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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Je t'aime... moi non plus. Ft. Abigail  :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
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Jeu 30 Déc - 19:40

Abi & Moïra

Je t'aime...moi non plus




- Par Merlin, souffle-t-elle, la main sur le cœur.

Ce matin-là, le réveil est brutal. Moïra prend le temps de se redresser dans son lit. Elle essaie de revenir à la réalité – sa réalité. Des doigts, elle relève sa frange humide au-dessus de son crâne. Celle-ci y reste collée avant de mollement se feindre en deux. Dans le noir complet, elle fixe un point sur le mur face à son lit. Depuis combien d’années ces visions cauchemardesques l’avaient abandonné au profit d’un sommeil réparateur… et les voilà de retour en force. Plus la situation se complexifie, plus ses nuits sont écourtées. Inspirant un grand coup, la jeune femme pince ses lèvres l’une contre l’autre retenant tout juste sa peine. La dernière image sous ses paupières ne s’en va pas. Ses yeux la brûlent tant les larmes menacent de s’écouler.

- Oh Kyle…, murmure-t-elle d’une profonde douceur.

Son décès a déclenché le retour des cauchemars harassants dont elle pensait s’être entièrement débarrassée une fois sa thérapie terminée. Pire que tout, malgré l’amour des MacFusty, elle ne peut s’empêcher de se sentir coupable de ressentir tout cela. Elle leur doit tellement. Ils lui offert un toit, un frère et une sœur. Une sœur qui ne veut pas d’elle et qui le lui fait bien comprendre à l’intéressée. Si seulement son frère adoptif était encore là, il saurait être le liant entre elles. Mais ce n’est plus le cas. Tout ce qui lui reste, c’est la promesse de ne plus jamais être seule tant qu’ils seraient une famille. Une promesse qu’elle ne parvient pas à tenir malgré tous ses efforts. N’est-ce pas la pire des trahisons ? Que doit-il penser d’elles là où il est ?

Après un brin de toilette salvateur, son miroir lui redonne une apparence plus humaine déjà. D’un balayement du regard sur l’humble pièce lui servant de chambre, Moïra aperçoit la lettre trônant sur sa table basse. Abigail. Sa réponse contient le ressenti incommensurable de la sorcière pour sa sœur cadette. Elle ne la considère même pas ainsi. Un poids ou un boulet à la rigueur. Ce serait mentir que de dire que Moïra s’y est faite en grandissant. A chaque lecture le pincement au cœur est terrible. Tendre la main à Abigail est bien la seule chose qu’elle puisse faire. L’inquiétude la ronge de la savoir dans les rangs de l’Ordre du Phénix, d’avoir renouer avec Harper Auburn, d’avoir subi les attaques du Blood Circle et pire que tout de la savoir affronter la perte de Kyle seule. Ses parents adoptifs sont inquiets. Ils n’ont pas besoin de partager leur souci pour l’héritière MacFusty. Tout comme Moïra, ils l’ont vu dépérir peu à peu et se murer dans un silence lourd de sens. Ce n’est pas ainsi que l’on traite un deuil mais c’est la façon qu’a choisi Abigail de le faire. La culpabilité de Moïra ne cesse de s’accentuer en devinant que son aînée s’éloigne de sa famille pour ne pas la voir elle.

Après la déception de ne jamais être assez bien vient la colère. Moïra la ressent au fond de son être prête à surgir à chaque instant. Jetant un œil sur sa poubelle remplis de parchemins, la jeune femme secoue la tête. Il ne a fallu pas moins de dix essais jusqu’à parvenir à écrire à sa sœur. Par Merlin, comment peut-on en arriver là ? Sans parler de l’éternel entêtement d’Abigail de refuser de l’aide lorsqu’on lui tient la main, surtout lorsqu’il s’agit de la sienne de main. Sa conscience lui dit de lui laisser du temps. Mais combien de temps exactement ?  Ont-elles seulement tout ce temps à disposition ? Ignorant le pic de découragement, Moïra se saisit de sa baguette, ses bouquins et enfile sa cape. Il est temps d’entamer cette longue journée.

Comme elle s’en doute, celle-ci passe très lentement. Plus les heures s’égrènent, plus la jeune femme pense au rendez-vous du soir avec sa sœur. Celle-ci lui a confirmé sa présence d’une réponse aussi laconique que la précédente. D’un point professionnel, Moïra aurait dû recevoir Abigail bien avant la rentrée de Janvier. Seulement, elle n’a pas été dupe en la voyant au bras d’Harper, malgré ses appréhensions, la jeune femme a su remarquer le bonheur de sa sœur. Il n’y a plus qu’à espérer que les intentions d’Auburn envers soient pures (huhu). Alors oui, elle a décidé de lui accorder ce répit – une trêve des fêtes en quelque sorte. La nouvelle année engagée, il est important qu’elle puisse faire le point avec sa patiente de son état et de sa situation en générale.

Une fois le dernier élève sortit de sa classe, Moïra se laisse tomber, comme un sac, sur sa chaise. Elle masse les poches sous ses yeux comme si cela pourrait les faire disparaitre. Sa petite nuit ne lui a pas été d’un grand secours ce jour-là. Pourtant, il lui faut maintenant un bien plus grand courage que d’enseigner à de jeunes sorciers sa passion et les secrets de la médicomagie. Abigail est bien plus coriace et tenace que la majeure partie des patients qu’elle a pu traiter. Pour ça, il va bien lui falloir tout son courage et surtout garder son calme face à elle.  Ce n’est pas le moment de perdre le peu de confiance qu’elle a en ses compétences professionnelles. D’ailleurs en parlant de conscience professionnelle, l’enseignante jette un regard sur son bureau désordonné. De nombreux livres y sont échoués ouverts à divers pages. Peut-être aura-t-elle le temps de ranger avant, il ne lui suffirait que d’un ou deux coups de baguette et…

Toc, toc, toc


Zut ! Serait-ce déjà l’heure de leur rendez-vous ? A-t-elle réellement passé la dernière demi-heure à bavasser avec ce gamin ? Se levant prestement, Moïra passe rapidement les mains dans ses cheveux puis sur ses vêtements pour les défroisser. D’une voix, qu’elle espère plus posée que la panique qui la submerge, elle indique à son invitée :

- Je t’en prie, entre.
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Abigail MacFusty
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Jeu 30 Déc - 22:27

Janvier 2021

Je soupirai, las, tandis que je me perdais contre l’encolure de Sleipnir, mes mains sur ses épaules. Paupières closes, j’essayais de rassembler le peu de courage qu’il me restait en cette fin de journée pour me préparer à la suite du début de soirée. L’écurie était propre, les créatures étaient toutes dans leurs box, soignées et prêtes à passer la nuit. Je m’étais accordée quelques minutes de tranquillité avec Sleipnir pour me détendre. Je savais que la suite allait me tendre au maximum, et il me fallait une bonne dose de sérénité pour aller voir cet ersatz de sœur. J’avais la rancune tenace, la crainte de ce qui était arrivé durant mon enfance n’était pas guérie et ne sera pas soignée de sitôt. Voir une étrangère me voler ma famille avait été quelque chose de terrible pour mon moi enfant et je ne m’en étais jamais vraiment remise.
Globalement, j’avais toujours été quelqu’un de pacifiste et gentil, qui appréciait voir la bonté qui se cachait dans chacun d’entre nous. Avec Moïra, je n’en avais jamais été capable. C’était un impondérable, je n’aimais pas cette fille, quand bien même la vie ne lui avait pas fait de cadeau et quand bien même je ne souhaitais pas être à sa place. Je me rendais bien compte que je ne facilitais pas la tâche, voilà pourquoi, avec le temps, j’essayais au moins d’arrondir les angles. À l’époque, je l’avais fait pour Kyle aussi, parce qu’il me l’avait demandé, il était un peu le ciment entre nous.
Depuis son décès, je m’étais totalement recluse dans ma tristesse et je m’étais davantage coupée de ma famille. Ainsi, entre ma sœur adoptive et moi, notre relation était au point mort. Nous nous contentions d’une relation professionnelle de médicomage à patiente, et voilà.

Quoiqu’il en soit, que je la connaisse depuis l’enfance ou non, ces rendez-vous n’avaient jamais été une partie de plaisir pour moi, et ce, même avec Azrael ou n’importe quel autre professionnel de la santé. On me considérait avec une pitié qui me débectait. J’étais malade, pas mourante, et je détestais qu’on me traite comme si j’étais une handicapée. Toutes les personnes qui connaissaient ma maladie avaient beaucoup trop de considération pour moi, et le fait que Moïra ait choisi la filiale médicomagie pour étudier mon cas, cela la rendait d’autant plus exécrable à mes yeux. Je n’avais rien demandé à personne, et je ne souhaitais pas lui être redevable. De quoi se mêlait-elle depuis toutes ces années franchement ? Ne pouvait-elle pas simplement rester dans son coin tranquillement et arrêter de marcher sur mes plates-bandes ?
Je pariais mon Sombral qu’elle allait me parler de mon couple avec Harper durant notre rendez-vous médical.
Un profond soupir traversa mes narines tandis que je relâchais mon étreinte de l’encolure du jeune cheval noir avant de flatter sa peau squelettique.

- Souhaite-moi bonne chance…

Parce que j’entretenais une relation tout à fait particulière avec la créature, il me poussa du bout de ses naseaux. Je souriais doucement et, après une dernière caresse, je sortais de son box pour le laisser tranquille pour la nuit. J’étais toujours plus sereine de le laisser dormir dans l’écurie en hiver que dehors. Je craignais toujours qu’il ait froid.
Entourant mon cou de mon écharpe jaune et noire que je portais depuis mes onze ans, je refermais mon manteau pour affronter le froid du parc jusqu’à ce que je rejoigne le château. J’appréciais ce moment en fin de journée, au coucher du soleil, le parc recouvert de neige et l’école en fond qui commençait à avoir ses illuminations de la nuit s’éclairer. C’était un paysage enchanté dont je ne me lassais pas.
Ouvrant la bouche pour laisser s’élever un nuage de buée, je pénétrais par la grande porte dans les couloirs, saluant les quelques élèves qui s’adressaient à moi. Néanmoins, je prenais la peine de me fondre dans l’ombre pour paraître invisible afin d’éviter le moindre échange avec quiconque. Dans le fond, j’espérais pouvoir croiser Harper au détour d’un couloir et pouvoir passer du temps avec elle afin de terminer de totalement me ressourcer. Hélas, je n’eus pas cette chance, et je dus me contenter de la solitude. Ce qui m’agaçait d’autant plus avec ce rendez-vous, c’était que je n’avais pas eu le temps de prévenir ma préfemme de mon retard de ce soir. Nous avions à peine emménagé ensemble que je n’arrivais pas à tenir mes engagements à cause d’une morue de sorcière qui se souciait soi-disant de ma santé. Billevesée.
Le simple fait de penser à la directrice des Gryffondor me fit frémir, et ce fut par habitude que je frottais les doigts de ma main gauche entre eux, faisant s’entrechoquer doucement les deux bagues que je portais. L’une à l’annulaire gauche, sertie d’un koala, semblant de première qualité et un peu grossière quoique mignonne, la deuxième, au majeur, quant à elle était finement ouvragée et semblait passablement onéreuse.
Par Merlin, je donnerais n’importe quoi pour la rejoindre elle plutôt que la médicomage… Nous avions encore tant à faire pour nous installer ensemble et voilà que j’étais piégée ici, à me faire ausculter à la loupe comme si elle craignait que je développe une maladie d’autant plus léthale que celle que j’avais déjà. Franchement, était-ce véritablement nécessaire tout ça ?

Alors que j’arrivais dans le couloir menant au bureau de cette soi-disant sœur, je croisais un élève qui semblait provenir du lieu de ma destination. Était-ce un retardataire qu’elle avait retenu ? Était-ce un élève avec qui elle fricotait ?
Je levais les yeux au plafond à cette pensée. La détestais-je à ce point pour avoir des réflexions aussi déplacées, ou était-ce encore et toujours un mécanisme de défense ?
Difficile de le savoir et est-ce que ça avait réellement de l’importance, encore une fois ?
Passant une main devant mes yeux pour me détendre et tranquilliser mes pensées, je me décidais enfin à toquer à la porte. Lorsque j’entendais s’élever la voix de Moïra, je me raclais la gorge et entrais dans le bureau tout en refermant le battant après l’avoir passé.

- Bonsoir Moïra.

Dis-je de ma voix tranquille, mais peu avenante. Posant mes prunelles sombres sur son visage, je poussais un nouveau soupir tandis que je dégageais une mèche blonde qui s’était glissée devant mes yeux. Elle avait une tête de déterrée avec ses cernes là. Encore un moyen d’attirer l’attention et de faire l’intéressante. Purée c’était si puéril, elle ne pouvait pas changer un peu de disque et grandir ?
M’avançant jusqu’à elle, je détournais mes prunelles, puisqu’il m’était difficile de soutenir le regard de qui que ce soit sauf des personnes vraiment très proches de moi. Moïra était l’une de ceux que je ne voulais pas voir et pour qui je ne voulais pas croiser le regard, sauf pour la défier.
Avec gentillesse et politesse, et parce que ça m’intéressait tout de même un peu dans le fond, parce que je n’étais pas faite uniquement que d’animosité, je m’entendais lui demander.

- Comment tu vas ? Avant de passer aux choses sérieuses histoire qu’elle ne se mette pas à croire que je veuille sympathiser et surtout parce que je ne voulais pas m’attarder ici. C’était que je commençais à avoir faim, et surtout, j’avais envie de rejoindre ma fiancée qui allait m’attendre au bout d’un moment. Par quoi on commence ?


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Ven 31 Déc - 17:12

Abi & Moïra

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La jeune femme trépigne presque sur place. Elle vient tout juste de prononcer les quelques mots d’une longue conversation à venir. Du moins, c’est ce qu’elle espère. Connaissant sa sœur, elle craint que celle-ci ne soit qu’à sens unique. Peut-être bien un long combat pour lui tirer les veracrasses du nez. Plus les années passent, plus elle sent un nœud dans son estomac à chaque fois qu’elle doit rencontrer sa sœur aînée – sœur adoptive, dirait-elle sûrement. Ces mots criant de vérité ne feraient que blesser d’autant plus la cadette. Abigail est égoïste de croire être la seule à souffrir de la situation. Elle inquiète ainsi ses parents en s’éloignant d’eux. L’orpheline ne comprend pas ce comportement. Sa sœur adoptive n’est juste pas consciente de la chance d’avoir des parents en vie. Abigail peut les voir quand elle le désire, leur parler, voir la fierté dans leurs yeux, les serrer dans ses bras… Tout ce qu’elle peut faire, elle, c’est de venir les voir une fois par mois et parler à ce paysage triste de pierre. C’est tout ce qui lui reste d’eux – un vague souvenir. Moïra n’a jamais osé dire tout ce qu’elle pense de son comportement à l’intéressée. Elle craint d’être submergée par ses émotions le moment venu et ne faire qu’empirer les choses entre elles. C’est bien plus simple de jouer au jeu instauré par Abigail depuis leur enfance. C’est mieux que rien et cela lui permet de garder un œil sur l’héritière MacFusty.

Comme souvent lorsqu’elle est emprise à des émotions plus fortes qu’elle, ses doigts effleurent machinalement la pierre de quartz à son cou. C’est tout comme si cette dernière vibre au fil de la sensibilité de la sorcière. Maintenant, elle ne peut plus reculer. Il est temps de se composer un masque de médicomage et non plus celui de la petite fille à la recherche de l’approbation de son modèle. Celui-ci n’a plus lieu d’être. En tout cas, certainement pas avec ce que Moïra a appris récemment plus précisément lors de son retour des Etats-Unis. Mais avant tout, il lui faut accueillir sa sœur avec le plus de déférence qu’elle peut extraire de son esprit fatigué. Elle regrette déjà de l’avoir fait venir en fin de semaine après son dernier cours de la journée. Un lundi matin à la première heure aurait été parfait ! Elle aurait pu abattre toutes ses cartes. Là, elle se sent plus comme une vieille chaussette. Il ne manquerait plus qu’elle sente de la sorte pour que la coupe soit pleine. En parlant de coupe, Moïra active sa baguette d’un coup de poignet. Une carafe se remplit d’un liquide clair et rafraichissant. Deux verres apparaissent sur son bureau. Satisfaite, elle s’en détourne pour concentrer sur la porte s’ouvrant sur la silhouette de la professeure de soins en créatures magiques.

