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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
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Se déboucher le nez et les idées [Azabi] :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Mon allégeance : Ordre du Phénix
Ven 22 Avr - 21:11

Mars 2021

Ce matin au levé, la migraine m’avait enfin quittée. Deux semaines que cette satanée grippe me collait à la peau et j’avais beaucoup de mal à m’en défaire. Il fallait dire que Moïra en avait tenu une sacrée couche, et elle n’avait pas ma maladie.
En effet, au début du mois de mars, j’avais été contactée par l’infirmier de l’école qui m’avait demandé d’aller voir ma sœur adoptive, cette dernière étant malade et refusant de se faire soigner. Ne pas se laisser faire quand on était malade semblait être un point spécifique de la famille MacFusty. Bref, j’y étais allée, bon gré mal gré, puisque ma relation avec la professeure de médicomagie était des plus tendues, notre dernière entrevue en janvier ayant été une véritable catastrophe.
La rencontre fut pour le moins électrique, Moïra m’avait évidemment chassée alors qu’elle tenait à peine debout tant elle était accablée par la fièvre. Quand bien même j’avais compris son raisonnement sur le moment, j’avais été blessée et vexée par son attitude. S’en était suivie une crise de nerfs, et, quelques explications plus tard, nous avions miraculeusement trouvé un petit terrain d’entente. Une ouverture pour un avenir meilleure, après une vingtaine d’années de vie commune.
Vaux mieux tard comme jamais comme on dit.

Tout ceci était sans compter ma maladie qui m’empêchait de résister au moindre virus. Ce fut donc sans surprise que j’étais tombée malade à mon tour, et de manière particulièrement virulente. Incapable de me lever de mon lit, la fièvre m’avait fait délirer plusieurs heures, inquiétant Harper malgré le fait qu’elle ait eu le réflexe des premiers gestes à avoir en cas de situation d’urgence. Heureusement que j’avais pris le temps de tout lui expliquer (et surtout qu’elle m’ait écouté). Je lui avais bien précisé de ne surtout pas contacter Moïra. Non pas que je voulais lui cacher mon état, de toute façon elle allait l’apprendre d’une quelconque manière, ne serait-ce qu’en voyant mon absence dans le bureau des professeurs et durant les repas donnés à Poudlard. Les rumeurs et Harper auraient fait le reste.
Cependant, pour arrondir les angles, j’avais absolument tenu à ce que ce soit Azrael, et non pas elle, qui vienne s’occuper de moi. Je voulais vraiment éviter à ma petite sœur de culpabiliser de mon état puisque le virus venait initialement d’elle.
Dans le fond, c’était moi qui avais insisté pour rester avec elle lorsqu’elle était alitée, elle n’avait pas à se morfondre, mais je craignais que cela arrive quand même.
Nonobstant, j’étais certaine que cette démarche, qui se voulait donc initialement délicate, de ne pas la faire venir pour les premiers soins, n’allait pas lui convenir.  

C’était donc Azrael qui était venu donner le diagnostic et les médicaments à Harper. C’était donc il y avait deux semaines de cela, et c’était la première fois que je pouvais sortir de chez moi.
La fièvre était tombée, le mal de crâne également, ainsi, je me sentais de rejoindre mon ami médicomage au quartier général de l’Ordre afin qu’il m’ausculte encore une fois et réadapte mon traitement.
Il fallait dire que, dans quelque jour était prévu mon mariage et je craignais d’avoir des restes de cette fichue grippe. Je voulais m’en débarrasser au possible avant cette date qui était censée devenir le plus beau jour de ma vie, en plus d’être l’anniversaire de ma fiancée.
Quelle guigne…
Il fallait que ça m’arrive à moi. Autant j’aurais pu gérer d’avoir mes règles ce jour-là, autant des restes de grippe, c’était on ne peut plus chiant.
Ce fut avec Grishkin que je sortais en douce du château, en pleine heure de cours pour m’éviter de croiser Harper, Jin ou Moïra, et grâce à mon phénix, je voyageais directement de la Forêt Interdite au quartier général de l’Ordre.

- A… AAAAAATCHAAAMMMM……

Surpris, l’Oiseau de feu quitta le bras auquel il s’était agrippé pour me faire voyager, avant qu’il ne revienne se poser sur mes épaules. Son poids m’écrasa quelque peu et vouta mes épaules.

- Euarl… t’es lourd mon grand…

Comme s’il se fichait de ma remarque, l’animal claqua du bec non loin de mon oreille et écarta un peu les ailes, m’incitant à marcher et rentrer dans l’immeuble secret.
Sortant mon mouchoir de la poche de ma veste en jean, je poussais la porte d’entrée et levais le sortilège de protection tout en débarrassant mon nez de cette merveilleuse glaire épaisse et jaunâtre.

- Erk… je déteste ça…

Murmurant pour moi-même, je gardais le mouchoir dans le creux de ma paume ouverte. Là, j’y mettais le feu pour être certaine que les microbes ne reviennent jamais, ni chez moi ni chez quiconque.
Reniflant un peu, je soupirais de fatigue avant de rejoindre la pièce centrale du quartier général. Pour une fois, l’endroit était plutôt calme, pour ainsi dire désert. Il fallait dire que la dernière fois que j’étais venue, c’était juste après le mort de Potter, l’endroit était en feu, et ce n’était presque pas un euphémisme.
Aujourd’hui, la tension était retombée (comme ma fièvre), et ce fut sans doute pour cela que je me laissais aller dans le creux d’une chaise, les bras ballants. Ce petit voyage m’avait déjà épuisée, et, attendant la venue d’Azrael, je me permettais de fermer les yeux tandis que le phénix, lui, investit la table pour commencer à se promener, tout à fait à son aise.



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Jeu 9 Juin - 15:44


Se déboucher le nez et les idées
Abigail & Azrael


Trop de boulot. L’excuse parfaite mais surtout préférée d’Azrael quand il voulait fuir une situation ou même une personne. En l’occurence il s’agissait de Ludivine. Qui l’eut cru ? Sa belle et douce ex-petite amie du temps de Poudlard. Leur mission du mois de février avait été un véritable fiasco. Ce qui devait être au départ une simple reconnaissance d’un vieil entrepôt associé au Blood Circle s’était soldé en fusillade. Bien qu’il n’avait jamais eu le fin mot de l’histoire à savoir s’il s’agissait d’une erreur dans l’attribution des missions ou de fausses informations de base, la personne en charge s’était prise une sacrée soufflante de la part d’Azrael. Fait tellement rare que le voir s’énerver était particulièrement effrayant. Il faut dire que sur cette mission Ludivine avait été blessée. Une balle dans l’épaule. La perspective de la perdre s’avérait, encore aujourd’hui, insupportable pour le médicomage. A ce moment là, en pleine nuit glaciale, dans ce champ, le soldat en lui avait pris le dessus. Quelques minutes lui avaient suffi pour abattre les quelques hommes avant de pouvoir s’occuper de Ludivine. Si la blessure n’était pas grave, rien qu’un tour de magie ne puisse soigner, sa peur elle était bien présente.

C’était cette même crainte de l’avoir perdue sous son regard impuissant ce soir là qui le poussa à commettre l’impensable. Alors que depuis son retour en Grande Bretagne il s’était évertué à refouler ses sentiments, se comportant en simple ami avec son ex, cette nuit là le coeur avait parlé. Un baiser, quelques excuses bafouillées avant que Ludivine ne prenne les rennes. De fil en aiguille ils avaient passé la nuit ensemble, se redécouvrant mutuellement après toutes ces années. Un moment hors du temps, hors de la complexité de leurs sentiments et de la situation. Un moment où il oubliait qui il était dans le fond, cette voix constante, agressive et malsaine. Celle-là même qui l’avait poussé à rompre avec elle des années plus tôt. Fuir. Voilà quelle avait été sa solution, sa réponse à cet acte faible qu’il ne s’expliquait pas. Il ne pouvait pas être avec elle, pas quand il était toujours le même. Incapable d’avoir une vraie discussion avec la né-moldue, Azrael préférait tout faire pour l’éviter, espérant secrètement sans trop y croire qu’elle associerait cette nuit de passion à un coup de folie. Un fait dont lui-même tentait de s’en persuader.

Si depuis la fameuse nuit le médicomage faisait tout pour ne pas croiser Ludivine, le QG de l’Ordre du Phénix était bel et bien LE lieu sur sa liste noire. Toutefois pour aujourd’hui il n’aurait pas le choix. Impossible de proposer un rendez-vous à Abigail à l’hôpital, c’était déjà un miracle qu’elle fasse à nouveau appel à lui de son propre chef. S’il se doutait de la raison de sa nouvelle visite, l’ancien soldat ne pouvait s’empêcher de penser au traitement de fond que la sorcière suivait pour sa maladie dont ils étaient peu à avoir connaissance. Azrael s’arrangea donc pour donner rendez-vous à son amie à la fin de sa garde à l’hôpital. Une façon habile de s’assurer qu’il n’aurait pas vraiment à l’attendre au QG et donc faire des rencontres malaisantes. Il jeta un bref regard à l’horloge située dans la salle d’examen où il soignait les plaies d’une banale agression, Azrael finit son intervention par un sort de guérison avancé avant d’appliquer un baume magique accompagné d’un bandage pour assurer une meilleure cicatrisation. Les papiers remplis à l’aide de sa plume à papote se dirigèrent vers la station des infirmières tandis qu’il retirait ses gants et se dirigeait vers son bureau.

Quelques potions expérimentales dans son sac, des plantes et onguents classiques et voilà qu’il transplanait déjà dans la ruelle non loin du square. Par les temps qui couraient, Azrael préférait redoubler de vigilance, portant un charme de confusion qui transformait son apparence aux yeux de tous. Fort de son entraînement militaire, il savait repérer si on le suivait ou l’observait plus que de raison, modifiant son attitude et trajet en conséquence. Aujourd’hui rien à signaler. La porte d’entrée avec ses nombreuses sécurités magiques passées, Azrael jeta un coup d’oeil dans la pièce centrale, redoutant intérieurement de tomber sur Ludivine. Raison pour laquelle il n’avait pas retiré le charme présent sur son visage. Quelque peu soulagé, il s’exclama avec un grand sourire. « Bonjour Abigail ! » Face à l’expression décontenancée de cette dernière, il se rappela du sortilège encore présent qu’il leva d’un simple coup de baguette. « Désolé, une habitude que j’ai prise en me rendant au QG. » Précisa-t-il alors qu’il déposait sa mallette à côté du fauteuil où était affalée la jeune sorcière.

Incapable de ne pas prêter attention au majestueux oiseau rare qui se pavanait avec une aisance déconcertante dans la pièce, Azrael se pencha à son niveau pour l’admirer de plus prêt. Grand fan des créatures magiques, le médicomage aurait facilement pu devenir zoomage si son contact avec ces derniers n’était pas si compliqué. C’était d’ailleurs comme ça qu’il avait rencontré Abigail. L’ancienne jaune et noir comme lui avait été sa tutrice en Soins aux créatures magiques. Si Azrael avait été tout sauf un élève sérieux et travailleur, sa bonne volonté et son enthousiasme communicatif s’était avéré suffisant pour percer la glace avec son aînée. Bien qu’ils n’étaient pas des amis très intimes, son affection pour la fratrie MacFusty était bien ancrée. « Il est magnifique. » Souffla-t-il sans oser faire le moindre geste dans la direction de l’oiseau, bien trop intimidé et craignant principalement que ce dernier ne le pince ou s’agace. Si les hippogriffes étaient spéciaux, les phénix avaient peut-être également tout un système de salutations très élaborées dont il n’avait pas connaissance. Ou qu’il avait oublié depuis le temps… Mieux vaut prévenir que guérir hein ! Azrael se redressa donc et reprit sa mallette en posant enfin vraiment son regard sur Abigail. Un simple coup d’oeil et il avait bien confirmation à ses hypothèses. « On va aller dans mon bureau ça sera plus adapté. » Dit-il en lui faisant signe de la suivre. Ils gravirent les escaliers menant au premier étage et au fond du couloir principal, Azrael déverrouilla avec un sort bien à lui la porte de son bureau. Il laissa Abigail entrer puis pénétra dans la pièce à son tour avant de refermer derrière lui. « Bon, je te demande pas pourquoi tu m’as appelé hein. » Lâcha-t-il non sans un petit sourire amical en rejoignant son bureau qui trônait au fond de la pièce. « Tes symptômes se sont un peu améliorés ou c’est pire que l’autre jour ? » Deux semaines pour un rhume ça commençait à faire long. Sans compter cette foutue maladie que se coltinait la pauvre Abi.
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Lun 13 Juin - 20:34

Mars 2021

Les yeux lourds à cause de mon visage tout congestionné par le rhume, je fermais les paupières le temps de patienter la venue du médicomage et ami. Je ne me faisais pas d’illusion, je savais qu’il complotait dans mon dos avec ma sœur adoptive me concernant. Je détestais cette sensation d’être un boulet pour les gens et d’autant plus de servir de cobaye expérimental… car ma maladie constituait à elle seule une énigme, que ce soit dans le monde moldu ou magique. Moi, je m’étais fait une raison, je vivrais avec ça toute ma vie, et un simple rhume pour le commun des mortels serait un véritable enfer à vivre pour moi. Mais voilà, c’était sans compter l’acharnement de Moïra et d’Azrael à vouloir absolument trouver des remèdes là où le miracle ne pouvait avoir lieu.
Si je m’étais adressée au sorcier durant certaines périodes pour éviter les conflits trop lourds à mon cœur avec ma sœur, Moïra restait toujours la médicomage en charge de mon dossier. Elle était prioritaire sur tout en ce qui concernait ma santé, et je la lui mettais entre les mains sans l’ombre d’une hésitation. J’avais confiance en ses capacités, moins en sa tolérance. C’était quelque chose que je retrouvais, hélas, mieux en la personne d’Azrael.
Aujourd’hui, pour ce virus, je m’étais adressée à lui non pas pour cacher la vérité à ma sœur, mais bien pour éviter une énième dispute avec elle puisque c’était bien d’elle que me venait ce rhume de merde. Je l’avais veillé alors qu’elle était dans un état grippal préoccupant. C’était toujours le cordonnier le plus mal chaussé n’est-ce pas ? Elle ne s’était pas soignée, et c’était à moi qu’on s’était adressé pour aller la soutenir. Bref, je ne voulais pas que Moïra se sente responsable et culpabilise de quoique ce soit. Bien sûr, aller voir Azrael plutôt qu’elle était une démarche maladroite, j’en prenais conscience maintenant que j’étais ici, mais je ne pouvais plus retourner en arrière… et de toute façon, quoi que je fasse, Moïra me le reprocherait.
Je ne faisais jamais rien de bien à ses yeux.
Un profond soupir las et désespéré traversa mes narines à cette pensée. Pensée qui fut interrompue par la venue d’une personne inconnue qui me salua comme si je le connaissais… ou alors j’avais oublié de qui il s’agissait et la fièvre m’avait assommé bien plus que je ne l’aurai cru ces derniers jours.
Sourcils arqués, je fouillais dans ma mémoire jusqu’à ce que le jeune homme reprit son apparence habituelle. En le reconnaissant enfin, j’étirais mes lèvres et me relevais du fauteuil avec l’entrain d’une vieille mamie qui avait passé le centenaire.

- T’as de bien étranges habitudes. Je vais commencer à croire que tu fais en réalité partie du Blood Circle si en venant ici tu caches ta véritable apparence.

