. « T’es une vraie dure à cuire toi, non ? Je te l’accorde. Tu me donnes du fil à retordre. Mais j’aime les défis. Tu me forces à me renouveler. » Alors il allait peut-être falloir passer à la seconde, non ? Après tout, Sofiane a tout essayé. Du moins, il a tout essayé ce qui était possible sans risquer qu'elle ne meurt. Tout. Les coups, les taillades, l’étranglement, la noyade dans la baignoire, l’électricité aussi. Il lui avait arraché certains ongles, lui avait enfoncé des piques dans son corps et d’autres jouissances du même style. Mais rien ne fonctionne sur 1086. Et c’est alors qu’il pense à sa mère qu’il comprend enfin pourquoi rien ne fonctionne sur 1086. C’est son pouvoir à elle, sa manière de ne pas flancher : son lien aux autres. Si Sofiane n’a que faire des autres, 1086 semble au contraire y accorder une importance toute particulière. Elle tient pour eux, pour les autres gosses. Il ouvre la porte et dit au surveillant de la cellule : « J’ai besoin de 1012. » L’homme secoue la tête et dit : « Ce n’est pas dans le protocole et... » Il n’a pas le temps de dire quoi que ce soit d’autres, Sofiane lui assigne un coup de pied dans l’estomac, il se retrouve plié en deux, Sofiane tire avec une force incroyable sur ses cheveux et l’homme se relève en se tenant le ventre. « J’ai dit que j’avais besoin de 1012. » L’homme s’éloigne et tandis que la porte demeure ouverte, Sofiane attend, guettant la réaction de 1086 lorsqu’elle verra le nouvel invité de leurs petits jeux. Un jeune adolescent apparaît soudainement dans l’embrasure de la porte et le surveillant le balance à l’intérieur avant de refermer la porte un peu trop précipitamment. Un sourire satisfait s’installe sur le visage de Sofiane, en voilà un qui ne discutera plus ses ordres. L’autre gamin se demande probablement ce qu’il fait là puisque ce Sofiane lui a déjà rendu visite mais celui-ci n’attend pas qu’il pose la moindre question et sans crier gare, le rue de coups jusqu’à ce qu’il s’effondre au sol. Cela ne prend pas longtemps. Il est encore épuisé de la veille. Tout cela, sous les yeux de 1086, peut-être que cela lui apprendre enfin à être un peu moins impertinente. L’adolescent se recroqueville sur le sol et Sofiane attrape l’un de ses couteaux. Elle allait le voir souffrir et rien ne semble faire plus plaisir à l’ancien militaire. On allait peut-être enfin pouvoir faire quelque chose d’elle.
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*Désormais, les séances de torture sont monnaies courantes pour Rachel. Elle n’est même plus surprise lorsque la porte s’ouvre sur les infirmiers qui l’attrapent par les bras et la traîne jusqu’à cette pièce où s’enchaînaient les douleurs, chacune pire que la précédente. Chaque fois, Rachel se rassurait en se disant que ça ne pourrait pas être pire, mais chaque fois, l’homme devant elle, si tant est que l’on puisse encore classer cet être comme humain, innovait de façon à pousser à bout la jeune sorcière.

Mais Rachel, au fur et à mesure des séances, découvrait, de paire avec ses peurs, son courage, son obstination et sa volonté. Celle de ne pas donner à ce type la satisfaction qu’il voulait en détruisant son jouet. Rachel avait conscience qu’elle n’était, pour lui, qu’un numéro, à peine plus qu’un insecte, un parasite dont la souffrance importait peu. Mais Rachel tenait bon. Elle tenait bon, en fermant les yeux, en pensant à ceux qui l’attendaient, ceux qui avaient besoin d’elle, là bas dans leur cellule.

Lorsqu’elle rentrait dans la petite pièce qui abritait une dizaine d’enfants, tous l’aidaient, la soutenaient, et elle, elle souriait, en caressant les cheveux, chantant des chansons et racontant des histoires lorsque sa gorge le lui permettait encore, distrayant les enfants autrement lorsqu’elle avait été trop étranglé dans la séance du jour.