Aussitôt, elle passe en mode médicomage. Ses yeux trainent de-ci delà cherchant à réaliser une analyse de son état de santé. Durant ses études, elle appris l’importance de se fier à son regard et son intuition. Les patients peuvent mentir et cacher leurs maux mais leur corps finit toujours par les trahir. Plus vite, l’on repère les signes d’une maladie, plus vite l’on peut soumettre un traitement efficace. Le temps est crucial dans la prise en charge d’un bénéficiaire de soins. Réalisant que le regard d’Abigail la scrute également, la plus jeune cesse son inspection s’avançant d’un pas vers son aînée. D’une voix plus posée, elle la salue à son tour :

- Bonsoir Abigail.

C’est froid. Grandement platonique. Qui pourrait croire qu’il s’agit d’une rencontre entre deux sœurs à cet instant ? Le plus ironique, c’est que bien souvent, des inconnus hors du cercle familial pensent que les deux femmes se ressemblent beaucoup sur le plan physique. Ils déchantent très rapidement lorsqu’ils apprennent que mis à part leur patronyme, elles n’ont rien en commun. Au début, cela ne dérangeait pas du tout Moïra. Au contraire, elle était flattée qu’on puisse la comparer à Abigail, Kyle et surtout ses parents adoptifs – cela lui donnait un réel sentiment d’appartenance à ce clan si cher à son cœur. En grandissant, cela ne la fait qu’arborer un sourire poli et amer face à ces allégations. Le fait que son aînée détourne aussi vite les yeux d’elle la frustre. N’était-elle pas assez bien pour mériter son attention ? Que doit-elle faire pour cela ? Se tenir devant elle à poils ? (puisqu’il semble s’agir d’une tradition). D’un geste de la main, comme si elle cherchait à chasser la colère, la jeune femme indique à Abigail de s’avancer vers son bureau.

Sa question la surprend à tel point qu’elle fait volteface. Elle est à deux doigts de jeter un coup d’œil dans la pièce pour être sûre que c’est bien à elle qu’elle s’adresse. Peu rassérénée à l’idée de passer pour une sombre idiote, Moïra gagne du temps en l’accompagnant près du bureau en chêne massif. Elle apprécie que sa sœur tente un je-ne-sais-quoi envers elle. Cela lui permet d’abaisser les défenses qu’elle a hissé quelques minutes auparavant. Une simple question et la voilà déjà chamboulé. Cette entrevue promet. D’habitude, elles ne vont pas sur ce terrain là lors des entretiens médicaux. C’est plus simple. D’un air étonné mais teinté de méfiance, la cadette lui répond :

- Bien. Le stress de la rentrée mais j’imagine que tu connais aussi ça. Nos étudiants sont encore survoltés des vacances. Leur énergie va vite se diluer d’ici une ou deux semaines. Et toi, comment vas-tu ?

Volontairement évidement, elle élude de répondre avec sincérité à la question. Ce n’est pas pour autant un mensonge, une simple omission. Ce n’est pas comme si ce n’était pas le sport national des deux MacFusty. Abigail n’en aurait pas grand-chose à faire de savoir qu’elle dort mal la nuit parce qu’elle souffre de l’absence de leur frère. Cela ne l’étonnerait même pas d’apercevoir dans ses prunelles foncées un reproche si elle lui confiait ce secret. Bien sûr, Abigail est au courant pour les cauchemars et les crises de panique lors de ses premières années de vie chez les MacFusty. Seulement, Moïra ne s’est jamais confiée à quiconque de l’effet du décès de Kyle sur sa vie. Ce n’est pas aujourd’hui qu’elle va le faire. Bien Abigail souhaite savoir par quoi commencer. Esquissant un petit sourire, la sorcière ne retient pas sa petite pique de malice. Celle-ci s’échappe d’entre ses lèvres :

- Par s’asseoir déjà.

Amusée de la rigidité d’Abigail, elle poursuit sur le ton de la conversation :

- Je t’en prie. Tu peux prendre place juste… ici.

Sur ces mots, elle déplace une pile de livres de la chaise pour laisser la place à Abigail face à son bureau. Laissant sa sœur s’installer, Moïra contourne son bureau pour se glisser sur son fauteuil face à elle. Grimaçant devant son bordel étalé un peu partout sur le bois, la sorcière préfère darder son regard sur le visage de sa sœur.

- Déjà, je te remercie d’être venue.

Un peu nerveuse par le sujet qu’elle doit aborder ensuite, Moïra se mordille la lèvre tout en parcourant les nombreux dossiers gisant devant elles. Agacée, elle finit par se saisir de sa baguette et utiliser un accio dossier d’Abigail Macfusty. Celui-ci apparait finalement devant leurs yeux à toutes les deux. Impatiemment la professeure tapote de ses doigts sur sa couverture. Inspirant un grand coup, elle préfère laisser une chance à son patient récalcitrant. Après tout, peut-être Abigail a-t-elle rédigé des résolutions pour l’année 2021 ? L’espoir fait vivre, non ?

- J’aimerais beaucoup que tu me parles de ces deux derniers mois. Comment tu t’es sentie ? As-tu eu des symptômes particuliers depuis notre dernière consultation ?

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Sam 1 Jan - 14:14

Janvier 2021

À peine étais-je entrée dans le bureau de la médicomage que me voilà scrutée avec cette intensité que je ne supportais pas. Tous les spécialistes me fixaient de la sorte, comme si j’étais sur le point de cracher mes poumons en toussant deux fois, comme s’ils avaient pitié de moi, comme s’ils craignaient de faire une erreur. Alors que franchement, tout à fait entre nous, qui entre les médicomages et moi était le plus à même de commettre un impair ? Clairement, c’était moi, j’en avais conscience, je le savais et je ne m’en cachais pas. Je détestais qu’on me prenne de haut, quand bien même ma petite taille n’aidait pas, et j’aimais encore moins qu’on essaie de me couver comme si j’étais une gamine irresponsable et incapable de prendre soin de moi. Certes je prenais des risques, mais j’étais encore en vie, et ça, je le devais aussi principalement à moi, et non pas à ceux qui se trouvaient derrière un bureau à concocter des ordonnances médicales pour soi-disant m’éviter de tomber malade à tous les courants d’air (en plus ça ne fonctionnait pas, les virus me prenaient quand même).
Ainsi, lorsque Moïra me fixa de haut en bas comme si j’étais un objet, je ne pus m’empêcher non seulement de détourner le regard, mais aussi de grommeler intérieurement. Elle et son air suffisant là… que pensait-elle détecter franchement ? C’était ridicule. Elle était ridicule.

Alors que je m’avançais dans sa direction, je lui posais une question d’une banalité déconcertante pour la plupart des gens, ce qui n’a jamais été anodin pour moi. J’appréciais savoir comment allaient mes interlocuteurs, et ce n’était pas qu’une question de politesse, j’étais empathique et je voulais rendre service, dans tous les cas, j’étais prête à tendre la main pour aider. Si d’aventure Moïra ne se sentait pas bien, alors je l’aurai aidé en faisant demi-tour et en annulant notre rendez-vous. Manque de chance, après une expression légèrement surprise, elle me fit un rapport complet de son état annuel. Je n’en demandais pas tant, un simple « oui ça va » ou « non c’est pas la forme » suffisait. Pourquoi devait-elle toujours en rajouter à ce point bon sang ?
Retenant un soupir, lui répondait, cette fois réellement pour être polie que pour sympathiser avec elle. Si elle pensait sincèrement que je voulais me lier d’une quelconque relation, elle se fourrait le doigt dans l’œil jusqu’au coude.

- Tu vas t’habituer. Constatais-je simplement en ce qui concernait les élèves. Chaque professeur était différent et chaque matière était différente. Si elle ne savait pas tenir ses élèves, je n’y pouvais rien, et pour l’heure, je n’avais guère envie de lui donner des conseils. Elle était assez grande et déjà bien assez assistée comme ça pour pouvoir se débrouiller toute seule. Il ne fallait pas abuser de ma bonté non plus. Après avoir dégluti tranquillement, toujours dans l’optique de garder mon calme, je reprenais. Je vais bien. Les vacances furent reposantes.

J’avais tant à lui dire, tant à raconter, et pourtant, je n’avais strictement rien envie de partager avec elle. J’avais commis cette erreur lorsque nous étions enfants, et résultats, elle en avait profité jusqu’à attirer toute l’attention de mes parents et même de mon propre frère. Hors de question qu’aujourd’hui elle mette la main sur Harper. C’était MA femme et elle n’allait pas la rallier à son camp, au risque de me voir sortir les crocs.
Aussi, puisqu’elle se croyait si maligne et intelligente, elle devait le voir, à quel point je me sentais bien. J’avais les épaules relâchées, j’étais parfaitement détendue en dehors de l’agacement sourd que je ressentais parce que j’étais avec elle. Je dégageais même un certain bonheur qui avait disparu depuis des années, précisément depuis mes dix-sept ans, lorsque Harper m’avait quitté à la sortie de nos études à Poudlard. J’étais épanouie, c’était un fait indéniable et ça, elle ne pouvait pas me le prendre.
Sans esquisser le moindre sourire à la boutade de ma sœur adoptive (ça faisait vraiment rire quelqu’un sérieusement ?) je posais ma veste sur le dossier et retirait mon écharpe, laissant voir que j’étais vêtue d’un épais pull rouge tricoté en de grandes et épaisses mailles. Je n’avais pas le choix que d’accompagner ma robe de sorcière à ce genre de vêtement pour me tenir au chaud, surtout que mon métier m’incombait de devoir travailler en extérieur la plupart du temps, quand bien même je m’arrangeais pour garder mes élèves au chaud à l’intérieur lors des temps de pluie ou en cas de fortes chutes de neige.
Remontant les manches de mon pull jusqu’à mes coudes, je révélais le tatouage qui entourait mon bras et mes doigts du côté gauche, ainsi que des éraflures sur le poignet droit. Ces dernières m’avaient été infligées à la suite d’une excursion sur l’une des îles Hébrides il y avait de cela quelques jours. Le terrain escarpé et la dangerosité de l’instant m’avaient légèrement blessée physiquement, mais c’étaient les risques du métier et je ne me plaignais absolument pas. Je n’étais pas à mon premier bobo, bien au contraire.

Scrutant le bureau de la médicomage, je retenais un nouveau soupir agacé en voyant le merdier qu’elle y avait. Comment pouvait-on travailler efficacement de manière si désordonnée ? C’était quelque chose qui m’irritait également chez Harper, mais cette dernière avait au moins la décence de ranger avec que j’arrive. Moïra était véritablement insupportable en tout point.
Détournant mon regard sombre sur cette dernière alors qu’elle en vint à me remercier, je me contentais de hausser les épaules sans répondre verbalement. À quoi bon ? C’était elle qui m’avait demandé de venir, et puisque j’étais sa patiente, je me contentais de faire ce qu’elle me disait. Si elle jugeait bon de me voir, alors je venais. Avec le temps, j’avais appris que c’était plus simple ainsi que de l’ignorer, car elle était tout à fait capable de venir sonner chez moi toutes les cinq minutes pour que je daigne être auscultée. Cette tête de mule là…
Ne cessant de fixer son visage, je crus reconnaître quelques signes de nervosité ou d’hésitation, davantage lorsqu’elle se pinça les lèvres. Détournant mes prunelles inquisitrices sur le dossier qui se planta dans ses mains, je m’adossais parfaitement sur ma chaise tout en croisant bras et jambes en attendant qu’elle se décide enfin à me dire ce que je faisais ici.
Plissant légèrement les sourcils aux questions qui tombèrent enfin, je remuais une nouvelle fois des épaules avant d’enfin dévisser ma mâchoire pour daigner lui répondre.

- Bah, en décembre, j’ai été malade un peu, mais rien de grave. Je me suis cassé le poignet, mais ça a été rapidement réparé, et c’est tout. Là je me sens bien. On a voyagé avec Harper aux États-Unis juste après Nouvel An et voilà. Je ne sais pas ce que tu veux que je te dise.

J’étais austère sans pour autant être hautaine. Je savais que Moïra ne faisait que son travail, je n’avais donc pas à lui cacher quoique ce soit, encore une fois, j’avais compris avec le temps que dire les choses rapidement, même les plus désagréables, permettait une consultation plus rapide et moins tortueuse. Puisque je ne voulais pas passer des heures dans ce maudit bureau en désordre, je préférais ne pas cacher à ma sœur adoptive que j’avais été malade. Je nuançais simplement les propos en omettant la fièvre délirante qui m’avait fait chuter au point de me briser le poignet à une mauvaise réception, et surtout, de demander ma future femme en mariage entre deux hallucinations. Gardant les bras croisés, je rajoutais ensuite.

- Ah, je peux réutiliser ma magie au fait. Le neutralisateur du Blood Circle a encore besoin d’être amélioré et c’est tant mieux.

Je m’étais presque habituée à ma condition, à ne plus pouvoir utiliser mes pouvoirs. Peut-être aussi m’étais-je un peu habituée à la présence de Bonnie (que Moïra connaissait évidemment également). Néanmoins, il fallait avouer que je n’allais pas me plaindre d’avoir retrouvé ma condition de sorcière, et de pouvoir à nouveau répandre mes cours comme je l’entendais sans avoir besoin de dépendre d’une elfe de maison, aussi serviable soit-elle malgré son franc parlé.
Balançant légèrement la jambe croisée au-dessus de l’autre, j’attendais la suite des événements avec une sensible impatience. Puisque tout allait bien, j’avais l’espoir naïf que Moïra me permette de partir dès maintenant pour que je puisse rejoindre ma fiancée et cesser de me torturer en restant en sa présence qui m’était si désagréable. Hélas, je savais aussi qu’elle était têtue comme un éruptif et que je me faisais sûrement de faux espoirs.
Par Merlin, faites qu’elle ne me retienne pas…



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Dim 2 Jan - 17:54

Abi & Moïra

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Pourquoi avait-elle pris la peine de lui fournir une réponse construite au juste ? Moïra pouvait presque voir passer sur le visage de sa sœur l’ennui de son explication. Si Abigail faisait un tant soit peu plus attention à elle, elle saurait que sa cadette est un vrai moulin à paroles et qu’il est difficile pour elle d’être concise. Le pire dans tout ça, son constat laconique. La sorcière retint le pic de colère bouillant au fond de ses entrailles. La prenait-elle pour une incapable en plus d’être un parasite maintenant ? Ce n’est pas parce qu’elle débutait dans l’enseignement à l’université qu’elle pouvait se permettre de se montrer méprisante envers elle. S’il lui avait donné le poste, c’était parce qu’elle le méritait et qu’elle en avait toutes les capacités. En tant qu’ancienne Gryffondor, ce n’était pas quelques jeunes hommes et femmes avec quelques poils de culs qui allaient lui faire des cheveux gris avant l’heure. En revanche, la sorcière en face d’elle le pourrait très bien d’ici à peine quelques instants. Son faux air calme ne trompait pas Moïra trop habituée à avoir affaire avec sa sœur. Elle aurait préféré que celle-ci s’agace, s’énerve, lui montre quelque chose, ne serait-ce qu’un tant soit peu d’émotions. Cette langue, elle savait bien la parler mais pas celle qu’employait Abigail. Son indifférence la blessait bien plus. Au fond, Moïra espérait de tout son cœur que ce n’était pas fait avec cette intention là. Elle voulait croire qu’entre elles, il y avait plus que juste un ressentiment idiot instauré il y a des années et tragiquement renforcé avec la mort de leur frère.

Je vais bien. Rien de plus. Rien de moins. La déception la heurtait une nouvelle fois. Pourtant, elle s’y était préparée mais chasser ses sentiments profonds envers sa sœur, c’était juste trop compliqué. Moïra connaissait moins sa propre sœur qu’une grande partie des amis ou connaissances communes des deux femmes. Ce sentiment était vexant et dur. Les informations livrées au compte-goutte par Abigail ne lui suffisaient plus. La sorcière passait pour la plus grande des idiotes lorsqu’elle apprenait une chose importante sur la femme, presque inconnue, en face d’elle. Elle devrait être la première à ses côtés et pourtant …elle figurait à la dernière place de la liste d’Abigail. Et le pire dans tout ça, c’est qu’elle n’avait même pas la moindre idée de la raison de ce classement injuste à ses yeux. Sauf qu’avec les années, elle avait cessé de pleurer son sort et l’acceptait tant bien que mal. Actuellement, c’était plutôt mal. Sa sœur vivait sa vie et évoluait et visiblement elle n’était pas la bienvenue dans son futur horizon. La voir heureuse au bras d’Harper Auburn lui causait une souffrance sans nom. Cette femme lui avait brisé le cœur. Elle avait refusé la main secourable de Moïra. Et maintenant, elle acceptait celle d’Harper comme si de rien n’était et envisageait de faire sa vie avec elle. Cela voudrait-il donc dire que Moïra l’avait fait plus souffrir qu’elle ? Était-elle à ce point là une personne si horrible que cela à ses yeux ?