Loin de moi l’idée de vouloir juger sa manière de faire, j’étais bien au-dessus de tout ça, mais il fallait reconnaître que c’était tout de même intriguant comme habitude.
Sans me poser davantage de questions, je le laissais s’approcher de Grishkin et l’observer avec fascination. Je souriais, parce que je comprenais ce qu’il ressentait. Voilà bientôt un an que l’oiseau me suivait presque partout, et je n’arrivais toujours pas à trouver sa beauté commune. À chaque fois que je posais les yeux sur lui, j’étais éblouie par la beauté de son plumage, par la noblesse qu’il dégageait… et il le savait. Le phénix fixa le sorcier en s’ébrouant, gonflant son plumage avant de claquer son bec en remuant la langue. Mon sourire s’élargit en comprenant que l’oiseau ne faisait rien pour se montrer intimidant, mais davantage admirable.
Je hochais la tête quand le médicomage m’invita à le suivre et restais silencieuse durant le temps qu’il nous fallut pour gravir les marches étroites. Grishkin, quant à lui, s’était contenté de nous suivre en volant, sa longue queue virevoltant derrière lui.
Une fois la porte du bureau fermée derrière nous, je regardais les lieux pour y prendre mes repères davantage qu’une curiosité morbide mal placée. L’Oiseau de feu se posa sur le dossier d’une chaise et entama de se lisser les plumes. Les paroles d’Azrael, qui se voulaient à la base amicales, ne me firent pas rire le moins du monde. C’était logique que je revienne le voir après mon état d’il y a deux semaines non ?
Mon regard coula sur lui tandis qu’il rejoignait son bureau. Moi, je restais plantée là comme un radis, non loin de la porte d’entrée, comme si j’étais prête à m’enfuir à la moindre occasion. Non pas que je ne désirais pas être soignée, mais c’était véritablement une situation compliquée pour moi que d’être considérée comme une handicapée incapable de prendre soin d’elle-même.
C’était d’autant plus vrai en la présence de Moïra.
Malgré mon apparence, je n’étais plus une enfant, merde à la fin.

- Il y a du mieux.

Franchement, c’était quoi cette question ? C’était pourtant visible que j’allais mieux non ? Je tenais de bout, et même si je parlais un peu du nez, mon teint avait repris une couleur normale. Pourquoi tous les médicomages se sentaient-ils obligés de me prendre pour une idiote notoire ?
Réalisant alors que l’entrevue allait se rallonger si je continuais à donner si peu d’informations, je laissais échapper un râle plaintif et contrarié avant de prendre sur moi. Les poings fermés, je reprenais, la mâchoire serrée.

- La fièvre est tombée, je tiens debout et je parviens à réfléchir, si tu veux tout savoir. Tes remèdes m’ont fait du bien, mais ça, j’en doutais pas. Ce qui reste maintenant c’est ce rhume à la con. J’ai le nez tellement bouché que même une taupe n’arriverait pas à me soulager. Ça me flanque mal au crâne tu t’en doutes, mais bon ça, je peux m’y faire.

Je gardais un petit instant de silence avant de reprendre et de prendre le médicomage par la main, au sens métaphorique du terme évidemment, puisqu’apparemment c’était comme ça qu’il fallait procéder avec eux.

- Je t’ai demandé à ce qu’on se voit aujourd’hui pour que le suivi soit correctement fait… sinon il y en a une qui va m’engueuler et franchement, j’en ai pas envie. Puis, je maugréais comme une gamine, décrochant à peine la mâchoire. De toute façon elle va m’engueuler. Je m’éclaircissais tout de suite la voix. Je me marie bientôt, et si on peut encore améliorer mon état pour ce jour, ben je ne serai pas contre tu vois ?

Par pitié, qu’il ne me dise pas qu’il faut m’ausculter. Par pitié je n’ai pas envie de me déshabiller pour un check-up complet. Par pitié je n’ai pas envie de rajouter de nouveaux médicaments à la liste déjà interminable.



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Jeu 16 Juin - 17:18


Se déboucher le nez et les idées
Abigail & Azrael


Devoir soigner ses proches était un des fardeaux du poste de médicomage. Encore plus quand on appartenait à une organisation telle que l’Ordre du Phénix où les mises en danger étaient monnaie courante. Azrael en avait eu un vif rappel récemment. Si cela faisait partie du travail et qu’il préférait lui-même s’occuper de ceux qu’il aimait, ça n’en restait pas moins intense en émotions. Que l’affliction soit un simple rhume comme une blessure plus grave d’ailleurs… Il avait un vécu différent avec chacun de ses proches ce qui, inévitablement, pouvait compliquer grandement la tâche. C’était exactement ce à quoi il s’attendait en voyant Abigail aujourd’hui. Son désamour pour les médicomages n’était plus un secret, un facteur auquel il fallait s’adapter. Azrael avait l’habitude à l’hôpital ou même ici au QG avec Eirian mais ça n’en restait pas moins toujours difficile à gérer émotionnellement. Lui qui voulait aider, qui était pleine de bonne foi ne pouvait s’empêcher d’être quelque peu blessé par les réactions qu’il provoquait parfois chez les autres.

D’ailleurs, à en juger par l’expression facile d’Abigail face à son arrivée, leur entrevue commençait de façon relativement bancale. Du moins jusqu’à ce qu’il se rende compte que son charme de confusion était toujours activé. Sa réplique l’amusa quelque peu. Lui chez les Blood Circle. Une sacrée blague. Enfin, pas pour sa seconde personnalité qui le prenait très mal. Après ce qu’ils avaient fait subir à Ludivine. Après l’incident de leur mission de reconnaissance et la balle prise par la née-moldue. Si cela ne tenait qu’à lui il mènerait des raides pour éliminer jusqu’au dernier d’entre eux. Rien de bien surprenant pour la personnalité solaire et dominante d’Azrael, habitué aux accès de rage de son sombre alter ego. « Disons qu’avec mon poste à Sainte-Mangouste, je préfère prendre le plus de précautions possibles. Si des membres du Blood Circle enquêtent sur qui est à la tête du service dédié aux blessures moldues, je préfère ne pas directement les guider au QG… » Ça plus le fait qu’il préférait ne pas tomber sur Ludivine sans être préparé mais ça n’était ni le lieu, ni le moment, ni même la personne avec qui évoquer ce sujet. Le coup du chef du service des soins aux victimes d’attaques moldues travaillant sur un remède contre les sérums anti-magie du Blood Circle c’était amplement suffisant.

La fascination pour le merveilleux oiseau d’Abigail passée, ils prirent la direction de son bureau. L’esprit léger grâce à la créature magique exerçant sur lui une certaine fascination, il se laissa aller à quelques propos visiblement très mal pris par la jeune sorcière. De quoi jeter un froid intersidéral. Un peu pris au dépourvu, son sourire angélique fondit de ses traits pour afficher un certain sérieux. Elle prenait visiblement sur elle. Elle n’avait pas envie d’être là. Elle n’avait pas envie de le voir et il ne pouvait que la comprendre. Oh putain ! Ça va encore être une partie de plaisir avec celle-là je le vois venir gros comme une maison ! Regarde-moi ça comment elle est tendue. Un peu plus et de la fumée lui sort par les oreilles. Qu’est-ce qu’ils ont dans l’Ordre à être autant allergiques aux médicomages ?! Chacun ses traumas… Ouai bah si tu veux mon avis, … Non ! Je vais quand même te le donner ! C’est pas comme si t’avais le choix en plus. T’aurais jamais dû quitter l’armée moldue. Je te rappelle qu’on nous a gentiment poussé vers la sortie après avoir eu notre médaille. Ouai bah t’aurais toujours pu trouver autre chose que de soigner des ingrats pas capables d’un tant soit peu de reconnaissance avec leur putain d’égo mal placé. Tu m’aides pas là… Retenant un profond soupir principalement lié au vif débat interne qu’il subissait, Azrael avait malheureusement l’habitude qu’on se montre méfiant avec lui. Parfois même il avait droit à de l’agressivité pure et dure ou une défiance blessante. Il avait beau se montrer le plus agréable et doux possible, parfois le courant ne passait pas. Avec Abi c’était encore différent. Dès qu’il s’agissait de sa santé elle se refermait comme une huître et même son sourire ne pouvait plus rien faire pour la détendre. Tant pis, il allait devoir prendre sur lui, sur la fatigue et la lassitude pour traiter au mieux la jeune femme. Il opta alors pour le silence, écoutant attentivement les propos de la jeune femme qui lui décrivait son état de santé, habituée de la chose avec sa constitution.

« Bien sûr oui. » Acquiesça-t-il enfin après la question rhétorique qu'elle lui posa. Comment ne pas comprendre ?! Comment ne pas, à sa place, être fatigué par la situation ?! Si Azrael avait une attitude différente de Moïra envers la jeune animagus, il comprenait partiellement pouvoir être mis dans le même panier. Il faut dire qu’il aidait son amie et ancienne collègue sur le dossier de sa soeur adoptive pour tenter de trouver un remède à sa maladie génétique. Face à la sorcière, l’héritier des Yaxley avait toujours la sensation de devoir marcher sur des oeufs, aujourd’hui plus que d’habitude. Cette entrevue ne ferait pas exception et Azrael allait devoir redoubler de patience, douceur et tact pour ne pas la blesser et la braquer plus que de raison. Il sortit alors l’ensemble des éléments emportés de l’hôpital qui pourraient peut-être l’aider et nota sur un bout de parchemin les symptômes décrits par Abigail. Vu comment elle semblait tendue et agacée, il n’allait pas étirer leur entrevue et tenterait d’aller à l’essentiel. « Si les remèdes t’ont fait du bien, c’est une bonne chose. Plus besoin de les prendre. » Annonça-t-il en sortant de son sac la copie du traitement qu’il lui avait donné pour inspecter ce qui pourrait venir compléter les effets fructueux déjà constatés. « Tu arrives quand même à te moucher un peu ou bien pas du tout et tu as toujours le goût ou ça a disparu ? » Demanda-t-il alors en pleine réflexion, l’air pensif tandis qu’il s’était levé de son siège en direction du petit meuble contenant les nombreuses herbes et extraits de potions dont il disposait ici. Il en ouvrit les portes pour inspecter le vaste contenu et sélectionna quelques éléments en attendant sa réponse. Une fois revenu à son bureau, il posa les fioles sur le bois sombre et revint accrocher son regard. « Comment est ton sommeil ? » Une nouvelle question qui lui permettait d’éliminer certaines plantes et concoctions ou bien au contraire d’en ajouter. Si la MacFusty devait se marier prochainement, être en forme et bien reposée ne serait pas du luxe. Enfin, si tant est qu’elle le perçoive de la sorte. Sujet d’inquiétude pour Azrael, forcément un peu nerveux face à l’attitude peu engageante de son amie.
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Abigail MacFusty
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Dim 19 Juin - 18:57

Mars 2021

- Ah, c’est malin

Concédais-je à Azrael avec un sourire tandis qu’il me fit part des raisons qui le poussait à utiliser la magie de métamorphose lorsqu’il arrivait au quartier général de l’Ordre. Il était vrai que j’étais prudente sur bien des tableaux, mais sur celui-là, je n’en étais pas encore à ce point. Voilà pourquoi je n’avais pas immédiatement compris sa démarche. Cela dit, je la trouvais tout à fait astucieuse. Le monde magique ne manquait pas de ressources et d’astuces pour tromper le Blood Circle et s’était tant mieux. Nous devions lui donner du fil à retordre au risque d’être exterminé comme de vulgaires insectes.

Une fois dans son bureau, je restais non loin de la porte sans oser trop m’avancer. Personne timide à la base, j’étais aussi très réservée quant au traitement et à l’auscultation que j’allais subir dans un instant. Non pas que je n’appréciais pas les médicomages, au contraire, ils effectuaient un travail que j’admirais véritablement. Soigner les gens, avoir cette attitude désintéressée pour une espèce qui ne méritait pas de vivre, à mes yeux, c’était tout simplement incroyable. De plus, je soignais moi-même des créatures magiques, ce qui corroborait beaucoup les deux métiers, raison pour laquelle je respectais ce que me disaient les médicomages, quand bien même ils pouvaient prétendre le contraire.
En vérité, ce que je n’appréciais pas c’était la manière qu’ils avaient de sans cesse m’infantiliser et me prendre pour une irresponsable, d’autant plus ma sœur adoptive. Avec Azrael, fort heureusement, cette manière de me considérer était un peu amoindrie, mais je ne pouvais m’empêcher de rester méfiante. Déjà parce que c’était dans ma nature, mais aussi parce que je savais qu’il travaillait avec Moïra, et donc par extension, je savais que cette dernière allait me tomber dessus d’une manière ou d’une autre. Dans tous les cas, ça n’allait pas me plaire, et je le déplorais. Nous avions eu une discussion intéressante lors de notre dernière entrevue qui, je l’espérais, arrangerait un peu les choses entre nous, mais avec ma sœur, j’avais sans cesse la désagréable sensation que, quoique je fasse, ce sera jugé inapproprié.
Forcément, avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, malgré toute ma bonne foi de voir Azrael présentement et pas elle, ça me rendait de mauvaise humeur. C’était sans compter la fatigue que j’avais accumulée à cause du violent état grippal duquel je me relevais à peine.

Avec le temps, j’avais appris que le médicomage qui me faisait face était une personne serviable et souriante. Le voir ainsi perdre de sa superbe à cause de moi me fit culpabiliser davantage.
Tout en me mordant l’intérieur de la bouche, je l’observais prendre ses notes pour vérifier ce qu’il m’avait donné comme traitement. Sans dire un mot, les bras croisés sur mon ventre, j’attendais là, plantée comme un radis. Comme à mon habitude pour n’importe qui, je lui laissais tout le temps dont il avait besoin pour réfléchir à la meilleure méthode à adopter ensuite. Je n’allais pas lui apprendre son métier, je n’avais pas cette prétention, alors je patientais, laissant mon regard couler sur la décoration du bureau et sur Grishkin, toujours sur sa chaise, occupé à se lisser les plumes et se faire encore plus beau qu’il ne l’était déjà.

- D’accord.

Me contentais-je de dire alors qu’il m’informait ne plus avoir besoin que je prenne son traitement. Je me retenais de hurler de joie. Prendre des médicaments à vie était une chose à laquelle je m’étais habituée, en revanche, je n’appréciais pas qu’on en rajoute dans la liste déjà longue. Je savais que c’était pour mon bien alors je ne disais rien, mais c’était une situation qui me contrariait. Ma santé me contrariait. Alors forcément, lorsque j’avais des remèdes en moins à prendre, je ressentais un profond soulagement.
À ses questions suivantes, enfin des questions pertinentes qui ne sous-entendaient pas que je n’étais qu’une gamine, je réfléchissais un peu. Je ne voulais omettre aucun détail, parce que j’avais cette conscience que mentir ne servait à rien concernant ma santé. Pire, c’était contre-productif et cela me demandait davantage d’entretiens médicaux que si j’étais claire tout de suite.
Des leçons que j’avais apprises depuis bien longtemps déjà.

- J’arrive à me moucher oui, mais je garde toute la zone congestionnée. De ma main droite, j’indiquais mon nez, mon front, mes yeux, mes sinus et mes joues. J’ai la sensation d’être un hamster qui va avoir les yeux qui vont sortir des orbites. Je pouffais un peu, essayant, à ma manière, de détendre cette atmosphère que j’avais pris soin de bousiller un instant plus tôt. Le sens du goût a disparu oui… je sais que ça va avec alors je ne m’alarme pas, mais c’est pénible.

Tout en lui donnant ces détails, je le regardais ouvrir un meuble dans lequel il entreposait une multitude de remèdes. Je ne pus m’empêcher de plisser le nez en voyant tout ça. Oh non, encore des trucs et des machins à avaler… mon royaume pour une santé neuve, pitié.
Les diverses fioles de posées sur le bureau comme s’il s’agissait d’une exposition, j’écoutais sa nouvelle question sans y répondre de suite, craignant fort le nouveau traitement que j’allais devoir prendre. Pourtant, je pris sur moi et soupira avant de reprendre la parole.

- Je dors super mal… mon nez se bouche évidemment à l’instant où je m’allonge, c’est sans compter mon mal de crâne et mes… Je m’interrompais soudainement. Ce dernier point n’avait rien à voir avec la maladie, mais je craignais que si je ne crachais pas le morceau, il allait insister, m’attacher et me torturer pour savoir ce dernier élément. Je soupirais en fermant un instant les paupières. Mes cauchemars. Mais ça n’a rien à voir avec la grippe.

Je fis la moue. Par ce geste, j’espérais montrer à Azrael que je n’avais pas envie de m’étendre sur le sujet. Même avec Moïra je n’étais pas certaine de vouloir le faire. Surtout pas avec elle. Toutefois, un jour, l’abcès allait devoir être percé, je le savais. Je le craignais.
Tout ce qui concernait ma sœur m’angoissait profondément. Parce que je l’aimais et que j’étais fatiguée des tensions entre nous. Je n’en voulais plus. Mais rien que le fait que je sois ici présente était un prétexte. Je soupirais une nouvelle fois avant de planter mon regard dans celui de mon ami.

