@Caelum Macmillan & Billie

If you can't swim, you better learn to drown

09 mars 2021

« Qu’est-ce que vous me voulez encore ? » Tu te retiens d’agrémenter ta question d’un “têtes de nœuds” car ça ne va sûrement pas jouer en ta faveur. La matinée a été longue et le repas peu copieux, tu n'as donc ni l'énergie ni l'envie de te frotter aux débiles de Serpentard qui n'ont toujours pas compris que maintenant que tu es dans cette maison, tu y restes. C'est presque trop facile pour eux de s'acharner sur le petit né-moldu fragile comme une feuille de papier qui leur donne toujours dix bonnes raisons de lui en foutre une. C'est un peu de ta faute aussi, tu es dans l'incapacité de fermer ta grande bouche dès qu'il s'agit de les rabaisser un peu. Sauf que t’as jamais voulu jouer le rôle de la victime qui ne se défend jamais. Ce n’est clairement pas ton genre. Tu veux - et tu aimes - répliquer aux attaques sur ta taille, ton sang ou ta sexualité. Tu en as besoin car personne d’autre que toi n’est là pour te défendre dans ces situations. Tu ne comptes plus le nombre de fois où tu t’es retrouvé la tête dans la cuvette des toilettes ou à l’infirmerie pour nez cassé. C’est un petit rituel : au moins deux fois par mois, on vient t’emmerder pour une raison x ou y.

Cependant, aujourd’hui, tu n’as pas la foi. Tu préférerais rentrer au dortoir et lire ta bande-dessinée, allongé sur ton lit sans te soucier des desiderata des uns et des autres. C’est peu demander, non ? Sauf que cet abruti d’Ennis et ses petits copains n’ont pas l’air de penser la même chose que toi. Ils ont envie de s’amuser et savent qu’en te poussant un petit peu, tu finiras par faire ce qu’ils attendent de toi : sortir ton venin et leur donner une bonne raison de t’en coller une. Les voilà donc qui te bloquent l’accès à l’entrée du bâtiment et tu regardes les jardins derrière toi en tentant de calculer combien de temps il te faudrait pour atteindre une autre entrée de Poudlard et ce, en courant. Alors que bon, la course, ça n’a jamais été ton fort. Tes jambes ne te portent jamais assez loin pour que tu puisses être à l'abri de ces brutes. Et quand bien même ils y parviendraient, ils ont accès au dortoir au même titre que toi. Qu’est-ce que ça changerait de courir alors, si ce n’est te donner quelques minutes de répit supplémentaire avant l’énorme tempête qui va s’abattre tôt ou tard sur ta tête ?

« Tu te souviens de la fois où on a voulu voir si tu savais voler sans balai ? » Tu lèves les yeux au ciel et c’est déjà une réponse suffisante pour eux. Franchement, que pourrais-tu répondre à ça ? Que tu t’en souviens ? Que ça n’avait été qu’une preuve de plus de leur débilité profonde ? Qu’ils feraient mieux de travailler sur leurs propres capacités plutôt que de tester les tiennes ? Lorsqu’ils s’emparent de toi et de tes affaires, tu fais mine de protester. Tu as appris avec le temps que plus tu le fais, plus ils se démènent pour t’en faire baver. En général, tu te contentes maintenant de les suivre, de subir et ainsi, tu rentres bien plus vite dans ta chambre car, que tu te défendes ou non, ils finiront toujours par avoir le dessus sur toi. Alors autant en finir rapidement.
Sauf que cette fois, les choses sont différentes. Au fur et à mesure de votre marche, tu constates que vos pas vous guident vers le lac attenant à l’école. Un lac aux profondeurs plus sombres que l’âme du plus vil des Mangemorts. Ce n’est pas sa couleur ou sa réputation qui t’alarme le plus, mais bien le fait que ce soit un lac, tout bêtement. Tu sens ton sang se glacer dans tes veines et cette fois, tes talons forcent sur le sol pour stopper votre avancée. Tu te mets à te débattre un peu plus et ça leur fait plaisir, car ils sentent la peur te parcourir tout comme tu la devines s’afficher sur ton visage et tes cheveux. Des reflets bleus commencent déjà à s’infiltrer dans ta chevelure brune et certaines mèches s’intensifient plus que d’autres.

« Stop les gars, c’est plus drôle là. » T’as pas pour habitude de supplier et tu ne le ferais certainement pas maintenant, car tu as ta fierté mais aussi parce que tu sais que ce serait inutile. Ils sont bien décidés, inconscient du fait que tu ne sais pas nager. Tu n’as jamais appris. Comment aurais-tu pu en passant tes journées enfermé dans un appartement ? Les battements de ton cœur se font plus rapides et irréguliers au fur et à mesure que la berge se rapproche de tes pieds. Tu agrippes le veston d’un des Serpentard mais il te fait bien vite le lâcher. L’angoisse crispe ton visage alors que les relents de l’eau viennent titiller tes narines et te donnent la nausée. Il est supposé y avoir bon nombre d’espèces marines magiques dans ces eaux et chacune d’entre elles est susceptible de te dévorer. À commencer par les rumeurs selon lesquelles il vivrait un kraken au fin fond du lac. Là où tu vas atterrir si cette mauvaise blague ne prend pas fin.