Les propos sensés détendre l’atmosphère de l’ancienne rouge et or ne fonctionnèrent évidemment pas sur la sorcière. Au moins, se dit-elle, elle obtempérait. Patiemment, du moins le plus qu’elle le pouvait, elle attendait en silence pendant qu’elle se mettait plus à l’aise dans son bureau. Ses yeux avisés ne purent s’empêcher de constater les égratignures trônant sur le poignet de sa sœur aînée. Elle ne parvint pas à contenir le pli de contrariété sur son front. Ne pouvait-elle pas prendre soin d’elle-même une fois durant sa vie ?  Avait-elle seulement désinfecté la plaie ? Et pourquoi laissait-elle des éraflures sur son corps alors que n’importe quel sorcier pouvait les guérir d’un coup de baguette ?  Agacée, Moïra était parvenue à se contenir d’une remarque bien sentie. Cela n’irait pas en son sens. Ce n’était pas son objectif, ni celui de leur rendez-vous – pas pour l’instant. Elle pourrait toujours revenir dessus lorsqu’elle aurait obtenue les informations voulues. Sinon, cette tête de mule serait capable de se braquer et de déserter son bureau.

Une fois installée, sa sœur adoptive prit le temps avant de lui répondre. Tapotant des doigts sur le fameux dossier, Moïra rongeait son frein pour lui laisser le temps d’en placer une. Ce n’était pas simple parce qu’elle avait souvent l’impression de ne pas être branchée sur la même vitesse que sa sœur. Moïra n’était pas du genre patiente. D’ailleurs, elle compensait déjà sa nervosité en remuant sa botte sur le pied de son fauteuil. Lorsque son interlocutrice se lança enfin dans son explication, la jeune femme n’en croyait pas bien ses oreilles. Elle commençait fort la séance. Il n’y pas de doute, Abigail avait visiblement un attrait tout particulier à faire tourner en bourrique sa jeune sœur. Le simple fait qu’elle débute sa phrase par un bah … comme si ce qu’elle avait à dire était anodin. Mesurait-elle réellement l’impact d’une maladie sur son corps déjà affaibli ? Elle pourrait chopper le moindre truc dans les airs. Moïra se crispa et se fit violence pour ne pas la couper. Seulement, le « je ne sais pas ce que tu veux que je te dise » eut raison de toutes ses bonnes résolutions envers sa sœur.

Ses doigts vinrent lentement masser l’espace entre ses deux sourcils. Pour une fois, elle prit le temps de tourner et retourner les propos d’Abigail dans sa tête. Une fois qu’elle ne trouva pas d’autres alternative que d’être consternée par sa sœur, elle leva un doigt pour l’empêcher d’en rajouter une couche.

- Pourrais-tu me définir ta signification d’un peu malade ? Peut-être pourrais-tu me relater les faits exacts qui se sont produits ? Du genre, quand est-ce que cela a commencé ? Combien de temps ? Quels symptômes ? As-tu pris des potions en particulier ? Ce genre de détails non sans importance, tu vois.

Moïra respira un grand coup avant de darder son regard sur sa patiente. Calme, elle devait rester calme. Mais bon sang que c’était dur.

- Et par merlin, comment as-tu fait pour casser ton poignet ?

Par tous les mages de ce monde ! Abigail osait lui narrer cet épisode sans sourciller et l’achever en lui disant qu’elle avait voyagé peu après avec Harper. Était-elle à ce point inconsciente ? Bordel, il lui faudrait avoir une conversation en tête à tête avec Auburn également. Moïra était d’autant plus agacée car ces informations, elle les avait obtenue, partiellement, par une infirmière de l’école alors que son médecin c’est ELLE. Ce qui figurait dans le dossier médical de l’héritière restait légèrement vague et la médicomage était bien décidée à remplir tous les blancs.

Déçue et agacée par le côté je-m’en-foutiste de sa sœur n’apparaissant visiblement spécialement que pour elle, Moïra soupira avant de mettre les points sur les i :

- Laisse moi donc récapituler ce que tu es entrain de me dire. C’est que tu as été malade et que tu as jugé bon de ne pas me tenir au courant. Franchement, Abigail, je suis ton médecin et j’apprécierais que tu ne me prennes pas pour une idiote lorsque j’essaie de faire mon travail. Nos histoires personnelles n’ont rien à voir avec ta santé.

Elle s’interrompit un instant. Se mordillant la lèvre pour faire passer sa colère, elle opta pour prendre la chose sur un autre angle. Alors, elle lui demanda sincèrement :

- Que dirais-tu si, dans ton métier, l’on te tenait, volontairement, à l’écart d’une situation avec l’une de tes bêtes dont tu es responsable ?

L’avantage, c’est que contrairement à Abigail, Moïra était parfaitement au courant de sa mésaventure. Elle était donc en mesure de savoir quand celle-ci lui mentirait et surtout quand celle-ci omettrait des détails cruciaux sur sa situation médicale. Essayant de conserver son calme, la jeune femme inspira et expira à quelques reprises pour garder un air professionnel bien que son regard toujours rivé sur Abigail ne s’assombrisse peu à peu comme un ciel d’orage. Et s’il te plait, ne me mens pas…pensait-elle, très, très fort.


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Dim 2 Jan - 22:39

Janvier 2021

Ce qu’il fallait bien comprendre entre Moïra et moi, c’était que nous n’avions absolument pas la même manière de vivre les choses ni de communiquer. J’étais une asociale lorsqu’elle était un bout en train. J’étais muette et timide lorsqu’elle était un moulin à parole à se montrer sur les devants de la scène. C’était ce qui m’exaspérait en partie chez elle, car bien que Harper soit également vive, elle ne faisait pas son intéressante. Moïra, elle, faisait tout pour attirer l’attention, et ce, depuis que nous étions enfants, depuis qu’elle était arrivée chez nous. Bien que les premiers mois j’avais été d’une empathie exemplaire pour elle, en voyant que mes parents s’occupaient davantage d’elle que de moi, puis qu’ensuite ce fut au tour de mon frère d’agir de la sorte, je m’étais petit à petit reculée. Je n’étais pas de ceux qui s’imposaient, même dans ma propre famille, et peut-être que ce syndrome que j’avais en moi depuis si longtemps, celui de la peur de déranger autrui, avait été en fait grandement nourrit par le comportement de Moïra à l’époque. Petit à petit, j’avais été écartée de ma propre famille, et j’avais dû me violenter pour rappeler que j’étais encore présente. Intelligente, j’avais réussi à obtenir de bons résultats à Poudlard pour recevoir quelques félicitations, j’avais suivi ma mère lors de ses quelques excursions de vétérimages, et évidemment, je réussissais à passer du temps avec mon père et Kyle lorsque nous parlions de dragonologie. C’était là peut-être les seuls moments où je me sentais encore chez moi, c’était sans Moïra. Car dès qu’elle revenait dans le paysage, l’attention était portée sur elle, sur sa santé, ses cauchemars, son état psychologique, sur le fait qu’elle mange assez ou non, etc., etc.

Bref, avec la médicomage, je m’étais habituée à rester prostrée, à ne pas faire de vague, à être froide à cause de la jalousie qui me tenaillait depuis toutes ces années. Je n’avais plus rien envie de partager avec elle de ma vie, parce qu’elle m’avait déjà volé ma famille. Alors, je restais concise même dans mes propos s’agissant du métier professoral que nous partagions maintenant (elle voulait vraiment tout me voler). Je comprenais ce qu’elle disait, les difficultés qu’elle rencontrait, parce que j’avais eu les mêmes à mon arrivée, et ce, durant toute ma première année scolaire. Je m’en étais néanmoins sortie car j’étais une personne extrêmement organisée et débrouillarde (bah oui j’avais appris à me sortir moi-même des situations difficiles puisque mes parents et mon frère étaient trop occupés avec elle). Puisque la sorcière savait si bien geindre auprès de certaines personnes, j’étais persuadée qu’elle allait très bien s’en sortir sans moi pour parvenir à surmonter ses petites difficultés d’enseignante néophyte.
Malgré mes vagues encouragements (car s’en étaient au fond), je la voyais se crisper davantage. N’avait-elle donc jamais compris avec les années à quel point j’étais observatrice et à quel point je savais lire les traits du visage ? Les êtres humains étaient des livres ouverts en comparaison à certaines créatures fantastiques. Ces dernières étaient de véritables énigmes que j’arrivais toujours par percer à jour, mais la nature humaine, elle, m’échappait toujours. J’étais capable de voir un muscle du visage se crisper ou un frémissement de sourcils, mais je n’arrivais toujours pas à saisir les intentions des gens. Ainsi, je ne comprenais pas pourquoi Moïra s’agaçait davantage alors que je répondais exactement à ce qu’elle me demandait.

Sans détour ni fioriture, car je restais une handicapée sociale maladroite, je lui donnais mon résumé des mois de décembre et de janvier, certes vaguement, mais sans cacher quoique ce soit, ou tout le moins, sans l’intention de le faire. Pourquoi devait-elle avoir tous les détails puisqu’elle avait mon dossier sous les mains ? Devais-je véritablement répéter ce qu’elle était déjà censée savoir ? Me prenait-elle à ce point pour une imbécile ?
La voyant venir se masser l’arête du nez à mes propos, je décidais de me taire et d’attendre que le couperet tombe, ce qui ne tarda pas. Des mots, des mots et encore des mots. Des plaintes, des plaintes, et des questions, des questions.
J’étais déjà assommée.
Bon sang, mais même Azrael était moins chiant, et ça me coûtait de dire cela d’un médicomage. À son ton exaspéré concernant mon poignet, je ne pus m’empêcher de grommeler un peu. C’était elle qui avait fait des cours de médecine, pas moi. Devais-je véritablement lui expliquer comment il était possible de se briser les os ? Que voulait-elle à la fin ? Me mettre dans une armure et la tête dans un sortilège de tête-en-bulle pour que je sois protégée sans cesse ?
Ce n’était pas vivre que de m’imaginer dans ces conditions.
Réfrénant une crise de panique à cette pensée, je déglutissais une nouvelle fois nerveusement, me retenant de ne pas m’énerver face à la pseudo crédulité de la jeune femme qui me faisait face.

- Pourquoi veux-tu que je te raconte tout alors que tu as le dossier sous les yeux ? C’est noté non ? Je laissais planer une demi-seconde avant d’enchaîner avant qu’elle ne puisse répondre. Tu sais très bien qu’en hiver je tombe plus gravement malade que le reste de l’année. J’ai simplement eu une grosse grippe avec de forts épisodes de fièvre. Je me suis évanouie à un moment donné et je me suis mal réceptionnée, c’est mon poignet qui a mal réceptionné ma chute voilà tout, rien d’exceptionnel.

J’étais une femme de terrain. Depuis toute petite je nageais dans la boue, je rampais dans les rochers et je m’écorchais sous les buissons. C’était ma nature, c’était comme ça que je me sentais vivante, à faire corps avec la nature pour observer mes dragons. J’étais donc habituée aux bobos et à me briser les os. Sans doute que mon squelette devait être un joyeux puzzle et c’était certain qu’il allait en voir d’autres. Mais c’était comme ça que j’étais et c’était comme ça que je voulais continuer à être. Depuis le temps que nous nous connaissions, je ne comprenais toujours pas pourquoi Moïra me chiait un cake dès que j’avais la moindre égratignure.
Passant ma langue sur mes lèvres pour les humidifier, je reprenais. Puisqu’elle avait demandé des précisions, je les lui donnais, sinon, nous allions y passer des heures, ce que je ne souhaitais pas.

- J’ai eu des épisodes de fièvre délirante. J’ai vécu plus grave, j’ai vécu moins pire. C’est ça que j’appelle « un peu malade ».  Ça a commencé à la mi-décembre, et ça a duré une semaine. Harper m’a découvert gisant sur le sol et elle a appelé l’infirmière de l’école. C’est elle qui a soigné mon poignet et qui m’a donné le traitement. Je baissais les yeux sur mon dossier. Elle n’a vraiment rien noté sur ce qu’elle m’a donné ? Je prenais depuis si longtemps des médicaments que j’en connaissais la plupart, ce fut donc sans mal que je lui donnais les noms sans la moindre hésitation ni le moindre mal. Elle m’a donné l’Alciémor pour faire tomber rapidement la fièvre et me permettre de dormir convenablement. De la phytothérapie à base de Valériane pour calmer mes cauchemars délirants et de l’Ephir comme antidouleur et antibiotique.  Donc comme symptômes j’ai eu… Je levais ma main gauche devant moi, poing fermé, en le regardant comme une enfant qui apprenait à compter, le tout exaspéré par mes traits éternellement enfantins, avant de redresser mon pouce. Fièvre délirante. L’index. Donc hallucination. Je levais le majeur, orné de ma bague de fiançailles. Vomissements. Je levais l’annulaire orné de ma bague de prémariée que je portais depuis quelques jours seulement. Indigestion. Je levais l’auriculaire. Euh… et ben poignet cassé ? C’est un symptôme ça ? Je relevais le regard sur mon interlocutrice de mon air calme et passif. Mais maintenant je suis vivante et en bonne santé, comme je l’ai été quand on s’est vues à Noël, tu sais ? C’est tout ce qui compte non ? Pourquoi tu me fais des reproches maintenant ?

Oui, pourquoi maintenant et pas plus tôt ? Pourquoi ne pas avoir profité des fêtes de famille pour casser encore une fois l’ambiance avec ses humeurs et faire son intéressante en me reprochant, devant tous les membres du clan MacFusty, de ne lui avoir rien dit ? Qu’est-ce que j’y pouvais moi si Harper n’avait pas eu le réflexe de la contacter elle plutôt que l’infirmière de l’école ? Ça allait être la faute de ma fiancée maintenant… Non, mais où allait le monde ? Je croyais rêver. Qui plus est, elle semblait toujours craindre que je lui mente, ce qui n'est jamais arrivé. Je donnais certes les informations au compte goutte, mais je ne lui mentais pas.
Surtout qu’il y avait un détail à ne pas négliger, mais ça, elle semblait l’oublier, et ses reproches suivants m’agacèrent franchement.
Ce fut donc les sourcils froncés que je répondais sans détour, avec cette franchise crue et maladroite qui me personnifiaient si bien sans pour autant hausser le ton, restant maitresse de mon calme avec un brio digne d’une athlète olympienne.

- Purée tu vas baisser d’un ton déjà... T’es peut-être mon médecin, mais mon médecin il était pas là cette semaine hein… alors tu vas descendre de tes Abraxans et arrêter de me mettre toute la faute sur le dos, ou celui d’Harper. J’ai continué à prendre mon traitement, tu sais que je le prends, et je suis quand même tombée malade. Comme chaque hiver depuis trente-deux ans. C’est normal, c’est comme ça. Si t’as un reproche à faire à quelqu’un, fait le au destin qui m’a fait naître malade purée. Je m’en cogne de nos histoires personnelles, d’ailleurs, je ne savais même pas qu’on en avait.

Je me mordais la lèvre inférieure pour éviter de rajouter que je me cognais de ma propre santé. Bah oui hein, après tout, il n’y avait que la sienne qui avait compté à l’époque pour ma famille, et lorsque j’avais eu quelques épisodes de fièvre, j’avais commencé à apprendre à me soigner sans l’aide de ma mère, puisqu’elle était au chevet d’une petite fille pleurnicharde la nuit durant que moi je me vidais les tripes au-dessus des toilettes après avoir marché à tâtons pour traverser le couloir. Franchement, était-ce justifier qu’elle me fasse des remarques aussi cinglantes après tant d’années passées ? C’était capillotracté.
À sa comparaison, je ne pus m’empêcher de hausser les yeux en renversant ma tête en arrière, poussant un rire exaspéré.

- Aaaahhh Moïra ! Tu plaisantes en disant ça j’espère ? C’est ce que je vis déjà tous les jours depuis que je suis adolescente, depuis que papa m’enseigne la dragonologie. Mes méthodes ne plaisent pas, tu le sais, et on me cache d’autant plus de détails aujourd’hui parce que je suis en train de reprendre le flambeau familial. Tu le saurais tout ça si tu étais vraiment une MacFusty.

