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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Ah mais qui voilà ? Inspectrice Auburn [Jin] :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Dim 30 Jan - 19:18

Février 2021

Les mains pleines de terre et de crasse, je récupérais les copies du dernier élève retardataire avant de le regarder prendre son sac à la hâte et filer hors de ma salle de classe. J’avais la sensation que le cours que je venais de donner à mes étudiants ne les avait guère inspirés, et pour cause : il me manquait les objets nécessaires pour véritablement les captiver. En effet, j’avais enchanté un collier et une sphère me permettant de faire apparaître les animaux fantastiques les plus dangereux dans mes cours sans pour autant qu’il y ait le moindre danger. Le hic ? Je vivais avec Harper Auburn qui aimait toucher mes affaires. Aujourd’hui, mon cristal était défectueux et je n’avais pas eu le temps de le réparer, et ma sphère avait volé en éclat.
Pour aujourd’hui, j’avais donc dû me contenter pour la première heure de leurs livres, puis de leur donner un examen surprise sur la base des soins à donner aux niffleurs et aux hippogriffes.
Curieuse, mais aussi pleine d’appréhension, je jetais un œil aux feuilles du garçon de la maison Serdaigle qui venait de partir. Les premières réponses me firent froid dans le dos. Par la barbe de Merlin, étais-je à ce point une si mauvaise enseignante ?
Il fallait dire que je n’avais jamais eu comme prétention de devenir professeure, mon cœur allant toujours auprès des dragons, et maintenant que mes fiançailles avaient été officialisées auprès de ma famille, mon père me donnait davantage de travail quant à notre héritage familial. Bientôt, ce sera à moi de reprendre le flambeau des devoirs qui incombent les MacFusty depuis de nombreuses générations, et j’allais avoir énormément à accomplir, en plus de mon métier d’enseignante et de mes projets auprès de Ludivine Tallec.
Poussant un soupir alors que je remettais en question ma capacité à enseigner mon métier, je rangeais les copies dans un dossier que je plaçais ensuite dans mon sac à dos. Ce fameux sac un peu rapiécé qui me suivait depuis ma première année à Poudlard, depuis mes onze ans. Il y avait une quinzaine d’années de mon existence là-dedans puisque je l’avais agrandi à l’aide d’un sortilège, et je n’y avais jamais trop fait de tri. Si un jour l’idée m’en prenait, il me faudra à n’en pas douter au moins un kilomètre carré pour tout étaler et tout ranger.

Jetant un coup d’œil par la fenêtre en constatant la météo, je grimaçais en me félicitant de m’être occupée de mes créatures un peu plus tôt dans la journée. La pluie était battante aujourd’hui et je n’aimais guère rester dehors sous ses conditions. Non pas que je sois douillette ou flemmarde, mais ma santé fragile me demandait de toujours faire attention. C’était sans compter sur ma sœur adoptive qui me courait sur le haricot (et ce n’était pas qu’une image) pour que je fasse attention à moi.
Cela dit, même en m’organisant comme je le faisais là, elle trouverait à y redire. Enfin, il ne valait mieux pas trop que je songe à ma sœur adoptive sinon j’allais réussir à m’énerver toute seule comme une grande.
Ainsi, je préférais enfiler mon manteau par-dessus mon grand pull à col roulé rouge tricoté en de grosses mailles. J’adorais ce vêtement, il me tenait vraiment bien chaud. Réajustant mon jean puis mes manches, je sortais de ma salle de classe et après l’avoir refermée à clé, je me mis à déambuler dans les couloirs.

Avec agilité, j’évitais les élèves trop pressés pour faire attention à moi. C’était que leurs vies d’adolescents étaient des plus palpitantes, et pour cela, quoi de mieux qu’une course effrénée dans l’école pour rejoindre sa classe, son ami, son ou sa dulciné(e), le terrain de Quidditch ou que sais-je ?
Malgré la discrétion dont j’avais toujours fait preuve depuis ma naissance, car j’étais une grande timide, j’avais moi aussi vécu ce genre de chose, surtout avec Harper… et d’autant plus lorsque nos sœurs respectives nous avaient rejointes à Poudlard. Le nombre de crasses que nous nous étions mutuellement faites était pour ainsi dire gargantuesque. C’était un miracle que l’école tienne encore debout, et ce sera un miracle qu’elle ne prenne pas feu avant la fin de l’année scolaire puisque nous étions à présent, ironie du sort, toutes les quatre enseignantes. À croire que le château voulait notre peau.

Malgré tout, cela restait d’excellents souvenirs, et ce fut avec un petit sourire aux lèvres que je poussais la porte de la salle des professeurs. Pour l’heure, elle était vide, et heureusement, cela allait me permettre de mieux me concentrer sur mes copies. En ce milieu d’après-midi, je ne ressentais pas l’envie de rentrer chez moi et d’y travailler, d’autant plus que Harper allait terminer tard ce soir, c’était l’une de ces grosses journées de la semaine. Par avance, je savais donc que j’allais être plus productive si je n’avais pas le cadre de ma demeure autour de moi. Posant un peu négligemment mon sac sur la grande table servant à accueillir tous les professeurs de l’école, je m’approchais de l’elfe de maison qui attendait ici pour lui demander un café. J’étais épuisée, et quand bien même je n’étais pas une grande buveuse de ce breuvage (je préférais le thé), j’avais besoin d’une petite motivation pour me donner le courage nécessaire à entamer mes copies que je devinais par avance catastrophiques.
Une fois l’elfe de maison parti, je m’installais sur une chaise avant de ressortir les documents de mes élèves et de les étaler devant moi. Avec soin, j’attrapais ensuite mon encrier et ma plume, et, redressée sur le dossier de la chaise, je pris le temps d’attacher mes cheveux (chose rare) déteints en blond afin que je ne sois pas embêtée par les mèches rebelles qui auraient décidé de venir me tomber devant le visage voire sur mes feuilles.
La créature revenue des cuisines avec mon café, je la remerciais chaleureusement, puisque je ne considérais pas les elfes comme des esclaves, puis je me penchais sur mes corrections.
Les minutes s’égrenèrent les unes après les autres, et bien que je puisse entendre les allées et venues dans le couloir, je n’y prêtais pas attention. Lorsque j’étais au travail, je restais concentrée sur ce que je faisais et j’en oubliais presque tout ce qui pouvait se trouver autour de moi. Ainsi, je n’entendais même pas mes collègues entrer et sortir de la salle et qui rôdaient autour de moi.



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Mar 1 Fév - 14:53

Abigail & Jin

Ah mais qui voià ? inspectrice Auburn ft. Abigail



Février 2021

Jin est assise à son bureau, une tonne de copies étalée devant elle. Les derniers élèves avaient eu un examen. Des chaudrons trainent encore sur toutes les tables. C’est qu’il faudra encore tout ranger avant de partir. En effet, Jin tient à ce que sa classe soit propre et ordrée. Elle adore son métier de professeur. Partager son savoir a toujours été un de ses objectifs et y être parvenue la remplie de fierté. Fatiguée par sa journée, elle pose sa tête sur ses feuilles. C’est que ces temps, Jin ne lésine pas sur le travail. En plus de son travail de professeur de potion, Jin ressasse la nouvelle qu’elle a apprise par ses grands-parents. Harper et Abigail vont se marier et Harper ne le lui a même pas annoncé ! Elle en veut à Harper. Même si leur relation est compliquée, elle aurait pu le lui dire. Un mariage, ce n’est pas rien. Jin se questionne également sur la personnalité d’Abigail. Bien qu’elles soient les deux à Poudlard, elle ne lui jamais vraiment adressé la parole tellement Abigail est discrète. Et pourtant, elle va rejoindre la famille. Elle regarde par la fenêtre, la pluie tape sur les carreaux. Ce bruit la relaxe.  Elle pose la tête sur ses feuilles et ferme les yeux.

Soudain elle se voit dehors, le soleil brille. Une plage de sable fin, un coucher de soleil. Le paysage est magnifique. Des fleurs sont également installées un peu partout. Des chaises forme une allée de cérémonie, laissant un passage au centre. Le décor est magnifique. Harper et Abigail sont là aussi. Elles sont splendides avec leurs belles robes. Elles se tiennent par la main et on l’air tellement radieuse. Elles s’avancent main dans la main pour débuter le mariage. Les grands-parents d’Harper sont également présents, assis sur des chaises un peu plus loin. Jin se sent mise à l’écart. Tout le monde a l’air si radieux et confiant. Est-ce la seule qui se pose des questions ? Qui est donc vraiment Abigail ? Il s’agit de la femme d’Harper et pourtant Jin ne connait même pas cette dernière. Elles ont juste discuté deux-trois mots par-ci par-là, sans plus. Qui est donc cette Abigail qui rend sa sœur si heureuse en cet instant ? Elle espère bien le découvrir un jour.

Soudain, le tonnerre gronde. Jin ouvre un œil, puis deux. Zut, elle s’est (encore) assoupie sur ses copies.  Un café lui ferait le plus grand bien. Mais d’abord, Jin range sa classe. Puis, elle décide d’aller à la salle des professeurs boire son café et d’y corriger ses copies sur place.
Elle traverse les couloirs remplis d’élèves qui se chahutent. Jin se souvient qu’elle aussi étaient comme eux. Elle a adoré ses études à Poudlard, bien qu’elle se sentaient souvent seule. Pourtant, Jin est autant solitaire qu’à l’époque. Bien qu’elle ait des relations stables avec les autres, elle n’a pas d’amis vraiment proches qui connaissent ces émois et tourments.
Elle arrive enfin à la salle des professeurs et ouvrent la porte. Elle voit directement Abigail qui corrige ses copies. Elle se fige et referme la porte, sans entrer dans la salle. Depuis le temps qu’elle la cherche afin d’avoir une conversation et peut-être se rapprocher d’elle. Mais elle est tellement discrète, Abigail, que Jin ne l’a jamais vu seule. Que doit-elle faire ? Lui parler ? Mais pour dire quoi ? Jin fait les cent pas devant la porte et resasse les possibilités. Si elle ne lui dit rien, elle va s’en vouloir. Une occasion pareille ne se rate pas. Prenant son courage à deux mains, elle ouvre la porte.

A part Abigail, la salle est vide. Jin entre dans la salle, voit l’elfe de maison et lui demande un café, bien qu’elle soit totalement réveillée maintenant. Jin s’installe à une table, de manière à avoir Abigail dans son visuel et sort de son sac en bandoulière ses copies, qu’elle étale en petit tas bien distinct devant elle. Cependant, Jin n’est pas d’humeur à effectuer ses copies, une occasion pareille de parler à Abigail ne se produira pas deux fois.

- Salut, Abigail. Comment tu vas ?