« Lâchez-moi ! » Tu te débats pour de vrai, cette fois. Il n'y a plus de place pour le simulacre ou les faux-semblants. Tu es mort de peur et ça ne t'est pas arrivé depuis cette sortie hors de chez toi, quand ta mère t'a trouvé et donné la claque de ta vie. Tu te fais sourd à leurs rires et à leurs sarcasmes, ton regard rivé sur la surface agitée de l'eau qui n'attend que toi pour se rassasier si bien que tu ne remarques pas ta baguette qui tombe de ta veste et atterrit dans l’herbe. L'un des élèves te saisit par les bras, l'autre par les jambes et c'est sans ménagement qu'ils te balancent dans le lac glacé. Le choc de température est instantané et t'empêches de réagir comme il faut les premières secondes où ta tête se retrouve sous l'eau. Mais bien vite, tu reviens à toi et tentes de remonter à la surface, cherche ta baguette qui pourrait t’être d’un grand secours. Mais elle n’est plus là. Ta peur est si réelle, si intense que tes cheveux sont devenus complètement bleus. Tu ne contrôles plus ni tes émotions, ni tes membres qui s'agitent en espérant garder ta tête hors de l'eau. Tu cries « Revenez ! » mais ils sont déjà bien loin. Sûrement ont-ils couru dès l'instant où tu as quitté leur prise pour ne pas avoir de problèmes. Tu les maudis mais n'as pas vraiment le temps de pester que déjà, ton corps pourtant si léger t'entraîne vers les profondeurs. La veste que tu portes paraît peser une tonne et la dernière goulée d'air que tu as pris ne te maintiendra en vie que quelques secondes, pas plus. Bien vite, tu essayes de retrouver de l'oxygène mais ne parviens pas à retourner à la surface. Alors tu avales de l'eau, beaucoup d'eau. Bientôt, tu ne remontes même plus du tout à la surface. Chaque seconde t'enfonce un peu plus dans les ténèbres et tu perds connaissance.

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Tu n’as certainement pas vu l’élève Gryffondor volant en balai au-dessus de ta tête, trop occupé que tu es à essayer de prendre un peu d’oxygène afin de durer sous l’eau le plus longtemps possible. Gigoter comme tu le fais ne t’aide sûrement pas à garder la tête au-dessus de la surface et si tu avais tous tes esprits – actuellement tourmentés par la peur qui t’habites – tu te rendrais compte qu’il te suffirait de relâcher la pression et de laisse flotter ton corps en étoile pour survivre. Sauf que ça, tu n’y penses pas une seule seconde. Tout ce que tu te dis, c’est que tu vas mourir noyé à cause d’une foutue histoire de sang et que c’est vraiment ridicule. T’es en colère contre eux pour avoir eu cette idée débile et contre toi-même pour ne pas avoir su les repousser quand il le fallait. Tu n’as jamais été du genre à te battre de toute façon. Ta violence n’est que verbale et elle fait souvent bien plus mal que les gifles mais dans le cas présent, tu regrettes presque les insultes. Elles semblent douces comparées à la torture que tu es en train de vivre. Tu inspires une dernière fois car malgré tes cinquante petits kilos, tu te sens couler, comme tiré par la cheville par une force invisible sous l’eau. Elle te fait peur, cette eau. Tellement sombre qu’on y voit rien. Tu te débats une dernière fois et lorsque ton visage se retrouve complètement sous l’eau, tu comprends que tu ne remonteras plus. Tu as beau gesticuler, faire tous les gestes possibles et imaginables pour tenter de remonter ton corps à la surface, rien n’y fait. Tu ne fais sûrement pas les bons et de toute façon, qu’en sais-tu réellement ? Tu n’as jamais appris à nager, que ce soit au lac ou à la piscine. Tout ce que tu sais faire, c’est couler. Et c’est ce que tu fais. La peur forme une boule dans ta poitrine déjà compressée par le poids de l’eau. Tu en avales d’ailleurs une grande quantité sans le vouloir. Bien vite, tu ne te sens pas très bien, il devient difficile de se débattre. Difficile de bouger les bras. Ils sont engourdis, endoloris. Le moindre mouvement d’auriculaire te demande un gros effort – un effort que tu n’es plus en mesure de faire. Ta tête tourne, tu ne peux plus ni penser ni constater que plus rien ne va, que tu risques d’y rester. Bientôt, tu ne te débats plus.

Une nouvelle force t’attire cette fois, mais elle ne vient pas des profondeurs. Au contraire, elle vient des hauteurs, de la surface de l’eau. Tu ne le sais pas, mais on a plongé dans ces eaux troubles pour toi, pour te sauver la vie. En sentant la prise sur ton bras, tu bouges un peu, mais pas trop. Tu n’as simplement pas la force de protester et même si tu étais conscient, tu ne le ferais pas. Cette personne qui te tire à la surface est en train de te sauver la vie mais t’es trop perdu pour le comprendre. Le reste des événements se passe à une vitesse folle et quand tu reviens à toi, c’est à grand renfort de toux et d’eau – celle que tu évacues de tes poumons immergés. Tu craches tout le liquide qu’il t’est possible de cracher, à la recherche d’un air que tu pensais perdu à tout jamais. Tu inspires profondément dans un bruit de gorge étrange, aigu et étiré. Tu le fais plusieurs fois avant de te remettre à tousser et lorsque plus rien ne sort de ton corps, tu te laisses tomber dans l’herbe, sur le dos. Ton cœur bat à cent à l’heure, le ciel est trouble et tu as du mal à bouger. Tu ne pensais pas qu’on pouvait être si mal dans son corps mais c’est bien ton cas.