- Désolée Az, si je suis un peu cassante avec toi… c’est pas contre toi. Juste… je suis fatiguée, stressée par le mariage et j’en ai marre de ma santé pourrie. Surtout que… je sais pas comment l’exprimer… Je roulais des yeux en cherchant mes mots. Je voulais qu’on se voie parce que c’est Moïra qui m’a donné le virus, je voulais pas qu’elle culpabilise… mais je suis certaine qu’elle va me reprocher de ne pas être venue la voir. C’est… C’est épuisant comme situation. Je me pinçais l’arête du nez avant de me redresser, de souffler un bon coup et de secouer la tête comme si je voulais chasser ma lassitude. Avec un nouveau sourire accroché aux lèvres, je reprenais. Du coup, note bien tout ce qu’on fait dans mon dossier hein. Sinon elle va vraiment me tuer.



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Abigail & Azrael


Abigail avait beau être son amie, Azrael savait faire la part des choses. Si elle faisait appel à lui et lui demandait de se rejoindre à son bureau de l’Ordre du Phénix ça n’était pas pour passer du bon temps. Le médicomage la savait déjà malade d’il y a quelques semaines. Il était là pour faire son travail avec tout le sérieux et le professionnalisme que nécessitait la situation. Toutefois, malgré son éthique de travail très stricte, certains patients n’étaient pas comme les autres. Azrael l’avait déjà constaté à l’armée avec ses camarades d’armes qu’il devait soigner, avec des anciens amis retrouvés et plus récemment avec Ludivine qui avait atterri dans son service. Se retrouver à soigner des êtres qui lui étaient chers en situation difficile, on ne l’avait pas préparé à ça à Poudlard. C’était principalement pour cette raison que l’attitude froide et sur la défensive d’Abigail le surprit quand ils passèrent le seuil de son bureau. Il avait beau avoir connaissance de son dossier, lui être venu en aide pour des petits tracas de santé, le décalage entre la Abi douce et agréable puis celle qui devait se faire soigner était toujours marquant.

Une fois le petit temps d’adaptation passé pour s’y faire, Azrael adopta ce sérieux et cette application professionnel indispensable à tout bon diagnostic. Il entreprit de lui poser certaines questions dont les réponses l’aiguilleraient plus dans une direction qu’une autre. Sa remarque sur l’état dans lequel elle se sentait lui extirpa à son tour un petit sourire, ses traits retrouvant de leur aspect solaire pendant un instant. Avec application, Azrael nota les quelques informations distillées par Abi après avoir sélectionné quelques extraits de plantes qu’il déposa sur son bureau. Une nouvelle question perça ses lèvres. L’espace d’un instant une moue songeuse s’installa sur son visage, tentant de trouver LA solution qui soit à la fois efficace et peu contraignante. Ce fut la voix d’Abigail qui le tira de ses réflexions. A mesure qu’elle s’exprimait, son expression se détendit. Non seulement il était attendri par sa petite attention de vouloir s’excuser pour son attitude mais en plus l’affectif reprenait le dessus. Elle était son amie. La savoir mal, stressée, angoissée et tourmentée par des cauchemars l’embêtait un peu. « Je comprends, ne t’inquiète pas. » Assura-t-il alors avec un sourire bienveillant, ses traits s’animant à nouveau de ce côté angélique qu’il possédait au naturel. Il faut dire qu’il avait l’habitude qu’on ne vienne pas le voir de gaieté de coeur. Après tout, qui était heureux d’aller chez le médicomage ?! On préfère s’en priver, non ?! Alors quand en plus on doit souvent s’y rendre c’est encore moins plaisant et plus source de stress. « Je vais tout noter jusqu’au détail prêt ! Et puis je lui ferai un compte rendu en profondeur histoire qu’elle ne s’inquiète pas et soit plus cool avec toi. » S’il connaissait plus Moïra qu’Abigail, le jeune médicomage connaissait les rapports tendus demeurant entre les deux soeurs d’adoption. « Sauf si tu préfères que je ne lui parle pas du tout de ton rendez-vous d’aujourd’hui. Il peut très bien aussi ne pas avoir existé ! Tu peux être complètement remise de ton rhume… » Une suggestion comme une autre pour potentiellement apaiser les éventuels conflits ? Sans jamais entrer dans les détails pour ne pas gêner l’une comme l’autre, il avait su percevoir certaines sources de tensions et dès qu’il le pouvait, tentait de diffuser la situation surtout auprès de Moïra. Les deux anciens collègues avaient tant partagé ensemble que c’était bien naturel de vouloir les aider.

« On va te remettre sur pieds pour ton mariage alors comme ça tu auras une source de stress en moins ! » Annonça-t-il avec détermination alors qu’il observait déjà en détails les fioles sélectionnées sur son bureau. Le médicomage avait connaissance de son aversion pour les traitements, bien obligé de reconnaître que le goût de certaines concoctions n’était parfois pas formidable. Pour cela il avait bien une solution. « Tu peux t’asseoir si tu le souhaites. » Une proposition accompagnée d’un geste vaste désignant l’imposant fauteuil en cuir dans le coin de son bureau. En compagnie d’Abigail, Azrael avait appris à ne pas la traiter exactement comme une patiente. S’il voulait conserver sa confiance et qu’elle continue de faire appel à lui en cas de besoin urgent auquel Moïra ne pouvait répondre, il fallait la mettre à l’aise. Quoi de mieux que de donner l’impression de ne pas être un patient. « Félicitations d’ailleurs pour ton mariage ! J’imagine que malgré le stress de l’organisation etc, tu dois quand même être un peu excitée que ce jour arrive, non ? » Demanda-t-il sans jamais se défaire de son sourire alors qu’il sélectionnait quelques fioles sur son bureau et attira à lui un chaudron sous lequel il alluma un feu. Il lui suffit d’un simple mouvement du poignet pour que ce dernier se remplisse d’un peu d’eau à laquelle il ajouta trois extraits de plantes et une fiole au contenu rose bonbon. « Voilà ce que je te propose : on va se concentrer sur tes sinus bouchés. Pour ça je vais te donner de simples lavements à faire. Les moldus utilisent également cette technique. Je sais pas si tu connais mais en gros le principe c’est de laver tout ton conduit nasal avec une solution salée à laquelle nous on va ajouter deux extraits de plantes pour renforcer l’action décongestionnante. C’est peut-être pas le truc le plus agréable du monde mais moi je trouve que c’est super efficace ! » Il sortit le dispositif qu’il vint lui présenter avant d’ajouter. « En plus de ça, et ça sera seulement si tu en ressens le besoin, je vais te donner une préparation pour aider un peu plus pour le nez et une autre pour soulager tes migraines. Comme c’est pas les concoctions les plus agréables qui soit, je te les prépare sous forme de bonbons magiques. » Une méthode qu’il utilisait déjà très souvent à l’hôpital, Ludivine en ayant pris un spécial confort suite à l’attaque du Blood Circle chez elle, mais avait également longtemps utilisé dans l’armée. « Ça te va ? » S’assura-t-il en levant ses prunelles sombres vers elle. Plus que n’importe quel patient, obtenir son consentement pour un traitement était d’une importance presque vitale.
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Sam 16 Juil - 11:25

Mars 2021

L’enthousiasme du jeune homme revint au galop après que je lui ai présenté mes excuses. Ce détail, et pas des moindres, me soulagea grandement. Il fallait dire que mes dernières expériences auprès d’une seule et unique médicomage ne me réussissait guère. Quand bien même j’en avais vu passer des dizaines durant mes jeunes années, depuis que Moïra avait récupéré mon dossier, plus rien n’était facile. Elle prétendait avoir fait ça pour m’aider et parce qu’elle s’était donné la mission de me soigner… me soigner d’une maladie incurable. Déjà là, il y avait un os. Mais surtout, je la soupçonnais avant tout de vouloir mettre son nez dans mes affaires, comme elle l’avait toujours fait depuis notre enfance. Quand bien même j’avais eu le profond désir d’être la digne grande sœur qu’elle aurait pu mériter que je sois, il fallait dire que j’avais eu un modèle extraordinaire avec mon frère, aujourd’hui, cette envie était balayée et jetée aux oubliettes. J’avais essayé, fort, profondément, avec une profonde ardeur, mais Moïra m’avait toujours rejetée. Pire, elle m’avait volé l’amour de mes parents puis de mon frère aîné. Frère que nous pleurions aujourd’hui toutes les deux, et que bientôt sans doute, elle me reprochera de ne pas honorer convenablement sa mémoire.
Qu’elle ait pu avoir la main sur mon dossier médical relevait pour moi d’un seul et véritable objectif malgré ce qu’elle pouvait dire : elle voulait me gâcher la vie.
Par ailleurs, c’était bien ce qui arrivait. Chaque rendez-vous était d’une froideur à faire trembler le Yéti, et j’avais beau essayer d’être gentille avec elle et de m’excuser pour mes erreurs, comme je venais de le faire présentement avec Azrael, rien n’y faisait. Pire, elle semblait trouver un malin plaisir à toujours me renvoyer mes propos pour mieux me blesser.
Quand bien même notre dernière entrevue ne s’était pas trop mal passée, car nous avions pu enfin discuter, je n’étais pas certaine que s’eut été le remède miracle. À dire vrai, j’étais aujourd’hui anéantie de cette relation houleuse que j’entretenais avec elle. J’étais fatiguée de cette guerre ouverte, j’en avais marre. Je voulais faire la paix. Je voulais récupérer ma sœur. Je voulais rattraper toutes ces années gâchées. Aujourd’hui, à la veille de mon mariage avec une fiancée qui manquait cruellement de famille, plus que jamais, j’avais envie que Moïra soit enfin ma petite sœur. Pas uniquement sur le papier d’adoption, mais aussi dans nos cœurs respectifs.
Alors, quand Azrael me promit de bien tout noter, j’eus un vague sourire, qui disparut néanmoins rapidement à sa proposition. Avec une vivacité qui me surprit, je secouais la tête, les sourcils froncés.

- Non, non, pas de ça entre nous Az. Pas avec elle. Je ne veux rien lui cacher en ce qui concerne ma santé, je lui ai fait la promesse de tout lui dire, alors je vais le faire. Je ne veux pas lui mentir, jamais. Ce… je soupirais rien qu’à imagier l’apocalypse qui se produirait entre nous si d’aventure elle remarquait que je trafiquais mon dossier médical. C’est déjà assez compliqué comme ça entre nous. J’aime autant qu’elle m’engueule parce que je venue te voir toi et pas elle.

Je venais me pincer l’arête du nez tout en poussant un nouveau soupir. Oui, j’étais las, épuisée des reproches alors que je faisais tout mon possible pour être droite et juste. Moïra n’aurait pas été pas contente que je sois allée voir un autre médicomage qu’elle pour soigner ma grippe. Moïra n’aurait pas été contente que j’aille la voir pour soigner ma grippe, car elle me reprocherait d’avoir voulu rester avec elle alors qu’elle était malade.
Comme elle arrivait très bien à me reprocher mon absence en tant que grande sœur alors que durant ses crises elle me rejetait avec force. Comme elle arrivait à me reprocher de ne pas être prudente lorsque je revenais d’une expédition avec des dragons.
Merde, je ne pouvais pas vivre dans une cloche de verre… et même ça, elle trouverait à y redire.

À sa proposition, je m’écrasais, lamentable, sur le fauteuil qu’il me désigna. Nous avions beaucoup parlé toutes les deux alors que j’étais venue la soigner, mais j’avais toujours la sensation de cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Pourquoi ne pouvait-elle pas tout simplement se comporter avec moi comme elle le faisait avec les autres ? Comme elle le faisait avec Azrael ? À juste… leur foutre la paix sur leur mode de vie.
La tentative du jeune homme solaire, d’essayer de trouver un sujet de conversation plus serein et léger me fit légèrement sourire.
Je ne comptais plus le nombre de personnes qui m’avaient félicitée pour mon mariage alors que j’étais une femme très peu populaire. Ironie du sort, saute-moi contre. Cela dit, venant de la part du jeune homme, je le prenais de bon cœur. Je baissais ma main pour observer mon phénix qui s’était placé non loin d’Azrael, comme s’il vérifiait ce qu’il était en train de faire tout en lui souriant.

- Merci beaucoup. C’est vrai. C’est un mélange étrange de sentiments et d’émotions qui sont toutes contradictoires. Je me réjouis, mais je suis stressée. J’ai hâte comme j’ai peur. Enfin… tout le monde sera là, donc tout ira bien, je l’espère. Puis, j’eus un sourire un peu plus mélancolique. Presque tout le monde. Je relevais des yeux taquins dans sa direction avant de m’accouder sur le fauteuil, mon poing serré recevant ma joue. Tu verras quand ce sera ton tour. D’ailleurs, c’est quand ton tour ?

Une lueur amusée se glissa dans mes prunelles jusque-là si lasses et fatiguées. Loin de moi l’idée d’être indiscrète et de tirer les vers du nez du jeune homme. Cela dit, il nous était arrivé de nous confier sur nos déboires de cœur lorsque nous étions plus jeunes. Cette taquinerie était davantage parce que le goût sucré de ces souvenirs me ravissait plutôt que pour vraiment glaner des informations qui ne me concernaient pas. Malgré tout, j’avais la naïveté de croire qu’Azrael savait qu’il pouvait me faire confiance.
D’un œil distrait, j’observais le jeune homme faire ses préparations avec une aisance qui ne m’échappa guère. Ses explications étaient limpides et ses soins me paraissaient tout à fait adéquats à mes maux. Avec le temps, j’avais vu passer tellement de traitements que maintenant je savais ce que je voulais prendre ou non. Du coup, je ne pris pas la peine de lui préciser que je connaissais le principe des lavements de nez, je ne voulais pas le vexer.

- Ça me va très bien, merci infiniment, Azrael, c’est très gentil de ta part. J’hésitais un instant avant d’oser demander. Euhm… tu aurais aussi quelque chose pour les… non, laisse tomber. Si je te demande ça, Moïra va vraiment me passer un savon.

Certes, nous n’étions qu’en mars. La date fatidique était en août… mais je savais d’expérience que mon déclin commençait à partir du mois d’avril. Si je demandais à Azrael de me fournir en somnifère et tranquillisant à la place de ma sœur, elle allait véritablement être vexée, c’était une affaire de famille après tout… quoiqu’il en soit, je détestais devoir lui demander ce genre de traitement… parce qu’elle en connaissait l’origine… et que je refusais catégoriquement de parler de mon frère avec elle pour le moment.
Notre nouvelle trêve était bien trop fragile. À nouveau, j’hésitais avant de reprendre.

- Peut-être juste quelque chose pour me détendre… Tu sais, la venue du mariage, de l’été, tout ça…

Qu’est-ce que l’été avait à voir avec le mariage ? J’ignorais si Azrael allait comprendre, si Moïra lui avait parlé de l’accident. Quoiqu’il en soit, il fallait que je dorme. Il fallait que je me détende avant le mariage. Je ne voulais pas me mettre à hurler en pleine nuit à côté de Harper… tout le moins, je voulais essayer de repousser ce moment au maximum.  


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Dim 17 Juil - 20:21


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Si Azrael s’était tourné vers la médicomagie c’était bien qu’en partie il ressentait le besoin d’aider son prochain. Certes, demeurait en lui cette fascination pour la mécanique humaine ou encore l’excitation liée à voir un patient débarquer avec des blessures atroces… Une autre paire de manches si vous lui demandez son avis. L’objectif principal restait de bien évidemment s’occuper de ses patients pour qu’ils aillent mieux. Malgré cette petite voix macabre qu’il entendait en boucle dans sa tête, cette dernière avait bien un seul avantage : ne pas le pousser au meurtre. Du moins pas pour l’instant. S’il s’agissait d’un sujet provoquant systématiquement de vifs débats entre cette hallucination psychique et lui, ils ne parvenaient jamais à s’entendre. L’un ne faisant pas confiance à l’autre, persuadé être maudit et ne pas mériter qu’on s’attache trop à sa personne. Principale raison également pour laquelle il avait préféré rompre à l’époque avec Ludivine. Une décision sans aucunes explications qui l’avait anéanti en plus de plonger son entourage dans une profonde incompréhension. Un peu comme son engagement dans l’armée moldue. Pour un sorcier de sang-pur qui se destinait à entrer à Sainte-Mangouste juste après avoir obtenu son diplôme, pareille décision pouvait s’avérer être surprenante. Il suffisait de voir les têtes qu’avaient fait tous ceux à qui il l’avait annoncé… Rien dans ses décisions ne semblait logique d’un point de vue extérieur. Normal en même temps, ils n’avaient pas accès au quart de ce qui se passait dans son crâne et lui polluait le mental à longueur de journée.