Les dernières paroles furent cinglantes et sanglantes. Je m’en rendais compte maintenant qu’elles avaient traversé ma bouche, mais il était trop tard pour les rattraper, et m’excuser m’aurait littéralement arraché la mâchoire. Mon trouble ne fut visible que par des clignements de paupières circonspects et par ce regard que je détournais soudainement. Qu'on nous cache des choses, c'était justement ce qui avait mené Kyle à sa perte et j'en pleurais presque tout les jours encore deux ans après. Je voulais me battre contre ça.
Fermant les yeux un court instant, j’inspirais profondément avant de reprendre d’une voix à nouveau calme, quoique basse à cause de la gravité de la situation. Je préférais changer de sujet immédiatement avant que ça ne dérape.

- Tu t’attardes toujours sur les côtés négatifs, est-ce que tu as seulement entendu que j’ai retrouvé mes pouvoirs ? Ça va te faire un souci en moins, j’imagine ? Tu devrais être contente. Gardant obstinément le regard détourné, toujours un peu confuse de mes paroles lourdes de sens, je continuais. Tu vas encore me questionner longtemps ou tu vas m’ausculter avant minuit ?


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Ven 7 Jan - 20:01

Abi & Moïra

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Franchement, il y a beau y avoir des tonnes de preuves scientifiques sur l’efficacité de la cohérence cardiaque comme méthode mais ont-ils déjà réaliser une recherche avec une Abigail en face d’eux ? Moïra ne le pense pas. Bon, l’on peut dire que le rendez-vous est plutôt mal parti. La médicomage agacée regrette aussitôt d’avoir cédé à l’attitude de sa sœur. Il faut dire qu’avec les quelques heures de sommeil accumulées, sa jauge de patience n’est pas aussi étendue qu’habituellement. Il faut que la sorcière prenne sur elle sinon cette entrevue va très mal finir et surtout très rapidement se terminer. De plus, Azrael compte sur elle pour qu’elle lui transmette son dossier avec les notes à jour pour leur prochaine rencontre. Elle espérait néanmoins que son petit haussement de ton lui permettrait d’accéder un peu plus facilement à sa sœur. Peut-être comprendrait enfin qu’elle n’était pas là pour lui pourrir la vie mais pour l’aider à la vivre cette vie – et surtout de la manière la moins pénible. Bien évidemment, ils ne la guériraient certainement pas mais au moins, les deux médicomages pouvaient agir en prévention. Tout ce qu’espère Moïra, c’est que son aînée n’a pas déjà abandonné la lutte et se laisse entrainer sans résistance par sa maladie. Le retour d’Harper lui donne l’impression que sa sœur revit, tel le phénix qui renait de ses cendres. Sincèrement, la sorcière aux yeux verts ne lui souhaite que le meilleur. Après, ce qui se passe dans son corps lorsqu’elle l’aperçoit c’est tout une autre paire de culottes de Merlin !

Surprise par l’intervention de sa sœur, Moïra scelle ses lèvres et lui laisse le devant de la scène. Pourquoi veut-elle qu’elle lui raconte tout ? A nouveau, Moïra tente de conserver son calme devant sa question. Pense-t-elle réellement qu’obtenir des informations rédigées au compte-goutte par une infirmière ne connaissant même pas le dossier de SA patiente, lui suffise ? Non, Moïra a toujours attachée une grande importante à écouter ses protégés avant de se pencher sur les rapports de ses confrères. Pour elle, il s’agit du secret de la plus grande objectivité possible.  Et puis, ayant appris d’une grande médicomage, celle-ci lui a toujours enseigné que son boulot c’est d’être là pour son patient avant toute autre chose. Après tout, ces derniers lui accordent leur confiance dès qu’ils entrent dans son bureau. Il est bien normal de leur montrer le plus grand des professionnalismes. Quant à Abigail, peut-être aurait-elle dû laisser son dossier à Azrael mais…malgré la totale confiance en leur ami commun c’est impossible d’abandonner sa sœur. L’impuissance, elle y déjà goûtée à deux reprises avec des membres de sa famille, il est hors de question que cela se reproduise avec sa propre sœur. Tant pis si Abigail la déteste encore plus pour cela.

Lorsque celle-ci termine son explication sur ce qu’il s’est passé, Moïra acquiesce d’un signe de tête. Elle insiste néanmoins sur un point essentiel à ses yeux à lui transmettre :

- C’est ta version des choses qui m’intéresse, Abigail. Tu es ma patiente. J’ai besoin de t’entendre toi pas de relire des notes prises à l’arrache par quelqu’un qui ne connait pas ton dossier médical.

Ok, Moïra prends sur toi, pense-t-elle en contemplant la sorcière en face d’elle. Après tout, sa sœur lui a donné toutes les informations qu’elle souhaitait obtenir sans détour. Un point pour Abigail. Moïra s’incline. La médicomage sent ses muscles se relâcher progressivement. Rassurée, elle apprécie l’effort de sa sœur adoptive. Quant à ce qui lui est arrivé, Moïra n’est pas étonnée de sa mésaventure. En effet, ce n’est pas rare que sa sœur tombe malade et attrape à peu près tout ce qui traine et peu importe dans quels lieux. Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne doit pas être prudente. Le côté fataliste d’Abigail a tendance à l’agacer et surtout lui mettre des baguettes dans les roues. Ce qui est pour elle routinier et sans intérêt est pour Moïra sa plus grande inquiétude. L’impact de chaque virus peut troubler le système immunitaire de sa sœur. Ce n’est pas anodin. Il est vrai que la professeure de médicomagie se rassure, au moins, en se disant que pour une ancienne malade, elle a l’air plutôt en forme. Elle jette un coup à son poignet notant mentalement qu’elle fera une petite inspection avant de laisser sa sœur s’en aller histoire de s’assurer que tout soit bien en place là-dedans. Après tout, il ne faut pas plaisanter avec la reconstruction des cartilages de l’os. Oh oui, Abigail n’y coupera pas. Mais pour l’instant, il y’a plus important pendant que sa patiente du jour lui notifie les remèdes transmis par l’infirmière, Moïra donne un petit coup de poignet. Sa plume se met à danser sur le papier pour rajouter ses précieux éléments. La médicomage prend son temps pour réfléchir avec le son de la voix de sa sœur et le bec grattant le papier. Oui, ça lui semble bien. Soudainement, les sourcils froncés par la réflexion, ses yeux se plantent sur la bague brillante à son auriculaire. Ceux-ci passent de la fameuse bague au visage de sa sœur. Est-ce bien ce qu’elle croit être ? Sa sœur se serait mariée loin de sa famille ? Hmm. Il lui faudrait tirer ça au clair mais d’abord…

Tapotant du bout de l’index sa lèvre inférieure, la jeune femme conclut :

- Et bien, il me semble que tout est là. Je te remercie pour ces informations très complètes que tu m’as donné. Je suis soulagée d’entendre que tu te sens mieux. N’hésite pas à prendre quelques fortifiants supplémentaires pour terminer cet hiver et éviter un nouvel épisode comme celui-ci.

Scrutant le visage de son ainée, sa cadette ajoute en pointant du doigt la bague ornant son doigt :

- Au fait, très jolie bague.

Après tout, Moïra ne l’avait pas vu au doigt de sa sœur lors de leur fête de famille. Elle aurait pu la manquer mais cela lui semblerait fou que ce soit le cas de leur mère ou d’autres membres du clan MacFusty. La jeune femme ne commente pas plus que cela le bijou. Après tout, si sa sœur ne souhaite pas lui en parler, elle ne va pas être celle qui la supplie. Il lui reste encore suffisamment de fierté. A la place, la médicomage prend le temps de considérer l’interrogation d’Abigail. Pourquoi n’en avait-elle pas parlé lorsqu’elles s’étaient vues quelques temps auparavant ? Dressant un sourcil, elle essaye de ne pas prendre mal sa question. Sérieusement, l’a voit-elle vraiment comme une emmerdeuse de première ? Elle ne va pas mener ça sur le tapis devant toute la famille. Voir que visiblement Abi tenait sur ses deux jambes et n’était pas à l’article de la mort lui suffisait. Bon visiblement, Abigail n’a pas l’air de vouloir s’en tenir au strictement professionnel. Moïra trouve gonflée qu’elle mette ça en avant de la sorte ! La sorcière serre la mâchoire durant l’intégralité de la tirade de sa sœur. Elle ignore même le pincement au cœur que lui inflige les premiers mots durs de sa sœur. Sa sœur a-t-elle si peu de considération pour elle ? Ah ça oui merci le destin !

Agacée mais bien décidée à ne pas réagir à ses provocations, Moïra se sert un verre d’eau fraiche et l’avale d’une traite pour se remettre les idées en place. Comment lui expliquer ? Tout ce qu’elle semble essayer de lui transmettre entre par une oreille et sort de l’autre ? Alors pourquoi lui poser la question ? Puisque visiblement, elle ne fait pas confiance en sa propre sœur pour s’assurer de son bien-être. Génial…

- Je te l’ai dit. Si je le peux, je ne mélange pas l’aspect professionnel et familial. Sans raison médicale particulière, je ne voyais pas de raison de gâcher ton évident bonheur. Cela pouvait très bien attendre notre entrevue de ce soir. Et ce ne sont pas des reproches… c’est… s’interrompt-elle, à courts de mots.

Inspirant un grand coup pour se donner le courage nécessaire et surtout conserver son calme olympien, elle s’explique tant bien que mal :

- Pardon, si je me montre excessive envers toi. En fait, ce n’est pas que pour toi que je réserve ce traitement. Ta santé est une priorité absolue comme la serait celle de n’importe lequel de mes patients. Le fait est que je déteste être dans le noir total lorsque ça concerne un de mes patients. C’est ma responsabilité d’avoir en ma possession les informations nécessaires pour aider – pour t’aider en l’occurrence.

Puis le coup de grâce, Moïra faillit avaler de travers en entendant le dernier coup bas de sa soi-disant sœur. Sérieusement ? Quel âge a-t-elle pour oser dire une telle horreur ? Et le pire, c’est que la jeune femme sait au fond d’elle que son aînée le pense réellement. Elle déglutit ne parvenant pas à cacher la douleur que lui inflige cette ultime insulte. Pas une Macfusty. Ces mots retendissent dans sa tête comme un lointain échos. Les poings serrés, la sorcière fixe durement sa sœur au regard fuyant. Super, la voilà qui n’assume même pas ! Quel courage. Pas étonnant qu’elles n’aient pas été répartie dans la même maison à Poudlard. C’en est trop. La sorcière ne compte pas se laisser insulter injustement plus longtemps. Elle se redresse dans son fauteuil, pose les mains à plat sur le bureau. Durement, son regard ne lâche pas le faciès d’Abigail.

- Tu vois, à ce moment précis, je me demande qui de nous deux est vraiment la plus MacFusty. Laquelle de nous représente le plus les valeurs transmises par NOS parents et dont NOTRE frère était particulièrement fier. Alors, excusez-moi Ô grande héritière, mais revenons-en à la raison de ta présence dans ce bureau.

Elle se lève le corps droit comme un i au garde à vous. Moïra fait le tour de son bureau pour se planter à côté de celle qui ne se considère même pas comme sa sœur. Abigail se plaint ? Par Merlin ! Elle a une famille aimante et voilà qu’elle gâche tout. L’orpheline ne parvient pas à comprendre son comportement. Elle n’a plus la moindre envie d’aborder quoique ce soit avec elle, qui ne serait pas d’ordre purement médical. Son visage s’est transformé et ne dégage plus aucune chaleur. Et dire qu’elle s’est pratiquement excusée…lui laissant même le bénéfice du doute…voilà comment elle est remerciée ? En étant humiliée ! Elle cache bien son petit jeu et dire que tout le monde la pense  gentille et bienveillante la directrice de Poufsouffle. D’une posture la plus distante possible, Moïra hoche la tête en l’entendant expliquer qu’elle avait retrouvé ses pouvoirs. Elle la remercie pour cette informations et ne relève pas la suite. A quoi bon après tout ? Pour qu’elle l’attaque cruellement encore fois ? Non merci. Elle préfère largement ignorer l’incident et ne plus jamais en reparler.

D’un coup de baguette, elle fait apparaitre un lit d’examen. Le pointant du doigt, Moïra se contente de prendre sa voix la plus professionnelle :

- Installe-toi, s’il te plait. Je vais procéder à quelques examens et après tu pourras t’en aller. Et rassure-toi, le message est bien passé.

Qu’on en finisse enfin…



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Mon allégeance : Ordre du Phénix
Sam 8 Jan - 19:16

Janvier 2021

Je ne supportais pas l’arrogance sous toutes ses formes, et ça avait commencé avec Moïra qui était arrivée dans ma famille et qui avait accaparé tout le monde. Ça continuait aujourd’hui parce que j’étais devenue professeure et que je me devais de mater certains de mes élèves, quand bien même j’essayais au maximum de le faire avec douceur et philosophie. Je n’avais jamais été d’un caractère violent, bien au contraire, attendre des heures sous la pluie dans un buisson pour observer une créature ne m’avait jamais dérangé. Je ne voyais pas le temps passer dans ces moments-là, et c’était ainsi que je me sentais le plus vivante. Moïra, avec Harper, était les deux seules énergumènes sur cette pauvre planète bleue à réussir à me rendre à ce point en colère en si peu de temps. D’un naturel calme, il était extrêmement rare de me voir perdre le contrôle, pourtant, Harper adorait me pousser à bout, et apparemment, Moïra aussi, et ce, d’autant plus depuis que j’étais devenue sa patiente. Purée, mais pourquoi j’avais accepté qu’elle soit ma médicomage ? Qu’avais-je espéré ce jour-là ? Que notre relation s’améliore ?
Par Merlin que j’avais été naïve.
Je lui avais simplement donné un autre moyen de me prendre tout ce que je possédais, et je craignais que bientôt elle se tourne vers Harper pour la mettre dans ses filets. Il me faudra avoir une discussion sérieuse avec ma fiancée à ce propos.
Cependant, à ma critique concernant la tenue de mon dossier, la réponse de ma sœur adoptive me surpris franchement, et pour le coup, je ne pouvais qu’approuver et comprendre ce qu’elle voulait. Si seulement mes créatures pouvaient parler le même langage que moi (ou plutôt que moi je parle le leur) tout serait si facile pour mes recherches… En un sens, je ne pouvais pas retirer, pour ce coup, le professionnalisme de Moïra, et je me félicitais d’être quelqu’un de globalement coopératif. J’avais l’intelligence de savoir qu’il était inutile de cacher mes symptômes ou mes médicaments. À quoi bon ? C’était contreproductif après tout. Ma maladie me faisait chier, et si les traitements faisaient effet, pourquoi m’en priver ? Par extension, je me devais de donner le plus de détails possible concernant mes maux pour que les potions et les médicaments puissent être convenablement adaptés. Je savais que j’étais un genre de cobaye pour la médicomagie, ce que je n’aimais guère, cependant, je me sacrifiais de bon cœur, pour que tous les futurs enfants ayant la même maladie que moi n’aient pas à subir tout ce que je subissais.

Je me contentais donc de hocher la tête lorsque la sorcière me précisait qu’elle voulait ma version des faits, ce que je lui donnais avec un résumé sensiblement plus détaillé que précédemment. Je ne voulais pas étaler ma vie, je n’aimais pas ça, j’étais quelqu’un de pudique sur ma vie privée, un défaut professionnel que j’avais exacerbé avec les années, et d’autant plus avec Moïra puisque j’avais sans cesse cette sensation qu’elle voulait tout me prendre. Ce fut donc en ayant de la peine à trouver la demi-mesure que je lui donnais ce que l’infirmière m’avait prescrit ainsi que ses soins.
Prunelles attentives, elles dansaient entre la plume à papote qui se mit à s’agiter et à griffonner, et le visage pensif de cette… sœur.
En la fixant en train de travailler, je me remémorais une pensée que j’avais eue chez Rory quelques jours auparavant. Il me considérait comme sa petite sœur, mais moi, pouvais-je le considérer comme mon grand frère alors que le véritable était décédé ? Surtout, pouvais-je encore me considérer comme une sœur, aux yeux de Moïra je n’étais sûrement rien d’autre qu’un nom sur un dossier, une épine dans sa chaussure, celle de trop dans la famille MacFusty.
La petite Abigail timide et à part, le vilain petit canard d’un clan ancestral. Celle qui n’avait pas sa place parmi les Hommes.
Les remerciements de Moïra me tirèrent de mes sombres pensées et je me contentais à nouveau d’opiner du chef en esquissant un timide sourire. Quant à ma bague… Je baissais mes yeux pour regarder ma bague de fiançailles à mon majeur, et celle de mon pré mariage à mon annuaire.