Tu tournes la tête vers la voix masculine qui prononce ton prénom comme si elle te connaissait. Tu fronces les sourcils et clignes plusieurs fois des paupières pour permettre à ta vision de redevenir à peu près normale et former un visage au-dessus du tien. Soit tu ne sais vraiment pas qui c’est, soit tu l’as juste oublié. Dans les deux cas, cet homme ne te dit rien mais en fin de compte, ce n’est pas très important. Tu ne retiens qu’une chose… Tu déglutis difficilement et hoches de la tête de la même façon.

« Billie. Oui. Merci… » Tu sais ce qu’il a fait pour toi sans même savoir peut-être qui tu étais à ce moment-là. Tu remarques son balai sur l’herbe et te dis tout bêtement qu’il a dû te voir d’en haut. Tu as eu de la chance, beaucoup de chances. Voire un peu trop. Tu devras le payer d’une façon comme d’une autre. De nouveau, tu prends une grande inspiration et essayes de te redresser… en vain. Il vaut peut-être mieux que tu restes allongé pour le moment, ça vaudra mieux. Rien ne presse, n’est-ce pas ?

« Tu es ? » Tu te rends compte que prononcer des mots est difficile et cela se ressent dans ta voix. Elle est plus rauque, plus éraillée. Elle a souffert de l’eau ingurgitée. T’espères ne pas avoir perdu ta voix tout de même… celle que tu caches.

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C’est une sacrée frayeur que tu as eue et elle ne va probablement pas s’arrêter là. Ces gars, tu vas forcément les croiser à nouveau mais c’est sûrement ce à quoi ils s’attendent, ignorants le fait que tu ne sais pas du tout nager. Pour eux, ce n’est qu’une petite blague comme une autre et ils sont peut-être en train d’attendre dans le dortoir des Serpentard que tu réapparaisses complètement trempé. Les connaissant, ils ne s’en prendront pas tout de suite à toi, préférant laisser un petit temps de latence entre les deux attaques pas tout à fait gratuites étant donné que tu les cherches assez souvent toi-même. T’as carrément envie de penser que tu l’as mérité, mais ce serait pousser le bouchon un peu trop loin, même pour toi. Tu mérites de te faire rabattre le caquet mais pas de mourir pour autant. Tu les imagines facilement en train de se marrer entre eux, t’imitant sortir de l’eau. Au moins, ils ne t’ont pas volé ta baguette – enfin, tu ne crois pas. Elle est tombée de ta veste, c’est une certitude, car tu ne la sens pas contre toi. T’espères au moins qu’elle a chuté dans l’herbe et non dans le lac noir car pour la retrouver, ce sera une autre paire de manche. Tu soupires de soulagement lorsqu’il vous sèche tous les deux car, mine de rien, tu as tout de suite moins froid. Mars n’est pas vraiment un mois très chaud en Écosse et tu sentais déjà le vent froid du continent te tailler la peau à chacun de ses passages.

Caelum s’attend sûrement à ce que tu sois soulagé par son identité, mais il n’en est rien. Tu serres la mâchoire car, même si tu apprécies autant que faire se peut ta tutrice en Protection Magique, tu n’as clairement pas envie que cette affaire remonte auprès d’elle. Tu sais d’avance quelle sera sa réaction et tu n’as pas envie d’entrer dans un procès qui finira par faire comprendre à tout le monde que tu es loin d’être une victime dans chacune de ces attaques. Si tu apprenais à fermer ta gueule, certaines choses ne se produiraient pas. Tu ne peux pas remettre toute la faute sur toi-même mais tu ne peux pas non plus nier ton implication. Il faut que tu trouves un moyen pour que ce gars ferme son clapet et n’ait pas l’idée d’aller répéter ce qu’il a vu et fait à quelqu’un de plus gradé. On te demandera des explications ainsi qu’une désignation de coupables et t’as pas vraiment envie de passer par là. Tu parviens à peine à te redresser et force est de constater qu’il va te falloir rester allonger un peu plus longtemps que prévu. Ton regard se porte vers le ciel qui est aussi tumultueux que tes pensées et tes émotions. S’est-il assombri depuis que tu es tombé à l’eau ou n’est-ce que ta vision qui n’est pas encore tout à fait revenue à elle-même ?

Super, et en plus il veut rester. Tu ne sais pas si tu dois en être ravi ou pas. C’est vrai qu’une présence te fait du bien, mais t’as pas envie que cette même présence se mette à t’assommer de questions. Tu ne peux pas vraiment lui en vouloir non plus, il t’a sauvé la vie, il mérite des explications. Sauf que t’as pas envie d’en donner. Il y a des choses comme ça dont on ne veut pas parler… Peut-être peux-tu jouer là-dessus ? Le traumatisme de la noyade ? C’est une bonne excuse pour garder le silence. La peur que les bourreaux recommencent s’ils venaient à l’apprendre. Oui, c’est une bonne tactique, tu vas faire ça. Après tout, dans cet état et vu ta tête, il sera difficile de croire que tu n’es pas réellement effrayé par ces mecs-là. Et puis, tu l’as été, il faut se rendre à l’évidence. Ce que tu as ressenti quand ils t’ont porté jusqu’à la berge, ce n’était clairement pas de l’amour ou de la joie ! Mais de la frayeur pure et dure, celle qui noue les entrailles et glace le sang.