Peut-être que de parler d’une chose qu’Abigail aime et adore et que tout le monde sait pourra être une première ligne d’approche pour entrer en relation avec elle. Jin espère sincèrement que sa technique va fonctionner. Si Abigail se vexe et ne veut plus lui parler, se sera peut-être la fin sa relation avec elle et peut-être même, avec sa sœur.

- Dis…Pourquoi aimes-tu autant les dragons ?

Jin scrute le visage d’Abigail en tentant d’y lire une réaction. Elle se sent un peu bête, maintenant qu’elle a osé questionner Abigail sur sa passion. Mais elle n’a rien trouvé de mieux.

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Abigail MacFusty
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Jeu 3 Fév - 10:40

Février 2021

Si bien concentrée dans mon travail, je ne réalisais pas qu’un ou une collègue était rentré dans la salle des maîtres. Ainsi, même si cela pouvait être interprété comme de l’impolitesse, je ne relevais pas le nez de mes corrections, très attentive aux réponses de mes élèves afin de les noter le plus justement possible. Pour certains, les évaluer était aisé, pour d’autres, c’était un véritable casse-tête puisque leurs réponses n’avaient aucun sens. C’était à se demander pourquoi ils avaient décidé de venir dans mon option… peut-être pensaient-ils, à tort, que j’étais trop gentille et que, puisque mon cours était optionnel, il n’y aurait pas énormément de travail. Ils devaient sans doute s’en mordre les doigts, et pour certains élèves, j’allais devoir signaler durant l’année scolaire que soit ils devaient se reprendre, soit changer de cours facultatif. Globalement, j’étais une personne compréhensive et patiente, mais il y avait des limites à ne pas franchir. C’était sans compter que durant ces derniers mois, j’avais cruellement manqué de magie à cause du neutraliseur du Blood Circle, ainsi, quelques petits malins avaient cru bon d’essayer d’en profiter. Grand mal leur en a fait puisque j’avais été accompagnée de ma très chère petite elfe de maison Bonnie qui était libre de faire ce qu’elle souhaitait durant mes cours. Notre relation était ainsi basée que je lui faisais confiance pour qu’elle soit juste envers mes élèves. Après tout, elle m’avait en partie éduquée à l’époque et je me souvenais avec plaisir des facéties que nous avions fait ensemble à mes parents et à mon frère.
Quand la voix de Jin s’éleva dans la salle, je sursautais en bondissant de ma chaise, la fixant alors avec surprise et effroi. Bordel de merde elle sortait d’où ?
De la porte, sûrement, certes, mais wow… des fois je me faisais peur à être à ce point concentrée sur mon travail.

- Oh, désolée Jin, je ne t’avais pas vue… Je vais bien et toi ?

Je lui souriais avec politesse. Je connaissais que mal la petite sœur de ma fiancée. Durant notre enfance, nous n’avions jamais trop trainé ensemble (j’avais ma préférence pour Harper) et notre relation se résumait aux crasses que nous faisions à nos petites sœurs (qui nous les rendaient bien). Cela dit, j’avais toujours maintenu tant bien que mal une relation assez neutre, voire amicale avec Jin. Je savais ce que c’était que d’avoir un grand frère, et je savais que les liens fraternels étaient importants (quand bien même aujourd’hui je ne m’entendais pas avec Moïra). Ainsi, la situation de la cadette Auburn m’avait toujours fait un peu de peine, et tant bien que mal, j’avais essayé de temporiser la colère de Harper dirigée envers Jin.
Lorsque cette dernière devint ma collègue, je n’avais jamais trop cherché à me rapprocher d’elle. Non pas que je m’en fichais, mais parce qu’à l’époque, je ne voulais plus rien à voir avec les Auburn du fait que j’entretenais qu’une relation cordiale avec l’aînée, ce qui me faisait terriblement souffrir. Aussi, j’étais à ce point une sorcière timide et solitaire que je n’avais pas ressenti le besoin d’aller voir Jin plus que nécessaire, à savoir, lorsque j’avais besoin de potions pour mes créatures. En échange, je lui donnais des ingrédients en provenance des créatures magiques de l’école ou de celles dont je m’occupais en dehors de mes heures à Poudlard. Un échange de bons précédés qui, jusque-là, avait merveilleusement bien fonctionné.

Pensant naïvement que la conversation allait s’arrêter là, à de simples et cordiales salutations, comme nous nous contentions toujours de le faire toutes les deux, je penchais à nouveau mon nez sur ma copie. Pourtant, la question de la jeune femme me décontenança à ce point que je relevais la tête pour la regarder, franchement étonnée.
Vraiment ? Elle me posait cette question à moi, Abigail MacFusty ? D’autant plus qu’elle connaissait Moïra, cette dernière avait dû lui parler de notre famille, non ?
Jin était partie durant quelque temps en France, mais quand même, elle était originaire de la région, comme Harper… Clignant plusieurs fois des yeux, je me questionnais franchement sur les intentions de ma future belle-sœur. Était-ce là une stratégie maladroite de se rapprocher de moi avec une question totalement lambda, ou était-ce une question qui l’intéressait véritablement ?
Sentant la surprise passer, je reprenais une attitude normale, à savoir timide, un peu en retrait, me faisant toute petite à ma place. Je n’arrivais guère trop à le saisir, car les mystères du comportement de l’être humain m’échappaient totalement, alors que j’étais l’une de ces rares sorcières qui parvenaient à comprendre une attitude chez un dragon sans la moindre difficulté.

- Euh je… bah…

Oui « bah ». Comment expliquer pourquoi j’aimais à ce point les dragons ? Est-ce qu’il devait y avoir une raison à une passion qui nous attrapait les tripes et nous les nouait ? Je l’ignorais, alors, je décidais de commencer par le plus logique.

- Ben… Ma famille veille depuis des générations sur les Noirs des Hébrides dans l’archipel… c’est un… héritage en fait. Je baissais les yeux tout en commençant à triturer nerveusement la plume que j’avais entre mes doigts. Je continuais tant bien que mal. On n’apprécie pas tous les dragons, certains ne sont ni dragonologistes, ni magizoologiste, mais… on a des devoirs… et moi, j’ai envie de perpétuer la tradition. Nerveusement, j’alignais les fiches qui étaient étalées devant moi. Je… pense que ce sont des créatures incomprises et ça… me fascine de les observer. D’essayer de… déceler leurs mystères et de… bousculer les habitudes trop brutales utilisées par mes confrères dragonologistes.

J’étais une jeune sorcière pleine de talent en dragonologie, c’était d’ailleurs un mystère que j’ai cessé cette pratique pour devenir « simple » enseignante à Poudlard. Au Ministère, je faisais un peu parler de moi, car je refusais d’utiliser des sortilèges sur les dragons pour les plier à ma volonté. Je préférais m’armer de patience et user d’une manière plus douce pour pouvoir les approcher et gagner leurs confiances, ce qui ne me rendait pas imprudente ni naïve, je ne cherchais pas à les dompter. J’étais une personne douce, qui abhorrait la violence, et c’était ce qui me rendait particulièrement doué avec n’importe quelle créature magique. Par extension, j’étais, malgré mon handicape social, une bonne professeure en soin aux animaux fantastiques.

- Pourquoi tu me demandes ça soudainement ?

Oui pourquoi ? Et était-ce vraiment nécessaire de commencer une discussion alors que nous n’étions même pas attablées au même endroit ? Je n’avais guère envie de parler à ce point à voix haute à travers la salle des professeurs… mais je ne pouvais décemment pas non plus ignorer ma future belle-sœur.



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Ven 4 Fév - 17:42

Abigail & Jin

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Février 2021

Jin n’imaginait pas faire sursauter Abigail. Cette dernière aurait pourtant dû voir Jin entrer dans la salle. Est-ce qu’elle voulait juste l’ignorer et ne pas entrer en relation avec elle ? Où est-ce vrai qu’elle ne l’a pas vu ? Jin ayant vécu avec une mère folle à lier, elle a dû, dès l’enfance, toujours observer l’environnement dans lequel elle est. Sinon, elle risquait de se faire réprimander. Soit car elle est sur son passage ou alors, si elle a bu, sa simple présence était un prétexte d’une crise de colère. Ainsi, Jin observe en permanence l’environnement dans lequel elle se trouve, comme si un danger pouvait survenir à n’importe quel moment. Elle s’étonne lorsque les autres ne perçoivent pas du changement dans leur environnement. C’est pourquoi elle est interloquée qu’Abigail ne l’a pas vue. Ou alors elle le fait exprès, se dit Jin. Peut-être qu’elle n’a pas envie de me parler. Il parait pourtant normal et naturel à Jin de saluer sa future belle-sœur, même si les deux sorcières ne se sont jamais rapprochées. D’ailleurs, elle est persuadée qu’Abigail lui demande également comment elle se sent par pur politesse, mais qu’au fond, elle en a cure. Elle lui répond en mimant de l’engouement :

- Euh, oui je vais bien aussi, merci.

Un mensonge. Au fond, Jin ne va pas bien. Le fait que sa propre sœur ne lui a rien dit à propos du mariage la met hors d’elle. Elle aimerait tellement avoir une famille, une vraie, qui s’aime de manière inconditionnelle. Mais au lieu de ça, elle a hérité d’une mère aliénée et d’une sœur qui s’en fiche d’elle, selon elle du moins. Il y a bien les grands-parents, mais Jin ne se sent pas autant proche d’eux que Harper. Le soir, elle attend uniquement de retrouver son canapé pour ruminer, avec son hibou Langsa qui lui fait une très bonne compagnie. Gentil et serviable, son animal de compagnie est la seule personne qui connaisse tous ses secrets et ses émotions.

La réponse d’Abigail concernant sa passion pour les dragons met Jin mal-à-l’aise. En effet, elle a vu sa surprise et son étonnement. Elle se demande bien ce qui se passe dans sa tête, en attendant qu’elle réponde à sa question. Devant son hésitation, Jin lève un sourcil. Pour une personne passionnée, la réponse doit être simple, non ? Face à la nervosité d’Abigail, Jin se demande si elle a bien fait de poser cette question. Peut-être est-ce trop personnel. Lorsque Abigail relate un héritage et de traditions familiales cela rappelle à Jin sa vie avec sa mère. Le fait qu’au fond, elle n’a pas vraiment de famille. Sa mère et sa sœur la rejette, elle se sent souvent seule au monde. De plus, elle n’a même pas réussi à avoir une amie proche. Peut-être est-elle trop maladroite socialement. C’est pour cela que Jin décide d’être honnête. Mettre son égo de côté va peut-être l’aider à nouer une relation avec Abigail.