- Oh euh, merci, mais c’est à Harper qu’il faut dire ça. Elle me l’a offert après Nouvel An. Puis j’agitais nerveusement la bague à mon annuaire, celle qui semblait un peu moins onéreuse, mais qui représentait un koala. Celle-ci indique la météo. C’est… enfantin, mais… je m’interrompais, réalisant la pente glissante sur laquelle je m’aventurais puisque je m’adressais à ma sœur adoptive. Étais-je à ce point heureuse que je souhaitais partager mon bonheur avec elle ? Incompréhensible Abigail. Je concluais alors, car sans doute que Moïra n’en avait rien à foutre de mes histoires. Toujours cette peur d’être une gêne, d’être de trop. ... Mais elle est de bon souvenir.

Le souvenir de notre voyage à Las Vegas, des boutiques que nous avions faites avec Harper, et évidemment de cette cérémonie dans cette petite chapelle.
Les trêves avec ma sœur adoptive n’étaient que de courtes durées puisque voilà déjà qu’elle me couvrait à nouveau de questions et qu’elle me reprochait des choses que je n’avais pas faites, ou tout le moins, qui n’étaient pas de ma volonté. C’était elle qui s’était absentée, pas moi, et je trouvais agaçant de sa part qu’elle se permette à ce point de me prendre de haut alors que j’avais suivi ses instructions à la lettre. Décidément, je ne faisais jamais rien assez de bien pour elle, et ce, depuis que nous étions enfants. J’avais essayé d’être une grande sœur présente, mais elle ne réclamait que ma mère ou la sienne décédée, puis elle s’était davantage attachée à Kyle, et moi, je n’avais plus ma place.
Voyant bien son haussement de sourcil courroucé et sa mâchoire se resserrer, je devinais que je touchais à la corde sensible, bien que ce n’était pas mon but premier. Je ne désirais pas foncièrement faire de mal à Moïra et je ne lui souhaitais même pas de mal. Plus que tout, je voulais qu’elle puisse cesser d’être nombriliste, qu’elle essaie de me comprendre, de comprendre la douleur qui vivait en moi, de par sa présence et de par l’absence de notre (mon) frère. Il n’y avait pas que ça, bien sûr, et mes douleurs appartenaient à moi, ce n’était pas à la sorcière en face de moi de les porter à ma place. Alors, à nouveau, je me taisais lorsqu’elle m’accorda ses explications, et sans lui reprocher son interruption, puisque j’étais patiente et que je laissais toujours le temps aux gens, je la laissais trouver ses mots. À nouveau, je fus abasourdie par l’évidence de ses propos. Pourquoi était-ce soudainement si simple de parler avec elle ? Ou plutôt, pourquoi le reste du temps nous n’étions pas capables de discuter de cette manière ? Je clignais plusieurs fois des yeux, circonspecte, avant de répondre à mon tour.

- D’accord, je peux comprendre ça, je te remercie de me l’avoir dit. Mais il faut aussi que tu comprennes que moi je n’y peux rien si je tombe malade. Je suis tes traitements et tes conseils, et c’est indépendant de ma volonté. On a fait tout ce qui était possible, et je ne guérirais jamais, c’est devenu pour moi une fatalité. Je ne suis pas une pauvre petite chose, je ne suis pas handicapée non plus.

Je ne disais pas cela sur le ton du reproche ou de la colère, au contraire, j’étais calme et je donnais simplement mon point de vue. Si Moïra n’était pas capable de comprendre cela, je ne pouvais plus rien pour elle. C’était quelque chose que j’avais aussi dit à Azrael et à Harper et c’était également pour ça que je gardais ma maladie si secrète. Je ne voulais pas que les autres me considèrent autrement qu’eux, déjà que ma timidité exacerbée n’aidait en rien, je n’avais guère besoin d’avoir une maladie en plus. Je ne voulais pas voir de la pitié ou de l’inquiétude sans arrêt dans le regard des autres. C’était déjà trop de voir cela chez ceux qui savaient, et je m’en voulais pour ça. Je m’en voulais d’être née malade, comme si j’y pouvais quelque chose. Je m’en voulais de ne pas être comme tout le monde, je m’en voulais d’être aussi introvertie et si maladroite socialement. Ça me coûtait énormément, même si, à contrario, ça m’apportait aussi beaucoup.

Puis, le ton monta à nouveau, et mes paroles dépassèrent ma pensée. Quoique, n’y avait-il pas un fond de vérité dans la colère ? Clairement, Moïra aurait pu être une bonne amie, mais en tant que sœur, franchement, je ne la supportais pas, c’était au-dessus de mes forces. En tant que cadette des MacFusty, et « indigne » héritière de par son sang, elle n’avait jamais été inquiétée de l’héritage. Au contraire, peut-être devrait-elle se pencher sur l’héritage de son clan de naissance ? C’était une question sur laquelle je ne l’avais interrogée.
Mal exprimée, comme à mon habitude puisque je parlais mieux aux créatures magiques qu’aux êtres humains, je lui lançais des paroles strictes et douloureuses. Bien vite honteuse, je préférais détourner le regard, voyant néanmoins à quel point la jeune femme fut blessée par mes propos. Comment aurait-il pu en être autrement ?
Je vis l’ancienne Gryffondor se redresser et se faire impressionnante alors que je me pliais sur moi-même, presque misérable. Elle pouvait me traiter de lâche pour avoir dire ça et en avoir honte ensuite, mais Abigail MacFusty était loin d’être quelqu’un de craintif et qui n’assumait pas ses erreurs. Au contraire, Abigail MacFusty elle avait toujours fait preuve de courage et de ténacité face aux hurlements et aux tumultes de sa vie si peu tranquille malgré les apparences.
Avec cette bravoure qui me personnifiait, cachée sous les traits nerveux qui se veulent davantage apaisants puisque la faute avait été reconnue, j’encaissais la tirade injuste et horrible de ma sœur. Elle fit ce qu’il ne fallait pas faire. Me provoquer sur mon titre d’héritière.
Je me redressais de concert avec elle tout en frappant du plat de mes mains sur son bureau, faisant tomber au passage quelques feuilles empilées.

- J’EN VEUX PAS DE CE FICHU HÉRITAGE !! C’était à Kyle qu’il revenait, et j’aurai mieux fait de mourir à sa place !

Je la fusillais du regard, les yeux humides par les larmes qui y naissaient. Un adage au sein des MacFusty disait ceci : Qui trop combat le dragon devient dragon lui-même. Quand bien même je n’affrontais pas mes protégés reptiliens, je les côtoyais sans cesse, et, présentement, quelque chose de sombre vivait à l’évidence en moi, et ce, sûrement depuis des années.
Je me retournais tout à fait avant de m’éloigner un peu puis faire les cent pas devant elle. Je fulminais de colère, je maugréais ma rage, mais je faisais tout pour me contenir. Mon corps entier tremblait, l’émotion était si forte que ma gorge se noua et les larmes coulèrent sur mes joues.
Comment était-il possible que je veuille de cet héritage alors qu’il était ensanglanté par la mort de Kyle ?
Comment était-il possible que je veuille de cet héritage alors que Kyle m’avait promis que c’était un devoir qui ne m’incomberait jamais ?
Comment était-il possible que je veuille de cet héritage alors qu’il me rappelait sans cesse l’accident de mon frère ?
Venant me pincer l’arête du nez de ma main droite, barrant mon ventre de mon bras gauche, j’essayais d’inspirer profondément pour m’éviter de m’énerver davantage. Si je regrettais d’avoir été sévère envers Moïra concernant l’appartenance à mon clan, il n’en était rien concernant ma propre mort. J’aurai largement préféré être la victime de la Verte Galloise plutôt que Kyle. Il était un jeune homme qui réussissait tout dans sa vie, que tout réussissait, et il s’entendait avec notre sœur adoptive. Moi, j’étais une ratée, à part, avec des idées saugrenues, que personne ne voulait côtoyer et qui en plus était malade. Kyle avait toujours été le digne héritier des MacFusty, moi pas.
Sans doute d’ailleurs que la sorcière dans mon dos aurait préféré garder son frère plutôt que moi.
Épaules légèrement secouées par les sanglots que j’étouffais tant bien que mal, le souvenir encore vivace du sorcier décédé s’affichait devant mes yeux. Je ne me donnais pas en spectacle, j’avais toujours été à fleur de peau, toujours sensible et empathique. J’avais toujours été la seule de nous trois à pleurer durant les histoires du soir lorsque nous étions enfants, ou devant un dessin animé moldu. Moïra connaissait ma sensibilité.  Je me décidais à répondre d’une voix brisée.

- Mes mots ont dépassé ma pensée. Excuse-moi. Tu fais partie de la famille.

Je n’avais aucun honneur et aucune fierté. Mais je n’étais pas lâche et j’étais juste au possible. J’avais fait une erreur et je le reconnaissais.
Me redressant sensiblement, j’essuyais mes joues et mes yeux d’un revers de manche tout en reniflant avant d’exécuter les ordres de mon médecin, docile. Je retirais mon épais pull tricoté, dévoilant le tatouage à mon bras gauche qui s’était figé. Puis, je retirais mon haut, mon pantalon et même mes chaussettes. Restant en sous-vêtement, dévoilant mon corps menu à la sorcière, je m’avançais jusqu’au lit d’examen avant de m’y assoir.
Les profondes cicatrices creusant ma peau à ma hanche droite glissaient toujours aux portes de mon dos et de mon ventre, et ce, depuis mes dix-huit ans. Depuis deux ans, la cicatrice ronde à mon omoplate gauche était toujours visible également. Pour les détails peu habituels, autour de ma cheville résidaient des marques rouges, comme si une liane m’avait attrapé et enserré il y a peu de temps de cela. Le reste n’était qu’écorchures et égratignures, toutes dues à mon métier. Quoiqu’éventuellement, les marques profondes et rouges dans mon dos n’étaient apparemment pas d’origines animales. Sans doute cela relevait d’un instant particulièrement torride avec Harper.
Refaisant face à Moïra, je gardais la tête détournée, le regard voilé par une épaisse brume noircie. Autour de mon cou pendait le médaillon de l'héritier des MacFusty. Celui que Kyle avait porté de sa majorité jusqu'à sa mort. Aujourd'hui je le portais comme un fardeau. Un fardeau précieux et fragile. Murée dans un silence glacial et mortuaire, je scellais mes lèvres dans la ferme intention de ne plus rien dire jusqu’à la fin de l’entretien. À quoi bon ?
De toute façon, je ne recevais que des reproches.



Never Ending Circles
ANAPHORE


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Sam 15 Jan - 20:31

Abi & Moïra

Je t'aime...moi non plus




La situation lui échappe totalement. Le peu de contrôle qu’elle pensait pouvoir maintenir durant leur rendez-vous s’échappe aussi vite que l’eau d’un pot brisé. Comment peuvent-elles en arriver à ce point-là ? Moïra est dépassée émotionnellement. Pour se préserver, elle se réfugie dans sa fonction de médicomage et non plus de sœur de Abigail MacFusty, sa patiente. Si ça n’avait pas été sa première entrevue médicale de l’année, la sorcière cadette aurait très certainement pris la porte. Elle aurait abandonné la bataille avant que celle-ci n’ait lieu. Les mots sont bien souvent des armes bien plus efficaces que n’importe quel coup. Moïra n’a pas envie de s’embourber là-dedans avec son aînée, tout sauf ça. Elle est fatiguée de se battre constamment pour espérer ne serait-ce qu’un coup d’œil de Abigail. Depuis petite, elle n’a rien qui fait l’affaire pour lui plaire. Au contraire, plus les années passaient, plus elles grandissaient plus la distance se creusait. Elle en vient à perdre toute confiance à ce lien supposé les unir. Pourtant, elle sait que c’est ce qu’aurait voulu leur frère. Tous les efforts possibles ne suffiraient pas à combler ce vide entre elles. Son attitude n’a eu de cesse de changer. Forcément, l’impact sur celui de Moïra n’a pas tardé à s’altérer à son tour. Un relation passée de la lumière à l’ombre. Et cette noirceur, la sorcière ne s’y attendait pas. A présent, elle envahit son bureau modifiant à jamais les souvenirs bienveillants de la pièce.

Apparemment, même en restant en retrait en lui donnant le plus d’espace possible pour qu’elle puisse respirer, cela ne suffit pas à tisser un quelconque lien avec sa sœur. La médicomage s’est intéressée avec sincérité sur la relation entre Abigail et Harper. Elle ne veut que le bonheur d’une femme qui préférait qu’elle ait pris la place de Kyle. Dans le fond, peut-être que ça aurait pour le mieux. Seulement, le passé, elle ne peut pas le changer même pour se sentir enfin à sa place dans ce monde ou dans l’autre. Moïra est trop têtue pour se focaliser sur de telles pensées. Alors, elle va de l’avant. Seulement en son fond intérieur, elle n’arrive pas à laisser la silhouette de son aînée derrière elle. C’est tellement compliqué. Pourquoi n’arrive-t-elle à l’ignorer ? Ce serait tellement plus simple pour les deux femmes. Plus de douleur. Plus d’acharnement. Plus de pleurs. Elles seraient toutes les deux libérées de leurs chaines. Moïra ne peut le concevoir. Sa famille, c’est les MacFusty, quoiqu’en pense la professeure de soins aux créatures magiques. Elle y a sa place !  Ce n’est pas à elle de dire quoi que ce soit. Elle n’aura qu’à la virer si elle possède suffisamment de feu intérieur pour le faire le temps venu. En attendant, Moïra compte bien remplir son rôle.

Elle n’a pas pu s’empêcher d’esquisser un sourire lorsque sa sœur a parlé de ses bagues. C’est tendrement guimauve. La médicomage ne rêve que de ça pour sa sœur. Elle mérite d’être heureuse même si c’est au bras de celle qui l’a fait terriblement souffrir. De crainte que des remarques soient malvenues de sa part, comme toujours, Moïra hoche simplement la tête. Seuls ses prunelles émeraudes s’expriment à sa place. D’eux, il émane de la chaleur. Elle ne peut pas utiliser de mots pour lui parler mais son regard la trahira toujours. Alors, ces traîtres couvent celle qui lui arrache le cœur un peu plus chaque jour. Un semblant de conversation se dessinait même entre les deux sœurs. Abigail, avec autant d’étonnement que Moïra, semblait comprendre point de vue de sa sœur. Avec attention, Moïra acceptait les propos de sa sœur. Elle devait bien l’admettre que même si sa sœur était son pire patient au moins elle suivait ses traitements. C’était déjà pas mal non ? Peut-être devrait-elle lui laisser un peu plus de crédit et lui accorder plus de confiance ? Voilà, la pensée qui a traversait l’esprit de la médicomage avant que les propos magiques de son aînée ne la frappe de plein fouet.

Pourquoi faut-il qu'elle gâche toujours tout hein ? Pourquoi !

Ses mots résonnent encore dans tout son être. Elle réfute tout haut son appartenance à la seule famille qui lui reste. Touchée. Brisée. Furieuse. Moïra ne peut s’empêcher de rétorquer à son tour. Elle se défend avec de piètres armes pour une Gryffondor. Elle attaque sur les points qu’elle sait pouvoir appuyer et faire mal à son aînée. Aussi mal que celle-ci lui a fait quelques secondes auparavant. Le fait de voir Abigail se recroqueviller comme si elle n’assume pas le mal qu’elle sème développa des émotions trop fortes pour la cadette. Lâcher une bombe et après être une fausse victime, voilà comment elle la voit. Pense-t-elle réellement être trop faible pour pouvoir assumer ce qu’il sort de sa bouche ?  Même pas foutue de la regarder dans les yeux. C’est trop et terriblement étouffant. Moïra a envie de hurler – de lui hurler dessus. Elle se retient. Fermant les yeux un instant avant de remettre un masque. Une fausse calme, parait-il. La cocotte-minute prête à imploser. Elle ne peut pas se permettre. Elle doit être professionnelle. Etrangement détachée par la situation, coupant le flux de douleur à la source, elle n’est plus la sœur. Elle n’a plus envie de l’être et peut-être même plus la force.