« C’est gentil, merci. » Tu gardes le silence dans un premier temps, espionnant les agissements et réactions de Caelum. Jusqu’où ira sa patience ? Combien de temps acceptera-t-il de rester à tes côtés sans rien faire et, surtout, sans obtenir de toi une quelconque confidence sur les événements qui se sont produits ? Tu continues de fixer le ciel et après plusieurs minutes, fais une nouvelle tentative pour te redresser. Elle est beaucoup plus efficace et tu te mets en position assise sans trop de difficulté, cette fois. Ta langue passe le long de tes lèvres puis de tes dents supérieures et tu n’ignores pas le mal de crâne qui menace de se pointer.

« J’ai perdu ma baguette en cours de route, tu ne l’aurais pas vu ? Gosh, j’espère qu’elle n’est pas dans le lac… J’ai clairement pas les moyens de m’en racheter une. » Un spectateur te regarderait probablement avec beaucoup d’incompréhension. Tu as failli mourir il y a à peine quelques minutes et tout ce qui t’inquiète, c’est de potentiellement avoir à te racheter une baguette ? Non, tu n’expliques pas cette logique. Ou du moins, tu n’en as pas envie, même si elle a du sens pour toi. Cette histoire entre Serpentard, tu t’y es fait il y a des années de cela même si, jusqu’à présent, ils n’ont jamais mené vos échanges jusqu’à une possible mort de l’un d’entre vous. Oui, c’est grave et tu le sais. T’es pas complètement stupide. Sauf que tu penses pouvoir gérer tes camarades de classe alors que l’argent, ça, c’est plus compliqué. Tu es clairement loin de savoir faire de la manumagie donc forcément, on te demandera comment tu l’as perdu et pourquoi. Les questions se succéderont les unes à la suite des autres jusqu’à ce que tu parles de cette noyade. Il vaut mieux pour toi que tu te taises. Pour une fois. Faut-il encore que tu en sois capable !

« Tu peux m’aider à la chercher ? »

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Tout ce qui t’importe sur le moment, c’est de retrouver ta baguette magique car sans elle, passer pour un sorcier va définitivement devenir plus difficile au quotidien. Déjà qu’on te juge pour être un moldu, alors si en plus tu n’as plus l’équipement nécessaire à la réalisation de tes sorts… Caelum s’en charge pour toi et tu le remercies d’un signe de tête. Tu ne savais pas si la baguette était tombée dans l’herbe ou dans l’eau, mais le doute est vite effacé lorsque l’objet s’échappe de la surface du Lac Noir pour arriver dans la main du Gryffondor, qui te la tend par la suite. Tu t’en saisis et fronces aussitôt les sourcils en entendant ses « conseils ». Tu ne sais pas si tu dois rire ou pas, car tu as légèrement l’impression qu’il te prend pour un gamin de onze à qui on vient tout juste d’offrir sa première baguette. Et même si tu joues parfois de ce côté enfantin, tu n’aimes pas qu’on te prenne pour un débile. Encore moins un marmot ignare. Tu es un adulte maintenant, tu sais ce que tu fais et si tu n’as pas saisi l’opportunité plus tôt de t’emparer de ta baguette, ce n’est pas parce que tu n’y as pas pensé… Bien au contraire ! Il n’était pas là, il n’a pas pu voir comment les choses se sont produites et pourquoi tu as dû assister à ta propre descente aux Enfers sans pouvoir les en empêcher. Tu ravales ta fierté ainsi que le venin qui menace de s’échapper de ta bouche, mais ta réponse frôle l’ironie et le sarcasme.

« Merci du conseil, j’y penserai la prochaine fois ! » Se retenir de lever les yeux au ciel te coûte beaucoup mais tu es bien forcé de ne pas paraître trop méchant. Ce mec t’a tout de même sauvé la vie, tu ne peux pas agir avec lui comme tu agirais avec un Serpentard ou un Poufsouffle traînant par là. Cependant, ta gentillesse semble le pousser à vouloir « parler » et là encore, il te faut te retenir de force. Tu n’as pas envie d’en discuter, n’est-ce pas évident ? Il n’y a absolument rien à dire qui puisse changer les choses. Le passé est le passé et tu ne doutes pas que le futur sera aussi compliqué que lui. Oui, tu as frôlé la mort aujourd’hui et tu as eu la peur de ta vie, mais en quoi te plaindre y changera quoi que ce soit ? Cela ne rendra pas tes camarades plus ouverts avec toi ou tes propos moins durs envers eux. Surtout que, dans le cas présent, les torts sont presque partagés. Tu prends une grande inspiration et ranges ta baguette dans ta veste, là où elle aurait dû rester à la base et ton silence pousse de nouveau Caelum à parler. Il s’enfonce dans son délire de valeureux chevalier et ce n’est pas toi qui vas pouvoir l’arrêter. Il semble déterminé à faire « payer tes bourreaux » et tu ne vois pas comment cela pourrait arriver. Tout bêtement parce que tu ne les dénonceras pas. Ce n’était qu’une blague. Avec quelqu’un sachant nager, ce serait passé inaperçu et la vie aurait continué son cours, comme si de rien n’était. Difficile, pourtant, d’expliquer ça au Gryffondor sans paraître insensible à ta propre condition. Tu ne peux pas non plus lui dire de se mêler de ses propres affaires, étant donné qu’il a carrément sauté à l’eau pour te sauver. Il va falloir la jouer serrée, Billie…