En apparence, Azrael s’efforçait donc de rester ce jeune homme souriant, toujours de bonne humeur que peu de choses parvenaient à ébranler. L’armée lui avait offert l’opportunité d’acquérir un sang froid à toute épreuve, ne se laissant plus impressionner par les blessures les plus graphiques quand beaucoup de ses collègues pouvaient par instants se laisser aller à une certaine panique. Un avantage de taille pour gérer son service et également occuper un poste de médicomage au sein du QG de l’Ordre. Non seulement il revoyait certains sorciers revenir de missions bien amochés mais en plus il pouvait entendre des histoires plus dures qu’à l’hôpital. Il n’avait peut-être pas fait psychomagie mais une partie de son activité reposait clairement sur cette compétence. L’empathie apportée à ses patients changeait clairement la donne. Un élément qui devait d’ailleurs avoir fait son petit effet sur Abigail en la voyant soudainement se détendre. Il connaissait bien son dossier, pour l’avoir lui-même parfois traité et en discuter parfois avec Moïra qui venait souvent le trouver à la fois pour son expertise et son oreille attentive. Si la médicomage était avant tout son amie plutôt que sa collègue, à cet instant précis, aider Abi s’avérait être sa priorité. Principale raison pour laquelle il lui proposa de ne pas en toucher un mot à sa demie-soeur, bien au fait des tensions demeurant entre elles même s’il n’avait qu’une toute petite part de l’histoire.

Grave erreur visiblement aux vues de sa réaction d’une vivacité laissant sous-entendre les problèmes que cela engendrerait. Il l’écouta sagement, préférant rester neutre dans leur histoire pour ne surtout pas perdre la confiance de l’une comme l’autre. A cet instant si Abi était venue le voir c’était pour une raison bien précise, elle ne voulait pas embarrasser Moïra avec son rhume et encore moins provoquer probablement une dispute. Lui-même ayant des rapports tendus avec son petit frère, il ne pouvait que comprendre sa position. « Entendu. Je vais tout noter scrupuleusement comme ça si jamais elle a la moindre question elle pourra venir me trouver ou alors consulter ton dossier. » Il se retint d’ajouter espérer que cela ne créera pas de tensions entre elles mais, estimant que ça n’était pas sa place, Azrael préféra se taire sur ce point là, l’invitant plutôt à s’asseoir pour qu’elle se ménage un peu. Il avait vu juste à en juger par cette façon qu’elle avait eu de se laisser mollement tomber dans le fauteuil, visiblement très fatiguer. Va falloir faire quelque chose pour ça aussi c’est pas possible sinon…

Si en évoquant le mariage d’Abigail, le médicomage pensait innocemment faire la conversation, sa question même sur le ton de l’humour le laissa pantois. « Ma vie sentimentale est assez désertique. » Lâcha-t-il d’un air soudain pensif, perdant l’espace de quelques secondes son sourire alors qu’il continuait de sélectionner les fioles. Un nouveau vint se loger sur ses lippes, forçant quelque peu le trait pour ne surtout pas l’alerter. Abi avait déjà assez de petits soucis comme ça sans en plus se rajouter le récit de ses échecs sentimentaux. « J’ai pas vraiment le temps de me mettre en couple, tu sais. Entre le travail à l’hôpital, l’étude que je dirige, mon travail ici… » Et le fait que tu m’entendes donc tu ne penses pas mériter qui que ce soit ? … Oui… Pas même Ludivine ? Surtout pas Ludivine ! A force de sourire en continu, la moindre trace de doute ou peine se lisait facilement sur les traits d’Azrael. Il avait beau vouloir faire comme si de rien n’était, sa légendaire bonne humeur le trahissait quand cette dernière s’effaçait au profit de doutes et autres petits tracas. Le médicomage préféra alors se concentrer sur sa préparation afin de ne surtout pas faire d’erreurs, faisant à peine attention à la présence du phénix à ses côtés. Il finit par tout lui expliquer dans les moindres détails, soucieux qu’elle sache de quoi il en retournait pour ensuite prendre une décision informée. Cette fois-ci, un sourire à nouveau bien plus sincère lui échappa, ravi que le traitement qu’il lui proposait convienne. Azrael savait à quel point la jeune femme pouvait être exigeante avec ce qu’on lui prescrivait, déjà bien trop assommé par sa maladie incurable pour en plus en rajouter une couche. Alors qu’il s’apprêtait à lui répondre, l’enchaînement d’Abi le laissa sur sa fin, patientant sagement. D’expérience, le médicomage savait que dès qu’un patient commençait pareille phrase, il obtiendrait tôt ou tard une bribe d’explications. Silencieux, l’héritier déchu l’observa avec bienveillance jusqu’à ce qu’elle ne reprenne. La venue de l’été… Ce terme résonna en lui, sachant pertinemment à quoi elle faisait référence. Moïra avait également une attitude changeante en période estivale. Il se souvenait clairement du jour où il avait appris la mot de Kyle, le tsunami que cela avait provoqué chez ses deux amies. « Bien sûr. » Se contenta-t-il alors de répondre avant de se lever pour prendre sa sacoche restée à l’entrée du bureau. Il en extirpa une petite boîte métallique très basique et vint se placer face à Abigail en retirant le couvercle. A l’intérieur, une multitude de petits nounours en gélatine de toutes les couleurs à l’odeur délicatement sucrée. « Choisis celui qui t’attire le plus. » Demanda-t-il en l’observant avec attention. Si le soir de l’attaque du domicile de Ludivine et pour les semaines qui suivirent ces petits nounours avaient été d’une grande aide, il savait que pour Abigail ça allait lui apporter du soutien. Quand elle lui présenta son choix, il retourna derrière son bureau pour en confectionner une série. « Avec ça tu vas pouvoir mieux dormir, ton stress va baisser et tu auras un regain d’énergie. Ils vont t’aider te sentir un peu mieux. Ça avait été utile à Ludivine après l’attaque chez elle… » Sa simple mention lui fit un pincement au coeur, versant précautionneusement les ingrédients dans son chaudron avant d’y ajouter les composants caractéristiques de la couleur choisie par Abigail. « Niveau posologie : jusqu’à 8 par jour en cas de gros coup de stress. L’effet est quasi-instantané. »
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Jeu 21 Juil - 21:41

Mars 2021

D’un sourire timide, mais franc, je remerciais Azrael pour sa délicatesse et son application. En dehors du fait que c’était là une base élémentaire de son travail, tous les médicomages n’étaient pas à ce point dévoués à leurs patients. C’était l’une des raisons qui faisaient que j’appréciais venir le voir plutôt que les autres, en dehors de ma sœur. Avec lui, je me sentais en sécurit, écoutée, et surtout, il ne me traitait pas comme une pauvre petite chose malade. Avec les années, j’avais fini par m’agacer qu’on me voie uniquement comme une malade et non pas comme un être humain, tout simplement. Hélas, je déplorais ce comportement aussi chez Moïra, quand bien même j’avais essayé de lui dire maintes et maintes fois. Néanmoins, avec elle, j’avais des sentiments très ambigus qui s’entrechoquaient dans ma tête. Autant j’étais énervée qu’elle me prenne toujours de haut avec ses attitudes suffisantes, qu’elle me regarde comme si j’allais m’effondrer devant elle… autant… autant, j’aimais ça. J’aimais qu’elle prenne soin de moi, j’aimais qu’elle me touche. Parce que c’était un contact trop rare et trop souvent désiré.
Malgré l’application d’Azrael à noter scrupuleusement et au mot près notre entretien, je savais que ma sœur adoptive allait me demander une consultation uniquement pour avoir ma version des faits. Encore. Tout en elle m’exaspérait, et pourtant, je devais reconnaître qu’elle était douée, qu’elle faisait très bien son travail et que, même si elle n’en avait pas l’air, elle m’écoutait.
Je venais me masser un peu une tempe tout en observant le jeune homme se mettre à l’ouvrage avec une habilité que je n’aurai jamais derrière un chaudron. Avec un sourire taquin, je l’écoutais me répondre avec une certaine désinvolture. Peut-être croyait-il en cette histoire qu’il semblait se conter à lui-même, mais c’était très peu pour moi. Je me permettais alors de rire par le nez pour démontrer l’ironie qui me traversait avant de lui répondre.

- Oh, à d’autres Azrael. Si tu savais combien de fois Moïra m’a tenu ce même discours. Je n’y crois pas trop. J’ai aussi un travail prenant entre les cours de Poudlard, la dragonologie pour mon île et les affaires familiales que mon père me lègue. Pourtant je suis là où j’en suis maintenant. J’ai peut-être eu de la chance, mais… je plissais les yeux en haussant les épaules. Je n’y crois pas trop. C’est moi la plus malhabile socialement de nous deux.

J’osais lever un regard plein de douceur et de compassion dans sa direction. Le croisement de regard fut fugace, mais sincère. Je rebaissais les yeux avant de reprendre.

- J’ai croisé Ludivine l’autre jour au quartier général de l’Ordre. Elle ne semblait pas très en forme. Est-ce que tu as des nouvelles ?

Moi je détournais l’attention ? Non, absolument pas. Technique de fourbe numéro un à la Abigail MacFusty. Je connaissais la nature de la relation entre mes deux amis, et je déplorais ce qu’elle était devenue aujourd’hui. Peut-être vivais-je dans un conte de fées avec mon premier amour perdu et retrouvé, mais je ne pouvais m’empêcher d’espérer le même scénario pour eux. Forcément, ils continuaient à se voir puisqu’il prenait soin d’elle à la suite de l’attaque du Blood Circle chez elle. Outre le fait que je voulais pousser Azrael à m’en dire plus, j’avais véritablement envie de savoir comment allait Ludivine. Nous avions eu une chouette idée de projet que je souhaitais sincèrement mener à bien… hélas, je ne l’avais pas revue depuis, mon emploi du temps étant particulièrement chargé, et ça n’irait pas en s’améliorant avec la venue de l’été.
Cette période estivale de merde dont je n’arrivais pas à me défaire, qui pesait dans mon cœur comme un sac de ciment… mais je tremblais à l’idée de faire mon deuil. Je le craignais, j’étais même tétanisée. Oublier mon frère… non, jamais je ne pourrais faire ça, quand bien même l’idée de m’oublietter m’avait déjà traversé de nombreuses fois l’esprit.
Pour mieux appréhender ces deux mois d’intenses douleurs, je savais par avance qu’il allait falloir que je me nourrisse et surtout que je dorme. Chose peu aisée s’il en était, voilà pourquoi je demandais un dernier service à mon confrère de maison.
Lorsqu’il revint vers moi avec une petite boite, je fixais, incrédule, les petits oursons en gélatine. Ah… peut-être finalement me prenait-il quand même pour une idiote juvénile à qui il fallait encore tenir la main pour prendre ses médicaments ? Le visage de Moïra traversa rapidement mon esprit et je soupirais d’exaspération. Non décidément, j’avais les idées bien trop biaisées. Je clignais quelques fois des paupières pour chasser mon irritabilité et observais les bonbons.
Inévitablement, mon regard fut attiré par le rouge. Non seulement c’était ma couleur préférée, mais elle était aussi lourde de symboles pour moi. L’amour, la fidélité, la passion… le sang, la maladie… et la mort. Ce fut donc sans surprise que c’était celui que je désignais.
Le regardant retourner derrière son bureau pour s’activer, je m’accoudais à nouveau lourdement au fauteuil tout en posant ma joue dans ma main. Attentive, je l’écoutais me donner les effets de ses bonbons et sa posologie. Opinant du chef mollement, je répondais tout aussi mollement, avec une pointe d’humour.

- Bien, chef.

À dire vrai, j’étais que peu convaincue de l’efficacité de ces petits nounours. Tout le moins, ils ne le seront plus arrivé le mois de juillet. Il me fallait des doses d’Abraxan pour dormir, ce qui était contre-indiqué avec ma maladie et mon état de santé général durant cette période. Néanmoins, j’allais sûrement pouvoir me reposer et prendre des forces d’ici là. C’était un répit bienvenu et dont j’avais cruellement besoin.
Mes pupilles marron se perdant dans le liquide du chaudron, je restais silencieuse quelque minute avant de m’exprimer tranquillement de but en blanc.

- C’est ma faute. L’accident, qui a coûté la vie à mon frère. C’est ma faute. Je n’ai rien fait pour le sauver. Il était en danger... et je n'ai rien fait. En quelque sorte… Un sourire étira douloureusement mes lèvres tandis que mes yeux se remplissaient de larmes que je retenais, les faisant ainsi rougir. En quelque sorte, c’est moi qui l’ai tué et je… Je n’ai jamais osé le dire à qui que ce soit. Ni à mes parents… ni à Moïra. Ils… ils me détesteraient à tout jamais s’ils connaissaient la vérité. Je serai bannie. Oubliée de ma famille. Interdite de pratiquer la dragonologie sur mes terres natales. Je serai impardonnable. Je pourrais… tout perdre.

Grishkin, qui semblait avoir saisi ma profonde détresse, sauta du bureau pour venir se poser sur mes genoux et frotter sa tête contre ma joue mouillée par les larmes.
C’était, peut-être, l’un des secrets les plus lourds que j’essayais de garder. Qui m’empêchait de faire mon deuil. Qui me chuchotait que j’étais à une place illégitime en tant qu’héritière des MacFusty et au cimetière lors des commémorations le premier août de chaque année depuis cette année fatidique.
J’étais un monstre d’égoïsme pur qui ne méritait rien d’autre que de mourir également. Combien de fois avais-je sincèrement désiré échanger ma place avec celle de mon frère ? Le fils prodige en vie à la place de la fille malade, autiste et asociale. J’avais arrêté de compter.
À dire vrai, j’ignorais pourquoi j’avais mis Azrael dans la confidence. Était-ce la perspective de mon mariage qui me donnait une certaine forme de courage pour affronter mes démons ? Où étais-je à ce point épuisée de garder ce secret si lourd ?
Est-ce que les raisons étaient importantes ? C’était dit…



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Depuis bien des années maintenant, le boulot avait été l’excuse parfaite pour Azrael. A l’université, comme durant son temps à l’armée et maintenant à l’hôpital de Sainte-Mangouste, le travail constituait l’alibi en or. Parfait. Ultime même ! Il l’utilisait un peu pour tout et n’importe quoi. Justifier son absence de relations sociales et même amoureuses, sa non implication dans certains événements mondains, son désintérêt pour la politique… Pas le temps de sortir, pas le temps de s’investir ailleurs s’il voulait bien faire son boulot, trop occupé pour entretenir des rapports sains avec une éventuelle demoiselle qui, dans tous les cas n’arriverait jamais à la cheville de Ludivine. Oui, Azrael avait pensé littéralement à tout. La parade suprême pour ceux qui s’intéressaient à sa vie en dehors de l’hôpital. C’était très simple pourtant : il n’en avait pas. Pas besoin que je vous répète à nouveau pourquoi… Ainsi, en évoquant le sujet du mariage d’Abigail, à aucun moment le médicomage n’avait imaginé que cette dernière puisse retourner la situation et le mettre face à la sempiternelle question « et toi ta vie sentimentale ? ». Parade lâchée, la réaction de son amie ne fut pas celle à laquelle il s’attendait. Pas du tout même. Quelque peu interloqué, ses prunelles sombres se relevèrent alors vers elle, écoutant sagement son argumentaire. On le lui avait servi ce dernier également. En revanche, entendre Abi parler de Ludivine lui fit quelque chose. Sans qu’il ne puisse le contrôler, ses épaules se raidirent et presque nerveusement, Azrael réorganisa les fioles autour du chaudron comme pour remettre de l’ordre sur un bureau déjà nickel.