- Je vois, tu as de la chance d’avoir un héritage, une famille. Moi, comme tu le sais certainement par Harper, c’est compliqué. Entre ma sœur et ma mère…

Jin ne finit pas sa phrase. Elle ne sait que dire, comment le lui dire. Elle n’a pas l’habitude d’ouvrir son cœur aux autres. En outre, les deux sorcières ne se connaisse pas vraiment encore et n’ont jamais vraiment discuté ensemble. Elle replonge genre de rien le nez dans ses copies, mais ne parvient pas à se concentrer. Sa plume tremble.

Jin se sent attaquée par sa réplique. « Pourquoi je lui demande ça ». Ne sachant que répondre, elle triture sa plume, ses mains commencent à trembler. Abigail doit trouver bizarre que je lui pose cette question, ici, dans la salle des professeurs. Ne sachant que répondre, elle lui dit :

- Bah, je, je sais peut-être pas le bon endroit pour parler ici, mais euh je sais pour Harper et toi. Je me disais, vu que tu vas rejoindre la famille, que l’on pourrait juste discuter un peu, histoire de faire un peu connaissance…Enfin, euh, si t’es d’accord bien sûr.  

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Abigail MacFusty
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Dim 6 Fév - 8:42

Février 2021

Quand bien même je connaissais assez mal Jin puisque j’avais toujours davantage été proche de sa sœur, elles avaient un trait de caractère qui les unissait indubitablement. C’était quelque chose que j’avais déjà pu observer de temps à autre alors que nous n’étions les trois que des enfants, mais cela me frappa d’autant plus aujourd’hui puisque je vivais présentement sous le même toit que l’aînée Auburn. Ce sourire si éclatant, cet engouement associé à la désinvolture. Je me trompais peut-être concernant Jin, mais lorsqu’Harper se sentait mal, soit elle se plongeait dans la nourriture (au sens propre comme au figuré) soit elle se réfugiait derrière son grand sourire et son énergie débordante. Alors que la professeure de potion m’indiquait comment elle se sentait, je vis sur son visage la même attitude. Il y avait ce sourire, cet enthousiasme, puis cette voix presque chantante qui me répondit. Certes, je n’étais pas devin et le comportement humain était l’un des plus énigmatiques pour moi tandis que je pouvais déceler un trait de caractère précis sur une créature, toutefois, j’avais la naïveté de croire qu’en ce moment même, Jin portait un masque. Dans le fond, comment pouvait-il en être autrement ? Bien sûr, elle avait retrouvé son père et ça se passait bien, elle gagnait sa vie avec un métier qui semblait lui convenir, elle était une sorcière douée également… mais je pouvais aisément imaginer que tout cela ne suffisait que peu pour être profondément heureux (en dehors de son père). Sa sœur était toujours dure avec elle, quand bien même j’essayais d’arrondir les angles (ce qui était ironique vu ma relation avec ma propre sœur). Sa mère était complètement cinglée, bien que je ne l’aie jamais rencontré, j’en avais entendu parler toute mon enfance. Si Harper souffrait du manque de sa famille, car, contrairement à Jin, elle avait mis du temps à retrouver son père, et qui plus est, ce père était… celui qu’il était, je soupçonnais que Jin souffre du même mal.

Je m’étais toujours targuée d’avoir une famille soudée et unie. Quand bien même je ne m’entendais guère avec Moïra, nous avions toujours réussi au moins à garder une relation simple et cordiale pour éviter de nous écharper en plein repas de famille. Enfin, elle était ma médicomage attitrée, ce qui n’était pas rien dans les relations familiales. Entre Harper et Jin en revanche, il n’y avait que peu d’attaches. Une mère indigne, aucun lien fraternel et des plaisanteries d’enfances qui ne les ont jamais trop rapprochées. Enfin, j’ignorais si ma fiancée avait parlé à la jeune femme de notre mariage. Je savais qu’elle l’avait contacté, mais, pour le moment, je n’en savais pas plus. Néanmoins sans m’offusquer que ma bien-aimée n’ait rien dit, car je la laissais aller à son rythme, je ne me gênerais pas si d’aventure la jeune rouquine non loin de moi décidait de me poser des questions. Après tout, notre union n’était pas un secret, et quoiqu’en dis Harper, Jin était la seule famille qui lui restait… en dehors de moi.

La culpabilité injustifiée que la directrice des Gryffondor abandonne son nom d’enfance pour adopter le mien vint me prendre au cœur tandis que la professeure de potions me parla de mon héritage. J’avais la sensation qu’elle abandonnait davantage sa petite sœur, d’autant plus que cette dernière ne termina pas la phrase qu’elle venait de commencer. Sans être surprise toutefois, je me permettais simplement de joindre mes mains, dont mes deux annulaires étaient ornés de mes bagues de prémariage et de fiançailles, pour cligner tranquillement des yeux.

- Oui, je sais tout ça, et je suis désolée que vous ayez à vivre ça, Harper et toi. Je marquais un petit temps de pause avant de reprendre. Harper t’a contacté non ? C’est un début, tu ne crois pas ?

Je lui souriais avec gentillesse pour essayer de l’encourager. J’avais l’impression de nous revoir, une quinzaine d’années plus tôt alors que nous n’étions que des enfants. Moi qui, après une dispute entre les deux sœurs, venais vite voir la cadette pour lui assurer que Harper l’appréciait. Car c’était la vérité : Harper l’appréciait, et bien plus qu’elle ne voulait se le dire. Mais voilà, la sorcière était fière, et lui faire admettre quelque chose était souvent difficile, j’y avais été confrontée de nombreuses fois.
Faisant volontairement fit de mon héritage, car c’était un sujet très complexe à aborder avec moi, surtout à la veille de mon mariage et à l’aube d’une période de l’année qui était très difficile à vivre pour moi, je me permis d’observer un peu la jeune femme qui semblait, étrangement, hésiter sur plusieurs points. Me questionner, ses copies, décidément, Jin aujourd’hui semblait bizarre, je l’avais déjà observée plus calme et plus sereine.
Car oui, à l’instar de sa sœur et de tout le monde, je l’avais observée minutieusement. De loin, mais aussi de près. Sorcière petite, timide et malade, j’avais toujours eu du mal à nouer des liens avec mes semblables (les créatures étaient plus faciles d’approche), Harper ayant été ma première véritable amie à mes onze ans. Ainsi, pour essayer de me rasséréner, d’anticiper les autres, pour mieux disparaître, j’avais utilisé mes yeux et mes oreilles pour analyser les gens.
Jin n’avait pas fait exception.
De par ce fait, je voyais aisément la plume de la sorcière trembler, je voyais la nervosité dans ses mains tremblantes, mais ce fut patiente que j’attendais sa réponse, puisque j’étais véritablement intéressée.
En revanche, je ne m’attendais absolument pas à une confidence de la sorte, et ce fut en haussant un sourcil que je déglutissais ma salive, un peu nerveuse. Que Jin veuille se rapprocher de moi parce que j’allais devenir l’épouse de sa sœur était tout à fait normal, et je me surprenais d’avoir bêtement songé que les choses avec la cadette n’allaient pas changer. Évidemment que Jin allait vouloir se rapprocher de moi, évidemment qu’elle voulait en apprendre plus, ça aurait été même surprenant qu’elle s’en tienne au statu quo que nous avions entre nous depuis si longtemps.

Cette petite rouquine avait été dans la maison Serpentard, mais elle cachait au fond d’elle le même courage tenace que sa lionne de sœur. Un courage que je n’avais pas.
En revanche, j’étais d’une bienveillance et d’un altruisme à toute épreuve, ce qui faisait de moi la digne sorcière de la maison Poufsouffle, et aujourd’hui la digne directrice (tout le moins j’avais la prétention de le croire). Ce fut pourquoi je tendais mon bras en face de moi pour tapoter de la main la place qui s’y trouvait, invitant de la sorte la jeune femme à me rejoindre et à s’asseoir devant moi. Inutile de hurler à travers la salle des enseignants, d’autant plus pour une conversation privée. Nos collègues (et donc Harper) pouvaient nous rejoindre d’un instant à l’autre et je n’avais pas envie de paraître pour plus folle que je ne l’étais déjà… quoique, si l’aînée nous voyait à la même table, elle paniquerait sans doute quelques secondes.
Mais encore une fois, je n’avais de compte à rendre ni à l’une ni à l’autre, et je voulais, à l’instar de Jin, moi aussi entretenir de bonnes relations avec ma future belle-sœur.
Poussant mes copies sur le côté tout en gardant soigneusement le même ordre, je fis la place à la potionniste pour qu’elle puisse me rejoindre avec aisance, mais une fois celle-là devant moi, je baissais mes prunelles d’un brun presque noir sur mes mains. Ce n’était pas une attitude nouvelle : j’avais toujours agi ainsi avec elle, et avec n’importe qui d’ailleurs. Il m’avait toujours été très difficile de regarder autrui dans les yeux au point qu’on en vienne à me juger bizarre, voire asociale et autiste. C’était peut-être vrai, dans le fond, je ne cherchais ni à démentir, ni à rétablir une vérité dont j’en avais cure. J’étais qui j’étais, et voilà.
Après avoir avalé ma salive pour reprendre contenance, j’osais reprendre la parole.

- Tout d’abord, je tenais à présenter mes excuses. Que tu aies pu apprendre pour le mariage sur le tard. Ce n’était pas intentionnel de ma part, tu sais comment est Harper, et je pense que ce n’était pas à moi de te le dire… Tu sais, mes proches l’ont aussi appris un peu en retard… Je glissais nerveusement une main derrière ma nuque, me rendant compte que mes paroles étaient une bien maigre consolation. Donc, voilà. Désolée. Gardant les yeux obstinément baissés sur la copie que j’étais en train de corriger depuis tout à l’heure, je décidais de donner à Jin, pour la première fois de notre relation, le champ libre. Que voudrais-tu savoir à mon propos ?



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La réponse d’Abigail a mis du baume au cœur à Jin. Elle l’a sentie tellement à l’écoute et attentionnée. Les deux sorcières se sont déjà rencontrées plusieurs fois par le biais d’Harper dans la maison familiale ou encore dans l’enceinte de l’école. Cependant, elles n’ont jamais vraiment discuté. Plus jeunes, elles se sont contentées de se faire des farces ou avoir uniquement des conversations superficielles. Adultes, Harper n’est jamais bien loin d’Abigail. Ainsi, les deux sorcières passent leur temps ensemble dans la maison familiale, généralement sans prendre le temps de discuter ou d’inviter Jin. Cette dernière se sent d’autant plus trahi, comme si elle avait encore moins de place pour elle dans la maison familiale. Jamais elle n’a discuté avec Abigail, à cœur ouvert, comme aujourd’hui, d’adultes à adultes. Mais Jin n’en a jamais voulu à la sorcière. Cette dernière n’y est pour rien dans sa relation avec harper. Au contraire, Jin espère que la sorcière pousse Harper à se montrer davantage cordiale avec elle.  Lorsque Jin voit Harper tellement heureuse, elle se doute bien que les deux sorcières se sont bien trouvées. Quoi de mieux que de voir une personne que l’on aime nager dans le bonheur ? C’est vrai qu’il y a eu des hauts et des bas, comme dans toute relation, mais Jin est contente pour les deux sorcières.