« Je ne les considère pas comme des bourreaux. Ce sont juste des camarades de classe à qui j’ai un peu trop cherché des noises et qui ont cru me faire une blague en me plongeant à l’eau. Aucun n’est au courant que je ne sais pas nager et je ne le leur ai pas dit. » Et c’est la pure vérité. Même quand ils t’ont traîné de force jusqu’à la berge, il ne t’est pas venu à l’esprit de leur faire savoir que tu ne savais pas faire autre chose que couler dans l’eau et qu’en plus de cela, celle-ci t’effrayait au plus haut point. Mais même si tu l’avais fait, ils auraient pris cela pour une fausse excuse… Tu ne peux pas leur en vouloir de ne pas te croire. Tu as l’habitude de mentir, de jouer de sarcasme et d’ironie avec leur cervelle de moineau. Tu es le garçon qui crie au loup. À la fin, plus personne ne veut te croire…

« Tu peux toujours les retrouver, si tu veux, et leur faire savoir ce qu’ils ont failli causer. Mais leur ignorance ne devrait pas justifier un renvoi de l’université. » Es-tu réellement en train de les défendre ? L’eau a dû te monter au cerveau, il n'y a pas d'autre explication possible. Tu ne penses pas que les exclure changera leur comportement à ton égard. Au lieu de n'être que le "moldu pas à sa place", tu deviendras le "moldu pas à sa place qui évince des sangs purs" et il n'y a rien de bon à ça. Tu sens déjà la cible se former dans ton dos.

« J'ai bien conscience que tes intentions sont honorables et je ne les remets pas en question. Tu es libre de faire ce qui te semble juste. Tout comme moi. Je ne veux pas me créer plus de problèmes, tu comprends ? La prochaine fois, je serai plus vigilant. » Mais tu n'es pas certain qu'il croit réellement à tes propos. Toi-même, tu ne sais pas s'ils sont justes. Tu tentes simplement de te sortir d'une situation difficile où la morale est ambiguë. Tu n'attends pas du Gryffondor qu'il te comprenne… Sa logique n’est pas la tienne et aucun de vous deux ne peut en vouloir à l’autre de faire son possible pour que sa vision des choses soit la gagnante de ce match étrange.

« Et si tu pouvais ne pas en parler à Kayla, j'apprécierais énormément. Je ne veux pas qu'elle se sente obligée d'interférer là-dedans et qu'elle se mette dans une situation compliquée. Le mieux, c'est qu'on oublie tout ça. »

@Caelum Macmillan & Billie

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Bien sûr qu’il veut t’aider et on te trouverait sûrement stupide de refuser son aide de la sorte. Tu n’es pas vraiment en position de faire le malin même si, une fois séché, tu as bien meilleure mine. Caelum semble assez costaud pour se gérer lui-même ainsi qu’une autre personne et un ange gardien ne te ferait pas de mal, vu tout ce qui t’arrive constamment. Sauf que tu n’en as pas demandé un et tu n’es même pas sûr d’en vouloir un… C’est le problème avec toi, tu n’en fais constamment qu’à ta tête. Il n’y a pas de honte à se faire aider et tu es d’accord avec cette vision des choses. Mais malgré cela, tu veux tout de même te débrouiller tout seul. Le Gryffondor ne semble pourtant pas comprendre qu’à trop parler, à trop se plaindre, on récolte pire que ce qu’on a semé. Tu les connais, ces Serpentard, tu sais qu’ils n’aiment pas les balances et encore moins les leçons de morale. Aller les voir et leur dire que ce qu’ils ont fait est mal ? C’est complètement inutile. Au mieux, ils riront bien de cette évidence et au pire des cas, ils t’en mettront une pour avoir osé les importuner avec tes bêtises. Caelum est peut-être confiant et bien bâti, mais il n’est probablement pas taillé pour se mesurer à une bande de Serpentard déterminés à cacher leur implication dans un tel accident. Sans l’aveu de la victime – c’est-à-dire toi – Caelum n’ira nulle part. Et tu n’es pas prêt de le donner. Ces Serpentard, tu dois vivre avec tous les jours. Tu dors avec eux, dans le même dortoir, parfois dans la même chambre. Tu ne veux clairement pas te réveiller collé à ton lit ou d’autres inventions du genre qu’ils auront trouvé pour se venger de toi.

« Je suis seul depuis très longtemps et je me débrouille. Ce n’était qu’un petit accident, rien de plus. » Mais il ne l’entend pas de cette oreille, le Gryffondor, et ça commence un peu à t’échauffer. Tu ne sais pas ce que tu dois lui dire pour le convaincre que tout ceci ne vaut pas une bataille. Il veut se lancer dans une guerre qui n’aidera personne, et surtout pas toi. Chaque protestation ne fait que renforcer la taille de la cible qui se dessine chaque jour dans ton dos et tu trouves difficile de lutter pour faire comprendre cela à quelqu’un qui, de toute évidence, n’a pas subi les mêmes choses. Ou alors, il le cache très bien. Tu ne prends pas le temps d’analyser Caelum, même si tu comprends rapidement à ses propos qu’il a un grand sens de la justice et que ça a l’air de compter énormément à ses yeux. Peut-être en a-t-il vécu une par le passé qui l’a traumatisé et aujourd’hui, il se sent obligé de faire le justicier pour les autres. C’est admirable, honorable même, mais c’est hors-sujet te concernant. Tu es redevable de ce sauvetage mais tu ne demandes absolument rien de plus de la part du sorcier. Face à ton silence, il commence à comprendre la stratégie que tu as décidé d’adopter face à cette situation et renouvelles son intention de te porter son aide. Entre lui et Kayla, décidément, ça fait beaucoup de preux chevalier qui viennent à ta rescousse… même si les contextes sont très différents. Tu simules un sourire reconnaissant, te redresses un peu plus sur tes jambes pour te mettre debout. Ta tête tourne encore un peu mais c’est gérable, pour le moment.