Jour après jour, Rachel tirait sa force de l’espoir. L’espoir d’être sauvée, ici. L’espoir qu’elle ne voulait pas perdre, qu’elle ne pouvait pas perdre, pour tous ceux dont elle était le phare dans l’obscurité.

Aujourd’hui, c’est peut être un peu trop d’audace qui secoue la jeune femme. Elle sait parfaitement ce qui va suivre. Il n’y a pas une douleur à laquelle elle puisse penser qu’elle n’ait pas encore subi. Lascération, coup, brûlure, simulation de noyade… Coup après coup, son tortionnaire avait su se montrer inventif, Mais Rachel ne visualisait plus aucune nouveauté d’envisageable. C’est ce qu’on appelle prendre un peu trop la confiance.

D’habitude, la Gryffondor ne répondait pas au question du moldu. Allez savoir pourquoi, aujourd’hui, elle n’avait pas pu s’en empêcher. Peut être l’idée de parler de ses parents ne lui avait pas plu. Après tout, c’était eux qui l’avaient envoyé ici, en désespoir de cause. Ah si Mr et Mrs White avait eu accès au sérum dès l’enfance de Rachel, à n’en pas douter, il en aurait usé et abusé pour que jamais leur fille ne développe leur magie. Seulement voilà, Rachel sait pourquoi elle est ici, elle l’a entendu par hasard un jour. Des expériences sur ce foutu sérum. Et parfois, elle le sentait, dans ses veines, légèrement, un peu de magie revenait. C’était à peine perceptible, cela ne durait jamais trop longtemps. Mais quand c’était le cas, elle pouvait le sentir, et même guérir un peu certaines de ses plaies ou celle de ses camarades quand elle y parvenait… Mais elle avait rarement assez d’énergie pour y parvenir véritablement.

La veille, ça avait été un peu le cas. Aujourd’hui, même si c’était très léger, il y avait cette sensation, imperceptible, fugace, brève, mais bien présente de la magie. Cela suffisait à lui redonner l’espoir. Elle appartenait au monde de la magie, et si les moldus et sa famille l’avait trahi, le monde magique ne les abandonnerait pas. Pas vrai ? Elle y croyait, dur comme fer.

Voilà pourquoi, dans ses iris bleutés, son bourreau peut lire toute sa determination lorsqu’il tire sur sa chevelure pour la regarder dans les yeux. Elle le fixe, sans faillir, sans baisser le regard. Il finit par la lâcher pour se diriger vers la porte. Je n’entends pas ce qu’il dit au garde, mais je suis surprise de voir la porte rester ouverte.

Quand, dans l’embrasure de la porte, apparaît la silhouette de Sean, mon coeur s’accélère. Et merde. Après l’électricité, les coups, les blessures, les brûlures, les piques, les ongles, voilà qu’il avait trouvé la faille. J’essaie de ne pas réagir tout de suite, pour qu’il pense qu’il s’est trompé. Je ne détourne pas le regard quand Sean, qui a pourtant subit toute sa colère la veille, se fait tabasser, au sol. J’inspire un grand coup, et je tente de ne rien laisser paraître, mais c’est impossible. Dans mon regard, il y a toute la détresse qu’il m’inspire à cet instant.

Mais Sean est fort. Il grogne de douleur, mais, comme moi, ne hurle pas, pour ne pas lui donner satisfaction, mais aussi et surtout pour ne pas m’inquieter. Pourtant, l’homme s’éloigne de lui, et attrape une lame. Cette fois, c’en est trop.*

« NON ! »

*Ma voix brise le silence, alors que le moldu se penche sur mon ami. Il se tourne vers moi, et je dois retenir ma voix pour qu’elle ne tremble pas et contrôler tout mon corps pour ne pas me mettre à pleurer.*

« Faites moi tout ce que vous voulez, mais ne le touchez pas. Il a déjà été hier toute la journée ici… Si vous continuez…
- Rachel… Dis rien, c’est bon, je.. »

*Mais malgré tout, Sean se met à tousser et je peux voir qu’il crache du sang. Mon souffle est tremblant. Je dois serrer les poings, et je redresse le regard vers Le Brun.*