Elle sursaute légèrement en suivant des yeux la petite scénette produite par Abigail. Allons bon, le blaireau sort enfin les crocs. C’est trop tard, a-t-elle, envie de lui dire. Elle ne craint pas la colère de la femme en face d’elle. Ce n’est pas ça qui lui fait mal. Oh non, c’est bien plus profond que ça. Aurait-elle mieux fait de mourir à sa place ? Moïra serre fort la mâchoire. Et dire que la même pensée l’avait effleurée quelques instants auparavant. Elle ne veut pas d’un héritage. Au moins, elle en a un. La jeune femme secoue la tête. Que peut-elle bien lui dire ? Bêtement, ses yeux se posent sur celle qui refuse catégoriquement d’être sa sœur. Les quelques minutes s’égrènent. Elles ne parlent pas. Moïra observe ses épaules monter et descendre. Elle pleure. Sa détresse l’atteint à son tour. Son cœur se serre. C’est bien la première fois qu’Abigail lui montre ses sentiments concernant Kyle. Elle est touchée. Paralysée par sa propre peine en se rappelant du jeune homme qu’elle aimait tant appeler mon grand frère. Il était celui qui devait la protéger et la soutenir. Il lui avait promis. Et maintenant, il les avait abandonné. Et jamais, elle ne le reverrait. Elle n’était même pas là quand il est mort. Abigail n’en avait jamais parlé avec elle. Moïra souffre de ce silence. Elle s’imagine tellement de choses plus horribles que les autres concernant son décès. Ce dernier ayant dépoussiéré les traumatismes qu’elle pensait à jamais loin d’elle.

Ses prunelles vertes s’emplirent à leur tour d’eau salée. Sa vision se brouille petit à petit. Elle essaie de déglutir. Sa respiration se fait difficilement. Pourquoi a-t-il fallu que Kyle parte le premier ? Elles avaient tant besoin de lui. Baissant les yeux pour la première fois sur ces chaussures, la sorcière se mord la lèvre inférieure. Que penserait-il d’elles à cet instant ? De leurs mots. Il serait déçu. Terriblement déçu. Le fait qu’Abigail s’excuse lui fit relever la tête. Tu fais partie de la famille. Mal à l’aise, la jeune femme se surprend à ne pas y croire. Ces simples mots ne parviennent pas à réparer le mal ayant été fait auparavant. La colère avait poussé Abigail a dire la vérité. La sorcière en est sûre. Peu importe les mots que pourraient prononcer sa sœur à présent. Elle cligne rapidement des yeux pour chasser ses larmes et espère qu’elle ne remarquera pas son léger reniflement du nez. Elle est une Gryffondor. Elle ne montre pas sa faiblesse.

Elle la regarde exécuter sa précédente demande. Elle restes toujours silencieuse pendant que sa sœur s’effeuille. Il lui est difficile de se concentrer sur son corps. Son esprit d’analyse n’est clairement pas dans son meilleur jour après tout ce remue-ménage dans sa tête. Elle résiste à l’envie de se mettre des claques sur les joues pour éclaircir son esprit embrumé. Professionnelle. Sois professionnelle, c’est tout. Elle veut en finir mais la force des mots est plus forte. Ils tournent et tournent dans sa tête. Sa poitrine est toujours encombrée par ce poids invisible. Elle ne peut pas lui laisser dire ces choses-là.  Pas à elle. Pas lorsqu’il peut les voir et les entendre. Moïra se rapproche d’Abigail. Elle se plante carrément devant elle. Puis, elle lève ses grands yeux verts vers sa sœur. Elle se racle la gorge. Puis, elle mobilise tout son courage. Elle en a bien besoin.

Et seulement, elle se lance et lui assène sans cruauté aucune, juste la pure vérité :

- Tu es bien idiote si tu penses ça.

Vérité qu'elle a besoin d'entendre. Les mots sortent machinalement. Peut-être même sans émotions. Pourtant elle les pense. Elle laisse échapper un rire sans joie. Tant pis, si elle la prend pour une folle. Elle a déjà une si piètre estime d’elle.

- Le fait est que TU es l’héritière des MacFusty. Kyle est mort, c’est un autre fait. Il a porté son clan avec honneur. Il était toujours présent pour nous. Il…il était … soupire-t-elle.

Je l’aimais tellement, n’avoue-t-elle pas, le cœur brisé. Une larme s’échappe de œil droit. Elle respire péniblement pour tenter de maintenir une certaine contenance devant sa collègue. Secouant la tête, elle la regarde plus durement cette fois-ci.

- Tu ne peux PAS dire ces choses-là, tu m’entends ? Kyle ne voudrait pas ça. Tes parents ne voudraient pas entendre ça. Personne ne mérite de mourir. Et personne ne devrait avoir à affronter la perte d’un être cher. Alors, s’il-te-plait, ne dis plus jamais des choses pareilles.

Et surtout pas en sa présence. Elle ne peut pas s’empêcher d’être dure avec elle. Cela lui fait perdre pied. Elle ne peut s’empêcher de revoir ses parents et Kyle. Elle a tout perdu. La propre héritière de son clan ne veut pas d’elle. Abigail a tout. Elle n’a pas le droit de déshonorer la mémoire de son frère. Il faut qu’elle se concentre sur autre chose. Bordel, réveille-toi ! se crie-t-elle dans sa tête. Sa tête doit s’éclaircir et sortir de l’eau. Sinon, elle ne pourra pas remplir son rôle auprès d’Abigail. Peut-être devrait-elle tout arrêter là ? Peut-être n’était-elle pas à la hauteur là aussi ?Elle devrait l’envoyer voir Azarel. Lui, il serait professionnel. Merde, si elle n’arrive même pas à faire son putain… Pourtant, Abigail est là devant elle. Allez, concentre-toi. Elle se recentre tant bien que mal et attrape son dossier.

Sa voix prend une nouvelle tessiture, celle de la médicomage, lorsqu’elle l’informe :  

- Ok, je vais t’ausculter rapidement et tu pourras te rhabiller.

Oui voilà, c’est ça qu’elle doit faire. La jeune femme fait ouvrir son dossier à une page vierge et active sa plume. Celle-ci est prête. Au moins une sur trois. Quel rendez-vous professionnel ! Elle s’en souviendra longtemps de celui-là.



AVENGEDINCHAINS
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Abigail MacFusty
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Lumos
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Dim 16 Jan - 14:41

Janvier 2021

Murée dans mon silence, assise sur le lit de consultation, je laissais ma sœur adoptive me considérer avec toute la condescendance dont elle pouvait faire preuve. Qu’importe, qu’elle pense ce qu’elle veut de moi, ça n’avait plus aucune espèce d’importance, elle me détestait, et j’en étais à présent persuadée. Quant à moi, pouvais-je dire que je la détestais ? Non, ce n’était pas vraiment le mot. J’avais de la rancune à revendre, ça oui, mais ce n’était pas pour autant que je souhaitais son malheur ou sa mort, bien au contraire. J’aurai préféré que ses parents survivent au conflit contre Lord Voldemort, j’aurai préféré qu’elle n’atterrisse pas dans notre famille, j’aurai préféré qu’elle se trouve un prince charmant et qu’elle fasse autre chose de sa vie que de toujours me courir après. J’étais épuisée, fatiguée de ne presque plus avoir de vie intime. D’abord par le fait qu’elle soit devenue ma médicomage attitrée, et maintenant parce qu’elle était ma collègue. Qu’est-ce que ce sera ensuite ? Si je retourne travailler comme dragonologiste, elle me suivrait sur les îles Hébrides ? Ironiquement, j’étais persuadée qu’elle en serait capable, et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi.
Je n’arrivais pas à saisir ses intentions, à capter pourquoi elle agissait toujours ainsi avec moi, à me coller aux baskets, à toujours être dans mon ombre, à toujours vouloir tout savoir sur ma vie, à toujours mettre le nez dans mes affaires, à toujours vouloir faire les choses comme moi. Merlin que c’était agaçant !
Étais-je comme ça avec Kyle ? Je n’arrivais pas vraiment à m’en souvenir, et je n’arrivais pas non plus à me rappeler si cela le dérangeait ou non. J’avais toujours eu la présence d’esprit d’essayer de ne pas le déranger aux moments les plus inopportuns, surtout à Poudlard lorsqu’il était en présence de ses amis. Je ne voulais pas lui faire honte, j’avais toujours eu ce désir de ne pas le déranger, de ne déranger personne, alors je me tenais à l’écart et je profitais de le voir seul, ou peu accompagné, pour aller le voir et passer du temps avec lui. Pour recharger mes batteries en le taquinant ou simplement en lui offrant une accolade pleine d’amour fraternel.
C’était tout. Jamais, de mémoire, je ne m’étais imposée à lui comme l’avait fait Moïra. Moïra qui elle se sentait si seule, si perdue après avoir été obligée de faire face aux décès de ses parents.

Par extension, je pouvais comprendre à quel point à l’époque elle avait été profondément traumatisée. J’avais perdu un frère et j’avais toujours du mal à gérer ma santé en été, car le souvenir de l’accident était encore vivace dans ma mémoire. Alors, elle, enfant, perdre ses deux repères les plus importants ?
Bien sûr que je pouvais le comprendre, bien sûr que je pouvais le saisir, bien sûr que j’étais assez empathique pour la plaindre et vouloir lui souhaiter que, aujourd’hui, elle n’ait plus jamais à ressentir cela de sa vie. Oui, mais voilà, notre frère avait été brûlé vif, elle avait à nouveau ressenti la mort lui souffler sur la nuque alors que moi, elle m’avait gelé le cœur.
Sans doute que Moïra pourrait m’apprendre bien plus que n’importe qui sur le décès, sur la manière de faire un deuil, mais je me refusais obstinément à lui accorder cette faveur. Il fallait dire qu’à l’époque, j’avais essayé de l’aider, je me levais pour la rejoindre au plein milieu de la nuit alors qu’elle faisait ses terreurs nocturnes. J’avais essayé de la calmer et de lui venir en aide. En vain. Tout ce qui comptait, c’était mes parents et mon frère. Moi, j’étais la petite rejetée qui ne servait à rien. La gentillesse et la candeur firent petit à petit place à la crainte de faire un mauvais pas, car elle chouinait lorsque nous jouions ensemble, soi-disant que je ne lui laissais pas ses jouets favoris. Alors je me faisais gronder par ma mère qui avait toujours été si gentille et douce envers moi. Le regard de mon frère avait quelque peu changé également. De bienveillant et rempli de douceur, il s’était mué en déception et en lassitude. Avais-je été si terrible lorsque nous étions enfants ? Cette peur de mal faire s’insinua lentement jusque dans mes veines jusqu’à m’obliger à me cloitrer dans les murs de ma chambre. Mais là encore je me faisais disputer, là encore je n’étais pas à ma place, là encore je devais faire des efforts pour sortir « prendre l’air ». Alors, j’avais décidé de tout bonnement disparaître. J’errais d’île en île, prenant bien soin de ne laisser aucune trace derrière moi afin d’être certaine de ne pas être suivie. La crainte laissa sa place à la jalousie. L’envie de voir cette gamine inconnue prendre ma place auprès de mes parents et de Kyle alors que moi, on me réclamait uniquement pour me remettre à l’ordre alors que je ne faisais rien. Strictement rien. Agir m’apportait des ennuis, et ne rien faire également. À force, je ne savais plus sur quel pied danser.
Fort heureusement pour moi, il y avait eu Harper. Il y avait eu ses moments de complicité avec mon père et Kyle lorsque nous partions voir les nouvelles nichées des Noirs des Hébrides tandis que Moïra, plus jeune, restait en compagnie de ma mère à la maison.
Diable, ce que ma mère avait pu me manquer à cette époque. Lorsque je la réclamais, on prétendait que je faisais des caprices, que j’étais assez grande pour me débrouiller seule, tandis que Moïra, elle, jamais on ne lui avait asséné de telles paroles.

Alors oui, comment ma sœur adoptive pouvait, elle, comprendre toute l’étendue de ma détresse tandis que moi, depuis deux ans, je comprenais la sienne ? Elle en était tout bonnement incapable, et j’avais eu beau essayer de lui expliquer avec mes mots, maladroits certes, elle n’y entendait rien. Si moi je fournissais un effort pour me mettre à sa place afin de mieux la comprendre, elle, n’en avait cure et n’en faisait rien. Encore une fois, les efforts n’allaient que dans un seul et unique sens. Peut-être n’avais-je pas tout fait correctement à l’époque, mais j’avais fait de mon mieux. Ça n’avait pas suffi. Aujourd’hui encore, cette vieille litanie se répétait. Je faisais de mon mieux pour être une patiente docile en lui fournissant les éléments qu’elle réclamait, j’essayais même de détendre l’atmosphère, mais voilà que le ton monta et que les mots dépassèrent ma pensée. Je dis bien la mienne, car je savais qu’elle, elle ne regrettait absolument pas ce qui venait de se passer. Au contraire, sans doute en serait-elle très fière. Sûrement irait-elle-même tout rapporter à mes parents pour mieux se plaindre et mieux me couler à leurs yeux. Moi, cette héritière indigne qui se plaignait de tout avoir, n’est-ce pas. Car il était bien connu que la pauvre petite Moïra, qui avait perdu sa famille, elle, ne possédait plus rien. Plus rien en dehors de ma famille, de notre héritage, de notre éducation, de nos souvenirs, de notre maison et de nos terres.

Je l’entendais renifler légèrement du nez et rapidement, je lui jetais un coup d’œil discret, comme j’avais pris l’habitude de le faire après toutes ces années. Voilà qu’elle se mettait à pleurer elle aussi ? Ma tristesse ne pouvait-elle donc pas être unique ? Non évidemment, il fallait toujours qu’elle surenchérisse pour se faire remarquer. C’était franchement imbuvable.
Obéissant aux ordres de sa grande seigneurie miss Moïra, je me déshabillais pour rester en sous-vêtement. Quand bien même je pouvais être en colère face à ma sœur adoptive, je n’étais absolument plus gênée de me montrer si fragile physiquement devant elle. Depuis toutes ces années, Moïra, avec mes parents et mon frère, était celle qui connaissait le mieux mes symptômes et qui m’avait vue à ce point tout le temps clouée au lit lorsque nous étions plus jeunes. Aujourd’hui adulte, je résistais légèrement mieux aux nombreux assauts des virus, mais je restais quelqu’un de fragile.
La laissant se rapprocher de moi, j’eus la force et la détermination de soutenir son regard émeraude. Le vert contre le brun. Les branches de l’arbre face à la terre, celle qui la nourrit pour s’embellir. Sauf que j’étais si peu considérée que moi, petite terre insignifiante, je me faisais piétiner et par l’arbre, et par ceux qui l’admiraient.
À ses mots cependant, je me contentais de froncer encore davantage les sourcils, et de détourner à nouveau le regard. Comme toute réponse, je haussais ostensiblement les épaules. À quoi bon contre argumenter ? À quoi bon être d’accord avec elle ? De toute façon elle trouverait à redire et à me descendre puisque c’était son passe-temps depuis des années. Moi, j’essayais de voir le bon côté des choses dans notre relation, j’espérais que tout s’améliore, mais non, elle, elle se contentait toujours de pointer du doigt ce qui n’allait pas. Ma santé. Ma manière de faire. Ma manière de penser. Un jour s’en viendra-t-elle sûrement à me juger sur mon inaction lors de l’accident avec Kyle, ou ma façon d’enseigner… et pourquoi ne se mêlerait-elle pas de l’amour que je portais à Harper pendant qu’elle y était.

Ainsi, qu’elle me trouve idiote m’était absolument égal. Je savais qu’elle pensait ça de moi depuis déjà très longtemps, qu’elle le dise ne faisait qu’officialiser ce que je pensais depuis tout ce temps. Gardant obstinément le regard détourné, ses paroles n’eurent pour effet que de peser encore plus lourd sur mes épaules ce qui me fit courber l’échine. Aaah, le discours habituel de la Abigail jamais assez bien, jamais assez à la hauteur, tandis que le grand Kyle, lui, faisait les choses avec droiture et justesse. Aaah, le discours que lui n’aurait pas aimé entendre ça et qu’il serait sûrement déçu de ce dénouement, et aaah, cet essai de culpabilité en me rappelant mes parents qui ne souhaitaient que mon bonheur. Et elle ? Mmh ? Et la grande Moïra qu’aurait-elle préféré ? J’avais bien remarqué qu’elle ne s’était pas prononcée, ce qui pour moi signifiait aisément qu’elle aurait préféré me voir prendre la place de mon frère, quand bien même elle m’assénait le contraire à coup de grandes phrases pompeuses. J’avais bien vu cette larme couler le long de sa joue alors qu’elle évoquait notre frère, ce qui ne fit que renforcer ma manière de penser : elle aurait préféré me voir morte plutôt que lui.
En osant tourner une nouvelle fois mes prunelles vers elle, j’articulais avec peine.