« Je te remercie, vraiment, mais ça vaut mieux comme ça. Je comprends parfaitement que ça te semble injuste et ça l’est aussi un peu pour moi, je te rassure. Mais il y a certaines batailles qu’il ne vaut mieux pas engager. Je sais à quoi m’attendre dans le cas présent et je crois pouvoir gérer. Je leur ferai comprendre moi-même leur erreur. Après tout, c’est un peu de ma responsabilité non ? » Tu mens. Au moins un petit peu. Si tu les croises à nouveau – ce qui risque fortement d’arriver et même plus tôt que prévu – il est fort possible que tu ne dises rien. Tu auras peut-être une remarque un peu sarcastique à leur encontre s’ils se décident à te vanner, mais tu n’iras pas jusqu’à leur dire que ce qu’ils ont fait est mal. Au fond, ils doivent parfaitement le savoir sans que tu n’aies à le leur dire. On ne jette pas quelqu’un à l’eau, dans un Lac aussi mal réputé que celui-ci, en se disant qu’on a fait quelque chose de bien. Quant à Kayla, il est sûr et certain que tu ne lui en toucheras pas un mot. Tu n’es pas fou. Votre connexion est déjà éprouvée par ta grande gueule et ta tendance à ironiser tout ce qui te passe par la bouche, tu ne vas pas en rajouter en racontant tes petits malheurs… provoqués par cette même bouche, d’ailleurs ! Elle s’inquiétera trop pour toi, voudra peut-être même te surveiller, ce qui est inconcevable. Mais surtout, elle te remontera les bretelles et ce combat-là non plus, tu n’as pas envie de le mener.

« Un peu mieux mais je veux bien un peu de compagnie, au moins jusqu’au château. Ça ne te dérange pas, t’es sûr ? » Bien sûr que tu l’es, toi. Depuis tout à l’heure, Caelum ne cherche qu’à t’aider donc tu le vois mal te dire non maintenant. Tu vérifies une énième fois que tu as bien rangé ta baguette dans ta veste – on ne sait jamais – et attends qu’il ait récupéré son balai pour te mettre en marche. Tu y vas doucement, les premières minutes, car ton équilibre est encore un peu précaire avec tout ce qui s’est passé. Ton esprit n’est pas totalement revenu à lui et sa connexion avec ton corps est difficile. Mais tu ne renonces pas et un pied après l’autre, vous vous mettez en route en direction de Poudlard. À cet instant précis, tu rêves d’un bon chocolat chaud et d’une couette autour de tes épaules. Cette chaleur et ce réconfort te feront le plus grand bien, sans doute. Tu es peut-être un peu mesquin et provocateur, mais ça n’exclue pas que tu puisses avoir besoin d’un peu de douceur toi-même de temps à autres.

« Tu fais du Quidditch ? »

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If you can't swim, you better learn to drown

Physiquement, tu te dis que tout va bien. À part ta voix qui en a pris un coup, il n’y a rien d’insurmontable ou de potentiellement mortel. Rien qui ne puisse pas se résoudre avec un petit sort ou un bonbon au miel. Il faudra que tu penses à prendre au moins une tisane pour contrer l’irritation de ta gorge car tu ne comptes pas laisser les choses se dégrader. Même si tu n’en parles à quasiment personne et que tu ne le montres pas, tu aimes chanter et ça t’embêterait beaucoup que tu perdes cette petite particularité, quand bien même elle reste secrète. Donc non, physiquement, il n’y a aucune alerte à donner. Le problème que tu peux rencontrer et que tu préfères ignorer, c’est le traumatisme que t’aura causé ce plongeon dans l’eau alors que, d’une, elle était glacée et que de deux, elle t’effraie plus que n’importe quelle bestiole au monde. Tu préfères ne pas penser à ce qui s’est produit et si tu remets la faute sur ton comportement, c’est probablement pour ne pas avoir à penser à ce que cet événement implique pour toi. Il y a fort à parier que tu en rêveras, en cauchemarderas même et plus tu laisses ces pensées prendre leur marque dans ta tête et plus cette ombre pèsera sur tes nuits. Tu ne veux pas la laisser faire. Tu ne veux pas devenir faible et perturbé par une chose qui est passée. Mais même si tu t’en convaincs et que tu y parviens même très bien à l’heure actuelle, une petite part de toi-même sait que tu en souffriras une fois seul dans ton coin ou sous la couette, la nuit. Tu ne penseras qu’à ça. Qu’à la peur que tu as ressentie, celle-là même qui s’est emparée de tes tripes et les a tordus les uns aux autres sans ménagement. Tu te souviendras de la sensation gênante de ne plus savoir ni pouvoir respirer, de cette eau qui rentrait dans ta gorge sans vouloir ressortir. Et tu te maudiras pour ne pas savoir penser à autre chose qu’à la noirceur des profondeurs qui se trouvaient juste sous tes pieds, prêtes à te happer et à dévorer ton corps jusqu’à la dernière miette.