D’ailleurs, Harper a envoyé un SMS à Jin. Mais la professeure de potion ne sait pas encore de quoi souhaite parler Harper, bien qu’elle se doute bien qu’il s’agit du mariage. Prenant une grande inspiration avant de parler, Jin lui avoue :

- Oui, Harper m’a contacté. Elle m’a proposé un rendez-vous dans un pub. Je me doute qu’il s’agit de m’annoncer votre mariage. Je vais en tout cas y aller et voir ce que cela donne. Peut-être qu’on pourra se rapprocher, après tout on est sœur quand même. On a vécu la même galère. Et puis…cela fait des années qu’on n’a pas été que toutes les deux.

Jin sent ses mains qui tremblent après sa tirade. En aurait-elle trop dit ? Qu’est-ce qui se passe pour que Jin se mette à parler autant et à cœur ouvert ? Mais elle se sent à l’aise avec Abigail. D’ailleurs, Jin se souvient que la sorcière venait dans sa chambre la réconforter, lorsqu’elles étaient enfants. Son côté altruiste la rassure. Avec courage, elle poursuit :

- Tu sais toi, pourquoi est-ce qu’Harper veut me voir ? Tu crois que c’est pour m’annoncer le mariage ? Je t’avoue que je suis un peu stressée à l’idée de la rencontrer en tête-à-tête. Et si on n’avait rien à se dire ?  Cela fait des années que l’on n’a plus été seule, toute les deux. Euh…désolé, je ne voulais pas en dire autant…

Jin sent le rose lui monter aux joues. Mais pourquoi débite-t-elle autant de choses si…intime ?

Lorsqu’Abigail lui propose de prendre place à côté d’elle, Jin se sent rassurée. Elle voit cela comme une invitation à poursuivre la conversation, de manière privée. Pour Jin, il s’agit également d’une manière pour Abigail de lui montrer qu’elle lui porte de l’intérêt. Lentement, Jin fait un seul gros tas de ses copies qui étaient posées devant elle. Elle les prend, les mains tremblantes (avec les copies dans les mains, cela se voie encore davantage) et les pose sur le bout de table que lui a laissé Abigail. Puis, elle retourne chercher son sac et le pose à côté de sa chaise. Le souffle court, elle prend place en face d’Abigail. Elle s’étonne que cette dernière ne la regarde pas dans les yeux et cela la rend mal-à-l’aise. Elle n’arrive pas à déchiffrer les émotions de la sorcière assise en face d’elle et cela la perturbe. Lorsque Abigail présente ces excuses, Jin se sent gênée. Elle n’en veut pas à Abigail, mais uniquement à Harper. Il s’agit d’une histoire entre les deux sœurs et Abigail n’y est pour rien.

- Oh, tu n’y es pour rien pour le mariage. Je ne voulais pas te rendre mal-à-l’aise. Jin fait une pause et pose ses mains sur ses cuisses, pour que ses tremblements ne se voient pas. Si je l’ai appris tard, c’est que Harper ne me l’avait pas annoncé. Tu n’y es pour rien, c’est entre elle et moi. Mais je suis déjà contente d’avoir ce rendez-vous avec elle. J’espère sincèrement que ça va bien se passer.

Jin se tait quelques instants, réfléchissant à ce qu’elle aimerait connaitre d’Abigail. Sa question la désarçonne et elle ne sait que dire. Que demander à quelqu’un que l’on connait finalement à peine ?

- Euh, je ne sais pas trop ce que je veux savoir sur toi…Enfin je…je…euh…je…comment se passe la cohabitation avec ma sœur ? Et si tu as des questions sur moi, surtout, n’hésite pas.

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Dim 20 Fév - 14:32

Février 2021

Je souriais avec douceur à l’adresse de la jeune sorcière non loin de moi qui essayais, apparemment, de se rassurer en songeant au rendez-vous qu’elle allait avoir avec son aînée. Moi qui étais entre deux eaux, je pouvais constater à quel point les deux sœurs étaient stressées à l’idée de rencontrer l’autre, et comment pouvait-il en être autrement lorsqu’on a ce passé lourd en commun ? Depuis enfant, j’avais toujours fait de mon mieux pour encourager Harper à aller voir Jin, à la prendre un minimum en considération, mais les lions sont très têtus en plus d’être majestueux. Ainsi, sachant qu’Harper n’allait guère faire de gros efforts, j’avais toujours mis un point d’honneur à être d’une compagnie peu désagréable pour la cadette, histoire d’essayer d’arranger les choses. À cette époque, Kyle était toujours vivant, et j’avais pleinement conscience de l’importance d’une fraternité, bien qu’elle été fracturée par une intruse dont la simple pensée me faisait grincer des dents.
C’était ironique n’est-ce pas ? De vouloir recoller les morceaux entre deux sœurs alors que j’en étais incapable avec la mienne. Cela dit, les situations étaient différentes, Moïra était adoptée quand Harper et Jin partageaient la moitié de leur sang.
En réalité, ce qui avait créé une véritable fissure entre elles, c’était que la jeune professeure de potion retrouve son père, et que tout semble bien se passer. Une chance que Harper ne pourrait jamais saisir puisque son père avait été cinglé de son temps de sorcier, et qu’aujourd’hui il était complètement sénile en plus d’avoir un comportement toujours aussi… déplacé. Néanmoins, je ne pouvais décemment pas me mettre en colère, ni contre leur sotte de mère, ni contre Lockhard, puisqu’ensemble ils ont engendré la personne que j’aimais le plus au monde.
Posant mes coudes sur les parchemins que j’étais en train de corriger, je baissais les yeux sur mes mains qui entouraient mes avant-bras avant de répondre.

- Je crois que vous êtes stressées toutes les deux à l’idée de ce rendez-vous. Je ne sais pas pourquoi au juste elle désire te voir, elle ne me l’a pas vraiment dit, mais j’imagine que c’est pour plusieurs choses. Le mariage, mais aussi pour essayer de vous retrouver. Peut-être, aussi parler de vos pères respectifs. Je regardais ma bague de fiancée qui entourait mon annulaire droit avant de reprendre. Tu sais… Harper a été tellement blessée que tu retrouves le tien, et qu’elle, elle faisait sans cesse face aux échecs… Je marquais une courte pause. Ta sœur est têtue et elle a sa propre manière de réagir à la douleur. Essaie peut-être de… ne pas trop te formaliser… Il lui faudra sûrement du temps. Je levais les yeux vers la jeune femme en lui souriant avec douceur, prenant garde à ne jamais croiser son regard. J’imagine que c’est pareil pour toi dans le fond.

Puisque je connaissais moins bien Jin, je parlais un peu pour Harper, mais je ne voulais pas non plus en dire trop. C’était à la directrice des Gryffondor que de parler avec sa sœur, et non pas à moi. Pour autant, je n’amoindrissais absolument pas les émotions et les sentiments de la sorcière experte en potions non loin de moi, voilà pourquoi je m’étais permis ce dernier commentaire.
Loin de moi l’idée de me formaliser parce que la jeune femme en était venue à « en dire autant », je l’invitais à me rejoindre histoire que nous n’ayons pas à hurler à travers la salle des professeurs. Comme à l’époque lorsque nous étions enfants, je restais une jeune femme timide et pleine de réserve, sans jamais trop regarder mes interlocuteurs dans les yeux et en essayant de toujours rester discrète en toutes situations. J’étais donc fidèle à moi-même en invitant l’Auburn à me rejoindre puisque cela était une manière de rester entre nous de manière furtive, mais aussi de lui permettre de rentrer dans mon cercle privé, lui indiquant de cette manière que j’étais tout à fait ouverte à la discussion.

La voyant rassembler ses affaires, je la laissais me rejoindre, non sans l’observer de cet œil aguerri que j’avais aiguisé au fil du temps, remarquant alors aisément ses joues un peu rosies, ses mains légèrement tremblantes et sa nervosité apparente. Qu’arrivait-il donc à Jin Auburn, cette jeune femme à l’apparence toujours sûre d’elle et au-dessus de tout ?
N’avait-ce toujours été qu’une image fardée ?
La question me frappa de plein fouet, pourtant je ne me permettais aucune remarque, préférant m’excuser concernant l’annonce tardive du mariage. Autant essayer de commencer la conversation de manière cordiale.
Aux dires de Jin, je ne pus m’empêcher encore une fois d’étirer doucement mes lippes tout en gardant les yeux baissés, la voyant poser ses mains sur ses cuisses, sans doute pour cacher au mieux sa nervosité. Déglutissant tranquillement ma salive, je prenais le temps pour répondre.

- Il n’y a pas de raison pour que ça se passe mal si vous êtes sincères l’une envers l’autre. Et… quoi qu’elle en dise, je tiens à ce que tu sois présente le jour du mariage.

Après tout, nous étions déjà mariées Harper et moi, mais ça, personne d’autre que nous, nos deux témoins d’infortune et notre marieur de Las Vegas le savait. Harper n’avait donc pas à râler de la présence de sa sœur à la cérémonie officielle, d’autant plus que moi, j’avais invité ma greluche de sœur adoptive. Une sacrifie pour la paix de la bienséance.
Laissant la jeune femme réfléchir, je rassemblais un peu mes copies, gardant celle que j’avais commencé à corriger sur le dessus. Comprenant bien que la situation était délicate pour Jin, je lui laissais tout le temps qu’il lui fallait pour rassembler ses idées et ses questions. Cela dit, je fus complètement éberluée par sa question au point que je relevais des yeux ronds sur elle pour la fixer, incrédule. Clignant des paupières pour rapidement détourner à nouveau mes prunelles je fronçais les sourcils sous la réflexion.

- Oh je… euh… c’est… je ne m’attendais pas à ce genre de questions… Elles s’étaient passé le mot avec Moïra ou quoi ? C’était à peine si la médicomage sonnait toutes les heures à notre appartement pour vérifier que tout aille bien. Maintenant Jin ? Oh purée… ça… se passe bien. Je n’ai rien de particulier à te dire, on a emménagé ensemble seulement au cours du mois de janvier, c’est encore très frais, mais… ça va… enfin, je ne suis pas certaine de bien comprendre ce que tu voudrais savoir. Elle rentre tout le temps en retard, elle ne jette pas les emballages de céréales vides, elle les remet dans l’étagère. Elle nourrit n’importe comment les animaux. Elle étudie mes objets magiques et souvent elle me les casse… Elle laisse trainer ses chaussures à l’entrée et du coup je m’encouble tout le temps dedans… elle fait le ménage et range quand même son merdier… Enfin… j’imagine que tout ça est d’une banalité et d’une normalité tout à fait normale.