- Pense ce que tu veux de moi… depuis le temps de toute façon… qu’est-ce que ça peut faire ?

Mon ton n’était pas colérique ni déprimé. Il était d’une neutralité décoiffant. Pour la première fois depuis que Moïra avait franchi le pas de la porte de la maison des MacFusty, je baissais les bras. Je m’étais battue toutes ces années pour ne recevoir que remarques désagréables et reproches. Pas une seule once d’amour, pas un seul mot positif, pas une seule insinuation d’encouragement. Rien.
Alors oui. Que ma sœur adoptive pense ce qu’elle veut de moi. Que je sois une lâche. Une idiote. Une fille bizarre qui n’arrive à rien. Une handicapée. Une indigne. Si elle le pensait, c’était que ça devait être vrai dans le fond, n’est-ce pas ?
Je venais de perdre tout espoir de recoller les morceaux avec elle, je venais d’abandonner la bataille. Moïra MacFusty venait de gagner le combat de sa vie, et elle pouvait en être fière.
Le pire ? C’était que je savais que ce que je venais de dire allait être repris, déformé puis reproché. Que je garde le silence aurait eu le même effet. Face à ma sœur adoptive, tout ce que je faisais n’était que vain.

Alors que la médicomage s’avança une nouvelle fois, m’annonçant cette fois qu’elle allait m’ausculter, je me contentais de hocher la tête. Oui, qu’on en finisse.
J’avais le cœur lourd comme un tank, à tel point que je me surprenais réussir à tenir encore assise sur le lit. Je connaissais la démarche par cœur, je savais très bien par où elle allait commencer et par où elle allait terminer. C’était le même rituel depuis des années, depuis que j’étais toute petite, que ce soit avec elle ou avec les autres médicomages qui avaient vu passer mon dossier médical.
Ainsi, je la laissais vérifier mes vieilles cicatrices, celles à la hanche et à l’épaule, celles qui n’avaient absolument pas bougé. Ensuite, je la laissais vérifier ma gorge en la regardant puis en la palpant. Ici, elle y trouverait de petites grosseurs anormales, mais qui ne semblaient guère me déranger, et ce n’était pas dû au fait que j’avais hurlé quelques instants auparavant. Si elle en venait alors à poser sa main sur mon front, elle réaliserait que j’étais anormalement bouillante alors que, paradoxalement, je n’avais pas de fièvre. Le coup de l’énervement peut-être ? Encore une fois, ce serait quelque chose de surprenant puisque c’était des symptômes avant-coureurs d’un virus qui trainait chez moi. Hélas, j’étais à ce point habituée à me sentir mal et à avoir des signaux de maladie que je n’y prêtais plus garde. Ce n’était pas de la négligence, je m’étais juste tout simplement habituée à la douleur. À des douleurs dont personne ne devrait s’habituer en temps normal.
Les traces rouges dans mon dos étaient anodines, effectivement de simples griffures, manifestation d’un moment intense en compagnie de ma fiancée. Des marques presque réjouissantes en somme, puisque au moins avec Harper, je parvenais à atteindre des sommets qui m’étaient d’ordinaire interdits. Sur mes avant-bras, les égratignures n’avaient rien d’alarmant, elles étaient simplement les manifestations de mon travail, et du fait que j’étais la propriétaire de trois chatons turbulents. Par ailleurs, en y regardant de plus près, Moïra pouvait aisément constater que la cicatrisation semblait plus avancée qu’elle ne le devrait, signe que j’avais pris le temps d’au moins désinfecter et passer de la crème là-dessus.
Mon poignet, bien qu’il ne me fasse pas souffrir (encore une fois, j’étais habituée à la douleur et ne faisait plus attention), s’était bien remis, mais un craquement se faisait ressentir lors de la manipulation. Je tenais ma sœur adoptive pour responsable (mais je ne disais rien) alors qu’en réalité elle n’y était pour rien. L’articulation semblait s’être mal soudée, et cela pouvait éventuellement provoquer des complications sur le long terme.
Mes bras et mes jambes, quand bien même ils semblaient frêles, car peu épais, étaient en pleine forme, bien musclés et en pleine possession de leurs moyes. J’avais toujours été athlétique à force de trainer dehors à gravir des falaises et autres endroits escarpés pour atteindre un point de vue parfait pour observer mes créatures.
Ma cheville semblait manifester que je m’étais prise comme un lasso autour de la peau. Sans doute une plante m’avait-elle agressé dans la serre de botanique, ou même chez moi, tandis que j’essayais de faire un quelconque mélange. Je m’en étais sorti qu’avec une simple marque de contorsion, et heureusement, car cela aurait pu être beaucoup plus grave, apparemment. Encore une fois, il semblerait qu’ici j’avais procédé aux soins de base, sans penser (car je ne pouvais pas penser à tout) à ce qu’avaient pu subir mes muscles et mon articulation à cet endroit précis.

Durant tout l’examen, je gardais posé sur Moïra un regard plein de neutralité et de morosité. J’avais baissé les bras, et je regrettais d’en être arrivée là, mais j’étais à court d’idées. Les paroles de Kyle me tournaient inlassablement dans la tête. « Je serai toujours là pour vous ». « Je vous protégerai ». « Tant que je serai là, tout ira bien entre vous ». Kyle avait toujours été le ciment qui nous maintenait ensemble, Moïra et moi.
Depuis deux ans, notre relation n’avait fait que s’effriter à une vitesse vertigineuse, et aujourd’hui, présentement, je ne savais plus quoi faire.
J’étais perdue.
J’étais en deuil une deuxième fois.
En deuil d’avoir perdu une sœur, après mon frère.
J'avais envie de m'effondrer devant elle, lui dire combien je regrettais de ne pas avoir réussi à me faire aimer d'elle... mais ma gorge était si nouée qu'aucun mot ne franchirent mes lèvres. De toute façon à quoi bon ? Elle y trouverait certainement à redire...
Oui, autant rester murée dans mon silence à pleurer ma fratrie brisée.



Never Ending Circles
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Dim 30 Jan - 17:32

Abi & Moïra

Je t'aime...moi non plus




Ce n’est pas le moment d’avoir des doutes. Pas alors qu’Abigail attend (im)patiemment sur elle, assise sur le lit d’auscultation. Il n’y a rien de normal dans cette consultation. Alors à quoi bon maintenir les apparences ? Cela ne la soulage pas vraiment. La dernière fois qu’elle a senti une telle tension dans son corps remonte à ses examens pratique de dernière année à l’université. Peu à peu, elle a construit cette confiance paisible dans laquelle se réfugient les patient avec un grande reconnaissance. C’est son travail. Moïra n’est pas qu’un puit de connaissances médicales. Derrière son masque, se cache, une jeune femme humaine avec des émotions profondes. Une personne n’est jamais un dossier pour elle. C’est avant tout un être vivant avec ses espoirs, ses maux et ses craintes. Ce n’est pas qu’une pathologie que l’on traite comme un rhume. La première fois qu’un époux s’est réfugié dans ses bras, elle s’est gelée sur place. Maintenant, elle a compris son rôle. Elle ose lever les yeux vers sa sœur. Peut-être seulement être ce qu’elle devrait être pour elle ? Les années lui ont prouvés qu’elle n’a jamais été assez pour Abigail. Elle n’est pas ce dont elle a besoin. Son aînée avait besoin de Kyle puis d’Harper mais n’a jamais cherché à se saisir de sa main à elle. Pourquoi ? Qu’a-t-elle de moins que les autres ? Qu’est-ce qui lui fait tant défaut ? Son esprit est dans la tourmente. Elle ressasse et essaie toujours de trouver les réponses et surtout LA solution.

Il n’y a rien de bien dans cette dynamique. Moïra a l’impression de sentir le mal à l’aise errant dans la pièce jusqu’à ses os. C’est dérangeant et gênant. Peut-être même angoissant. Oui, le silence qui en a suivi leurs tirades l’est. C’est plus simple de crier, de couvrir l’inconfort et les incertitudes par les ressentiments. Là, la médicomage se sent épuisée. Elle parierait que c’est le cas pour Abigail également. Fatiguée d’avoir à se battre constamment pour une situation merdique qui n’évolue qu’en juste un peu plus merdique que celle d’avant. Garder sa distance avec son aînée est impossible. Moïra n’est pas du genre à fuir ses responsabilités et ses problèmes. Son esprit tout feu, tout flamme, la force à affronter les situations de la vie peu importe l’incidence sur sa santé mentale. Et c’est ce qu’elle a fait aujourd’hui, quitte à brusquer Abigail. Elles n’ont pas le même sang. Pas les mêmes parents. Peut-on trouver deux personnes plus diamétralement opposés que ces deux-là ? Et c’est sensé fonctionner. Cela explique les sessions de rire nerveux de la jeune femme, seule dans son canapé, le soir, à repenser à sa relation avec Abigail. Rien n’est logique entre elles.

Alors oui, pour la première fois dans sa vie entière, Moïra essaie de fuir. Plus vite, elle aura fait son devoir, plus vite, elle pourra lâcher le masque masquant son faciès. Qui l’empêchera de crier et de s’écrouler sur son bureau lorsque la silhouette de l’héritière de MacFusty passera la porte de son bureau ? Personne. Personne ne sera là pour assister au flux d’émotions égal à un tsunami contenu dans le corps de la médicomage. Perdre une bataille n’est jamais simple mais alors qu’on a l’impression de perdre la guerre entière, c’est encore pire. Après chaque affrontement, la brune s’est relevée avec une énergie nouvelle convaincue qu’un jour, elle remporterait cette guerre – qu’elles feraient la paix, qu’elles seraient en paix. Cette quête a commencé depuis sa plus tendre enfance jusqu’à l’âge adulte, ses armes ont changé tout comme son adversaire. Moïra n’est pas idiote. La perte de Kyle a brisé ce mince filament appelé lien entre elles. Elle devrait sans doute lui en vouloir de les avoir laissé livrer à elles-mêmes. Pourtant, il a payé un prix fort pour pas grand-chose. L’ironie de la vie. Et la voilà qu’au lieu de préserver la vie de sa sœur, celle-ci ne fait qu’empirer les choses. Moïra s’en veut. Ses mots ont été durs. Elle le sait. Pourtant, elle ne les regrette pas. Tant pis si Abigail ne veut pas ouvrir les yeux et comprendre que sa vie a du sens aux yeux de tous ces gens qui l’aiment. Elle ne peut pas lui laisser dire ça. Elle ne peut pas la laisser être autant égoïste et sombrer dans les abysses. Moïra ne supporterait pas de perdre à nouveau quelqu’un, de porter le deuil avec les MacFusty, voir ses parents adoptifs s’effondrer. Elle ne se le pardonnerait jamais et à Abigail non plus.

Comme si elle n’en valait pas suffisamment la peine, comme toujours, Abigail avait détourné son regard de sa cadette. Seulement le temps de se reprendre pour lui faire comprendre une nouvelle fois qu’elle s’en fiche complètement de son avis sur elle. Moïra aurait pu être un fantôme, qu’elle s’en serait tapée tout pareil. Elle a raison oui. Depuis le temps, quel intérêt hein ? Quel intérêt, il y a-t-il à montre un tant soit peu d’intérêt pour les propos de la cadette de trop hein ? Sa manière de parler. Sa froideur. Sa distance. Moïra serre la mâchoire. Aujourd’hui, elle aura tout gagné et elle tout perdu. Elle passe sa main dans ses cheveux trahissant nettement son agitation.  

- Oui, tu as raison, lâche-t-elle, amère, avant d’ajouter plus bas. A quoi bon…

Elle ne veut rien entendre. Rien comprendre. Rien apprendre. A quoi  bon alors ? Tout ce qui sortira toujours de sa bouche, n’aura aucune valeur à ses yeux comme son existence. Moïra se réfugie dans la routine instaurée depuis de longues années lors de leur rendez-vous. C’est rassurant. C’est connu. Autant pour l’une que pour l’autre. C’est surtout d’une simplicité effrayante. Il n’y pas besoin de partager des mots. La médicomage inspecte. Abigail est compliante à ses instructions. Magnifique non ? Et pourtant,  ça manque de tout ce qu’aime Moïra. La chaleur humaine. Alors oui, elle lui demande si c’est ok qu’elle touche telle cicatrice, si elle peut accéder à tel endroit. Si elle peut s’allonger puis se rasseoir. Si ça lui fait encore mal ou non. Pendant ce temps-là, sa plume prend des notes, complètes des schémas, des analyses. Tout y passe. Seulement, c’est tellement impersonnel. Son âme n’est pas là-dedans. Ce n’est qu’une pâle copie de Moïra MacFusty. Pourtant, elle est efficace. Rien ne lui échappe. Trop professionnelle. Elle constate les diverses marques d’amour. Une sœur normale les aurait sans doute commenté mais Moïra ne sait pas ce que c’est d’avoir une vraie relation avec une sœur. Abigail l’a toujours empêché de prendre ce rôle. Respirer et se concentrer. Les blessures nouvelles et anciennes. Les guéries. Celles qui n’ont pas bien cicatrisés. Le corps de sa sœur est le cas d’école parfait si ce n’est sa foutue maladie. Moïra termine son auscultation en saisissant ans ces doigts délicats mais non pas dépourvus de fermeté le poignet de sa patiente. Elle teste les différentes amplitudes s’assurant de la parfaite mobilité de l’articulation. Une fois satisfaite, elle se recule.

- Tout bon. Tu peux te rhabiller, lui indique-t-elle, simplement.

Son faux calme est parfait. Du moins, elle le croit. Si Abigail la connaissait vraiment, elle remarquerait la rigidité de son corps inhabituel tout comme l’air aimable factice qu’elle offre après une consultation aussi impersonnelle que celle-ci. Tant d’hypocrisie, cela la rend malade. Elle retourne derrière son bureau pendant que sa sœur se rhabille. Ses yeux consultent les notes prises par sa plume. Elle en relit l’entier avant de comparer avec le précédent rapport. Puis, elle tire de son tiroir un nouveau parchemin. Cherchant à s’occuper plus que l’esprit, elle se saisit de sa plume personnelle et sa main vole sur le papier alors qu’elle écrit ses instructions. Cela lui prend quelques minutes de sélectionner le bon remède, le baume adéquat et la potion la plus efficace. Elle s’applique méthode comme à son habitude. Elle est médicomage par Merlin ! Ses prunelles se relèvent de son parchemin qu’elle plie en deux avant de le pousser en direction d’Abigail.

- Je t’ai fait une nouvelle ordonnance pour ce début d’année. Il n’y a que peu de modification. Ton ancien traitement fonctionne à merveille. J’y ai seulement ajouté un nouveau fortifiant pour éviter un épisode comme celui que tu as vécus récemment. Ainsi qu’un baume, celui est spécial, tu peux traiter toutes les types de cicatrices avec, veille simplement à nettoyer la plaie avant d’en mettre.  Quant à ton poignet, je te recommande de poursuivre des exercices réguliers d’étirement surtout si tu le surutilises durant tes leçons ou d’autres activités.

Durant son explication, elle est restée le plus neutre possible. Concrètement, elle n’est pas sa sœur mais son médecin. Abigail l’a clairement fait comprendre. Alors, en tant que médecin, elle lui offre conseils et assistance sur tous les plans de sa vie concernant sa santé. Prenant son courage à deux mains. Elle se relève et plante son regard dans celui de sa sœur. Elle hésite sur la marche à suivre à présent.

- Toutes les instructions dont la posologie sont au verso. Si tu as un doute, tu peux m’envoyer un hibou ou passer à mon bureau. Je t’enverrai un hibou d’ici un à deux mois pour que nous fixions un nouveau rendez-vous. Préviens-moi si tu consultes le docteur Yaxley à la place,conclut-elle.

Voilà, tout est dit non ? Et pourtant, il y a encore tellement de non-dits alors qu’elle ne parvient pas à quitter des yeux cette sœur qui ne veut pas d’elle. Finalement, la jeune femme met fin à l’entretien en baissant les yeux sur le dossier qu’elle referme d’un coup de baguette.