Mais pour le moment, tu te concentres sur ta marche et à ce que tu peux bien raconter à Caelum pour le persuader que rien de tout cela ne t’atteint ni ne t’atteindra jamais. Vous avancez côte à côte et c’est toi qui amorces la conversation en te basant sur les quelques éléments dont tu disposes sous les yeux. Un balai, une plutôt bonne maîtrise de celui-ci tu l’imagines, vu qu’il su te sauver grâce à ça… Il te paraît donc presque évident de lui demander s’il fait du Quidditch et tu t’attends à une réponse positive, qui ne tarde pas. C’est un capitaine et tu te retrouves un peu couillon face à lui, montrant ton ignorance de son haut poste dans un sport sorcier réputé, qui fait beaucoup parler de lui. Ce n’est pas que tu ne t’es jamais intéressé au Quidditch, bien au contraire. Comme tout le monde, tu aimes assister aux matchs pour l’effervescence procurée et cette sensation d’unisson avec tout un stade. Mais tu ne t’es jamais arrêté aux noms des joueurs, ne les voyant que comme des pions se déplaçant sur un échiquier. Si tu respectes leur rôle et leur travail, tu ne leur accordes pour autant pas beaucoup de ton attention. Tu entends au ton de la voix de Caelum qu’il est fier d’être capitaine – mais en même temps, quel joueur ne le serait pas ? Il doit y avoir quelque chose d’indescriptible à mener son équipe à la victoire et en somme, cela colle plutôt bien à l’image qu’il renvoie actuellement. Un Gryffondor sauveur et capitaine de Quidditch qui sait très bien voler sur un balai et a le sens de la justice… C’en est presque caricaturale et tu retiens une mimique un peu moqueuse.

« Je ne joue pas au Quidditch, si c’est la question. Mais j’apprécie de temps en temps un bon match. La position dans les gradins me convient parfaitement et est beaucoup moins stressante ! Puis je crois que je n’ai jamais été très doué pour tenir sur un balai… » C’est à peine si tu marches correctement sur tes deux jambes ! C’est vrai qu’à ton arrivée à Poudlard, tu as dû faire plus d’efforts que n’importe qui pour apprendre à maîtriser ces engins. En tant que moldu, tu n’as jamais fait de vélo, de roller et on ne te laissait même pas courir. Ton seul exploit sportif se résume à une escalade approximative – et dangereuse – du rebord de ta fenêtre pour sortir de chez toi. Une fois réparti dans ta maison, tu as dû apprendre l’effort physique quand d’autres courraient depuis leur plus tendre enfance ou avaient déjà tenu un balai dans leur main – celui d’un de leurs parents. Tu n’as pas été avantagé mais tu penses pouvoir te débrouiller aujourd’hui sans foutre la honte à tous les sorciers né-moldus. Tu essayes de te dire qu’on ne peut pas t’en vouloir pour être si inexpérimenté sur le plan physique, que c’est la faute de tes parents sûrement, mais tu as tout de même conscience qu’il ne tient qu’à toi de faire changer les choses et que tu ne te bouges pas forcément les fesses dans cette optique. Faut dire que t’as parfois un sacré poil dans la main, Billie…

« J’aime jouer aux échecs ! C’est très stratégique, ça demande du mental et de la ruse. Je m’y débrouille pas trop mal, je crois… » Même mieux que pas trop mal, mais tu ne vas pas faire le mec vantard si vite dans la conversation. Pour dire, il t’arrive régulièrement de battre Hélios. Vous êtes souvent coude à coude dans ce domaine, surtout qu’aucun de vous deux ne supporte de voir l’autre gagner. Tu réalises que Caelum fait de vrais efforts pour apprendre à te connaître alors tu décides d’être un poil plus ouvert et moins… piquant. Tu as tendance à te cacher bien trop vite dans l’ironie et le sarcasme.

« Pratiquer des duels m’amuse beaucoup aussi. Je suis passionné par les sortilèges donc c’est un bon moyen de se perfectionner avec quelque chose qu’on aime. À part le Quidditch, quelles sont tes autres activités ? »

@Caelum Macmillan & Billie

If you can't swim, you better learn to drown

C’est une vérité que personne ne pourra jamais t’enlever : sur un balai, tu ne vaux pas grand-chose. L’avantage, c’est que tu le sais et que tu ne risques pas d’être choqué par une insulte sur le sujet ayant pour but de te déstabiliser. Si tu n’es pas disposé à admettre l’intégralité de tes faiblesses - comme la plupart des gens d’ailleurs - tu peux en reconnaître quelques-unes. Les plus flagrantes, surtout, ce qui te permet de passer pour un gars réaliste et pas totalement antipathique. On peut presque te penser modeste, parfois, ce qui est une totale illusion. À mesure que vous avancez l’un à côté de l’autre, tu te rends compte que le silence ne convient pas au Gryffondor et que ce dernier doit se sentir obligé de te faire la conversation pour que toute cette situation ne paraisse pas trop étrange. Tu n’as rien contre le silence et surtout pas à ce moment-là, dans ces circonstances. Vos quelques mots sur vos passions respectives te confirment que Caelum et toi n’avez pas grand-chose en commun, et donc pas de quoi alimenter une longue et profonde conversation. Tu es même presque certain que vos parcours de vie (familiaux notamment) sont à l’opposé l’un de l’autre et que vous comprendre relève du difficile. Pas impossible, certes, mais compliqué. Vous pouvez toujours essayer mais au fond, même si vous vous entendez, ce ne sera jamais complètement. Tu l’écoutes pourtant te parler de Quidditch et de sport – deux sujets que tu n’aimes pas particulièrement – comme si cela allait pouvoir changer quelque chose à votre dynamique. Le plus difficile étant de ne pas porter de jugement hâtif sur le sorcier à tes côtés et qu’il serait facile de rentrer dans la case du « sport beau et complètement débile » dont les moldus s’abreuvent dans les films de comédie romantique. Tu espères pour Caelum qu’il est plus que cela, bien que l’adage veuille que bienheureux sont les simples d’esprit. Cela ne pourra jamais être ton cas, malheureusement. Tu te prends constamment la tête avec toi-même, comme si cela ne suffisait pas de te mettre dans les pattes des autres et recevoir leurs remontrances.