« Moïra n’a pas tort tu sais… Je ne doute pas que tu sois toi-même très occupée mais disons qu’avec l’hôpital c’est relativement simple de se laisser happer par le boulot et ne jamais vraiment en sortir. Encore moins quand on a personne qui nous attend à l’extérieur et qu’on mène une étude clinique dont les résultats sont très attendus par le Ministère et les investisseurs. » Nouvelle excuse à laquelle même lui croyait. « Ça n’est pas une question d’aisance sociale pour le coup. » Avec le temps, Azrael avait fini par y croire à toutes ces excuses qu’il se donnait. C’était plus simple, moins douloureux que d’admettre qu’effectivement, il n’avait personne pour le sortir de l’hôpital. Moïra l’avait aidé pendant un temps quand tous deux travaillaient à Sainte-Mangouste mais à présent il était seul. Lequel de ses employés oserait dire à son chef de service de lever le pied ?! Surtout avec les enjeux politiques actuels ? Sans relever les yeux vers Abi, Azrael tenta d’évoquer le plus sereinement possible le cas de Ludivine. Chose extrêmement complexe et délicate. « On a été mis ensemble sur une mission de reconnaissance en février… Ça s’est très mal passé. Je te passe les détails mais elle a été blessée. Rien de grave mais avec la précédente attaque subie chez elle en novembre dernier, j’imagine que ça doit faire beaucoup. Je n’en sais pas plus, on ne s’est pas vraiment recroisés depuis. » Et là faute à qui, hein ?! Arrête ! Désolé, mais non, tu sais ce que j’en pense. Justement oui, c’est bien pour ça que je veux que tu la fermes une bonne fois pour toute ! Ah ouai… Tu le prends comme ça ?! Je vois… Un maigre soupir de fatigue lui échappa tout en mesurant méticuleusement la dose de poudre à intégrer à la potion. Excuse parfaite pour expliquer cet air sérieux imprimé sur son visage. Une distraction de plus pour qu’Abi ne se doute pas de la tempête intérieure qui faisait rage.

Le sujet dévia bien vite vers son nouveau traitement pour soigner les résidus de son rhume persistant. Azrael lui présenta la procédure en détails pour qu’elle puisse être à même de la reproduire sans difficultés à la maison et alors qu’il s’apprêtait à tout noter dans son dossier, son hésitation le stoppa net. Bien que sa formation n’avait pas été sur un terrain psychologique, le médicomage s’était formé sur le tas, au contact des nombreux individus avec qui il avait pu évoluer dans sa pratique. Quelque chose tourmentait réellement Abi, bien plus qu’elle ne voulait l’admettre de vive voix. A demi-mots elle évoqua la perte brutale de son grand frère et Azrael comprit immédiatement. Garder une posture amicale et une attitude de professionnel de santé s’avérait complexe. Abi présentait en plus la difficulté de souvent se braquer quand on adoptait une attitude trop protectrice. Il fallait se montrer subtil. Autant commencer par du léger et graduellement intensifier le traitement. Voilà la piste vers laquelle Azrael souhaitait aller. Armé de sa boîte de nounours de réconfort, il en fit choisir un à son amie et retourna derrière son bureau pour les confectionner. L’avantage de ces petits bonbons résidait bien dans tout le pouvoir qu’il pouvait y concentrer.

Le nez au dessus de son chaudron, occupé à ajouter le bon dosage afin de commencer le traitement en douceur, quand il l’entendit reprendre la parole, ses prunelles accrochèrent sa silhouette. Quatre petits mots. Quatre petits mots si lourds en signification. Comme stoppent dans son geste, Azrael écouta en silence les aveux de son ami. L’éternelle qualité rayonnante qui animait ses traits s’était effacée, affichant un sérieux et même une inquiétude profonde. A l’entendre se blâmer de la sorte, son myocarde se serrait douloureusement dans sa poitrine, attristé qu’elle puisse ainsi se rejeter la faute aussi durement. Dans un léger soupir il contourna son bureau et fit venir le tabouret de consultation à lui en un sort informulé pour prendre place à ses côtés. Il s’empara également du paquet de mouchoirs gardé sur une étagère qu’il présenta à Abi avant de souffler avec douceur. « Je ne peux pas prétendre comprendre ce que tu vis, Abi… » Un fait d’une évidence frappante mais qu’il jugeait bon de rappeler. Combien de fois avait-il entendu des « je te comprends » lâchés à tort et à travers. Non, il n’était pas à sa place, il n’avait pas son histoire, son caractère et son ressenti. Impossible pour lui de pouvoir complètement comprendre ce par quoi elle passait. « En revanche je peux en partie comprendre ton sentiment de culpabilité. Celui d’être celle qui reste après l’accident, de ne pas le mériter, de ne pas avoir fait ce qu’il fallait… » Lui-même l’avait ressenti plus d’une fois. Après la mort suspecte de sa mère dont il n’avait quasiment aucun souvenir, faisant uniquement face au ressentiment de son frère cadet. Après les décès des nombreux soldats pour qui il s’était démené et endossant la lourde responsabilité de ne pas les avoir protégé en tant que coéquipier d’arme puis soigné. Un bref soupir lui échappa avant de doucement poser sa main sur la sienne, tentant de se montrer le plus doux possible avec elle et lui apporter son soutien. « Tu dis que tu n’as rien fait pour le sauver mais… Est-ce que tu pouvais vraiment faire quelque chose ? Je me doute que tu dois parfois te repasser le moment en boucle dans ta tête à imaginer ce que tu aurais pu faire différemment. Agir face au danger n’est pas donné à tout le monde, ça n’a rien d’un comportement « normal », même quand on est ultra entraîné. » Tu l’aides pas là, t’en es conscient j’espère. Putain mais dis-lui quelque chose toi si t’es si malin que ça ! Ah non, je préfère te voir lamentablement t’enfoncer. Se mordant les lèvres de gêne, il souffla doucement avant de reprendre. « Ce que j’essaie très maladroitement de te dire c’est que tu as le droit de te sentir coupable mais ça n’est pas nécessairement ta faute pour autant. »
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Dim 31 Juil - 16:35

Mars 2021

J’écoutais les soi-disant excellentes excuses d’Azrael, accoudée sur le fauteuil, la joue enfoncée dans mon poing. Le sourcil haussé démontrait combien j’étais sceptique quant à son discours, qui plus est parce qu’il soutenait les propos de Moïra. Ce simple fait avait le don de m’agacer sensiblement. Bien sûr, je savais que ma sœur n’était pas idiote et que le métier qu’ils avaient tous les deux était incommensurable au niveau de l’engagement. Mais ce n’était pas ce qui devait empêcher de vivre, et surtout de survivre. Moi, je survivais, avec ma maladie, et ma sœur adoptive ne cessait de m’assommer avec de grands discours pour que je fasse attention aux lieux où je devais me rendre, que je mange cinq fruits et légumes par jour, que je surveille la consistance de mes selles et la couleur de mon urine. Est-ce qu’elle en faisait autant pour elle ? Vu la maigreur de son corps que j’observais depuis le début de ses études en médicomagie, j’en doutais fortement.
Le métier avait bon dos. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. De cela, j’en avais vu et revu à tel point que les grands discours bienpensants des professionnels médicaux me sortaient par les yeux aujourd’hui. Ainsi, je ravalais la furieuse envie de faire manger ses paroles à Azrael, me contentant de soupirer avec un calme simulé.

— Hôpital ou pas, il est facile de se laisser happer par le boulot aussitôt qu’on l’aime. Az, tu sais à quel point je suis solitaire moi aussi, tu crois vraiment que j’ai attendu que quelqu’un soit chez moi pour faire attention à ma santé et à ma vie privée ? Je roulais des yeux en remuant les épaules. Ça m’est juste… tombé au coin de la gueule, en fait et… bah… j’ai laissé faire. Parce que malgré mes obligations, mes études en dragonologie, ma passion pour mon travail, les corrections pour mes cours, et surtout, malgré mes peurs qui me tordaient l’estomac, et qui me tordent encore aujourd’hui les tripes… ben j’en avais envie.

Je me redressais un peu sur mon siège, relâchant mon visage de ma main.

— Tu es quelqu’un que j’apprécie Azrael, j’espère que tu le sais… et ça me rend triste de te voir comme ça sous prétexte que tu travailles trop. Je veux dire… travailler c’est passionnant, mais… ce n’est pas vivre. J’eus un large sourire. Je sais ça parce que j’ai passé beaucoup d’heures en séances psy.

La dernière plaisanterie avec simplement pour but d’alléger un peu l’atmosphère même si c’était drapé de vérité. Tout le moins, ma vérité. Que ce soit pour lui ou pour Moïra, j’étais véritablement attristée qu’ils mettent leurs vies entre parenthèses pour sauver celles des autres. C’était un phénomène qui me fascinait à observer d’autant plus que je pouvais le comprendre… mais que je n’y arrivais pas.
Je consacrais ma vie aux créatures magiques, aux dragons, mais jamais je ne voudrais mettre ma vie de côté pour un inconnu. Mon côté misanthrope m’empêchait de véritablement comprendre tout cela, quand bien même j’étais aussi du genre à me sacrifier quand il le fallait, ce que Moïra me reprochait à chaque fois.
Tout en percevant le regard concentré (ou fuyant) de mon interlocuteur, je l’écoutais me parler de notre amie commune. Je fronçais imperceptiblement les sourcils à l’évocation de la mission qui avait mal tourné. Décidément, les sorciers, ou tout le moins mon entourage, ne brillaient pas par la santé en ce moment. C’était une constatation plutôt ironique alors que je me trouvais face à un médicomage extrêmement compétent.

— D’accord, commentais-je simplement pour commencer. Je lui écrirais pour lui demander de ses nouvelles dans ce cas. Je marquais un petit temps de pause avant de demander. Est-ce que tu voudrais que je lui dise quelque chose de ta part ?

J’ouvrais la porte, ou plutôt je la défonçais, mais des fois, c’était ce qui était nécessaire. C’était ce qui m’avait rapproché de Harper alors que je croyais tout espoir perdu.
Au fond, je restais persuadée que le hasard n’existait pas dans une vie. Qu’il y avait toujours d’excellentes raisons aux événements même si on n’en captait pas toujours immédiatement l’essence. Nous nous étions séparées avec Harper pour mieux nous retrouver. Nos esprits enfantins de l’époque n’auraient fait que des dégâts aujourd’hui. Enfin, je l’avais retrouvé, sans doute, pour que cette année elle puisse m’épauler au mieux avec la venue du premier août.
Toutefois, encore maintenant, j’avais du mal à comprendre pourquoi mon frère était décédé. Pourquoi y avait-il eu cet accident et ce que je devais en apprendre. Ma réflexion ne fonctionnait pas pour certaines situations et j’en avais conscience. Il en allait pour le décès, mais aussi pour le viol, la famine et d’autres terribles exemples que je n’avais pas le cœur à dénombrer pour le moment.
Alors oui, de toute mon âme je me demandais pourquoi c’était Kyle qui s’était retrouvé sous les flammes de ce Vert Gallois et non pas moi. Je me demandais pourquoi je n’avais pas agi, pourquoi je ne l’avais pas protégé alors que lui l’aurait sans doute fait. Je vivais depuis bientôt trois ans avec cette culpabilité, terrorisée par l’idée de révéler un jour la vérité à mes proches.
Tandis que je me morfondais tout en essayant de garder le contrôle pour ne pas accabler davantage ce pauvre Azrael qui n’avait rien demandé, j’écoutais son discours. Tout le moins, j’essayais de l’écouter, tant bien que mal, avec ma fatigue, ma maladie et ma détresse qui m’assourdissaient. Lorsque sa main se posa sur la mienne, je ressentis une puissante décharge électrique. Mais elle n’était pas désagréable, au contraire, elle avait eu le mérite de me remettre, un peu, les idées en place. Me passer en boucle les événements dans ma tête…

— Il ne se passe pas un jour sans que je n’y resonge… ça me hante… Je sais agir face au danger, j’affronte des dragons depuis que je sais tenir debout sur mes deux jambes… Ce qui s’est passé, ou plutôt ce qui ne s’est pas passé est… inexcusable. Je retenais de nouveaux sanglots avant de chercher le regard du médicomage. Comment on fait ? Pour vivre avec cette culpabilité sans pour autant que ça nous ronge de l’intérieur ?

Depuis trois ans maintenant j’avais la sensation de lentement me disloquer de l’intérieur. Si Harper recollait les morceaux sans qu’elle ne s’en rende compte, c’était peine perdue puisque je ne cessais de mourir à petit feu quand même. J’étais à bout de force, perdue dans ma situation, enfoncée dans un mensonge qui ne faisait que s’alourdir au fil du temps.



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Mer 3 Aoû - 19:59


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Prétexte communément admis, l’excuse du boulot pour masquer l’absence de vie privée ne semblait pas convaincre Abigail. Il faut dire qu’elle-même avait pour soeur (adoptive mais tout de même) une médicomage. Autant dire que ça n’aidait pas sa cause, encore moins quand la relation entre les deux était si tendue que la professeure remettait en question la parole de Moïra. Comment voulez-vous décemment vous en tirer dans pareilles conditions ?! Azrael savait, il se doutait qu’en prenant le parti de son amie et collègue, il ne se mettait pas Abi dans la poche mais tant pis. Que cela lui plaise ou non, il était d’accord avec la brune, laissant la blonde avec un raisonnement qu’il ne voulait pas entendre car il s’agissait de cela. Dans d’autres conditions, dans une autre réalité où il aurait été normal, Azrael aurait été d’accord avec son amie. Il aurait probablement même souhaité ses conseils si sa relation avec Ludivine avait connu la même fin qu’aujourd’hui. Pourtant, ils étaient bien loin de cette réalité. Si Azrael avait préféré rompre avec la née moldue c’était pour la préserver. L’éloigner le plus possible de cette voix dérangeante qui l’accompagnait au quotidien. Elle avait beau tout nier en bloc, tentant vainement de le rassurer sur ses intentions et son amour pour la belle, l’héritier déchu des Yaxley ne préférait pas l’écouter. S’il cédait, s’il lui arrivait quoi que ce soit par sa faute, Azrael ne se le pardonnerait jamais.

Concentré sur sa potion, il écouta alors Abigail lui répondre, décelant avec grande facilité l’agacement de la jeune femme. Était-ce réellement ses paroles ou bien le fait qu’il ait ouvertement pris la défense de Moïra qui l’énervait autant ?! Peut-être un peu des deux… Sans un mot et avec un calme olympien il la laissa finir, refrénant ce sourire qui voulait se former à ses paroles. A l’entendre, il ne semblait avoir aucune raison de vivre. Fait amusant bien que le déni l’empêchait de voir à quel point il se penchait dans son travail pour combler l’absence de Ludivine à ses côtés. « Ma vie n’est pas si triste que ce que tu imagines. » Dit-il finalement dans un léger rire amusé. Bien sûr, Azrael était touché par l’intention d’Abigail derrière ce petit discours sur sa tendance à se focaliser uniquement sur son travail. Si les rôles étaient inversés, lui-même s’inquiéterait pour elle même s’il se doutait qu’elle l’aurait gentiment rembarré, probablement agacée qu’il veuille se mêler ainsi de sa vie sentimentale.
Feignant une intense concentration sur le procédé à l’oeuvre dans son chaudron, il essaya de répondre avec le plus grand détachement à la question d’Abigail sur l’état de Ludivine. Tâche herculéenne tant la situation était tendue. Comme à son habitude, fuir avait été la solution de repli, le mécanisme de défense et sa réponse pour, une fois encore, tenter en vain de protéger la sorcière du mal qu’il pourrait lui faire. La réponse et principalement la question de son amie le laissa donc pantois. Son visage se releva pour venir capter ses prunelles avec une surprise non feinte dans le regard. De quoi parlait-elle par la barbe de Merlin ? « Pourquoi tu voudrais lui dire quelque chose de ma part ? » Lâcha-t-il avec toute la sincérité du monde, ne comprenant véritablement pas pourquoi il aurait besoin de passer par Abigail pour communiquer avec Ludivine. Azrael jugea alors bon de préciser. « On est restés en de bons termes, tu sais. C’est juste… Différent d’avant. C’est comme ça. » Ouai, cache-toi bien de lui dire que vous avez couché ensemble et que maintenant tu l’évites. Ça soulèverait trop de questions. Comme « pourquoi ? », pas vrai ? Exactement. Et la raison est si grave pour ne rien dire à personne ?! Avouer que j’entends une voix malsaine ? Oh je sais pas, ça semble être un motif suffisant pour se faire interner… Sans façon. T’es trop dramatique.