Je l’ignorais en vrai, si c’était normal ou pas, puisque je n’avais jamais vécu avec quiconque et que mon île, en dehors de Poudlard, était déserte et loin de tout.
Évidemment, j’omettais bien de dire à Jin le nombre de fois où nous faisions l’amour par jour ni comment, sa sœur et moi. C’était de l’ordre privé, et rien que d’y penser je me sentais rougir un peu. Joignant nerveusement mes mains devant moi, j’hésitais avant de lui poser à mon tour des questions.

- Comment ça se passe avec ton père ? Et la France, comment c’est ? Je voudrais bien y aller un jour, j’ai appris des rudiments de français, mais je crois que… mon accent n’est pas terrible.

Je souriais de manière plus légère à nouveau tandis que mes pensées s’évadèrent auprès de mes « cours de langue » auprès de Luca, avant que je ne renoue avec Harper. Ça avait été aussi instructif qu’intense. Mais là n’était pas le moment de se remémorer ce genre de choses.



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Mar 1 Mar - 9:32

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Les mots utilisés par Abigail rassurent Jin. Après tout, si Harper est également stressée à l’idée du rendez-vous, c’est qu’elle y accorde de l’importance. Jin pense parfois qu’Harper ne porte aucun intérêt pour elle et qu’elle ne souhaite pas nouer contact. Sinon…pourquoi tous ses silences lorsque Jin essayait de la contacter lorsque Harper était à Poudlard ? Jin cherche à comprendre sa sœur, mais n’y parvient pas. Les mots d’Abigail se bousculent dans la tête de Jin. « Se voir pour plusieurs choses » … Pour quoi d’autres ? A quoi peut bien faire allusion ses paroles ? Jin n’en a aucune idée. Elle regarde ses mains sagement posées sur ses cuisses et les voit trembler encore. Pourquoi perd-t-elle son assurance, dès qu’il s’agit de sa sœur ? D’habitude, elle ne perd jamais son aplomb. Jin ne se doutait pas un instant que le fait qu’elle ait retrouvé son père puisse rendre Harper si mal. Mais ce n’est pas sa faute, si Harper a eu de la difficulté à retrouver le sien et qu’il est ce qu’il est. Et cela n’explique pas non plus le comportement d’Harper lors de toute son enfance. Toutes les fois où Jin a voulu jouer avec Harper, mais que cette dernière la rejetait. Jin sent la colère bouillir en elle maintenant. Cette histoire de père retrouvé ne serait pas une excuse qu’à trouver sa sœur ? Ne voulant rien faire paraitre devant Abigail par peur de perdre ce début de relation, Jin lui répond en essayant de la regarder droit dans les yeux, mais la sorcière baisse systématiquement son regard :

- Je ne crois pas que c’est pareil pour moi…J’ai toujours voulu me rapprocher d’Harper. Mais j’ai l’impression qu’elle ne le souhaite pas vraiment. Sinon, comment expliquer ses silences lorsqu’elle était à Poudlard et que je vivais encore dans la maison familiale ? Elle est ma sœur, mais je n’ai pas l’impression de l’être à ses yeux. Jin baisse les yeux sur ses mains et les vois former un poing. Enfin bref, je verrai bien lors de notre rencontre. Mais c’est vrai que je n’avais jamais imaginé que le fait que j’ai retrouvé mon père puisse l’avoir blessé. Je pensais qu’elle serait contente pour moi. Enfin, peut-être qu’elle l’est et ne le verbalise pas.  

Jin laisse une courte pause afin de remettre ses idées en place et de faire baisser sa colère en prenant plusieurs grandes inspirations de manière discrète.

- Je crois que tu as raison lorsque tu parles d’être sincère. Il est peut-être temps de laisser tomber nos égaux et de se montrer authentique l’une envers l’autre. Dans tous les cas, je vais suivre ton conseil du mieux que je peux.

Voyant que sa question à propos de la cohabitation entre Harper et Abigail rend cette dernière mal-à-l’aise, Jin essaie de se justifier :

-  Euh…je voulais juste essayer de créer une discussion, enfin, d’en apprendre davantage sur toi, sur ta vie. Je ne voulais pas me montrer intrusive. Tu as le droit de le dire si tu ne souhaites pas répondre. Tu sais, je comprends ce que c’est que de vivre avec Harper. Petite, déjà, elle était plutôt bordélique. Jin sourit à Abigail. Avec elle, on ne risque pas de s’ennuyer en tout cas.

Jin baisse le regard en repensant à son père. La France. Tout le monde dit qu’il s’agit d’un merveilleux pays. Elle ne l’a jamais vraiment visité, malgré ses nombreux déplacements pour y retrouver son père. C’est que ce dernier est très occupé par sa famille et par son travail. Ils se contentent souvent de manger, tous ensemble. Ses demi-frères sont toujours avec eux. Elle ne le voit jamais seule, ce qu’elle regrette vraiment. Cependant, elle n’a jamais eu le courage de le lui dire ouvertement. De plus, elle se sent étrangère dans cette deuxième famille. Elle sent qu’elle dérange et ses demi-frères le lui font bien savoir. Ils se montrent distants, réticents, répondent à peine à ses questions et n’en posent jamais. Mais Jin n’a jamais avoué à personne que tout n’est pas rose. Lorsqu’une personne lui pose la question, elle rétorque que tout va pour le mieux, que c’est formidable. Qu’elle a retrouvé cette partie manquante de sa personnalité. Peut-être le fera-t-elle auprès d’Harper, pour se rapprocher d’elle. Mais pas à Abigail, Jin ne se sent pas prête à le faire. Un jour, peut-être, elle en aura le courage, mais pas aujourd’hui.

- Oh, avec mon père, ça va. La France est grande et je ne l’ai jamais trop visitée. On n’a pas trop eu le temps encore, mais ça fait partie de nos projets. Cette dernière phrase est un mensonge, mais Jin n’avouera pas qu’ils n’ont pas de projets ensemble et que sa relation avec lui est plutôt neutre, bien qu’elle ait conscience que ça pourrait être pire. Oh, tu sais, mon accent en français n’est pas très bon non plus, mais on arrive à se comprendre, c’est l’essentiel. Et les Français que j’ai pu rencontrer trouvent notre accent plutôt mignon en plus.

Les yeux dans les vagues, Jin se demande si Abigail va croire à ce mensonge et surtout à tous ces non-dits à propos de son père.

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Mer 2 Mar - 21:58

Février 2021

Avec le respect qu’elle méritait, j’écoutais les paroles de ma future belle-sœur sans sourciller. Néanmoins, je reconnaissais que mes paroles avaient été osées et maladroites, comme à mon habitude, et j’espérais que la cadette de la famille Auburn ne m’en tiendrait pas rancune. J’étais maladroite en société, et tous mes interlocuteurs en faisaient les frais avant de s’y habituer un peu. Harper adorait jouer avec ça par ailleurs, ce qui souvent me faisait rougir de honte. Quoiqu’il en soit, j’essayais de déceler en mon interlocutrice un signe, une attitude, un rien qui puisse m’indiquer qu’elle était mal à l’aise où qu’elle prenne mal ce que je venais de lui dire, en vain. Elle semblait cacher presque parfaitement ce qu’elle avait en tête. Presque oui, car j’avais bien remarqué sa nervosité jusque-là, ainsi que ses mains qui avaient soudainement disparu sous la table.
Ce qu’il y avait de terrible dans la situation que je vivais actuellement, c’était que je ne savais pas trop quoi dire à la jeune femme. Je n’étais pas dans la tête de ma fiancée (grand Merlin merci), et j’avais toujours entendu qu’un seul son de cloche concernant leur relation fraternelle, à savoir, le son de cloche de ma fiancée. Je ne m’étais jamais vraiment trop soucié de l’avis de Jin quand bien même j’avais toujours essayé de maintenir une entente cordiale avec elle pour sauver un peu les meubles entre les deux sœurs Auburn. Harper avait effectivement toujours râlé sur Jin, elle l’avait toujours repoussée et lui avait toujours fait les pires crasses possibles… et en réalité, j’avais toujours ignoré les véritables raisons de ce comportement. Me concernant, je m’étais toujours parfaitement bien entendu avec mon frère ainé, il avait été la seule personne qui me connaissait véritablement par cœur. Il avait été la meilleure part de moi-même, et un bout de mon âme fut morte le jour de l’accident qui l’avait emporté. Et concernant Moïra… et bien… avec Moïra, ma relation pouvait davantage se rapprocher à ce que vivaient Jin avec Harper, mais les raisons étaient différentes : Moïra s’était immiscée dans ma vie privée, elle m’avait volé ma famille, mes parents et mon frère dont j’avais cruellement besoin, elle se les était accaparés, et elle ne m’avait jamais laissé la moindre place dans son cœur. Elle m’avait toujours refusée comme étant sa sœur. Dans le fond, est-ce que Moïra n’était pas un peu la Harper de Jin pour moi ? Je soupirais avant de hasarder.

- Je sais, et je suis désolée de tout ça Jin, vraiment… Mais mmh… je ne vais faire là qu’une hypothèse hein, mais, peut-être, dans le fond, que Harper a toujours eu peur de s’attacher à toi ? Du coup, elle a préféré t’éloigner, plutôt que de risquer à se lancer dans une relation affectueuse. Je levais la main pour l’interrompre au cas ou elle déciderait de rétorquer, avant de poursuivre. Je dis ça, parce que c’est ce qui nous est arrivé. Elle m’a repoussé quand nous étions devenues très intimes toutes les deux, et elle a repoussé plusieurs personnes comme ça. Je reposais les doigts sur mes copies en baissant le regard sur ma bague de fiançailles et celle de mon prémariage. Concernant vos pères… je ne peux vraiment pas me prononcer, il faut que tu voies avec elle… c’est un sujet encore délicat, même entre nous deux.

Toujours tranquille, je hochais la tête tandis qu’elle prétendait être de mon avis quant à la sincérité. Dans le fond, j’avais réussi à sortir Harper de sa carapace en étant uniquement sincère avec elle, quand bien même cela nous avait coûté quelques objets qui avaient volé en éclat, des maux de gorge tant nous avions hurlé et pleuré, et de potentielles nouvelles ruptures. Oui, mais voilà, Harper et moi étions crochées l’une à l’autre, c’était ainsi, et après une quinzaine d’années à se connaître, j’avais la prétention de croire que nous nous étions fait une raison elle et moi.

- Je ne dis pas que ce sera facile, mais si au moins vous essayez, ce sera un début.