« Je vous donnerais tout ce que vous voulez, je vous dirais ce que vous voulez. »

*Il se dira sûrement que c’est trop facile. Mais pour moi, c’est bien trop dur de ne pas le voir, de juste rester là, sans rien dire, même si Sean me l’a demandé. Je lance alors de nouveau un regard vers mon tortionnaire, un regard fier, droit, prêt à subir tout ce qu’il voudrait. En échange de sa promesse de laisser le jeune homme en paix, alors j’étais prête à tout, même au pire. Même si je n’étais pas certaine que pire existait encore. Non, j’avais cédé, et je le savais, j’étais désormais bien plus à sa merci que je ne l’avais jamais été ces dernières semaines. Car désormais, il avait trouvé mon talon d’Achille. Et je ne doutais pas qu’il était du genre à en user et en abuser pour obtenir ce qu’il voudrait de moi.*


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Sofiane Rasak
Sofiane Rasak
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Please,have mercy on me
Rachel & Sofiane || Septembre 2019 - Salle de torture, QG du BC
1012. Un autre pensionnaire du Blood Circle dont Sofiane a la charge. Il lui rend visite presque aussi régulièrement que 1086 mais il doit l’avouer, avec 1012, c’est moins drôle. Peut-être parce que le syrien s’est lassé de ses jérémiades, ou peut-être bien parce qu’il lui apporte moins de challenge que 1086. Il faut dire que Rasak a peu l’habitude qu’on lui résiste et qu’on le prive de ce qui lui permet de jouir de la souffrance des autres : les cris, les hurlements, lire la douleur dans leurs yeux fatigués par les longues minutes de torture. 1012 laisse facilement ses émotions resurgir dans ces cas-là, là où 1086 reste stoïque, presque imperturbable, comme si les coups, les sévices subis lui glissaient dessus, comme si cela ne lui faisait rien. Tenace, elle l’est. Sofiane l’a compris rapidement au fur et à mesure des « séances ». Elle fait partie de ceux qui subissent sans rien dire, sans laisser transparaître la moindre émotion. Cette situation challengeante intéresse Sofiane qui a du recourir à son incroyable ingéniosité. Il avait tout essayé avec elle ; peu importe les sévices, elle tenait bon. Il n’arrivait pas à la briser, il ne parvenait pas non plus à faire sortir la moindre once de son pouvoir démoniaque. Pourtant, c’était la tâche qui lui avait été attribuée à l’origine. La torture de la jeune femme n’est que secondaire dans tout cela ; les travaux sur le sérum anti-magie étaient primordiaux dans la lutte contre ces abominations qui ne méritaient pas un seul instant d’être sur terre, et encore moins de respirer le même air qu’eux. Lorsqu’on avait demandé à Sofiane d’apporter sa pierre à l’édifice dans les recherches médicales du Blood Circle, il avait en premier lieu refusé. Après tout, il était loin d’être un expert dans les études laborantines et se fichait pas mal de tout cela. Mais lorsqu’on lui avait expliqué que le but était de pousser le sujet à bout afin de vérifier si le sérum était efficace, Sofiane n’a pas pu résister à cette envie insatiable qui le dévore ; l’envie de contribuer à la cause, peu importe le prix à payer. Et pour le jeune homme, celui-ci n’est pas bien difficile à accepter. Après tout, il a l’habitude de la violence ordinaire. Lorsqu’il était militaire, il a compris que les droits de l’homme sont bafoués si facilement et qu’il n’y avait rien pour les en empêcher. C’est devenu son quotidien, un quotidien dans lequel il a trouvé un sens, un quotidien qui lui procure du plaisir. Voilà la triste réalité.