Alors qu’il pensait s’occuper de la confection des nounours réconfortants, première étape d’un traitement qui était voué à s’intensifier, les paroles soudaines et violentes lâchées telle une bombe par Abigail lui firent immédiatement relever la tête. Sans grande hésitation il vint à ses côtés pour lui montrer son soutien. Azrael n’avait rien d’un médicomage, lui-même en proie à de profonds tourments et traumas liés à une enfance dont il avait oublié la première partie, laissée dans des limbes insondables. Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, probablement en raison de ses traits angevins et son air toujours amical, il inspirait suffisamment la confiance pour qu’on ose se confier à lui. Sincèrement touché que son amie ose parler de son ressenti avec lui, même si la savoir si mal lui crevait le coeur, Azrael tenait à se montrer le plus ouvert possible. Sa main doucement posée sur la sienne, caressant le dos de celle-ci à l’aide de son pouce, il l’écouta en silence. Plus ses mots perçaient la barrière de ses lippes et plus c’était un crève coeur pour le sorcier face à la détresse de son amie. Un bref soupir lui échappa à sa question, attrapant un mouchoir sur son bureau pour document essuyer ses joues humides. « Tu l’as dit toi même, tu es habituée à ce genre de situations. Tu sais donc mieux que personne que les animaux peuvent être imprévisibles. D’une fois à l’autre, les choses ne se passent jamais de la même manière. » Un fait irréfutable que lui-même avait pu observer alors qu’il ne travaillait pourtant pas avec eux. Le corps d’Abi en était la preuve vivante avec ses cicatrices impressionnantes, vestiges de rencontre qui avaient pu mal tourner. « Je comprends que tu t’en veuilles. Il n’y a rien de plus normal mais il ne faut pas que ça te ronge à ce point. Tu ne peux pas exiger être irréprochable dans toutes tes actions. » C’était bien là l’aspect le plus dur, ce qu’il allait nécessiter le plus de temps et de travail pour qu’elle accepte enfin cette réalité. « Faire son deuil n’est pas une chose simple. C’était ton frère après tout. Tu étais là. Je ne connais pas de solution miracle malheureusement car crois-moi que si tel était le cas, je n’hésiterais pas à t’aider Abi. » Sa gorge se serra douloureusement en prenant sa main entre les siennes comme pour intensifier sa présence et ses propos. « Le temps apaisera ta peine mais à condition que tu acceptes la situation telle qu’elle est. Ça ne veut pas dire pour autant que tu es la responsable de sa mort même si tu n’as pas agi comme tu l’espérais. En revanche je suis persuadé que tu dois en parler. Tu peux pas garder ça sur le coeur. Les médicaments, potions et autres peuvent faire de l’effet mais ça règlera pas le problème. » Il voulait bien l’aider en lui fournissant toutes les substances nécessaires à engourdir ses pensées, lui-même y ayant eu recours après sa rupture avec Ludivine tant la douleur avait été vive mais il savait que ça n’était pas une solution. Raison principale pour laquelle il n’y avait jamais eu recours après les nombreuses pertes expérimentées à l’armée. « Si tu ne te sens pas capable d’en parler tout de suite à ta famille, pourquoi ne pas t’ouvrir sur le sujet avec Harper ? Ou je suis là pour toi au besoin si tu préfères quelqu’un que tu connais. Je suis pas psychomage mais j’ai déjà perdu plus d’un ami sur le front sans pouvoir faire quoi que ce soit. Mon expérience pourrait peut-être t’aider… »
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Jeu 18 Aoû - 22:07

Mars 2021

Je n’étais pas du genre à me mêler de la vie privée des autres. J’étais davantage de ceux qui s’inquiètent pour leur bien-être… cependant, la frontière pouvait être fine entre les deux. Voilà pourquoi je me permettais quelques petites remarques envers Azrael aujourd’hui. Non pas pour être indiscrète sur ce qui ne me regardait pas, par ailleurs, je ne le questionnais guère plus, mais pour essayer de l’encourager à prendre soin de lui. Car à mes yeux le problème était là : prendre soin de soi.
C’était facile de m’accuser et de me faire des reproches en tant que médicomage soi-disant parce que je travaillais trop et que je me nourrissais mal… mais qu’en était-il du côté du corps médical mmh ? Je l’ignorais pour les autres, mais je devinais sans mal que Azrael et Moïra étaient faits du même bois que moi concernant notre dévouement professionnel. Ils n’avaient donc aucune leçon à me donner et c’était ce qui faisait, en partie, que ma relation avec ma sœur adoptive était si compliquée. Dans le fond, elle ne voulait que mon bien, et il en allait de même pour moi. Seulement, aucune de nous deux n’était capable d’entendre raison, et j’étais forcée de constater qu’il en allait de même pour l’ancien Poufsouffle devant moi.
Son rire et sa réponse me tirèrent un simple sourire plein de politesse, mais dénué de toute joie sincère.

- Je n’ai pas dit le contraire.

Me contentais-je simplement de préciser pour fermer cette discussion. Non, je n’avais pas dit que la vie de Azrael était terrible, ni celle de ma sœur. Mais j’avais la naïveté de croire qu’elles n’étaient pas complètes. Comme la mienne aujourd’hui ne l’était pas. N’était-ce pas là le cheminement de l’existence de tout à chacun ? Essayer de rendre sa vie complète ? Le propre de l’être humain n’était-il pas justement fait d’insatisfactions profondes malgré qu’elles puissent être futiles ? Je me soumettais moi aussi à cette loi de l’univers.
C’était sans compter ma maladresse sociale qui prit à nouveau le dessus concernant Ludivine. Non pas que je veuille prendre la place d’entremetteuse entre eux, je voulais davantage rendre service en proposant de faire le hibou, ne serait-ce que pour un bonjour. De surprise, j’écarquillais alors de grands yeux avant d’enfoncer ma tête dans mes épaules comme une enfant prise en flagrant délit d’une bêtise.

- Oh bah je… Puisque tu as dit que vous ne vous étiez pas recroisés depuis votre mission, je me suis dit que peut-être, tu voudrais au moins que je la salue de ta part.

Je détournais rapidement le regard comme si ce que je venais de dire était une énorme absurdité. Pour le coup, mon intention n’avait rien à voir avec leur relation passée. Encore une fois, je ne me donnais pas pour mission de les remettre en couple, je n’étais pas de ce genre. Je voulais juste rendre service et être gentille, le tout mêlé à ma candeur habituelle.

- Laisse tomber, c’est con de ma part d’avoir proposé ça.

Oui vraiment, c’est con de ma part d’essayer d’aider les autres alors que je ne suis même pas capable de m’aider moi-même. Je poussais un soupir discret tout en baissant les yeux sur mes mains jointes. Vraiment, quelle sorte de personne je pouvais être ? Moi-même je ne me comprenais pas, alors comment les autres pouvaient me comprendre ?
Le seul qui en avait été capable n’était plus de ce monde, et quand bien même Harper me connaissait bien, elle ne me comprenait pas toujours en totalité.
Le manque de Kyle se creusait inexorablement dans ma poitrine au fur et à mesure que les jours me menaient comme des bourreaux à cette date fatidique.

Sans surprise, je m’effondrais devant Azrael, la peur, l’angoisse et la honte me tordant les tripes. S’il y avait bien une personne émotive, mais qui ne s’apitoyait jamais sur son sort, c’était moi. Jamais je ne pleurais la mort de mon frère ainé devant qui que ce soit, car lorsque le cercueil fut mis en terre, j’avais enterré avec toute permission de faire mon deuil. Je me cachais, je hurlais et pleurais seule. Cette année serait différente puisque je vivais aux côtés de ma fiancée, et je devais admettre que cette simple idée me faisait très peur. Qu’est-ce que Harper penserait de moi après tout ça ?
Sans doute qu’elle regrettera notre union et voudra me quitter. Encore. Comme ces cercles infinis qui tournent autour de moi et m’entraînent dans des valses interminables.
La vie m’avait apporté beaucoup de frustration, mais m’avoir ôté mon frère était la pire des sentences.
J’aimais à croire que les événements de l’existence n’arrivaient pas par hasard, mais par moment, j’avais du mal à en saisir les lois cosmiques. Le décès de Kyle en faisait partie.
Pour essayer de retrouver contenance, je fermais les yeux et me concentrais sur la voix d’Azrael qui tentait tant bien que mal de me remonter le moral. Il comprenait ce sentiment terrible d’être encore vivant, sans explication, alors que les autres n’étaient plus. Oui, pourquoi lui et pas moi ? Lui avait un avenir brillant, il était un sorcier doué, il était doué d’une sociabilité douce et sereine, il avait tout pour réussir. Mais c’était moi, l’handicapée aux approches autiste qui était restée.
Non vraiment, je n’arrivais pas à comprendre cette logique.
Je ne voulais plus ressentir tout ça, je ne voulais plus sentir mon cœur se faire prendre dans le supplice de la vierge de fer. Mais comment le dire ? Comment pouvais-je simplement prononcer ce désir alors que la réponse n’était jamais celle que j’attendais, à savoir : il me fallait faire mon deuil.
Non, impossible.
Faire mon deuil, c’était laisser Kyle tout seul dans son cercueil en y retirant ma culpabilité. C’était le laisser de côté, tourner la page, le laisser s’en aller, et ça, ce n’était tout simplement pas envisageable. Je préférais souffrir mille morts que de le laisser s’envoler définitivement. Je craignais trop de perdre son souvenir. L’éclat de son sourire et la sensation de ses cheveux ébouriffés… je voulais me rappeler, encore et encore.

Bien que les mots d’Azrael étaient drapés de bons sentiments, ils ne m’aidèrent guère. J’étais capable d’agir en toutes circonstances. Je n’étais pas une guerrière, mais j’étais une sorcière qui savait agir face au danger des créatures magiques. Ce soir-là, spécifiquement, je n’avais pas agi. Pourquoi ? J’avais beau me repasser la scène en boucle dans ma tête, je ne parvenais pas à trouver une explication logique.
Comment alors pouvais-je ne pas me sentir coupable du destin de mon frère que j’avais scellé par mon inaction ?
En prenant une profonde inspiration, j’essayais de calmer les sanglots qui m’étreignaient le cœur, et, fuyant le regard du médicomage, je répondais avec un trémolo dans ma voix.

- Je ne vois pas comment ça ne peut pas être de ma faute…

Je clignais rapidement des paupières en évitant de garder les yeux trop longtemps fermés. Je devinais les images que j’allais y voir et je n’en avais aucune envie. D’un revers de manche, j’essuyais mes larmes et attrapais l’un des mouchoirs que le sorcier m’avait apportés. Ensuite, je reprenais une petite contenance avant de désigner le chaudron du menton.

- Est-ce que tu as bientôt terminé ? Je ne veux pas abuser de ton temps.

Même si je pouvais avoir l’air de chercher à fuir, ce n’était pas le cas. Je ne voulais pas déranger Azrael plus que de raison, et j’en avais déjà trop fait, bien malgré moi. Que pensera Moïra de tout ça lorsqu’elle le lira dans le rapport qu’il lui fera ? Misère… ce sera une nouvelle confrontation pleine de haine et de mésententes qui m’attendrait, et je la redoutais déjà.
Oui vraiment, j’avais trop abusé du temps d’Azareal et mon cas n’était en rien dramatique. Après tout, je n’étais pas gravement blessée, je n’étais pas mourante non plus. J’étais juste disloquée. Mais qui s’en souciait réellement ? Ça n’avait strictement aucune espèce d’importance. Il était plus sage de porter une pleine attention à des gens qui en avaient véritablement besoin, comme Ludivine.
Avec courage, j’osais croiser le regard du médicomage avant de bredouiller, confuse.

- Je suis désolée… pour tout ça. Tu n’aurais jamais dû y assister. Je. Tu. Je lâchais un grand soupir. Désolée.


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Depuis qu’il était rentré au pays, quittant les rangs de l’armée, Azrael n’avait pas eu à réfléchir plus que ça avant d’intégrer un service à Sainte Mangouste. Unique lieu où l’urgence de tous les instants, la pression constante pour l’excellence et l’état critique de certains patients lui rappelaient l’adrénaline du front. La plus grosse différence ? Il n’y avait jamais rien de trop spectaculaire, le danger semblait même comme contrôlé. La mort rôdait mais jamais elle ne planait vraiment au dessus de sa tête. Dans pareilles conditions, l’ancien soldat avait connu bien des difficultés à s’adapter. Vivant très mal son retour à la vie civile, seule Moïra s’était dressée en sauveuse, reconnaissant avec une facilité déconcertante la spirale infernale dans laquelle le médicomage s’était enlisé. La pratique à l’époque plus personnelle et intense de la médecine s’était muée en quelque chose de plus mécanique et moins prenant. Fait marquant, Azrael n’avait presque plus besoin de parler pour distraire ses patients. Une technique développée dans l’urgence du camp ou directement sur le front afin de distraire ses camarades d’arme. Ici, dans la sécurité d’un hôpital, le danger de mort s’avérait bien lointain. Les questions posées par son amie sur sa vie personnelle le ramenèrent inévitablement à cette période de sa vie et le constat qu’il ne se livrait plus mis à part à quelques privilégiés.

Par pure habitude, Azrael tenta de la rassurer, éludant ainsi la question plus que délicate du désert de sa vie sentimentale mais surtout de la complexité de sa relation avec Ludivine, pas même la première concernée. Personne n’était au courant des réelles raisons de leur rupture. Le choc soudain en avait laissé plus d’un dans l’incompréhension la plus totale. Se retrouver à devoir à nouveau en parler et qui plus est dans une consultation pour un traitement s’avérait insolite. Azrael tenta alors de rassurer Abigail tout en noyant le poisson dans l’eau comme il pouvait, la jeune femme ne se laissant pas duper. Ce fut cependant sa réaction qui lui fit lâcher un peu de lest. Surpris qu’elle se renferme ainsi soudainement sur elle-même, le sorcier se sentit coupable. Bien qu’il la savait en proie à des crises de manque de confiance en elle, cela faisait tout de même un moment qu’il n’en avait pas été témoin directement. « Ce n’est pas con voyons ! Au contraire c’est adorable de ta part c’est juste que… » Azrael eut un profond soupir, fixant pendant l’espace de quelques secondes la surface vermeille du chaudron. Mettre des mots sur tout le bordel ambiant s’avérait plus compliqué que ce qu’il avait imaginé. Pire encore, ne pas pouvoir concrètement expliquer tout le détail de la chose rendait cette confession encore plus douloureuse et potentiellement confuse pour Abigail. « La situation est… Compliquée entre nous. Un simple « bonjour » transmis n’aidera pas les choses à s’arranger. » Confia-t-il en évitant toujours méticuleusement son regard. Comme une envie de rester concentré sur ce qu’il faisait, comme si ça allait faire passer la douleur et atténuer sa situation. « Y a pas grand chose qui aidera la situation… » Marmonna-t-il à voix basse, tel un reproche fait à lui-même mais surtout à cette petite voix constante dans son esprit. La même qui voulait le pousser à tout avouer, tout révéler au grand jour et exister pleinement. Fait insupportable et surtout impensable pour Azrael.