Étirant mes lèvres, je souhaitais me montrer encourageante avant de perdre un peu pied à sa question, ne sachant pas réellement comment y répondre. Que voulait-elle savoir au juste ? Alors, hasardant, j’essayais de répondre à tâtons sans être certaine que c’était ce qu’elle souhaitait entendre. Néanmoins, la réplique de la jeune rousse me fit sourire. Oui, Harper était bordélique depuis des années, ça, je le savais, mais c’était autre chose que de le vivre vraiment, et pour ça, c’était certain que Jin avait une longueur d’avance sur moi, ça ne faisait aucun doute. Peut-être que la jeune femme n’était pas tant que cela dans l’ignorance, tout le moins, pas comme le pensais Harper. Amusée, je venais triturer nerveusement le bord de mes copies, cherchant toujours à fuir le regard de la professeure en potions pour répondre.

- Hé bien… je ne sais pas si ma vie est si intéressante que ça, tu sais… Je suis née, comme toi, cadette. Je… j’ai toujours eu du mal avec les rapports humains, je suis plus à l’aise avec les créatures. J’essayais maladroitement de justifier et d’expliquer mon comportement fuyant envers elle. Avec courage, je continuais. Euhm… ma famille veille sur les Noirs des Hébrides depuis des générations, et c’est à moi qu’incombe l’héritage familial parce que… J’inspirais pour prendre mon courage à deux mains. Mon frère est décédé. Je suis dragonologiste avant d’être professeur, et j’aspire à le redevenir un jour. On verra de quoi demain sera fait. Cette raison étrange qui m’avait poussée dans l’enseignement alors que, clairement, je n’étais pas faite pour ça, que je n’étais pas à l’aise avec mon prochain. Que dire d’autre ? J’aime la musique, la botanique, mes animaux et la tranquillité. Amusée, je jetais un coup d’œil rapide à Jin avec un nouveau sourire sur le visage. Ironique quand on pense que je vis avec ta sœur n’est-ce pas ?

Harper avait toujours été l’ouragan de ma vie, cette tempête dans un désert de calme, de tranquillité, mais aussi de relation sociale et d’événements en tout genre. J’avais à ce point été si renfermée et timide lorsque nous étions enfants que Harper avait été ma seule véritable amie. Il avait fallu atteindre onze ans pour qu’enfin je me lie d’amitié à quelqu’un, au grand soulagement de mes parents qui voyaient leur fille s’accrocher uniquement à son frère ainé en refusant la présence de sa sœur adoptive.
Aujourd’hui encore, Harper me tirait de mon quotidien trop rangé, trop tranquille, trop reculé. C’était d’ailleurs un miracle qu’elle ait accepté de venir vivre avec moi à Soay, sur ce bout de caillou perdu dans les îles Hébrides extérieures, loin de tout, loin du monde, mais tout proche de mes dragons. En réalité, sans Harper, je n’étais qu’un fantôme, et je pouvais le dire de source sûre, que j’avais vécu de mes dix-huit ans à mes trente-deux ans comme une ombre.

Curieuse et intéressée, j’écoutais ensuite ma collègue me parler de son père et de sa relation avec lui. Sans chercher à savoir le vrai du faux (pourquoi mentirait-elle), je souriais avec sincérité avant de lui répondre, toujours aussi légère et douce.

- Je suis contente si pour toi tout ce passe bien au moins de ce côté-là Je me doute que ça doit être un soulagement vu… vu votre mère, à Harper et toi. Je ne l’ai jamais rencontré, mais je… j’ai cru comprendre que ce n’était pas un cadeau. Je pense même que Harper ne souhaite pas l’inviter à notre mariage. Je ne sais même pas si elle est au courant que sa fille va se marier... ça me fait un peu de peine, mais bon, je pense que ce n'est pas à moi d’interférer dans ces affaires. Je ne peux pas donner tort à Harper, contrairement à pour toi. Avec gentillesse à nouveau, je souriais à ma future belle-sœur avant de pouffer un peu. Je serai curieuse de t’entendre parler français tiens ! Peut-être pourras-tu m’apprendre quelques petites choses.

Non parce que bon, il fallait dire ce qui était : lorsque je voyais Luca pour mes cours de langue, nous parlions en réalité très peu. C’était un cours de langue d’une tout autre nature qui nous avait relié lui et moi pendant plusieurs mois, quand bien même ça n’avait toujours été que charnel. Cependant, j’avais tout de même appris quelques rudiments de la langue de Molière, mais j’étais certaine que Jin en savait bien plus que moi. Et j’étais une personne curieuse, j’aimais apprendre.


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Mer 9 Mar - 16:20

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Il ne semble pas pour Jin que les propos d’Abigail soient déplacés ou maladroits. Bien au contraire, elle trouve ses conseils très justifiés et souhaite sincèrement les mettre en pratique. Peut-être est-ce dû au caractère facile à vivre de Jin. En effet la sorcière ne se vexe pas facilement, du moment qu’on respecte ses valeurs. Et aucun propos de la part d’Abigail n’y va contre. Peut-être est-ce dû également aux difficultés de Jin de lire les mots entre les lignes ou d’interpréter le langage non-verbal. Quoi qu’il en soit, elle trouve Abigail très sympathique. Elle a plutôt l’impression qu’elle-même tourne-en-rond, sur les mêmes sujets et se montre trop envahissante et intrusive face à la sorcière. En outre, elle ressent le besoin d’en savoir un peu plus sur Abigail et mener la conversation lui permet de ne pas perdre ce début de contact. Le stress envolé, elle retrouve son aplomb et sa sincérité habituelle, quitte à mettre les pieds dans le plat.  

- C’est vrai que les relations avec Harper on l’air plutôt…instable. Tu ne crains pas qu’Harper te repousse encore une fois ? Si ça déjà été le cas, avec le mariage, ce n’est pas rien comme pression quand même. C’est vrai aussi qu’on a reçu peu d’attention et pas d’amour enfants, autant elle que moi, c’est peut-être aussi qu’elle ne s’est pas vraiment y faire…un peu comme moi quoi…tu en penses quoi, toi qui la connais bien ? enfin euh…je ne veux pas parler de ta vie euh…intime avec elle hein. Jin sent le rose lui monter aux joues. Elle n’avait pas réfléchi que ses propos pouvaient avoir une double signification. En tout cas, le fait qu’elle souhaite me rencontrer c’est déjà un très grand pas en avant.

C’est la première fois qu’Harper fait un pas vers elle. D’habitude, c’est Jin qui lui envoyait des hiboux pour lui demander comment elle va, comment elle se sent. Mais depuis quelques temps, elle ne le fait plus, car Harper ne lui répondait jamais. Ah quoi bon fournir des efforts lorsqu’on a aucune réponse en retour ? Jin commençait tout juste à baisser les bras lorsqu’elle a reçu un SMS de sa sœur, ce qui lui as mis du baume au cœur.

Jin écoute attentivement les propos d’Abigail afin d’en apprendre davantage sur la sorcière.

- Je te comprends quand tu dis que tu es plus à l’aise avec les créatures. C’est pareil avec mes potions. Au moins, elles ne mentent pas, il y a des marches à suivre stricte et si on se trompe, on le voit directement. Il n’y a pas besoin de lire entre les lignes ou d’imaginer des émotions. Je me sens assez nulle pour ça d’ailleurs. Et avec Moïra, comment ça se passe ? Je suis désolée que ton frère soit décédé…Ne sachant qu’ajouter, Jin continue maladroitement. Je…euh…toute mes condoléances…

Voulant changer de sujet, Jin continue de parler :

- Mais du coup…pourquoi être devenu professeur si ce n’est pas vraiment ce que tu souhaites ? Enfin…si je t’ai bien comprises quoi et si ce n’est pas indiscret. Se doutant qu’Abigail ne va pas lui poser de questions, Jin décide de raconter un peu de sa vie. Tu savais que j’avais aussi un hibou, Langsa ? Il est très câlin et mignon, c’est un peu ma raison de vivre, cet animal. J’aime aussi la tranquillité, comme toi. Je suis plutôt solitaire et je n’ai pas beaucoup d’amis. Sinon, ben j’ai une autre passion, c’est la divination.

Jin écoute attentivement Abigail parler de sa mère et du mariage. Elle se souvient des beuveries de sa propre mère, qui, complètement saoule, s’amusait à l’insulter en lui répétant inlassablement qu’elle aurait dû être un garçon.

- Oh je comprends Harper si elle ne veut pas inviter notre mère. Elle est tellement…folle à lier, je crois que c’est le bon mot. Jin sourit. Je ne sais même pas comment elle réagirait face à votre mariage et je crois que je préférerai ne pas être présente lors de l'annonce. J’ai comme un pressentiment qu’elle risque de se saouler et de tout casser. Honnêtement, si Harper m’invite au mariage, je préférerai que notre mère ne soit pas là je crois, mais c’est à elle de prendre cette décision.

Face à la demande de parler un peu français, elle rougit et lui dit dans un français médiocre, avec un petit accent anglais :

- Euh…je ne sais pas quoi dire en français…je…est-ce que je peux appeler toi Abi ?

Voilà. Pas bien folichon, mais mieux que rien. Ne sachant pas le niveau de français d’Abigail, elle espère que cette dernière aura compris sa question et qu’elle s’est suffisamment rapprocher d’Abigail pour que cette dernière accepte cette proposition.

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Février 2021

Aussi étrange que cela puisse paraître, échanger avec Jin était bien moins compliqué que ce que j’aurais cru. Il fallait dire que j’avais jusque-là toujours été influencée par l’avis de ma fiancée, et quand bien même j’avais toujours essayé de garder une entente cordiale avec Jin, je n’avais jamais trop cherché à mieux la connaître avant aujourd’hui. Toutefois, la démarche de la jeune femme était tout à fait louable aujourd’hui, et je devrais peut-être même la remercier d’avoir eu le courage de venir me parler et percer cette espèce d’abcès qu’il y avait entre nous depuis si longtemps. Il était normal que je noue des liens un peu plus étroits avec ma future belle-sœur, car après tout, si je tenais à ce que Rory vienne de temps en temps à la maison sans s’écharper avec Harper, c’était aussi vrai pour sa petite sœur.
Les mains croisées devant moi, posées sur les copies que j’étais en train de corriger, j’observais du coin de l’œil mon interlocutrice, constatant de son apparente nervosité. S’il en allait de même pour moi tant j’étais si peu à l’aise dans les relations humaines, j’avais appris avec les années à garder tout à l’intérieur, bien camouflé. De plus, je me faisais violence parce que, encore une fois, Jin n’était pas n’importe qui. Bientôt, elle allait faire partie de ma famille, et s’il y avait bien quelque chose que les MacFusty mettaient en valeur plus que le reste, c’était la famille.
Sa question, très légitime, me tira un sourire, et les conclusions qui suivirent ne firent qu’étirer davantage mes lèvres. Ce fut donc sans détour que je lui répondis avec une sincérité presque déconcertante. Parce que j’étais ainsi faite que j’abhorrais la violence et les mensonges. Aujourd’hui, la cadette des Auburn avait le droit que je lui fasse dont de cette vérité franche et nue.