Aujourd’hui semble être un jour différent. Sofiane a enfin compris d’où elle tire sa force et son courage. Son abnégation est telle qu’elle ne se laissera jamais submerger par le désespoir s’il ne la pousse pas jusqu’au bort du précipice. Et afin qu’elle se jette dedans de son plein grès, il avait besoin d’aide. De l’aide de 1012. « NON ! » Se tournant vers sa victime, l’homme n’a aucun scrupule à faire endurer à 1086 la pire des tortures en infligeant à son comparse mille épreuves. Le lien qu’elle entretient avec les autres est le seul point d’accroche qui la retient ; il vient de le comprendre, cela vient de lui sauter aux yeux. En détruisant ce lien, il aura enfin accès à elle, à son désespoir. Et Sofiane s’en délectera, il le sait, il n’attend que ça à son tour. « Non, quoi ? » demande-t-il, comme si quoi que ce soit pouvait le faire changer d’avis, comme si quoi n’importe quel mot ou supplique qui sortirait de sa bouche pouvait avoir un quelconque impact sur la position rude et intangible qu’adopte Sofiane. Il a toujours été comme ça, un rustre, un homme rigide. Inflexible. L’armée avait permis de canaliser ce besoin de tout maîtriser puisqu’on maitrisait pour lui. Nul besoin de réfléchir ou de penser, on donnait un ordre, il l’exécutait. C’était simple. Pour autant, au bout d’un certain temps, cela l’avait fatigué qu’on décide pour lui, il avait alors commencé à désobéir. De simples petites choses au début, jusqu’à l’insubordination qui avait conduit à sa révocation. Il n’en avait toujours fait qu’à sa tête. 1086 ne le savait sans doute pas, mais rien de ce qu’elle pourrait lui dire ne lui suffira jamais.

Il assiste à l’échange entre ses deux victimes. Deux suppliciés, un tortionnaire. Ce qu’ils vivent, ils le comprennent, chacun le vivant à sa manière et de façon différente ; Sofiane s’évertuant à déborder d’imagination pour qu’ils ne préparent jamais vraiment à ce qui les attendait. Et alors qu’elle supplie pour la première fois, alors qu’elle lui fait cette requête, Sofiane ne peut s’empêcher de sonner les cloches de la victoire dans sa tête. « Tout ce que je veux ? Vraiment ? » Leurs regards se croisent, se percutent violemment. Les secondes passent dans un silence que seul le souffle sifflant de 1012 vient troubler. Sofiane attend, il attend de voir ce qu’elle a dans le ventre. Cette posture altière, ce regard ; Sofiane les connaît. Pour autant, il le sait, il vient de toucher du doigt la seule chose qui pourra la faire craquer. La seule chose qui fonctionnera sur elle. Prêt à en tirer tous les bénéfices possibles, peu importe les conséquences, Sofiane fait ce qu’il sait faire de mieux. Il laisse parler ses tripes et non pas sa tête. D’un geste impulsif, irraisonné, bousillant le travail de plusieurs semaines, il enfonce un couteau dans l’abdomen de 1012 qui hoquète sous la douleur. Son tee-shirt gris sali par des semaines passées dans les geôles du Blood Circle se teinte rapidement de rouge tandis qu’il se vide de son sang. D’ordinaire, Sofiane aurait regardé, il aurait regardé ses forces le quitter avec une certaine contemplation ; mais l’objectif du jour, ce n’est pas lui, c’est elle. Il guette sa réaction, il veut savoir si c’est assez ou s’il lui en faut encore davantage. Plus de souffrance peut-être ? La lame s’enfonce à nouveau dans la poitrine de 1012 ; rien ne sera jamais plus noble qu’une cause pour laquelle on est prêt à tout. Irrémédiablement.
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Lun 5 Sep - 18:31
A rendez-vous in hell
« I can do this, I think. Then, I realized : even if I can't, I have to. »


RACHEL & @Sofiane Rasak


*Les jours et les semaines étaient passés dans les geôles froides du Blood Circle. Mes vêtements, déjà bien abîmés par les semaines de tortures par les prêtres, avaient été changés au bout de quelques semaines, quand ils n’étaient même plus assez couvrants pour être décents. Depuis, je portais une espèce de combinaison trop grande, qui avait été blanche, mais qui était désormais d’un mélange de poussière, de sueur et de sang. L’odeur était repoussante, mais elle était mon quotidien, nous nous y étions tous fait. Les douches n’étaient pas communes ici, loin de là. Mais quitte à choisir, nous préférions un peu de pain et d’eau plutôt que de pouvoir nous laver. Pour survivre, il fallait faire des sacrifices et des choix parfois difficiles.