Le sorcier n’eut pas vraiment le temps de s’attarder sur ce dilemme interne que la situation évolua rapidement. Si au début la soudaine confession d’Abigail eut l’effet d’une bombe, elle fut bien vite remplacée par ce profond sentiment d’empathie couplé à de l’impuissance. Azrael avait toujours été obsédé par l’idée d’aider son prochain. Un besoin qui contrebalançait les pulsions morbides que cette voix lui formulait. A ne pas comprendre la raison de sa présence, son origine et encore moins ses réelles motivations, l’héritier déchu s’était toujours appliqué à la repousser et la museler autant que faire se peut. Face à la détresse de son amie, il n’hésita pas un instant, s’approchant d’elle pour tenter de lui apporter son soutien à sa manière. Une façon bien maladroite de faire car absolument pas maître en la matière. Lui comprenait la mécanique des corps, savait quoi faire et comment le faire si vous étiez blessé par arme blanche ou arme à feu. Il savait reconnaître l’origine d’une blessure mais déceler les détresses psychologiques était une toute autre histoire. Pire encore, trouver les bons mots, soigner le mal-être n’avait jamais été son fort. A première vue, ses mots n’aidaient en rien la peine d’Abigail à s’apaiser, pire encore il avait la désagréable sensation de tout faire de travers. Ses vaines tentatives d’apaiser cette explosion de chagrin se soldaient toutes par un échec. S’il avait également vécu des pertes, cela n’avait jamais été rien de similaire. Pouvait-il seulement y avoir quelque chose d’exactement identique ?! Impossible. Il ne pouvait que comprendre intellectuellement. Ayant perdu très jeune sa mère puis avec l’armée de nombreux amis proches et camardes, la douleur du deuil était bien présente en lui. Fardeau à porter au quotidien où il remettait chacune de ses actions en question. Torture de tous les instants à laquelle même Abigail semblait se livrer. « Ta faute ou non, est-ce que cela change foncièrement quelque chose mis à part rendre ta peine plus profonde encore ? » Demanda-t-il avec le plus de douceur possible. Se rabâcher qu’on est le principal coupable, Azrael l’avait fait. Il était passé par là et avec un peu d’aide s’en était extirpé non sans difficulté. « Si tu ne veux pas en parler à ta famille car tu as peur de leur réaction tu peux toujours continuer de faire honneur à la mémoire de ton frère en poursuivant son travail. C’est une belle façon de le maintenir en vie dans le cœur de tous. » Solution de fortune. Triste façon d’avancer sans pour autant aller vers une tentative de guérison. Comment la blâmer quand lui-même portait encore le sentiment de culpabilité dans la mort suspecte de sa mère ? Si tout était flou, que son père lui avait assuré qu’il n’avait rien à voir là dedans, une étrange sensation s’emparait de ses entrailles à chaque fois qu’il y pensait.

Étrangement, la tentative de changement de sujet amorcée par Abigail ne le surprit pas. Il avait fait la même chose quelques minutes plus tôt dès qu’il avait été question de lui. Peiné, le sorcier émit un petit soupir à peine audible, lui laissant le temps de s’exprimer sans réagir. Finalement, quand ses prunelles croisèrent enfin les siennes, Azrael vint esquisser un doux sourire reflétant à merveille toute la tendresse qu’il nourrissait pour son amie. « Tu n’abuses pas de mon temps et tu as encore moins besoin de t’excuser, voyons. » Réconfort soufflé tout en s’emparant délicatement de sa main comme pour lui transmettre réellement toute son affection. « J’ai peut-être une casquette de médicomage grâce à laquelle je suis à même de te prescrire divers traitements mais je suis avant tout ton ami Abigail. » Rappela-t-il comme pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas à se sentir gênée en sa présence. « Tu te souciais que j’ai une vie équilibrée et que je ne me laisse pas uniquement absorber par mon travail, moi je me soucie de comment tu vas vivre les mois à venir. Pas juste pour te donner les bons cachets mais principalement car je t’apprécies et tiens à toi. » Il jeta un coup d’œil à l’horloge présente dans son cabinet puis au chaudron qui fumait doucement sur son bureau avant de reporter son attention vers la sorcière. « J’ai fini ma garde, je n’ai personne d’autre après toi, j’ai donc tout le temps du monde et surtout tout le temps dont tu auras besoin. »
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Mar 23 Aoû - 22:26

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La situation entre Azrael et Ludivine était compliquée, ça l’était depuis des années, je n’étais pas sans l’ignorer, et encore une fois, je ne cherchais pas à mettre mon nez là où il ne fallait pas. Simplement à tendre une main amicale, car je ne supportais pas de voir des amis se déchirer de douleur. Autant moi je pouvais me morfondre, ça m’était égal, mais mes amis, j’avais beaucoup de mal à le supporter. Ma forme animagus de canidé n’avait jamais été un hasard. Voilà pourquoi, d’un air grave, je baissais légèrement le menton et opinais du chef aux paroles de mon collègue Poufsouffle sans chercher à creuser davantage le sujet. Inutile de remuer le couteau dans la plaie ou d’insister. S’il ne se sentait pas prêt à en parler, alors qu’il en soit ainsi. Je détestais moi-même lorsqu’on me forçait la main, je connaissais que trop bien cette situation à cause des nombreux psychologues et psychiatres que j’avais vus dans ma vie. Il fallait en plus rajouter à cela une sœur qui se croyait tout permis et qui voulait savoir mes moindres déplacements, et c’était le sommet de l’agacement.

Je détestais ne pas pouvoir être un soutien convenable pour mes proches, mais je ne pouvais pas non plus faire de miracle. Aussi, je savais pourquoi j’étais une personne très solitaire et qui recherchait très peu le contact avec autrui : je n’étais pas programmée pour ça. Si des gens empathiques arrivaient à être tout à fait sociables et brillants en société, ce n’était pas mon cas. J’étais davantage un genre de catastrophe autistique, bien que cette caractéristique n’ait jamais été formellement diagnostiquée chez moi. Les spécialistes oscillaient entre ça et ma timidité maladive, sans compter qu’il fallait aussi faire des recherches pour mon autre maladie.
Par ailleurs, ce trait comportemental prit le dessus en pleine entrevue. Me livrer de la sorte à propos de mon deuil, jamais je n’avais fait une telle chose. Azrael pouvait se sentir flatter de cet honneur (si on pouvait voir ça comme ça), mais moi intérieurement, j’étais mortifiée. Parler de Kyle le rendait vivant, mais parler de sa mort rendait l’événement d’autant plus vrai. Donnait sens à ma peur la plus profonde que tout mon entourage puisse me rejeter et m’abandonner alors que j’étais à l’aube de toucher la plus belle des félicités. Mais cette joie allait-elle pouvoir être sincère alors que je m’évertuais à la recouvrir d’un mensonge ? En réalité, je ne voulais pas connaître la réponse à cette question.

Sans en avoir trop l’air, je saisissais bien le désarroi d’Azrael et son envie de me venir en aide, mais comme moi pour lui tout à l’heure, il ne pouvait strictement rien faire. Personne ne pouvait rien y faire, et je me refermais davantage à toute possibilité de faire mon deuil. De dire définitivement au revoir. Non, il n’en était pas question, ce n’était absolument pas envisageable.

— Ce que ça change ? Ça change qu’il serait en vie si j’avais agi, ou s’il avait été accompagné de quelqu’un d’autre que moi.

La petite Abigail toujours bonne à rien, toujours recluse dans son coin, discrète, à se laisser torturer par les événements de la vie… à se laisser faire jusqu’à en tuer son propre frère, son propre sang. Sang qui bouillait dans mes veines au point que j’en souffrais. J’avais la sensation que ma peau allait fondre de l’intérieur et que mon chagrin me consumerait jusqu’à la dernière larme. Aux paroles du médicomage, je ne pus m’empêcher de lâcher un petit rire sarcastique.

— C’est amusant que tu me proposes ça puisque nous avons un projet qui va dans ce sens, avec Ludivine. Mais la situation est… compliquée.

À ce dernier mot, je plantais un regard aussi sournois que chagriné à Azrael. Sans l’avoir calculé, je lui avais rendu la monnaie de sa pièce, néanmoins, sans la moindre mesquinerie. Il avait raison et je ne l’avais jamais nié, la situation avec Ludivine était compliquée, et quand bien même nous entretenions de bons rapports par hibou pour monter à bien notre projet pour sauver les créatures opprimées, il était difficile de s’agender des jours de rencontre. D’autant plus maintenant avec ma sœur malade, moi malade, la préparation du mariage, la passation de l’héritage MacFusty et tout le reste.
Je ne jetais pas la pierre à Azrael, au contraire, j’approuvais ce qu’il avait dit plus tôt. Mieux, j’approuvais sa suggestion d’honorer la mémoire de mon frère. Seulement, cela prenait du temps, parce que les événements étaient ainsi faits. Peut-être que ce n’était tout simplement pas le bon moment. Peut-être même qu’il n’y aurait jamais de bons moments.

Le mieux, pour éviter d’y songer, c’était de changer de sujet, ce que je fis avec brio, mais qui ne trompa guère le jeune homme en face de moi. Qui est-ce que ça aurait surpris dans le fond ? Toutefois, le sourire de mon interlocuteur me réchauffa un peu le cœur tandis que j’essuyais mes joues détrempées par les larmes. Je le laissais prendre ma main avec délicatesse ce qui me força à refréner un mouvement de recul. Malgré le fait que je connaisse bien Azrael, le contact physique avec la plupart des gens m’horripilait. Ironie du sort sachant que mon patronus était un koala et que je pouvais véritablement être une personne tactile et câline lorsque j’étais à l’aise.
Néanmoins, à son discours, je me détendis un peu et vins passer mon pouce sur sa main pour lui caresser délicatement la peau. Un geste léger et discret, mais empli de tendresse et de gratitude.

— Oui, je sais. Merci Azrael. Moi aussi je t’apprécie et je tiens à toi, et c’est pour ça que je ne veux pas te voir uniquement absorbé par ton travail. J’hésitais avant de rajouter. Ni Moïra d’ailleurs.

Petite touche d’humour, et parce que ma sœur adoptive et moi-même essayions du mieux que nous pouvions de recoller les morceaux. J’avais espoir que ça puisse plutôt bien fonctionner, jusqu’à ce que je vienne à me livrer totalement sur les causes du décès de notre frère.
Un sourire amusé, bien que forcé, étira sensiblement mes lèvres à sa conclusion. Pour étayer mon amusement, je venais poser ma seconde main sur la sienne en la lui tapotant comme on le ferait tendrement à un enfant.

— Oui, mais on ne va pas parler que de moi ou de mon deuil. Il n’y a d’ailleurs rien à rajouter, tu sais. En plus, j’ai un emploi du temps chargé et si je m’absente trop longtemps, c’est Harper qui va venir me chercher par la peau des fesses.

Tableau aussi étrange qu’improbable. Harper était la moins disciplinée de nous deux et elle me laissait vaquer à mes occupations, libre comme l’air. Un trait de caractère que j’appréciais fortement chez elle, moi qui avais tant craint de m’établir avec elle, car cela bousculait ma sérénité solitaire. Cela me fit penser à nouveau à la situation du sorcier juste devant moi.

— Promets-moi au moins de faire attention. De convenablement te nourrir et d’essayer de prendre du temps pour toi. S’il te plait.



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Jeu 25 Aoû - 10:59


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Enterrer le passé. En faire table rase pour espérer aller de l’avant, passer à autre chose. Voilà ce à quoi s’était évertué Azrael depuis tant d’années. Illusion bien vaine, tentative désespérée pour limiter sa souffrance. Une façon comme une autre de ne surtout pas s’autoriser à repenser à Ludivine. Elle était un simple moment de son histoire, un passé révolu, inatteignable mais surtout une erreur. Jamais il n’aurait dû lui adresser la parole, s’autoriser à tomber sous son charme, s’imposer ainsi dans son cercle d’amis jusqu’à tenter sa chance. Jamais il n’aurait dû rester avec elle, coucher avec elle, rencontrer ses parents, sa famille, tous ses amis puis faire des plans sur la comète. L’histoire se répétait. Inconsciemment ou non il avait poussé la porte de son cabinet vétérinaire, avait renoué contact avec elle, s’était une fois de plus rapproché d’elle et ils avaient repassé la nuit ensemble. Le serpent se mordait la queue. Impossible d’échapper à ce cirque, ce manège dans lequel il était entraîné malgré lui. Un cinéma sans fin où il en venait à remettre en question la moindre de ses décisions. Dans les pires moments, Azrael se surprenait même à vouloir réécrire le passé. Que serait-elle devenue s’ils ne s’étaient jamais rencontrés, s’ils étaient simplement restés amis ? Que serait-il advenu de sa famille sans lui ? Sa mère serait-elle toujours en vie ? Cassius serait-il le seul et unique héritier des Yaxley ou aurait-il eu un frère ou une soeur avec qui jouer ? Des « si » infinis.

Impossible d’y échapper. Ce jeu tordu, parfois même sinistre, le plongeait bien souvent dans un puit sans fond, entraîné et très souvent attiré vers le bas par cette voix avec qui il était forcé de cohabiter. Rien de bien étonnant qu’Abigail se livre au même exercice en ce qui concerne la perte de son frère. C’était d’ailleurs cette remarque qui lui fit réaliser la maladresse de ses propos. Une raison de plus pour laquelle il n’aurait jamais fait un bon psychomage. Mieux valait qu’il reste avec les corps mutilés plutôt que de s’occuper des esprits. Il était meilleur à soigner plutôt qu’à consoler. Tout de même conscient que certains de ses actes et gestes pourraient être mal interprétés, Azrael retint un petit soupir. Bien embêté par l’interprétation faite par Abigail de ses propos, il se pinça doucement les lèvres. « J’ai été un peu maladroit dans mes propos… Pardon. » Lui souffla-t-il en abaissant ses prunelles sombres sur le revers de sa main avant de proposer une alternative. Continuer le travail entreprit par son frère pourrait être une solution afin de continuer de sentir la présence de son aîné. Azrael s’attendait donc à tout sauf à ce petit rire qui lui échappa nerveusement avant d’afficher un air complètement interloqué. Attends… QUOI ?! Depuis quand Vi doit travailler avec des dragons ?! C’est quoi ce bordel ?! Tu dois l’en empêcher Aze’ ! Parce que tu crois peut-être que j’ai mon mot à dire sur ce qu’elle fait ?! Tu débarques de quelle planète ? « Je comprends… » Se contenta-t-il de répondre avant de bien vite détourner son regard du sien. Quelque part, le médicomage se sentait un peu bête tout en étant partiellement en colère contre Ludivine. Elle ne lui avait rien dit. Comment lui en vouloir ?! Ils n’étaient plus ensembles. Ils étaient de simples amis et lui n’était même pas capable d’assumer ses actes. Rien de bien étonnant donc qu’elle n’ait pas parlé de ce projet.

Un peu pris de court dans sa réflexion par les soudaines excuses d’Abigail, il attendit qu’elle ait entièrement fini de s’exprimer pour reprendre la parole en se voulant rassurant. Hors de question qu’elle se sente mal à l’aise ou coupable de quoi que ce soit. Le maigre sourire qu’il gardait scotché aux lèvres vint s’intensifier en sentant son pouce caresser le dos de sa main, preuve qu’elle se détendait un peu mais surtout lui rendait la pareille. A ses premières paroles, Azrael se contenta d’hocher doucement de la tête. Il ne pouvait qu’approuver ses dires. Abigail était quand même un sacré personnage. Elle venait tout juste de se livrer sur la peine de son deuil et voilà qu’elle s’inquiétait à nouveau pour lui alors que sa situation n’avait rien de pénible en soi. Preuve en était quand elle reprit la parole. « Très honnêtement j'ai du mal à voir Harper dans ce rôle là. C’est plus toi que j’imagine lui courir après pour lui rappeler qu’il faut rentrer ou même tout simplement manger. » Lâcha-t-il non sans un sourire amusé bien plus prononcé. Imaginer Harper sermonner sa future épouse lui semblait complètement cocasse pour être honnête. L’héritière Auburn avait toujours été dans son souvenir un véritable électron libre, évoluant seulement au gré de ses envies. Qu’elle ait autant changé le surprendrait grandement, surtout au point de surveiller de si prêt sa fiancée.