- Tu sais, si j’ai demandé ta sœur en mariage, c’est parce que je crains qu’elle me quitte à nouveau. Je me suis naïvement dit que, une fois mariée, elle ne pourrait plus jamais me quitter.

Bien sûr, la réflexion était illusoire, le divorce existait, et rien n’empêcherait Harper de quitter la maison si elle le souhaitait, le mariage n’y changerait, dans le fond, pas grand-chose. Elle ne ferait qu’adopter mon nom de famille sur les papiers administratifs, voilà tout, mais elle restera Harper Auburn, la sorcière vive aux illustres frasques et au sourire large et étincelant. Ainsi, Jin savait que c’était moi qui avais fait ma demande en mariage, une information qui pouvait avoir son importance, j’en avais conscience. Je reprenais après un petit temps de pause, sans relever la maladresse verbale de ma belle-sœur, bien qu’elle m’ait amusée.

- Effectivement, je pense que vous n’avez pas reçu les… les codes pour montrer aux gens que vous les aimer. Ce n’est pas une tare, on peut apprendre à tout âge c’est juste que s’en découle ensuite des comportements plus ou moins adéquats. C’est normal, mais il faut apprendre à faire avec lorsqu’on y fait face. Et avec Harper, on y fait souvent face. Je lui souriais avec douceur et sincérité quoique fuyant toujours son regard qui m’impressionnait. Il n’était pas similaire à celui de Harper, mais il avait la même intensité. Que vous alliez vous retrouver est un pas de géant. Je ne pense pas que ce sera l’instant des grandes embrassades, mais ce sera un début. Je ricanais un peu. Mais si ça peut te rassurer, moi j’ai eu une famille aimante, mais je ne suis pas vraiment démonstrative non plus ! Cela dit… je n’ai pas peur de l’amour qu’on peut me donner ou que je peux porter à quelqu’un. C’est le cas de ta sœur.

S’il y avait bien une chose qu’il fallait comprendre dans le cas de Harper, c’était que son système de défense lorsque quelque chose n’allait pas, c’était soit de le tourner en dérision (ce qui pouvait être profondément vexant), soit elle fuyait (ce qui pouvait être profondément traumatisant). Avec le temps, j’avais appris à pardonner à ma fiancée, mais pas à passer outre la peur qui s’était insinuée dans chaque parcelle de mon cœur depuis mes seize ans. Je restais tétanisée à l’idée de la perdre une seconde fois, néanmoins, je voulais avancer avec elle, je voulais faire table rase du passé, et je voulais lui donner une seconde chance. C’était, je l’espérais, quelque chose que les deux sœurs parviendraient à faire un jour : se donner une seconde chance.
Les liens du sang étaient impérissables, et il n’était pas trop tard pour renouer avec, d’autant plus qu’entre elles, il n’y avait pas de drame. Il n’avait jamais été question de décès, de meurtre, de tromperies terribles ou que sais-je. Elles avaient juste eu des différends sociaux, des maladresses entretenues, en somme, rien qui ne puisse pas être pardonné.

Toujours dans ma démarche de vouloir être sincère avec la professeure de potions, je lui racontais un peu de moi sans trop savoir si c’était ce qu’elle souhaitait entendre. J’étais très mal à l’aise et très maladroite pour ce genre de démarche, néanmoins, il me semblait que Jin commençait à se détendre, et par extension, cela me rassérénait. À nouveau, presque fraternel, je souriais à la jeune femme alors qu’elle me confiait être plus à l’aise avec ses potions. Tiens donc, qui l’eut cru ? La petite Jin Auburn qui avait tant aimé faire parler d’elle à Poudlard tant elle se hissait au sommet de ses études, n’était pas à l’aise avec le genre humain ? Comme quoi, l’habit ne faisait pas le moine.
Cependant, lorsqu’elle évoqua Moïra et mon frère, mon sourire fondit comme neige au soleil. Autant évoquer Kyle était pénible, mais encore supportable pour moi (ce sera autre chose bientôt), autant en venir à devoir parler de ma cadette était une véritable épreuve. Je retroussais un peu le nez tout en crispant mes doigts joints entre eux.

- Avec Moïra, ça se passe. Ni plus ni moins. Elle est arrogante, prétentieuse et se permet de donner des leçons même quand elle à tort. C’est tout à fait insupportable. Je me retenais de grogner, mon comportement doux et bienveillant ayant laissé place à un air plus contrit et renfrogné. Mais elle reste une sorcière douée et… mmh… sensible, j’imagine.

Ma relation avec ma sœur adoptive était extrêmement compliquée depuis que nous étions enfants, à l’instar de Harper et de Jin. Néanmoins, nous n’avions pas encore trouvé de solutions pour améliorer notre relation, et franchement, je doutais que cela puisse être un jour possible. Tout le moins, pas si elle continuait à me prendre de haut comme elle le faisait toujours. Je chassais le sujet d’un petit este de la main avant de répondre à la suite.

- J’avais besoin d’une pause en dragonologie, j’imagine. Et aussi pour m’éloigner de mes responsabilités familiales. Maintenant qu’elles reviennent au galop avec le mariage, je vais sûrement devoir faire un choix un jour. Je verrai, pour l’heure je t’avoue que je ne me pose pas trop de questions à ce propos. Tout ce que je veux, c’est gagner convenablement ma vie en étant épanouie dans ce que je fais.

Retrouvant une attitude douce et bienveillante, je sentais toutefois au fond de mon cœur que je n’étais pas épanouie dans le métier que j’exerçais aujourd’hui. La dragonologie avait toujours été ce que je souhaitais faire de ma vie, et en être privée était une véritable épreuve pour moi. Mais dans le fond, qui s’en souciait ? Pas moi en tout cas.
Ainsi, je préférais me concentrer sur ce qu’était en train de me raconter Jin, bien que l’intérêt m’échappait. Elle avait un hibou, oui, et ? Comme la plupart des sorciers non ? Cependant, le fait qu’elle me confie qu’elle l’aime à ce point et qu’elle prétende être plutôt solitaire illumina une facette de son caractère que je n’avais jamais compris ou vu jusque-là. Alors, je souriais avec bienveillance avant de rétorquer calmement.

- Les animaux peuvent être un remède merveilleux lorsqu’on les traite avec la justesse nécessaire. J’hésitais un instant avant de proposer. Si un jour tu le vois blessé ou malade, n’hésite pas à venir me voir, je ferai mon possible pour lui venir en aide.

Bien qu’être professeur en soins aux créatures magiques n’était pas ma première vocation, je n’en restais pas moins douée dans le domaine. J’appréciais prodiguer des soins aux animaux, les soulager de leurs maux et essayer d’effacer les traces de la cruauté humaine ou les rendre à leurs propriétaires inquiets et désespérés pour leurs petits compagnons. S’il devait arriver malheur au hibou de Jin, il était certain que je me ferai une priorité pour en prendre soin.
Cela dit, si les deux sœurs et moi-même pouvions améliorer nos relations communes, ce n’était pas le cas pour ma future belle-mère, et je fronçais un peu les sourcils en entendant les paroles de mon interlocutrice. Non pas que je sois vexée d’une quelconque manière, mais il était fou de constater à quel point deux personnes différentes comme Harper et Jin, pouvaient se rejoindre sur un sujet similaire, et qui, normalement, devrait être aussi commun que celui d’une mère. Au moins à présent, le message était clair pour moi. Harper m’avait déjà donné son avis, mais celui de Jin termina de faire céder mes bonnes intentions.

- Je crois que je comprends oui… Dans ce cas, l’information de notre union ne sera pas de mon fait. Je laisserai Harper en décider. Je levais un peu les yeux au plafond comme si je réfléchissais avant de questionner, un peu dans le vague, la jeune femme devant moi. Je me demande… quelle serait sa réaction en apprenant que son aînée s’est mariée, et à une femme qui plus est… Je reposais mes yeux brun foncé sur ma belle-sœur avant de hausser un peu les épaules. Dans tous les cas, j’espère que ça ne la blessera pas trop…

Douce et bienveillante petite Abigail que j’étais, à toujours vouloir éviter de blesser qui que ce soit, même ma terrible et terrifiante belle-mère.
Elle sera toutefois plus effrayante que l’apprentissage du français qui, pour moi jusque-là, avait été un plaisir intime. Demande formulée auprès de Jin, si cela pouvait nous permettre de nous rapprocher, je l’écoutais me parler français avant que je ne me mette à rire. Non pas que je me moquais d’elle, mais parce que sa maitrise était bien différente de celle de Luca. Ces prochains échanges promettaient d’être aussi riches et divertissants qu’ils l’avaient été avec mon ami italien.
Peu certaine d’avoir bien compris ce qu’elle m’avait demandé, je hasardais une réponse mal construite avec un accent écossais à couper au couteau.

- Oui, tu peux appeler moi Abi.

Nerveuse, je me mis à rire tout en posant mon front sur mes mains posées devant moi, me pliant ainsi sur la table qui me séparait de ma belle-sœur. Les épaules secouées par mon rire nerveux, je finis par me redresser avant de passer une main malhabile dans ma chevelure déteinte en blond.

- Houla désolée, c’est un vrai massacre.



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Pour Jin, le mariage est un élément sacré. Une union qui symbolise l’Amour entre deux êtres, qui sont inséparable et qui s’aime plus que tout. Une relation que rien ne peut casser. Bien sûr que le divorce existe, mais pour Jin il ne devrait pas. Pour elle, lorsqu’on se marie, c’est pour la vie. C’est pourquoi la réponse d’Abi la met un peu mal à l’aise. Se marier pour éviter une rupture ne correspond pas aux valeurs du mariage, selon le point de vue de Jin.

- Mais tu sais que, même marié, elle peut quand même te quitter. Malheureusement, plein de couples se divorcent aujourd’hui…Jin hésite à continuer, se ravise, puis se décide à se montrer sincère avec Abi. Pour moi, le mariage est un vrai acte d’amour, mais pas une manière de ne pas se faire quitter. Je trouve cet argument plutôt…euh…étrange.

Jin espère qu’Abi ne prendra pas mal sa réplique. Elle connait encore mal la sorcière et ne sait pas si elle se vexe facilement ou pas. Quoi qu’il en soit, elle préfère se montrer sincère.

- Pour moi dû moins, je crois qu’on peut apprendre à tout âge comment se comporter avec les autres et comment leur montrer nos affections. Et on est tous différents ! Certaines personnes n’aiment pas lorsque l’on est trop démonstratif, alors que d’autres c’est le contraire. Dorénavant, les relations sociales sont vraiment compliquées je trouve…Je n’ai pas non plus peur de l’amour, bien que j’aie peu d’expériences dans le domaine. Jin sent le rose lui monter aux joues, en pensant à ses expériences plutôt…désastreuse.