Mais le manque de nourriture, d’eau ou d’hygiène n’était que la partie visible de l’iceberg. Le pire était cette attente, constante, en sachant que les cris qui résonnent jusqu’à la cellule crasseuse que nous partagions à dix pourraient être les nôtres bientôt. Mon seul réconfort était que les enfants en dessous de 10 ans étaient épargnés, ou du moins, ne subissaient rien d’aussi intense que nous autres, adolescents. Ils étaient sûrement considérés comme trop fragile pour subir les terribles douleurs et blessures infligés chaque semaine par le monstre devant moi.

Oui, c’est un monstre, il n’y a pas d’autres mots. Un être capable de tant de violence, de tant de sadisme… Il me paraissait mille fois plus monstrueux que les plus terribles et les plus craintes créatures magiques. Et il y avait une raison simple à cela. L’homme sans nom devant moi n’agissait pas pour se nourrir ou pour défendre son territoire, comme les autres créatures des mythes et légendes. Il agissait par pure cruauté. Il aimait cela. Cela se voyait dans ses yeux. Il était terriblement frustré par ma résistance et ma résilience. Moi, je refusais de lui donner ce qu’il voulait. La peur qui me tordait les entrailles étaient contenus par ma fierté et mon obstination. J’étais une Gryffondor, et je ne céderais pas.

Du moins, c’était ce que je pensais. Tout y était passé, j’avais toujours résisté. Brûlure, coupure, noyade, pendaison, j’avais sans doute subi toutes les formes de blessure possible. Certains de mes membres avaient été cassé et mal guéri, les griffures étaient par endroit infectés et d’autant plus douloureuse qu’il s’amusait toujours à refrapper dessus chaque fois que la guérison pointait le bout de son nez.

Mais j’étais bien loin du compte. J’avais une faiblesse, mais elle ne touchait pas à mon propre corps, à la douleur que je pouvais ressentir physiquement, non. Je ne savais pas comment ni pourquoi, mais j’avais une résistance à la douleur assez exceptionnelle, surtout pour une jeune fille d’à peine 16 ans. Non, ma véritable faiblesse, c’était les autres.

Et cette fois, mon tortionnaire avait enfin trouvé ce qui pourrait me briser. Alors il fait venir Dean. Le tabasse, devant mon regard impuissant. Je suis incapable de résister. Je lui hurle d’arrêter. Pour la première fois, il y a véritablement des larmes dans mes yeux, marquant des sillons sur mes joues poussiéreuses et sales. Je ne parviens pas à les contenir, comme toutes les autres. Elles m’échappent, car je suis terrifiée. Dean essaie de me rassurer, mais je vois qu’il souffre terriblement.

Alors je hurle. Je lui promets que je ferais tout ce qu’il voudrait. Je me laisserais aller à la douleur, je hurlerais s’il voulait savourer ma peine. Mais pas ça. Pas lui. Dean était ma force, un pilier qui me permettait de garder espoir, de sourire devant les enfants. Sans lui, je ne savais pas si je pourrais avoir la force de soutenir tous les autres. C’était trop pour mes frêles épaules blessées. Trop pour supporter le deuil de ce garçon qui était devenu une énorme partie de mon monde, enfermés entre les murs étroits de la cellule.

Alors je supplie. Pour la première fois, je flanche. Mais pas mon regard. Mon regard azur est plongé dans les yeux sombres du tortionnaire. J’y vois une folie meurtrière, que je ne sais pas comment arrêter. Je n’en ai pas la force, je suis attachée, littéralement pieds et poings liés.

Je le fixe, d’un air partagé entre le défi et la supplication. Je sais qu’il n’y a rien que je peux faire, et cette impuissance me bouffe. Je donne un élan pour essayer de libérer mes poignets meurtris, je me blesse encore plus, des griffures, des bleus et même quelques plaies s’ouvrent, mais je m’en fiche. La souffrance physique n’est rien comparé à la peur que j’ai de ce qu’il pourrait lui faire. S’il continue à le tabasser comme ça, il finirait par le tuer.