Distrait un instant par l’odeur très spéciale dégagée par le chaudron, la demande d’Abigail lui extirpa un bref rire amusé. Sans immédiatement lui répondre, le médicomage quitta le siège auprès de son amie pour jeter un coup d’oeil à la préparation et y ajouta quelques gouttes d’une solution translucide avant de finalement capturer ses prunelles. « Manger et me reposer n’a jamais vraiment été un problème pour moi, tu sais. L’armée forme plutôt bien là dessus je dois avouer. » Avoua-t-il non sans un sourire mélancolique. Bien que d’une intensité sans pareille, cette période de son existence avait également été la plus riche. « Le rythme à l’hôpital et ma mission ici sont assez prenants mais j’arrive à couper quand le besoin se fait sentir. » Une précision toujours bonne à mentionner aux vues des inquiétudes formulées par Abigail. « Ça me suffit amplement comme ça. » T’as pas honte de mentir de la sorte ?! Non. Ah ouai, donc aucune hésitation, aucun remord, rien du tout quoi. Pas le moindre. Bah bravo ! Et tu voudrais que je lui dise quoi exactement, hein ?! « Au fait la raison pour laquelle je rejette toutes mes chances d’avoir une relation sentimentale durable c’est parce que depuis que je suis gamin j’entends une voix morbide dans ma tête. Elle est tellement fascinée par la mort, la violence et le sang que j’ai peur de commettre l’irréparable un de ces quatre. » Idéal pour me faire interner. C’est ça que tu cherches ?! Tout de suite tu pars dans les extrêmes… Ferme-la ! Faisant preuve d’une grande auto-discipline et grandement habitué depuis le temps à ne surtout pas laisser transparaître la colère ou l’exaspération résultant de ses vifs échanges internes, Azrael contint un long soupir. A la place, le médicomage détourna une fois de plus son attention vers le chaudron et d’un coup de baguette fit entrer préparation des oursons réconfortant en gélatine dans sa phase finale avant de pouvoir les fournir à Abigail. « Puis tu sais, mon rat Formol me rappelle tous les jours qu’il n’y a pas que le boulot dans la vie et que je dois prendre soin de lui et être disponible si je veux profiter de sa présence. » La vérité était que sans Formol, Azrael se serait aisément enseveli sous les tâches innombrables à l’hôpital. Son rat lui donnait la motivation et le coup de pied au derrière nécessaire pour quitter la blouse blanche et rentrer chez à son appartement ne serait-ce que pour quelques heures. Du moins quand il ne cédait pas à la tentation de le glisser dans une de ses poches pour qu’il l’accompagne tout au long de ses longues journées de labeur.
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Mars 2021

Je fis un petit geste de la main aux excuses de mon ami pour lui signifier que je ne me formalisais pas de sa maladresse. J’étais la première à en faire et j’en avais d’ailleurs été l’autrice de plus d’une depuis notre rencontre. Admettons que nous étions ex aequo et qu’il était inutile d’en rajouter.
Cela dit, je ne m’attendais à la surprise que je lus sur son visage alors que je lui confiais que nous allions travailler ensemble, Ludivine et moi, sur un projet qu’avait en tête mon frère. Bien loin de comprendre la véritable raison de l’inquiétude du médicomage, je reposais ma tête sur le dossier de la chaise tout en me permettant une douce ironie.

— T’inquiète pas, ça ne te donnera pas plus de travail.

Je comptais bien sur le fait que ce que je venais de dire était vrai. D’ailleurs, ça sonnait un peu comme une promesse. Peut-être que j’ignorais les détails de leur relation, en revanche, je savais faire A plus B. Azrael avait soigné Ludivine après son accident, un peu au même titre que Moïra et moi, il était son médicomage. Il était donc normal qu’il s’inquiète pour elle et pour sa santé. Toutefois, si Kyle avait été un MacFusty jusqu’au bout des ongles, il n’aspirait pas à veiller uniquement sur les dragons. Il aurait pouvoir aimer faire plus. Un plus qui ne m’avait jamais trop inspirée, mais qui, par fidélité pour lui, m’avait soufflé de l’accompagner lors de sa première et dernière intervention. Ce qui était arrivé n’aurait jamais dû arriver, et par ce fait, si le projet que nous avions en tête avec Ludivine voyait le jour, je refusais catégoriquement que nous retournions sur le terrain. Ce n’était pas notre métier, ce n’était pas notre spécialisation. Certes, nous voulions toutes les deux agir contre le trafic d’animaux, comme le voulait Kyle, mais nous n’étions pas des agents du Ministère. C’était là où Kyle s’était fourvoyé.
Le reste… l’accident… tout ça m’appartenait. Car Kyle n’était fautif de rien, contrairement à moi.

Mais, à force de ressasser tous ces souvenirs, la situation devenait bien trop pesante pour moi. Je préférais prendre mes jambes à mon cou, m’enfuir, retourner me terrer chez moi sous un plaid et pleurer tout mon saoul jusqu’à ce que Harper rentre. Là, je ferais comme si rien ne s’était passé. Je sécherais mes larmes, irait lui préparer à manger puis nous passerions la soirée devant la télévision, à faire nos corrections, à danser ou à nous chamailler, et voilà.
La blessure béante et saignante sera pansée, à défaut d’être correctement soignée.
À mon tour, je ricane quant à l’ironie de la scène d’imaginer Harper me chercher et me faire la leçon.

— En effet, c’est plus mon rôle de faire ça. Cela dit, ne sous-estime pas sa faim. Elle n’oublie jamais de manger. Elle.

Je baissais le menton en fixant mon ami pour accentuer mes propos et mon sous-entendu. Oui, je le visais lui en soulignant ce dernier mot, mais évidemment, je songeais aussi à ma très chère petite sœur qui était fine comme un phasme. Faites ce que je dis, pas ce que je fais, encore une fois. Cela dit, je ne pouvais pas leur jeter la pierre, j’étais moi-même quelqu’un qui oubliait de se nourrir quand je suis absorbée par mon travail, surtout en dragonologie. C’était sans compter la période estivale qui approchait et qui m’empêchait petit à petit de me sustenter normalement. Alors oui, ce dernier mot souligné, il était pour moi aussi.
Par les liens sacrés du mariage, est-ce que Harper pouvait me nourrir en mangeant pour deux ?
Non, ça ne marchait pas comme ça évidemment. Elle pourrait manger pour deux uniquement quand elle sera enceinte, si un jour cet événement heureux se produit.

Mon regard suivit l’ancien Poufsouffle tandis qu’il se releva pour retourner au chaudron. À nouveau attentive à ce dernier, mon odorat s’éveilla de sa longue anesthésie causée par le chagrin. Me parvinrent alors les effluves sucrés et appétissants, ce qui me mit, étonnamment, l’eau à la bouche. Au moins, juste le parfum faisait déjà effet sur moi. C’était sûrement une bonne chose.
Convaincue par les paroles et les étincelles intenses dans les yeux d’Azrael, j’obtempérai.

— Je te crois Azrael. Je laissais un petit instant de silence suspendu avant de reprendre. Pourrais-tu apprendre ça à Moïra ? S’il te plait.

Le petit sourire ironique et doux démontrait que je ne plaisantais qu’à moitié. J’étais inquiète pour ma sœur, mais il ne fallait surtout pas que je le dise franchement, je préfère draper cela d’une plaisanterie à moitié assumée. M’accoudant au siège, je posais mon menton sur le dos de ma main tout en soupirant.

— Dans le fond, l’être humain peut s’adapter à bien des situations… mais il ne réussira jamais à s’adapter à la solitude et au manque. C’est notre point faible à tous.

Je disais cela pour moi qui avais subi le manque de l’amour de ma vie et qui devais vivre avec le manque d’un frère ainé aimant. Je disais cela pour Moïra qui avait aussi perdu un frère, ce qui avait creusé un fossé entre nous. Elle travaillait d’autant plus depuis ce moment. Bien qu’Azrael semblait le nier, j’étais persuadée qu’il devait lui aussi faire face à ses démons, et que dans le fond, le travail était une forme de fuite, tout comme les difficultés relationnelles. Malgré tout cela, inconsciemment, nous continuions tous les trois à nous battre, pour éviter un manque impondérable et irrémédiable : celui de la solitude. Il en allait de même pour Harper, pour Eirian, pour William, pour Septima… tous, à notre façon, nous avions divers moyens de combler ce vide immense. Parce que nous étions incapables de vivre seuls durant une trop longue durée… ou alors si cela devait arriver, nous devenions tout simplement fous à lier.

Je clignais des yeux en revenant à moi lorsqu’Azrael reprit la parole, son combat interne m’ayant totalement échappé non seulement par sa parfaite maitrise de son corps dans ces moments, mais aussi parce que je m’étais perdue dans mes propres pensées. Un sourire doux étira mes lèvres tandis que je fis un lien ironique et inattendu entre ce que j’avais dit et ce que mon ami venait de prononcer. Cela ne faisait que souligner mes propos : fuir la solitude par la compagnie des animaux.

— Qu’est-ce qu’on fera sans nos fidèles compagnons ? Je coulais un regard tendre et toujours teinté d’admiration sur Grishkin qui trônait maintenant sur le fauteuil d’Azrael derrière son bureau. L’Oiseau de feu se redressa comme s’il se sentait soudainement concerné et surtout fier. Même s’ils ne sont pas magiques, ils ont des pouvoirs insoupçonnés… ils ont changé ma vie et celles de nombreuses personnes. Je coulais mes prunelles sur Azrael. Je suis contente de savoir que Formol est dans ta vie et qu’il te soutient, à sa manière… en agitant ses petites moustaches frénétiquement.

Éventuellement en dehors des acromentules, aucune créature ne parvenait à me débecter totalement. J’adorais les rats. Aussi petit puisse être l’animal en question, il pouvait prendre une place gigantesque dans nos cœurs et dans nos vies. Ils avaient la capacité d’aimer de manière complètement désintéressée, un amour inconditionnel… quelque chose dont l’être humain était pour ainsi dire incapable.
C’était une leçon que j’apprenais tous les jours dans mon travail.
Avec l’énergie des vaillants qui terminent leurs combats, je me relevais dans un soupir et rassemblais mes affaires. Je ne voulais vraiment pas retenir Azrael, et je me sentais las. J’avais envie de m’effondrer dans mon canapé, à l’abri des regards humains. Être soutenue par mes chats et mes oiseaux. Ils ne répéteraient rien à Harper, je le savais.



Never Ending Circles
ANAPHORE


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Mer 31 Aoû - 20:26


Se déboucher le nez et les idées
Abigail & Azrael


Face à la peine formulée par Abigail, un puissant sentiment d’impuissance avait envahi le médicomage. Tout ce dont il était capable c’était s’enfoncer un peu plus dans de veines tentatives de réconfort vouées à l’échec. Il ne possédait pas la formation adéquat mais en plus faisait face à une Abigail déterminée à prendre le fardeau d’une responsabilité dont il n’était même pas question. La seule et unique chose pour laquelle Azrael pouvait s’avérer d’une quelconque utilité c’était dans le traitement qu’il lui préparait. Ses fameux oursons réconfortant apporteraient un peu de douceur à Abigail. Bien loin de régler le problème de fond, ils rendraient la période moins douloureuse à traverser ainsi qu’une meilleure gestion de ses émotions. C’est déjà ça de prit, non ? Alors qu’il tentait de s’en auto-convaincre, l’évocation de Ludivine et son implication dans un projet autour des dragons le prit de court. Incapable de dissimuler sa surprise à Abigail, cette dernière tenta de le rassurer mais sans succès. Mille et unes questions tournaient à présent en boucle dans son esprit. Autant d’interrogations qui ne connaitraient jamais de réponse puisqu’il n’allait pas embêter Ludivine avec pareil sujet. Après tout ils n’étaient pas ensemble, pourquoi irait-il lui poser pareilles questions ?! Ça n’avait pas de sens.

Par chance, les excuses impromptues, tout autant que le début de ce sujet avec les confessions de l’ancienne or et noire, lui permirent de focaliser ses pensées sur tout autre chose. S’il parvint relativement rapidement à désamorcer cette culpabilité soudaine éprouvée par Abigail, leur discussion glissa bien vite vers un terrain plus dangereux déjà évoqué précédemment : celui de sa situation personnelle. Si Azrael n’avait rien des capacités d’un psychomage, il en avait la rigueur du « ne rien dévoiler à ses patients » qui s’appliquait même à ses amis. Bien plus qu’un banal besoin de ne pas embêter les autres avec ses problèmes, le sorcier protégeait surtout un très lourd secret. Le dévoiler risquait de compromettre toute sa carrière et même son intégrité propre. Qui sait quelles mesures pourraient être prise soit-disant dans son « intérêt » s’il dévoilait ce qu’il cachait. Pour cela, Azrael avait développé la tactique usitée de beaucoup d’autres à savoir ne pas s’épandre sur ses problèmes. Pas simple quand on tombe sur quelqu’un qui veut désespérément vous aider comme Abigail. Il tenta donc de la rassurer sur le fait qu’il allait bien, s’alimentait comme il fallait et ne devait donc pas être source de préoccupations pour son amie. Le jeune sorcier dissimula un sourire un brin amusé à la réponse formulée par l’enseignante quand elle évoqua le cas de Moïra. Ce qu’il cachait à Abi c’était l’importance prise par sa soeur adoptive à son retour de l’armée. Victime d’un violent syndrome post-traumatique, sa collègue médicomage avait été la seule à percevoir dans quel état il était revenu. Grâce à elle, Azrael avait pu canaliser ses émotions, son goût trop exacerbé pour le travail et agir avec plus de raison. « Elle m’a, d’une certaine façon, sauvé la vie quand je suis rentré en Angleterre alors je lui dois bien ça. » Répondit-il non sans un petit sourire entendu pour lui faire comprendre que la santé de Moïra comptait également à ses yeux.

En revanche, une chose que la sorcière aux cheveux d’ébène n’avait pas réussi à faire c’était le convaincre qu’entretenir des relations humaines avec d’autres individus que ses collègues ou patients était salvateur. Azrael continuait de vivre, après toutes ces années, avec la peur de blesser ceux le côtoyant. Qui sait ce que cette petite voix pourrait le pousser à faire ? Elle parvenait déjà à temporairement prendre le contrôle sur son corps. Il savait qu’un jour arriverait où il ne pourrait plus la contenir, elle prendrait le dessus le laissant aveugle de ses actes. Azrael préféra donc laisser ses propos en suspens, incapable d’avouer le manque laissé dans son coeur par sa rupture avec Ludivine. Il n’avait pas cessé de l’aimer une seule seconde, qu’importe les femmes ayant échoué dans son lit entre temps, la née-moldue s’avérait indétrônable pour son plus grand désarroi. Se faire une raison, voilà la seule et unique chose qui lui restait à faire. Se faire une raison et oublier. Pour combler le manque et l’ennui, Azrael savait tout de même pouvoir compter sur Formol. Fidèle compagnon, créature aussi adorable que drôle qui parvenait toujours à lui redonner le sourire même dans les instants les plus sombres. Il savait qu’Abigail pouvait comprendre et il eut confirmation à ses propos. Son regard suivi celui de la jeune femme, admirant le sublime phénix qui trônait non loin de lui. Malgré l’envie brûlante de présenter son doigt en direction du bec du volatile, Azrael n’en fit rien, se contentant en silence d’admirer l’animal magique dans toute sa splendeur.

Un petit soupir lui échappa alors qu’il reportait son attention sur les oursons qui volèrent dans une grande fiole suite à un coup de baguette magique. « Sans lui les journées seraient déjà moins drôles. » Dit-il avec un léger sourire amusé, repensant à toutes les supercheries auxquelles il avait recours pour dissimuler aux autres la présence du rongeur dans sa blouse et parfois même au sein de ses bouclettes au blond cendré. La fiole en main, Azrael y souffla un nouveau sortilège destiné à intensifier l’effet de la concoction présente dans les oursons plus ils se rapprocheraient de l’été et scella le tout avant d’y coller une étiquette. Sa plume à papote s’occupa de concilier les informations dans le dossier d’Abigail alors qu’il revenait à ses côtés pour lui tendre les bonbons gélatineux. « Voilà pour toi ! A prendre dès que tu en ressens le besoin. Bien évidemment, si jamais tu en veux plus ou que tu sens que le dosage a besoin d’être augmenté tu peux me faire un hibou ou passer me voir. J’adapterai en conséquence. » Précisa-t-il avec douceur et surtout avec la volonté de lui faire comprendre qu’elle pouvait trouver en lui une oreille attentive, sympathisante et dénuée de jugement. Son seul but était de pouvoir aider son amie à se sentir mieux, que ça soit en se déchargeant de son fardeau ou en lui procurant un traitement adapté pour gérer son deuil et la dépression intense qui en découlait.
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Se déboucher le nez et les idées [Azabi]
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