« C’est ce que j’ai pu constater oui… On a vite fait de se retrouver le crâne défoncé au sol si on ne fait pas un minimum attention. Oui, pas trop mon délire je dois dire… » Et ce ne le sera probablement jamais. T’aimes bien chercher des poux aux autres mais pas au point de volontairement mettre ta vie à risque comme le font les joueurs de Quidditch – surtout les professionnels. Tu as bien compris que c’est cette adrénaline qu’ils recherchent, celle qui accompagne une potentielle mort imminente. Une bande de cinglés oui ! Il faut être complètement siphonné pour ‘jouer’ à un sport pareil. Peut-on seulement parler de jeu quand tant de vies sont en danger ? Est-ce que personne ne s’est jamais posé la question ? Enfin, tu ne vas pas débattre de ce sujet avec Caelum car son avis – comme le tien – ne risque pas d’être changé par quelques mots rapidement glissés dans l’espoir de faire sensation sur son destinataire. Et puis, ce gars vient de te sauver la vie quand même… tu lui prendras la tête un autre jour, quand tu te sentiras un peu moins reconnaissant et que tu auras une meilleure forme physique pour te défendre si jamais il décide de te faire accepter ses arguments à coup de manche de balai sur le crâne. Avec les athlètes, on ne sait jamais !

« Allons donc, je suis sûr que tu pourrais très bien t’en sortir ! » Il est nécessaire pour toi de le brosser dans le sens du poil et, donc, de ne pas lui donner raison lorsqu’il se dévalorise de la sorte. De toute évidence, tout le monde ne peut pas être ‘malin’ ou rusé, tout comme tout le monde ne possède pas un certain instinct physique que Caelum semble posséder. Il a ses défauts, tu as les tiens et en cela, vous vous complétez. Tu n’iras pas non plus jusqu’à dire qu’il est bête comme ses pieds. De un, ce serait suicidaire et de deux, potentiellement faux. Il n'a pas l’air né de la dernière pluie, contrairement à certains de ses camarades dont il est aisé de se moquer tellement ils manquent de jugeotte, parfois. L’as-tu souvent fait ? Assez pour en avoir payé le prix quelques fois. Mais tu t’es toujours dit que ça valait le coup de voir leurs têtes se décomposer lorsqu’ils se rendent compte que tu les prends pour des idiots.

D’ailleurs, ton seul mécanisme de défense vraiment efficace reste les sortilèges, d’où tes passages réguliers au club de duel. C’est une matière dans laquelle tu excelles et qui peut te sortir de quelques déboires à cause de ta langue bien trop pendue. On ne s’attend jamais à ce que tu sois si débrouillard ou à ce que tu puisses gagner un combat contre quelqu’un de plus âgé et supposément plus expérimenté que toi. Tu aimes surprendre, peu importe la manière utilisée en fin de compte. Le Gryffondor te tire un sourire lorsqu’il rajoute qu’il n’est pas de ces sportifs au cerveau totalement creux et qui constituent à eux seuls toute une catégorie. Monsieur lit ! C’est un exploit, non ? Allez, trêve de plaisanterie pour aujourd’hui Billie ! Sans ce gars, tu serais mort donc tu peux bien t’empêcher de faire du sarcasme pendant quelques minutes supplémentaires, non ?

« Ah mais oui, c’est vrai que tu es une année au-dessus de la mienne en Protection Magique, n’est-ce pas ? Je me disais bien que je t’avais vu quelque part – autre que le Quidditch bien sûr. Il nous est déjà arrivé de nous croiser dans ce contexte. Tu dois être bon dans cette filière, je présume ? Être Auror n’est pas donné à tout le monde. Je ne pense pas avoir ce qu’il faut pour en devenir un, ni même le vouloir. Moi ce que je veux, c’est être tireur d’élite de baguette magique ! Ce serait le pied total. » Il y a un autre parcours qui te conviendrait également mais auquel tu t’interdis de penser la plupart du temps, pour la simple raison qu’il n'est pas vraiment exceptionnel et peu rentable si tu ne parviens pas à percer – comme 90% de tes compères chanteurs. C’est un risque que tu ne te sens pas encore prêt à prendre, même s’il est tentant et qu’il te fait du pied de temps en temps, histoire que tu ne l’oublies pas. Comment le pourrais-tu ? Chaque fois que tu entends une chanson ou juste de la musique, tu te demandes ce que serait ta vie si tu en étais le compositeur ou l’interprète. Comme si ça pouvait arriver, tiens !

« Tu as des membres de la famille dans ce même cursus ? Genre, vous êtes Auror de père en fils chez toi ? » Tu ne sais pas trop qui est Caelum mais son image se dessine dans ta tête et les détails font mouche. C’est probablement un sang-pur de bonne famille car, tout bêtement, il a l’air propre sur lui. Juste ça. On a l’air de l’encourager dans ce qu’il fait, qui est une voie d’honneur. Un peu comme celle que suivrait un père aimant. Pas comme le tien, quoi.