Mais il ne continue pas à le tabasser. A la place, il attrape un poignard qu’il plante dans le torse du garçon, qui crie de douleur. Ma voix répond à la sienne, alors que je m’affole encore plus sur ma chaise pour tenter de me libérer, m’époumonant avec ce seul mot qui pouvait franchir mes lèvres. “Non”. Juste ça.

Mais il ne m’écoute pas. Pire, il recommence. Et cette fois, mon corps réagit avant moi. Le peu de magie qui reste dans mes veines quitte mon corps en une violente secousse qui projette l’homme contre la porte. En quelques secondes, le tortionnaire et tous ses outils ont trouvé le sol. Pendant quelques secondes, je perds connaissance, terriblement affaiblie par cet effort surhumain, prouvant que, malgré le serum qui bloquait mon accès à la magie, elle continuait de vivre en moi.

D’autres hommes rentrent, ils me détachent et m’entraîne dans une cellule à part, pour observation sans doute. Il nous balance là, Dean et moi, se disant sans doute que nous étions tous les deux mourants.

J’ouvre les yeux, et terriblement faible, je rampe jusqu’au garçon qui se vide de son sang, agonisant sur le sol en pierre. Ma vision est trouble, mais je suis incapable de dire si c’était à cause de ma faiblesse ou des larmes qui coulent maintenant sans s’arrêter sur mes joues. Je parviens à me redresser et m’asseoir. Je prends le corps encore chaud de mon ami dans mes bras. Sa main ensanglantée vient caresser sa joue, et il a un sourire bienveillant, qui s’entrecoupe de grimace de douleur. Il essuie mes larmes, mais souille mes joues du liquide poisseux qui s’échappe de ses plaies.*

“Ca va aller, Rachel. Toi, tu vas t’en sortir. Sois là pour les enfants, tu es assez forte pour deux. Ca va aller…”

*Sa voix est très faible, elle diminue à chaque mots, elle s’entrecoupe d’une toux qui laisse encore plus de sang s’échapper entre ses lèvres. Je pleure à grosse goutte, colle mon front contre le sien, essayant de murmurer : *

Tu vas vivre, Dean, tu vas vivre… Chut, ne parles pas, ça va aller… Ca va aller… Dean… Me laisses pas…
- Rachel, promets moi que tu vas vivre… Promets moi.
- Je te le promets… Dean, je t’en prie, ne me laisses pas… Dean..
- N’oublies pas ce qu’on s’est promis… Pour maman… Pour les petits… Rachel, je…”


*Il est secoué par la douleur, une dernière toux, et puis, son corps devient soudainement plus lourd. La vie s’est échappé, et un hurlement m’échappe. Un hurlement glaçant, terrifiant, destructeur. Les larmes deviennent des torrents, alors que je berce doucement le corps de mon ami contre moi, oubliant passagèrement ma propre douleur, ma propre faiblesse.

Je pleure, je pleure si longtemps que je finis par m’effondrer, inconsciente, contre lui. Je me réveille lorsqu’un jet d’eau froide est projeté sur moi, pour rincer le sang et la poussière sur mon corps. Je hurle à nouveau, demande où est Dean, et on me répond, avec un sourire sadique : *

“1012 ? Il a crevé. Tant mieux, une vermine en moins. Ils l’ont sûrement foutu avec les autres dans la fosse, s’ils l’ont pas cramé.”

*Mon regard de detresse absolue semble satisfaire mon nouveau tortionnaire, un qui n’agit pas, mais dont les mots me détruisent. Et pourtant, lorsque je me retrouve de nouveau face à la porte de ma cellule ou je suis balancée, vêtue d’une nouvelle tenue encore blanche pour l’instant, je contiens tous mes tremblements, toutes mes larmes, toute ma douleur. Et lorsque les enfants me demandent où est Dean, je caresse leur cheveux, en leur annonçant qu’il est parti pour un endroit où il n’aura plus jamais mal.

J’attends la nuit, lorsque je suis sûre que tout le monde s’est endormie, pour laisser ma peine m’échapper, ce soir-là, et ceux qui suivront, jusqu’à ce que mes larmes se transforment en force, pour tenir ma promesse : celle de vivre, celle de protéger les enfants, celle de ne jamais perdre espoir. Pour Dean.*

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