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Abigail MacFusty
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Mer 2 Fév - 20:14

Janvier 2021

En toute sincérité, qu’y a-t-il comme pire sentiment que celui d’aimer quelqu’un qui ne cesse de vous rejeter, de vous critiquer et de vous montrer à quel point vous êtes de trop dans votre vie ? Quand bien même mon épouvantard était lié à l’abandon suite au départ d’Harper dans mon adolescence, Moïra y répondait hélas également. Fille à part qui doit accepter une étrangère dans sa famille, j’avais fait ce que je pouvais pour l’aimer et l’aider, c’était toujours ce que j’essayais de faire au jour d’aujourd’hui. Oui, mais voilà, la médicomage devant moi était exigeante et me demandait des choses que je ne pouvais décemment pas réaliser, tout simplement parce que c’était, à mon sens, surhumain. Ne pas tomber malade ? Impossible pour moi, et m’empêcher de faire ce que j’aimais, m’empêcher de vivre n’était pas la solution.
Toute ma vie je serai reconnaissance envers la sorcière pour tout ce qu’elle faisait pour moi concernant ma santé, mais voilà, à un moment donné, il faut aussi être confronté à la dure réalité. Ma maladie était incurable, et elle ne pouvait rien y faire. Même Azrael ne pouvait rien y faire. La voir se battre et s’acharner surtout pour moi, comme pour essayer de garder un genre d’estime de ma part que, de toute façon, elle ne souhaitait pas, me désespérait un peu.
L’être humain était globalement une énigme pour moi. Je savais déceler un comportement exact chez un dragon ou une tout autre créature… mais Moïra, elle, était l’énigme de ma vie. Autant Harper avait su attirer mon attention et mon affection, car elle était imprévisible, mais toujours douce et bienveillante, autant Moïra parvenait aujourd’hui à m’effrayer tant j’ignorais sur quel pied danser, tant je craignais une remarque de sa part.

J’avais essayé pourtant, ce soir, d’être plus douce, plus avenante, je lui avais même parlé de mes bagues, je lui avais laissé entrevoir mon bonheur avec la directrice des Gryffondor… et elle s’était permise de passer outre pour ne retenir que ce qui n’allait pas. Voilà l’histoire de ma vie avec ma sœur : des reproches, toujours des reproches. Petite, alors que je venais la voir durant une crise de panique, ce n’était pas moi qu’elle réclamait, mais mes parents ou Kyle. Alors, à quoi bon essayer encore de vouloir lui plaire puisque de toute façon je n’y parviendrais jamais ?
Il y avait des impondérables, on ne pouvait pas s’entendre avec tout le monde, et j’en avais véritablement conscience… mais cette dure réalité me frappait d’autant plus qu’il s’agissait de ma propre sœur. Non pas de mon sang, ça, c’était quelque chose contre quoi nous ne pourrions jamais rien, mais elle faisait partie de ma famille. Elle faisait partie de ma maison, de mon clan, elle portait mon nom, comme bientôt Harper le porterait également.
Moïra faisait partie de la famille MacFusty au même titre que Harper en fera partie. Il n’y avait aucune distinction à voir. Aucune. Car elles étaient abimées toutes les deux par la vie, et que je les aimais toutes les deux.
Seulement, l’une était réceptive à mon affection, et l’autre la rejetait en bloc pour me la renvoyer en plein visage à coup de jugements et de critiques.
Malheureusement, je ne pouvais pas forcer ma jeune sœur à m’aimer.

Une atmosphère glaciale s’imposa autour de nous tandis que Moïra renchérit à mes paroles en obtempérant. Ah, au moins, sur ce point, elle était d’accord. Au moins quelque chose sur quoi nous allions pouvoir nous entendre.
Ce fut donc en m’enfermant dans un silence lourd qui pesait à ce point sur mes épaules qu’elles se voutèrent que je la laissais m’ausculter. Je sentais le toucher délicat, mais précis de ses doigts contre ma peau fragile, et de temps à autre, cela me tira des frissons. Non pas parce que c’était un contact qui me débectait, et non pas parce que je l’appréciais comme j’aimais que ma fiancée me touche… mais parce que c’était les seuls moments où je pouvais avoir un véritable contact avec ma sœur. Quelque chose où nous nous entendions. Elle me demandait toujours la permission avant de faire quoique ce soit, et, appréciant cette attention que tous les médicomages n’avaient pas, je le lui accordais. Aussi, je la laissais travailler en profondeur, car j’avais une pleine confiance en elle, et je ne comprenais pas comment elle ne pouvait pas s’en rendre compte. Même Azrael ne pouvait pas me toucher aussi minutieusement qu’elle le pouvait.
Alors oui, j’appréciais, dans le fond, les moments d’auscultation avec Moïra, car c’était les seuls moments où nous parvenions à ne pas nous écharper, où il y avait quelque chose de très souvent doux entre nous (sauf lorsqu’il fallait soigner une blessure ou remettre des os en place). Ce contact fraternel me manquait tellement, car j’appréciais à l’époque être dans les bras de notre frère, que ma peau y réagit le plus naturellement du monde. Bientôt, mes poils se hérissèrent et ce fut une manifestation de chair de poule qui apparut sur mes bras.
Patiente, les paupières mi-closes, je laissais la sorcière faire son travail sans opposer la moindre résistance, et lorsqu’elle eut fini, je me surpris à ressentir une émotion de regret. Comme si j’avais souhaité que ce moment continue encore un peu. Juste un peu…
Car je venais de baisser les bras, car je venais d’abandonner le fait d’un jour pouvoir m’entendre avec elle, car cette vérité me faisait mal. Car je voulais encore être avec elle.
Un peu.
Juste un tout petit peu.

Obéissant cependant, je descendais du lit et me rhabillais bien vite, commençant à sentir le froid mordre mon corps à demi nu. Je l’avais bien vu, son air de faux calme, comme contrariée, ou bien trop concentrée pour que ce soit une attitude normale. Croyait-elle vraiment pouvoir me duper ? Moïra n’avait-elle donc jamais réalisé que je l’observais minutieusement depuis notre enfance ? Non pas pour la juger et lui faire de mal, mais parce que c’était le seul moyen que j’avais trouvé pour essayer de me rapprocher un peu d’elle.
J’avais la prétention de croire que je la connaissais mieux qu’elle ne le pensait.
Alors oui, je la devinais comme contrariée, mais je n’arrivais pas à deviner pourquoi. Était-ce à cause de notre discussion ? Parce qu’elle aurait aimé que je me défende davantage, pour encore plus de conflits, pour qu’elle puisse à nouveau se plaindre auprès de nos parents ? Parce que j’avais quelque chose qui ne tournait pas rond, que j’allais à nouveau tomber malade (ce qui en soi n’était guère étonnant) ?
La suivant du regard retourner à son bureau et prendre des notes, je remettais mes chaussures et enfilais mon épais pull avant de la rejoindre. Là, je baissais les yeux sur le papier et m’en emparai sans vérifier ce qu’elle y avait noté. Preuve de la confiance aveugle que je lui manifestais, même si, évidemment, elle interprètera sûrement cela comme de la négligence.
Le pliant avec soin, je le glissais dans ma poche tout en écoutant les explications de ma sœur adoptive, opinant lorsqu’elle me demandait de continuer mon traitement et d’utiliser un baume pour mes récentes cicatrices.

- D’accord. Me contentais-je de répondre, avant d’hésiter, et de finalement oser demander. Tu me montres les exercices pour le poignet ? Histoire que je ne fasse pas de faux mouvement.

Est-ce que je cherchais à gagner un peu de temps auprès d’elle ? Peut-être.
Est-ce que je cherchais à nouveau un contact avant de définitivement le perdre parce que je reconnaissais avoir perdu la guerre ? Sûrement.
Notant bien le ton neutre et bien trop détaché de Moïra pour qu’il ne soit pas anodin, je ne me permettais néanmoins aucun commentaire. Encore une fois, à quoi bon ? Mettant ça sur le fait qu’elle essayait encore et toujours de faire son intéressante, je la regardais se relever et planter son regard dans le mien. Un peu impressionnée, j’enfonçais ma tête dans mes épaules et clignais plusieurs fois des paupières. Soutenant d’abord ses prunelles, elles aussi foncées comme les miennes (peut-être le seul trait physique qui nous rapprochait vraiment comme des sœurs), je détournais bien vite les yeux. Comme un animal montrait qu’il refusait le conflit, il détournait le regard. Mais ça, je savais qu’elle n’arrivait pas à le comprendre.
Toujours attentive, j’écoutais ses instructions avant de hocher une nouvelle fois du menton.

- D’accord. Mon cœur se serra en m’imaginant devoir la fuir durant un mois ou deux puis être à nouveau confrontée à elle. Tant bien que mal, je reposais mes prunelles sur elle. Je n’ai pas de rendez-vous prévu avec lui puisque tu es revenue de voyage et… Je m’interrompais et me mordais les lèvres avant de détourner une nouvelle fois la tête. Et quoi ? Et c’est toi que je préfère comme médicomage ? C’est avec toi que je veux passer du temps ? C’est en toi que j’ai confiance ? Les mots se bousculèrent dans ma tête sans que je ne parvienne à être pleinement satisfaite, m’imaginant tout de suite que Moïra interprèterait mal ce que je voulais lui dire. Alors, je remuais les épaules comme pour chasser une tension avant de parvenir à articuler. Tu connais mieux mon dossier que lui.

Compliment drapé d’une évidence frappante à tel point que ma sœur adoptive ne comprendrait sûrement pas ce que je voulais dire par là. Mais au moins, j’essayais.
J’avais perdu la guerre, mais cela ne m’empêcherait pas d’être une vaincue moins hargneuse… tout le moins, essayé de l’être. Je lui jetais un regard en coin.

- Merci.

À nouveau j’essayais une approche, quand bien même je la savais vaine. Moïra était ma sœur, et je ne pouvais décemment pas me résoudre à la perdre définitivement. Je ne voulais plus me battre, je n’en avais plus la force, voilà tout.



Never Ending Circles
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Dim 20 Fév - 16:44

Abi & Moïra

Je t'aime...moi non plus




Par Merlin, que c’est dur d’être face elle. De rester stoïque et tenir en laisse se émotions. Ne pas se laisser submerger par ces dernières surtout pas face à elle. Ce serait terrible de perdre son sang froid et qu’elle remarque sa faiblesse. Le serait-ce vraiment ? Moïra s’en est convaincue au fil des années en tout cas. C’est pourquoi l’auscultation se passa dans une drôle d’ambiance, chaque geste était calculé, chaque propos mesuré pour que le tout se termine le plus vite possible en faisant le moins de dégâts possibles. Moïra a toujours apprécié obtenir un contact avec ses patients qu’il soit physique ou n’est qu’une conversation. Ils lui donnent l’impression qu’elle fait la différence dans leur vie – qu’elle les aide en apportant son soutien et ses connaissances. Et ça, c’est la plus belle preuve de reconnaissance qu’ils peuvent lui offrir. Avec Abigail tout est différent. Elle la connait depuis si longtemps mais pourtant en sait parfois voire même souvent plus sur la vie de ses patients que sur celle de sa propre sœur. Elle est la confidente de ces gens-là, qui se livrent à elle très rapidement. Ils lui racontent tout. Leurs joies. Leurs peines. Les exploits de leurs enfants ou petits-enfants. Moïra s’y intéresse sincèrement, le mettant à l’aise, les félicitant, elle sait à quel point le soutien familial est important dans la lutte contre la maladie. Mais au fond, n’est-elle pas une hypocrite ? Elle ne connait pas ça, pas vraiment du moins. Son sourire sincère, l’est-il vraiment ? Oui, elle se réjouit mais ça la fait souffrir de ne pas avoir les mêmes relations avec sa sœur.

Abigail n’est pas comme ses patients ordinaires. Elle ne se confie pas. Toutes les deux tournent toujours autour de la médecine, sa maladie, ses traitements, ce qu’elle peut ou ne devrait pas faire… sa sœur ne s’est jamais confiée à elle. Alors pourquoi continue-t-elle à venir la voir à chaque rendez-vous si elle n’a aucune confiance en elle ? Moïra n’a pas de réponse à cette question. Son courage lui fait défaut alors elle ne lui la pose pas. La vérité, dans cette situation, lui fait bien plus peur que leur indifférence supposée à toutes les deux. Une fois que tout était consigné dans son dossier, la médicomage trouve plus simple de détourner le regard de sa sœur adoptive. C’est connu non ? Si l’on ne voit pas le problème, il n’y en a pas. A dire vrai, la jeune femme ne sait plus sur quel pied danser. Cette séance a été particulièrement éprouvante et elle ne sait pas réellement quoi en penser. A priori en raison du silence de l’héritière MacFusty, elle aussi, semble décontenancée. Néanmoins, Moïra la remercierait presque d’avoir obtempérer sans en avoir rajouter une couche supplémentaire. Elle n’a vraiment ni le courage, ni l’envie de poursuivre cette dispute avec elle. Son énergie lui fait défaut. C’est un combat perdu d’avance, comme l’a si bien souligné Abigail. Celle-ci récupère ses affaires et sa prescription avec peu d’intérêt pour son papier mais elle note néanmoins qu’elle est attentive à ses instructions. Cela la rassure un peu. Peut-être que rien n’a changé finalement ?

Moïra tique légèrement à sa demande. Lui montrer les exercices pour son poignet ? Elle fronce les sourcils constatant qu’il y a un risque pour que l’infirmière n’est pas pris le temps de les lui indiquer. Elle se retient de faire tout commentaire devant sa patiente, ce ne serait pas très professionnel mais cela l’irrite plus qu’habituellement. Peut-être parce que cela veut dire passer encore plusieurs minutes en la compagnie de la personne dont elle souhaite ardemment fuir. Elle opine du chef l’invitant à se rasseoir le temps de la démonstration.

- Bien sûr. C’est bien que tu le demandes, ils sont très importants pour maintenir la musculature et la mobilité de ton articulation, lâche-t-elle, sur le ton du professionnalisme.

La sorcière retrousse ses manches pour lui montrer les différents endroits importants à mobiliser. Elle utilise sa seconde main pour lui démontrer. Son regard cherche le sien s’assurant qu’elle comprenne bien ce qu’il faut faire.

- C’est important que tu mobilises plusieurs fois par jour ton poignet. Tu sentiras rapidement la différence. Au départ, je te conseille de maintenir ton articulation en posant ta seconde main là, à la base des os du poignet. Tu peux également t’aider d’un coussin. Lorsque tu sentiras plus aucune douleur ou craquement désagréable, tu n’en auras plus besoin.

La médicomage lui démontre ainsi trois exercices. Le premier consistant en une extension passive du poignet, le second quant à lui travaille la flexion contre gravité et le dernier la musculature de la main et de l’avant-bras.

- Bien, c’est à toi à présent. Montre moi les trois exercices.

Après s’être assurée que sa patiente réalise et se souvienne, cette fois-ci, des exercices principaux à effectuer avec son poignet, Moïra la stoppe. Elle lui offre même un sourire, celui qu’elle offre à ses patients pour les encourager et les rassurer sur leur manière de faire les choses. Elle déglutit soudainement se rendant compte de ce qu’elle vient de faire. Il s’efface aussitôt de son faciès. Elle se racle la gorge et récupère un parchemin sur lequel elle fait trois dessins animés avec les trois différents exercices. Elle le fait glisser vers Abigail.

- Ce n’est pas du grand art, mais ça te permettra de pas les oublier. J’ai également indiqué le nombre de répétitions à réaliser. Je te conseille de les réaliser le matin, c’est le moment ou l’articulation est la plus raide. Le soir, tu risques de ressentir des douleurs car il aura déjà été trop sollicité par ton travail.  


Méthodique comme toujours, Moïra essaie de penser à tout. Une fois satisfaite, elle croise les bras sur sa poitrine et peut enfin respirer. A nouveau elle hoche la tête, ne sachant pas trop comment prendre la presque déclaration d’Abigail. Bien sûr, celle-ci conclut sur le fait que Moïra connait mieux son dossier. En est-ce la seule raison ? Moïra ne préfère ne pas trop se faire des idées. Après tout, c’est logique oui, elle traite Abigail depuis plus longtemps qu’Azrael, bien qu’il soit très compétent, elle a quelques années d’avance sur lui sur ce dossier. Son remerciement lui laisse un goût étrange. Elle se mord la lèvre avant d’acquiescer.

- Je t’en prie. Viens, je te raccompagne.

La sorcière, consciente de l’ambiance ultra gênante, se dépêche de se lever. Elle escorte d’un bon trois pas devant Abigail vers la porte de son bureau. Sa main en saisit la poignet et la tient ouverte pour elle. Moïra hésite un instant avant d’ajouter au dernier moment modifiant sa phrase initiale dans le feu de l’action  :

- Passe une belle soirée et salue bien Harper de ma part. A bientôt Abigail.


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