Jin pense qu’elle n’est pas encore tombée sur la bonne personne. Ces relations ont toujours été très intense, mais très courte aussi. Elle a laissé tomber de rencontrer quelqu’un pour l’instant, du moins, elle ne cherche personne. Peut-être qu’un jour elle rencontrera une femme avec qui une vraie relation fonctionnera ? Au fin fond d’elle-même, Jin espère…

En constatant la réaction d’Abi au sujet de Kyle et de Moïra, Jin se dit qu’elle a peut-être mis les pieds là où il ne fallait pas. Elle observe le changement de comportement d’Abi…son sourire qui s’efface et son nez retroussé. Elle sent son cœur battre un peu plus fort dans sa poitrine en attendant la réponse.

- Honnêtement, je connais mal Moïra…Enfin, on n’a jamais discuté ensemble, juste fait des blagues et des farces l’une contre l’autre. Mais je ne l’ai pas trouvé prétentieuse, mais je peux me tromper.

Lorsqu’Abigail lui parle de sa profession, Jin est tout à fait d’accord avec Abi. Être épanouie dans sa profession est un élément très important. Lorsque Jin était vendeuse de potion, elle sentait une très grande lassitude au travail et s’ennuyait. Les journées étaient trop longues. Lorsqu’elle a décroché son travail en tant que professeur, se fut une révélation. Jin adore son travail et pour rien au monde elle ne le changerait.

- Je te comprends tout à fait. Il est important d’être épanouie au travail et je pense que tu sentiras quand le moment sera venu de retrouver la dragonologie.

Jin est contente qu’Abi lui propose de soigner son hibou s’il est blessé ou malade. Le sourire aux lèvres, elle lui répond :

- ça marche, s’il y a quoi que se soit, je viendrai t’en parler. Merci encore pour ton aide.

Jin a peu d’espoir que sa mère accepte cette union. Déjà que cette dernière n’accepte pas d’avoir eu que des filles, alors accepter que l’une d’elle marie une femme…Son sourire envolé, Jin répond avec sérieux à Abi :

- Oui, je pense qu’Harper est la meilleure personne pour lui en parler. Tu sais, je ne crois pas que notre mère acceptera cette union et j’espère que se ne sera pas important pour Harper. On n’est tellement pas proche d’elle de toute manière…Cette révélation risque de la mettre en colère…et…je pense que tu sais ce qu’il se passe lorsque notre mère s’énerve…

Entendre Abi parler français a bien fait rire Jin. D’ailleurs, elle n’a pas pu s’empêcher de ricaner un peu. Son accent écossais est à mourir de rire. Jin espère qu’Abi ne le prendra pas mal, mais rire un peu lui fait un bien fou.


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Mar 19 Avr - 22:11

Février 2021

Le discours que me tenait ma future belle-sœur, que je prenais comme un peu moralisateur, m’arracha un petit sourire amusé. Me croyait-elle vraiment si naïve que cela ? Soit dit en passant, Jin ne me connaissait pas très bien, ou tout le moins, pas autrement que par les nombreuses bombabouses que je lui ai envoyées sur la figurine lorsque nous étions petites aussitôt que l’envie en prenait à sa sœur aînée. Moïra et elle avaient clairement été des victimes de nos frasques, néanmoins, elles avaient eu du répondant, et c’était tout aussi agaçant qu’amusant.
Nonobstant, j’appréciais la sincérité avec laquelle la jeune enseignante me parlait et s’ouvrait à moi. Le pire dans toutes les paroles qu’elle me tenait, c’était que j’étais tout à fait d’accord avec elle, et je savais ma demande en mariage absurde (elle l’avait été davantage que Jin pourrait le croire par ailleurs).

- Et tu as absolument raison. Je n’ai pas dit que mes intentions de bases étaient logiques, réfléchies et intelligentes. Je roulais mes yeux dans leurs orbites. Pour tout te dire, j’étais assommée par la fièvre lorsque je lui ai fait ma demande. Je…. N’avais pas vraiment toute ma tête. Je lui accordais un sourire gêné, un coup d’œil l’accompagnant, ainsi, je croisais son regard pour la première fois depuis notre entrevue. Instant fugace, je baissais bien vite mes prunelles sur mes mains pour continuer. Je sais que notre union n’empêchera rien tu sais, je ne suis pas idiote à ce point… Je penchais un peu la tête tout en venant jouer avec la bague de fiançailles qui ornait mon annulaire. Mais, si ça peut te rassurer pour Harper, de mon côté, notre mariage sera un véritable acte d’amour. Ça scellera quelque chose qui est déjà fort et palpitant entre nous. Je… Je me mordais nerveusement la lèvre, hésitante. Et j’hésitais non pas parce que je craignais de ce que j’allais dire ou que je doutais de mes sentiments, mais bien parce que je n’avais jamais prononcé ce mot à une autre personne qu’à l’intéressé. Pourtant, je voulais montrer toute ma sincérité à la cadette des Auburn, et elle avait le droit de savoir. Ainsi, je relevais cette fois mes prunelles sombres pour qu’elles accrochent les siennes, prouvant ainsi toute ma franchise. Serrant entre mes doigts ma bague toujours autour de mon doigt, je reprenais. Je suis follement amoureuse de ta sœur depuis mes quatorze ans, et je sais que ça durera toute ma vie. Je n’ai juste… plus envie de me passer d’elle ne serait-ce que d’une journée.

Pleine de sincérité douce et tendre, je souriais à Jin avec cette candeur qui me personnifiait. A cet instant je relevais les traits qu’elle avait en commun avec Harper, et grand Merlin, ils étaient si nombreux. Je l’avais déjà relevé à l’époque, mais maintenant que nous nous tenions si proches l’une de l’autre, ce détail me frappa d’autant plus. Quand bien même elles n’avaient pas le même père, elles avaient des traits en commun qui était non négligeable. Jin aussi, était une très belle femme, elle n’avait rien à envier à la directrice de la maison Gryffondor.
Relâchant un peu la pression que j’avais mise autour de ma bague après ma déclaration, je rebaissais bien vite mes yeux pour les planter sur mes copies juste devant moi et écoutait ce qu’elle me disait avec attention. Je ne pus que remuer nerveusement les épaules.

- Encore une fois, tu as tout à fait raison, c’est toujours très compliqué, surtout quand on est très timide et introverti, un véritable calvaire… mais je ne crois pas que ce soit ton cas, si ? Je la regardais du coin de l’œil, notant sa confidence. Tu dois sans doute avoir plus d’expérience en la matière que moi. Je souriais avec bienveillance. Est-ce que ça te pèse ? Que les relations sociales soient compliquées et que tu aies… peu d’expérience ?

J’hésitais sur le terme à utiliser à la fi de ma phrase, mais pour ne pas chercher à être vexante, j’avais préféré utiliser ses propres termes. Je ne voulais pas mettre les pieds dans le plat, ce n’était pas mon genre. J’étais une personne discrète et qui refusait presque constamment de bousculer autrui, surtout pour les affaires qui ne me regardaient pas. Néanmoins, j’appréciais offrir mon aide lorsqu’elle m’était demandée, et j’avais le souhait qu’entre Jin et moi, une relation de confiance puisse s’établir. Faire table rase du passé, et essayer de construire, enfin, quelque chose ensemble.
C’était évidemment sans compter sur le fait que ma propre sœur adorait mettre son nez partout, même dans les conversations où elle n’était pas présente et où elle ne devrait pas être. Forcément, ma belle-sœur ne la connaissait pas comme je la connaissais, et c’était donc logique qu’elle en vienne presque à prendre sa défense. Je n’avais pas la force d’argumenter quoique ce soit avec Jin concernant ma sœur présentement. Il y avait de l’eau dans le gaz entre nous depuis si longtemps que je craignais que tout cela ne soit irrévocable. Ma dernière entrevue avec elle avait été un véritable désastre, et j’avais ce jour, complètement baissé les bras, me laissant alors complètement torturer mentalement par ma cadette. J’en souffrais, j’en hurlais en silence presque tous les jours, surtout lorsque je la croisais dans les couloirs ou dans cette pièce où nous nous tenions avec Jin. J’aimais ma sœur. Mais quelque chose s’était brisé entre nous au mois de janvier.  
Chassant d’un petit geste de la main le sujet de ma sœur, démontrant ainsi que je ne souhaitais pas m’attarder dessus, j’en vins à me confier quant à mon véritable métier, ma première passion avant même Harper : les dragons.
Un sourire un peu contrit étira mes lippes devant le discours encourageant de la jeune femme me faisant face.

- C’est gentil merci. Mais toi, qu’est-ce qui t’a amené à devenir professeur de potions ?

Ce fut tout naturellement que je vins proposer mon aide si d’aventure le hibou de la jeune femme venait à être blessé. C’était tout à fait logique à mes yeux de proposer mon aide. Non seulement, il m’était intolérable qu’un animal puisse souffrir sans pouvoir lui venir en aide, mais d’autant plus lorsqu’il s’agissait des protégés des membres de ma famille. Lui accordant un sourire tranquille après un coup d’œil furtif et fuyant, je hochais la tête pour lui prouver que ça ne me dérangeait pas. Soigner les animaux, c’était le moins que je puisse faire. L’être humain avait ça de terrible qu’il détruisait tout sur son passage, nature et animaux compris. Ma propre espèce me dégoûtait, mais je jugeais le moment inopportun pour commencer à m’épancher sur mon côté misanthrope.
Ironie du sort, puisque nous venions à parler de la génitrice de Harper et de Jin. Je ne l’avais jamais rencontrée et jamais vue, je savais d’elle uniquement ce que m’avait rapporté Harper, et j’étais certaine que le discours devait être le même chez Jin, à quelques détails près.

- Je me doute qu’elle sera contre cette union oui, j’ai cru comprendre qu’elle avait une opinion plutôt arrêtée sur les hommes, et sur l’acte du mariage en général. J’eus un sourire d’excuse avant de soupirer un peu. Je ne te cache pas que tout cela m’attriste un peu et je… je marquais une pause, cherchant mes mots. Avec le mariage, j’espère pouvoir offrir à Harper la famille qu’elle mérite. Je levais à nouveau mes prunelles foncées sur la maitresse des potions avant d'ajouter avec empressement. Toi incluse, bien sûr. Je lui souriais timidement avant de prendre ma tasse de café et d’en boire une gorgée, fronçant les sourcils tandis que je me remémorais quelques mots de la jeune femme. Que veux-tu dire par « tu sais ce qui se passe lorsque notre mère s’énerve » ?

D’après les dires de Harper, je savais que madame Auburn était une personne plutôt impulsive et qui pouvait beaucoup crier, mais je n’en savais pas plus… Y avait-il seulement quelque chose de plus à savoir ?  



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